Hey ! ça faisait un moment que je voulais écrire un petit OS à propos de l'un de mes couples préférés de Poudlard… Olivier Dubois et Marcus Flint ^^ sauf que je me suis un peu laissée emportée…
Pour être honnête, je ne sais pas si je devrais le laisser tel quel ou écrire une suite… je verrais si j'ai un jour l'inspiration d'écrire plus (une review pourrait peut-être m'aider à me décider, qui sait… XD)
Enjoy and review !
Entraide
Plongé dans ses révisions de Métamorphose, Marcus ne remarqua pas le départ des autres élèves de la Bibliothèque. C'était déjà la deuxième fois qu'il passait ses Aspics, et il se doutait qu'il n'aurait pas droit à une troisième chance.
La peur de Sirius Black, qui serait toujours dans les environs du château, poussait tout le monde à rentrer dans sa salle commune le plus tôt possible. C'était d'ailleurs ce que Marcus faisait depuis le début de l'année, mais avec le mois de mai, les Aspics, et la Coupe de Quidditch qui approchaient, il n'avait pas d'autre choix que d'étudier tard le soir.
Voilà donc comment il s'était retrouvé dans cette situation : seul, des manuels de Métamorphose – sa matière de la semaine – et des fiches de révisions étalés sur sa table, au fin fond de la bibliothèque. Il n'était que dix-neuf heures, et le couvre-feu était loin d'être passé, mais il se retrouvait déjà seul dans la pièce.
Ridicule. Des imbéciles et des mauviettes, tous autant qu'ils sont.
Ils devaient être chanceux, si Sirius Black était le sorcier dont ils avaient le plus peur. Marcus ne pouvait pas vraiment leur en vouloir, après tout il se montrait plus prudent lui aussi, mais il savait pertinemment que le Manoir Flint était bien plus dangereux que la sombre cave où Black devait se terrer.
Un raclement de chaise le fit sortir de ses contemplations sur Sirius Black et la peur qu'il inspirait au monde sorcier. Je ne suis pas seul ici ? Etonnant. S'il n'avait eu pas une fiche à terminer, Marcus se serait peut-être levé pour aller voir de qui il s'agissait.
Epuisé, le capitaine de Serpentard s'étira, et regarda sa montre – qui indiquait vingt heures trente. Il était bien plus tard que ce qu'il pensait, mais tant pis. Il voulut plonger sa plume dans sa bouteille d'encre, mais cette dernière était vide.
Argh ! Ce n'est pas le moment d'être à court d'encre, par Salazar !
Il ne lui restait pourtant plus qu'un chapitre à résumer… Et puis, contrairement à la plupart des jours, il était motivé. Il voulait continuer à travailler, aussi fou que cela puisse paraître.
La solution à tous ses problèmes lui parvint sous la forme d'un « Nom d'une Pince de Parkin ! » lancé à quelques étagères de lui. Marcus avait presque oublié qu'il n'était pas seul – bien sûr, il y avait toujours Mme Pince, mais moins de temps il passait avec la harpie, mieux il allait.
Prenant sa détermination serpentardienne à deux mains, Marcus se leva et se dirigea vers la source du bruit.
« Est-ce que je peux t'emprunter de l'encre ? » demanda-t-il à la tête recouverte de cheveux châtain qui dépassait d'une pile de livres.
Décidemment, ç'avait beau être son jour de motivation, ce n'était pas son jour de chance pour autant, car ces cheveux châtains appartenaient à nul autre que ce crétin d'Olivier Dubois.
« Pas maintenant, je suis occupé. » marmonna le Gryffondor, avant de relever la tête. « Flint ? Qu'est-ce que tu fous ? »
« Je n'avais pas réalisé que c'était toi, Dubois. » répondit sèchement Marcus. « Enfin, j'imagine que j'aurais dû m'en douter, vu le juron que tu as utilisé… »
Hors de question que je demande quoi que ce soit à ce Gryffondor de mes deux !
Marcus tourna les talons, résigné à s'arrêter au beau milieu de ses révisions, mais Dubois le rappela avant qu'il n'ait eu le temps de faire deux pas.
« Tu veux de l'encre, c'est ça ? Il m'en reste, mais je veux quelque chose en échange. » dit-il.
« Tu me proposes un marché, Dubois ? C'est très… Serpentard de ta part. » fit remarquer Marcus.
Il n'avait pas la moindre intention d'accepter – qui sait ce que lui demanderai Dubois en échange. Et il ne pouvait pas accepter quoi que ce soit du capitaine de Gryffondor, de toute façon. Il avait une réputation à tenir.
« Dans ce cas, montre-moi ton côté Gryffondor et accepte. » répliqua Dubois, apparemment piqué au vif par sa remarque.
« Le lionceau sort ses griffes ? »
« Le serpent crache son venin ? »
Les deux capitaines s'affrontèrent du regard, en chien de faïence. Leurs répliques n'étaient pas très impressionnantes, mais le mépris, la haine et le dégoût qu'elles contenaient étaient bien réels. Le ton froid de Dubois était bien la preuve qu'un marché ne changerait jamais les rapports qu'ils entretenaient.
« J'ai besoin d'aide pour le devoir de DCFM. Si tu m'aides – et je sais que tu le peux – je partage ma bouteille d'encre avec toi pour ce soir. » reprit Dubois, les bras croisés et le regard dur.
« Ça ne me paraît pas très équitable. Pour rebalancer ce marché, tu devrais m'aider pour mes révisions. » contra Marcus.
Il ne savait pas trop pourquoi il encourageait Dubois dans son idée de marché. Il avait effectivement besoin d'aide pour réviser, mais pas au point de demander à son rival.
« D'accord. » accepta Dubois, à sa grande surprise.
« D'accord ? » répéta Marcus, ébahi.
« Tu devrais amener tes affaires ici, je n'ai qu'une seule bouteille d'encre. » poursuivit Dubois, sans faire attention à sa stupéfaction.
Est-ce que je vais vraiment laisser ce morveux me dicter mes actions ?
