Bonjour et bienvenue à tous sur cette toute nouvelle fanfiction !

Cela faisait un moment qu'elle traînait dans mon téléphone et après un long travail, j'ai enfin pu l'achever.

Comme vous vous en doutez du coup, cette histoire est déjà terminée, dans le sens où j'ai déjà écrit tout les chapitres (sept sauf modification de dernière minute) et ou je n'ai plus qu'à les corriger un à un avant de les poster. De ce fait la parution et mise à jour devraient être assez régulières et rapides.

Passons au disclaimer ? Oui faisons ça.

Comme on se doute, ça ne va pas être jojo, mais alors pas jojo du tout. Plus sérieusement cette histoire va traiter de sujet dur et sérieux. Alors si vous êtes particulièrement sensible ou arborez ce genre récit passez votre chemin. Il y aura des mentions de violence physique, sexuel, syndrome post-traumatique, dépression et bien d'autres thèmes peu joyeux. Bref le "M" est tout mérité. Néanmoins il y sera aussi question de famille, et d'un peu romance, mais je n'en dis pas plus.

Aucun personnages ne m'appartiens (sauf quelques un inventé pour l'histoire), étant tous détenu par Kohei Horikoshi. Sinon niveau spoiler tout devrait aller, notamment si vous vous avez atteint les chapitres 250.

Voilà, voilà ! Sur ce bonne lecture.


Shoto n'avait que quinze ans quand on l'avait retrouvé près de cette décharge en pleine hiver, jeté comme un vulgaire détritus, nu, inconscient et battu presque à mort comme un animal.

Son seul crime ?

Avoir été en soirée avec des amis, la veille, après leur après-midi de stage, et avoir voulu profiter d'une vie adolescente un temps soit peu normal avec quelques-uns des camarades de sa classe dans un endroit jugé « sympa ».

Il n'avait pas beaucoup bu contrairement à ce qu'on aurait pu croire, pour qu'il se retrouve dans un tel état.

Shoto était sérieux, et n'aimait pas vraiment l'alcool, trouvant que cette dernière avait un goût amer et brûlant.

L'alcool n'était donc pas son vice.

Mais sa gentillesse et sa naïveté, elles, l'étaient en revanche.

Aussi il ne remarqua pas les regards en coin qu'on lui avait lancé depuis l'autre bout de la pièce, ni les cachets être jetés furtivement dans son verre par ces même inconnus. Et étant un bon enfant, dès que les premiers maux de tête pointèrent le bout de leur nez, il prit l'initiative de rentrer à l'internat pour se coucher.

On avait bien voulu le raccompagner, mais n'ayant aucune envie d'être un poids pour eux, ni même de gâcher leur soirée, il avait insisté pour rentrer seul.

Les trains et les trames passaient encore après tout, alors aucune raison de monopoliser tout un cortège.

Sans compter qu'il aurait tout à fait pu appeler son père pour lui demander de le ramener.

Mais c'était sans compter sur le fait qu'entre eux tout était encore gris, et qu'il n'avait aucune envie de lui être redevable qu'une quelconque manière. Sans oublier qu'il risquait de se faire sévèrement sermonner par ce dernier si il apprenait l'existence de ce petit moment de relâchement avec ses amis, dans un quartier réputé un peu « fêtard ».

Ce fut sa fatal erreur.

Jamais il ne gagna l'internat.

Et pourtant, peut-être que si dix-huit-heures avant il avait ravalé sa fierté et tapé le numéro de son géniteur, jamais ce dernier n'aurait eu à mener les recherches de la disparition de son propre fils, et encore moins à se tenir au dessus de son corps meurtris.

Au delà de l'horreur de la scène, il serra son enfant contre lui, dévasté par ce qu'il voyait et une émotion terriblement douloureuse.

Son fils.

La chaire de sa chaire.

Son tout petit.

Torturé comme... comme quoi au juste ?! Même aux animaux on ne leur resservait pas un sort aussi cruel.

On avait osé le frapper si fort que ses jambes en étaient devenues bleues et ses chevilles toutes distordues .

On avait osé lui passer une corde au cou et visiblement tenter de l'étrangler avec.

Et que dire de ces entailles qui s'étendaient sur tout son corps ?

De ce sang qui s'échappait par presque tout les orifices possibles et imaginables.

De ces yeux dissimulés par sa propre chemise bleue, arrachée, et solidement nouée autour de la tête.

De ce visage pourtant si familier et doux qu'il n'arrivait presque pas à reconnaître tant il avait été martelé de coups...?

On avait même glissé un mot dans sa bouche sanguinolente couverte de sang séché et d'il ne voulait même pas savoir quoi d'autre, à son attention.

Deux mots.

Juste deux mots, gribouillés sur un morceau de papier A4 à carreaux, salit par le sang et la salive.

« Crève Endeavor »

Et son monde s'écroula sombrant dans un long silence d'irréalité.

Il eu comme un intense acouphène, suivi d'un très puissant et assourdissant battement de cœur au sein même de ses oreilles.

Alors c'était ça ?

C'était pour ça qu'on avait séquestré, passé à tabac et violé son fils ?!

Pour une vengeance personnelle...?

Une vengeance qui ne regardait d'aucune manière que ce soit un gamin tout juste entré au lycée ?

C'était porter son sang qui lui avait valu ce châtiment ?!

On le haïssait tellement, qu'on était près à tout pour le détruire ?! Même passer sur le corps d'un enfant ?

De son enfant...?

Pourquoi ?

Juste pourquoi ?

Shoto n'avait jamais rien fait de mal ! C'était juste un môme ! Un gosse...

Serrant sa progéniture contre lui, Endeavor pleura silencieusement, laissant ses flammes jaillir de profonde douleur et de colère malgré lui.

Il n'avait pas toujours été bon père, c'était vrai, ayant même commis d'innombrables erreurs par le passé, en particulier envers Shoto. Pourtant il l'aimait ses enfants.

Oui il les aimait, même si eux même en doutaient sûrement. Peut-être pas toujours de la bonne manière, sans doute pas même, mais il les aimait. Et la rage ainsi que la souffrance qui consumait son âme et son être à cette vue hautement insoutenable, ne faisait que le lui prouver.

« Endeavor, laissez nous ausculter votre fils ! Il a besoin de soin de toute urgence. »

Seulement étant prit dans sa sorte de trans, il fut comme hermétique à toute stimulation extérieure, s'imaginant en boucle toutes les atrocités qu'on avait pu lui faire subir.

L'équipe médicale dut s'y reprendre à deux fois, avant de pouvoir enfin accéder au blessé et le transporter dans un état grave dans le premier hôpital.


