Disclamer : rien est à moi, tout est à JKR
Paring : HPDM
Rating : M
Notounette : C'est une vieille fic qui a débuté en 2012 que vous pouvez trouver sur manyfics et je la mets ici aussi.
Cette fic est entièrement pour Nessy parce que c'est ma pote à la compote *_* même si elle au début elle m'a volé mon phare.
Merci à quiqui ?: A HaniPyanfar pour sa correction soupra rapide. A artemis et seanconneraille que j'ai embêté avec cette histoire et à surtout à Nessy dont l'enthousiasme m'a convaincu de l'écrire pour de vrai.
Expatrié
Chapitre 1 : Le Tournoi des Trois Sorciers
« Votre entrée était absolument renversante ! », s'enthousiasma Adélaïde Fournier, la directrice de Beauxbâtons que Draco venait de rejoindre sur l'estrade.
C'était une femme brune d'une cinquantaine d'années, petite et menue, mais dont le regard vif et intelligent démentait cette apparente fragilité.
-Merci », répondit-il dans un français parfait. Mais ce n'est en rien comparable à l'accueil de votre école. »
Elle parut agréablement surprise à la fois par le compliment et par le fait qu'il s'adresse à elle dans sa langue. Mais quels que soient les points que Draco venait de gagner auprès d'elle, ils furent réduits en fétus de paille quand une voix venant de nulle part annonça l'arrivée des élèves de Poudlard.
Ne pensant déjà plus à lui, les yeux de la Directrice brillèrent d'anticipation. Sous le préau quelques gloussements d'excitation s'élevèrent du côté des étudiantes de Beauxbâtons.
Puis les élèves de Poudlard arrivèrent dans un brouhaha atroce. Draco plissa les yeux. Il essaya bien de savoir s'il y avait une chorégraphie derrière ça mais il n'en vit aucune. Et ce n'était pas à cause du soleil tapageur de Provence, il n'y avait simplement aucune sorte de préparation artistique dans ce débarquement. Six des arrivants étaient sur des balais et volaient dans tous les sens. Ils zigzaguaient entre les augustes colonnes romaines tout en déclenchant des mini-feux d'artifice. Les quinze autres traversaient l'immense préau, moitié courant, moitié marchant. Puis ils s'alignèrent, se tinrent par les épaules et se mirent à chanter, faux, l'hymne de Poudlard.
Les deux minutes qui suivirent semblèrent durer une éternité pour les oreilles de Draco et quand cela fut enfin fini, il poussa un soupir soulagé. Sauf que cette démonstration de médiocrité sembla plaire à tout le monde s'il se fiait aux applaudissements qui ne paraissaient pas vouloir s'arrêter. Un des élèves sur balai atterrit juste devant leur estrade et ses yeux verts croisèrent ceux de Draco.
Le cœur du blond loupa un battement. Ce n'était pas un élève finalement.
« Harry Potter ! » s'exclama la directrice de Beauxbâtons quand l'homme descendit de son balai aussi lestement que s'il avait en effet dix-sept ans alors qu'il en cumulait neuf de plus. « Quel plaisir de vous voir ! »
Légèrement essoufflé par son vol, Potter passa une main dans sa tignasse noire, sans doute pour essayer de la recoiffer, mais cela ne fit qu'aggraver son cas. Puis il adressa un sourire un peu embarrassé à Fournier.
-Bonjour , dit-il dans un français approximatif, enchanté de ton bienvenue.
Cela fit rire la directrice. Cet abruti n'était même pas capable de répéter correctement une simple phrase en français sûrement apprise par cœur et ça la faisait rire.
-Professeur Potter , reprit la directrice en anglais, vous connaissez le professeur Malfoy, je crois.
Les yeux verts furent de nouveau sur lui et Draco remarqua qu'il avait changé de lunettes depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, trois ans plus tôt. Celles-là étaient rectangulaires et bleues et contrairement aux anciennes, Potter n'avait plus l'air d'un ahuri en les portant. Dommage.
-Oui bien sûr , répondit-il avec un rien de défi dans la voix tout en lui tendant sa main. Bonjour Malfoy.
Draco la considéra un moment, juste assez de temps pour que Potter puisse se sentir idiot à attendre, la main tendue dans le vide.
-Potter. répondit-il finalement d'une voix traînante en attrapant sa main. C'était une entrée…intéressante.
La main dans la sienne était chaude et agréable. C'était tout ce que Draco eut le temps de réaliser avant qu'elle ne lui soit retirée.
-J'ignorais que tu serais là, reprit Potter avec un sourire crispé, ignorant délibérément sa raillerie.
