Pendant une fraction de seconde Draco l'avait vu, cette expression froide. Plus froide que la glace. Plus froide encore que celle de son père dans ses mauvais jours. Plus froide encore que celle de son Seigneur. Il l'avait vu, encore.
Puis une seconde plus tard, elle avait disparu. Une expression chaleureuse étira doucement ses lèvres dans un sourire amusé et le coin de ses yeux formèrent quelques rides. Un gloussement lui échappa. Mais pour Draco, rien de tout cela importait à ce moment-là.
Il donnait l'impression à tous de fixer la plante qui tirait les cheveux de son ami. Mais Draco qui se trouvait face à lui savait parfaitement que ce n'était pas ce qu'il regardait. C'était lui, qu'il regardait. Son expression était chaleureuse, mais son regard était froid, glacial, mortel. Non pas mortel dans le sens agressif ou assassin, mais bel bien dans le sens où son regard semblait tout simplement mort, sans aucune vie.
Soudain, le contact visuel fut rompu et au léger halètement de Nott à sa droite, il comprit qu'il subissait apparemment la même inspection que lui quelques secondes auparavant. Discrètement, il attrapa la main de son ami d'enfance. Il tremblait, Draco aussi tremblait. Ils avaient peur. Ils étaient terrifiés. Ils tentaient vainement de se donner un peu de réconfort mutuel à travers ce geste enfantin. Il fixait désormais leur doigts entrelacés et tremblant.
A ce moment-là, plus rien n'était plus terrifiant que son regard indescriptible. Draco était persuadé qu'à ce moment-là, s'il y avait un Epouvantard devant lui, ce dernier ne prendrait ni l'apparence du Seigneur des Ténèbres, ni celle du cadavre de sa mère et encore moins sa peur enfantine du monstre sous son lit qui hantait autrefois ses cauchemars. Non, il était persuadé que ce serait cette paire d'yeux hypnotique mais dangereuse qui apparaitrait en face de lui.
Puis soudain, tout cela cessa. Il retourna à sa discussion avec ses amis. Son regard se troubla et moins d'une seconde plus tard, il paraissait à nouveaux des plus vivants. Mais Draco le savait maintenant, tout comme son ami Nott. Cette image qu'il revoyait n'était qu'une couverture, un faux semblant.
Désormais, il comprenait pourquoi il ressentait parfois ce froid le prenant aux trippes lorsqu'il le chahutait de temps en temps dans les couloirs. C'était ce que renvoyait sa magie, le reflet de son âme. Froide, comme un cadavre.
Voldemort insinuait la peur à travers la torture, les menaces et ses écrasantes démonstrations de magie brute. Dumbledore faisait ressentir sa supériorité en prouvant à ses interlocuteurs qu'ils ne pouvaient rien lui cacher, qu'il savait tout. Jamais quelqu'un ne pourrait comploter contre lui, tout simplement parce qu'il le saurait certainement avant même que le traître en prenne lui-même la décision.
Mais lui, il n'avait pas besoin de tout cela. Draco ne savait même pas pourquoi il avait peur. Il ne lui avait jamais fait peur avant, ou alors jamais de cette façon. Il n'y avait pas eu de menace, pas de torture, pas de chantage, pas d'omniscience, pas de coup dans le dos, même pas de conversation. Pourtant Draco le savait, le sorcier le plus dangereux à l'heure actuelle et certainement pour les cent prochaines années, c'était lui.
Il croisa le regard de Nott et d'un simple hochement de tête ils surent qu'ils étaient d'accord. Ils devaient voir le directeur. Ils rejoindraient dès ce soir la résistance de Dumbledore. Parce que Voldemort ne gagnerait jamais contre le pion de ce dernier. Jamais il ne perdrait cette guerre. L'issue en avait été décidée avant même qu'elle ne commence.
Harry Potter serait le vainqueur, encore et toujours.
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Fin.
J'espère que ce petit OS vous aura plus, c'est le premier que j'écris. Je me suis dit que plutôt de me lancer encore une fois dans une histoire longue que je ne finirai et ne posterai jamais. Autant commencer soft, avec un OS
Schum :)
