Cette histoire a trainée pendant très longtemps dans un de mes carnets. J'ai profité du weekend pour la taper sur l'ordi. J'ai fait quelques modifications mais ça reste proche de la manière dont j'avais laissé ma main me guider. Tout ça pour dire que ça peut paraitre un peu "brut" comme texte.

Comme indiqué dans le résumé, ça se passe au moment ou Castle quitte l'appartement de Kate dans le dernier épisode de la saison 4.

Bonne lecture

Edit : je tiens à préciser que Kate est dans un état émotionnel bien particulier dans cet épisode. Beaucoup ont détesté qu'elle rejette Castle à ce moment-là mais n'oublions pas que même si ses intentions étaient nobles, il n'en reste pas moins qu'il a lui aussi menti et sur quelque chose d'important. Or la plupart en veulent à Beckett pour son mensonge mais louent celui de Castle.

Pour moi, un mensonge reste un mensonge. on ne peut pas reprocher à quelqu'un de mentir quand on fait la même chose.


« J'en ai fini. »

Kate le laissa partir sans même faire un geste pour le retenir. À quoi bon de toute manière ?

Ses pensées se bousculaient dans sa tête. Elle avait beau réfléchir, elle n'arrivait pas à comprendre comment la situation avait dégénérée. Après des semaines de tensions, des semaines à se demander pourquoi il s'éloignait, Kate avait eu l'impression que les choses rentraient dans l'ordre.

Depuis l'affaire des zombies, son partenaire était redevenu lui-même. Il la regardait à nouveau avec chaleur. Avec cette étincelle dans les yeux qui lui avait tant manqué. De son côté, Kate se sentait enfin prête. Prête à lui parler, à leur donner une chance. À faire tomber les barrières qui la retenaient encore. Seulement, une fois de plus tout lui avait exploser à la figure. À croire que le destin, si l'on croyait en une telle chose évidemment, avait un cruel sens de l'humour.

Si Kate était honnête avec elle-même, le fait que Castle ait appris qu'elle lui avait menti ne l'étonnait pas. Depuis son changement de comportement, cette hypothèse lui avait traversé l'esprit plus d'une fois. Kate avait pourtant dit à Lanie qu'elle ne savait pas du tout pourquoi il agissait ainsi. Néanmoins, une partie d'elle n'avait jamais réussi à s'ôter l'idée que d'une manière ou d'une autre il avait compris. Au moins était-elle fixée maintenant.

La lieutenante comprenait sa colère. L'apprendre de sa bouche alors qu'elle parlait de son traumatisme à un suspect n'avait pas dû être agréable. De toute évidence sa colère l'avait aveuglé et il avait sauté aux conclusions. Il s'était persuadé qu'il n'y avait qu'une raison pour laquelle elle aurait menti, elle ne l'aimait pas. Elle-même aurait surement sauté à la même conclusion si les rôles avaient été inversés.

Ce qu'elle avait du mal à digérer en revanche était le fait qu'il ait simplement décidé de s'éloigner sans rien dire et pire encore qu'il se soit mis en tête de la blesser pour se venger. D'abord avec son hôtesse de l'air, puis avec Slaughter. Qu'il soit en colère oui, mais elle ne pensait pas qu'il puisse agir avec autant de méchanceté.

Bien sûr si Kate n'avait pas menti, rien de tout ça ne serait arrivé. Elle savait que mentir n'était pas la bonne solution. À sa décharge, ce n'était pas censé durer aussi longtemps. Ce ne devait être que pour quelques jours. Le temps de mettre ses pensées en ordre. Rapidement pourtant, la situation lui avait totalement échappée. La douleur, la peine, la peur puis les crises de paniques. Tout tournait dans sa tête à ce moment-là et elle n'avait pas réussi à gérer l'afflux d'émotion.

Combien de fois avait-elle pris son téléphone, le doigt prêt à appuyer sur le raccourci de Castle. À chaque fois elle s'était rétractée. Elle n'en était pas fière, mais la peur avait pris le dessus. Encore une fois.

Quand elle était revenue en ville, Kate avait hésité à tout déballer sur les balançoires, mais elle n'était pas prête à cette époque à avoir cette conversation avec lui. C'était une des raisons qui l'avait poussée à retourner voir Burke. Depuis, elle avait travaillé dur pour être enfin capable de donner à Castle ce qu'il méritait. Pour être à la hauteur des sentiments qu'il lui portait. Elle voulait être plus que la mort de sa mère, plus que ses cicatrices. Plus que tout, elle voulait apprendre à vivre malgré la peur toujours présente que quelqu'un vienne achever le travail commencé en mai dernier.

Mais ce soir, Kate avait l'impression que Castle venait juste de rouvrir la blessure à sa poitrine. Par la seule force de ses mots. En apprenant qu'elle lui avait menti, son partenaire avait tout fait pour la blesser. Et à présent elle apprenait qu'il n'avait pas été plus honnête. Il avait même l'audace de s'attendre à ce qu'elle accepte son mensonge sans broncher. S'il pensait qu'il suffisait de lui dire qu'il l'aimait pour que Kate passe au-dessus de sa trahison, il se trompait. Elle n'arrivait pas à passer le fait qu'il la jugeait pour ses actes tout en agissant de manière semblable.

