Disclaimer : Game of Thrones est l'oeuvre de George R.R Martin, de DB Weiss et de David Benioff.

Résumé : Et si, après l'exécution d'Eddard Stark, Oberyn Martell en avait profité pour lancer sa vengeance contre les Lannister?

Note d'auteur : Bonjour à tous ! Ce début de nouvelle fiction est un cadeau pour Mana2702 qui fête son anniversaire aujourd'hui ! Bon anniversaire à toi, j'espère que cela te plaira ! Un grand merci à Marina Ka-Fai pour sa relecture, sa correction et son aide à la publication ainsi que pour les titres de résumés et de fic !

L'alliance de la neige et du sable

Chapitre 1 : Le réveil des aspics

Le prince de Dorne, Oberyn, venait de s'entretenir avec le mestre des Jardins Aquatiques et sa fureur était grande. Son frère n'avait pas osé refuser la demande qu'ils venaient de recevoir, n'est-ce pas? Il avait arraché la réponse de Doran des mains du mestre et lui avait intimé l'ordre d'attendre son retour avant d'envoyer la moindre lettre à destination du nord. Sur ces entrefaites, il était sorti comme une furie du château pour se précipiter auprès du seigneur de Dorne qui lisait un livre, assis dans son fauteuil roulant.

-Dis-moi que c'est une plaisanterie, tu n'as pas l'intention de rester neutre dans le conflit qui vient d'éclater, n'est-ce pas mon frère? Dit-il énervé en se plantant devant lui.

-Bon matin Oberyn. Je me doutais que la nouvelle te contrarierait.

-Me contrarierait? Tu plaisantes, j'espère? Au nom de tous les dieux existants, mais pourquoi as-tu refusé bon sang?!

-Cela ne nous concerne pas ce qui se passe au nord de Dorne.

-Robert Baratheon est mort, les Stark et les Tully sont en guerre contre les Lannister, Stannis et son frère sont en guerre l'un contre l'autre et contre les lions, les Tyrell appuient Renly, Lysa Arryn n'a pas assez de cervelle pour prendre la moindre décision et tu voudrais qu'on reste sans rien faire? Tu te rends compte que quatre des sept couronnes sont en rébellion contre ces fils de putes de Lannister?!

-Nous sommes plus en état de combattre, Oberyn.

-Non, tu es plus en état de combattre. Cracha le plus jeune.

Surpris, Doran leva enfin les yeux de son livre pour l'observer.

-Plaît-il?

-Pendant que tu te contentes de boire du vin et de lire, moi j'ai continué à m'entraîner, à apprendre, y compris nos troupes. Tu ignores ce qu'il se passe dans tes propres armées, Doran. Tu es tellement attaché à la paix que tu en as perdu ta colonne vertébrale.

-Attention Oberyn, ne dépasse pas les bornes.

-Insoumis, invaincu, intact? Tu t'es soumis aux Lannister, ta fierté n'est plus intacte, tu as été vaincu par ces salopards arrogants. As-tu oublié Elia et ses enfants?

-Tu ne vis que pour te venger, Oberyn. Tu en as perdu l'objectivité. Rien d'autre ne compte pour toi.

Le prince qui était aussi surnommé la Vipère Rouge soupira, agacé, mais essaya de retrouver son calme afin d'avoir des arguments plus convaincants. Il tira une chaise et s'assit devant son frère.

-À l'époque je voulais combattre, c'est vrai. Je n'ai pas oublié Elia et ma vengeance, mais tu avais raison à ce moment-là. Une rébellion nous aurait aussitôt attiré le courroux de tout le reste de Westeros. Ça aurait été une expédition vouée à l'échec avant même d'avoir commencé. Mais là Doran, les choses sont différentes. Ils sont tous en conflit, les Lannister sont seuls de leur côté. Cela fait plus de quinze ans que nous attendons et je n'ai pas attendu les bras croisés, nos gens non plus. Tu ne peux pas dire à la veuve du seul homme du nord qui a voulu, comme nous, la justice pour notre sœur que tu ne veux pas t'impliquer. Il est mort maintenant, mort tué par les Lannister après avoir fait un acte de trahison. Toi et moi savons que ça n'a aucun sens. Eddard Stark n'aurait jamais trahi Robert Baratheon. Ce sont les Lannister qui ont juste trouvé un prétexte pour pouvoir le tuer. Le problème, c'est qu'ils s'attendaient peut-être à ce que son fils ne sache pas réagir. À la place, il marche vers le sud à la tête de son armée. Si un garçon de 17 ans a le courage de réclamer vengeance pour son père, pour vouloir récupérer ses soeurs, de quoi avons nous l'air maintenant? Tu le sais comme moi Doran, les Lannister n'arrêteront pas là. Elia, Aegon, Rhaenys, Eddard Stark, maintenant Sansa Stark est entre leur mains. Que vont-il faire la prochaine fois? Une répétition des pluies de Castamere sur les Stark, les Tully, les Baratheon et les Tyrell?

