Disclamer : Rien ne m'appartient
Titre : Unrestrained
Auteur : Lizzy0305
Traducteur : Ange Phoenix
Bêta : Antidote
Résumé : Après la guerre, Harry pensait mener une vie parfaite avec Ginny tout en devenant Auror. Mais la magie de Snape devint instable et soudain, Harry devait constamment être à la baguette d'un homme qui le détestait dans ses meilleurs jours. Les choses commençaient à changer et il allait bientôt devoir réaliser qu'il y avait quelque chose qu'il désirait plus que cette vie parfaite.
Autorisation : J'ai l'autorisation de l'auteure pour cette fanfiction
Unrestrained
Chapitre 1
Le chaos était partout. Des personnes confuses marchaient dans le Parc, de corps en corps, des noms étaient criés dans l'obscurité comme des cris de renards. La plupart du temps, aucune réponse ne venait. Les gens pleuraient. Il n'y avait plus de camps. Les Mangemorts, les nés-moldus, les sangs-purs, les membres de l'armée de Dumbledore ou de l'Ordre du Phénix étaient tous les mêmes aux yeux des médicomages et de la Mort. Il était naturel que, quel que soit le camp dans lequel ils s'étaient battus — une mère pleurait pour son enfant, un frère pour son frère, des enfants pour leurs parents —, la Mort les rendait tous égaux à la fin.
Harry Potter regarda autour de lui, les yeux fatigués à la recherche de ses amis. Il remarqua un groupe non loin de là, quelques personnes aux cheveux roux mélangées à d'autres se tenaient en cercle au milieu de toute la poussière et la saleté. Derrière eux, le château en feu donnait une image horrible. Au moins, les cris s'étaient tus.
Il s'y dirigea, rejoignant le groupe entre Hermione et Ginny. Les deux filles lui avaient donné une place et maintenant il était l'un des leurs et ils se tenaient debout sans but. Harry, Ron et Hermione échangeaient parfois un regard, mais sinon ils étaient silencieux. Il y avait beaucoup de choses à digérer, beaucoup de choses s'étaient passées au cours des deux dernières heures.
La guerre était terminée, mais au lieu d'être heureux, ils ne ressentaient rien. Il y avait une étincelle en Harry, il voulait voir le bon côté des choses, il voulait regarder autour de lui et penser, enfin, « nous avons vaincu Lord Voldemort », mais lorsqu'il regardait sa maison et les tas sombres sur le sol qui pouvaient être des amis ou des gens qui étaient autrefois des ennemis, tout ce qu'il ressentait était de la peur. Il avait peur de voir les visages des morts, peur de lire la liste qui s'allongeait de plus en plus, car il savait qu'il y aurait trop de noms familiers.
Il était cependant reconnaissant que personne sur la liste ne porte le nom de Weasley, Granger ou Londubat. Il n'y avait pas non plus de McGonagall, même si elle était blessée. Un médicomage avait dit que sa claudication disparaîtrait bientôt.
Le professeur Flitwick s'était précipité à travers le Parc, courant avec ses petites jambes vers les portes principales, mais pour quelle raison Harry ne le savait pas. Hermione tressaillit à côté de lui, comme si elle voulait le suivre, mais qu'elle changeait d'avis au dernier moment.
Soudain, des voix fortes interrompirent la nuit tranquille. Elles venaient du château et bientôt Harry put même voir à qui elles appartenaient. Un groupe de professeurs, mené par le directeur, était sorti du bâtiment. Ils étaient au moins onze, et tous avaient leur baguette à portée de main. Snape les menait au milieu du Parc, le pas ferme, le visage sans expression.
Ils s'arrêtèrent à quelques mètres du groupe de Harry et Snape leva sa baguette. Son arrêt fut si soudain que sa cape s'était enroulée autour de son corps.
« À trois ! » Il donna l'ordre, puis il commença à compter. « Un — deux — trois ! »
Lorsqu'il prononça le dernier chiffre, dix baguettes furent levées vers le ciel et des fils blancs de magie émanèrent de leur extrémité. Hermione sursauta lorsque le chant profond et serein frappa son oreille, et Harry put comprendre pourquoi. Le son mélodique comme la chanson de Fumseck apportait de la joie à son esprit, il le réchauffait du fond du cœur.