Quelle question…
« J'en serais pas si sûr, à ta place… » rétorqua Marcus, avec un sourire en coin.
C'était sa chance de reprendre le contrôle de la situation. Il sortit sa baguette, et d'un wingardium leviosa maitrisé à la perfection, il amena les affaires de Dubois à sa table.
C'est ainsi que les deux plus grands rivaux de Quidditch que Poudlard ait connu depuis des décennies se retrouvèrent face à face, à une même table à la bibliothèque, leurs manuels, cours et fiches de révisions étalés sur la surface de travail – pourtant destinée à au moins six élèves.
Pendant une demi-heure, chacun travailla de son côté, dans le silence complet. Ils n'avaient absolument aucun contact, à part les quelques moments gênants où ils essayèrent de prendre de l'encre de la bouteille au même moment.
« Alors ? Pour quel devoir est-ce que tu as besoin de moi ? » finit par demander Marcus, que le silence tendu insupportait au plus haut point.
« Le sort de Clypeus… j'ai essayé un milliard de fois, mais je n'arrive pas à canaliser ma magie correctement… » soupira Dubois.
Il vient vraiment de me révéler sa faiblesse, comme ça, normalement, comme si ce n'était pas important ?
Marcus ravala un ricanement méprisant. Dubois se croyait peut-être malin, mais il enchainait les erreurs. Il ne lui restait plus qu'à trouver une brèche à exploiter, et il pourrait en apprendre un peu plus sur les stratégies de Gryffondor pour gagner la coupe.
« Oui, moi aussi j'ai eu du mal au début… » mentit Marcus. « Mais tu fais partie des veinards. J'ai appris avec le meilleur des meilleurs, le professeur Lockhart ! »
Un sourire amusé ! Victoire ! Lentement, sans qu'il ne s'en rende compte, un plan se formait dans l'esprit de Marcus : il allait devenir l'ami de Dubois, le distraire, le divertir, l'amuser… et une fois que Dubois lui ferait confiance, il pourrait voler ses stratégies de Quidditch !
« Et toi ? Pourquoi tu as besoin de mon aide ? » demanda Dubois.
« Oh, tu sais… Métamorphose, Sortilèges, Divination… »
Olivier écarquilla les yeux.
« Maintenant que j'y pense… j'ai aussi du mal avec les Potions et l'Histoire de la Magie… »
« Et si on faisait un échange ? »
« Comment ça ? »
« Une entraide, si tu préfères. Entre capitaines de Quidditch. Pas juste ce soir, mais jusqu'aux Aspics. Je t'aide, tu m'aides, c'est gagnant-gagnant. »
Si Marcus voulait que Dubois tombe dans le panneau, il devrait autant sortir le grand jeu. Go big or go home, pas vrai ? Son plan était parfait. Non seulement il découvrirait les stratégies de Gryffondor, mais en plus il travaillerait pour les Aspics !
Dubois réfléchit à sa proposition, avant de finalement accepter – sans la moindre idée de ce dans quoi il s'embarquait réellement. Il me ferait presque pitié… Presque.
« Ok. » dit le Gryffondor. « Mais on devrait peut-être trouver une salle d'étude, en tout cas pour la DCFM et les Potions… »
Marcus avait bien une idée, mais il y avait peu de chance qu'elle fonctionne… bah, au moins il pourrait se moquer de la tête outrée de Dubois… ça en valait – et en vaudrait toujours – la peine.
« Il y en a une qu'on pourrait utiliser, mais c'est dans les cachots. »
Comme prévu, le Gryffondor réagit au quart de tour à sa proposition.
« Je veux bien travailler avec un Serpentard, mais je ne suis pas fou au point de risquer une embuscade ! » s'exclama-t-il, en bondissant sur son siège. « Et d'ailleurs, je connais une salle qui fera parfaitement l'affaire, du côté de la Tour Gryffondor ! »
« Ben voyons… comme si tu étais stupide au point de m'amener aussi proche de ta salle commune ! »
Dubois rougit, preuve qu'il n'avait pas pensé à ce détail. Marcus ne put retenir son sourire narquois face à la stupidité typique des Gryffondor.
« La salle 110, à droite de la Grande Salle, et à l'exact milieu de nos deux salles communes. » finit-il par suggérer. « Retrouve-moi demain après le dîner, avec la matière que tu veux travailler. »
Il quitta la bibliothèque sans laisser le temps de répondre au Gryffondor, ses affaires flottant dans les airs derrière lui.
XXX
Le lendemain, après dîner, Olivier sortit en douce de la salle commune de Gryffondor, ses cours et son manuel de DCFM avec lui. Il avait un peu de mal à réaliser qu'il s'apprêtait à rencontrer Flint pour réviser. Volontairement, en plus.
D'accord, c'était lui qui avait eu l'idée, mais il pensait que ça ne durerait qu'une seule soirée ! Au lieu de ça, le Serpentard avait transformé leur marché en une « entraide entre capitaines de l'équipe de Quidditch », qui devait durer jusqu'à la fin de l'année.
Tout ça parce que Flint était le meilleur de leur classe Gryffondor-Serpentard de DCFM, et qu'Olivier avait désespérément besoin d'aide. Et comme par hasard, Flint avait besoin d'aide en Métamorphose et Sortilège, ses matières préférées.
« Tu comptes rester planter là toute la nuit ? Ou tu as peur que mes soldats ne t'attendent à l'intérieur ? »
La voix moqueuse de Flint le fit sursauter. Il n'avait même pas remarqué qu'il se trouvait devant la bonne salle. Olivier se redressa et lui fit un regard noir mais alors qu'il s'apprêtait à rentrer, Flint lui coupa la route en le dégageant de son passage.
« Et voilà, princesse ! Le passage est libre ! » railla le Serpentard, en lui tendant la porte ouverte.
Après mûre réflexion, Olivier songea qu'il préférait éviter le risque d'être humilié à nouveau, et tacla Marcus avant d'entrer. Surpris, le Serpentard n'eut pas le temps d'éviter et perdit son équilibre. Il ne dut qu'à sa prise sur la porte de ne pas s'écrouler lamentablement au sol.