-Tu sais que la couronne risque de nous envoyer une lettre pour nous proposer une alliance, sûrement par un mariage.

-Accepte et on aura un otage. Cela risque d'être Myrcella. En attendant, tu devrais accepter que Trystane épouse Sansa ou Arya lorsqu'elles seront libérées. Ou Arianne à Robb Stark. Nous avons beaucoup d'enfants et eux aussi. Cela peut nous convenir à tous deux.

-Je suppose que tu aurais l'intention de marcher vers le nord si j'accepte?

-Tu accepteras. Je ne te laisse pas le choix. Si j'appelle aux armes pour venger le nouvel affront des Lannister, ils obéiront. Plus que si tu leur annonces qu'on est allié à nos pires ennemis avec juste un mariage en échange de la paix. Les Stark peuvent nous proposer une demi-douzaine d'unions.

-Très bien. Soupira Doran. Tu m'as convaincu. J'écrirai à Lady Catelyn pour lui dire que les Martell marchent au côté du Nord et du Conflans.

-Je vais m'arrêter en route à Hautjardin. Peut-être que je pourrais convaincre les Tyrell de nous rejoindre. Ils soutiennent Renly Baratheon. Une cause qui n'est pas en opposition avec celle de Robb Stark.

Doran acquiesça et le chassa du revers de la main avant de se pencher pour écrire une lettre en s'appuyant sur son livre comme un support. Oberyn sourit de satisfaction en s'éloignant entre les arbres fruitiers des jardins. Enfin sa vengeance allait pouvoir s'accomplir! Dans quelque temps, il marcherait aux côtés du nouveau Lord de Winterfell. Il était curieux de rencontrer ce jeune homme qui avait déjà rassemblé son armée.


L'armée du Nord s'apprêtait à traverser le pont quand la réponse de Dorne arriva à la tente de commandement. Robb Stark et sa mère furent vite rejoints par les seigneurs du Nord dans l'attente de la réponse qu'avaient offerte les dorniens dans leur appel à l'alliance contre les Lannister. C'était un gros pari qu'avait fait Lady Catelyn, les Martell étant depuis plusieurs années très pacifiques. Malgré la haine qu'entretenait le frère de Doran, ils n'étaient pas certains si les dorniens allaient prendre les armes et briser la neutralité qu'ils avaient affichée en toute circonstance depuis la rébellion du roi Robert. À quelques rares exceptions, on ne les avait même pas aperçus en dehors de leur territoire si on exceptait pour le commerce et Essos. D'un coup de pouce, le nouveau seigneur du Nord brisa le sceau et déroula la feuille qu'il parcourut attentivement. Sans rien dire, il la passa à sa mère qui la prit avec un mélange d'espoir et d'appréhension. Ce qu'elle lut la fit soupirer de soulagement.

-J'en conclus qu'il s'agit d'une bonne nouvelle, Madame. Fit Lord Omble.

-Oui Messeigneurs. Dorne est maintenant aussi en rébellion contre les Lannister. Ils vont rassembler leur armées et traverser le Bief pour venir nous rejoindre dans le Conflans.

-Ont-ils émit des conditions? S'enquit le seigneur de Fort-Terreur.

-De s'occuper eux-mêmes des responsables de la mort de la princesse Elia, une union entre Sansa et Trystane Martell, une autre entre la princesse Arianne et Robb. Répondit la veuve d'Eddard Stark.