Les professeurs se mirent en mouvement, tous avaient les yeux fermés et pourtant ils ne se heurtaient pas les uns aux autres. C'était comme si la lumière blanche les menait là où ils devaient être. Snape était le seul membre immobile du groupe, mais lui, contrairement aux autres, ne lançait encore aucun sort. Harry se demanda ce qu'il attendait, puis il commença à voir le schéma. Les professeurs s'étaient organisés autour de Snape de façon à ce qu'il se trouve en plein milieu de leur cercle.
Hermione sortit sa baguette et murmura : « Venez, aidons-les », et elle partit déjà du côté de Harry. Il la suivit, ainsi que Ron, et bientôt tout le groupe de Harry se retrouva parmi les professeurs, ne sachant pas encore très bien quoi faire.
Hermione fut la première à pointer sa baguette vers le ciel, et Harry se demanda comment elle pouvait savoir quel sort chanter, alors qu'il ne comprenait même pas encore ce qui se passait. Cependant, au lieu d'ouvrir la bouche, Hermione ferma les yeux et toucha l'épaule de Slughorn. Un instant plus tard, le fil blanc de la magie jaillit également de sa baguette.
Lorsque Ginny toucha le coude d'Hermione et imita tout ce qu'elle avait fait, sa baguette s'anima elle aussi, et bientôt, les autres garçons Weasley rejoignirent le cercle, ainsi que Neville et Dean. Et finalement, une fois que le rayon blanc jaillit de leurs baguettes, ils se déplacèrent — consciemment ou inconsciemment — pour faire face à Snape.
Soudain, le professeur Flitwick rejoint lui aussi le cercle, et Harry comprit pourquoi il était parti. Le professeur Chourave était sur ses talons, courant aussi vite qu'elle le pouvait. Elle entra dans le cercle, la baguette déjà levée, les yeux fermés, la bouche ouverte pour lancer la même série de sorts que les autres. Cependant, tout à coup, le sort changea d'une manière ou d'une autre, et Harry découvrit qu'il y avait un faible courant sous-jacent, un autre sort, murmuré seulement, pas aussi fort que la voix de McGonagall ou de Bine, mais il était là.
Harry fit le tour du groupe jusqu'à ce qu'il découvre la source. Il n'avait pas eu à s'éloigner beaucoup. Il trouva le directeur à quelques mètres seulement sur sa gauche, les yeux fermés, psalmodiant presque en transe. Le sort qu'il prononçait était complètement différent des autres charmes, plus profond et un peu moins rythmé, et pas aussi doux non plus. Si les autres étaient la pluie, la voix de Snape était le tonnerre et pourtant, ensemble, les deux sortilèges créaient une harmonie et une unité.
Le cercle autour de Snape (et maintenant autour de Harry aussi) avait changé une fois de plus. Il y avait du mouvement devant et de chaque côté d'eux, et en regardant derrière lui, Harry se rendit compte que McGonagall venait de faire quelques pas sur le côté pour se trouver juste derrière Snape.
Elle tendit sa main libre et toucha une épaule. C'était celle de Ron qui, en réponse, tendit également une main et toucha le bras d'Angelina. Elle aussi réagit de la même façon et bientôt Harry se retrouva au centre d'un groupe fermé. Tout le monde était lié à quelqu'un, sauf Snape, qui se tenait au milieu et psalmodiait son propre sort, toujours différent, mais parfaitement aligné avec les autres.
Devant eux, la couleur du sort provenant de la baguette de Flitwick changea et devint d'un bleu océan. À la droite de Harry, le jet de lumière blanche de Chourave brillait maintenant d'un jaune doré, et Harry se tourna vers Slughorn, également à sa gauche, sachant à quoi s'attendre. Sa lumière verte se joignit dans le ciel à la lumière cramoisie de McGonagall, puis aux deux autres et enfin, la baguette de Snape s'anima également.
Le sort qui sortit de sa baguette était un mélange de toutes les couleurs, entrelacées et enchevêtrées, se tordant et tournoyant les unes autour des autres, et finalement Harry comprit ce qu'ils faisaient. Lui aussi leva sa baguette et la dirigea vers le ciel noir. Il ferma les yeux et laissa la magie prendre le contrôle.
Il sentit son bras bouger, se lever tout seul et il attrapa le bras de Snape à l'aveuglette. L'homme ne réagit pas, mais instantanément, la magie jaillit de la baguette de Harry, de la même couleur que celle du directeur. Harry pouvait sentir la puissance sauvage et brute qui le traversait, c'était un choc pour chaque cellule de son corps. Si les gens autour d'eux étaient la pluie, et la voix grave de Snape le tonnerre, ceci était l'éclair et le secouait au plus profond de lui-même. Pourtant il savait que c'était la bonne chose à faire, qu'il devait être là, pour faire ça.