Fier de son coup, Olivier pénétra enfin dans la salle 110, une vieille salle de classe qui n'avait pas servi depuis apparemment plusieurs siècles. Heureusement, le mobilier tenait encore debout et il put s'assoir à une table et poser tranquillement ses affaires. Flint entra à sa suite et décala un bureau pour qu'ils soient assis l'un en face de l'autre.
« Je te propose un nouveau marché. » déclara Olivier, d'un ton qu'il espérait égal. « Chaque fois que tu m'appelles princesse, je te tacle. »
« Si tu veux, princesse. » répliqua Marcus. Olivier lui donna un coup de pied sous la table. « Aïe ! »
« Je t'avais prévenu, andouille ! »
Flint leva les yeux au ciel devant sa répartie, et Olivier ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Il avait vraiment besoin de plus d'insultes… Sinon, il continuerait de passer pour un gamin de dix ans. En même temps, il ne pouvait qu'avoir l'impression d'être un gosse face à Flint, qui faisait bien une tête de plus que lui.
« Tu veux réviser quoi ? » demanda Olivier pour changer de sujet. « J'ai juste apporté mes affaires de DCFM… »
« On a qu'à commencer par ça. » marmonna Flint. « T'as besoin d'aide pour Clypeus, c'est ça ? »
« Oui, Lupin me l'a expliqué, mais je comprends pas… »
C'était légèrement humiliant de devoir avouer son échec à son pire ennemi, mais le courage gryffondorien impliquait aussi qu'il devait oser demander de l'aide. Du moins c'était ce qu'Olivier s'était répété toute la nuit.
« C'est un charme de bouclier, comme protego, mais plus bien plus grand, donc il demande beaucoup plus d'énergie. C'est pour ça que Lupin veut qu'on « canalise notre magie » expliqua Flint.
« D'accord, ça j'ai compris, mais comment on fait pour canaliser notre magie, concrètement ? » s'impatienta Olivier.
« Euh… je pense que le mieux, c'est que je te montre comment faire… » dit Flint, étonnamment hésitant.
Le Serpentard se leva, baguette en main, et lui montra les mouvements corrects, ainsi que la prononciation de la formule, avant de passer à la dernière étape : la canalisation de la magie.
« Comment est-ce que tu te représentes la magie ? »
« Je sais pas… un courant électrique ? »
« Un quoi ? »
« Laisse tomber. »
« Bref, imagine ce… courant qui te traverse, et qui se concentre dans ta baguette. C'est ça, canaliser sa magie. »
« C'est tout ? »
« C'est tout. »
Olivier répéta les mouvements de Flint, tout en imaginant sa magie le traverser et se concentrer dans sa baguette, puis prendre la forme d'un bouclier autour d'eux.
« Oh, ça a marché ! » s'étonna Olivier.
Un dôme rouge les entourait, comme une barrière de protection. Il se tourna vers Flint pour voir sa réaction, mais le Serpentard arborait son expression blasée de tous les jours. En même temps, il a déjà fait ça l'année dernière…
« Métamorphose ? » proposa Olivier, en retirant son bouclier.
« J'arrive pas à transformer le crapaud en champignon. » admit Flint. « La texture et la forme sont différentes, et il n'y a absolument aucun lien entre les deux ! »
« T'as amené un crapaud ? » demanda Olivier. « Le plus simple pour progresser, c'est de s'entraîner. »
« Non… je pensais juste noter tes conseils pour mon cours de demain… »
Noter… mes conseils ?
Marcus Flint, la terreur des Serpentard, le Troll effrayant même pour les élèves de sa Maison, l'un des Poursuiveurs les plus violents de l'histoire du Quidditch à Poudlard, le Capitaine de son équipe depuis maintenant quatre ans, veut noter mes conseils ?
« Hum… oui ? »
« J'ai dit ça à voix haute ? »
« Le Troll ? » répéta Flint, l'air à la fois outré et choqué.
« J'ai dit ça à voix haute ? »
« Tu as tout dit à voix haute, crétin ! »
« Si ça peut te rassurer, c'est ce que des gens pensent, pas ce que tout le monde pense… »
« Ça ne me rassure absolument pas ! »
« Ah non ? »
Sa voix était horriblement tremblante, ce qui avait peut-être à voir avec l'aura sombre et glaciale qui se dégageait du Serpentard.
« Non ! Je sais bien ce que les gens pensent de moi, mais au moins ils font l'effort de ne pas le dire devant moi ! »
« Quoi, tu préfères que les gens soient hypocrites avec toi ? »
« Evidemment, le noble et chevaleresque Gryffondor que tu es préfères qu'on lui dise ce qu'on pense de lui en face… »
« Tout ça ne change rien au fait que tu veux suivre mes conseils… » marmonna Olivier, qui ne s'était pas attendu à ce que Flint réagisse d'une telle façon.
« Tu es l'un des meilleurs en Métamorphose cette année. » fit remarquer Flint. « Loin derrière Weasley, évidemment, mais il est hors de question que je demande de l'aide à un Weasley. »
« Donc un Weasley ça ne passe pas, mais ton rival de Quidditch, c'est bon ? »
Merlin ce gars est compliqué…
« Rival ? Tu as une estime de toi-même plus élevée que ce que je pensais… mon rival de Quidditch, c'était Charlie Weasley. »
Les mots chargés de mépris de Flint lui firent plus mal que ce qu'il aurait voulu. Il l'avait toujours considéré comme son rival, tout simplement parce qu'il était déjà capitaine des Serpentard lors de sa nomination à la tête des Gryffondor. A aucun moment il n'avait imaginé que Flint ne le voyait pas de la même manière.
