Heyyy ! Bien le bonsoir à vous cher.e ,
Je vous souhaite la bienvenu sur cet OS sans prétention sur le magnifique Shinso (aka Shinsosupremacy !) et un Oc, qui je l'espère, vous plaira. Je vous laisse de ce pas avec l'histoire et vous souhaite une bonne lecture !


Installé sur l'un des canapés du salon commun de l'internat des secondes héroïques, une pince dans la main gauche, une chaîne dans la droite et les jambes repliées en tailleur, Sora s'affaire sur son travail.

Cet élève de filière assistance a été assigné comme "mécanicien technique" de la 1-A, passage obligatoire de deuxième année. Et Sora Kishuyama n'échappe pas à la règle.

Ses cheveux noirs commencent à devenir un peu trop longs. Ils tombent dans son champ de vision, l'obligeant à les replacer derrière son oreille trop souvent à son goût.

La lumière de la lampe au-dessus de lui est dirigée sur ses doigts fins et précis. La lumière éclaircit sa peau bronzée. Concentré, il ne lâche pas sa tâche de ses yeux vermeilles.

Il est tard, la nuit brille intensément derrière la vitre claire. Sora va regretter son insomnie demain matin, il le sait. Mais il ne partira pas se coucher tant qu'il n'aura pas réparer sa chaîne.

D'un geste habile, il tient sa chaîne dans la première pince, les maillons s'entrechoquent, provoquant un son cristallin. Sora se saisit ensuite d'une deuxième pince et vient ouvrir l'un des nombreux maillons qui composent sa chaîne cassée. Un bout de sa langue se glisse entre ses lèvres pleines, signe chez lui d'intense concentration.

Une fois le maillon ouvert, il prend dans une boîte à outils, posée à côté de lui sur le canapé, un autre maillon, plus gros et circulaire cette fois, puis le place dans l'interstice. Changeant encore une fois de pince, Sora vient refermer le maillon en écrasant le bijou décoratif entre les grosses lames plates de la pince. Il observe le rendu et sourit.

Il a presque terminé. Replaçant une mèche rebelle derrière son oreille, son sourire se mue en une esquisse fière.

- Comment j'ai dead ça... murmure-t-il pour lui-même.

Kishuyama lève son œuvre à la lumière pour mieux l'observer encore. La lumière se reflète joliment sur le métal tandis que son sourire s'agrandit.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Sora se crispe en entendant la question.

Il pensait être seul. Plissant les yeux, il étudie le ton traînant qu'il vient entendre, presque sûr qu'il s'agit d'Aizawa. Une grimace tord les traits de son visage, il risque d'avoir de sérieux problèmes si le professeur principal de la seconde A le surprend à utiliser les outils de Yuei pour effet personnel.

Se retournant tout doucement, Sora craint le pire. Il prie mentalement pour sa survie et essaie d'envoyer des ondes à son meilleur ami endormi pour le supplier de mettre des paillettes sur sa tombe dans le cas contraire.

- Shinso ? s'étonne-t-il en le découvrant dans l'embrasure de la porte.

Le garçon, d'ordinaire en filière générale bénéficie d'une période d'essai dans la classe des secondes héroïque, expliquant sa présence ici.

- Putain, tu m'as fait peur, enchaîne Sora en soupirant de soulagement. J'ai cru que c'était Aizawa. C'est fou comment vous avez le même ton traînant de vieux pachydermes endormis.

- Sans vouloir t'offenser, ajoute-t-il après une courte seconde de pause.

Le sourcil droit de Shinso vient se hausser en entendant la remarque. Décidément, il ne s'y fera pas au franc parlé de Kishuyama.

Shinso hausse les épaules, pas plus vexé que ça et continue d'observer son aîné travailler.

Le violet reste ainsi immobile quelques secondes, avant de se remettre en mouvement pour faire ce qu'il avait initialement prévu: prendre à manger dans la cuisine.

Il est du genre à avoir la dalle lors de ses insomnies.

Et alors qu'il s'apprêtait à rejoindre sa chambre provisoire, la voix de l'élève d'assistance résonne de nouveau dans le salon.

- Ça fait longtemps que tu es là ?

Shinso quitte son précieux bout de pain des yeux pour regarder son interlocuteur. Le brun a décollé aussi son regard vermeil de son ouvrage et répond au sien.

Un sourire narquois se dessine sur les lèvres du plus âgé et Sora poursuit:

- À m'observer je veux dire ?

Les joues du seconde se colorent d'un délicat rouge et Shinso espère vivement qu'il fait assez sombre pour que cela passe inaperçu.

- Depuis le début, je dirais, parvient-il à répondre après un long silence.

Le sourire de Sora s'agrandit.

- Stalker... Chuchote-t-il assez pour qu'Hitoshi puisse l'entendre.

Les rougeurs du seconde reprennent de plus belles.

- Je savais que j'étais beau mais de là à ce que tu m'observe pendant la nuit, y'a des limites à ne pas dépasser mon petit Shinso.

Là encore, les joues de l'aspirant héros prennent une teinte proche de celles des yeux de son interlocuteur.

Le seconde détourne le regard et observe le mur en face de lui tentant de calmer son pauvre cœur peu habitué à de telles paroles.