-Lord Frey n'a-t-il pas demandé la même chose pour ses filles? demanda Roose Bolton.

-En effet. Comme j'ai déjà donné ma parole, Arianne Martell ne peut devenir mon épouse. Je proposerai mon oncle Edmure Tully à la place ou, s'ils acceptent d'attendre quelque années, mon frère Rickon.

-Rickon est trop jeune et Bran ne pourra pas avoir d'enfants. Contra Catelyn. Mon frère est la meilleure solution.

-Vous allez épouser la fille Frey au retour de la guerre? Demanda Lord Bolton.

-Non. C'était mon intention mais comme les Martell nous rejoints, il est possible que Tywin Lannister nous prenne beaucoup plus au sérieux et essaie de nous jouer de sales tours. Je vais donc épouser Roslyn Frey demain soir. Messeigneurs, tenue de rigueur est requise.

L'assemblée hocha la tête et on leva la séance.


Oberyn, avec ses filles et ses troupes, avait enfin rejoint l'armée des Tyrell. Organiser les dorniens et sortir du désert pour le Bief n'avait pris que quelques semaines. Afin d'éviter un accrochage qui n'était pas nécessaire, le prince de Lancehélion avait précédé l'avant-garde par une escorte. Il voulait faire un arrêt ici avant de rejoindre le Conflans et le soutenir contre les Lannister. S'il parvenait à rallier Renly à leur cause et si les Stark réussissaient à convaincre le Val d'Arryn de sortir de leur neutralité, les Lannister seraient perdus. Une situation qui répondait à ses rêves les plus fous. En temps ordinaire, il se serait faufilé sans difficulté entre les soldats désorganisés et inefficaces de ceux qu'il croisait afin de rejoindre directement sa cible mais pour une rare fois dans sa vie, il décida de faire preuve de patience. Convaincre deux couronnes était plus important que froisser la susceptibilité de ses futurs interlocuteurs. Et seuls les Sept savaient à quel point ils pouvaient être susceptibles. Le prince eut un sourire de contentement en apercevant son ami Willas, qui s'appuyait sur une canne, sortir de la tente aux couleurs des Tyrell Il avait misé sur le fait qu' Olenna aurait voulu envoyer le seul de ses petits enfants qui était doté d'un cerveau. Juste confier la tâche à Mace aurait été une vrai bêtise. Margaery était sans doute très brillante mais dans le nord, une femme n'avait pas d'autre rôle que de jouer les épouses et mères. Avec l'héritier de Hautjardin, les volontés de la reine des épines pourraient être respectées scrupuleusement.

-Je savais que vous quitteriez les sables chauds du désert dornien. Fit Willas comme entrée en matière.

-Vous pensez que les roses sauront survivre aux rigueurs de la guerre, Tyrell? Contre-attaqua Oberyn.

Les deux s'échangèrent un sourire et le prince tapa dans le dos de son ami pour le saluer.

-Comment va, Willas?

-Mes faucon me manquent. C'est épuisant de contrôler mon père. Il enchaîne bêtise sur bêtise. Et toi? Ne me dis pas que ton frère a décidé de se mêler à la bagarre générale?

-J'ai réussi à le convaincre.

-Les Sept Enfers ont-il gelé?

-Pas à Dorne. Il y fait toujours aussi chaud.

-De quel côté vous vous placez? Je ne m'attends pas à ce que vous rejoignez les Baratheon, les Stark et encore moins les Lannister.

-Nous pouvons en parler dans ta tente, loin des oreilles indiscrètes? Demanda Oberyn.

L'aîné du seigneur du Bief hocha la tête et, boitant, retourna à l'intérieur de sa tente d'où il chassa les gens qui y étaient installés. Il versa deux coupes de vin dornien et en donna une à son visiteur.

-J'aurais pu faire le service, tu sais.

-Seul un fou laisserait la Vipère Rouge lui servir à boire, Martell. Et je n'ai pas hérité du cerveau de mon père, les Sept en soient remerciés. Alors, de quel côté vous vous situez?

-Nous avons choisi de rejoindre les Stark.

-Les Stark? Pour quelle raison? Ils faisait partie de la rébellion qui a renversé les Targaryen.