Apparemment il aurait préféré en être informé.
-Olga Mazaltof attend un heureux événement, répondit la directrice de Beauxbâtons à la place de Draco. Elle a envoyé le charmant professeur Malfoy pour la remplacer.
Olga était la directrice de Durmstrang ainsi que l'employeur de Draco. Il s'était écoulé treize ans depuis le dernier Tournoi des Trois Sorciers. Le département de la Coopération Magique ainsi que les trois directrices des écoles avaient décidé qu'il était temps de remettre ça. Cet été les journaux sorciers n'avaient parlé que du Tournoi. Et jusqu'en Bulgarie il faisait la première page : Harry James Potter, sauveur du monde sorcier, troisième ordre de Merlin, sous-directeur de Poudlard, Directeur de la Maison Gryffondor, Professeur de Défenses contre les Forces du Mal. Bref, MacGonagall avait envoyé la légende vivante à Beauxbâtons à sa place et bien entendu le monde entier avait relaté la nouvelle.
Et ce fut en sachant ça que Draco avait insisté pour remplacer sa directrice. Son déplacement à lui avait fait nettement moins de bruit. Mais ils en avaient tout de même parlé dans « Durmstrang potins », la gazette locale de son école. ( Draco avait conservé l'article ).
Potter se plaça de l'autre côté de la directrice lorsque cette dernière lança un Sonorus sur sa gorge. Le plus loin possible de lui, nota Draco qui sentait pourtant posé sur sa nuque le regard vert.
« Bonjour et bienvenue à tous, dit la directrice. Beauxbâtons est ravi d'accueillir cette année le Tournoi des Trois Sorciers. Le but de cette compétition est avant tout de resserrer les liens entre nos trois écoles. Pendant un an, les élèves de Poudlard et de Durmstrang vont être nos invités. Nous espérons tous qu'ils passeront un excellent séjour. Je suppose que vous avez tous remarqué la Coupe de Feu au centre de la cour. Chaque élève de plus de seize ans souhaitant participer au Tournoi devra y déposer son nom. Vous avez dix jours pour le faire. Ce temps écoulé, la Coupe nous désignera nos trois champions, un pour chaque école. Bonne chance à tous ! »
Elle enleva le Sonorus. Draco remarqua que les élèves de Poudlard s'étaient placés à côté des siens. Il dénombra douze filles et huit garçons. Quatre Pouffsouffles, six Serdaigles, sept Gryffondors et trois Serpentards. Si c'était Potter qui avait choisi son groupe, ça l'étonnait même qu'il y ait mis un seul Serpentard, pourtant là ils étaient trois. Draco supposa qu'il s'agissait d'un petit miracle.
« Je vais vous présenter au reste des professeurs , expliqua Fournier tout en leur faisant signe de la suivre, et ensuite je vous montrerai vos quartiers pour l'année. J'espère que vous n'avez rien contre le fait de faire chambre commune.
Draco s'arrêta un instant de marcher et Potter écarquilla des yeux horrifiés.
-Je plaisante ! gloussa la directrice à la grande joie de Draco, et de Potter aussi si on en croyait son soupir soulagé. Nous avons largement la place ici à Beauxbâtons ! »
°O°O°O°
Ce fut trois heures plus tard, alors qu'il se tenait devant sa nouvelle chambre que Draco se rendit compte que « avoir largement la place », signifiait tout de même dans le langage de Fournier, « avoir Potter comme voisin de chambre ».
Toute une aile du château leur avait été réservée et les élèves étaient en train de s'installer, deux par chambre. L'allée de droite pour ceux de Draco et celle de gauche pour les Poudlardiens. La chambre de Draco se trouvait donc juste en face de celle de Potter.
Il eut un sourire supérieur en constatant que ses élèves avaient déjà terminé de s'installer alors que la plupart de ceux de Poudlard semblaient plus occupés à chahuter et à courir partout. Il jeta un coup d'œil à Potter, ce dernier n'avait pas l'air perturbé le moins du monde par sa bande de dégénérés. Il paraissait même s'en amuser. Cependant il perdit soudainement son air d'imbécile heureux et fronça ses sourcils noirs.
-Messieurs O'Flaherty et Leto, baissez-moi immédiatement vos baguettes ! ordonna-t-il.
Un rouquin grand et mince et un brun à peine plus petit mais nettement plus élégant se faisaient face. De prime abord la seule chose que ces deux-là semblaient avoir en commun était leur état de fureur.
Sans surprise Draco remarqua que le premier appartenait à Gryffondor alors que le second était de son ancienne maison. Et s'il avait bien compris son nom, ce Leto était un Sang Pur. Lignée peu fortunée mais néanmoins respectable.