« Endeavor calme-toi... »

« Je veux voir mon fils ! Je veux savoir comment il va ! » s'exclama le héros de flamme, se laissant pleinement dominé par ses émotions.

« Il est encore au bloc, tu le sais bien. » tenta de le raisonner All Might en passant une main compatissante sur son épaule. « Le seul endroit où tu peux réellement apporter ton aide, c'est au poste de police, même si je doute que tu veuilles t'y rendre... »

« Je vais être honnête avec vous ! Si je trouve ce où ces enfoirés, je les bute sans autres formes de procès, acte héroïque ou pas, numéro un ou non ! » fit d'un sérieux à glacer le sang Enji.

« Tu ne penses pas réellement ce que tu dis. » affirma le plus grand.

« Vous savez aussi bien que moi que si. Je vous le jure que je le ferai. » déclara-t-il au sein même de l'hôpital.

Le blond fit les gros yeux, et l'attira dans un endroit plus calme.

« Te rends tu compte de ce que tu viens de faire ?! Tu viens de proférer des menaces de mort dans un lieu public ! Si il arrive malheur à celui où ceux qui ont commis ce crime abject tu seras le premier sur la liste des suspects ! En as-tu conscience au moins ?! » lui rappela Toshinori peu fière de ses agissements.

« Et alors ?! Qu'ils m'inculpent si ça leur fait plaisir ! On parle de mon fils là ! Quoi qu'il arrive à ces enflures, je serai forcément le premier sur la liste ! C'est évident, j'ai un mobile gros comme une maison ! »

« Et tu viens de leur servir sur un plateau d'argent un aveux en or pour t'arrêter si ça devait arriver ! » le sermonna Yagi.

« Me faites pas rire ! Jamais on m'arrêterai de toute manière ! Je suis un héros, le numéro un maintenant qui plus est ! Sans compter que je doute que l'opinion publique se tourne du côté de ces pourritures ! Et au pire des cas qu'est-ce que je risque ? Une suspension provisoire de ma licence de héros ? Qu'est-ce que vous voulez que ça me foute ?! Croyez-moi, de toute manière ça sera vite passé sous silence comme 95 % des bavures commis par les héros dans notre société ! » lui rétorqua le plus jeune.

« Ça ne veux pas dire que c'est bien ! » s'insurgera All Might.

« Parce que peut-être que c'est bien de s'en prendre à un gamin à la sortie d'une soirée ? De le séquestrer et de le détruire comme ils l'ont fait ?! Imaginez deux minutes que ce soit Midoriya qu'on ai trouvé là bas, dans cette décharge, couvert de sang et de sperme aux porte de la mort ! Croyez-vous vraiment que vous pourriez toujours vous tenir là, devant moi, à me porter ce même jolie discours ?! » le mit au défi de répondre le rouge.

Le plus âgé le regarda mortifié quelques instants, interdit. Il savait qu'il considérait Midoriya comme son propre fils. Et il avait piqué pile ou il fallait pour lui faire ne serait-ce qu'entrevoir ce qu'il devait ressentir. Alors, ne cherchant même pas ses mots, il fit preuve d'une violente honnêteté.

« Évidemment que je serai comme toi, hors de moi et furieux ! » lui répondit Toshinori avec toute la sincérité et humanité dont il pouvait faire preuve.

Et il n'avait jamais tenter de l'en persuadé du contraire d'ailleurs, il était un homme, pas une machine. Il avait un cœur et savait très bien que la volonté de ce dernier n'était pas toujours en accord ou emprunt de bon sens.

« Évidemment que je serai aussi le premier à vouloir traquer et exécuter ses bourreaux ! »poursuivit-il. « Mais ça ne veux pas dire qu'il faudrait que je le fasse ! Pas quand on est le symbole de la paix ! On est pas des justiciers, Endeavor, mais des héros. Notre travail s'arrête à aider la population, leur apporter du soutien et interpeller les criminels. La suite, c'est aux juges et à la justice d'en décider, pas nous. » lui rappela-t-il peiné.

« Bah parlons-en de la justice ! On vit dans un pays où la peine de mort est toujours en vigueur, mais quand on exécute un criminel sans qu'il y ai écrit « juge » sur notre front, ça y est on est des bourreaux et c'est immoral ?! Mais la bonne blague ! » cracha Enji.

All Might resta silencieux un moment avant de répondre.

« Je ne dit pas que c'est logique. Je dis juste que les choses sont ce qu'elles sont. On est sensé montrer l'exemple. Quelle image et message on donne si on fait justice soit même ?! On doit être une source de confiance, et mesure dissuasive, pas faire peur à la population. »

« Bah allez leur demander ce qui leur fait le plus peur à la population entre un héros qui se débarrasse de quelques immondes pourritures dans l'exercice de ses fonctions, ou ces mêmes déchets qui pourront à nouveau recourir dans les rues de la ville après à peine vingt années de prison ! »

« Todoroki... »

« On parle pas de voleur d'épicerie, ou de braqueur de banque ! Il y a eu tentative de meurtre All Might ! Tentative ! Ce qui fait qu'ils écoperont jamais de la peine de mort et sans doute pas non plus de la perpétuité. Tôt ou tard ils seront réhabilités à sortir. Et vous savez comme moi que j'ai raison ! Alors là tout de suite, j'en ai rien carrer de la justice, de leur petit papier, et du bien ou du mal ! Je pense juste à mon fils et à sa sécurité ! Vous pouvez comprendre ?! J'ai déjà perdu un enfant, j'en perdrais pas un deuxième. » acheva-t-il avant de s'excuser et prétexter un besoin d'aller passer un coup de fil urgent.

Même si la vérité était sans doute tout autre...

L'homme devait sûrement avoir besoin d'évacuer.

Quelques instants plus tard, une fois plus calme, il retrouva le blond, deux boissons chaude à la main, arrivant vers lui dans la salle d'attente.

« Tiens. » lui proposa-t-il tendant un des verres. « Le café de l'hôpital n'est sans doute pas ce qu'il y a de meilleur, mais ça reste du café. » lui avoua-t-il.

« Je vois que vous êtes plus thé. » constata Enji.

« Eh oui. On ne dirait pas je sais... » avoua-t-il un léger sourire aux lèvres, se voulant plus sympathique et rassurant que réellement de bonne humeur.

Puis un lourd, mais court silence plana entre eux, avant que l'un des deux hommes n'y mettent fin.

