Exorcisé

Prologue

-Harry Potter, j'aurai jamais cru dire ça un jour d'un rosbif mais vous auriez eu votre place chez les Magic Rangers !

-Merci Shérif Palmino, répond Harry avec un sourire poli avant de lever son verre pour trinquer avec ceux qui ont été ses collègues de travail durant son affectation, ici, en Louisiane.

Le réseau de trafiquants de potions qui l'a amené jusqu'aux Etats Unis d'Amérique a été démantelé deux jours plus tôt et c'est maintenant l'heure de son pot de départ. Harry est devenu un pro à ce type particulier de rituel social. Il suffit de boire, de rire à des anecdotes plus ou moins fines et plus ou moins conformes à ce qu'il s'est passé dans la réalité, de prendre sans broncher de grandes tapes amicales dans le dos et d'en donner aussi. De promettre de revenir rendre visite –pas pour le travail, cette fois- ou du moins de donner des nouvelles.

Promesse qu'il ne tient jamais, parce que s'attacher aux gens est contraire à ses prérogatives mais rien ne l'empêche de faire croire qu'il restera en contact. Autant partir sur une bonne impression et Shakelblot adore quand ses Aurors sont bien vus de leurs homologues étrangers. Si Harry obtient autant de missions en dehors de l'Angleterre c'est, entre autre, grâce à sa facilité à se faire apprécier des gens. Hermione appelle ça « être insolent de charisme». Harry peut comprendre mais il ne se sent pas particulièrement charismatique, c'est juste que les gens ont rapidement confiance en lui. Et quand il participe à des affaires à l'étranger, il n'agit pas comme le foutu sauveur que tout le monde s'attend à voir. Les gens veulent simplement qu'on agisse simplement et honnêtement avec eux et c'est une chose qu'Harry sait faire.

Alors qu'il sirote son verre, en badinant avec Elena Raver, la jolie Magic Ranger qui a été plus ou moins sa coéquipière durant les trois derniers mois, il pense à l'Angleterre et au fait qu'il doit y retourner bientôt. Il est content de revoir les Weasley et Hermione bien sûr mais il sait aussi qu'il va sauter sur l'occasion de repartir à l'étranger comme il le fait depuis presque deux ans maintenant.

L'Angleterre lui sort par les yeux.

Elena lui sourit un peu tristement quand elle lui parle de son futur départ. Harry se demande si elle est assez stupide pour avoir développé un béguin pour lui alors que depuis le début il est prévu qu'il ne resterait pas plus de quelques semaines. Puis il se dit, que c'est une remarque méchante, ce genre de chose ne se contrôle pas forcément. Il est bien placé pour le savoir.

Il refuse poliment, prétextant ses valises à faire, quand les plus jeunes de la brigade lui proposent de continuer la fête en boite de nuit sorcière. Raver est clairement déçue.

Il a d'autres plans pour la soirée, des qui ne comprennent pas de jolie représentante des forces de l'ordre. Pas de sorcier non plus. Il a eu sa dose.

°O°O°O°

-Putain, oui !

Harry sent les ongles du moldu s'enfoncer en bas de son dos. Il grimace mais continue ce qu'il est en train de faire. Il y est presque. Il touche presque le moment où l'orgasme lui fera tout oublier. Le moldu a des yeux noisettes et des cheveux bruns et en ce moment sa bouche est ouverte et son visage tordu par le plaisir. Harry a oublié son prénom et il regrette, il aurait pu le murmurer dans le feu de l'action, histoire de donner à tout ça un côté moins trivial. Mais le moldu semble avoir oublié le sien aussi alors tant pis pour le romantisme hypocrite. Pas besoin de jouer la comédie. Il serre les lèvres quand il jouit dans la capote. Il ne murmure aucun prénom et s'en trouve réellement soulagé. Plus par ça que par le fait d'avoir jouit en fait. La dernière fois qu'il a couché avec un inconnu, il a prononcé le mauvais prénom et ça l'a presque rendu malade.

Il se retire et aide son amant d'un soir à se branler, il ne lui faut pas longtemps pour jouir aussi. Harry en a plein la main et il essuie d'une manière qu'il espère discrète le sperme sur le drap. Il a besoin d'une douche. Le sourire que lui lance le moldu est à la fois paresseux et satisfait et Harry se sent frissonner. Il détourne les yeux.

-Je peux t'emprunter ta douche ? Demande-t-il.

-Oui. Mais avant ça, je peux t'emprunter ta bouche ? Répond le moldu avec son fort accent texan apparemment ravi de son jeu de mot.