-Après que Lord Rickard Stark et son fils aient été exécutés sous un faux prétexte. Après que Rhaegar ait trahi ma soeur et enlevé Lyanna. Peut-on en vouloir à une famille d'avoir sauté au plafond en apprenant la nouvelle?

-Il est vrai. Et après?

-Le Nord et le Conflans se battent contre les Lannister, notre vengeance est enfin venue. Et le roi Joffrey vient de mettre Westeros à feu et à sang. Lord Eddard Stark aurait jamais trahi la mémoire de Robert Baratheon. Sansa Stark est comme ma sœur : dans la fosse aux serpents. Alors, nous avons décidé de suivre le Jeune Loup.

-Je vois. Et la raison pourquoi tu t'es arrêté ici?

-Pour proposer une alliance entre les Tyrell, Renly Baratheon, les Stark; les Tully les Martell. Il ne reste que le Val qui n'a pas pris position. Avec autant de puissance en un seul groupe, les Lannister vont devoir capituler et si Lady Lysa ne réagit pas, une révolte de ses chevaliers surviendra et ils se joindront à nous. Quant à Stannis, il ne peut pas vaincre toutes les sept couronnes. C'est la victoire presque assurée.

-Vous en tirez vengeance, notre roi récupère le trône de fer, mais les autres?

-Cela m'est assez égal. Mais je suppose que la libération des filles Stark et la justice pour la mort de Lord Stark seront leur récompense.

-Tes arguments sont convaincants. À une exception près, Oberyn.

-Laquelle?

-Le Nord et le Conflans ont déclaré Robb Stark roi du Nord.

-Oh vraiment? Voilà qui est inattendu. Fit Oberyn qui sourit avec amusement. Le jeu est encore plus intéressant que prévu.

-Alors, j'ignore si le roi Renly va vouloir se joindre aux Stark si leur maison déclare leur indépendance, une offense à son autorité.

-Le trône devrait être détruit et chaque couronne récupérer son indépendance, si tu veux connaître mon avis. Mais je comprends ton point de vue. Je ne perdrai pas mon temps plus longtemps.

-Tu retournes à Dorne? S'étonna Willas.

-Non, absolument pas. Mais si le Nord se déclare indépendant dans cette guerre, peut-être que Dorne pourrait aussi obtenir encore plus que prévu. Réfléchit le prince. Westeros est à feu et à sang. Peut-être qu'une alliance est la seule chose qui nous sauvera et si certains partis ne sont pas prêts à faire des concessions, c'est peut-être elle qui perdra.

-Et quelle concession tu suggérerais pour ton roi du Nord?

-Je t'en prie, ce n'est pas mon roi. Peut-être accepter que le Conflans reste parmi les terres du trône de fer.

Oberyn vida son verre et se leva.

-On reste en contact.

-Bien sûr, je réfléchirai à ce que tu m'as dit et essaierai de convaincre Renly.

Oberyn serra les avant-bras de son ami et ressortit de sa tente à grand pas.


Robb regardait tristement le bateau dans lequel on avait allongé la dépouille de sa défunte épouse. Après son mariage forcé avec une des Frey aux Jumeaux, il était parti à la conquête du Conflans afin de repousser les Lannister loin des terres ancestrales de la famille de sa mère. Roslin, pour sa part, était restée à Vivesaigues sous bonne garde et parfaitement heureuse d'être la nouvelle reine du Nord puis après celle du Conflans. Toutefois, les choses s'étaient rapidement gâtées. Bien qu'elle avait montré des signes d'une future grossesse, elle était finalement décédée d'une maladie. Les troupes avaient continué leur offensive et Robb était revenu à Vivesaigues afin d'assister aux funérailles de sa femme qu'il avait, au final, à peine connue. Il n'empêchait que c'était de mauvais augure de voir sa femme morte en début de règne. Celui qu'on surnommait le Jeune Loup ne savait pas si le décès de Roslin allait causer du désordre dans son alliance avec les Frey. Il avait respecté sa parole mais cette maison ombrageuse pourrait crier à l'empoisonnement ou lui imposer une nouvelle fille pour des épousailles. Il n'en avait aucune envie. Il regarda les hommes Tully détacher la barque et il prit son arc et une flèche dont il enflamma l'extrémité. S'il avait été à Winterfell, il aurait fait enterrer sa femme dans la crypte et peut-être même ériger une statue pour la pauvre enfant morte avant son heure mais ils ne pouvaient pas retourner dans le Nord pour procéder à ses funérailles. Alors, il avait faire les rites des Tully. Il visa et tira un long trait qui enflamma rapidement l'embarcation sur la rivière.