-Vous avez entendu ? grogna Potter en avançant sur eux, alors qu'aucun des adolescents ne semblait vouloir obéir.
Le Serpentard se reprit le premier et d'un geste détaché rangea sa baguette dans sa poche.
-Quel est le problème cette fois ? demanda Potter alors que le rouquin imitait le Serpentard ( avec cependant beaucoup moins de grâce ).
-Le problème, professeur Potter, c'est qu'il ne reste qu'une seule chambre, susurra Leto, et je refuse de la partager avec ça.
Il désigna d'un geste méprisant du menton le Gryffondor qui semblait sur le point d'exploser. Potter posa une main apaisante sur l'avant-bras du rouquin, comme il l'avait fait si souvent autrefois avec Weasley lorsque Draco le mettait hors de lui.
Potter devrait rajouter « dompteur de rouquins » dans son C.V. Enfin ce n'était pas comme si le héros du Monde Sorcier avait besoin d'un C.V. C'était tout juste bon pour le commun des mortels ce genre de truc.
-Personne ne veut changer de chambre ? demanda Potter à la ronde.
Une fille blonde aux couleurs de Gryffondor avança d'un pas.
-Je demandais à un garçon, miss Mars, fit Potter en roulant des yeux.
Le grand rouquin fit un clin d'œil à la blonde alors que celle-ci lui retournait un sourire lascif.
« -Personne ne veut rester avec Leto », annonça le Gryffondor roux très content de lui car aucun des garçons ne semblait se dévouer pour changer de chambre. « On se demande bien pourquoi.
-Va te faire…!
-Stop ! » coupa Potter et à la grande surprise de Draco le dénommé Leto referma la bouche. « Vous allez tenter quelque chose d'inédit cette année. Non seulement vous allez partager la même chambre mais vous allez faire semblant d'aimer ça.
-Mais professeur… » commença le rouquin.
« -Ce n'est pas négociable monsieur O'Flaherty », cette fois le ton de Potter était calme et froid et Draco en ressentit les effets directement au niveau de son sexe. Il serra les dents, surpris et agacé : il ne manquait plus que ça. « Nous sommes invités ici et la moindre des choses c'est que vous vous comportiez correctement. Est-ce que j'ai été clair ? »
Les deux élèves acquiescèrent tout en se lançant des regards mauvais. Ce fut à ce moment que Potter se rappela qu'il avait un public. Il tourna la tête vers Draco et ses yeux verts étaient sombres et parfaits.
Merlin que ça lui avait manqué ! Draco soutint son regard et il lui sembla que l'air autour de lui était plus piquant, comme s'il respirait enfin correctement après trois ans à ingurgiter de l'air vicié.
-Puis-je faire quelque chose pour vous Professeur Malfoy ? demanda Potter sèchement et le mot professeur dans sa bouche sonnait comme une insulte.
Draco pensa à tout un tas de choses que Potter pouvait faire pour lui mais il ne semblait pas très recommandé de le dire à haute voix et encore moins au milieu d'un couloir bondé d'étudiants.
-Je pense que nous devrions nous entretenir en privé pour établir le bon fonctionnement de cette toute nouvelle… cohabitation, dit-il à la place et il se félicita pour son ton posé et froid.
La réunion à ce propos avait déjà eu lieu tout à l'heure avec l'encadrement de Beauxbâtons mais Potter ne cilla même pas.
-Excellente idée, répondit-il. Ce soir après le dîner de bienvenue ?
Draco esquissa un sourire en coin. Potter avait l'air sur le point de le mordre. Et ça aussi c'était comme revivre.
« Je rentre à la maison. » pensa-t-il malgré lui. « C'est l'effet que me fait ce connard. »
-Ça me semble parfait, conclut-il avec un sourire factice.
°O°O°O°
On l'avait placé à côté de Potter pendant le repas et le bras du balafré l'avait déjà frôlé à sept reprises depuis le début du souper. Ce à quoi Potter avait répondu par une grimace un nombre égal de fois. Comme pour Durmstrang, à Beauxbâtons les professeurs prenaient leur repas dans une salle différente, loin des élèves. On leur expliqua que deux professeurs étaient chargés chaque jour de la surveillance des repas et qu'il y avait une rotation.
Là par contre, ça différait de Durmstrang. Là-bas, c'étaient des elfes de maison qui étaient chargés de ces basses besognes.
Draco retint une grimace ( il n'était pas Potter, il savait se tenir en société ) quand on lui annonça que le mardi après-midi et le vendredi soir, Potter et lui allaient devoir jouer les surveillants. Il sirota son verre de vin rouge pour se donner le temps de trouver une réponse qui ne comprenne aucune insulte. Au moins ici, le vin était excellent.
