APHRODITE.

Thème :

Univers alternatif, avec les caractères quelque peu altérés.

FxF, Romance et fantasy (peut changer en cours d'écriture, tout dépend de la tournure).

Pairing : Emma Swan & Regina Mills, Swan Queen, Swen.

Avertissement : NC-13.

Droits d'auteurs :

© Alex Light, « The Real Cupid », pour l'intrigue.

© Edward Kitsis et Adam Horowitz, « Once upon a Time », pour les personnages.

NA :

C'est une histoire que j'ai découverte un soir, en surfant au hasard sur y****be, issue d'« Episode – Choose your story » (= application/jeu vidéo payante qui développe des histoires interactives). J'ai pensé qu'elle valait la peine d'être traduite, adaptée et transmise à des lectrices francophones. L'intrigue est un vrai bijou.

/!\ Je n'en suis que l'interprète. /!\ J'ai demandé l'autorisation à l'auteur, mais elle ne me répond pas. Si elle me demande de la retirer, je le ferai.

XXX

Chapitre 1.

– Je ne peux pas croire que cela soit la vraie Aphrodite, qui soit derrière cette porte ! s'étonna un badaud.

– Elle s'occupe certainement d'une nouvelle affaire, ajouta une deuxième. Tous les journaux en parlent !

Dans la longue file d'attente, les commentaires des curieux allaient bon train. Ils se tordaient le cou, collaient le nez sur les fenêtres, diminuaient le jeu de lumière avec la paume de leurs mains. Chacun, à sa façon, tentait de percevoir des mouvements, à travers les vitres teintées de l'établissement.

Leroy Fileris, téméraire et impatient, poussa les quidams et s'aventura à l'entrée sans qu'on l'eût appelé. Il frappa du poing sur le comptoir et s'exclama :

– C'est ridicule, cela fait plus de trois heures que j'attends.

Imperturbable, la réceptionniste, habillée d'une blouse rouge et noir, lui répondit :

– Monsieur, si vous n'avez pas pris de rendez-vous, vous devez faire la queue, comme tout le monde.

– C'est inadmissible de faire attendre les gens de la sorte ! Si cela continue, j'irai voir ailleurs.

– Vous pouvez, en effet, vous rendre à l'autre agence, en bas de la rue. J'ai entendu dire qu'elle offrait une ristourne de dix pourcent à tous les nouveaux venus… Je suis sûr que cela plaira à la personne qui prendra votre place.

– Euhm… à la réflexion, je vais plutôt rester ici, rétorqua-t-il plus raisonnable.

– Dans ce cas, attendez qu'on vous appelle.

La porte du fond de l'accueil s'ouvrit et quatre personnes apparurent. Une femme, vêtue d'une veste en cuir rouge et d'un pantalon stretch noir, avait dissimulé son visage derrière un loup. Personne ne connaissait la vraie identité d'Aphrodite. Les clients comme les journalistes étaient friands de ce genre d'énigme.

Un journaliste et un caméraman la suivaient à reculons tout en commentant et en filmant la scène. La dame qui les accompagnait serra chaleureusement la main de son hôte :

– Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous, Aphrodite. Promettez-moi que vous viendrez, insista la jeune femme, reconnaissante et émue.

– Et rater le mariage du siècle ? Jamais ! Vous pouvez compter sur moi, Lucie. Je serai présente.

La Lucie en question quitta le bureau, comblée.

– Et encore une cliente satisfaite, Aphrodite. Comment faites-vous ? interrogea la journaliste.

La caméra et un spot de lumière convergeaient tous deux dans sa direction.

– Le plus important, c'est d'y croire. Il n'y a pas de miracle. Si vous ouvrez votre cœur, que vous êtes prêt… l'Amour avec un grand A viendra frapper à votre porte.

La jeune femme blonde s'avança dans l'entrée et s'adressa à la réceptionniste :

– Ruby, tu peux faire entrer la personne suivante, s'il te plait ?

– Pouvons-nous vous accompagner pour celui-ci également ? Ce nouveau témoignage étoffera les autres. Notre documentaire en sera d'autant plus intéressant…

– Oui, bien sûr, répondit-elle souriante : Plus vous aurez de l'audience, plus je pourrai répondre à la demande et réparer les cœurs brisés.

L'entremetteuse à succès de Storybrooke fit entrer un homme de petite taille et trapu dans son bureau. Les reporters se calèrent discrètement dans un coin et assistèrent à l'échange.

Aphrodite s'assit derrière sa table et proposa une chaise à son client.