- Je rigole, tu sais ? reprend Sora en se concentrant de nouveau sur son travail. Tu peux rester si tu veux, je ne mords pas...

- Pas encore, ajoute-t-il tout bas, si bien que le violet ne l'entend pas.

Shinso évalue la proposition.

Les paroles qu'il a prononcé en arrivant en filière héroïque lui reviennent : "Je ne suis pas là pour me faire des amis" et étrangement depuis que Kishuyama est arrivé, il ne les respecte pas vraiment. Mais pour sa défense, le brun l'intrigue beaucoup trop et ça toujours été le cas, plus ou moins.

Après tout, Sora est l'un des seuls à avoir continué de lui parler lorsqu'au collège, la connaissance de son alter s'est répandue. En y repensant, Shinso ne pensait jamais recroiser une vieille connaissance ici, à Yuei.

Il finit par tourner de nouveau les talons et se diriger doucement vers le salon pour rejoindre son aîné.

- Tant que tu es près de la cuisine, intervient de nouveau la voix de Sora. Tu peux me faire du thé, s'il te please ?

Shinso lui lance un regard qui veut tout dire. Sérieusement, ses pupilles ont l'air de crier "Je ne suis pas ta servante, débrouille toi".

Mais Sora se retourne trois secondes après cette douce pensée et lui sort son meilleur regard de chien battu.

- S'il te plaaaiiiiit... lui demande-t-il, presque suppliant. En souvenir du bon vieux temps...

Shinso fronce les sourcils.

- Quel "bon" vieux temps ? rétorque-t-il.

Kishuyama perd aussitôt son air mignon pour le remplacer par une expression conciliante.

- J'avoue...

Les souvenirs peu chaleureux du collège leur reviennent. Shinso était pas mal marginalisé, et dans une certaine mesure, Sora aussi. Les deux pour la même raison: leur alter.

- Chouette époque, le collège hein ? dit Sora ironiquement.

- Hum, répond le seconde, toujours immobile.

L'élève d'assistance change encore de pince et prend un nouveau maillon et continue son travail. Il se demande comment il peut faire rester le violet dans le salon un peu plus longtemps.

En y repensant, Sora aussi était surpris -agréablement surpris- de découvrir Hitoshi à Yuei et un peu déçu pour lui de voir qu'il n'avait pas pu intégrer la filière héroïque.

- Si tu m'apporte mon thé, je te dis un secret, propose Sora en posant sa pince et en se tournant complément vers le garçon aux cheveux violets.

D'habitude, nullement intéressé par ce genre de commérage, Shinso serait parti. Mais comme souvent, lorsqu'il s'agit de Kishuyama... Hitoshi fait tout le contraire de ce que sa propre logique lui murmure à l'ordinaire.

Alors le seconde fait demi-tour, pose son casse-croûte sur le plan de travail et s'avance vers la bouilloire. Shinso sort une tasse du placard tandis qu'il sent le regard vermeil de son aîné peser sur lui.

Sora observe son kouhai s'activer dans la cuisine. Il ne penserait jamais que sa proposition marcherait. Il ne lui reste plus qu'à trouver un secret désormais.

Et en attendant, il détaille le dos de Shinso.

Le seconde porte son pyjama, composé d'un t-shirt blanc cassé simple, un peu large au niveau des épaules -épaules qui ont pris du volume depuis le collège- et un pantalon de sport souple et noir. Sora remarque que le violet est pieds nus sur le carrelage.

Quelques secondes plus tard, la bouillard brise le silence et les yeux de Sora continuent de caresser le dos de Shinso.

Encore quelques secondes plus tard, la bouilloire, rythmeuse de bruit, s'éteint, signe que l'eau est chaude. Shinso la verse alors dans une tasse et prend le premier sachet de thé qui lui passe sous la main. Ça sera donc thym et citron vert.

- Oublie pas le sucre, dit Sora en retournant à ses outils avant que Shinso ne croise son regard.

L'aspirant héros lève les yeux au ciel mais prend tout de même un morceau de sucre avant de rejoindre son aîné sur le canapé, son sandwich nocturne dans l'autre main.

En arrivant dans le salon, Shinso tend le bras pour poser la thé sur la table basse mais Sora l'intercepte avant, refermant ses doigts mates sur la tasse et chevauchant ceux de Hitoshi.

Le violet fait comme si de rien n'était puis prend place sur les coussins verts du canapé en face de celui qu'occupe le brun. Kishuyama porte son thé à ses lèvres et boit une gorgée tout en maintenant le regard avec Shinso.

Observant son sempai avec un air impassible, Hitoshi ne peut s'empêcher de penser que le thé doit être brûlant.. Mais après tout, ce n'est pas son problème si Sora se brûle.

- Merci.

- De rien.

Sora reprend une autre gorgée avant de reposer sa tasse sur la table et de se saisir de nouveau de sa pince.

Il continue son travail et c'est à lui de sentir le regard de l'autre sur lui.

- Tu veux le connaître du coup le secret ? lance-t-il tout en ouvrant une ouvre maille de sa chaîne.