C'était un moment exaltant. La réalité semblait inexistante, alors qu'elle était là en même temps et Harry pouvait en ressentir chaque nanoseconde. Il y avait quelque chose de magique dans une unité comme celle-ci, mais quelque part au fond de lui, il ne comprenait pas complètement ce à quoi il venait de prendre part.
Leur magie — celle de Snape et la sienne — avait changé de couleur et était devenue d'un blanc éclatant et aveuglant. Il pouvait la voir à travers ses yeux fermés, et pourtant il pouvait tout voir, tous les participants qui exécutaient l'ancienne magie, tous les visages tournés vers le ciel, toutes les baguettes crachant de la magie. Il était à l'extérieur du cercle et à l'intérieur aussi. Il était seul et rejoint par vingt autres personnes. Il pouvait sentir sa propre magie, l'immense puissance qu'elle dégageait en s'élevant vers le ciel, et en même temps, il pouvait sentir la magie de Snape aussi — il ne comprenait pas comment il savait que c'était celle du professeur, mais c'était la sienne, si unique, électrique, sombre, indomptée, presque effrayante, tout comme l'homme lui-même.
Ils se turent en même temps et Snape tituba contre lui. Il y avait un gigantesque dôme au-dessus de leurs têtes, qui vibra encore quelques secondes avant de disparaître, même si Harry était certain qu'il était juste invisible et non effacé.
« La magie de Poudlard a été restaurée. » annonça Snape, la voix rauque. Il se racla la gorge et se redressa, se tournant vers les professeurs et les enfants qui s'étaient rassemblés autour de lui. « Les flammes vont s'éteindre d'ici quelques minutes et le château va commencer à guérir. Cependant, il y a encore beaucoup à faire. »
Les professeurs acquiescèrent, puis s'éloignèrent solennellement comme s'ils avaient préalablement convenu de ce qu'il leur restait à faire. McGonagall tapota l'épaule de Snape avant de partir elle aussi et de disparaître parmi les autres.
Snape continua comme si de rien n'était. « Granger, Lovegood », appela-t-il, et Hermione se redressa. Luna s'avança également. « Vous serez en charge des potions » dit Snape. « Prenez tous ceux qui sont un tant soit peu doués pour la préparation des potions. Commencez à travailler sur tout, de la potion calmante au baume de guérison, tout ce qui vous semble utile. Utilisez la classe de potions, les ingrédients devraient déjà y être, les chaudrons sont sortis. Le professeur Slughorn a laissé sa salle de stockage privée ouverte pour vous, mais la mienne est également à votre service. Elle se trouve juste à côté de la salle de classe, la porte est ouverte. Si vous avez besoin d'autre chose, le professeur Slughorn se fera un plaisir de vous aider. »
Hermione et Luna acquiescèrent, puis se s'empressèrent de partir en discutant déjà des personnes à emmener. D'autres élèves, qui traînaient sans but, les rattrapaient dans l'espoir qu'ils pourraient les aider.
« Weasley, Weasley, Chang », continua Snape pendant ce temps, et les personnes citées s'avancèrent. Ginny et Ron avaient tous deux une expression sérieuse sur leurs visages tachés, mais Cho semblait effrayé. « Je veux que vous rassembliez un groupe de vingt personnes ou plus et que vous aidiez à transporter les blessés jusqu'à l'école. Si cela peut vous aider, utilisez les balais et travaillez en équipe. Madame Bibine devrait bientôt arriver avec eux. Les professeurs et les membres de l'Ordre sont déjà dehors à examiner les blessés et à coder leur état par couleur. Vert pour les blessures mineures, amenez-les à la Grande Salle, orange pour les blessures graves, mais pas mortelles, elles doivent être transportées dans les salles de classe inutilisées à côté de la Grande Salle. Rouge : mort imminente sans aide immédiate, ils vont directement à l'infirmerie. Laissez ceux qui ont la lumière blanche. »
Harry regarda derrière Snape et vit que l'homme ne mentait pas. Partout sur le terrain, de plus en plus de petites lumières apparaissaient, scintillant dans la nuit. Leurs couleurs étaient difficiles à distinguer à cette distance, mais Harry semblait distinguer beaucoup de blanches. Il se demandait ce qu'elles signifiaient.