– Ce soir, c'est votre soir, Leroy. Nous avons bouclé la liste des invitées la semaine dernière, comme convenu.

Le journaliste s'avança et s'interposa entre les interlocuteurs :

– Excusez-moi, Monsieur Fileris. Pouvons-nous vous interrompre et vous poser des questions ?

L'homme se retourna, intimidé par tant d'attention et hocha de la tête sans dire un mot.

– Comment en êtes-vous venu à vous présenter dans ce type d'endroit et pourquoi ?

– Je… J'ai … Et bien, c'est-à-dire … que …

– Vous permettez, Leroy, que je réponde à votre place ?

– Oh oui, s'il vous plait ! rétorqua-t-il, soulagé. Il était homme à peu de bavardages, surtout en ce qui concerne ses sentiments et sa vie privée.

– Monsieur Fileris sort d'une relation compliquée. Comme il ne souhaitait pas rester sur cet échec, il s'est présenté à nous, il y a quelques semaines. Avec toute une équipe dynamique, d'experts en relations sociales et de psychologues, nous avons établi un questionnaire d'approche auquel chaque client doit répondre. Et sur base de ses réponses, nous partons à la recherche des profils qui correspondent à ses attentes. Il n'a plus qu'à faire son choix parmi les prétendantes.

Puis elle se retourna vers Leroy :

– Nous avons réuni toutes les personnes de la région qui correspondent à vos critères. Et je suis certaine, qu'elles sont impatientes de vous rencontrer.

– Je ne sais pas comment vous faites, Aphrodite, mais je me sens en total confiance. Je trouverai mon âme sœur, j'en suis certain. Est-ce que vous serez présente, ce soir ? demanda-t-il, inquiet.

– Bien entendu, comme à tous les événements que j'organise. Je vous suivrai à chaque étape, tant que vous aurez besoin de moi.

Ils se levèrent tous les deux et se serrèrent la main. Afin de dissiper définitivement ses doutes, elle lui répéta de façon détournée :

– Alors je vous vois ce soir, à la Tanière du Lapin Blanc ?

– Oh je ne manquerai cela pour rien au monde.

– Parfait, dans ce cas, préparez-vous à tomber amoureux.

Ruby entra quand les reporters et Leroy quittèrent son bureau. Elle lui rappela, comme tous les midis, son planning à venir :

– Il te reste encore trois rendez-vous et un nouveau client à recevoir. À dix-neuf heures, une voiture passera te prendre pour te déposer à la Tanière.

– Très bien, je te remercie.

La jeune femme blonde retira son masque et le posa sur la table. Elle pivota sur sa chaise pour clôturer la conversation et prendre une pause, mais sa secrétaire ajouta :

– Emma, Henry t'attend à l'accueil.

– Ha oui, je lui avais promis de déjeuner avec lui, ce midi. J'avais oublié.

– J'ai prévu, ne t'en fais pas. J'ai commandé un Take-Away. Ça arrivera dans dix minutes.

– T'es un amour ! Merci.

– Il n'y a aucun souci. Je suis payée pour cela.

La jeune femme aux longs cheveux bruns lui fit un clin d'œil complice et sortit de la pièce, avant de recevoir un paquet de mouchoirs sur la tête.

Henry rentra précipitamment et se jeta au cou de sa mère.

– Oh là ! Moi aussi, je suis contente de te voir. Comment s'est passée ta matinée ?

Elle l'embrassa de toutes ses forces et enfonça son nez dans son cou pour s'imprégner de l'odeur de son fils. L'adolescent se laissa faire quelques secondes puis se dégagea pour se jeter dans le canapé, plus loin.

– Rien de neuf, j'ai eu éducation physique puis formation historique. Je suis content d'avoir fini! Et toi ? J'ai vu que ton projet est un vrai succès.

– Ce n'est qu'un début, mais c'est assez encourageant de voir toutes ces personnes dehors. Je ne m'imaginais pas tant de demandes.

– Hé bien, je suis fier de toi, Maman. Regarde le bonheur que tu apportes à tous ces gens …

– L'idée vient de toi, tu es mon inspiration. Si tu ne m'avais pas encouragée, si tu n'avais pas cru en cette idée… saugrenue, je serais toujours cachée derrière un ordinateur à encoder des procès-verbaux.

Ruby les interrompit et apporta des boites en polystyrène :

– Votre commande est arrivée, je la dépose sur ton bureau. Ne trainez pas trop, cela va refroidir. Bon, je vais vous laisser, il y en a qui ont encore du travail, se plaignait-elle.