« Si tu veux mes conseils pour réussir le cours de Métamorphose, tu ferais mieux de fermer ta gueule, Flint. » répliqua Olivier, d'un ton glacial au possible. « Surtout que le crapaud en champignon, c'est l'une des métamorphoses les plus simples qu'on ait vu cette année. »
Sans attendre la réponse de Flint, il sortit sa baguette et conjura un crapaud, qu'il plaça immédiatement sous un charme l'empêchant de bouger. Comme le Serpentard l'avait fait avant lui, il montra les mouvements et la prononciation corrects, puis il expliqua la difficulté.
« La clé de la métamorphose, c'est la visualisation. Tu dois te représenter le champignon en esprit, imaginer chaque détail. » expliqua-t-il, d'un ton si sec qu'il aurait rendu Snape fier.
Flint appliqua ses conseils à la lettre, et au bout de plusieurs essais, réussit à transformer son crapaud en champignon.
« Ce n'est pas la bonne espèce de champignon, mais c'est un début. » commenta Olivier, de son ton glacial.
« Tu es vraiment jaloux, hein ? » railla Flint. « Une vraie princesse ! »
« C'est déjà suffisamment chiant d'être le capitaine qui n'a gagné aucune coupe de Quidditch, pas la peine de me rappeler que je ne suis pas à la hauteur de Charlie. » rétorqua Olivier. « Maintenant, si tu m'excuseras, je vais aller me balader dans les couloirs en espérant que ce soit la nuit où Black va attaquer à nouveau. »
Olivier rassembla ses affaires et quitta la pièce, sans attendre la réponse du Serpentard.
XXX
Ça n'aurait pas plus mal se passer, songea Marcus en voyant le Gryffondor s'éloigner.
Il était peut-être allé un peu loin… à moins que son plan ne soit juste irréalisable. Dubois le détestait trop pour que Marcus fasse semblant de devenir son ami afin de voler ses stratégies de Quidditch. Dans les deux cas, Marcus avait tort et il détestait ça.
Dépité, il retourna dans salle commune, où la plupart des Serpentard étaient en train de travailler, trop effrayés pour le faire à la bibliothèque.
La tirade de Dubois tournait en rond dans sa tête, le traitant encore et encore de troll effrayant. Il n'arrivait pas non plus à oublier la surprise du Gryffondor lorsque Marcus avait parlé de noter ses conseils, ni sa déception lorsqu'il avait appris qu'il n'était pas son plus grand rival.
Curieusement, ce qui avait le plus blessé Marcus dans cette histoire, c'était de se faire traiter de troll. Sans doute parce que le reste de ce qu'avait dit Dubois n'était pas vraiment insultant. Il était effectivement violent comparé aux autres Poursuiveurs, et les élèves les plus jeunes étaient un peu… déstabilisés par sa présence… mais rien de vraiment grave…
En revanche, il n'était pas un troll.
« Mec, arrête avec ta tronche de deux mètres de long, tu fais peur aux premières années… » dit Warrington, lorsque Marcus s'affala à côté de lui sur l'un des meilleurs canapés de la salle commune, réservé à l'équipe de Quidditch – les gens avec qui Marcus passait le plus de temps.
« Je ne fais pas peur aux gens ! » rétorqua immédiatement Marcus, d'une voix un peu trop aigue à son goût, qui déclencha des rires moqueurs.
« Comment te dire ça poliment, tout en évitant de t'énerver encore plus et de déclencher la panique chez nos chers petits serpents… » fit mine de réfléchir Bletchley. « Regarde, même Dray est terrifié ! »
« C'est Draco, et je ne suis pas terrifié ! » protesta aussitôt Malfoy, avec un air indigné qui le faisait ressembler à un chaton.
Pourquoi est-ce que mon équipe est aussi lamentable ?
« J'avais une excellente stratégie pour nous assurer la Coupe, mais ça a foiré parce qu'apparemment, je ressemble à un troll ! »
« Ne me dis pas que tu as essayé de séduire l'une des Poursuiveuses ? » s'écria Montague, qui se retenait – comme tout le reste de l'équipe – à grande peine d'éclater de rire.
« Bien sûr que non, je ne suis pas stupide ! » s'offusqua Marcus. « J'ai essayé de séduire le Capitaine. »
Cette fois-ci, les joueurs ne purent s'empêcher d'éclater de rire. Marcus devait admettre que sa façon de présenter les choses étaient plutôt hilarante. Mais ce n'était pas si éloigné de la vérité, bien qu'il ne l'avouerait pour rien au monde.
« Alors, c'est quoi la vraie raison ? » demanda Warrington, le premier à se ressaisir. « Qui t'a traité de troll ? »
« Pourquoi, tu veux me venger ? »
« Tu plaisantes ? Je veux féliciter ce génie ! »
« Mon plan, c'était de me rapprocher de Dubois en l'aidant à réviser, pour ensuite trouver un moyen de voler les stratégies de Gryffondor. Sauf que ce crétin… »
« Pense que tu as une tête de troll et ne veut pas de ton aide ? » tenta Bletchley, avec un sourire narquois.
« Il était tellement surpris que je lui demande des conseils de Métamorphose qu'il a commencé à déballer toutes sortes de trucs, dont le fait que je suis un troll effrayant ! »
« Si tu ne l'épouses pas, je le ferais… » commenta Warrington. « Ce mec est fantastique ! On peut le recruter ? »
Marcus ne prit pas la peine de répondre. Il n'était pas sûr de la marche à suivre : trouver un nouveau plan ? Se concentrer sur ses propres stratégies au lieu d'essayer de voler celles des Gryffondor ? Ou bien s'excuser auprès de Dubois et espérer recommencer leur relation à zéro ? Salazar, Warrington est en train de me rendre gay…
« Qu'est-ce que je fais, du coup ? » demanda Marcus, désespéré.
« Si tu tiens vraiment à faire copain-copain avec Dubois, tu peux toujours essayer de t'excuser… » suggéra Malfoy.
« Chut, Dray, les adultes sont en train de parler ! » le coupa Montague, avant de lui ébouriffer les cheveux. « Tu devrais t'excuser, Marc' »
« C'est ce que je viens dire… » marmonna Malfoy.
Personne ne lui prêta attention.
