Titre : Appartenance
Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient
Pairing et personnages : Radamanthe x Kanon
Rating : T
Note : Bonjour à tous. Je vous remercie d'être là pour découvrir ma nouvelle histoire. Cette idée me trotte dans la tête depuis un moment, je me suis enfin décidée à vous la présenter avec humilité et à la partager avec vous. J'espère qu'elle vous plaira.
bonne lecture à vous !
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Appartenance
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Caina, aux Enfers
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La nuit était noire et silencieuse. Seul un rayon de lune fendait la pièce de sa lame argentée, éclairant faiblement les deux hommes endormis, sans gêner leur sommeil.
En vérité, leur repos n'était qu'apparence.
Ils étaient tous deux éveillés, mais gardaient les yeux clos pour tromper l'autre.
Ils attendaient.
Le premier, de craquer et le second, que cela arriva, tout en espérant, pour l'un comme pour l'autre, que ce ne serait pas le cas.
Ils ne furent pas exaucés.
Cette fois encore, le premier homme jeta un regard au prétendu endormi, puis repoussa les draps, se glissa hors du lit et quitta la chambre.
Puis les appartements.
Et son cosmos s'éteignît presque totalement.
L'autre homme ouvrit les yeux, se redressa en serrant les poings et soupira longuement.
Il recommença à attendre, mais non plus le départ, mais le retour, cette fois.
Cela arrivera quelques deux heures trente plus tard.
Invariablement.
Depuis des jours.
Pourquoi celui-ci serait-il différent ?
Il voulut y croire quand même.
Encore.
Une dernière fois.
…
…
Kanon entra dans la chambre et ne s'étonna pas de voir Radamanthe assit.
Il l'attendait, comme toujours.
Jamais il ne le rejoignait, alors qu'il laissait tout de même un filet de cosmos perceptible pour le rassurer. Il aurait pu le retrouver n'importe où, même sans cela, d'ailleurs.
Mais non, son Juge restait là à guetter son retour, l'accueillant de ce regard où la demande de réponses s'était peu à peu faite exigence et nécessité.
Et la même scène se répétait invariablement.
- Je t'ai reveille, désolé.
- Ton absence me vole mon sommeil, en effet. Tu es sorti.
Ce n'était pas une question.
Radamanthe ne posait pas les questions dont il connaissait déjà les réponses.
- J'avais besoin de prendre un peu l'air, expliqua-t-il en entrant dans le lit.
Les mêmes mots, la même excuse.
- Toutes les nuits ?
- Il fait très chaud, même avec le ventilo au plafond. Mais ne t'en fais pas, je finirai bien par m'habituer aux températures parfois étouffantes des Enfers. Bonne nuit, ajouta-t-il en déposant un rapide baiser sur les lèvres pincées du juge.
Il se rallongea et rabattit les draps sur lui, les yeux clos.
Voilà.
Radamanthe allait se réinstaller contre lui et l'entourer de son bras.
Tout irait bien.
En effet, Kanon ne tarda pas à sentir le corps de son Juge se couler contre le sien.
Ses lèvres se posèrent sur sa nuque et rapidement, ses dents mordirent la chair tendre.
Déjà, son genoui s'insinuait entre les jambes du Chevalier pour les écarter, alors que sa main glissait sur son flanc pour aller chercher l'objet de son désir.
Et le sien se faisait pressant et bien présent dans le bas de son dos.
Kanon tourna son visage pour réclamer un baiser, mais Radamanthe ne le lui accorda pas.
Il mordit plus fort sa nuque, comme pour le punir de son absence et de son silence à ce sujet.
Un râle échappa au Gémeau, entre plaisir et frustration, alors que Radamanthe aspirait les perles de sang qu'il avait fait naître sous ses dents.
Sa main cessa ses caresses à l'avant pour venir se perdre à l'arrière, s'attardant sur l'arrondi de ce fessier musclé qui le rendait fou et qui s'emboitait si bien à son bassin.