« Londubat, Finnigan, Weasley, prenez deux autres élèves et allez directement dans les serres. Nous avons besoin de Griffe du Diable, d'écorce de saule blanc, de feuilles d'Aquamin, de toute plante qui pourrait aider à soulager la douleur. Londubat saura, vous pouvez tous lui demander. Apportez ce que vous trouvez à l'infirmerie et demandez à Granger ce dont elle a besoin. »
Fred acquiesça, puis chercha son jumeau. « Je vais chercher George. Nous connaissons un bon endroit pour trouver des champignons. C'est incroyable pour soulager la douleur. »
« Parfait » dit Snape, « Firenze et les centaures vous attendent à la lisière de la forêt pour vous aider. Hagrid y est déjà. »
Fred se retourna et disparut lui aussi, emportant avec lui les dernières personnes présentes. Avant que Harry ne puisse les rejoindre, Rogue poursuivit sans même le regarder : « Potter, vous allez venir avec moi. »
Il se mit en route, ses longues jambes traversant le Parc tandis qu'Harry avait du mal à le suivre. « Qu'est-ce qu'on fait monsieur ? »
Snape s'arrêta et Harry le percuta presque. Quand il leva les yeux, Snape le fixait, quelque chose d'étrange brillait dans ses yeux noirs.
« Les lumières blanches, M. Potter », dit-il alors lentement, le ton tombant à un chuchotement alors qu'il indiquait d'un geste du bras la myriade de petites lumières éparpillées dans l'enceinte de l'école, « sont les morts. Nous allons aider à rassembler leurs corps, quelle que soit leur alliance, et les transporter près de la tombe de Dumbledore. Le professeur McGonagall et quelques fonctionnaires du ministère nous attendent. »
Il se mit en route, mais les jambes de Harry se figèrent dans le sol. Snape ne pouvait pas lui demander ça. N'importe quoi, mais pas ça. Comment pouvait-il l'aider dans une telle tâche ? Porter les morts ? Voir les visages de tous ceux qui avaient été perdus parce qu'il avait échoué ? Snape faisait-il ça pour humilier Harry ? Pour lui montrer sans mots à quel point il avait mal agi, combien il leur avait coûté de gagner la guerre ? Pour démontrer que la victoire de Harry sur Voldemort n'était rien de plus qu'un éclair dans le feu brûlant de la bataille ?
« Venez maintenant », la voix douce de Snape s'éleva de plusieurs pas en avant et, comme en transe, Harry bougea enfin. Il fixa son regard sur l'horizon sombre et rattrapa son retard. Il y avait quelque chose qui brûlait au fond de son ventre : la honte, la peur, la colère, un mélange de tout cela. Ce n'était pas seulement contre Snape qu'il était en colère, mais contre lui-même aussi. Pourtant, c'était Snape qu'il voulait arrêter et lui dire qu'il ne voulait pas faire ça. Comme le jeune homme de onze ans qu'il était lorsqu'il s'agissait de faire ses devoirs, il voulait juste balayer tout ça, profiter de la journée et oublier tout ça, mais il ne pouvait pas — pas maintenant.
Au fond de lui, il comprenait que sa tâche était l'une des plus importantes, mais ses mains tremblaient. Une sueur froide perlait sur son front, malgré la chaleur ambiante.
Snape ne lui avait pas laissé l'occasion de se retourner. Il imposa un rythme rapide qui ne laissa pas Harry se décourager et il suivit l'homme docilement. La cape noire qui flottait à chaque pas du directeur fascinait Harry. Son ondulation rythmique lui apportait la sérénité jusqu'au moment où Snape s'était finalement arrêté et la soie noire s'était enroulée autour de son corps comme une fine couverture.
Il y avait quelqu'un allongé sur le sol, immobile. Au-dessus de leurs têtes, la lumière blanche s'estompait lentement. Harry reconnut le corps. C'était une Serdaigle, championne au jeu des Bavboules, une année en dessous de lui. Elle n'avait que dix-sept ans.
Il sentit cette inconfortable sensation de brûlure se transformer en une fosse ardente d'enfer éternelle qui rongeait son corps de l'intérieur. Il regardait le dos de Snape, implorant silencieusement l'homme de le laisser partir, de le renvoyer, mais redoutant que Snape ne remarque sa faiblesse et ne se moque de lui. La respiration devenait de plus en plus difficile jusqu'à ce que Harry ne puisse plus prendre que de petites respirations superficielles qui lui donnaient le vertige.
Snape se retourna à moitié, et Harry ne se souciait même plus d'être remarqué et certainement ridiculisé.