« Pourquoi est-ce que je m'excuserai ? C'est lui qui m'a traité de troll ! »
« Mais c'est toi qui veux ses stratégies de Quidditch. Lui n'en n'a rien à foutre que tu veuilles plus lui parler. » fit remarquer Bletchley.
« Et je fais comment ? Je me suis jamais excusé de ma vie ! » protesta Marcus. Ses potes ne lui étaient d'aucune aide.
« T'as qu'à lui offrir des fleurs… » proposa Warrington, avec un clin d'œil.
« Ou lui faire directement ta déclaration… » renchérit Montague. « Quoi de mieux que des "je suis désolé" mêlés à des "je t'aime" ? En fait, laisse-moi répondre : absolument tout, mais c'est un Gryffondor, donc il est forcément ringard. »
« Quand j'ai dit "séduire", je voulais dire platoniquement, vous savez ? »
Bien sûr qu'ils le savaient, mais Marcus avait besoin de le dire à voix haute pour s'en assurer. Ces andouilles ne faisaient qu'empirer les choses… et voilà qu'il se mettait à utiliser l'insulte pathétique de Dubois !
« Il t'aide à réviser la Métamorphose, c'est ça ? » demanda Bletchley.
« Et en retour, je l'aide avec la DCFM. » confirma Marcus. « Pourquoi ? »
« On a un test demain, si tu réussis tu pourrais lui sortir un truc du style "j'ai réussi grâce à toi" ou "tu peux devenir mon prof de Métamorphose particulier ?", tu vois ce que je veux dire ? »
Eh, mais ça pourrait marcher, en vrai…
« T'es un génie, mec ! » s'exclama Marcus. « Par contre, va quand même falloir que je révise pour demain… N'allez pas vous coucher trop tard, on a entraînement demain ! »
« Oui, chef ! » répondirent les joueurs, à l'exception de Warrington qui cria : « Oui, m'man ! »
Marcus lui fit un signe du doigt qu'il n'aurait pas répété devant sa mère, et monta réviser dans son dortoir. Il devait absolument réussir son contrôle de Métamorphose.
XXX
Dire qu'Olivier était confus était un euphémisme. Pendant une semaine, il n'avait pas parlé à Flint, n'avait même pas croisé son regard, et voilà qu'il se faisait traîner dans la salle 110, sous les yeux ébahis des jumeaux Weasley, avait qui il était en train de discuter stratégie de Quidditch.
« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-il, la tête tournée pour éviter de croiser le regard de Flint.
« Te remercier, princesse. » répondit le Serpentard, l'air plutôt fier de lui, à tel point qu'il ne réagit pas au coup de pied d'Olivier. « J'ai eu un Effort Exceptionnel à mon dernier contrôle de Métamorphose. »
Olivier écarquilla les yeux, sa bouche formant un O parfait. Il le remerciait ? Pour l'avoir aidé à réussir son contrôle ? Le ciel va me tomber sur la tête…
« Et toi, la DCFM, c'était comment ? » poursuivit Flint, l'air de rien. « Tu as réussi le bouclier ? »
« Lupin m'a félicité pour mon travail acharné. » répondit Olivier, en reprenant ses esprits.
« Cool. Vu que notre entraide fonctionne, que dirais-tu d'oublier ce qui s'est passé la dernière fois et de se mettre au travail ? »
« Si tu me laisses l'occasion de prouver que je suis un meilleur rival de Quidditch que Charlie… » fut ce qu'Olivier faillit répondre, avant de se ressaisir à la dernière seconde.
« Si on pouvait commencer par Histoire de la Magie, ça m'arrangerait, j'ai un essai à rendre pour hier. » dit-il à la place.
« Les Serpentard ont une réserve d'essais déjà fait et que Binns fait faire à ses élèves depuis des décennies. » répondit Flint. « Tu as besoin de quoi ? »
« Emeric le Mauvais. T'es sûr qu'il n'y a aucun risque qu'il s'en rende compte ? »
« Tu n'es pas au courant ? Binns n'a pas corrigé de copie depuis 1918. »
« Pourquoi est-ce que seuls les Serpentard savent ça… ? » grommela Olivier.
Marcus plissa les yeux, l'air d'hésiter à propos de quelque chose.
« Hum… Serdaigle et Poufsouffle font la même chose… les Gryffondor ne sont vraiment pas au courant ? »
« Non… Foutue guerre inter-maisons… » marmonna Olivier.
Cela faisait quatre-vingt ans que trois maisons trichaient à chaque devoir d'Histoire de la Magie sans que personne ne s'en rende compte, et en plus de ça elles n'avaient pas jugé bon d'avertir la quatrième maison ?
« Bref, je rapporte un essai demain, tu le copies dans la journée et te me le rends demain soir, ça te va ? »
« Tu vas vraiment partager un secret de ta maison avec un Gryffondor ? » s'étonna Olivier. Les Serpentard étaient les élèves les plus secrets, qui gardaient tout pour eux, surtout face aux Gryffondor…
« Disons que… si tu prends du retard dans tes études, tu ne pourras pas t'entraîner, et si tu ne t'entraînes pas, le match sera moins intéressant… » marmonna Flint, gêné.
Durant le reste de la soirée, ils révisèrent Soin aux Créatures Magiques, matière dans laquelle ils avaient tous les deux des lacunes. A aucun moment le sourire ravi d'Olivier ne quitta son visage – non pas qu'il s'en soit rendu compte, contrairement à Marcus, qui lui jetait des coups d'œil satisfaits de temps à autres.
Le lendemain matin, Flint le prit à nouveau en embuscade avant le petit-déjeuner, pour lui donner des copies d'essais sur Emeric le Mauvais, qu'il décida de copier pendant le déjeuner. Son prochain cours d'Histoire de la Magie ayant lieu l'après-midi, il avait largement le temps de copier son essai.
« C'était quoi, ça ? » demandèrent Fred et Georges, qu'Olivier avait complètement oublié.
« On n'a rien dit pour hier soir, mais si tu continues d'avoir des rendez-vous secrets avec Marcus Flint… » ajouta Georges.