Harry acquiesce, l'autre se lève à demi pour attraper son poignet et le tirer vers lui. Harry le laisse l'embrasser. Il sent la main caresser sa peau mais ne voit pas le danger tout de suite. Puis le moldu se détache et monte son poignet jusqu'à ses yeux.

-Hey mais tu as un tatouage ! s'exclame-t-il joyeusement, apparemment fasciné.

Harry sent un grand froid l'envahir. Il retire son bras trop brusquement. Le moldu le regarde bizarrement mais Harry s'en fout. Il se lève et cherche frénétiquement son bracelet en cuir qui a du se détacher pendant qu'ils baisaient.

-c'est quoi le problème ? Demande le moldu toujours sur le lit.

Harry ne le regarde même pas, il retourne leurs vêtements sur le sol et pousse un soupir frustré, avant de fouiller le lit. Il trouve enfin le bracelet entre les draps et se dépêche de le remettre. Sa main tremble un peu quand il le fait et quand ses yeux se posent malgré lui sur l'écriture argentée imposée sur sa peau il serre les dents à en avoir mal. Finalement le tatouage disparaît derrière le cuir alors seulement il commence à se calmer.

-ça va mec ? On dirait que tu as vu un fantôme...

Harry jette un regard noir au moldu.

-Tout va très bien, répond-t-il tout de même du bout des lèvres.

-Si tu n'aimes plus ton tatouage pourquoi tu ne te le fais pas enlever ? reprend l'autre homme. Le laser c'est un peu cher mais ça marche pas mal.

« De quoi tu te mêles ? » a envie de siffler Harry mais il se contente de rassembler ses fringues. Finalement il prendra une douche chez lui.

Le moldu a un rire amer en le voyant faire.

-Merde, commente-t-il, ça doit avoir un rapport avec quelqu'un d'important, non ? Probablement ton ex.

Harry ne répond rien et commence à se rhabiller mais son corps s'est crispé un bref instant.

-Je connais quelques mecs dans ton genre, reprend le moldu en soupirant dramatiquement-Merde il ne peut pas la fermer ce con!- . Ceux qui ont vécu un truc trop fort avec quelqu'un d'autre et on sait qu'on ne fera jamais le poids. Qui que ce soit il t'a torpillé pour tous les autres. Et c'est bien dommage…

Torpillé...Le mot lui fait l'effet d'un coup de poing. Il le trouve d'une extrême violence.

-Alors, poursuit le moldu qui ne semble pas perturbé par le silence buté du brun. Pourquoi m'as-tu choisi ce soir ? Qu'est ce qui te fait penser à lui chez moi ? On a les mêmes yeux ? La même couleur de cheveux peut-être?

« Ton sourire connard ! » pense Harry furieusement, « Ton putain de sourire ressemble au sien ! »

-Tu as une imagination débordante, dit-il à la place en boutonnant sa veste. Il n'y a aucun ex. Et personne n'est torpillé.

Le moldu se contente de sourire narquoisement-comme il n'a cessé de le faire au bar où Harry l'a ramassé- et l'espace d'une seconde un autre visage se superpose au sien, plus pointu et plus pâle. C'est vrai que leurs sourires se ressemblent. Harry titube presque quand il sort sans même dire au revoir. Il n'a pas bu. Il a juste mal.

Une fois de l'autre côté de la porte, il ne prend pas le temps de vérifier qu'aucun moldu ne se trouve dans la cage d'escalier, il transplane directement à l'appartement dans lequel il loge depuis presque trois mois maintenant, à quelques rues de là.

Un hibou l'attend dehors sur le rebord de la fenêtre de son salon, le fixant avec impatience. Harry le laisse rentrer et lui donne à boire et à manger mais ignore le parchemin attaché à sa patte. Il verra tout ça demain. De toute façon, c'est probablement Shakelbolt qui lui rappelle qu'il est attendu à Londres. A croire qu'il a peur qu'il oublie qu'il est encore un employé du ministère de la magie anglaise.

Ça le démoralise un peu de savoir qu'il va devoir bientôt crécher à Square Grimault. Il pense -pas pour la première fois- qu'il devrait se débarrasser de la maison des Black puisqu'il n'y est presque jamais depuis presque deux ans maintenant. Il n'est même pas obligé de la vendre, il a assez d'argent pour s'en offrir une autre. Il veut juste s'en défaire.

Puis il pense « Torpillé » et il regrette de ne pas avoir frappé le moldu.

Sauf qu'il a appris que les regrets ne servent à rien alors il passe à autre chose et décide de se traîner sous la douche.

A cet instant il se sent sale et seul.

Et torpillé.

A suivre...

Ce fut court mais il s'agit d'un proloooogue ^^