Shino quitte les mains de Sora pour observer son visage tourné le temps de quelques secondes vers lui. Il ouvre la bouche et croque dans son sandwich avant de hausser les épaules:

- Dis toujours.

Le sourire de Sora s'agrandit.

- Tu es encore plus mignon qu'au collège, déclare le première en observant son kouhai de biais.

Les rougeurs de Shinso reviennent et il s'étouffe avec sa bouchée sous le regard amusé de Sora, fier de son effet. Le sempai va jusqu'à lâcher un léger rire en admirant le visage gêné de son interlocuteur.

Finalement Shinso parvient à ne pas mourir à cause de son bout de pain et de Sora.

- C'était ça, ton secret ? demande-t-il, fatigué par le brun.

Sora hausse les épaules, reprend une gorgée de thé et lui sourit.

- Tu n'avais pas l'air de le savoir.

Et de nouveau Shinso peste mentalement face aux paroles de Sora. Il ne s'y habituera jamais. Le violet ne sachant quoi répondre, décide de rester silencieux et se contente de prendre une nouvelle bouchée de son sandwich.

Ses prunelles améthystes retournent s'immobiliser sur les mains habiles du plus âgé. Ses doigts serrent les poignée de l'outil et Shinso n'a toujours aucune idée de ce qu'il fait. Ses yeux observent avec curiosité la fine chaîne qui roule entre des phalanges. Une deuxième chaînette repose silencieusement sur le canapé, cassé en deux parties non-égales.

La curiosité lui broie l'estomac, plus fort que la faim alors le seconde réitère sa question:

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Un tennis, répond Sora du tac au tac sans quitter son œuvre du regard, trop obnubilé par sa fin qui approche à grand pas. Ça se voit pas ?

- Pas des masses non.

Shinso ne s'habituera jamais aux remarques, à la limite de la drague de Sora, c'est vrai. Mais il adore son sarcasme et son ironie. Dans ses souvenirs, Kishuyama à toujours été ainsi, acide et claquant dans ses paroles. Toute sa personne transpire l'épigramme. Et comme il l'a déjà dit "le sarcasme n'est pas une attitude, c'est un art".

- Sérieusement qu'est-ce que tu fais ? reprit Shinso, incapable, pour une fois, de faire taire sa curiosité.

Sora lève un œil de son travail pour prendre une pince coupante dans la boîte à outils, à côté de lui, un morceau de métal est plus long que les autres, il faut le couper maintenant avant qu'il ne continue à enfiler les maillons.

Ses yeux vermeils se reposent quelques secondes sur sa chaîne avant de la quitter pour rejoindre les prunelles brillantes de Hitoshi.

- Je répare ma chaîne, dit Kishuyama simplement. Je l'ai cassée en me prenant la poignée de porte dans la hanche, elle est restée accrochée et Bam. Tristitude, Bernadette était en miette, j'ai ramassé tout ce que j'ai pu et j'essaie de lui redonner vie.

Un léger sourire se dessine sur les lèvres fines de Shinso, il s'amuse à imaginer l'élève d'assistance se prendre une poignée de porte dans la hanche. En y repensant, ça doit faire mal.

- Bernadette ?

- Ma chaîne, fallait bien que je lui trouve un petit nom.

- Mais bien sûr, où avais-je la tête ?

Sora appuie ses propos par un hochement de tête et un sourire amusé. Le regard pétillant, le brun continue de faire vivre le contact visuel entre lui et Shinso tandis que ses mains continuent de perpétuer son mouvement de chirurgie métallique.

Et alors que Kishuyama ouvre la bouche pour partager une nouvelle réplique cinglante ou question pittoresque avec Shinso, le seul son qui en sort est:

- Ah merde...

Il détourne le regard du visage de son interlocuteur pour observer le problème qui vient de survenir. Shinso fait de même, intrigué par ce "ah merde" sorti de nulle part et qui l'antipode de l'énergie et de l'action.

Sora s'est coupé l'index droit avec sa fichu pince coupante. "En même temps, ça aurait été compliqué de se couper avec un marteau" pense-t-il. Quoique, il est presque sûr que son boulet de meilleur ami en aurait été capable.

Le brun observe avec dépit et fatigue le sang dégoulinant de la plaie, plutôt profond. Sora glisse sa main valide dans sa poche à la recherche du mouchoir propre ou quelque chose dans ce goût là.

Mais il ne trouve rien et lâche un râle d'indignation; il n'en a toujours un sur lui normalement, justement pour parer à ces éventualités. Sora se tourne donc vers Shinso, donc le teint blafard à blanchi un peu et dont les sourcils sont arqués en une position d'inquiétude assez sévère.

Sora s'en étonne, c'est la première fois qu'il voit cette expression sur le visage du garçon.

- Ça va ? lui demande Shinso, la voix neutre ajoutée à un soupçon de panique.

- Mais oui, t'inquiète, lui répond le brun sans vergogne. Vu ta pâleur actuelle, c'est plutôt à moi de te poser la question.

Il lâche un rire, oubliant quelque peu la situation puis son hémoglobine coulante lui revient:

- Tu as pas un mouchoir, par hasard ?

Les sourcils du violet se tendent encore plus.

- Mais t'es sûr? Tu saignes beaucoup quand même... Ça tombe sur tes outils.