« Ce n'était pas un rendez-vous secret ! » s'offusqua Olivier.
« Qu'est-ce que c'est, alors ? » demanda Fred.
Après quelques bégaiements peu prometteurs, Olivier lâcha l'éponge et pressa le pas, en direction de la table Gryffondor. Les jumeaux se précipitèrent à sa suite, en le bombardant inlassablement de questions. Un coup d'œil à la table des Serpentard permit à Olivier d'apprendre que Flint se délectait de la situation.
Olivier s'assit entre Alicia et Angelina, en face de Katie, dans l'espoir d'éviter Fred et Georges, mais ces derniers repoussèrent les Poursuiveuses sans ménagement pour s'assoir à côté de lui, Fred à sa droite et Georges à sa gauche.
« Tu ne t'en tireras pas comme ça, Olivier ! Qu'est-ce qui se passe entre toi et Flint ? » demanda Fred. « Tu sais que tu peux nous le dire, on ne te jugera pas… »
Il ajouta son dernier commentaire avec un sourire narquois, qui donnait envie à Olivier de lui rajouter des séances d'entraînement de Quidditch.
« De quoi vous parlez ? » s'enquit Katie, rapidement secondée par Angelina, Alicia, et Percy qui s'était rapproché en le voyant arriver.
« Je ne fais absolument rien avec Flint ! » protesta Olivier.
« Tout le monde te croit, Olivier. »
« Ecoute, tu peux faire ce que tu veux avec qui tu veux, mais si ça concerne le capitaine de l'équipe adverse, tu pourrais au moins nous prévenir… » dit Angelina.
« Puisque je vous dis que ce n'est rien ! »
« Tu t'enfonces, Ollie. » fit remarquer Percy. « Pour ma part, je n'en absolument rien à faire qu'il soit capitaine de Serpentard, je veux juste savoir ce que vous faîtes… »
« Evidemment. » grogna Olivier. « Si vous tenez vraiment à savoir, on s'entraide pour les cours, et c'est tout. »
« Quoi ! Mais c'est totalement inintéressant ! » bougonna Fred.
« Vous vous entraidez ? » répéta Percy, la voix soudain glaciale. « Tu demandes de l'aide à un Serpentard alors que je t'en ai proposé un milliard fois ? »
L'ambiance jusque-là légère se tendit aussitôt.
« On révisait à la bibliothèque la semaine dernière, et il avait besoin d'encre, alors je lui ai proposé un marché, de l'encre en échange d'aide en DCFM, et de fil en aiguille on a décidé de réviser ensemble pour les Aspics. » expliqua Olivier, tellement rapidement que la moitié de ses phrases avaient dû être incompréhensibles pour ses amis.
« Et du coup, les parchemins qu'il t'a donnés ce matin, c'est quoi ? » demanda Georges, confus.
« C'est… euh… des cours sur Emeric le Mauvais pour l'Histoire de la Magie… » dit Olivier, avec un coup d'œil nerveux à Percy.
Réviser avec un Serpentard était une chose, mais tricher avec un Serpentard en était une autre. Et s'il y avait bien une chose que Perceval Weasley n'accepterait jamais, c'était la triche – en particulier venant de son meilleur ami.
« Toute l'équipe est réunie ? J'ai besoin de décaler l'entraînement de ce soir à demain. » annonça-t-il, espérant changer de sujet.
« Pas de problème, on préviendra Harry. » répondit Georges, qui semblait avoir compris sa stratégie de retraite. « A plus tard, Perce ! »
Sur ce, il prit Fred par le bras et l'entraîna hors de la salle, sûrement en vu de préparer un nouveau prank sur de pauvres Serpentard. Sans qu'il ne s'en rende compte, Olivier se retrouva seul avec Percy, qui tirait évidemment une tête de trente mètres de long.
« Tu peux toujours m'aider en Sortilège… » tenta Olivier.
Percy leva les yeux au ciel, mais il accepta son offre de réconciliation.
« Ce n'est pas comme si tu pouvais y arriver sans moi, de toute façon… » marmonna-t-il. « Mais j'aurais quand même préféré que tu nous fasses ton coming-out… »
Olivier recracha son jus de citrouille en entendant le commentaire de son ami, qui répondit par un sourire moqueur.
« Mon coming-out ? » répéta-t-il, ahuri. « C'est quoi ces insinuations ? »
« Désolé de m'être fait des idées en entendant "qu'est-ce qui se passe entre toi et Flint ?", mais tu admettras que ça peut porter à confusion… » répliqua Percy, qui n'avait pas l'air désolé du tout. « Je ne te jugerai jamais, tu sais ? Tu as parfaitement le droit d'aimer qui tu veux… »
« Merci, Percy, j'ai compris. » coupa Olivier, exaspéré.
Ce n'était pas parce qu'il préférait regarder des matchs de Quidditch que de penser aux filles qu'il n'était pas intéressé par elles. Et le fait qu'il préférait l'Orgueil de Portree aux Harpies de Holyhead n'avait rien à voir avec le sexe des joueurs.
Pourquoi j'en fais tout un plat, de toute façon ?
Parce qu'admettre que tu aimes les mecs signifie admettre que tu pourrais potentiellement peut-être aimer Flint…
Alors là, aucun risque ! Cette andouille ne mérite pas qu'on pose les yeux sur lui !
Olivier avala une tasse de café brûlant pour remettre ses idées en place, et chassa la petite voix de son esprit qui lui répétait qu'il devrait s'assumer et qu'il n'y avait aucune honte à être gay.
Tout ça, c'est de la faute de Fred, Georges et Percy, avec leurs insinuations débiles !
XXX
Quelle belle journée, songea Marcus en voyant l'équipe de Gryffondor harceler Dubois pour en savoir plus sur leur relation. Le pauvre lionceau avait l'air plutôt agacé par leurs commentaires. Marcus aurait bien aimé savoir ce qu'ils disaient.