Kanon remonta sa jambe de lui-même, lui laissant le champ définitivement libre.
Quelques morsures, quelques caresses et il le voulait déjà tellement !
Le corps avait ses limites, mais le désir, jamais.
Pas entre eux.
C'était une fournaise depuis la première fois, un volcan de passion et de fièvre.
C'en était parfois effrayant de vouloir à ce point ne faire qu'un avec l'autre, au-delà même de leurs conditions physiques.
Effrayant, et grisant.
Renforçant encore plus ce sentiment diffus mais tenace de s'appartenir depuis toujours.
Radamanthe le prépara à sa venue avec autant de soin que la patience et le désir le leur permettaient. Il prendrait plus de temps plus tard.
Cela restait une forme de punition. Kanon ne devait pas oublier que Radamanthe lui en voulait pour son attitude.
Alors il ne tarda pas à l'envahir entièrement, complètement, profondément, d'un coup de reins puissant qui l'écrasa presque sur le lit.
Et il ne lui laissa pas une seule fraction de seconde de répit, à partir de là et jusqu'à la délivrance.
Longue et puissante, à l'image de son premier mouvement en lui.
…
…
Radamanthe se laissa retomber sur les oreillers, une de ses mains posée sur la cuisse de Kanon.
Leurs souffles reprenaient peu à peu un rythme régulier et leurs regards, voilés d'un plaisir violent qui s'attardait, ne se lâchaient pas.
Cela faisait un moment que les choses tournaient comme ça.
Radamanthe ne laissait plus Kanon se rendormir à son retour sans l'avoir comme revendiqué.
Sa façon de lui faire l'amour, dans ces moments-là, était vraiment différente.
Plus grave, plus possessive.
Kanon aimait cela, mais ce que cela reflétait, beaucoup moins.
Il posa sa main sur celle de son amant, entrelaçant leurs doigts et pressant fort leurs paumes l'une contre l'autre.
- Tu n'as pas à t'inquiéter, Rad'.
- Mon amant quitte notre couche toutes les nuits et regagne la surface pour deux à trois heures, depuis plusieurs semaines. Que dois-je en conclure ?
-J e ne te trompe pas.
- Tu serais déjà mort.
Kanon laissa échapper un petit rire.
- Alors ? tenta de nouveau Radamanthe.
C'était la première fois qu'ils discutaient, après ce genre d'étreinte.
Kanon avait pris l'habitude de se rallonger et de feindre, ou non, l'épuisement et l'endormissement.
Et Radamanthe n'insistait pas, généralement.
Mais puisque Kanon avait envie de parler, il n'allait pas laisser passer une telle occasion.
- Alors je t'aime, saleté de Dragon mythique !
- Tu sais bien qu'il manque deux pattes à la Wyvern pour en faire un dragon, mais passons… Dis-moi plutôt quelque chose que je ne sais pas.
- Je te l'ai jamais dit.
- Mais je le sais, affirma-t-il d'un ton qui n'admettait aucune contradiction.
- Tu m'as l'air un peu trop sûr de toi, là !
- Je suis sérieux. Kanon. Parle-moi.
Le Gémeau soupira, puis se dégagea doucement de l'étreinte de son amant et roula sur le dos.
Les yeux rivés au plafond, il s'accorda un moment avant de répondre.
- Cela n'a rien à voir avec toi, Radamanthe. Je suis bien, ici.
- Tu as une drôle de façon de le montrer.
- Pourtant, c'est le cas.
- Je veux bien te croire, puisque tu as commencé ce manège alors que nous étions au Sanctuaire.
- « Ce manège » ? releva Kanon en le regardant, étonné par le choix du terme employé.
Radamanthe décida de l'ignorer et de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
- Est-ce en lien avec Julian Solo ?
Dire que Kanon fut surpris serait un euphémisme.
- Pourquoi tu parles de lui ? demanda-t-il en se tournant sur le côté pour pouvoir mieux le regarder.
- Parce que tu l'as revu.
Cette fois, Kanon se redressa complètement.