Il voulait la protéger et une part d'elle était touchée par ce geste. Ça ne suffisait pas pourtant. La colère qu'elle ressentait étouffait tout autre sentiment. Pendant huit longs mois, il avait délibérément gardé des informations sur le meurtre de sa mère. Des informations qui auraient pu l'aider à retrouver et arrêter l'homme qui avait commandité l'assassinat de sa mère. Sans oublier la tentative à son encontre. Comment Castle avait-il pu croire qu'elle accepterait d'écouter ses justifications ? Comment pouvait-il croire qu'elle ne réagirait pas en apprenant qu'elle était protégée depuis tout ce temps ! Il avait décidé de faire un choix la concernant, un choix concernant sa vie sans l'en informer. Ne voyait‑il pas pourquoi Kate était en colère ? Elle venait de passer près d'une année à croire qu'elle avait une cible dans le dos. À croire qu'elle mettait potentiellement en danger ses amis, son père, les Castle.

Durant l'enquête sur le sniper, Kate avait manifesté des symptômes évidents de SSPT. En dépit de ses efforts pour faire croire qu'elle allait bien, personne n'avait été dupe. Castle y compris. Il avait vu qu'elle sombrait et qu'elle n'allait pas bien. Pourtant il n'avait rien dit. Il l'avait laissé se débrouiller toute seule.

Dire qu'elle l'avait remercié de lui avoir laissé de l'espace. Tout ce que Kate voyait à présent, c'était que son partenaire l'avait laissée combattre seule ses démons. Il l'avait laissé croire que le sniper reviendrait pour elle alors qu'il n'en était rien. Comment pouvait-il justifier ce choix au nom de l'amour qu'il lui portait ? Ce n'était pas une excuse.

Quelle ironie ! En le voyant s'éloigner sans raison apparente, Kate s'était sentie anéantie. C'était forcément sa faute. Elle avait attendu trop longtemps, elle n'en valait pas la peine. Il l'avait fait se sentir plus bas que terre, aussi bien par ses actions que par ses mots. Mais qui était-il pour la juger de la sorte ? Qui était-il pour la rabaisser, l'humilier même, la faire souffrir consciemment... au final en quoi était-il mieux qu'elle ? Il ne lui avait laissé absolument aucune chance de s'expliquer. Il l'avait puni par le silence. Et maintenant que c'était à son tour de voir son secret exposer, il voulait que Kate l'écoute, le comprenne. Mais c'était trop tard pour ça.

Kate se sentait trahie. Elle avait confiance en lui. À présent, elle ne savait plus que penser. Peut-être était-ce mieux qu'il soit parti. Malgré ses beaux discours, il était évident qu'il ne tenait pas à elle comme il le prétendait. Sinon il n'aurait pas agi de la sorte. Plus encore, il ne voudrait pas qu'elle tourne le dos maintenant alors qu'ils tenaient enfin une piste sur le sniper. Castle lui avait promis de l'aider à faire tomber l'homme qui avait brisé sa vie. Pourtant il avait décidé de trahir cette promesse sans une once d'hésitation. Une première fois il y a huit mois en se taisant. Ce soir, en partant.

Il avait fait son choix, à elle d'en faire de même.

Kate comptait bien poursuivre l'enquête. Elle attraperait l'enfoiré de première qui avait logé une balle dans sa poitrine. Elle retrouverait ensuite l'homme responsable de tous ses meurtres, de la mort brutale de sa mère. Si Castle ne voulait plus faire partie de sa vie, soit, c'était son choix. Elle s'en sortait avant qu'il ne s'immisce dans sa vie. Il n'y avait aucune raison qu'elle ne puisse plus.

Dire que c'était lui qui avait commencé tout ça. Castle avait fourré son nez dans l'affaire pour lui‑même. À cette époque, tout ce qu'il cherchait c'était la mettre dans son lit. Il pensait y arriver en résolvant l'affaire pour elle. Kate l'avait mis en garde. Elle lui avait intimé de ne rien faire. Lui avait expliqué ne pas aimer qui elle devenait, mais cela ne l'avait pas arrêté pour autant. Non, les désirs de Richard Castle passaient avant le reste.

Il voulait se persuader qu'il était indispensable. Il ne l'était pas. Il voulait l'empêcher de résoudre l'enquête, celle de sa mère. Il ne comprenait pas. Il la jugeait. Parce qu'elle ne laissait pas les gens entrer. Parce qu'elle ne s'était pas jetée dans ses bras à son réveil l'hôpital. Comme s'il n'y avait rien d'autre qui comptait. Comme s'ils ne s'étaient pas disputés, comme si son capitaine ne venait pas de mourir, comme s'il n'y avait pas Josh au milieu de tout ça. Comme si Kate n'était pas dans un lit d'hôpital avec un trou dans la poitrine, une incision au niveau du flanc et des côtes cassées.

Il avait ouvert cette enquête pour lui-même, incitant de fait Kate à replonger dedans. Et maintenant qu'ils pouvaient enfin avancer, il lui demandait d'abandonner. Pour lui. Kate ne pouvait pas. Elle avait bien trop sacrifié pour abandonner. Trop de personnes étaient mortes pour qu'elle accepte de laisser tomber. Alors oui, peut-être signait-elle son arrêt de mort. C'était probablement de la folie, Kate en avait conscience. Mais plus rien ne l'arrêterait.

Elle avait passé une année à avoir peur. Une année à ne rien faire pendant que l'homme qui l'avait prise pour cible était dehors. Il était temps que ça change.