-Votre Grâce, un messager est arrivé pendant la cérémonie. Vint lui dire son oncle Edmure.

-Un messager en provenance de qui?

-En provenance du Nord, Votre Grâce. Dit le seigneur de Vivesaigues

Inquiet, Robb le suivit à l'intérieur des mur du château et se rendit au solaire de son oncle où un cavalier attendait, couvert de poussière et l'air nerveux.

-Vous venez du Nord selon vos dires. Vous venez de la part de de quel seigneur?

-Je viens de la part du prince de Winterfell.

-Bran? S'étonna Catelyn qui avait suivi son fils dans la pièce.

-Non, de Theon Greyjoy. Répondit le cavalier livide.

-Theon n'est pas un prince, c'est l'ancien pupille de mon défunt mari... S'indigna-t-elle.

-Laissez Mère, on lui en parlera en temps et lieu. Dit Robb d'un air apaisant.

Elle hocha la tête après avoir inspiré profondément pour se calmer.

-Que souhaite me dire Theon?

-Theon Greyjoy a pris Winterfell avec ses hommes, Monseigneur.

Mère et fils échangèrent un regard d'incompréhension.

-Il a pris Winterfell? Ce n'était pas nécessaire, mon frère Bran lui aurait ouvert ses portes pour qu'il se repose. Pourquoi a-t-il dû prendre le château? Est-ce que mes frères étaient en mauvaise posture?

-Monseigneur, les Fers-Nés ont pris Winterfell et ont exécuté vos frères par la main de Theon Greyjoy.

Catelyn devint blanche comme neige et poussa un long cri de chagrin tandis que Robb se décomposait en comprenant qu'il avait été trahi par celui qu'il considérait comme un frère.


Ils avaient pu détruire des petits groupes de soldats Lannister entre le chemin qui avait séparé l'ancien camp du défunt roi Renly Baratheon et le château de Vivesaigues. Galopant en tête, les troupes dorniennes, celles du Bief et des terres de l'Orage sur les talons, Oberyn ne cachait pas sa satisfaction sur son visage. Il se présentait devant le roi du Nord avec une armée conséquente. Une armée qui montrerait aux Stark et encore plus aux Lannister que les Martell n'auraient jamais dû être sous-estimés. Il n'avait pas l'intention de trahir les gens du Nord dans cette alliance, les nordiens eux-mêmes ayant démontré qu'ils savaient très bien rassembler de grandes armées lorsqu'on les trahissait, mais Dorne ne serait pas regardée avec condescendance. Il ralentit la cadence de son cheval en arrivant devant un poste de garde non loin du château et déclina son identité. Ces derniers hochèrent la tête et les laissèrent passer lui et la troupe d'honneur qui rentrerait en premier dans Vivesaigues. Accompagné de ses filles et des Tyrell ainsi que de quelques lords affiliés aux Baratheon, le prince Oberyn pénétra dans la cour. Personne dans la délégation ne craignait une éventuelle trahison puisque ce n'était pas dans le genre de la maison Tully ou Stark. Ils furent accueillis par un étrange spectacle. Oberyn avait entendu les victoires de Robb et s'attendait à y voir des seigneurs souriants et euphoriques. Il était loin du compte. Une femme qu'il reconnut comme Lady Stark était vêtue de noir, ses yeux bleus bouffis à force d'avoir pleuré et étonnamment mince comme une personne qui serait tombée malade et aurait perdu du poids en très peu de temps. Le roi du Nord était à peu près dans la même situation.

-Un grand malheur les a frappés... Souffla Lady Margaery qui avait chevauché derrière lui.

Si la présence des représentants de deux couronnes supplémentaires étonna les nordiens et les riverains, ils en laissèrent rien paraître. Lady Catelyn ordonna qu'on prépare des chambres à leur égard, plus vu l'arrivée des visiteurs imprévus tandis que le Jeune Loup invitait Oberyn et Loras Tyrell à le suivre dans le bureau qu'il occupait lorsqu'il était à Vivesaigues.