- Tu m'espionnes ?
- Non, je n'ai pas besoin de recourir à ce genre de vils procédés, répondit le Juge en se hissant sur un coude. Je sais tout de toi, Kanon des Gémeaux, je te l'ai déjà dit. Je pourrais avoir mes réponses sans avoir à te poser les questions que ton attitude me contraint à me poser. Mais dans mon monde, la confiance et le respect de l'autre sont des fondamentaux qui cimentent le couple. Les mêmes que j'attends de toi.
- Ne me fais pas de leçon ! Je te fais confiance et je te respecte tout autant. Si ce n'était pas le cas, tu m'aurais déjà foutu dehors.
- En effet, confirma le Juge sans affect. Mais tu refuses de te confier à moi. Cela me blesse vraiment.
Le Chevalier dévisagea son compagnon.
Il était rare qu'il parla aussi ouvertement.
Se confier sur ses sentiments n'était pas dans sa nature.
Cela en disait long sur ses préoccupations.
- Tu n'as pas à l'être, ni à t'inquiéter, je te l'ai dit, tenta-t-il de le rassurer en posant sa main sur son genou.
Radamanthe se redressa et son regard s'intensifia.
- Tu ne comprends pas, Kanon. Si tu n'as pas suffisamment confiance en moi pour me dire ce qui se passe, si tu ne peux avoir cette liberté en étant avec moi, il ne sert à rien de poursuivre notre relation.
Une lame de glace traversa le Gémeau de part en part. Ce fut à grande peine qu'il parvint à retenir le frisson glacé qui parcourut tout son corps.
Et qui menaçait de le faire violemment trembler.
- Tu n'es pas sérieux.
Malgré les boules qui s'étaient formées dans sa gorge et son ventre, il avait réussi à parler d'un ton neutre.
- Ai-je l'air de plaisanter ?
- Je te trouve bien léger pour quelqu'un qui prétendait, encore hier, m'avoir attendu et me connaître depuis toujours ! remarqua Kanon en plissant les yeux.
Radamanthe ne pouvait pas être en train d'évoquer leur séparation, n'est-ce pas ?
- Si tu n'es pas prêt dans cette vie-ci, j'attendrais la prochaine.
Cela y ressemblait beaucoup, en tous cas.
Et Kanon ne pouvait rien répondre à cela.
Son cœur se serra violemment dans sa poitrine et il crispa les poings.
- C'est du chantage.
- En aucune façon. C'est une question de principe. Je ne veux pas étancher une quelconque soif de curiosité. Je veux ta confiance absolue. Je peux tout savoir, mais je peux aussi tout entendre de toi.
Kanon se mordit la lèvre.
Radamanthe se rapprocha encore, réduisant la distance entre eux.
Assis tous deux dans le lit, presque face à face, ils s'affrontèrent du regard un long moment, en silence.
Peu à peu, la lueur de défi dans les yeux de Radamanthe céda la place à une certaine douceur, rare mais pas inconnue.
Kanon l'avait déjà surprise à quelques reprises, mais elle n'était jamais réellement assumée par son compagnon, qui détournait alors le regard.
Cela le touchait et l'agaçait, même s'il se doutait qu'il devait parfois avoir le même regard et la même réaction, lorsqu'il se faisait surprendre…
Devant son expression radoucie, la résistance dans les yeux du Chevalier s'émoussa.
Il ne voulait pas gagner ce combat.
Il ne pouvait pas.
Parce que cela signifiait perdre Radamanthe et c'était juste inconcevable, pour lui.
Kanon préférait mettre sa fierté et son ego de côté, plutôt que de risquer cette relation qui lui apportait tant.
Il ne le lui avouerait sans doute jamais, mais Radamanthe devait bien s'en douter.
Et si son Juge avait assuré avoir la patience d'attendre une autre vie et une autre incarnation, avec toute la sagesse acquise après tant de siècles d'existence et d'attente, ce n'était définitivement pas le cas du Gémeau.
