14 janvier, 20h03
Couloirs de la salle d'audience
- Pfiouuuu qu'est-ce que t'as été long, Nick ! Dépêche-toi, on a vraiment faim !
Je rassemble mes dernières affaires un peu à la hâte, soufflant aussi de soulagement face à la fin de ce dernier procès interminable. J'ai toujours eu le chic pour tomber sur des affaires invraisemblables mais celle-ci était davantage éreintante qu'autre chose… J'espère avoir rapidement droit à des vacances, au moins dans un mois ou deux.
En attendant, j'accueille l'impatience de Maya et Pearl avec un petit sourire complice. Elles n'ont pas assisté à mon procès cette fois-ci, s'étant plutôt pris une après-midi pour travailler sur leurs dons de médium. Je crois qu'une pause autour de bons hamburgers s'impose pour tout le monde après tant d'efforts.
- Bonjour, Mr Hunter ! S'écrit Pearl tout à coup, me faisant tourner la tête.
Je suis à moitié surpris de le croiser à ce moment là, toujours aussi élégant dans son éternel costume rouge et blanc. Même lorsqu'il ne fait pas partie de l'accusation, cela nous arrive de nous croiser dans les couloirs. Nous nous saluons alors avec un signe de tête… Et même si je n'ose pas forcément réclamer plus de proximité, je suis heureux qu'il ne se soit pas enfui une seconde fois, malgré tout.
Au fond, j'espère toujours l'avoir retrouvé comme ami, je suppose.
- Mesdemoiselles Fey… Wright.
- Monsieur Hunter ! Que faites-vous ici ? S'enthousiasme alors Maya.
- Je… travaille. Évidemment. Je sors de mon dernier procès de la journée. Je suppose que vous rentrez également chez vous.
- Non, on part manger des hamburgers ! Vous voulez nous accompagner ?
- Mmh je dois décliner cette proposition, j'ai rendez-vous… avec Fransiska.
- QUOIIIIIII ? Elle reste ici alors, elle ne réfléchit plus à repartir ailleurs ? C'est super !
Pour un peu, le regard désappointé de Hunter m'aurait fait rire. S'habituer aux réactions exagérées de Maya n'est pas donné au premier venu.
- En effet. Je vais tout de même éviter de la faire attendre.
- Oh la sévère dame au fouet… C'est dommage, j'aurai bien mangé avec vous, Monsieur Hunter. Comme ça Monsieur Nick et Mystique Maya auraient dîné en amoureux ~
- PEARLY ! Arrête un peu avec ces histoires ! La dispute Maya, comme toujours.
A force, je commence à prendre l'habitude de l'insistance de Pearl à vouloir que nous nous mettions ensemble. Même si je n'imagine pas un instant qu'il s'agisse d'une possibilité. Maya est clairement trop jeune pour moi et représente bien plus une petite sœur qu'une potentielle partenaire… Je suis quasiment sûr qu'elle ressent la même chose de son côté, d'ailleurs.
Je note l'agacement de Hunter. Sans doute trouve-t-il les relations amoureuses superficielles, quelque chose comme ça, ce serait bien son genre. En tout cas, il grogne, les bras croisés et sa tête tournée de côté avec cet air renfrogné qu'on lui connaît bien.
- Hunter… ? S'en inquiète maintenant Maya.
- J'y vais. Bonne soirée.
Toujours aussi concis, Hunter disparaît au plus vite au fond du couloir. Je n'y fais pas davantage attention, même en voyant l'air désolé de Maya.
- Bon, allons-y, nous aussi !
14 février, 12h05
Cabinet Wright & Co
- J'ai terminé avec ce client, je pense que je vais accepter son affaire, je ne peux pas croire un instant qu'il soit coupable… On va manger ? Je meurs de faim.
- Niiiiick ! Je crois que tu as reçu un joli cadeau, regarde !
Surpris, je la regarde me tendre une petite boîte rouge contenant… des chocolats ? Et pas n'importe quel chocolat, d'ailleurs, du chocolat blanc. Autrement dit ma saveur préférée mais je ne comprends toujours pas ce qu'ils font entre les mains de Maya.
