Disclaimer : Kill Ben Lyk est l'oeuvre d'Erwan Marinopoulos.

Résumé : Entre vlogs et stories Instagram, Ben se rend peu à peu compte de ses sentiments pour Roberto et surtout de qui il est vraiment. [Kill Ben Lyk]

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Se découvrir entre deux vlogs

Comment c'était arrivé, Ben n'en savait absolument rien. La réalisation lui était tombée dessus comme un couperet et depuis, dans son esprit qui allait déjà à mille à l'heure, tout s'accélérait et ses pensées formaient une masse informe d'où seules quelques pointes parvenaient à sortir. Des questions. Pourquoi ? Comment ? Parce qu'une chose était certaine :

Ce qu'il ressentait pour Roberto, ce n'était pas que de l'amitié, un lien puissant, un sentiment de fraternité.

Ce qu'il éprouvait, c'était ni plus ni moins de l'amour.

Et le youtuber n'avait jamais éprouvé des sentiments romantiques envers un homme auparavant.

Pourtant, il en était là, à s'être surpris à vouloir être la cause de sa joie, de ses sourires, merde même de ses orgasmes ! Il l'admirait, il le désirait, il le trouvait beau et le plus étonnant dans tout cela, c'était que, à tête reposée, quand il y réfléchissait, s'il trouvait le jeune homme attirant physiquement, cela n'était qu'un bonus. Ce qui le fascinait en premier lieu chez lui, ce qu'il aimait avant toute chose, c'était lui. Son esprit. Son âme. Son corps et son genre passait bien après. Roberto aurait pu être une fille, être non-binaire, genderfluid, trans, cela n'aurait rien changé. Cela aurait été lui et c'était bel et bien son lui que l'influencer adorait tellement. Et il insistait sur ce point : avant lui, il n'avait jamais éprouvé quoi que ce soit pour une personne du même sexe que lui. Oui, il admettait aisément quand un homme était bien sapé, qu'il était bien fait de sa personne mais cela n'allait jamais au-delà du constat. Robbie, lui, en plus de remarquer l'évidence, il se mettait à rêver comme une adolescente connaissant ses premiers émois. Le fait qu'un simple sourire de lui lui causait des envols de papillons dans l'estomac n'arrangeait rien.

Il n'aimait pas les garçons.

Il aimait Roberto.

Alors qu'il avait toujours cru qu'il aimait les femmes.

Qu'il était un hétéro cisgenre.

Il n'était sorti qu'avec des filles avant. Il n'avait éprouvé tout cela que pour des filles avant. Cependant, avec son colocataire, tout était multiplié par mille juste parce que c'était lui. Parce qu'il était lui. Ben avait donc fait des recherches. Il n'était pas gay puisqu'il n'avait jamais ressenti d'affection ou de luxure pour les garçons. Et ce qu'il y avait entre les jambes de Robbie ne comptait pas à ses yeux. Néanmoins, il n'était clairement pas hétéro et la bisexualité lui paraissait être une réponse faible face à tout ce que son cœur lui intimait chaque jour. Un jour, entre deux vlogs, il était tombé sur un tumblr LGBTQIA+ qui parlait d'asexualité, d'aromantisme mais surtout d'une orientation dont il n'avait jamais entendu parler, une qui pourtant avait l'air de cocher toutes les cases chez lui :

Le panromantisme et la pansexualité.

La bisexualité, c'était aimer et ressentir une attirance sexuelle pour au moins deux genres différents.

La pansexualité, c'était aimer la personne indépendamment de son genre. Et c'était exactement son cas pour Roberto. Si le corps était beau, il n'était qu'un ajout agréable. Le plus important, c'était l'être qu'il était à l'intérieur, c'était cette personne qui l'avait touchée en plein cœur, sa flèche répandant ses effets dans tous les recoins de son organisme.