« Je... Je leur avait pourtant dit de rentrer directement à l'internat... » commença mornement Endeavor. « Qu'est-ce qui leur est passé par la tête ?! Ils le savent bien qu'ils sont des cibles de choix ! L'internat n'a pas été construit pour faire joli ! C'est pas faute de l'avoir répété à Shoto en plus ! Tout ça pour quoi ? Une bête soirée entre amis ?! »

« Ce sont des adolescents tu sais... C'est de leur âge de braver l'autorité et vouloir s'amuser. » tenta de l'en convaincre l'ancien numéro un. « Crois-moi qu'ils en ont tous payé le pris fort d'ailleurs... J'ai lourdement et personnellement sermonné Midoriya, et je sais qu'Aizawa en a rajouté une bonne couche derrière envers tout les élèves présents à cette soirée. Les chenapans ont réussit à coordonner leurs emplois du temps pour gratter quelques heures de libre après leur stage, en ville. »

« Et ça ne serait jamais arrivé si je n'avais pas accepté cette mission de dernière minute ! J'aurai pu les raccompagner comme je l'ai toujours fait jusque là et m'assurer qu'ils regagnent bien les murs de l'école ! » décréta le héros de flammes en se prenant la tête dans les main.

« Tu n'es pas responsable, ne te blâmes pas pour ça... »

« C'est faux. J'étais responsable de mes stagiaires All Might, et donc aussi bien de mon fils, que de Midoriya et Bakugo. Je ne suis pas seulement un héros, mais aussi un père ! Je sais la peur qui traverse l'esprit des parents ! Je suis censé pertinemment savoir où le danger se trouve ! Si je les avais eu à l'oeil, jamais ils ne seraient partis là bas, et jamais tout ça ne serait arrivé... » fini par céder l'homme en se plongeant dans un profond mutisme.

Ah il y avait pas à dire, niveau paternité, il avait été épouvantablement nul sur toute la ligne. De A à Z.

« Les garçons vont bien au moins eux...? » finit par demander le rouge et levant le regard vers le plus âgé.

« Oui, heureusement. Bien sûr ils s'en veulent terriblement de ne pas avoir raccompagner leur ami, ou encore de ne pas vous avoir appelé bien plus tôt, mais physiquement ils n'ont rien. »

« Tant mieux... » sembla-t-il s'en soulager. « Vous pourrez leur dire en les voyant que le stage et suspendu ? » lui demanda comme faveur Enji. C'est qu'avec tout ça il n'était pas sûr de quitter l'hôpital avant un bon moment.

« Tout les stages le sont. » l'informa-t-il en précisant la cause: « Nouvelle mesure de Yuei tant que cette histoire n'aura pas été éclaircie. »

« Je vois... »

Il baissa la tête, se massa les tempes, puis inspira longuement.

Quel journée de merde.

Vraiment.

« Monsieur Todoroki ? » fit une petite voix en regardant les deux hommes.

Le concerné tourna la tête vers elle avant de se lever et s'approcher.

« L'intervention c'est bien passé, mais on a du lui faire une ablation partiel de la rate... Elle était bien trop endommagée et menaçait les autres fonctions vitale... Je suis désolé. Dans l'urgence on a pas pu vous faire signer le formulaire de consentement, et on s'en excuse terriblement... Alors si vous voulez bien le signer maintenant...? »

Timidement la jeune interne lui tendis une feuille et un support, un peu intimidée de se tenir face à un si grand héros au sens premier du terme.

Jetant à peine un œil au bout de papier, il saisit le stylo et gribouilla son nom avant de demander à voir son fils. De toute façon il n'allait pas coller un procès à l'hôpital pour avoir tenter de sauver son garçon, quand même !

« Bien sûr, suivez moi... »

Todoroki s'excusa et prit congé auprès d'All Might avant de suivre la demoiselle.

« Il est encore en soins intensifs et sous anesthésie, mais vous pouvez tout de même lui rendre visite. » lui expliqua-t-elle, compatissante, avant de le mener à une chambre, à un autre étage.

C'est peu après qu'elle ai poussé la porte, que Enji put enfin voir son fils, et que son cœur se serra une nouvelle fois.

« Il a eu beaucoup chance... » lui avoua-t-elle. « Vous l'auriez retrouver ne serait-ce qu'une heure après et il serait peut-être mort de hypothermie ou d'hémorragie interne. »

Le rouge dodelina de la tête. Pour être honnête ce n'était pas du tout le genre d'information qu'il avait envie d'entendre dans l'immédiat.

Prenant une chaise, il s'assit près du rebord du lit et passa une de ses grandes mains dans les cheveux tout emmêler du bicolore, évitant soigneusement les bandages et les points de sutures.

Sa respiration était lente, presque calculée, et semblait difficile, causant de la buée sur son masque à oxygène. Si Enji l'avait pu, il aurait bien saisit l'une de ses mains, seulement ses dernières étaient si abîmés qu'elles avaient dut être bandé et précautionneusement immobilisé. Et puis, avec les perfusions et le cathéter, il n'y avait pas vraiment la place pour un contact, même très fugace. Évitant au possible son regard tuméfié par les coups, il prit la parole.

« Quand est-ce qu'il va se réveiller ? » s'osa à demander le père, jetant un regard plein de fatigue et d'anxiété à la jeune femme.

« C'est, difficile à dire... Il est encore sous anesthésie alors au mieux peut-être demain matin. Mais il se peut aussi qu'il n'ouvre pas les yeux avant plusieurs jours. Tout dépend à quel vitesse son corps se remet. Sachez par ailleurs que vous avons appelé Recovery Girl et qu'elle ne devrait plus tarder à arriver. Mais étant donné qu'elle puise dans les réserves de la victime, je ne sais pas si elle pourra faire grand chose pour lui dans l'immédiat sans risquer de le tuer. » lui expliqua-t-elle, professionnelle.

« Qu'est-ce qu'on lui a fait ? » fit d'une voix sans appelle le quarantenaire.

« Je... Je ne pense pas que vous ayez envie de savoir ça. » tenta de l'en dissuader la blonde.

A vrai dire elle même n'avait pas envie de discuter de ça... Ce garçon, dans ce lit, aurait pu être son petit frère après tout. Et rien que l'imaginer vivre l'enfer qu'on lui avait fait subir lui donnait un puissant haut le cœur.

« C'est mon fils, je veux savoir ce qu'on lui a fait ! Je veux savoir ce que ces salopards ont osés lui faire ! »

« Je regrette je... » tenta d'articuler difficilement la jeune femme, avant de lui tendre un rapport médicaux légal à destination de la police. « Je ne sais pas si j'ai le droit de faire ça mais... Si vous voulez tant savoir, lisez... Posez le près de la table quand vous aurez fini, je viendrai le récupérer plus tard. »

L'interne, polie, voulu s'en aller. Mais en avançant vers la sortie, il ne put se résoudre à le laisser comme ça.