- Je les ais trouvé dans la salle d'attente, à coup sûr quelqu'un est amoureux de toi ~
- Mmh. Jette-les. On ne sait pas d'où ça vient, c'est un coup à se faire empoisonner.
- QUOIIII ? Mais non, Nick, c'est la St-Valentin ! Et il y a une petite carte indiquant qu'ils sont pour toi… Tu ne peux pas jeter des chocolats d'amoureux, c'est cruel !
Je soupire. Qui pourrait m'envoyer ça alors que je suis célibataire depuis bien longtemps maintenant ? Certainement une personne complètement cinglée, peut-être une cliente obsédée ou quelqu'un voulant me tuer sans originalité. Je n'ai pas envie d'y réfléchir mais les grands humides de Maya m'obligent à m'y intéresser au moins un tout petit peu.
- La carte n'est même pas signée, je suppose ?
- Non, il n'y a que ça ! « Pour Phoenix Wright ». C'est dommage qu'il n'y ait pas une belle déclaration d'amour avec ça… Tu vas enquêter pour deviner qui c'est, dis ?
Je n'en ai aucune envie mais son enthousiasme me pousse à marmonner que j'y penserai peut-être.
15 février, 19h33
Cabinet Wright & Co
- Maya !
- Oui, Nick ? Tu n'étais pas censé pas rentrer chez toi ?
Soudainement hésitant, je m'arrête en pleine panique. Je ne peux pas me permettre de repartir sans lui poser mes questions. Elles m'ont embrouillé l'esprit durant toute la journée, il est grand temps de prendre mon courage à deux mains. Je ne peux pas laisser mes suspicions en suspens, maintenant je me sens gêné dès que je croise le regard de Maya…
Hier soir, en ramenant Maya à la gare, mon regard s'est arrêté sur une boutique de boîte en chocolat… avec un boîte rouge très singulière en vitrine. Exactement la même boîte sur laquelle Maya voulait que j'enquête. Mon intuition m'a poussé à aller interroger les vendeurs de la boutique et… leur réponse me paraît toujours aussi inconcevable.
- Oh pas mal de clients en achètent… La seule qui m'ait vraiment marqué, c'est une adolescente tout en violet avec des habits vraiment étranges. Elle voulait uniquement acheter la boîte, pas les chocolats. Sans doute pour du fait maison, c'était mignon comme tout !
Mon estomac se serre. J'en suis toujours autant sur le choc… Je n'aurai jamais imaginé Maya m'offrant des chocolats à la St-Valentin. Encore moins par une manière aussi énigmatique, comme si elle cherchait à ce que je découvre par moi-même ses sentiments pour moi ! Dire qu'elle était la première à réprimander Pearl, je ne pensais pas qu'elle espérait secrètement quelque chose…
- Oh oh ? La Terre appelle Nick ? Qu'est-ce qui ne va pas, tu fais totalement déprimé !
- Maya… Est-ce que ces chocolats… viennent de toi ?
Je ne suis pas surpris de voir apparaître deux verrous sur son cœur. Je serre un peu les poings. J'ai exprès repris le Magatama pour être certain de ne pas la voir faire marche arrière. S'il y a une incompréhension entre nous, je veux qu'on la dissipe le plus rapidement possible, même si cela risque d'être douloureux sur le moment…
- Ne sois pas bête, Phoenix ! Ce sont des chocolats pour les amoureux, pas pour les amis !
- Un instant ! J'ai une preuve : le vendeur du magasin t'a parfaitement décrite !
Son tout premier verrou psyché saute, me serrant un peu le cœur. Cependant, je suis surpris de la voir pouffer de rire. Je m'attendais plutôt à des aveux rougissants et à des instants de profonde gêne… J'imagine que son dernier verrou n'est pas là pour rien. Tout de même, sa réaction me perturbe assez, comme si mon instinct m'indiquait faire fausse route.
- D'accord, tu m'as eu, Nick. J'ai bien acheté la boîte… Est-ce que tu veux que j'y ajoute une belle déclaration d'amour ?