« A Rome, fais comme les Romains », dit-il enfin en français.
Comme il s'y attendait, on s'extasia sur sa connaissance parfaite des expressions françaises et personne ne fit attention à sa réaction peu enthousiaste à l'idée de jouer les nounous pendant les heures de repas. Comme si ça ne suffisait pas de le faire durant les heures de cours !
La directrice et la majorité des professeurs parlaient un anglais correct mais Draco trouvait ça divertissant de voir Potter grincer des dents quand il répondait en français, essayant inutilement de comprendre le sens de ses paroles. Mais malheureusement, c'était insuffisant pour isoler le balafré. Les professeurs de Beauxbâtons semblaient pathétiquement ravis d'avoir un héros à leur table et ils s'échinaient à lui faire la conversation.
Surtout celui placé juste en face d'eux. Armand Merle, professeur de métamorphoses si la mémoire de Draco était bonne. La trentaine, plutôt bel homme, il aurait pu plaire à Draco s'il ne cumulait pas les affreuses manies de parler avec les mains et de bouffer Potter des yeux.
« Laisse tomber vieux, aurait-il voulu lui dire, Potty n'est pas intéressé par ses semblables. »
« J'ai vu que des élèves avaient déjà déposé leur nom dans la coupe. Avez-vous une idée de qui pourrait être champion de Durmstrang ? demanda sa voisine de gauche, une petite brune potelée dont Draco n'avait pas retenu le nom mais qui avait de bonnes chances d'être le professeur de Runes Magiques, à moins qu'il ne s'agisse de la femme assise à côté d'elle.
Il avait déjà retenu le nom d'une quinzaine de professeurs et il s'était aussi vite aperçu que la plupart de ses homologues français étaient plutôt frileux à son encontre. Ce n'était pas une surprise du fait de son passé et de la matière qu'il avait choisi d'enseigner. Il savait que son intégration ici n'allait pas se faire facilement. De toute façon elle ne se faisait jamais facilement nulle part. Après tout il ne s'appelait pas Harry Potter et personne ne le regardait avec des yeux brillants d'admiration. Aussi fut-il plutôt content que sa voisine lui adresse la parole et il se détourna de Potter et de l'Apollon de seconde zone.
-Ils sont tous bons, répondit-il fièrement et c'était vrai. Il avait sélectionné les vingt meilleurs de ses élèves. La Coupe de Feu va avoir du mal à faire un choix.
-Allons, il y en a bien un qui sort du lot, insista sa voisine. Il y en a toujours.
-Non sincèrement, répondit Draco en oubliant de parler français. Ils sont tous différents mais ils sont chacun doués à leur manière. Par exemple Valter Fulson a un don inné pour les sortilèges, il faut voir avec quelle facilité il les apprend, c'est limite agaçant. Andreï Louriev, lui son truc c'est les duels, c'est comme s'il lisait dans votre esprit quel sort vous allez jeter. Je l'ai vu désarmer un professeur de duel chevronné en seulement trois coups. Taurus Pettersen semble de premier abord plutôt réservé mais il se débrouille toujours pour se sortir de toutes les situations. Pavel, lui… »
Draco arrêta de parler quand il se rendit compte que tout le monde avait les yeux fixés sur lui et qu'il se comportait comme une mère juive. Il se racla la gorge.
« Bref ils sont bons, conclut-il en haussant les épaules avant de faire semblant d'être captivé par le contenu de son assiette.
« Quelle chance d'avoir autant d'élèves brillants ! s'exclama la directrice et Draco nota le sarcasme dans sa voix. Et les vôtres monsieur Potter, sont-ils tous parfaits aussi ?
-Le professeur Malfoy n'a pas dit qu'ils étaient parfaits, répondit Potter et Draco se tourna vers lui, perturbé de le voir prendre sa défense. Sauf que Potter évitait de le regarder comme si ça lui coûtait de se mettre de son côté.
« Je pense simplement, reprit le brun, qu'il est fier de chacun d'eux. C'est tout à son honneur. Quant à moi je n'ai hélas pas autant d'égards. D'après mes estimations, mais je peux me tromper, trois de mes étudiants se démarquent plus particulièrement. Syrielle Jonson de Serdaigle, Leila Younsi de Gryffondor et Ophiuchus Leto de Serpentard. »
Cette fois Potter lui jeta un coup d'œil pour voir sa réaction et son discret sourire amusé lui montra qu'il n'avait rien perdu de son expression perplexe. Draco pouvait expliquer le soutien que venait de lui apporter Potty par son complexe de sauveur mais le fait qu'il encense un Serpentard, ça il ne s'y attendait pas.