Cependant, Dieu merci, Snape s'arrêta à mi-chemin de son tour et dit simplement : « Concentre-toi, Potter », puis il s'avança vers un autre corps, le visage masqué par les ténèbres.
Harry fixait toujours la jeune fille du collège, Clarice, croyait-il, sans savoir quoi faire. Il ne pouvait pas s'enfuir, mais rester ne semblait pas être une option non plus. Il avait l'impression que quelqu'un lui avait jeté un sort pour qu'il ne puisse plus bouger. Ses membres étaient comme des pierres attachées à son corps.
Il leva la tête et son regard rencontra les yeux sombres de Rogue. Il était indéchiffrable et ne transmettait ni pitié, ni haine, ni même mépris. Snape attendait simplement qu'il accepte la tâche cruelle qu'il lui avait confiée.
Le jeune homme prit une profonde inspiration et s'endurcit. Regardant le directeur dans les yeux, il lança le sort « Locomotor ».
La première fois avait été la plus difficile, mais plus ils passaient non loin de la lumière blanche, plus c'était facile — bien que facile ne soit toujours pas un mot que Harry aurait préféré utiliser. C'était insupportable, mais il fallait le faire.
Ils transportèrent chaque corps près de la tombe de Dumbledore où les fonctionnaires du ministère les identifièrent et envoyèrent des hiboux aux proches. Puis les morts furent recouverts et, une fois de plus, transportés à la morgue de Ste Mangouste.
Le jour se levait lorsqu'ils terminèrent. Bien que Snape ne se soit jamais éloigné de lui de plus d'un mètre, Harry ne s'était jamais senti aussi seul auparavant. C'était à cause de Snape et la passion brûlante de la haine le poussait à aller de corps en corps. Même à des moments où au moins cinq personnes vivantes étaient autour de lui, il se sentait tout aussi seul.
Il ne savait pas trop d'où lui venait ce détachement, mais il y trouvait quelque chose d'intéressant. Plus il passait de temps avec les morts, moins les vivants le dérangeaient. Même la présence de Snape qui le mettait mal à l'aise n'était plus qu'un simple pincement.
Les joues de Snape étaient rougies par les montées et descentes des nombreuses collines autour de Poudlard. La sueur faisait briller son visage au soleil levant. Il avait été silencieux toute la nuit, ne parlant que lorsqu'on lui adressait la parole. Il n'avait pas aboyé d'ordres, n'avait pas raillé Harry comme il le faisait auparavant. C'était peut-être sa façon de rendre hommage à ceux qui étaient tombés, ou peut-être écoutait-il sans bruit les morts raconter leur fin.
Finalement, au moment où Harry pensait que le monde devait se taire et pleurer tous les morts de la nuit précédente, ce fut le contraire qui se produit. De plus en plus de gens étaient venus. Il n'y avait pas que les survivants de la bataille qui étaient à Poudlard, mais aussi des gens qui avaient combattu ailleurs et qui venaient rejoindre leur famille et leurs amis. Des médicomages et des sorciers, le Prophète, des civils, Madame Rosmerta et tous les autres de Poudlard étaient venus.
La tristesse, comme la brume matinale, disparut de leurs cœurs et ils semblaient bavarder comme les oiseaux qui se réveillaient. Ils semblaient tous plus heureux, comme si le nouveau jour leur avait fait comprendre que la guerre était vraiment terminée.
Tous, sauf un. Il se tenait à côté de la tombe de Dumbledore, grand avec son long nez en bec de faucon. Ses doigts se posaient délicatement sur la pierre froide et il fixait la tombe comme s'il attendait que l'homme à l'intérieur se lève maintenant que le danger était écarté. Un sixième sens dut indiquer à Snape qu'il était observé, car il leva soudain les yeux vers Harry et l'expression étrange et triste de son visage disparut.
Le premier réflexe de Harry fut de se détourner, mais il décida de ne pas le faire. Au lieu de cela, il se dirigea vers Snape et lui demanda d'une voix calme : « Pourquoi m'avez-vous choisi pour vous aider ? »
Son ton était plein de reproches, et il n'avait même pas la force de le cacher. La nuit avait été incroyablement éprouvante, pas seulement physiquement, mais aussi émotionnellement. Il se sentait fatigué comme s'il n'avait pas dormi depuis un an, mais Snape avait la même mine.
En fait, il était loin d'être aussi fatigué. L'homme semblait presque à moitié mort lui-même. L'année écoulée l'avait épuisé et maintenant qu'ils étaient plus proches, à la lumière du soleil levant, Harry pouvait le voir clairement.