Sora tourne la tête vers sa blessure, pile au-dessus de la boîte à outils fournie par Yuei.

- Oh merde !

Cette fois il se lève et marche vers la cuisine d'un pas pressé, sa main valide recueillant les nombreuses gouttes de sang qui coulent de sa blessure. Il fait quelques pas avant de revenir sur ceux-ci pour avoir de nouveau Shinso dans son champ de vision.

- Eh ! L'apprenti héros, tu veux pas me secourir ? lui dit-il en souriant de toutes ses dents.

Les sourcils de Hitoshi, qui étaient de nouveau droits, ce mouvement de nouveau vers le haut. Et avant même que le seconde n'ai pu ouvrir la bouche, Sora l'interrompt en lançant un regard soucieux à sa plaie.

- Fin, genre vraiment. Je vais me faire tuer par mon prof si j'attrape le tétanos.

Shinso se lève donc, abandonnant son quatre heure matinal (et pour le coup, l'horloge du salon affiche vraiment quatre heure du matin). Et puis de toute façon, la vue de l'hémoglobine de son aîné lui avait coupé l'appétit.

Le sang de Sora luit, écarlate face au peu de lumière présente et Shinso affiche une grimace presque imperceptible. En se rapprochant, la plaie est encore plus horrible. Comment Kishuyama fait-il pour rester de marbre face à une blessure si peu ragoutante ? Et comment fait-il pour plaisanter alors que ça doit faire un mal de chien ?

C'est l'esprit plein de questions que le petit seconde en apprentissage héroïque suit le blessé dans la cuisine, réalisant sans vraiment trop s'en rendre compte, son premier sauvetage. Après tout, Sora bien qu'habitué à se blesser une fois tous les deux jours n'a jamais daigné prendre la peine d'apprendre à soigner ses propres blessures, alors sans l'intervention de Shinso, l'hypothèse "tétanos" est très probable.

En arrivant dans l'espace cuisine, les doigts valides de Sora se dirigent naturellement vers l'interrupteur mais Shinso est plus rapide. Le brun, peu ravi de s'être fait coupé l'herbe sous le pied -certes il est blessé, mais ça ne veut pas dire assisté- ouvre la bouche pour lancer une de ses fameuses répliques cinglantes, mais là aussi le petit Shinso est plus rapide:

- Tu as du sang partout. Alors tu serais gentil de garder ton hémoglobine sur toi, j'ai pas envie de devoir nettoyer derrière toi.

Un sourire en coin se glisse sur les lèvres de Sora.

- On croira que tu as camouflé mon meurtre... dit-il en riant.

- Arrête de dire des conneries et vient là, le réprimande le plus jeune en faisant signe à son sempai de s'approcher de l'évier.

Sora sourit encore plus mais écoute tout de même le seconde et s'avance vers l'évier métallique de la cuisine de l'internat.

Il tend sa main blessée à son kouhai. Shinso pose ses doigts pâles délicatement sur le poignet de Sora pour l'amener au-dessus du récipient en étain. Hitoshi se sait avoir les mains froides et le contact avec Kishuyama le brûle tant la différence de température est présente. Mais le brun ne semble pas s'en formaliser.

Son visage ne dégage aucune expression, comme si le ressenti ne l'atteignait pas. Il se contente d'observer Shinso rincer sa plaie à l'eau claire. L'eau devient rouge rapidement.

Le temps de quelques secondes, l'eau continue d'être rouge puis Shinso coupe carrément l'eau et attrape une serviette en papier propre. Il entoure le doigt de Sora et fait légèrement pression. Le papier devient rouge à son tour.

- Bon finalement je vais peut-être mourir d'une hémorragie avant d'avoir le temps d'attraper le tétanos, lance Sora en observant Shinso s'activer.

Le violet hausse un sourcil.

- Mais tu n'as pas mal ? rétorque-t-il, incapable de retenir sa question.

- Non, tu peux appuyer plus fort d'ailleurs, sinon je vais vraiment me vider de mon sang.

Sora désigne sa plaie du menton puis détourne le regard et tend son autre bras vrais l'évier pour laver le sang qui commence déjà à sécher dans sa main.

D'une manière assez agile, on doit le reconnaître, il rince sa main et l'essuie avec une autre serviette qu'il jette dans la poubelle à proximité. L'apprenti héros l'observe, les sourcils encore plus froncés et la bouche entrouverte, complètement sous le choc.

Kishuyama ne prête pas attention et fait quelques pas faire le frigo qu'il ouvre et où il attrape un onigiri près-fait. Il le pose sur le comptoir, referme la porte puis replace une mèche rebelle dans sa tignasse avant de se saisir de son encas et de se retourner vers Shinso.

En remarquant son air outré, Sora déclare:

- Ah merde, t'en voulais un ?

Hitoshi secoue vivement la tête, les paroles du brun le laissant sur le cul.

- Mais... Est-ce que t'es vraiment humain ? Tu viens de te couper, on voit presque ton os et toi tu manges un onigiri en sortant tes meilleures vannes ?

- Ouais.