- M-Maya…
- Je te fais marcher, Nick. Ce ne sont pas mes chocolats, j'ai juste aidé à trouver une belle boîte. Et tu ne feras pas sauter mon dernier verrou sans comprendre pour qui tu as des sentiments toi aussi ~
Des… sentiments ? Mais non, enfin, je n'aime personne en ce moment, je suis littéralement marié à mon boulot !
Mais je n'ai même pas le temps de répondre que Maya sautille vers la sortie, me faisant juste un petit coucou avec un grand sourire. J'ai un peu honte d'avoir été surpris en train de retourner sa propre pierre contre elle mais sa dernière révélation me laisse surtout dans un profond état de confusion. Je ne comprends vraiment pas la signification de ses mots.
En rentrant chez moi, j'ouvre de nouveau la boîte qu'elle m'a offerte, cherchant le moindre petit indice. Je n'en avais rien à faire à la base mais maintenant ça m'obsède… Qui a bien pu m'offrir ces chocolats par le biais de Maya ?
18 février, 14h33
Bureau du procureur
- Merci pour ton aide, Hunter. Je n'aurai jamais pu y arriver sans toi.
- Je t'en prie, Wright.
C'est finalement un de nos échanges les plus communs. Je crois qu'au fond, pour l'instant, c'est un des seuls moyens que nous ayons trouvé pour passer à nouveau du temps ensemble. Parfois Paul nous invite aussi à sortir, à trois, comme avant. Mais j'apprécie aussi passer du temps, seul à seul avec Hunter, réfléchissant ensemble sur une affaire complexe.
Plus rarement, c'est Hunter qui se tourne vers moi pour de l'aide. J'apprécie vraiment cette confiance. Venant de sa part, ce n'est commun, vu à quel point il peut être minutieux avec chacun de ses dossiers.
- N'hésite pas au besoin !
- Justement, Wright. Maya voudrait organiser la fête d'anniversaire de Pearl. Apparemment, nous partagerions une liste...
- Oh ! Maya et toi êtes proches à ce point ?
Parcourant les pages d'un de ses dossiers, Hunter reste aussi impassible que toujours. Parfois, j'aimerai avoir son élégance. Ses cheveux tombent un peu sur le côté de son visage, lorsqu'il a la tête baissé ainsi. Je me demande un instant si ses mèches le chatouillent, parfois. Pas étonnant que son air concentré fasse tomber autant de femmes autour de lui, en tout cas.
Pour le coup, lui ne doit certainement pas être surpris de recevoir des chocolats inconnus pour la St-Valentin.
- Je l'apprécie, ce qui semble mutuel. Si je peux vous aider, j'en suis heureux.
- C'est super ! Du coup tu vas m'aider à aller acheter ce qui est sur la liste, c'est ça ? Les autres sont déjà occupés avec d'autres détails, même Paul.
- Si tu acceptes mon aide.
- Bien sûr, avec plaisir ! C'est gentil à toi de bien vouloir participer.
Je ne réalise pas tout de suite que cela signifie une sortie, à l'extérieur, rien qu'à deux dans les rues de cette ville encore enneigée. Mais l'idée de cette balade légère, presque superficielle, sans que ce soit forcément avec Paul pour autant... Une sensation de chaleur m'envahit rien qu'à l'imaginer. Intérieurement, je remercie vivement Maya pour cette opportunité.
Je suppose que mon meilleur ami continue de me manquer, malgré nos dossiers, malgré l'entraide. J'ai envie de redécouvrir ces moments de légèreté, juste pour le plaisir de passer quelques moments ensemble. Rien qu'ensemble. C'est étrange, de le réaliser juste maintenant.
- J'ai encore pas mal de travail mais... on pourrait peut-être se voir le mois prochain. Son anniversaire n'est pas pour tout de suite, de toute façon.
- Ca me convient. Tiens-moi au courant.
- A bientôt, Hunter !
Ses yeux se relèvent vers moi. Ses mèches caressent une dernière fois son visage, celui-ci s'éclairant d'un sourire paisible. Son éclat est toujours si parfait.
- A bientôt, Wright.