Snape ne s'était pas offusqué de la question qui, à elle seule, aurait dû indiquer à Harry à quel point l'homme était fatigué. Il n'avait même pas répondu, mais s'était détourné et Harry avait cru un instant que ce serait fini, mais Snape s'était arrêté et avait regardé derrière lui par-dessus son épaule.
« Parce qu'une tâche comme celle-ci briserait n'importe qui — sauf peut-être... vous. »
Harry resta perplexe, debout au sommet de la colline près de la tombe de Dumbledore. Après toutes les émotions contradictoires de la journée, du bonheur et du soulagement de la victoire à la tristesse et à la colère de la défaite, c'était ça qui faisait déborder le vase et il sentit les larmes lui brûler les yeux. Ce n'était pas le presque compliment de Snape, mais tout le reste qui le faisait pleurer.
Il ne pouvait pas dire si Snape avait remarqué ce qui se passait derrière lui, mais Harry n'en avait cure. Il avait gagné le droit de pleurer, se dit-il, et de ne pas avoir honte d'être vu. Des larmes chaudes coulaient sur son visage, mais il ne quittait pas Snape des yeux, comme s'il le défiait de se retourner et de le voir, pour donner au directeur une occasion supplémentaire de le railler.
Pourtant, lorsque Snape lui fit face, l'homme ne se moqua pas de Harry. Il ne rit pas. Son visage n'exprimait presque aucune émotion. Il soupira simplement et s'approcha de Harry, posant doucement une main sur sa tête. Il ébouriffa maladroitement les cheveux en désordre de Harry, ne sachant manifestement pas comment calmer un jeune homme de dix-huit ans qui venait de vaincre le sorcier le plus sombre du siècle.
Prenant de profondes inspirations, Harry se calma, essayant de se concentrer sur les aspects positifs. Il essuya ses larmes, mais sa voix était encore groggy lorsqu'il dit. « Que se passe-t-il ensuite ? »
Ce ne fut pas Snape qui répondit, mais une femme, derrière eux.
« Ensuite... » dit-elle alors que Snape et Harry se tournaient tous deux vers elle, « ... tu meurs ».
Tout se passa trop vite pour que Harry puisse le comprendre. Instinctivement, il jeta un sort de bouclier, et le premier sort rebondit même, mais les trois suivants furent trop puissants. Snape fit un pas en avant, le poussant au sol, sa baguette crachant des sorts rouge cramoisi sur leur agresseur.
Harry atterrit sur le sol dur et regarda de là, presque au ralenti, les trois sorts qui frappèrent la poitrine de Snape.
La douleur traversa le visage du professeur pendant un instant, puis elle se transforma en colère. Rapide comme un serpent venimeux, sa main bougea à nouveau, et un autre sort fut sur le point de jaillir de sa baguette, mais le maléfice de la femme le prit par surprise.
Il y eut un rire non loin de là, strident et mauvais, alors que le sort de Snape semblait se retourner contre lui. Il se figea, sous l'effet de la douleur, de la surprise ou de quelque chose de pire encore, Harry n'aurait su le dire.
Il se releva en hurlant sort après sort, essayant d'entraîner Snape à l'abri. Les yeux écarquillés, Snape ne pouvait pas bouger, il y avait quelque chose d'étrange en lui, il se baissa, sa baguette lui échappant des doigts. Il s'agrippa à sa robe et Harry remarqua avec effroi que ses mains étaient rouges du sang qui avait traversé les vêtements sombres.
« Il ne peut pas te sauver », dit l'inconnue en riant de façon hystérique, mais le sourire se figea sur son visage.
Tout se passa si rapidement. Les yeux brumeux de Snape se fermèrent alors qu'il était sur le point de perdre connaissance, mais au moment où il tomba sur le sol, une vague de magie d'un blanc pur jaillit de lui. Sa force projeta Harry contre la tombe de Dumbledore, sa tête heurtant la pierre dure.
La femme, elle, poussa un cri perçant et douloureux et s'effondra sur le sol, Harry la soupçonnant d'être morte.
Ses oreilles bourdonnaient et sa vision s'était troublée alors qu'il rampait vers le corps immobile de Snape.
« Tenez bon, monsieur », dit-il, la voix rauque à cause de la collision. Il pouvait entendre des pas, des gens et des oiseaux. Il entendait beaucoup de choses, mais le son le plus important, il ne l'entendait pas : Snape ne respirait plus.
Et voici ma nouvelle traduction, un Snarry, j'espère que cette histoire vous plaira !