Et aujourd'hui, Ben se retrouvait à faire les cent pas, se tordant les mains, son cerveau lui sortant des milliers de scénarios catastrophes. Mais il ne pouvait plus se taire. Il devait parler à son ami. Il n'avait pas peur de sa réaction quand il lui dirait qu'il était pan. Le jeune homme avait l'esprit ouvert, il était tolérant et surtout, il ne lui causerait jamais la douleur que lui-même avait vécue : être rejeté pour qui on était. Oui, le vidéaste le savait, Robbie ne lui dirait jamais qu'il était dégoûtant, déviant ou une autre connerie du genre. Il était passé par là lui aussi. Il lui accorderait une fin bien plus douce pour son coming-out que le sien, qui avait été forcé, qui s'était fini sur une porte qui claquait, la pluie se mêlant à ses larmes, le son d'un cœur qui se brisait alors qu'il se retrouvait orphelin en tout sauf en nom. Non, ce qui lui faisait peur, c'était sa réaction quand il comprendrait qu'il l'aimait autrement qu'en ami. L'accepter tel qu'il était était une chose. Se retrouver le sujet de son affection en était une autre. Le londonien l'avouait, il était mort de peur. Terrifié même. Terrifié à l'idée de perdre ce qu'il partageait avec Roberto, de tout gâcher. Cependant, il fallait que cela sorte et il valait mieux que cela vienne de lui plutôt que d'un autre.


- J'ai quelque chose à te dire. Commença Ben. C'est... C'est pas évident alors je préfère le dire d'une traite, comme ça, c'est sorti.

Roberto ne répondit pas mais il le regardait, lui accordant toute son attention.

- Voilà. Il y a quelques temps, j'ai commencé à comprendre des trucs. Poursuivit son ami. Sur moi. Et j'ai réalisé quelque chose. Je ne suis pas hétéro.

- Si c'est trop compliqué, tu peux t'arrêter là, ça me va. Lui dit le jeune homme

- Non. Non, je préfère que ça sorte. Je suis pan.

- Le dieu ?

- Non, pas le dieu ! Pansexuel !

- Je te faisais marcher. Blague à part, félicitations. C'est jamais évident de prendre conscience de ce genre de choses. Et je sais combien le dire peut faire peur.

- T'es le premier à qui je le dis.

L'aîné du duo se figea un instant, surpris par la révélation. Que Ben le choisisse lui pour son coming-out, c'était symboliquement fort. Et intelligent. Mais surtout, l'homme le voyait comme une marque inestimable de sa confiance. Il aurait pensé qu'il en aurait d'abord parlé à ses parents ou à sa grand-mère. Martha Lyk était certes âgée mais beaucoup plus ouverte sur ses sujets que la majorité des gens qu'il pouvait connaître.

- Ca me touche, Ben. Vraiment. Et je suis content que tu ne sois plus dans le placard.

- Je peux te demander quelque chose ?

- Oh, toi, t'as quelqu'un en vue !

- Oui... Imagine... Et si je te disais que je t'aimais ? Est-ce que ça changerait quoique ce soit ? Est-ce que ça changerai tout ?

Les yeux de son ami le troublèrent. Il avait déjà vu Ben avoir peur. Mais là, ses deux pupilles d'eau reflétaient à leur surface une angoisse profonde, une souffrance, un besoin de réponse. L'espace d'un instant, il crut même y lire un appel à l'aide, soit pour le faire se sentir le plus heureux du monde ou pour l'achever, mettant ainsi un terme à sa misère. Oui, pendant un bref moment, les iris du youtuber le trahirent et Roberto comprit enfin.

- Attends, tu m'aimes? Tu m'aimes comment ? Comme Garfield aime les lasagnes ou comme Thomas O'Malley aime la duchesse? Bafouilla-t-il, pris au dépourvu

Il s'était attendu à l'entendre bégayer, à le voir s'insurger, pas à être le témoin de larmes qu'il refusait de laisser couler par fierté mal placée.

- Eh merde ! Pensa-t-il

- Je ne sais pas ce qui m'a fait tomber amoureux de toi. Avoua douloureusement Ben

-Mon charme, peut-être? Tenta Robbie

Voyant que cela ne l'apaisait pas forcément, il reprit son sérieux ainsi que sa douceur.

- Ca ne change rien pour moi si tu m'aimes, Ben. Tu restes le même.

- Je suis dans la friendzone, hein...

- T'as surtout encore une fois prouvé que tu n'étais pas un lâche. Parce que tu es tout sauf un lâche. Moi, ça fait très longtemps que je me tais.

- De quoi tu...

Il lui coupa la parole en scellant ses lèvres dans un baiser chaste et tendre. L'influencer sentit alors toutes ses peurs, ses douleurs, fondre comme neige au soleil à ce simple contact, une chaleur agréable dans le creux de son ventre.

Roberto l'aimait comme lui l'aimait.

FIN