« Monsieur. Todoroki...? »

L'interpelée se retourna croisant son grand regard innocent.

« Courage...! Il va s'en sortir, croyez moi. »

Puis elle s'en alla, presque fuyante, gênée par ses paroles.

S'en sortir ? Oui, mais à quel prix...?


Trois jours s'étaient écoulés depuis la découverte du corps de Shoto.

Trois jours long et terriblement morne pour la famille Todoroki, tout comme pour la classe A qui avait été plongé dans le flou le plus total.

Même Midoriya et Bakugo, ne furent pas spécialement tenus au courant de toute l'affaire. All Might, ne voulant pas les angoisser ou les faire culpabiliser plus que d'avantage, s'était contenté que leur expliquer que leur camarade avait été hospitalisé suite à une à une attaque de vilain.

Les détails ? Il les avait tu.

Quand Shoto émergea pour la toute première fois, il sentit un horrible poids sur sa poitrine tant la respiration lui était douloureuse.

Et à bien y réfléchir il n'y avait pas que sa poitrine qui lui semblait lourde, mais aussi sa tête, ses deux bras ainsi que ses jambes...

C'est l'odeur de la pièce qui lui indiqua le lieu. Un mélange d'effluves d'alcools et d'antiseptiques... Il devait être dans une chambre d'hôpital à n'en point douter.

Mais pourquoi ?

Tout était si flou et si brumeux...

Lentement il se risqua à ouvrir les yeux, confrontant ses faibles iris à la luminosité aveuglante et brûlante de la pièce, pourtant tamisée.

Son regard balança de droite de gauche avant de voir Fuyumi endormi dans l'un des fauteuils, une couverture chaude sur elle.

Ce qui l'intrigua, outre l'heure, fut de savoir à qui appartenait le second plaid soigneusement plié sur le l'autre fauteuil.

Il voulut se redresser mais une horrible douleur lui parcouru la colonne vertébrale.

Même ça ne serait pas si simple à faire visiblement...

Peut-être qu'il valait mieux juste utiliser la télécommande du lit... Enfin encore faudrait-il l'atteindre.

Puis, encore groggy, il vit la porte de sa chambre s'ouvrir sur son père, les yeux rond comme des billes, deux boissons visiblement chaude dans les mains.

« Shoto...? » laissa-t-il échapper extrêmement surpris avec une voix emplit d'émotion, ne manquant pas de réveiller sa fille par ailleurs.

Pressé, c'est tout juste il ne lâcha pas les boissons au sol.

Néanmoins, gardant encore un semblant de bon sens et de contrôle, il les posa sur la table de chevet, avant de se jeter sur son fils pour le prendre dans les bras.

De multiples phrases lui traversèrent l'esprit, mais il n'en prononça aucune, préférant juste laisser parler le silence pour lui.

Seulement chez le plus jeune, quelque chose se brisa.

Ce contact, cette étreinte, avait comme réveillé quelque chose en lui : sa mémoire.

Tout les souvenirs d'il y a quelques précédents jours lui revinrent subitement en pleine tête.

Et sa panique fut sans appel.

Violemment il repoussa son père et commença à s'agiter, arrachant comme un hystérique ses perfusions et électrodes.

« Shoto, calme-toi bon sang ! C'est moi... C'est moi ! » tenta de le raisonner le plus âgé, mais tout ce qu'il y gagna fut des coups de pied et des coups de poing envoyés de manière terriblement chaotique.

Il était complètement en panique, à n'en point douter. Il ne prenait même pas la peine de viser ou de frapper particulièrement fort ou intelligemment.

Il cherchait juste à se débattre et à se soustraire de cette étreinte, un peu lamentablement d'ailleurs.

« Arrête Shoto ! Tu te fais du mal pour rien ! Regarde moi... ! Regarde moi ! » éleva-t-il le ton en lui saisissant bien fermement les poignets pour qu'il se calme et ne se fasse pas mal d'avantage. « Tout va bien Shoto ! On est à l'hôpital... Tous va bien... ».

Enji abaissa la voix, sentant son fils se faire plus calme et moins turbulent.

Puis, petit à petit le bicolore arrêta s'agiter comme un possédé et planta son regard vers la personne qui lui faisait face avec tant de force et ferveur.

Son père. C'était juste son père.

Sa respiration, emballée, commença à reprendre un rythme plus régulier.

« Pa...pa...? » articula difficilement l'adolescent en détaillant la grosse cicatrice qui lui barrait l'œil gauche.

Sa voix, emprunte d'émotion et d'incertitude déchira le cœur du plus âgé.

A cause de l'incident d'il y a quelques minutes, il n'était même pas sûr de pouvoir à nouveau le prendre dans ses bras sans qu'il ne parte dans une nouvelle crise.

Alors il passa juste sa main sur l'épaule de son garçon avant de lentement remonter jusqu'à sa nuque.

Puis, les larmes montèrent aux yeux du plus jeune avant que ce dernier ne se mette à bruyamment sangloter. Posant sa tête contre le torse du plus grand, il était à la fois atterré par la douleur et le soulagement.

Ce n'était pas un de ses bourreaux, et il n'était plus dans cette horrible endroit non plus... Non. Le cauchemar était enfin fini. Il était en sécurité, à l'hôpital.

De son côté, ne pouvant supporter cette scène plus longtemps, Endeavor l'entoura délicatement de ses bras protecteur, et le berça tout contre lui.

« Je suis là, tout va bien... » le rassura-t-il en lui frottant le dos.

« Pa-papa... » hoqueta-t-il, ne sachant même pas quoi dire.

Il devait vraiment être au fond du trou pour l'appeler ainsi songea son père.

Cela faisait bien des années qu'il n'avait plus eu le droit à ce nom après tout.

Essayant de réfréner et d'endiguer ses larmes, son paternel l'en dissuada, lui conseillant quelque chose qu'il n'aurait jamais cru l'entendre lui conseiller un jour.

« Laisse-toi aller... C'est bon. Tu peux pleurer... »

Pleurer...?

Il pouvait pleurer ?

Jamais son père ne lui avait autorisé ce geste qu'il qualifiait de « faiblesse».

Jamais.

Il se rappelait encore des remontrances lorsqu'il était enfant et que son père le menaçait de le frapper si d'aventure il osait verser des larmes ou pleurnicher, même après un entraînement très dure et douloureux. Il disait toujours que ce n'était pas digne d'un homme, et encore moins d'un futur héros, même si il n'était qu'un enfant.

Alors le sentir le prendre dans ses bras, lui donner son feu vert pour être ouvertement si faible devant lui, en tentant même de le consoler, avait quelque chose d'à la fois profondément profondément dérangeant mais aussi salvateur.

