L'enclos des moutons

Un éclair bleu déchira le ciel assombrit par des nuages d'encre noir. Le commandant de la première division se transforma en un flamboyant phoenix en un dixième de seconde, se propulsant dans les airs, fendant l'air à une vitesse phénoménale et s'abattit de plein fouet sur sa cible. Son pied, enduit du haki de l'armement fracassa avec force le géant de glace. Des éclats volèrent au point d'impact, libérant le bras de l'amiral Aokiji. Le marine, malgré une seconde de surprise liée à la force de frappe du second de l'empereur, reprit vite ses esprits. Une salve de boulets de canons inonda au même moment le navire de la seconde flotte de Barbe Blanche. Plusieurs pirates, touchés et blessés par l'attaque, hurlèrent de douleur. Derrière la fumée créée par l'explosion, surgit le vice-amiral Momonga qui fonça tête baissée vers le commandant de la seconde flotte, déjà aux prises avec le vice-amiral Smoker.

Marco aperçut au loin le corps du vice-amiral Momonga s'enduire avec rapidité d'haki de l'armement, y comprit son gigantesque sabre. Le phoenix n'eut pas le temps de prévenir son frère de l'attaque surprise. Cette minute d'inattention lui couta chère, l'amiral Aokiji enduit sa main de haki, agrippa la cheville droite du pheonix qui fut alors propulsé dans les airs. Le blond eu à peine le temps de sentir les os de son phoenix se geler grâce au haki de l'amiral, qu'il s'abattit brutalement contre la falaise. Il se maudit intérieurement de cette seconde d'inattention qui allait lui couter très cher ainsi qu'à ses frères, et perdit connaissance face à l'ampleur de l'impact.

3 heures plus tard.

Vista s'empara de l'escargophone et attendit, le corps trempé de sueur, que son père réponde.

« Père, nous avons dû changer de cap et partir vers le sud. » Commença t'il. La lenteur de sa voix laissait transparaitre la fatigue que ressentait le commandant. Il continua cependant rapidement.

« La première division a rencontré deux navires de guerre de Marineford alors qu'ils étaient à quelques kilomètres seulement de l'île. A leur bord se trouvaient le vice-amiral Smoker, le vice-amiral Momonga, et l'amiral Aokiji… »

Il s'arrêta un instant quand il entendit son père grommeler à l'autre bout de la ligne.

« La seconde division suivait de près la première donc ils ont pu prêter main forte. Les deux divisions ont quand même subi beaucoup de dégâts, on a pas mal de blessés. Heureusement, la troisième, la cinquième et la huitième division sont arrivées au moment critique. On a réussi à les faire rebrousser chemin et à partir. ». Finit-il.

« C'est parfait, je te remercie, fils. Comment vont Ace et Marco, allez leur prêter main forte pour la gestion des navires s'ils sont trop fatigués. » Ordonna-t-il d'une voix grave.

Vista prit quelques secondes pour répondre.

« Ace s'en sort avec quelques hématomes, rien de bien grave, il avait toujours le feu aux fesses après la bataille. » Vista fit une pause pour prendre son courage à deux mains.

« Et Marco ? Comment va Marco Vista ? Pourquoi n'est-ce pas lui qui m'appelle ? »

Vista réussit à percevoir une pointe d'inquiétude dans la voix de son père.

« L'amiral Aokiji a utilisé son haki de l'armement pour le geler pendant qu'il était transformé. Apparemment, il se serait fracassé contre la falaise. La couche de glace est extrêmement fine mais robuste, il est complètement piégé dedans. Ace a légèrement perdu les pédales et a insisté pour l'amener lui-même à l'hôpital de l'île où nous avons accostés. Il ne voulait rien entendre malgré ses propres blessures. Il a emmené Marco avec lui il y a une dizaine de minutes. Les autres commandants et moi avons décidés de le laisser faire et lui faisant promettre de ne pas essayer de faire fondre la glace lui-même mais de simplement l'emmener voir un médecin et de demander un spécialiste. » Expliqua l'épéiste.

Après un court instant de silence de la part des deux pirates, le capitaine remercia son fils et raccrocha.

20 minutes plus tard, à une dizaine de kilomètre du port.