Et Sora mord dans son encas. Les yeux améthystes de Shino s'écarquillent deux fois plus à la suite de cette réponse. Le brun avale sa bouchée de riz et découvre par ailleurs que le plat est à base de thon-mayo, pas ses préférés. Il ne sait même pas à qui étaient les onigiris, et si on lui demande le lendemain matin, il accusera Mineta, comme d'habitude.

Son attention revient se focaliser sur son interlocuteur qui le fixe, bouche-bée. Les yeux violets de Shinso sont grand ouverts et y fouillant bien on peut y déceler un fond de peur, de dégoût ou d'incompréhension profondes, Sora ne distingue pas bien.

- Me regarde pas comme ça, avance le brun avec un air devenu neutre. On m'a trop regardé comme ça au collège.

Shinso papillonne des paupières. Les paroles de Kishuyama le transpercent, faisant écho à son propre vécu. Il tente de fouiller dans sa mémoire, essayant de retrouver les souvenirs dans lesquels Sora subit le même harcèlement que lui. En vain. Shinso n'a jamais vraiment su pourquoi le brun était exclu à ce point des autres.

Le poignet de Sora, jusqu'alors, toujours dans les mains de Shinso glisse vers son propriétaire. Hitoshi ne fait rien pour le retenir, remarquant seulement la douceur de sa peau contre la sienne.

Désormais écarlate, la serviette en papier va rejoindre sa consœur dans la poubelle et Sora observe deux secondes sa propre blessure. La plaie est vraiment profonde. Pansement ou cautérisation ?

Sora grimace, se brûler lui-même devant Shinso ne l'aidera pas à faire disparaître ce foutu regard. Il opte alors pour la seconde option et attrape un petit paquet de serviettes puis retourne vers la canapé, plantant Shinso dans la cuisine, lui laissant le choix de la suivre ou non.

Quelques secondes plus tard, en s'avachissant dans le canapé, Sora perçoit la présence silencieuse de Shinso qui se rassoit lui aussi à sa place initiale. Le brun bascule la tête en arrière, laissant sa nuque reposer mollement sur le haut du dossier de l'assise.

Un long silence s'installe, leur deux encas se font face, les deux à moitié mangés. Il est désormais 04h36 du matin. Ils vont regretter leur insomnies.

Enserrant son index blessé avec force, Sora fixe le plafond, lui cherchant une quelconque attractivité. Shinso, pour sa part, ne peut s'empêcher de fixer Kishuyama, laissant son cerveau formuler une dizaine de questions, sans réponses.

- Tu n'as pas mal ? finit par demander Shinso, d'une voix impassible.

- Nan.

- Comment ça se fait ?

Sora reste dans sa position mais les yeux vers le violet, l'observant par-dessus ses joues.

- Mon alter.

Cet échange presque monosyllabique laisse notre petit Shinso encore plus perplexe. Petit un , parce que d'ordinaire, il est celui qui répond de cette manière. Et petit deux: Kishuyama a un alter ?

Shinso a toujours pensé que le brun était un sans-alter, à l'époque du collège. C'était d'ailleurs l'une de ses hypothèses concernant l'agissement peu orthodoxe de leurs camarades à son encontre. Mais il avait arrêté là l'idée là en remarquant qu'aucun des harceleurs récurrent du brun ne lui sortait "l'excuse": "De ToUTes faÇoNS T'eS qU'Un sanS AlTer".

Le silence revient quelques secondes. Sora observe à nouveau Shinso. Le regard qui le brun hait tant a disparu de son visage, remplacé par ses prunelles brillantes de curiosité. Sora a toujours aimé que ne Shinso soit aussi expressif qu'en sa présence, sorte de pass VIP privé qui le fait sourire depuis le collège.

Un sourire se dessine sur les lèvres pleine de l'élève de la filière assistance tandis que ses yeux, de nouveau rieur, retourne se positionner sur le plafond blanc.

- Vas-y, pose-la, ta question.

- Tu as un alter ?

- Oui, dit Sora pour toute réponse, se délectant de la curiosité grandissante dans les traits de Shinso.

Le silence -cette salope- revient encore une fois, Shinso ne sachant pas comment il peut formuler sa requête pour en savoir plus sur cette info' qui lui tombe dessus après plus de trois ans à penser le contraire.

Sora laisse le plaisir encore quelques instants avant de lancer sa réplique qui mettra fin à la douleur de son interlocuteur.

- Tu veux plus de détails ?

- Oui.

La réponse, courte mais efficace, fuse à toute vitesse, agrandissant encore plus le sourire du brun.

- Je sais qu'au collège, j'y étais inscrit sous le registre sans alter, commence Sora en se redressant un peu.

Désormais assis de manière plus conventionnelle sur Robert, le canapé, Kishuyama jette un œil à Shinso pour juger sa réaction. Le seconde boit presque ses paroles.

Sora ne continue pas tout de suite son monologue explicatif, il tend le bras vers son casse-croûte et en mange un autre bout avant de poursuivre.

- Pourtant j'en ai un.

Une nouvelle pause. Sora prend une respiration, ça fait longtemps qu'il n'a pas raconté cette histoire. Et cette fois, il ne l'a raconte pas à n'importe qui. Son cœur se sert un peu et il appréhende la réaction que celle-ci pourrait avoir sur son crush de collège, qui réapparu dans sa vie fait resurgir des sentiments oubliées.