-C'est vrai que vous avez un système de Maisons. En quoi ça consiste exactement ? demanda Merle.
Et comme de toute évidence il ne s'adressait qu'à Potter, Draco laissa le brun parler du Choipeau et de la répartition. Il écouta les explications tout en rangeant dans son assiette du bout de sa fourchette les haricots en fonction de leur taille.
« Je trouve ça un peu radical de placer des enfants si jeunes dans ces Maisons, commenta la voisine de Draco – décidément il aurait dû retenir son nom -. Ils vont devoir vivre sept ans en fonction de cette répartition. N'est-ce pas un pari risqué ? Après tout ils peuvent très bien ne pas s'y sentir à l'aise … On change en sept ans, surtout à leur âge.
-C'est vrai, admit Potter, surprenant une fois de plus l'ancien Serpentard, ça ne fait que cinq ans que j'enseigne mais j'ai constaté que certains gosses n'étaient pas totalement épanouis dans leur Maison. Il s'agit d'une minorité mais ça existe. Malheureusement à part les accompagner du mieux possible, à l'heure actuelle on ne peut pas faire grand-chose. L'idéal ça serait de pouvoir organiser une nouvelle répartition pour chaque début d'année ... Cependant pour la plupart des élèves, le fait d'appartenir à une Maison est comme adopter une nouvelle famille. Ce fut d'ailleurs le cas pour moi.
-Et vous étiez de quelle Maison ? demanda le nouveau fan de Potter.
Potter redressa ses lunettes sur son nez dans un geste que Draco lui avait toujours vu faire mais qui lui donna cette fois-ci envie de les lui enlever pour pouvoir contempler les yeux verts sans aucun obstacle.
« Ridicule ! », pensa-t-il, alors que dans le même temps Potter répondait « Gryffondor. J'en suis d'ailleurs l'actuel directeur.
-Les courageux, c'est ça ? se rappela Fournier. Dumbledore aussi venait de cette maison je crois.
-C'est exact, tout comme l'actuelle directrice de Poudlard, répondit Potter en souriant.
« Et…Voldemort, susurra un homme assis en bout de table, il appartenait à quelle Maison ? »
Il s'agissait de George DeCroy, professeur de botanique, un homme d'une cinquantaine d'années, blond, grand et trop maigre, avec des yeux incroyablement bleus. C'était la première fois qu'il parlait depuis le début de la soirée. Même lors des présentations il les avait seulement gratifiés d'un signe de tête aussi bref que maussade. Tout à fait le genre d'homme qui semblait n'avoir jamais appris à sourire. Au moins Potter et lui étaient logés à la même enseigne avec ce type.
En tout cas sa question avait jeté un froid dans la salle. Parler du Seigneur des Ténèbres n'était visiblement pas l'idéal pour se faire de nouveaux amis.
« A Serpentard, répondit Potter qui, s'il était mal à l'aise, le cachait très bien. Tout comme Draco Malfoy.
Draco encaissa le coup en serrant les dents. Décidément c'était toujours un véritable plaisir de se voir mettre dans le même panier que Voldemort.
« Et comme tout un tas de gens, répliqua-t-il sèchement alors que toutes les têtes s'étaient de nouveau tournées vers lui. Être à Serpentard ne fait pas des élèves des meurtriers en puissance.
-Je n'ai jamais rien dit de tel, répondit Potter avec un sourire charmant. C'est marrant un tel empressement à se défendre. D'aucun penserait que tu as quelque chose à te reprocher. »
Draco dévisagea son ancien ennemi qui semblait plutôt fier de lui – et avec raison, même si ça tuait le blond de l'admettre -. Quand Potter était-il devenu assez subtil pour tendre des pièges au point que Draco tombe dedans ? Il avait changé. Et Draco voulait savoir à quel point. Il voulait rattraper ce qu'il avait loupé. Il voulait connaître les nouvelles règles du jeu.
Et gagner.
« Je n'ai rien à me reprocher. … Du moins, pas encore, répondit-il finalement sans pouvoir s'empêcher de descendre son regard sur les lèvres de Potter.
Elles par contre n'avaient pas changé. Toujours aussi bandantes.
Sa menace à demi voilée fit ricaner l'ancien Gryffondor mais les autres professeurs semblaient soit gênés, soit inquiets par leur franche animosité.