Il n'était plus obligé d'essayer de garder ce masque ridicule pour quiconque. Si même lui, lui en donnait le droit, alors il le pouvait vraiment.

Alors sous cet aveux, le garçon tressauta contre lui silencieusement.

De toute manière même si il le lui avait interdit, il savait qu'il n'aurait pas pu se retenir. Il y avait cette grosse boule douloureuse en lui qui grossissait encore et encore lui faisant terriblement mal. Il était comme un vase plein d'eau qu'on avait violemment fissuré : le liquide s'en échappait par toute les fissures possibles sans qu'on puisse réellement exercer un contrôle dessus.

Il se sentait minable d'être aussi pathétique devant lui. Oui vraiment minable, pourtant à cette instant cela resta bien secondaire étant étrangement soulagé et même rassuré de pouvoir pleurer contre lui.

Pourtant ça n'avait pas de sens.

Cette homme l'avait battu toute son enfance et fait terriblement souffrir lui et sa mère. Alors pourquoi son grand corps, plutôt que de lui susciter de la peur, lui donnait un sentiment de protection ? Pourquoi ses grandes mains et puissants bras, qui l'avaient si souvent martyrisé et brutalisé, lui offrait de réconfortantes caresses ainsi qu'une sensation de sécurité ?

Ça n'avait pas de sens, et Shoto relevait lui même sur l'instant le paradoxe. Pourtant, là, sur le coup, toutes les années de terreurs et maltraitance avec lui semblaient s'être subitement envolés, ou plutôt se voyaient être occulté par un autre et plus profond mal-être.

Alors il se raccrocha à lui désespérément, priant pour qu'il ne le lâche jamais.

Il avait besoin de quelqu'un, là maintenant. Il avait juste besoin de quelqu'un. Et peut-être que finalement n'importe qui lui ayant tendu une main aurait pu faire l'affaire à cet instant précis tant il était au fond du trou.

« Chuuut... chuut... Tout va bien... Là, là... » le conforta son paternel en passant ses mains dans son dos encore fragilisé par les sévices et opérations subit.

Cela fit de la peine au plus âgé de le voir comme ça, si perdu, si brisé... Mais il fit des efforts pour pas que cela ne se voit. À la place il se concentra sur la sensation et le soulagement de le savoir bien en vie, là, contre lui.

Puis une équipe médicale entra en trombe dans la salle.

C'est que de leur côté, quand ils avaient reçu le signal alarmant des machines, ni une ni deux ils avaient foncé en urgence dans la chambres.

Dieux merci rien de grave n'était arrivé. Le garçon avait juste défait ses branchements.

Alors les infirmiers s'approchèrent et tentèrent de lui remettre ses perfusions, mais c'était sans compter son manque de coopération.

« Nan, nan ! » protesta vivement le garçon terrorisé.

« Shoto, calme toi voyons... Ils veulent juste t'aider. »

« Nan ! Je t'en prie papa...! Les laisse pas faire ! Je veux pas ! Je veux pas ! Ils vont me sédater ! »

« Nan, ils vont rien t'injecter du tout, je te le promets ! Pas vrai ? » se retourna-t-il vers le personnel soignant.

D'un signe de tête ils acquiescèrent. Eux ne voulaient que lui remettre son cathéter et ses dispositifs médicaux, rien de plus.

Enfin... Si le garçon continuait à se montrer aussi récalcitrant, ils allaient finir par arriver à cette alternative.

« Tu vois...? Aller, calme toi, et laisse les faire s'il te plaît. »

Hésitant, l'adolescent obéit, les laissant avoir accès à son bras.

Il savait que c'était ridicule d'être aussi anxieux, mais il ne supportait pas avoir autant de monde autour de lui, et encore moins quand on lui agitait des seringues avec il ne savait trop quoi dedans, devant lui.

Il avait déjà fait l'expérience de passer plusieurs heures complètement dans le gaz et amorphe, et ne souhaitait plus jamais revivre ça.

Non, plus jamais il n'avait envie de sentir à nouveau ses membres se dérober de sa volonté. Plus jamais il n'avait envie d'avoir l'impression d'être enfermé dans son propre corps, ni même d'avoir l'esprit si fuyant qu'il doive subir, sans pouvoir répondre, les assauts et les coups.

« Voilà jeune homme. » le relâcha l'infirmer, lui offrant une distance plus convenable entre eux deux.

« Tu permets que j'ausculte rapidement ta gorge ? » lui demanda le second homme.

Sur le coup, il amorça un mouvement de recul en passant ses doigts abîmés sur son cou. Puis, plus docile, Shoto se laissa inspecter et soigner.

« La guérison progresse bien. D'ici une semaine je pense que l'hématome aura disparu. » lui affirma-t-il avant de délicatement lui appliquer de la crème et la ranger dans un tiroir de la chambre. « Si jamais ça te fais mal, ou que ça te lance, n'hésites pas, d'accord ?! Je la laisse là. »

L'adolescent dodelina de la tête, avant de voir les infirmiers partir.

Pensant être enfin au calme, il soupira de soulagement. Mais c'était sans compter l'arrivée d'agents de police à peine quelques instants plus tard.

Les voyant arriver avec leur gros sabots, Enji prit les devants.

« Fuyumi, restes avec ton frère s'il te plaît. Messieurs, pouvons-nous nous entretenir dehors ? »

Les agents ne virent aucun inconvénient et suivirent le rouge jusqu'aux couloir.

« On ne peux pas dire que vous perdez de temps. » joua carte sur table le héros.

« Vous savez aussi bien que nous que plus témoignage est fait dans les plus bref délais, moins on perds de détaille et d'informations. Et c'est cruciale pour l'enquête. Surtout qu'il est le seul à avoir vu son ou ses agresseurs. »

« Je le sais bien tout ça, merci ! Seulement là il viens tout juste de se réveiller. C'est encore un peu la panique dans sa tête ! Vous pouvez pas juste attendre un peu ? On est pas à quelques heures près non plus ! »

« Vous prendriez le risque qu'on perdre des données et du retard dans la recherche de ces types ? » lui demanda honnêtement l'un des agents.

« Vous prendriez le risque de braquer votre seul témoin et perdre encore une journée dans vos recherches ? » leur répondit Todoroki du tac au tac.

Non bien sûr que non, ils ne le voulaient pas, mais...

« Écoutez, nous savons que c'est votre fils et que vous souhaitez le protéger mais... »

« Justement ! C'est mon fils, et je sais quand ça va, ou pas. Et là ça, je peux vous dire que ça ne va pas ! Alors laissez lui quelques heures, le temps d'avoir les idées claires et croyez moi que ça vous sera profitable à vous aussi. »

Les policiers se regardèrent, puis cédèrent.