- C'est un alter dis "officieux" car tous les médecins que mes parents m'ont amené voir l'ont catégorisé comme un dysfonctionnement du corps plutôt qu'un alter. D'ailleurs, il n'a même pas de nom !

Sora rit jaune à ces mots, de méchants souvenirs remontent.

Shinso ramène une de ses jambes sur le canapé. il reste obnubilé par ce que lui raconte Sora. Ça fait surmonter beaucoup de souvenirs de collège, pas très agréable la plupart, mais cela explique certaines choses aussi. Notamment les remarques que Kishuyama se prenait dans la gueule.

Si lui avait droit à "Vilain", pour Sora c'était "Le psychopathe".

- Je ne ressens pas la douleur.

Ça y est, la bombe est lâchée. Sora reste impassible mais son palpitant bat des records dans sa poitrine.

- Ça explique beaucoup de choses... chuchote Shinso en guise de réponse, autant pour lui-même qu'à l'intention de Sora.

Des milliers de questions se bousculent désormais dans l'esprit du violet. Comment fonctionne son alter ,ou non-alter pour le coup? Jusqu' où s'arrête son anomalie ? Est-ce seulement pour les douleurs dites "extérieures", physique ou cela s'applique-t-il également aux douleurs plus internes telles que la dépression ou les maux de ventre ?

Shinso reste ainsi, immobile et perdu dans ses pensées pendant un long moment. Sora l'observe, inquièt mais son visage ne laisse rien paraître. Le brun se demande à quoi peut bien penser son kouhai.

En se mordant l'intérieur de sa joue, Sora angoisse. Il tourne et retourne ses pensées à l'intérieur de sa boîte crânienne. Le petit diable sur son épaule lui susurre que Shinso est en train de prendre conscience de toute l'étrangement, de la monstruosité qui est en lui.

Et au contraire, l'angelot le rassure, et affirme que Hitoshi a vécu des choses similaires ; le violet ne fera jamais ça à quelqu'un. Le pigeon blondinet à auréole ajoute qu'en plus le seconde n'est pas indifférent au charme de Sora et que ce paramètre va faire pencher la balance en sa faveur.

Le brun tente de garder la face, mais de ses deux consciences il ne sait pas qui croire. Son cœur penche d'un côté mais il sait que tout peut basculer très vite. Entre désillusion et chute, Sora ne saurait dire ce qui fait le plus mal.

Ses yeux vermeils ne quittent le profil de Shinso, toujours plongé dans ses pensées. L'élève d'assistance tente de faire disparaître la possible étincelle de tristesse qui pourrait danser dans ses prunelles mais rien n'est sûr.

Le silence ronronne dans la pièce et prend de plus en plus de place. Sora quitte Shinso des yeux pour les poser sur son index coupé. La serviette est devenue presque entièrement rouge. Une grimace dégoût s'installe sur son visage. Sora, passant au dessus de son appréhension de sa propre hémoglobine, fait glisser la serviette pour observer plus en détaille la plaie.

Le papier rugueux a du mal à se détacher de la plaie. Imbibé de sang, le mouchoir reste collé à son doigt. Sora peste tout bas et arrache violemment le pansement de fortune, provoquant de nouveau un saignement.

- Oh ! Et puis merde, murmure-t-il en se levant.

Excédé par sa propre blessure, il cède à son envie, enfin. Sora remet la serviette usée sur sa blessure, histoire de ne pas saloper le beau parquet de l'internat et se dresse sur tout son mètre quatre-vingt. Son mouvement attire l'attention de Shinso, qui quitte ses pensées pour scruter le brun d'un œil suspect.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Cette coupure commence à me les briser grave.

Et Sora se dirige vers l'une des grandes fenêtres, attrape la poignée et l'ouvre, faisant entrer, en même temps que l'obscurité de la nuit, un grand courant d'air. Shinso se lève à son tour et suit le brun, intrigué et inquiet de ses projets.

Sora fouille dans sa poche, en sort un briquet qu'il actionne, vérifiant qu'il fonctionne. Le palpitant de Hitoshi s'active dans sa poitrine. Il ne va quand même pas faire ce qu'il croit ? pense-t-il, les yeux écarquillés.

Les yeux vermeils de Kishuyama fixent la flamme avant que sa main ne tressaute pour la faire disparaître. Le brun retire de nouveau d'un coup vif le mouchoir, s'arrachant le début de cicatrisation au passage. Il tend le poignet à l'extérieur. Le vent frais ne fait même pas hérisser ses poils fins.

Sora active encore une fois le briquet. Dans ses yeux carmins, le reflet de la flamme danse dangereusement. Une intense concentration l'habite tandis qu'il approche, avec une geste plein de dextérité qui révèle l'habitude de ce dernier, la flamme de sa blessure.

- Âme sensible s'abstenir, chuchote-t-il avec un sourire placide.

Même dans un moment si incongru, Sora trouve le moyen de le tourner en dérision. Et alors que la chaleur de la flamme commençait à roussir la peau mate du garçon, la main froide de Shinso se pose sur l'avant bras de Sora, l'éloignant du danger.

- Mais ça va pas ?!