-Bienvenue à Vivesaigues, Prince Oberyn, Ser Loras. Dit Robb en prenant place derrière le bureau.

-Merci, Votre Altesse. Répondit Loras un peu morose.

-Pardonnez-moi ma curiosité Ser Loras mais la maison Tyrell n'était-elle pas fidèle envers le roi Renly?

-Le roi Renly est mort. Dit Loras sombrement.

Robb écarquilla les yeux de surprise.

-Il est mort? Comment cela?

-Une ombre l'a attaqué pendant que mon frère Willas lui parlait avec Lady Brienne de Tarth. Le soir-même où le prince Oberyn est venu nous proposer une alliance entre votre maison et celle de notre roi. Expliqua le chevalier

-Une ombre? Répéta Robb qui ne releva la proposition que le dornien avait faite de sa propre initiative.

Sa mère aussi y avait pensé avant qu'elle n'apprenne la trahison de Theon. L'idée avait du bon.

-Une ombre avec le visage de Stannis selon mon frère. Nous avons donc dépêché un courseur après l'armée de Dorne pour leur demander de nous attendre. Après concertation, nous avons décidé de... Eh bien, Lord Stark, le Bief et les terres de l'Orage se rallient avec Dorne derrière le Nord contre les Lannister. Bien évidemment, nous aimerions faire des arrangements comme un mariage avec les princes Brandon ou Rickon. Ou bien les accueillir à Hautjardin ou à Lancehélion.

-La même volonté vient de mon frère Doran. Poursuivit Oberyn qui sentit une gêne monter en lui en voyant le visage du roi du Nord se crisper.

-Nous pouvons discuter pour ma soeur Sansa lorsqu'elle sera secourue et éventuellement Arya si on la retrouve, mais mes frères Brandon et Rickon ne sont plus à l'ordre du jour.

-Nous avions espéré un peu mieux. Pouvons-nous vous proposer quelque chose pour vous faire changer d'idée? S'enquit le prince de Dorne

-Mes frères sont morts. Theon Greyjoy, avec les Fers-Nés, a pris Winterefell et a immolé par le feu le reste de ma famille qui demeurait dans le Nord.

Oberyn sentit la brûlure de la rage envahir ses veines à l'entente de ces mots. Il revit de nouveau le visage torturé de Lady Stark à son arrivée. Plus de mystère dans la détresse qui l'habitait. Son mari mort, sa fille aînée détenue par les Lannister, une disparue et ses deux plus jeunes assassinés par un allié. Par les Sept, il comprenait et compatissait aux malheurs des Stark!

-Nous sommes navrés pour votre perte, Votre Grâce. Dit Loras aussi secoué.

-Si vous avez besoin d'aide pour sécuriser le Nord et châtier le peuple des îles de Fer, vous n'avez qu'à demander. Renchérit Oberyn.

-Cela sera discuté ce soir au conseil. Je vous y invite ainsi que vos hommes de confiance.

Les deux hochèrent la tête et se relevèrent des chaises où ils avaient pris place.

-Nous y serons. Promit Loras avant de sortir.

Oberyn hocha la tête et regarda le roi du Nord avec compassion. Le prix de sa couronne avait été sa famille. Ce garçon devait se sentir écrasé et abattu. Il essaierait de le soulager un peu du poids de ses responsabilités. Surtout qu'en venant vers Vivesaigues, il avait entendu parler de la mort tragique de la reine du Nord. Une de plus. Une occasion en or pour les Tyrell qui allaient sans doute essayer de mettre Margaery dans les bras du nouveau veuf.

-Robb Stark, si vous avez besoin de quoi que ce soit, ne serait-ce que de parler, vous savez où me trouver. Dit le prince de Dorne avant de sortir à son tour.