Cette nouvelle vie qu'on lui avait accordé n'avait de sens que parce que Radamanthe en faisait partie.
Réaliser cela lui avait valu une bonne séance d'entraînement où il s'était défoulé comme jamais.
Il avait fini par accepter l'importance qu'avait pris le Juge dans sa vie et tout ce que cela impliquait.
Et notamment, de ravaler parfois sa fierté, comme à cet instant, pour avouer certaines choses qu'il aurait préféré garder pour lui.
Ou plutôt, ne pas avoir à l'exprimer tout haut.
Kanon prit donc une profonde inspiration et se lança.
- J'aime dormir avec toi, murmura-t-il. J'aurais préféré ne pas passer une seule seconde hors du lit, alors que tu y es. Mais j'arrive pas… Il fallait que j'y aille, à chaque fois…
Radamanthe l'observa sans intervenir.
- Ça a commencé y a quelques semaines, quand on était au Sanctuaire. Quelques notes, seulement, au début… Puis, son chant s'est fait de plus en plus pressant dans ma tête. Alors, j'y suis allé pour la calmer. Mais ça recommence toutes les nuits, depuis. Même si, ici, je l'entends beaucoup moins que quand je suis à la surface, elle résonne aussi et ne me laisse pas en paix.
- SeaDragon, devina aisément le Juge.
Kanon hocha la tête.
- Mon ancienne écaille m'appelle désespérément toutes les nuits. C'est pour ça que j'ai revu Julian. On en a discuté, il m'a appris qu'elle refusait tout autre porteur. Il n'y a pas d'urgence, le monde est en paix, certes. Mais jJulian aimerait que les marinas soient au complet au plus tôt. Il a évoqué un apprenti très prometteur, mais SeaDragon ne veut rien savoir.
- Je la comprends. Ce qui m'échappe, c'est pourquoi tu ne m'en as pas parlé dès le début.
- Parce que l'une des nombreuses choses que tu aimes, chez moi, c'est que je ne me laisse dicter ma conduite par personne. Alors, je devrais être plus fort et ne pas céder à son chant. J'essaie vraiment. Mais je me retrouve toujours sur cette plage, face à la mer Egée, en pleine nuit, à lui parler longuement pour l'apaiser ou la gronder, au lieu d'être fort et de rester auprès de toi. Je te déçois sûrement…
Radamanthe ressentit un élan d'amour irrépressible pour son amant il était vraiment adorable, lorsqu'il se laissait aller à montrer ses failles. Même si cette sensibilité qu'il témoignait en avouant le souci qu'il pouvait avoir des autres n'en était pas vraiment une.
Il confondait sensibilité et faiblesse.
En redoutant la réaction de Radamanthe face à ce qu'il pensait être un aveu de faiblesse, il lui montrait l'un des côtés les plus humains de sa personne.
Le Juge des Enfers ne pouvait que l'en aimer davantage.
- Idiot.
- Merci… grimaça Kanon.
Bien sûr, il avait entendu cette pointe de tendresse dans la voix de son amant, et il avait vu l'éclat d'or de son regard s'intensifier. La passion qui y brûlait, mêlant amour et désir pour lui, n'était aussi visible qu'en de rares occasions d'abandon.
Kanon savait que certains mots ou gestes de sa part pouvaient raviver et amplifier ce feu.
Il ne pensait cependant pas que se confier ainsi à Radamanthe sur son impuissance face à son ancienne écaille pouvait avoir cet effet, même furtivement.
- Tu aurais dû m'en parler, lui reprocha Radamanthe en se levant.
- Où tu vas ?
- J'ai deux mots à lui dire.
- Quoi ? Mais à qui ? Attends, tu veux pas aller voir SeaDragon, quand même !
- On va y aller ensemble, précisa-t-il en rassemblant leurs affaires.
- Je suis pas certain que ce soit une bonne idée… Elle est assez possessive et capricieuse, tu sais.