La course du commandant de la seconde flotte était régulière malgré la fatigue que commençait à ressentir son corps. Des flashs de l'accident de Marco envahirent l'esprit du brun qui se posait un millier de questions à la fois. Au bout d'une heure d'une course effrénée à travers la forêt tropicale, Marco glacé sous le bras, Ace aperçut enfin l'entrée de la ville. C'était une île plus développée que la majeure partie des îles du Nouveau Monde. Des bâtiments à plusieurs étages encadraient les rues et laissaient place à de grandes routes bien entretenues où la majorité des habitants se déplaçaient en vélo.

Il reprit sa course et fonça dans la première rue venue, cherchant un panneau ou tout autre moyen de trouver son chemin. Au tournant de la seconde rue il aboutit sur un immense boulevard grouillant de vie. Un marché alimentaire était installé sur la place centrale où courraient des enfants et des animaux de compagnie.

Ace se précipita dans le bâtiment qui faisait l'angle de la rue et finit sa course dans une taverne. Il couru vers le tavernier, Marco toujours sous le bras.

« Mon ami est gravement blessé, est-ce que vous savez où je peux trouver quelqu'un pour le soigner ? On m'a parlé d'un hôpital sur l'île ? » Demanda précipitamment le commandant.

Le tavernier, surprit par la fureur du pirate, resta un instant silencieux, analysant la situation.

Ace le pressa de répondre, tout en se remémorant les cours de bonne conduite de Makino.

« Et bien, c'est plus une grande clinique qu'un hôpital. Mais je pense que vous trouverez quelqu'un de bien là-bas, ils sont assez polyvalents et en connaissent un rayon sur à peu près tout. C'est un bâtiment tout en longueur entouré de prairies à dix minutes au sud du boulevard où nous sommes. En sortant, prenez la première à droite, continuez tout droit pendant 7 minutes. Quand vous verrez les premiers cerisiers, la clinique sera sur la droite. »

Ace le remercia vivement et sortit de la taverne à toute allure.

Il déboula dans le bâtiment avec fracas dix minutes plus tard, effrayant les personnes présentes.

« Mon ami à besoin de soins le plus vite possible, il a été gelé il y plus d'une heure maintenant. » Hurla-t-il dans le hall.

Il vit alors une femme, certainement la secrétaire, se lever de son bureau et courir dans les couloirs. Ace resta stoïque pendant plusieurs minutes, reprenant son souffle et essayant de calmer son esprit. Il remarqua alors les quelques personnes présentes, attendant patiemment leur tour dans la salle d'attente. Mais il remarqua surtout les chiens, chats, et quelques moutons à côté de leurs propriétaires.

« Qu'est ce que… ? » Ace n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps, un homme d'une cinquantaine d'année portant une blouse chirurgicale et des gants fonça vers lui. Il était suivi par un autre homme transportant un brancard. L'homme s'empara du phoenix gelé et le posa précautionneusement sur le brancard. Il invita Ace à le suivre pendant qu'il traversait les couloirs de la clinique.

« Quelle est l'espèce de l'oiseau, quel âge a-t-il et y a-t-il des antécédents médicaux que je devrais connaître ? » Demanda rapidement le vétérinaire.

Ace balbutia un instant, surprit par la tournure de la situation.

« Euh, je… phoenix, du fruit du démon du phoenix, la trentaine environ, et euh… euh… il porte des lunettes. » Les deux soignants stoppèrent net leur course au milieu de couloirs.

« Je vous demande pardon ? »

« Je suis Ace, commandant de la seconde flotte de Barbe Blanche. Et ça c'est Marco, vice-capitaine de Barbe Blanche, il a affronté l'amiral Aokiji qui l'a glacé il y a quelques heures. Il a ensuite heurté une falaise et voilà. »

Les trois hommes se regardèrent interdits. Une question planait : fallait-il un médecin ou un vétérinaire dans ce cas ?

Le vétérinaire regarda la tête d'Ace, complètement perdu, et souffla bruyamment.

« Bon, j'imagine que ça va être pour nous alors. Levi, amène le dans l'aile de rééducation. Tu le laisseras dans le bassin de balnéothérapie des chevaux pendant deux heures, à vingt degrés. Ensuite, tu le mettras dans la couveuse des poules, même température, jusqu'à la fin de la soirée. Tu évalueras ses constantes et son état général toutes les heures. Si besoin, j'ai l'escargophone de garde, tu m'appelles. » Ordonna le vétérinaire à son collègue jeune diplômé.