Robb regarda la porte se refermer en soupirant. Parler, se vider le coeur, depuis combien de temps ça ne lui était pas arrivé? Il allait très sérieusement y réfléchir. Il n'était pas dupe, il savait que le dornien avait deviné l'étendue de son désarroi. Il devrait s'en méfier, pour qu'il n'abuse pas de sa confiance, mais peut-être qu'il pourrait se reposer ne serait-ce que quelques heures. Les victoires avaient succédé à plusieurs mauvaises nouvelles. Au moins là, il sentait qu'ils arrivaient bientôt à la fin de la guerre, si tout ce passait bien. Il avait le Bief, Dorne, le Conflans, le Nord, les terres de l'Orage et avait presque conquis les terres de l'Ouest en sa faveur. Seul demeurait le Val d'Arryn qui s'était replié complètement sur lui-même. Quelque chose dont il devrait s'occuper plus tard. Surtout considérant que c'était sa tante qui y vivait et qu'elle n'avait pas rejoint sa famille en rébellion ouverte contre le trône de fer. Une forme de trahison pour les Tully dont leur devise était famille, devoir et honneur.


Oberyn pouvait déjà voir les Tyrell avancer leurs pions dans cette grande partie de cyvasse qui se jouait à l'heure actuelle dans la grande salle du château. Assis avec ses hommes et ses filles, un verre de vin à la main, il voyait les groupes d'hommes et de femmes par région s'installer à des tables d'une même origine, tous sauf les Tyrell qui s'étaient installés près des Stark et des Tully à la table principale. Olenna était assise près de Lady Catelyn et lui parlait avec, sans nul doute, de la compassion à la mère du roi. Vêtue de noir, Margaery s'était installée auprès de Robb et l'entretenait, posant une main sur son bras pour témoigner de son chagrin. C'était jouer de manière assez visible pour celui qui savait regarder mais aussi très discrète pour les novices. Rien dans ces scènes de sympathie n'avait de quoi éveiller la suspicion pour tous sauf pour Oberyn. Étrangement, malgré le fait qu'il était dans une longue relation avec son amante de coeur, Oberyn était agacé de voir cette manipulation être mise en oeuvre. Robb Stark devrait trouver une épouse et avoir des enfants maintenant qu'il était le seul Stark mâle en vie. Cependant, il trouvait déplorable que le garçon était obligé de choisir une femme qui l'aimerait uniquement pour sa couronne et non pour lui. Un autre malheur à la longue série qu'avaient vécue les nordiens. Néanmoins, le prince de Dorne pouvait admettre que Robb Stark aurait pu tomber sur bien pire que la fleur de Hautjardin. Il ne connaissait pas beaucoup de femmes qui pouvaient s'épanouir dans le nord comme Lady Stark semblait avoir réussi à faire mais la soeur de son bon ami Willas était assez déterminée pour relever le défi. Néanmoins, il aurait aimé connaître un peu plus le Jeune Loup qui l'intriguait énormément avant que les roses n'accaparent son attention. Un sourire d'autodérision aux lèvres, il vida son verre de vin insipide et s'en versa un autre avant de s'intéresser à la conversation de ses enfants.


Robb savait ce que son interlocutrice avait en tête. Elle avait été la reine de Renly avant qu'il ne meure. Elle avait été pour un temps reine de deux couronnes et avait espéré être celle des sept. Lui, il était roi désigné de cinq couronnes si Dorne le reconnaissait ainsi, ce n'était pas très clair, peut-être même six si on considérait la prise presque entière des terres de l'Ouest. Il était veuf et devait bientôt se remarier. Bien sûr qu'elle était intéressée de devenir sa femme. Elle était belle et semblait sincèrement gentille. Rien d'artificiel dans ses rares sourires et son écoute compatissante à ses paroles comme aurait pu l'être Cersei Lannister. L'union était à leur avantage, le Bief étant riche et possédant la nourriture de Westeros avec le Conflans. Et pourtant, Robb n'arrivait qu'à penser à l'étrange prince Oberyn qui était arrivé le jour même.

Celui qui avait vu la rage dans ses yeux lorsqu'il avait appris la trahison de Theon.

Celui qui avait spontanément offert son aide pour punir les Fers-Nés.

Celui dont il sentait son regard brûlant sur lui en ce moment-même.

Il avait peu échangé avec le dornien mais déjà, le roi du Nord avait senti une très grande force et un très grand charisme en lui. N'était-il pas venu à lui avec trois couronnes au lieu de une comme il l'avait promis?

A Suivre