- Et alors ? Il est temps qu'elle accepte que tu appartiens à un autre Dragon, ou qui y ressemble beaucoup, en tous les cas. Et s'il faut que je te fasse l'amour sur cette plage pour qu'elle le comprenne, ça ne me pose aucun problème, bien au contraire.
- Tu n'es pas sérieux...
- Ai-je l'air de plus plaisanter que la première fois que tu m'as posé la question, il y a quelques minutes ? On a suffisamment perdu de temps, Kanon. Habille-toi et allons-y, conclut-I'm en déposant ses vêtements sur ses genoux. .
- Certainement pas !
- Quel est le problème ? demanda le Juge en enfilant son pantalon. Ce ne serait pas la première fois.
- On était seul ! objecta Kanon. Et loin de tout, certainement pas sur cette plage-là ! Je ne peux pas faire ça devant mon ancienne écaille !
- D'une, elle n'est pas vraiment là et de deux… depuis quand tu joues les vierges effarouchées ?
- C'est pas le cas ! C'est juste… perturbant. Parce que si, elle est bien là, flottant au-dessus des flots. Je te rappelle que c'est l'écaille la plus puissante, sa volonté est farouche, elle va où bon lui semble. Poseidon et moi sommes les seuls à avoir autorité sur elle. Et pourtant, je mets près de deux heures à la raisonner.
Radamanthe croisa les bras sur son torse nu, son t-shirt toujours à la main.
- Elle fait exprès pour te garder près d'elle.
- Je sais bien.
- C'est pourquoi elle a besoin d'une bonne leçon.
Kanon soupira en se pinçant l'arête du nez.
- Puisque je te dis que je ne pourrais rien faire, devant témoin !
- Ça m'étonnerait vraiment de toi. Et je serai presque vexé que tu doutes de mes capacités à te…
- C'est pas ça ! le coupa-t-il vivement. Aussi sexy et tentant que tu puisses être, même en brûlant de désir pour toi, ô Juge suprême du Royaume souterrain, je serai forcément bloqué par la présence de SeaDragon. Et ne crois pas qu'elle nous laissera tranquillement faire nos affaires !
- On s'occupera des détails une fois sur place. Habille-toi, lui demanda-t-il pour la seconde fois, et ouvre une autre dimension.
Kanon lui prit le bras, l'empêchant de mettre son t-shirt.
- On est vraiment pas obligé d'aller aussi loin…
- Si, affirma Radamanthe, sans se dégager pour autant.
- Pourquoi ?
- Il le faut.
- Rad'…
Le Juge récupéra son bras et serra les poings, le regard déterminé et implacable.
- Le temps du Dragon des mers est révolu. Même si elle t'a choisi et accorde sa confiance, ce n'était qu'un emprunt, elle le savait obligatoirement. Ton âme n'a jamais brillé que sous la constellation des Gémeaux, elle est ta tutrice et ta protectrice depuis toujours. Ton âme n'a jamais appartenu qu'à un seul Dragon : cet « saleté de Dragon mythique » dont tu es follement amoureux.
- « Follement amoureux » ? Mais dans tes rêves !
Le revoilà, le fier chevalier d'Athéna, rebelle, fougueux et résolument libre, malgré ses attaches et ses sentiments profonds pour quelques rares personnes.
- Ils ne font qu'un avec ma réalité, depuis que tu en fais enfin et de nouveau partie.
Kanon laissa échapper un rire bref, malgré l'accélération des battements de son cœur.
- Ce n'est pas ton genre de dire des niaiseries pareilles ! Bien tenté, mais ça ne prend pas avec moi, tu le sais parfaitement !
- Ce n'est pas une niaiserie, mais une simple vérité et un basique constat.
- N'empêche que j'ai jamais dit que j'étais « follement » amoureux… grommela-t-il en croisant les bras sur son torse puissant.
Radamanthe aimait aussi cet aspect de la personnalité de Kanon, qu'il avait découvert avec le temps, et le lâcher-prise que l'approfondissement de leur relation lui avait permis : le gamin boudeur et capricieux, un peu de mauvaise foi, adepte du « oui mais même ! » et du « m'en fiche » qu'il n'avait jamais eu la possibilité d'être, dans sa précédente vie.