4 mars, 9h33
Restaurant Bellissima
- Tektiv... Je sais que c'est le travail de Maguy... Mais j'aimerai vraiment changer d'endroit pour fêter la fin d'une affaire... Ca devient vital à force.
- N-Non mais... Ils s'améliorent, je tiens juste à leur donner un petit encouragement ! A-Ah ah !
- ...
Inutile d'essayer de lui faire entendre raison. Je doute qu'il soit en état de réaliser que la nourriture est toujours aussi immangeable qu'à l'accoutumée... Et quelque part, je m'en voudrais de le lui faire comprendre, vu à quel point l'inspecteur prend plaisir à venir ici. J'imagine que l'amour ne rend pas seulement aveugle, il attaque sérieusement le palais - et je ne peux clairement pas lutter contre.
Je me demande si Tektiv a déjà tenté d'offrir des chocolats à Maguy... Argh, non, il ne faut pas que je reparte là-dessus. Depuis que Maya m'a laissé en plan, je n'arrive pas à m'enlever cette énigme de la tête, surtout qu'elle semble prendre un malin plaisir à me laisser y réfléchir seul. J'ai beau eu la questionner à ce propos, je n'ai pas eu le moindre indice supplémentaire.
Et ce n'est pas comme si j'avais une véritable piste à suivre, pour l'instant...
- Mais je vous conseille leurs pâtisseries ! Ils ont engagé un pâtissier-chocolatier du tonner récemment ! Il accepte même de donner des cours et... mince, non, j-je n'ai rien dit !
- Un pâtissier-chocolatier... ?
Peut-être que l'information ne m'aurait pas autant alertée si Tektiv n'avait pas affichée un air clairement coupable, comme si cette gaffe allait encore lui imposer une baisse drastique de salaire. Mmh. Pourtant Benjamin Hunter n'est clairement pas dans les parages et ne risque pas d'avoir le moindre rapport avec tout ça. Il y a de quoi être surpris par sa réaction.
- Oh la la je n'étais pas censé vous en parler... O-Oubliez ça, d'accord ?
- Comme quoi, vous ne savez vraiment pas tenir votre langue, Négligé.
Sursautant à cause de la voix féminine s'élevant soudainement derrière moi, je m'efforce de me reprendre et de cacher mes sueurs froides en croisant le regard glacial de Fransiska. Même si nous ne sommes pas au tribunal, j'aimerai éviter de me montrer trop facilement décontenancé par sa simple arrivée.
- Et que faites-vous ici, si je puis me permettre, Fransiska ?
- Je prends moi-même un cours avec ce pâtissier-chocolatier, bien sûr. Je refuse de perdre, quelque soi le domaine.
- ...D'accord. Je ne vois pas bien le rapport entre les deux mais euh... c'est un très bon hobby.
- Parce que vous êtes un idiot, Phoenix Wright. Je vous ai surestimée sur ce coup. J'espère vous voir vous rattraper rapidement. Au revoir, messieurs.
Fronçant les sourcils, je n'ai pas le temps de lui poser davantage de questions qu'elle s'est déjà envolée, le bruit de ses talons claquant presque aussi fort que ses dernières paroles. Je ne comprends vraiment pas ses allusions. En face de moi, Tektiv est mort de gêne, bredouillant des excuses inaudibles pour tenter de changer de sujet.
Au fond, je n'imagine d'ailleurs pas Fransiska avec un petit tablier, tout appliqué à préparer des petites pâtisseries... ou même pire, d'ailleurs, des chocolats. Surtout qu'elle serait en retard pour des chocolats de St-Valentin, ce serait surtout pour le White Day maintenant !
Je ne comprends... vraiment pas.
Soudainement, le fait qu'elle ait évoqué une compétition me perturbe. Je ne l'ai surtout vu répété vouloir être la meilleure, la plus parfaite, que pour surpasser son petit frère au final. Absolument rien n'est censé me faire penser à Hunter, dans tout ça, mais cette répétition me gêne. Penser à quelqu'un sans raison est assez banal mais j'ai soudainement l'impression que cela ne vient plus juste de moi.