– Si tu étais arrivée à l'heure, ce matin …

– Blâme-moi. À quatorze heures, ma chérie, je reviendrai à la charge. Tu as une longue journée… nargua-t-elle.

– Oui, je sais, je suis déjà fatiguée à t'entendre me le rappeler, sans cesse.

Son amie quitta à nouveau la pièce, sans répondre et en haussant les épaules.

– Alors qu'est-ce qu'il y a de si important pour que tu veuilles absolument manger avec moi aujourd'hui ? Tu as tellement insisté, hier. D'ailleurs, tu es sensé rester chez ton père, cette semaine…

– Tu sais quel jour nous sommes demain ?

– Oui, bien sûr, toute ma promotion commerciale du mois est centrée sur cet événement.

– Ne crois-tu pas que tu puisses, toi aussi, t'inscrire à ton propre programme ?

– Henry, je vais bien. Je n'ai besoin de personne. Je vis très bien seule.

– Tu n'as pas reparlé de lui depuis qu'il est parti. Et je sais que si je ne suis pas là, tu te plonges dans le travail. Ça fait plus d'un an, Maman. Il est temps de tourner la page.

– Henry, tu te fais du souci pour rien. J'ai tiré un trait.

– Il y a bien quelqu'un dans ton ordinateur qui-

– Ne te mêle pas de ça, tu veux ? Cela me regarde. Et ce n'est pas avec toi que je dois avoir ce genre de conversation.

– Avec qui alors ? Il faut que tu parles à quelqu'un. Tu ne vois même plus Papa. Il se fait du souci, lui-aussi.

– Papa est avec … Tamara. Ils ont d'autres … choses à faire que de trainer avec moi.

– Je ne crois pas. Il demande toujours après toi, comment tu vas…

– J'ai Ruby qui veille sur moi. Ça te va ? Laissez-moi tranquille, tous, je vis ma vie comme je l'entends. Allez, mange, ça va refroidir.

Quand Henry repartit chez lui, Ruby se dressa devant elle, les mains sur les hanches.

– Il a raison, tu sais, Emma.

– Tu écoutes aux portes, maintenant ? Tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi…

– J'ai l'ouïe fine, je n'y peux rien si vous parlez fort tous les deux. Il faut que tu passes au-dessus de ce mec. Oublie-le, raye-le de ta vie. C'était un ivrogne et un coureur.

– Ce ne sont que des rumeurs, Ruby, et tu le sais. C'est ma jalousie qui a mis fin à notre relation. Si je n'avais prêté attention à tous ces commérages. Il aimait s'amuser et sortir avec sa bande, c'est tout. J'aurais dû lui faire plus confiance. Quand il était avec moi, il m'a toujours fait me sentir la seule et l'unique, à ses yeux. J'avais l'impression qu'il pouvait déposer le monde à mes pieds.

– Ce n'était qu'une impression, répondit-elle sèchement. Quand il a fallu qu'il fasse ses preuves, il s'est barré. Et puis, ça n'a jamais fonctionné avec Henry. Ton fils ne pouvait pas le sentir. Si ça ce n'est pas une preuve qu'il n'était pas fait pour toi. C'est le plus grand des services qu'il t'ait rendu c'est de te plaquer.

– Bon, on change de sujet ? Je n'aime pas le ton que tu prends, tu es très dure, tu sais.

– C'est toujours pareil. Tu te mets dans un état pas possible quand on parle de ce gars. Tu continues à le défendre, après tout ce qu'il t'a fait. Je ne te comprends pas. Mais d'accord… pour le moment et parce que nous avons plein de choses à faire.

Ruby fit le tour du bureau et déposa quelques feuilles sous ses yeux :

– Vérifie la liste des invités, pour ce soir. C'est quand même trois clients qui espèrent trouver l'amour. C'est une pression. Moi, je vais sur place pour finaliser les détails : le groupe de musique est un nouveau, je tiens à rencontrer leur manager avant de verser l'acompte. T'es seule aux commandes, cet après-midi. Thomas est à la porte et il a pour consigne de ne faire rentrer que les rendez-vous fixés. Tu ne seras pas envahie par les importuns.

– Très bien ! À ce soir, alors.

X

Emma entra dans la Taverne, toujours cachée par son masque. Elle avait pris le temps de se changer et de s'habiller de la plus belle des robes que lui avait confectionnée un de ses partenaires. Ils étaient plusieurs à s'être associés à son agence et s'envoyaient mutuellement des clients.

La jeune femme avait souligné ses yeux verts d'un fin trait de crayon et relevé ses cils avec du mascara pour obscurcir son regard. Cela lui donnait plus de charme et de confiance en elle.