Alors que le plus jeune repartait avec le brancard de Marco, Ace partit à sa suite, demandant à Levi s'il était autorisé à rester avec Marco pendant les soins.

« Les propriétaires des animaux ne sont pas autorisés à rester pendant les soins et sont priés d'attendre dans la salle d'attente » Récita Levi, comme si c'était la vingtième fois de la journée qu'il le répétait.

Les deux hommes se dévisagèrent un instant.

« Ah oui, hum, je pense que vu que ce n'est pas vraiment un oiseau… Et puis tant pis, venez si vous voulez mais ne touchez à rien et laissez-moi faire ».

Ace acquiesça et continua sa route derrière le brancard de Marco.

Le commandant de la première flotte fut installé selon le protocole du vétérinaire. Au bout d'une heure, Ace remarqua que la glace fondait doucement, sans se briser. Il put même commencer à voir le pied droit (ou bien la serre ? La patte ?) de son frère se décongeler entièrement. Il en informa Levi qui s'empara d'un appareil, y lut quelques informations, rassura Ace, et sortit un bracelet d'identification à remplir et mettre sur le membre décongelé de Marco.

« Simple protocole » Finit Levi avant de confier le bracelet à Ace.

Ace le tourna dans tous les sens et tenta de le remplir de la manière la plus adéquate possible. Au vu du résultat final, Ace explosa de rire mais suivit les consignes à la lettre et accrocha le bracelet sur le phoenix.

Le lendemain, vers midi.

La porte de la salle à manger de la première division s'ouvrit avec fracas, laissant passer le vice-capitaine de Barbe Blanche. Il semblait légèrement tendu et énervé.

Il fut accueilli par ses frères par de multiples accolades et propositions de rhum. Cependant, cela ne suffit pas à calmer le commandant. Il s'installa aux côtés de Namur qui était resté avec sa division pour aider la première et la seconde division à se remettre de l'attaque de la veille.

« Je suis rassuré de te voir sur tes jambes Marco, tu nous a fait une sacrée frayeur. » Commença Namur doucement, proposant une assiette pleine à son frère blond.

« Ace a réussit à t'emmener à l'hôpital ? Nous avons essayé de les joindre dans la soirée pour avoir de tes nouvelles mais nous n'avons jamais réussi. Ils devaient être débordés » Demanda l'homme poisson.

« D'ailleurs il n'est pas avec toi, Ace ? »

« Si tu n'as pas eu de mes nouvelles c'est parce que ce cher Ace ne m'a pas emmené à l'hôpital mais dans une clinique. »

Namur, ne sachant que répondre car ne voyant pas le problème des cliniques médicales privées, le laissa continuer. Il remarque que le regard de son frère s'assombrit et que ses poings se contractaient sur la table.

« Ce débile m'a emmené dans une clinique vétérinaire ». Finit Marco.

La salle devient alors silencieuse, laissant à tous le temps d'intégrer l'information. Puis, une pluie de rires gras s'abattit dans la salle. Marco tenta de garder son calme le plus possible.

Il remarqua que Namur se contenait le plus possible de rire et l'en remercia intérieurement.

Il finit son assiette, avala un grand verre de rhum, sortit un papier de la poche de sa chemise et partit, un escargophone dans la main.

« Je vais prévenir père. Si vous voulez récupérer Ace il est enfermé dans l'enclos des moutons dans la clinique vétérinaire au sud de la ville après la forêt ». Finit Marco avant de claquer la porte et de disparaitre de la salle, toujours sous les rires de ses frères qui avaient du mal à s'en remettre.

Namur, profitant de l'absence de Marco, laissa un rire lui échapper en imaginant son frère encerclé par les moutons. Il inspecta le papier qu'avait laissé Marco sur la table avant de partir. Il reconnut alors un bracelet d'identification, mais contrairement à ceux qu'il avait vu auparavant, il comprit que celui-ci était réservé aux animaux.

Il le retourna, lu l'écriture bancale du commandant de la seconde flotte et ne put se retenir d'exploser de rire.

« Nom : Marco le phoenix.

Propriétaire : Portgas D Ace.

Personne à prévenir et numéro : Mr Edward Newgate, numéro escargophone XXCOCCXCCO. »

Fin.