Au moins du temps de Poudlard ça ne surprenait plus personne. Mais Draco supposa que les Français allaient s'y faire. Après tout ils avaient bien survécu à l'effroyable prestation de leur équipe lors de la dernière Coupe du Monde de Quidditch.
°O°O°O°
Il était près de minuit lorsque Potter daigna enfin se souvenir de leur rendez-vous et qu'il frappa à sa porte. Draco posa sa plume et rangea son parchemin. Il ne prit pas la peine de baisser ses manches sur ses avant-bras.
Il supposait que Potter ne voulait pas spécialement voir la Marque des Ténèbres et généralement il la gardait cachée pour éviter de rendre ses interlocuteurs mal à l'aise. Sauf qu'il faisait une chaleur étouffante même à cette heure de la nuit et qu'il refusait de faire le moindre effort pour le balafré.
« Félicitations Potter », susurra-t-il tout en ouvrant la porte, « à deux heures près, tu étais dans les temps. »
Potter ne lui fit même pas le plaisir d'être agacé. Il avait gardé sa tenue protocolaire, une lourde robe noire aux armoiries de Poudlard et pourtant il n'avait pas l'air de souffrir de la chaleur. Il avait dû se lancer un sortilège de Temperum. A ce constat, une rancœur inattendue s'empara de Draco.
-Je ne suis pas en retard, on avait convenu « après manger », répondit l'ancien Gryffondor, et je suis allé vérifier les sécurités autour de l'Académie.
-J'aurais dû m'en douter, ricana Draco. C'est pour ça que tu es là n'est ce pas ? Pour que cette fois il n'y ait pas de fâcheux accidents. Tu devrais te relaxer Potter. Voldemort est mort depuis huit ans et je suis sûr que le fantôme de Diggory ne va pas venir te hanter. »
Attaquer Potter sur les morts avait toujours été comme appuyer sur un bouton « Perte de contrôle ». Sauf que cette fois Potter ne sembla pas particulièrement touché. Il passa à côté de Draco qui se trouvait toujours devant l'entrée et comme le blond ne se donna pas la peine de bouger, leurs corps se frôlèrent. Potter sentait bon et Draco ne manqua pas son expression de surprise alors qu'il respirait plus intensément. Irrité par son affligeant comportement, l'ancien Serpentard referma la porte d'un coup sec. Quand il se retourna, le brun s'était éloigné de plusieurs pas.
-Crois ce que tu veux, lui dit-il en parcourant la chambre des yeux. Pourquoi y a-t-il du sable et des rochers ici ?
Il avait les yeux fixés sur la véritable petite oasis que Draco avait créée dans un coin du salon.
-C'est pour Marc-Antoine…mon animal de compagnie.
Potter eut l'air surpris. Draco ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Il ne se serait jamais cru capable de s'occuper d'un autre être vivant. Marc-Antoine avait été un pari qu'il s'était fait à lui-même. Deux ans qu'il l'avait et le lézard était toujours en vie.
-Marc-Antoine ? répéta Potter. Tu hésitais entre les deux prénoms donc tu as fait un lot ?
-C'était un général romain, expliqua Draco en se demandant pourquoi il prenait la peine d'instruire Potter.
Déformation professionnelle assurément.
-Et c'était de l'humour. Je sais qui était Marc-Antoine.
Draco en doutait mais le moment n'était pas venu de débattre des capacités intellectuelles du balafré.
Potter s'était accroupi juste à côté de l'espace dédié à Marc-Antoine et venait d'émettre une sorte de sifflement.
Draco frissonna. Il ne savait pas si c'était un bon ou un mauvais frisson. Il avait trop entendu Voldemort parler fourchelangue pour en garder un bon souvenir mais la voix de Potter était presque hypnotisante.
-Epargne ta salive, dit-il trop vivement, Marc-Antoine n'est pas un serpent. Il s'agit d'un zonure. Un lézard si tu préfères. De plus il est extrêmement méfiant envers les … inconnus.
La fin de sa phase avait été prononcée d'un ton dépité parce que Marc-Antoine – ce faux-frère - était en train de renifler la main de Potter.
Oubliant sûrement qu'il était en sa compagnie, le brun esquissa un sourire ravi qui avait pour effet de le rendre outrageusement attrayant. L'humeur maussade de Draco s'accentua donc de concert.
-J'arrive à lui parler ! s'exclama Potter en tournant la tête vers lui. Mais il insinue que j'ai un accent bizarre.
Quand les yeux verts croisèrent les siens, Potter cessa de sourire. C'était mieux comme ça.
-Ça ne devrait même pas m'étonner, ricana Draco. Je suppose que le fourchelangue s'adresse à tous les reptiles. Ça serait quand même injuste que tu parles seulement avec les serpents.