Personne ne pouvait la connaitre, sauf ses amis proches. Elle avait décidé de cacher sa véritable identité, au départ, pour ne pas embarrasser son fils. Aussi, elle ne souhaitait pas être reconnue et abordée dans la rue. Elle aimait séparer sa vie privée de sa vie professionnelle. Puis cette idée fit son chemin et contre toute attente, apporta un autre cachet qui plaisait aux clients et aux curieux. Aphrodite conservait le mystère et apportait une touche romantique à son projet. Cette petite astuce cartonnait et la démarquait des autres agences de rencontre.

Aphrodite prit le micro, s'éclaircit la voix et dit :

– Au nom de toute l'équipe de l'Agence « Attrape Cœur », je vous remercie d'être tous là et je vous souhaite la bienvenue, ce soir. Nous sommes une équipe désireuse de vous apporter le bonheur que vous méritez. Vous êtes célibataires ? Vous souhaitez rencontrer la bonne personne ? Une personne motivée et sérieuse ? Si vous êtes intéressé.es, nos prospectus se trouvent près de la porte d'entrée, servez-vous. Aussi, nous vous souhaitons de beaux échanges, des moments de partage en toute confiance. Passez une excellente soirée et laissez le charme agir ! Le bar est ouvert, vous avez à votre disposition des encas, et maintenant, place à la musique.

Les personnes autour d'elle l'applaudirent et elle s'effaça du podium. Elle descendit les quelques marches et se retourna pour regarder le nouveau groupe monter de l'autre côté et s'installer derrière leurs instruments. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que le bassiste n'était autre que Killian. Son Killian. Celui qui l'avait plantée seize mois, quatorze jours et quelques heures auparavant, quand elle lui avait demandé de s'installer chez elle.

Son cœur s'emballa subitement et le rouge lui monta directement aux joues. Heureusement, la salle était tamisée et l'homme ne pouvait pas voir le trouble qu'il créait.

Il n'avait pas changé d'un iota : il arborait sa barde de quelques jours et ses cheveux étaient ébouriffés. Il portait, comme à son habitude, une tenue de cuir noir et sa chemise était grande ouverte sur son torse musclé. Killian tourna la tête dans sa direction et la reconnut immédiatement. Il lui sourit de ses belles dents et entama les premières notes sur les cordes de sa basse.

Les gens se rassemblèrent sur la piste et se mirent à danser, selon le rythme dynamique de la chanson.

Ruby s'approcha d'elle :

– Je ne le savais pas. Je te le promets. J'ai rencontré le manager et le chanteur, ce sont eux les leader du groupe. Je n'ai pas fait attention aux autres. Je suis désolée. Fait chier. Tu peux rentrer, si tu veux… Je te remplacerai… Je dirai que tu ne te sentais pas bien.

– Non. Non.

Emma porta la main sur son cœur qui serrait douloureusement dans sa poitrine. Quand est-ce que cette peine diminuera ?

– Tu vas bien ?

– Ça va aller. Ne t'inquiète pas. C'est juste que … Je ne m'y attendais pas du tout.

Emma baissa la tête et tenta de rassembler le peu d'énergie qui lui restait :

– Leroy, Cassandre et Eric comptent sur moi. Et cela risque de faire une mauvaise publicité. Je ne peux pas abandonner tout le monde.

– Alors viens ! Viens sur la piste, fais semblant de t'amuser. Ne lui montre pas qu'il t'a touchée.

– Je crois que c'est trop tard. Je crois qu'il sait déjà l'effet qu'il a sur moi. Regarde-le, il ne me quitte pas des yeux.

– Et toi aussi… J'te jure ! Allez, sors-toi de là. Viens.

Emma fut entrainée par la foule et se força à danser… sur la musique de Killian. Elle n'entendait que sa basse, en fond. Ses notes glissaient dans ses oreilles, comme de douces caresses et il lui arrivait de fermer les yeux pour se laisser envahir. Puis soudainement, tour à tour, ses clients la sortirent de sa torpeur et la tirèrent vers leurs amis et invités. Ils l'interpelèrent à gauche, puis à droite. Elle fut assaillie par des questions, les uns la présentèrent aux autres au détour d'une anecdote. Certains lui demandèrent un rendez-vous, espérant décrocher un créneau libre. L'organisatrice de la soirée fut sollicitée de toute part, à un tel point qu'elle finit par oublier le temps, le lieu et le musicien.