« Si on reviens prendre son témoignage vers dix heures, ça vous ira ? »

« Ça me va. » hocha la tête le plus grand avant de les quitter et regagner la pièce.

« Qu'est-ce qu'ils voulaient ...? » demanda Fuyumi.

« Parler à ton frère. » répondit-il platement.

« Pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils me veulent. » lui demanda l'adolescent.

« Ton récit, tes souvenirs sur les événements liés à ton enlèvement. »

A ces mots, le bicolore fit des yeux gros comme des rond de billes, et voulu sortir du lit.

« Hé, hé...! Où tu vas ? » le retint son paternel en l'empêchant de quitter sa couche.

« Je peux pas...! Je regrette mais je peux pas ! »

« Tu peux pas quoi ? » lui demanda son père

« Je peux pas raconter ce qui c'est passé... Je peux vraiment pas. »

« Pourquoi ? » lui demanda à nouveau Enji pas sûr de la raison. « Je sais que tu n'as pas envie de revenir sur ses événements, et c'est bien normal, mais si on veux arrêter ces personnes, tu n'as pas vraiment le choix. »

« Alors considérons que je ne porte pas plainte ! Comme ça c'est arrangé, par vrai ?! Non ? Si je ne les poursuis pas, j'ai aucune raison de témoigner ? » sembla être emprunt d'espoir l'adolescent.

« ... Shoto tu plaisantes là j'espère ?! » s'offusqua son père, choqué par ses propos. « Ils ont tenté de te tuer, et tu voudrais les laisser vivre leur petit vie tranquille comme si rien ne s'était passé ? Tu marches sur la tête ou bien ?! »

« Pas du tout ! C'est exactement ce que je veux ! Faire comme si rien ne s'était passé ! Alors va leur dire qu'ils peuvent s'en aller, et que tout est arrangé. » lui supplia l'adolescent en lui envoyant un regard complètement perdu.

Un lourd silence s'abattit sur eux, avant que le rouge ne prennent lentement la parole.

« Fuyumi ? Tu peux aller nous chercher à manger à la cafétéria s'il te plaît ? Je dois discuter avec ton frère... Prends mon porte feuille, dans ma veste, et choisi ce que tu veux. »

La jeune femme obéit et s'éclipsa aussi vite que possible, laissant les deux hommes seul.

Une fois fait, Endeavor commença une lourde discussion sérieuse avec son plus jeune fils.

« Shoto t'as conscience de ce que tu dis là ? »

« Oui ! Je ne veux pas porter plainte. Je veux juste rayer ce jour de ma vie et oublier. » répéta l'adolescent, bien décidé à fuir cet échange en essuyant ses yeux encore humide.

« Mais ça n'as pas de sens ce que tu dis ! Pourquoi vouloir faire une chose pareille ?! Tu peux me le dire ? » lui demanda son père plus inquiet que furieux.

« Parce que ! » insista son fils, en tournant clairement autour du pot.

« Je vais être honnête avec toi. T'as intérêt à te faire autrement plus convaincant, parce que étant mineur c'est moi qui ai toutes responsabilités légales sur toi. »

Et cette déclaration plongea dans une profonde détresse le garçon, qui lui envoya un regard estomaqué, à la frontière entre la colère et la détresse.

« Papa... S'il te plaît... Juste pour une fois, écoutes moi. » le supplia-t-il. « Je sais que c'est important de témoigner pour que ces individus ne puissent pas récidiver et faire d'autres victimes mais... Mais là c'était purement personnel, alors les civils ne risquent rien... Donc ça ne regarde que moi au final, et même si ça reste qu'entre ces murs c'est pas grave... Pas vrai ? » lui demanda l'adolescent d'une petite voix, essayant désespérément de le convaincre.

Si son père disait qu'il porterait plainte, il savait d'avance qu'il le ferait vraiment. Son seul espoir pour échapper à cette histoire était de le convaincre de laisser tomber. Et c'était loins d'être gagné...

« Shoto c'est plus compliqué que ça. Crois-moi. » tenta de lui expliquer son père en passant sa main dans ses cheveux.

Par où commencer ?

« Déjà rien ne t'affirme à cent pour cent que ces individus ne s'en prendront pas à d'autre personne pour d'autre raison. Ensuite qu'est-ce que tu cherches à éviter exactement ? Je vois bien que t'as peur et que t'appréhendes quelque chose ! Mais quoi ? »

« Rien... » démentis l'adolescent en tournant la tête.

« Shoto... » insista son père.

« Je veux pas que ça se sache... » fini par avouer le garçon.

« De quoi ? »

« Ce qui c'est passé... Je veux pas que ça se sache. Je veux pas que ça s'ébruite, et je veux que personne ne l'apprenne... Personne ni même toi. J'aurai trop honte...» expliqua-t-il faiblement, la voix de plus en plus brisée. « Alors s'il te plaît, je t'en prie, laisse tomber...! Je ferais ce que tu voudras en échange ! Je te le promet ! Je m'entraînerais tout les jours avec toi si tu veux, j'arrêterai de t'ignorer, aussi bien en vrai que par message, je... Je ferai ce qui te plaît mais ne m'oblige pas à témoigner... » l'implora-t-il, désespéré.

Endeavor mentirait si il dirait qu'il n'était pas sur le point de le faire craquer. Bien sûr il ne céderait pas pour autant, mais il avait su le mettre dans une mauvaise position et faire vibrer sa corde sensible.

« Shoto... » Commença doucement son père, « Je sais déjà ce qu'il s'est passé...» finit par lui avouer ce dernier en lui envoyant un regard triste.

En claire si c'était ça le problème il n'y avait plus grand chose à cacher.

Et cette remarque glaça le sang du plus jeune, qui afficha une mine horrifiée.

« Sors de ma chambre s'il te plaît... » finit-il par lui demander.

« Shoto... » commença à articuler presque dans un murmure le héros.

« Sors s'il te plaît... » lui redemanda son fils de plus en plus mal à l'aise, et en proie à un profond mal être.

« Non. Je ne sortirai pas, je regrette... Pas maintenant en tout cas. » resta sur ses positions le père en ne bougeant pas de sa chaise.

« Sors ! » Finit par crier le plus jeune avant de plaquer une main devant sa bouche pour se retenir de vomir.

Doté d'un certain réflexe, Enji parti chercher la poubelle et la lui tendit.

Quelques secondes plus tard, le bicolore rendit sa douleur dans un bruit peu ragoûtant.

Ce que ça pouvait faire mal de vomir l'estomac vide. Il sentait qu'il avait passé les trois derniers jours dans le cirage.