« Tu ne peux déjà plus te passer de lui ? » demanda Warrington, avec un sourire moqueur. « Pourtant ça ne fait qu'une journée… ah non, pardon ça ne fait qu'une nuit que vous vous êtes réconciliés… »
« Oh, une réconciliation sur l'oreiller ? Trop mignon ! » s'exclama Bletchley.
« Si tu veux pas te prendre un oreiller dans le cul, tu ferais mieux de la fermer, Bletchley ! » répliqua Marcus.
« Tu n'as pas l'air réjoui, pourtant… » commenta Montague. « Dubois était si mauvais que ça ? »
Marcus serra les poings, à la recherche d'une idée pour se tirer de cette situation. L'une lui plaisait plus que l'autre, mais elle serait moins efficace…
« Le meilleur coup que j'ai tiré depuis un bon moment, pourquoi ? » déclara-t-il, d'un ton égal.
Dubois n'avait pas besoin de savoir, n'est-ce-pas ?
Un concert de sifflements et d'exclamations toutes plus graveleuses les unes que les autres accueillirent son mensonge, preuve que son idée n'était pas si bonne que ça. Il avait l'impression de s'être enfoncé encore plus.
« Un mot à qui que ce soit en dehors de l'équipe et vous êtes tous morts, compris ? » dit Marcus, de sa voix la plus menaçante.
Il risquait d'alimenter leurs idées farfelues au lieu de les exterminer, mais au moins personne en dehors de Warrington, Bletchley, Montague, Bole et Derrick n'était au courant, et ils penseraient tous qu'il souhaitait garder le secret parce que ses parents étaient profondément homophobes.
Et s'ils n'en parlaient à personne, il y avait peu de chance que Dubois l'apprenne.
Dans quel merdier je me suis foutu… tout ça à cause de Warrington, Bletchley et Montague…
XXX
« J'arrives pas à croire qu'il reste plus que deux semaines avant le match… » soupira Olivier. « Et encore moins qu'on révise ensemble depuis un mois. »
« Tu l'as dit, princesse. Depuis le temps, on pourrait s'attendre à ce que tu réussisses le véritasérum sans mon aide… »
« Depuis le temps, on pourrait croire que tu as suffisamment mal aux jambes pour arrêter de m'appeler princesse… »
« Copie ton essai d'histoire au lieu de te plaindre ! »
« Transforme cette table en cochon au lieu de m'engueuler ! »
« Le premier à finir achète des bièraubeurres à l'autre ? »
« Hein ? ça n'a aucun sens ! »
« Tu finiras avant moi, donc si, ça a du sens. »
« Que tu croies. »
Pendant une demi-heure, Olivier s'appliqua à former les lettres les plus jolies possibles sur son parchemin, allant même jusqu'à recommencer deux fois parce qu'il avait fait des ratures. Flint ne semblait même pas essayer de transformer sa table, donc il n'avait aucun remord à prendre son temps pour copier deux paragraphes.
« Tu n'essayes même pas ! » finit-il par s'exclamer.
« Dit celui qui met deux heures à écrire trois lignes. » répliqua Flint. « De toute façon, tu me dois déjà une tournée de bièraubeurres. »
« Ah oui ? Et pour quelle raison, si je puis me permettre ? »
« Tu as eu Acceptable au devoir sur les Goules, alors que tu avais parié sur Effort Exceptionnel. »
« C'était il y a deux semaines ! Je pensais que tu avais oublié… »
« C'est ça ton excuse ? »
Olivier lui fit son plus beau regard meurtrier, mais à en juger par le regard moqueur du Serpentard, il avait encore des progrès à faire. Comment se faisait-il que son équipe le considérât effrayant, alors qu'aux yeux de Flint, il ressemblait à un chien battu ?
« Je te paye les bièraubeurres si tu réussis ton test de Métamorphose demain. » proposa-t-il.
Pour toute réponse, Flint transforma la table en cochon, d'un simple mouvement de baguette qu'il n'aurait pas été capable de faire sans l'aide d'Olivier, ce qui le rassurait un peu.
« Ha ! Tu as fini en premier ! » s'écria le Gryffondor, victorieux. « A moi les bièraubeurres gratuites ! »
Flint le regarda comme s'il venait de suggérer que Voldemort aimait pratiquer la danse classique sur les balais de Quidditch datant uniquement de 1953.
« Mais… mais… » balbutia le Serpentard, choqué.
« Prend-ça, troll de mes deux ! »
« Tu me le paieras, princesse ! »
« Mais non, andouille ! C'est toi qui vas payer. »
Un mois auparavant, ils auraient sorti leurs baguettes, appelé leurs camarades en renfort, et le désaccord aurait tourné à la dispute. Leurs insultes seraient devenues cruelles, méprisantes, et auraient été accompagnées de maléfices douloureux.
Désormais, ils se disputaient amicalement, toujours avec un sourire aux lèvres. Olivier ne savait pas trop ce que Flint était pour lui – un camarade ? un ami ? un allié ? – mais il était sûr d'une chose : il n'était plus son ennemi.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda Flint, le faisant sortir de ses pensées.
« Hum ? »
« T'avais l'air perdu dans tes pensées… » expliqua le Serpentard, avant de lui faire un sourire narquois. « Un problème avec une fille ? »
« Quoi ? Pas du tout ! » protesta Olivier, sans pouvoir s'empêcher de rougir.
« Donc c'est exactement ça… » déduisit Flint. « Alors ? Qui est l'objet de tes pensées ? »
« Si tu veux tout savoir, je pensais au fait que nous ne sommes plus ennemis, et que je n'ai plus peur de me prendre un de tes maléfices qui enverraient même Dumbledore à l'infirmerie. »
« Nous ne sommes plus ennemis, hein… » marmonna Flint.
Olivier eut beau lui demander, le Serpentard refusa d'expliquer ce qu'il voulait dire.
XXX
Marcus avait un problème. Un gros problème.
« Comment ça, tu ne sais toujours pas quelles sont les stratégies de Gryffondor pour le match ? Il ne reste plus qu'une semaine ! Je croyais que le plan s'était de s'entraîner par rapport à eux ! » s'exclama Warrington.
