Chapitre 1

Severus Rogue traversa rapidement le couloir du septième étage de Poudlard, menant au bureau du directeur. Il avait reçu une note dix minute avant, lui indiquant de s'y rendre immédiatement et comme il était actuellement près de minuit, Severus ne perdit pas de temps.

Il s'approcha de la gargouille, celui-ci dit le mot de passe tout en levant les yeux au ciel. L'explication de son exaspération vient du mot pour déverrouiller le passage « babas au rhum ». La gargouille s'écarta, permettant ainsi à Rogue d'entrer dans le bureau directorial. Arrivé en haut du passage, il frappa une fois et entendit un «Entrez» prononcé par Albus Dumbledore.

Rogue entra et ferma la porte derrière lui.

« Vous vouliez me voir, directeur ? »

« Ah, Severus, mon garçon. Entre, entre. Assieds-toi », fit Albus avec un geste vers les chaises qui se situaient en face de son bureau. Le maître de potion, ne perdit pas de temps et s'assit. Albus tendit alors un bol de bonbons au citron et Severus secoua simplement la tête, tout en résistant à l'envie de rouler de nouveau des yeux.

Albus replaça le bol sur le bord de son bureau et poussa un petit soupir alors qu'il semblait penser aux mots justes pour commencer la conversation. Il posa ses doigts devant son visage avant de les abaisser une fois de plus sur le bureau.

Incapable de rester silencieux plus longtemps, Rogue dit, « Directeur, vous aviez besoin de me voir pour quelque chose ? Vous ne m'avez sûrement pas fait quitter mes quartiers, juste pour me proposer des sucreries ? »

Ignorant sa question, Albus répondit par tout autre chose, « Severus, nous sommes tous les deux, il n'y a pas besoin de toutes ces formalités comme je te l'ai dit d'innombrables fois ces dernières années. »

Rogue se retint d'une remarque cinglante. Il y avait manifestement quelque chose qui dérangeait le vieil homme et plus vite il lui dirait ce que c'était, plus vite il pourrait retrouver ses quartiers.

« Qu'est-ce qu'il y a, papa ? »

« Harry Potter vient de faire une vaste démonstration de magie accidentelle chez ses proches, et…»

Cette fois, Rogue roula effectivement des yeux alors qu'il se rassit sur sa chaise avec un soupir. « Bien sûr, c'est à propos de Potter », siffla-t-il. « Dis-moi, a-t-il eu une crise de colère alors qu'ils ne répondaient pas à tous ses caprices? Sa fête de bienvenue n'était-elle pas à la hauteur de ses normes ? »

Rogue ouvrit la bouche pour dire autre chose mais le regard qui fut soudainement pointé dans sa direction par le directeur était celui qu'il n'avait pas vu depuis très longtemps. Le scintillement habituel n'était nulle part en vue et Severus se retrouva à se redresser sur sa chaise. Le reste de sa réponse mourut sur ses lèvres alors qu'il refermait la bouche.

«Je ne sais pas ce qui a causé la perte de contrôle d'Harry, Severus. Cependant, je sais qu'il a quitté sa maison et est actuellement assis seul au Chaudron Baveur, alors qu'il reste un été entier avant la rentrée ».

« La section d'inversion de magie accidentelle peut sûrement tout régler », fit remarquer Rogue.

« Oui, ils se sont déjà occupés de tout, malheureusement, la tante et l'oncle d'Harry ne sont plus disposés à lui permettre de revenir ».

A cette déclaration, Albus sortit une lettre du bureau et la remit à Rogue, qui la prit avec un sourcil levé. En scannant le papier, les lèvres de Severus se tordirent presque dans un sourire narquois aux mots qui y étaient écrits.

« Je suppose qu'ils en ont finalement assez de son mépris arrogant et flagrant pour les règles, même si je ne les blâme pas vraiment. Je le dis depuis le début, ce dont Potter a besoin, c'est de discipline ».

« Et est-ce de la discipline, Severus, de le mettre à la rue ? Sans personne pour s'occuper de son bien-être ? »

Rogue se moqua royalement de cela, comme si son père adoptif venait de dire quelque chose d'incroyable. « Oh, arrête, papa. Nous savons tous les deux que lorsque l'école arrêtera l'année prochaine, ils se seront tous calmés et l'accueilleront probablement chez eux à bras ouverts. J'ose dire que Potter aime probablement l'idée d'être tout seul pour l'été. Bien qu'avec son palmarès, il aura trouvé des problèmes avant la fin de la semaine et quelqu'un devra aller le chercher. Je m'attends à ce que Molly saute sur l'occasion de dorloter le morveux insupportable ».