-Je ne pense pas, répondit Potter sans relever le sarcasme. J'ai essayé avec un dragon une fois mais ça a eu comme effet de le rendre deux fois plus déterminé à faire de moi son prochain rôti.
-Brave bête.
Potter lui lança un regard noir. Puis il se releva après un dernier sifflement à l'adresse de Marc-Antoine.
-Il a faim, dit-il à Draco qui leva son sourcil gauche.
-Il a déjà mangé aujourd'hui.
Potter haussa les épaules et il redressa ses lunettes sur son nez.
-Que fais-tu ici, Malfoy ? demanda-t-il ensuite.
Draco était sûr que c'était le ton qu'il utilisait lorsqu'il interrogeait un élève qui venait de faire une connerie. Sauf que Draco n'était pas un de ses étudiants. Et son ton supérieur, Potter pouvait se le foutre au cul.
-J'accompagne mes élèves au Tournoi des Trois Sorciers, répondit-il.
-Ne me prends pas pour un imbécile. Pourquoi as-tu demandé à venir ?
Il avait haussé le ton. Le Potter presque sympathique qui s'était intéressé au zonure venait d'être remplacé par celui que Draco connaissait bien : le connard.
-Qu'est ce qu'il y a Potter ? Tu as peur que je me mette à jeter des sortilèges interdits sur tout ce qui bouge ?
L'ancien Gryffondor descendit son regard sur son tatouage et un sourire paresseux étira ses lèvres. Apparemment voir la Marque des Ténèbres ne le rendait pas mal à l'aise. Juste incroyablement provoquant.
-Tu es professeur de Magie Noire, non ? susurra-t-il et cette fois Draco préféra ne pas l'imaginer parler de cette façon à ses élèves. Un expert en la matière. Et apparemment tu sembles très bien vivre avec ta marque. Est-ce que tu l'embrasses quelquefois ? »
« Non, mais mon poing a très envie d'embrasser ta joue. »
C'est ce qu'il aurait voulu répondre. Et probablement ce qu'il aurait dû répondre. Mais il décida de se comporter en adulte – et ce n'était pas si évident que ça, Potter avait le pouvoir de le faire redevenir un adolescent rempli de haine, de passion et aussi, malencontreusement, rempli d'hormones -. De plus sa chambre ne bénéficiait d'aucun charme de silence et il n'avait pas spécialement envie que ses élèves comprennent que leur respectable professeur était en train de se battre avec le héros du monde Sorcier.
-Ta vision du monde reste toujours étriquée, dit-il à la place. Je suppose que ça va de pair avec ton cerveau.
-Et moi je trouve que tes actes parlent pour toi. Je t'avais pourtant conseillé d'oublier la voie de la Magie Noire mais tu t'es acharné.
Oui Draco se souvenait très bien de ce jour là. De Saint Potty toujours si plein de suffisance, qui croyait tout savoir mieux que tout le monde. Enfin mieux que lui en tous cas.
-Tu sais déjà pourquoi j'enseigne cette matière, dit-il avec un calme qu'il était loin de ressentir. Je l'ai expliqué quand j'ai postulé à Poudlard et que vous avez majoritairement rejeté mon projet.
-Cette histoire d'utilité publique ? railla Potter « La Magie Noire est plus puissante et utilisée sous un contrôle rigoureux, elle n'est pas dangereuse, elle peut même devenir un atout non négligeable ».
Draco fut secrètement surpris de voir que Potter avait écouté son argumentaire ce jour-là. Ceci dit, ça ne l'avait pas empêché de voter contre lui.
-Il y aura toujours des gens attirés par cette magie Potter, expliqua-t-il, mon rôle est de leur donner les outils pour la contrôler.
-Ce qui ne les rendra que plus puissants et donc plus dangereux », contra Potter.
Draco se demanda pourquoi il tenait tellement à ce que cet homme le comprenne. Potter ne le voyait que comme une menace pour l'humanité. Tout ça parce qu'il avait choisi une voie différente.
-C'est un débat stérile. N'importe quelle magie entre de mauvaises mains aura cet effet-là. »
La mâchoire de Potter se contracta et les yeux verts le dévisagèrent, durs et froids.
Draco aurait peut-être dû lui rappeler que c'était entre autre à cause de lui qu'il avait choisi d'enseigner la Magie Noire. Parce que Potter avait failli le tuer ce jour-là en utilisant le Sectum Sempra. Il l'avait laissé déchiré et se vidant de son sang dans des toilettes miteuses.
Lui rappeler aussi le Feudeymon. La mort de Crabbe. La salle en flammes. Et lui s'agrippant à son dos et lui hurlant de voler plus vite.