Déjà qu'il se trouvait immonde, savoir qu'en plus son propre père le savait maintenant, le poussait dans les combles de humiliation.

Il avait l'impression d'être complètement à nu devant lui, faible sale, et plus que pitoyable.

Ceci fit revenir ses pleurs et des peurs.

Et c'était insupportable.

De seconde en seconde il avait senti le peu d'estime qu'il restait s'envoler et partir en fumé.

« Comment tu... ? » ne sût même pas comment demander ça le plus petit.

« J'étais là quand on t'as retrouvé. Alors j'ai...vu. » se contenta d'expliquer le plus âgé, considérant que ça se passait assez de détail.

« Et puis il y a le rapport médicaux légal aussi. » ajouta-t-il avant de lui tendre un verre d'eau.

Il le laissa boire, et digérer un peu la nouvelle avant de poursuivre.

« Alors c'est de ça dont tu as peur...? Qu'on te juge pour ce qui est arrivé ? »

« Je veux pas que les gens sachent ce qui m'est arrivé, parce que c'est sale et humiliant... J'ai terriblement honte de ce qui s'est passé ! Honte de ne même pas avoir pu me défendre ! » expliqua-t-il en essuyant une larme qui avait coulé. « Les gens vont me dévisager... Je veux pas qu'on sache que je traîne ça... En plus je suis un garçon alors qu'est-ce qu'on va penser de moi ? ...Tout le monde va...va... »

« Ecoutes moi bien... » commença son père. « Si il y a quelqu'un qui doit avoir honte ce n'est certainement pas toi ! T'y es pour rien du tout et tout ça aurait très bien pu arriver à absolument n'importe qui d'autre ! Tu comprends ça ? Ça ne fait pas de toi quelqu'un de faible, en aucun cas ! Tout les jours, la police reçoit des plainte d'agressions sexuelle, de femme comme d'homme. Tu dois en parler Shoto si ça arrive, pas faire l'autruche, ou te terrer dans le silence ! Tu te rends compte de ce que tu viens de me demander quand même ? » essaya de lui faire réaliser son père en le prenant par les épaules.

« Mais, et... et si on se moque de moi ?! » lui demanda l'adolescent. « Et si je deviens la risée du lycée ou pire, de la ville ? Un apprenti héros même pas capable de se défendre, ça la fout mal ! Je pourrais jamais supporter ça...»

« Qui ? Qui se moquera de toi ?! » lui demanda sincèrement et sérieusement le plus âgé. « Sans compter que tu es mineur Shoto. Ton nom ne sera donné nulle part dans la presse sans ton consentement ou le miens, et crois moi que je ne suis pas prêt de le donner ! Cette histoire, ton témoignage et ton identité ne sortira pas du carde de l'enquête, et seul la police sera aux courants et y aura accès. Personne d'autre ne le saura, je te promets. » tenta de l'en rassurer son géniteur.

Bien qu'il ne semblait toujours pas terriblement emballé à l'idée de se confier sur son calvaire, il se résolut à témoigner et poursuivre ses agresseurs. De toute manière, sur ce point, Enji ne lui laissait pas vraiment le choix.

Pour lui, il était absolument hors de question de les laisser cavaler en liberté après ce qu'ils avaient fait ! Et puis quoi encore ?! C'était non négociable, même si il faudrait qu'il traîne son garçon jusqu'au poste de police !

Bien entendu il préférait ne pas avoir à en venir à de telles extrémité...

Sortant d'une de ses poches un mouchoir pour le lui tendre, il lui conseilla de se reposer un peu.

« Il vont venir tout à l'heure prendre ta déposition, enfin si tu es prêt à les recevoir bien sûr. Profites en pour dormir encore un peu, d'accord ? Ou même manger. T'as soeur ne devrait plus tarder d'ailleurs...»

Le garçon acquiesça, avant de regagner calmement sa couche et poser sa tête contre l'oreiller. Peut-être qu'effectivement un peu de sommeil en plus ne pouvait pas lui faire de mal...

Il avait toujours cette impression d'être passé sous un camion.

Bien des heures après, vers le milieu de l'après-midi, Endeavor ayant sans doute une fois de plus réussi à repousser l'échéance, un agent de police arriva. Loins de leur être inconnu, Shoto cru reconnaître l'inspecteur Naomasa.

« Enchanté Endeavor, ça faisait longtemps. » le salua l'homme avant d'incliner légèrement la tête en signe de politesse.

« De même. Je vois que ce ne sont plus les deux agents de ce matin. »

« Non, j'ai préféré prendre les choses en main personnellement. Et puis, j'ai plus l'habitude que eux avec les adolescents. » avoua le policier en lui accordant un sourire sincère avant de prendre place près du lit de l'adolescent.

« On t'as déjà raconté comment ça allait sa passer ? » lui demanda l'inspecteur avec une bienveillance naturelle dans la voix.

« Vous allez me poser des questions je suppose...» lui répondit le bicolore.

« Oui c'est à peu près ça. Je vais surtout te laisser parler et de temps en temps peut-être t'arrêter soit pour te poser des questions, soit me laisser le temps de finir d'écrire. Donne le plus de détaille que tu pourras, surtout sur le physique de l'agresseur. » lui expliqua-t-il. « Mais prend ton temps, ne te presses. D'accord ? »

Shoto hocha la tête et débuta son récit.

Il commença par raconter sa présence à la petite soirée organisée avec quelques-uns de ses camarades de classes. Soirée dans un club qui n'avait été possible que parce le lieu dit appartenait à une connaissance assez proche d'un de ses camarades. Ceci, en dépit de leur minorité, leur avait permis un passe droit.

Il n'avait pas beaucoup d'éléments à donner sur cette fête en elle même. Il y a avait de musique forte, et des boissons onéreuses et pas très bonnes... Notamment la bière. Vraiment immonde comme breuvage.

A cette déclaration les adultes ne purent s'empêcher d'esquisser un sourire tendre face à cette remarque innocente. Au moins il n'aurait pas de problème d'alcool avant longtemps.

Si le plus jeune ne comprit pas tout de suite ce qu'il y avait d'amusant dans ce qu'il venait de dire, il en fit vite abstraction et continua.

En elle même la fête avait tout ce qu'il y avait de plus basique, enfin selon le plus jeune.

Puis il leur avait expliqué qu'il avait commencé à se sentir un peu mal. Et comme le mal de tête persistait, il avait préféré s'éclipser, et rentrer à l'internat, seul, en prenant le premier métro.

Puis à partir d'ici, sa mémoire devint flou...