Albus permit à Rogue de dire son morceau puis se pencha en arrière sur sa propre chaise, fronçant légèrement les sourcils.

« Quoi qu'il en soit, je ne peux pas permettre à Harry de passer les vacances d'été seul et je ne fermerai pas les yeux sur ce qui pourrait être plus qu'il n'y paraît. Je ne ferai pas les mêmes erreurs avec Harry que j'ai fait avec toi. Je ne pourrais pas le supporter ».

Aucun des deux hommes ne parla pendant un moment après cela, chacun perdu dans ses propres pensées sur la façon dont Severus en était venu à être sous la garde du directeur.

Eileen Rogue était décédée l'été avant la quatrième année de Severus à Poudlard, et c'était l'année où la rage de son père avait atteint de nouveaux sommets et beaucoup plus intense. Il avait, comme toujours, caché les ecchymoses et les coupures et marques fraîches avec un sort de désillusion avant de monter à bord du train à Kings Cross, mais il ne pouvait pas cacher les côtes cassées et le poignet foulé malgré tous ses efforts. Il s'était évanoui le deuxième jour du trimestre au milieu de l'Histoire de la Magie et fut immédiatement emmené à l'infirmerie. Les charmes qu'il avait durement maintenu en place, avaient rapidement faibli et Madame Pomfresh avait tout vu. Puis, malgré toutes les supplications, l'infirmière avait alerté son chef de maison et le directeur de son état.

Severus leur avait mentit bien sûr, espérant désespérément qu'ils croiraient ses faibles tentatives pour les convaincre que ses blessures avaient été subies d'une autre manière que par les mains ivres de son père. Mais ils ne l'ont pas fait.

Severus n'est jamais retourné à l'Impasse du Tisseur après ceci. Pas avant que Tobias Snape soit également mort, il y a une dizaine d'années.

Un hibou fauve pénétrant par la fenêtre ouverte, ce qui ramena les deux hommes au présent alors que le hibou déposa la deuxième lettre de la nuit sur le bureau de Dumbledore avant de s'envoler dans le ciel noir et encre.

Albus déroula le seul morceau de parchemin et reconnut immédiatement l'écriture soignée de Minerva. « Ça vient de ta mère », répondit celui-ci à la question non posée de Rogue. Il lu la lettre une fois, puis une deuxième fois, son expression montrant une colère grandissante à chaque mot qui passait. Il se leva et fit le tour du bureau avant de mettre la lettre dans la main tendue de Rogue. Le maître de potions commença à le lire pour lui-même.

Albus,

J'ai toujours dit que ce sont les pires moldus, mais même moi, je ne m'attendais pas à ce que ce soit le cas. En utilisant Evanesco, j'ai été à l'intérieur de la maison et après ce que j'ai vu, il ne peut tout simplement pas être autorisé à revenir ici, Albus. Il y a des barreaux sur sa fenêtre! Des serrures et une CHATIERE sur sa porte à travers lequel ils passent probablement de la nourriture pour qu'il mange. Enfin, seulement les jours où Harry mange. J'ai trouvé, des boîtes de soupe non chauffées et un morceau de pain moisi, tu t'en rends compte ce qu'ils donnent à manger au gamin ! Sa chambre, si tu peux appeler cela ainsi, ne contient rien d'autre qu'un petit lit et une armoire. Mais ce n'est pas le pire ! On aurait dit que la serrure du placard sous l'escalier était déverrouillée et quand j'ai regardé à l'intérieur, j'ai trouvé un petit lit de fortune avec des couvertures sales et une poignée de jouets cassés. Je pense qu'il a dû y vivre ! Rien de tout cela n'évoque même comment les moldus agissaient quand je suis arrivé pour la première fois,

Je reste ici jusqu'à ce que le ministère arrive ici pour qu'il puisse faire une enquête complète, mais je devrais être à la maison le matin pour que je puisse vous en dire encore plus. Il ne revient pas ici Albus. Je ne te laisserais et les laisserais absolument pas faire !

Minerva

Rogue posa la lettre et se leva pour se diriger vers la fenêtre, regardant par-dessus le terrain alors qu'il croisait les bras devant lui. Il fallut un moment avant qu'il ne parle, mais quand il le fit, sa voix était tendue.

« Je ne pense pas que maman puisse exagérer ? », murmura Rogue, en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule à Albus.

Le regard véhément que Dumbledore lui lança répondit à cette question et pour la deuxième fois cette nuit-là, Severus se souvint du sentiment trop familier d'être grondé par l'homme. « Non, je ne pense pas », ajouta-t-il avant de se retourner vers la fenêtre.