Oui, Draco savait mieux que personne que la Magie Noire avait besoin d'être correctement enseignée.
-Je suis d'accord, lâcha Potter finalement mais visiblement à contrecœur. Ça ne sert à rien de parler avec toi. Draco Malfoy a toujours raison, n'est ce pas ? Mais sache que si tu fais le moindre faux-pas je serai là. Je ne suis peut-être pas un expert en Magie Noire mais j'en connais cependant quelques sortilèges plutôt douloureux.
Oui il savait, l'un d'entre eux lui avait même laissé une cicatrice sur le torse.
-Et moi qui allais te proposer une trêve ! ironisa Draco.
Cela ne le fit même pas sourire.
-Tu n'as toujours pas répondu à ma question. Pourquoi es-tu ici ?
Draco plissa légèrement les yeux. C'était le moment ou jamais. Potter avait l'air d'être à point.
-Un pari, lâcha-t-il.
L'ancien Gryffondor ne parut même pas surpris. Il croisa les bras sur sa poitrine, le défiant du regard.
-Les termes ? demanda-t-il.
Draco cacha son sourire. C'était trop facile. Potter n'avait pas tant changé que ça, finalement.
-Si Durmstrang gagne le Tournoi, je veux que tu me fasses rentrer à Poudlard en tant que professeur de Magie Noire.
Cette fois l'ancien Gryffondor parut choqué. Il redressa une nouvelle fois ses lunettes sur son nez. Sûrement pour se donner le temps de retrouver un air impassible.
-Je croyais que tu aimais bien tes élèves, dit-il enfin.
-J'aime encore plus l'Angleterre. Je veux retourner chez moi.
Et ce pari était son passeport.
-Qu'est ce qui te fait croire que j'arriverais à faire admettre un professeur tel que toi à Poudlard ? Je n'étais pas le seul à voter contre toi la dernière fois. Vingt-trois voix contre deux, on ne peut pas dire que tu faisais l'unanimité.
-C'était il y a trois ans. Je suppose que contrairement à toi, quelques-uns ont dû évoluer. De plus, tu es directeur de la Maison Gryffondor à présent et je suis sûr que l'opinion de l'élu peut en influencer plus d'un. Tu y arriveras Potter. J'ai toute confiance en toi pour ce qui est de rassembler les foules.
-Tu as pensé à tout on dirait. Mais qu'est-ce que j'y gagne moi si c'est Poudlard qui remporte le Tournoi ?
-Propose ce que tu veux, souffla Draco.
Un sourire mauvais étira les lèvres de Potter.
-Si Poudlard gagne, dit-il lentement, tu arrêtes d'enseigner la Magie Noire, que ce soit à Durmstrang ou dans n'importe quel autre endroit au monde. Tu ne fais plus de Magie Noire.
Draco en recula presque d'un pas.
-Mais …j'aime mon métier, articula-t-il difficilement.
C'était un euphémisme. Ce métier était toute sa vie mais Potter n'avait pas besoin de le savoir.
-C'est à prendre ou à laisser, Malfoy.
Draco ne pouvait pas se permettre d'hésiter. Il avait fait tout ce chemin juste pour ça. Il avait drogué de potions sa directrice pour qu'elle s'imagine être enceinte dès qu'il avait su que Potter serait du voyage. Et parce que c'était mal vu d'envoyer un professeur de Magie Noire à une rencontre d'amitié entre les trois écoles, il avait dû chèrement gagner sa place.
A présent, il avait Potter en face de lui. Le seul professeur de Poudlard qui détestait assez Draco pour ne pas relever tous ses défis. Le seul assez influent pour exaucer tous ses souhaits.
-Je prends, dit-il en lui tendant la main.
Potter la regarda quelques secondes sans la toucher. Draco admit que c'était une juste vengeance pour leur poignée du matin même. Il sursauta presque lorsque les doigts de Potter touchèrent finalement les siens et sa main fut enfin dans la sienne. Fraîche cette fois, grâce au sortilège qu'il s'était jeté. Mais si Draco frissonna ce n'était pourtant pas de froid.
Bordel, il aimait vraiment lorsque Potter le touchait.
Il allait devoir faire avec ça.
Ça ne l'empêcherait pas de gagner.
De rentrer chez lui.
Il s'était bien gardé de parler d'un affrontement loyal mais il avait remarqué que Potter aussi n'en n'avait rien dit.
Décidément, cette année s'annonçait intéressante.
A suivreuh
Voilà j'espère que ça vous a plu (telle la pluie)
A bientôt
Artoung