Il se rappelait avoir un peu marché dans la ville, puis avoir été saisit par le bras par trois types. Bien qu'il ne les avait pas vu, il se rappelait avoir entendu trois voix distinctes.

« Tu dis que tu ne les a pas vu ? » lui demanda l'inspecteur.

« Oui... Je suis désolé mais à ce moment là j'étais comme complètement dans le gaz... Je sais qu'on m'a forcé à marcher jusqu'à un endroit, mais où exactement je ne sais pas... »

« Je vois, poursuis je t'en prie. »

« Je... je sais aussi qu'on m'a trainé dans une sorte de cave, et... et j'ai sentit un grand coup dans les jambes, puis dans les côtes encore, et encore... »

Méticuleusement, l'inspecteur nota son récit, pendant que Endeavor, adosser contre la porte, bascula sa tête en arrière.

« Je sais pas combien de temps ça a duré... » avoua le garçon avant de reprendre nerveusement. « Tout ce que je sais c'est qu'à un moment ils ont fini par arrêter, puis ils ont retiré mes vêtements et... et... »

« Tu veux faire une pause mon garçon ? On a tout notre temps. » le rassura l'inspecteur.

« Nan c'est bon... » renifla Shoto.

Si il s'arrêtait il savait qu'il n'aurait jamais la force de reprendre plus tard.

« Et ils ont abusé de moi. » acheva-t-il en sentant son père respirer profondément à ce passage.

Ça y est la bombe était larguée.

Le bicolore marqua un longue pose avant de reprendre en se rappelant d'un détail.

« Mais au moins j'ai pu voir le visage de l'un des hommes... » déclara-t-il faisant ainsi relever la tête des deux autre adultes. « Enfin vaguement... Je sais qu'il a de longs cheveux blond, un peu comme Présent Mic, et des oreilles de poisson... »

« Des oreilles de poisson et des cheveux blonds ? Tu en est bien sûr ?!» lui demanda de répéter le policier.

« Oui... J'étais trop dans le cirage pour détailler avec précision son visage, ou celui des autres. Mais comme il avait des signes distinctifs assez marquant et voyant, ça m'est resté... » expliqua le garçon.

« J'ai l'impression que cette description ne vous est pas inconnu, inspecteur. » déclara Endeavor

« Je vais être honnête avec vous, je suis pratiquement sûr d'avoir déjà vu ou entendu parler d'un individu correspondant à ces traits physique dans les fichiers des délinquants de la ville. »

« Qu'est-ce qu'il foutait encore dehors alors ?! »

« Je viens de vous le dire. C'est un délinquant. Il a sans doute dû se faire arrêter et connaître du poste de police pour quelques délits mineurs ou infractions. » lui expliqua le brun.

« Ouais si mineur que ça fini sur une tentative de meurtre ! Je croyais que c'était typiquement le genre de profil qu'on gardait à l'œil ?! »

« Oui, normalement. Mais ça ne veux pas dire qu'il y a un policier qui les traces et les surveille vingt-quatre heures sur vingt-quatre sept jours sur sept pour autant. »

« Et bah c'est bien dommage, parce qu'avec des sanctions plus ferme, ou des mesures plus drastiques on aurait pu éviter tout ça ! »

« Endeavor, vous savez comme moi qu'on ne peut pas poster un policier devant la porte de chaque voleur à l'étalage... On a ni les moyens ni les hommes pour le faire. Tout les délinquants ne sont pas de futurs criminels en sursis non plus ! » lui rappela Naomasa.

« Mais c'est quand même la tranche la plus susceptible de tourner du mauvais côté ! »

« Assez... » Intervint le plus jeune, fatigué de cet échange. « Ce qui est fait et fait... Se renvoyer la faute ne sert à rien. » acheva-t-il en se tassant dans son matelas.

Prenant conscience de la situation, les deux adulte gardèrent leur différents de côté, privilégiant la poursuite du témoignage.

« Donc on en était au moment où tu l'expliquai avoir pu décrire l'un de tes agresseurs... Et ensuite ? »

« Ensuite...? Rien... Je ne me rappelle de rien du tout. J'ai sans doute dû tomber dans l'inconscience... » expliqua-t-il peu sur de lui, en caressant nerveusement son hématome autour du cou.

« Vraiment... ? Comment tu t'es fait ce bleu ? » lui demanda le policier, curieux, en désignant sa gorge.

« Avec une corde... »

« Comment le sais-tu puisque tu dis avoir été inconscient ? » poursuivit l'homme.

« Je... j'ai juste supposé... » se rattrapa le garçon en détournant le regard.

« Bien... » valida l'inspecteur avant de continuer. « Et je suppose que tu ne te souviens pas non plus avoir été emmené ni même retrouvé à la décharge ? »

La décharge...? Alors c'est là bas qu'on l'avait retrouvé ? On avait donc vraiment tenter de se débarrasser de lui... Cela resserra l'étau dans sa poitrine.

« Non... » répondit-il avec une expression qui semblait bien plus honnête qu'avant.

« Bon et bien je pense que je ne vais pas te déranger plus longtemps. » conclut l'inspecteur calmement en levant. « Je te remercie pour ton temps et de tes précieux indices. Tu as été courageux et un brave garçon Shoto. » se permit de l'appeler le policier en posant une main compatissante sur son épaule. « Repose-toi bien, je reviendrai très vite aux nouvelles.»

Le bicolore sursauta au contact. Très honnêtement il apprécierait grandement qu'on arrête de le toucher pour les prochains temps, surtout sans prévenir, comme ça. Ça le rendait malade et très mal à l'aise.

Puis il vit l'inspecteur amorcer un mouvement vers la sortie avant que son père ne choisisse de le raccompagner jusqu'à la sortie pour s'entretenir un peu avec lui.

« Il cache quelque chose pas vrai ? » lui demanda le héros.

« Je pense aussi... Mais ne cherchons pas à gratter plus que ça pour l'instant. Avec ce qu'il nous a déjà raconté, et le dossier médical fournit par l'hôpital, on a largement assez pour inculper ses agresseurs de tentative de meurtre, séquestration et agression physique et sexuelle sur mineur. Alors il est inutile de vouloir chercher à le faire avouer à tout prix dans l'immédiat. Si il a besoin d'intérioriser certaines choses, laissons-le. » lui conseilla l'inspecteur. « Oui, laissons lui le temps de digérer, et préserver sa dignité de cette manière, si ça le rassure. C'est son droit. »

Enji hocha la tête et acquiesça.

« Je veux être le premier informé dès que vous aurez la main sur cette ordure. »

« Ce ne serait pas très professionnel, mais comptez sur moi. » lui promit l'inspecteur avant de s'en aller et disparaître dans le couloir.