Un autre moment passa en silence avant que Dumbledore hochât la tête pour lui-même et dit d'une voix sans fioritures, « Tu le récupéreras demain matin »

Rogue leva les yeux, abasourdi par les paroles de son père. « Je vais ? »

Le directeur hocha de nouveau la tête. « Bien sûr que tu le feras. Il ne peut tout simplement pas rester seul au Chaudron Baveur pour un été entier. Non pas que je ne fasse pas confiance à Tom pour garder un œil sur le garçon, mais tu l'as dit toi-même, il trouvera probablement les problèmes dans la semaine et avec Black en liberté, il est impératif qu'il soit gardé en sécurité. Oui, continua-t-il comme s'il se convainquait lui-même, c'est l'endroit le plus sûr pour lui. Nous devrons le mettre dans ta chambre d'amis dans tes quartiers, c'est la pièce la plus adapté pour un enfant de 13 ans, bien sûr ».

« Ma chambre d'amis ? Pa… »

« Eh bien, où d'autre va-t-il dormir, Severus? Tu ne t'attendais pas à ce qu'il reste seul dans la tour Gryffondor tout l'été ».

« Tu plaisantes ! », Severus sembla retrouver soudainement sa voix, et elle monta de plus, jusqu'à arriver à un hurlement. « Je ne prends pas le morveux ! De plus je suis sûr qu'il y a bon nombre de personne prêtent à l'accueillir, comme les Weasley. En plus, je te rappelle quelque chose que tu sembles avoir oublié, le garçon me déteste, et je t'assure, Directeur, que le sentiment est réciproque ! »

« Ah, Severus », dit Albus presque gaiement comme si son fils ne venait pas d'admettre qu'il détestait un élève. « Je ne peux penser à personne de plus apte à l'accueillir. Et à part ça, les Weasley sont en vacances en Egypte en ce moment, bien que cela n'aurait rien changer s'ils étaient présents. Ils seraient à peine capables de prendre un autre enfant, peu importe combien ils le voudraient. Non, Harry viendra ici ».

« Et si je ne veux pas faire ça ? », souffla Rogue. « Et si je refuse catégoriquement ? »

Dumbledore tourna des yeux sombres vers Severus. « Le voudrais-tu, mon fils ? Refuserais-tu à un garçon la chance d'avoir un endroit sûr ? La chance d'être heureux et en bonne santé ? Lui refuserais-tu ces choses, alors que toi tu sais ce que tout cela fait de ne pas les avoir ? Tu avais fait une promesse, non ? »

« S'il-te-plaît, ne me demande pas de faire ça », supplia Rogue de sa voix douce alors qu'il tourna le dos à la fenêtre et s'appuya contre le cadre, ses bras toujours croisés sur sa poitrine et son regard sur le sol.

Dumbledore traversa le bureau pour se tenir devant lui et utilisa son doigt pour relever son menton pour le regarder dans les yeux comme il l'avait si souvent fait dans le passé. Severus avait depuis longtemps cessé de tressaillir au petit contact et les yeux sombres et obsidienne rencontraient des yeux bleu brillant de son père.

«Severus, si tu ne trouves pas dans ton cœur le moyen de regarder au-delà d'une vieille rivalité avec un homme mort pour le bien d'Harry, fais-le pour elle. Tu as promis de garder son fils en sécurité. Harry est le fils de Lily tout autant qu'il est celui de James ».

Après plusieurs longs moments pendant lesquels Rogue s'est vraiment battu contre lui-même, il fit finalement un léger signe de tête, ce qui fit sourire Albus.

« Très bien, mais je te le dis maintenant, je ne vais pas dorloter ce garçon. Je ne resterai pas à rien faire s'il désobéit continuellement à toutes les règles pour le garder en sécurité. Il aura des règles et quand il les enfreindra, il sera tenu responsable de ses actes ».

Dumbledore hocha la tête, mais parla tout de même fermement, « Comme tu le souhaites, Severus, cependant, si je m'aperçois que tu as abusé de ton pouvoir sur lui, tu me demanderas de répondre de mes actes. Sommes-nous clairs ? »

Rogue fit un rapide signe de tête et s'éloigna de la fenêtre pour aller vers la porte. « S'il n'y a rien d'autre, j'aimerais vraiment retourner dans mes quartiers. Car, semble-t-il que j'ai beaucoup à faire avant le matin ».

Dumbledore sourit. « Bonne nuit, mon fils ».

« Bonne nuit papa », répondit-il avec un dernier roulement des yeux, bien qu'il n'y ait vraiment aucune gêne derrière cela. Il soupira en sortant du bureau et ferma la porte derrière lui.

« Merlin », grogna-t-il, « tout ce que je voulais, c'était savourer mon verre et finir mon livre ».