La compétition de Fransiska. La gêne de Tektiv. L'aide de Maya. La blague romantique de Pearl, la réaction de Hunter...
- Wow... Tout va bien, mon gars ? Vous êtes plus rouge que moi tout à l'heure, ahah !
Ma main se porte à mes lèvres, essayant de cacher l'expression profondément choquée de mon visage.
Je ne... comprends... vraiment pas.
Mais de plus en plus, je réalise que je ne veux surtout pas comprendre ce que tout ça implique. Bien que les preuves sont là, je refuse encore d'y croire vraiment, l'idée me semblant complètement incongrue. Je n'imagine déjà pas Fransiska préparer des chocolats mais alors Lui... Encore moins pour... Ce serait juste aberrent de l'imaginer faire.
Pourtant, enlever les impossibilités, il ne reste plus que la vérité... aussi invraisemblable me parait-elle. De plus, les mots de Fransiska résonnent dans mon esprit. Et bientôt, ceux de Maya viennent les surpasser.
- Et tu ne feras pas sauter mon dernier verrou sans comprendre pour qui tu as des sentiments toi aussi ~
Alors au fond, peut-être que si je découvre ainsi cette possibilité, c'est justement parce que... parce qu'elle aurait peut-être bien raison... ?
- Tektiv... Vous savez quelle variété de chocolats Hunter apprécie le plus ?
- ...HEEEEEEEEY ?!
14 mars, 19h00
Bureau du procureur
- Mmh ?
Je l'observe s'approcher de son bureau, le cœur battant. C'est le moment décisif, je suppose.
Doucement, ses doigts parcourent le tissu bleuté de la boîte. Je me sens soudainement idiot de ce choix mais puisque lui avait choisi une boîte rouge, je m'étais imaginé que, peut-être, le retour d'ascenseur lui ferait plaisir... Je n'ai jamais eu conscience d'à quel point ses doigts sont longs et fins. En les voyant parcourir l'emballage, je me prends à les contempler.
Avec toute la délicatesse du monde, je le vois dévoiler son contenu, révélant à la fois les chocolats mais aussi et surtout la petite carte qui va m'empêcher de me dérober.
- ...Wright.
Ses grands yeux croisent enfin les miens, me forçant à avancer au moins d'un pas vers lui. Je me suis caché dans un coin du bureau en le voyant entrer, voulant à la fois lui faire la surprise et à la fois discuter avec lui des conséquences de nos cadeaux.
Pourtant, subitement, nous sommes tous deux pétrifiés. Je ne me trouve plus si courageux, en fait je me sentirai même presque idiot à rougir affreusement maintenant que son regard est rivé sur moi. Je n'arrive pas à saisir les émotions qui passent dans ses prunelles, comme si elles étaient trop nombreuses, trop hésitantes, chez lui aussi.
- ...Est-ce que tu te moques de moi ?
- Qu-Quoi ?
C'est comme un seau d'eau froide qui me tombe dessus. Ses yeux s'étrécissent, méfiants.
- J-Je ne comprends pas...
- C-C'était une idée de Maya ! Je savais que c'était peine perdu mais ce n'est pas utile de te moquer de moi comme ça... Oublie ça...
Je comprends maintenant ce qui se passe et mon air se radoucit. C'est comme retrouvé le petit garçon timide de l'époque, n'osant jamais croire que quelque chose de bien puisse lui arriver. Son petit air affolé me fait sortir de ma torpeur, je m'approche doucement vers lui, souriant en remarquant ses joues déjà un peu rougies.
Je lis comme un éclat d'espoir dans son regard, ce qui m'encourage à poursuivre. Ma main glisse sur la sienne, posée à plat sur son bureau, rallumant un peu sa peur précédente. Je le laisse venir doucement à moi, ne voulant pas brusquer les choses, je veux qu'il se rappelle de lui-même qu'il peut me faire confiance. C'est finalement lui qui rompt la dernière distance entre nos lèvres.
Ma carte glisse au sol, sans qu'aucun de nous deux n'y pense plus réellement, le sentiment déjà suffisamment prouvé par notre proximité...
Je t'aime aussi, Benjamin Hunter.