- Mais quoi ?

Sora se retourne vers Shinso, le regard fatigué.

- Tu... Tu ne vas quand même pas t'automutiler devant moi ?

- Tu préfères que je le fasse une fois que tu sois parti ? rétorque Sora avec un sourire en coin.

- Non !

La voix de Shinso résonne fort. La flamme du briquet s'éteint. Et le sourire amusé de Kishuyama disparaît.

- Je ne... veux pas que tu te fasse du mal, même si tu ne le sens pas... poursuit Shinso, perplexe face à son propre emportement.

Un sourire attendri se faufile sur les lèvres du plus âgé. Le brun baisse la tête et laisse échapper un doux rire. Les apprentis héros alors...

- J'ai de quoi faire de vrai pansement dans ma chambre, si tu veux...

Sora relève la tête pour observer son interlocuteur. Shinso détourne le regard, observant sans intérêt par la fenêtre, ses joues sont rouges.

- Une invitation ? À venir dans ta chambre ? Allons mon petit Shinso, tu ne trouves pas que ça va un peu vite entre nous ?

Le brun accompagne ses paroles d'un clin d'œil. Shinso lève les yeux au ciel avant d'attraper le bras valide de notre cher protagoniste et de le tirer à sa suite en direction des escaliers.

Mais à peine passer l'embrasure que Sora l'arrête.

- Attends ! Je ne peux pas laisser mes affaires en bas, expose-t-il en lançant un regard inquiet à Bénédicte et les autres. Imagines que Aizawa soit pris d'une envie de faire du somnambulisme ?

- On ne choisit pas d'être somnambule... le corrige-t-il.

- Nan,, mais t'as compris !

Shinso lève les yeux au ciel une énième fois (il a arrêté de compter à partir du premier), mais lâche tout de même Sora.

L'invalide se dirige rapidement vers son canapé. Sa main propre se saisit délicatement de la coupable du crime. La pince n'est pas couverte de sang, même les lames en sont épargnées. Par contre, les cinq outils du dessus de la boite ne peuvent pas en dire autant. Sora attrape Bénédicte qu'il fourre dans la boite outil avant de la refermer.

L'attrapant de la main gauche, et il s'apprête à rejoindre Shinso près de l'escalier, avant de faire demi-tour. Le violet fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il fait encore ?

Sora s'approche de la tête, coince la poignée de la boite dans son coude puis attrape les deux encas toujours à moitié mangé.

Tout en avalant ce qui reste de son onigiri, Kishuyama rejoint -pour de vrai cette fois- Shinso. Le brun tend son sandwich à Hitoshi puis lui adresse un clin d'œil avant que ce dernier n'emprunte les escaliers et commence à les gravir.

Sora fait de son mieux pour rester silencieux. Mais entre sa caisse à outils qui cliquette dans tous les sens et la serviette en papier trop imbibée de sang pour en accueillir encore, c'est quelque peu compliqué.

Et au lieu de regarder où il pose ses pieds, Sora laisse allégrement ses pupilles vermeilles glisser du dos de Shinso à plus bas. C'est fou que ce jogging lui va bien !

Le brun se mord la lèvre, puis détourne le regard d'un mouvement imprévisible. Fixant sa main blessée à la place. Le temps de monter jusqu'au deuxième étage, il reste ainsi perplexe face à sa propre réaction.

Sa devise étant "J'aime regarder les belles choses" pourquoi s'en prive-t-il tout seul ?

Il n'a pas le temps de trouver une réponse qu'ils arrivent devant la chambre du violet.

Shinso pose sa main pâle sur la poignée et la clanche, révélant une chambre aux mêmes propositions que celles des autres résidents de l'internat. Seuls la décoration et les meubles viennent la différencier de ses consœurs.

Un lit double aux draps unis dort sagement dans le coin droit de la chambre et en face se trouve un bureau plutôt bien organisé, recouvert par un pile propre de cahier et de classeur. Peu d'éléments de décor, si ce n'est un petit poster de All Might au-dessus du bureau, une petite commode près de la fenêtre close et une petite plante.

Shinso s'écarte rapidement de la porte, laissant à son "invité" le soin de la refermer. Sora s'exécute du coude puis pose son lourd chargement sur le parquet de la chambre, près de la porte. Il jette un coup d'œil à sa blessure, c'est de pire en pire. Le bas de son t-shirt est recouvert d'ici et là de petites taches de sang vermeils.

Sora soupire puis part s'asseoir sur le lit. Dépité, le brun préfère se concentrer sur des éléments plus positifs à sa vie, comme par exemple Shinso qui cherche de quoi le soigner dans son bureau. Est-il vraiment obligé de faire un squat pour atteindre le tiroir le plus près du sol ?

Quelques secondes plus tard, Hitoshi se redresse, les mains encombrées de pansements, désinfectants et autres attirails pharmaceutiques. Il rejoint Sora sur son lit et sans un mot attrape délicatement son poignet droit pour commencer les soins.

Froid sur chaud, la différence de température est toujours là. Shinso retire la serviette carmin de la plaie tout en posant d'autres questions ? Est-ce que Sora sent leur différence de température ou comment un seul de leurs contacts lui provoque la chair de poule ?