Le Juge revint s'asseoir près du Gémeau et prit son menton entre deux doigts pour l'amener à le regarder dans les yeux.
- Je n'ai pas besoin que tu me dises ce que je sais déjà, je te le répète. Et sur ce sujet précis, ton corps et tes cris m'en révèlent suffisamment.
Kanon le frappa du poing sur l'épaule.
Bien évidemment, il ne bougea pas d'un millimètre.
- J'ai pas envie…
Ces quelques mots figèrent le Juge, alors qu'il avait plongé dans le cou de son Chevalier pour y mordiller la peau tendre, bien que déjà éprouvée.
- Hm ?
- J'ai pas envie que d'autres que toi n'entendent ce genre de choses.
- Je suis flatté. Mais malgré cela, je veux surtout rendre cette foutue écaille complètement sourde avec tes gémissements, expliqua-t-il au creux de son oreille.
- Tu es jaloux, constata-t-il avec satisfaction.
- Elle te vole à moi, rappela Radamanthe en se redressant. Elle nous vole du temps précieux. C'est impardonnable et intolérable.
Même s'il comprenait son compagnon et était touché par sa réaction et ses mots, et tout ce qu'ils révélaient de ses sentiments profonds pour lui, Kanon n'oubliait pas de réfléchir à un moyen de le faire renoncer à son projet d'exhibitionnisme sur la plage en pleine nuit.
Soudain, il eut une idée.
- Et si tu lui envoyais Wyvern la raisonner ? proposa-t-il en enlaçant son Juge. Ça nous permettrait de rester ici. Et surtout, de faire bien plus de choses que sur une plage… non ?
Les lèvres de Radamanthe s'étirèrent en un léger sourire.
- La technique imparable du cadet des Gémeaux : la manipulation.
- Je propose une solution qui nous conviendrait à tous, se défendit ledit Gémeau en se pressant un peu plus contre son amant. Ton surplis est au moins aussi possessif avec moi que toi. Je peux même demander à Saga de me prêter Gemini, en soutien. Elle a son petit caractère, elle aussi. Elle se vexe même si je ne prends pas le temps de l'entretenir en alternance avec Saga !
Radamanthe renversa Kanon sur le lit et l'observa.
Il se perdit un instant dans l'azur de ses yeux ou un océan grondait, prélude à la tempête et au déchaînement des sens.
- Laisser nos protectrices discuter entre elles, ce n'est pas une mauvaise idée, en soi.
- Il m'arrive d'en avoir de bonnes, rappela Kanon en le débarrassant prestement de son pantalon. J'aurais dû y penser avant… Quand on y réfléchit, c'est la meilleure solution…parce que si…
D'un baiser, Radamanthe tarit le flot de paroles à même sa source.
Kanon y répondit avec la même passion, tout en remontant ses jambes autour de ses cuisses pour presser davantage son corps nu contre le sien.
Ce qui provoqua un grognement satisfait chez l'un et un soupir de contentement, chez l'autre.
- On en reparlera demain, décréta le Juge avec son autorité naturelle.
Il résistait rarement à un Kanon entreprenant.
Ce dernier le savait et il ne put réprimer un sourire victorieux..
- Oui, on a vraiment mieux à faire, là…
- Ne te réjouis pas trop vite, l'avertit-il en mordillant sa lèvre inférieure. Mes priorités ont changé, mais je ne renonce pas totalement à faire une petite démonstration à SeaDragon.
- Ce serait bien trop demander à l'un des êtres les plus bornés de la Création… soupira le Chevalier. Mais… on verra ça demain, ok ? J'ai plus du tout envie de discuter, là…
Un nouveau baiser pour réponse suffit à clore le sujet.
Pour quelques heures, tout du moins.
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Merci d'avoir lu ce petit texte, j'espère que vous avez passé un bon moment !
Bonne continuation à vous
Lysanea