« C'est pas de ma faute si on parle jamais de Quidditch ! » protesta Marcus. « Je ne sais même pas s'il les garde écrites quelque part ou si elles sont toutes dans sa tête ! »
Son plan parfait était un échec, comme tous les précédents. Peut-être qu'il devrait arrêter de faire genre et admettre qu'il était nul pour planifier des stratégies. Contrairement à Dubois, qui passait ses étés à imaginer des stratégies adaptées à chaque maison.
« Dubois écrit ses stratégies dans un journal, qu'il garde toujours à portée de main. » intervint Malfoy, qui s'était une fois de plus incrusté dans leur coin de la salle commune sous prétexte qu'il faisait partie de l'équipe.
« Et c'est seulement maintenant que tu dis ça ? » s'insurgea Marcus, stupéfait par la stupidité de son Attrapeur. « Ça fait des semaines que je me force à supporter ce crétin, alors que depuis le début tu sais où se trouvent ses stratégies ? »
Il ne considérait pas vraiment le temps passé avec Dubois comme du temps perdu, mais il ne voulait pas perdre la face devant les autres. A Serpentard, soit tu manipules, soit tu es manipulé. Et Marcus était un manipulateur.
« Je pensais que tu le savais ! »
« Comment j'aurais pu savoir ça ? Et d'ailleurs, comment ça se fait que tu saches ça ? »
« Laisse tomber, Marc' il passe juste son temps à observer Potter. C'est un truc entre eux, comme ce que tu fais avec Dubois… » intervint Montague.
« La ligne est figne entre la haine et l'amour, pas vrai ? » renchérit Bletchley.
« Cassez-vous, les gars, on essaye de réfléchir et vous faîtes baisser le QI de la salle. » riposta Marcus.
« C'est pourtant simple. Tu le distrais avec un devoir à faire, genre Potion ou DCFM, et pendant qu'il est occupé, tu accio son sac et vole le journal. » déclara Derrick, à la surprise de tout le monde.
« Mais… Derrick ? Tu as retrouvé ton cerveau ? » s'étonna Bletchley. Marcus n'était même pas sûr qu'il plaisante.
« C'est une bonne idée, en fait… » réalisa Warrington.
« Je pensais pas qu'il en était capable… » ajouta Montague.
« On a compris, Derrick est stupide, son idée est du génie, il faut que j'aille voir Dubois. » coupa Marcus, avant de se lever sous les protestations de ses camarades.
C'était dimanche après-midi, il était peut-être encore à la bibliothèque… à moins qu'il ne soit en train de s'entraîner avec son équipe…
La réponse était : ni l'un ni l'autre.
Dubois était effectivement en train de voler, dans le stade de Quidditch, mais il était seul. Pendant un moment, Marcus ne put s'empêcher d'admirer son agilité. Lorsqu'il le voyait voler, c'était toujours en tant qu'adversaire, ou depuis les gradins, mais il ne prenait jamais vraiment le temps de le regarder.
Dubois avait un don pour le vol, au même titre que Potter, et quelques autres rares joueurs de Poudlard. Marcus lui-même ne s'était jamais considéré dedans, car il jouait avant tout pour gagner. S'il voulait voler pour le plaisir, il le faisait toujours sans son équipe.
La tentation de rejoindre Dubois était forte, mais il ne pouvait se défaire de l'idée que c'était le moment idéal pour voler les stratégies du Gryffondor. Ravalant son malaise, Marcus se faufila dans les vestiaires, à l'insu du Gardien adverse.
C'est là que Marcus réalisa.
Il y avait une différence entre prévoir de faire quelque chose, et le faire véritablement.
Le moyen de gagner la Coupe de Quidditch pour la huitième fois consécutive était là, à portée de main – il voyait le journal dépasser du sac de Dubois – mais il n'arrivait pas à franchir les quelques mètres qui les séparait.
Non… je ne devrais pas avoir de remords… je le fais pour l'équipe, pour la maison, pour le professeur Snape… je ne peux pas les décevoir…
Finalement, Marcus franchit les derniers mètres et se saisit du journal. Un petit carnet en cuir, dont les pages étaient recouvertes de schémas griffonnés à l'arrache, d'idées écrites au hasard, des atouts de l'équipe… tout ce dont Marcus avait besoin pour vaincre Gryffondor.
« Flint ? Qu'est-ce que tu fais là ? »
Marcus se retourna en sursaut, pour se retrouver face à face avec Dubois, et lâcha le journal, qui tomba aux pieds de son propriétaire.
« C'est… c'est mon journal… avec mes stratégies pour gagner la Coupe ? » C'était plus un constat qu'une question, aussi Marcus se dispensa de répondre.
Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était sensé faire. Nier ? A la fois inutile et irrespectueux, compte tenu du fait que les preuves étaient toutes là. S'expliquer ? Cela ne ferait qu'empirer les choses, non ?
« Tout ce temps… la raison pour laquelle tu m'as aidé à réviser, la raison pour laquelle tu as proposé cette "entraide", c'était pour me voler mes stratégies ? » continua Dubois, la voix rauque et les yeux écarquillés.
A quoi bon faire semblant ? C'était la vérité. Il ne pouvait même pas s'en sortir en prétendant avoir changé d'avis, puisqu'il avait été pris la main dans le sac.
« …Oui. » admit-il. « Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas apprécié le temps qu'on a passé ensemble… »
Dubois le coupa d'un regard. Flint ne l'avait jamais vu aussi froid. Le Gryffondor rassembla ses affaires et quitta les vestiaires, non sans lui jeter une dernière remarque.
« Tout ça… ça ne t'auras servi à rien, tu sais ? Ce qu'il y a dans ce journal… c'est juste des idées. Les stratégies, les vraies, celles qu'on va utiliser pendant le match… elles sont toutes dans ma tête. Je ne suis pas stupide au point de les trimballer sur moi. »
Marcus le regarda partir, sans comprendre pourquoi des larmes coulaient sur ses joues.