De ses yeux vermeils, Sora observe le seconde s'affairer. Le visage neutre et l'air impassible, Shinso est concentré sur sa tâche. Avec un coton propre et un produit adapté, il désinfecte la plaie dont une partie est quelque peu brûlée.

En y prêtant bien attention, les mains solides du garçon d'assistance sont couvertes de fines cicatrices plus claires. Est-ce des cicatrices de brûlures ?

Shinso frissonne en imaginant Kishuyama et son briquet jouer avec le feu. Le coton finit rouge très rapidement, Shinso se lève et le jette dans la poubelle, qu'il rapproche au passage de la zone d'opération.

Les prunelles améthystes du secondes parcourent l'avant bras du première tandis qu'il enroule l'index de Sora d'une compresse. Shinso vient fixer le tout avec du sparadrap puis il redresse la tête vers le brun.

Sora l'observe avec un sourire doux.

- J'ai fini, se contente d'affirmer le violet.

Sora se détache de sa contemplation pour observer le travail de son kouhai. Mais ses prunelles reviennent vite se poser sur Hitoshi.

- Déjà ? J'ai même pas le droit à un bisous magique ?

Shinso, qui rangeait son attirail du blessé soigneux, tourne vivement son regard vers Sora quand il entend ses propos. Ses joues sont de nouveau rouges et le brun s'en délecte, mais le violet rétorque d'une manière inattendue à sa réplique.

- Tu le sentirai ?

Sora en reste presque bouche-bée. Le petit Shinso qui lui répond ? Il aime ça.

- Tu peux toujours essayer.

Sourire en coin et regard provocateur, Sora attend de voir ce que Hitoshi va faire. Et à son grand étonnement, le seconde attrape de nouveau son poignet et porte sa main doucement à ses lèvres.

Kishuyama reste silencieux et observe avec étonnement son kouhai. Shinso ne brise pas leur contact visuel lorsqu'il pose ses lèvres contre le poignet de Sora ni même lorsqu'il remonte jusqu'au bout de ses doigts, embrassant doucement toutes les cicatrices pâlottes du brun.

- Alors ? chuchote Shinso, la bouche encore près de la peau du plus âgé.

Le silence pour quelques secondes, laissant le temps à Shinso d'apprécier la vue d'un Sora désemparé et aux joues rougies. Les rôles se sont inversés. C'est désormais Hitoshi qui mène la danse de ce flirt peu subjectif.

- Un peu.

La voix de Sora sonne doucereuse. Le brun a eut quelques difficultés à sortir ces deux mots sans bégayer. Il ne pensait pas que Shinso pouvait avoir cette facette. Et à vrai dire, Shinso non plus.

Le violet ne sait pas vraiment ce qu'il fait, et se contente de suivre son instinct. Il repose le bras de son sempai près de sa cuisse, sur le lit.

- Et si je fais ça, tu le sens ? reprend Shinso en laissant ses doigts froids sur l'avant bras gauche de Sora.

Vêtu d'un simple t-shirt à manches courtes, les avant-bras du brun sont à la merci des caresses de Hitoshi.

- Tu sens notre différence de température ? Tu sens mes doigts sur ta peau ?

Sora déglutit, et décrète qu'il aime beaucoup le regard Shinso à cet instant. Les poils de Sora ne se hérissent pas, Shinso le remarque.

- Et si je fais ça...

Le regard de Hitoshi s'intensifie. Il quitte sa position assise pour se mettre à genoux sur son lit et se rapproche de Sora. Leur visage ne sont plus séparés que d'une dizaine de centimètres.

Cependant Sora ne laisse pas mener de la sorte. Il pose lui aussi ses mains larges sur les biceps fins du plus jeune et le fait basculer sur le dos. Shinso entre en contact assez violemment avec son lit. Ses cheveux violets partent encore plus dans tous les sens et une mèche frivole apparaît dans son champ de vision.

Les traits de Hitoshi se peignent de surprise, il pensait avoir le contrôle et il ne s'attendait pas à ce que Sora agisse ainsi sans prévenir.

Les mains du brun quittent les bras du violet et remontent sur les épaules de ce dernier. Sora caresse à son tour toutes les parcelles de peau de Shinso qui s'offrent à lui. Les doigts du brun effleurent la pomme d'Adam de l'apprenti héro, le faisant frissonner.

Sora se baisse dangereusement vers son kouhai, détruisant progressivement la distance qu'il y avait entre eux. Leur visage se frôle et celui de Sora s'enfonce dans le coup du violet. Il y dépose un doux baiser avant de remonter à l'oreille de ce dernier.

- Je ne ressens pas la douleur certes, mais ça ne veut pas dire que je suis insensible.

Il se redresse juste après pour observer le visage écarlate de Hitoshi. Sora sourit vicieusement avant de se rapprocher encore plus lentement du visage de son kouhai. Leurs lèvres ne sont plus qu'à quelques millimètres d'écart. Shinso peut sentir leur souffle brûlant de son aîné.

- C'est exactement ce à quoi je faisais allusion que tu m'a proposé de monter dans chambre, ajoute Sora avant de fondre sur les lèvres de Shinso pour y déposer un baiser passionné.