Quand les derniers fêtards quittèrent la salle et furent emportés par des taxis, Emma retourna sur ses pas et retira ses talons.

– Ouf ! Je n'en pouvais plus, dit-elle pour elle-même.

– Je ne t'avais plus vue aussi étincelante depuis des lustres … Tu es magnifique, Emma. Et tu peux retirer ce truc, il n'y a plus personne.

Cette voix grave. Des frissons parcoururent son échine. Elle ne l'avait pas oubliée non plus. Killian la dépassa et s'arrêta à sa hauteur. Il se permit de lui enlever délicatement son loup. Son geste était emprunté de douceur et d'attention.

– Nous avons tout embarqué dans la camionnette. Veux-tu un coup de main pour ranger ? Je ne suis pas attendu et les copains sont déjà partis.

– Nous avons un service de nettoyage pour cela, répondit-elle sur la défensive. Je dois rentrer. Demain, une longue journée m'attend.

Elle feignit d'avancer, même si ses jambes et son cœur l'empêchaient de bouger.

– Attends.

Il la retint doucement par le coude :

– Tu ne veux pas rester un peu ? Qu'on discute. J'entends parler beaucoup de toi dans les médias. C'est une vraie réussite ! Je suis impressionné.

– Je … je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Killian. Je crois qu'il vaut mieux que tu partes.

– Mais pourquoi ?

– Parce que … j'ai beaucoup de travail… et très peu de temps.

Emma fit mine de s'éloigner mais le bassiste l'en empêcha :

– Tu m'as manqué, tu sais. Ce n'est qu'en te voyant maintenant que je réalise à quel point j'ai été stupide de t'avoir quittée. Tu crois qu'il y a une chance que je puisse …

– Je ne sais pas, le coupa-t-elle. Son cœur saignait à blanc et elle pouvait sentir les larmes lui monter aux yeux : Laisse-moi, tu veux, j'ai beaucoup de travail, répéta-t-elle, accrochée à sa bouée de sauvetage, comme si sa vie était en jeu : et je suis épuisée.

– Très bien. Je te laisse. Mais je n'ai pas entendu de refus de ta part. À bientôt.

Killian lui tendit le masque qu'elle prit, hésitante. Ils restèrent là, un instant, liés par cet objet de satin. Il la regarda droit dans les yeux, comme s'il tentait de percer ses pensées. Elle détourna le visage et s'éloigna vers le bar. La porte d'entrée se referma sur les pas du musicien.

– Alors ?

Son amie venait de se glisser à ses côtés.

– Alors je suis foutue, Ruby. Il était là, devant moi. Mon cœur en miette suffoquait et me criait de partir en courant et je suis restée immobile, comme hypnotisée. Tu crois qu'il peut faire ça ? M'hypnotiser ?

– Ne lui donne pas trop de pouvoirs, tu veux ! Tu es restée trop longtemps enfermée dans ta tête, surtout ! Métro, boulot, dodo. Tu n'as jamais réellement pris la peine de te poser et de guérir. T'es restée pareille à il y a un an. Tu n'es pas allée de l'avant, c'est aussi simple que ça.

– Qu'est-ce que je suis sensée faire ? Je me sens tellement perdue.

– Sortir ! Sortir ! Sortir !

– Pour aller où ? Faire quoi ? Avec qui ?

– Il y a une nouvelle boite qui organise sa soirée d'ouverture demain soir. Tout le monde ne parle que de ça. « Chasse-cœur ». Ça te changera les idées !

– Oui, j'en ai entendu parler. Mais elle est tellement prisée que toutes les places se sont vendues en une seule journée, il y a un mois de ça ! Jamais, on n'y rentrera.

– C'est sans compter sur le savoir-faire de ta Besta ! J'ai deux entrées. Cela fait des semaines que je me demandais comment j'allais t'y emmener. Et tu viens de me tendre la perche… Alors, tu es partante ?

– C'est court quand même… avec la journée qui nous attend demain, hésita-t-elle. À nouveau, elle se cachait derrière son travail.

– Et bien reportons les rendez-vous de l'après-midi. Tu es la boss, tu peux tout faire !

– Ce n'est pas sérieux ! C'est la Saint-Valentin demain.

– Peu importe, tu n'as pas à te justifier. Et qu'est-ce qu'une après-midi de congé ? Tu n'as pas pensé à toi depuis des années. Ce divertissement te fera le plus grand bien. Et à moi aussi, d'ailleurs.

XXX

NB : Contrairement à ce que cette entrée en la matière pourrait laisser croire, il s'agit bien d'une histoire lesbienne.