Aujourd'hui était un jour sans.
Aujourd'hui était un jour que je n'aimais guère. Un jour atroce dont j'aurais préférée rester emmitoufler dans d'immenses couvertures et ne relever le bout du nez uniquement le lendemain. Hélas, la vie étant ce qu'elle est, je devais me rendre en cours, là où j'étais sur les railleries de mes camarades griffondors dans mon dos allez se faire entendre. J'aurais pu, comme tous les autres jours depuis le début de ma première année me battre et hurler à qui veut bien l'entendre que mon père, que dis-je géniteur, allez en entendre parler. Aujourd'hui, je n'en avais pas envie.
Aujourd'hui était un jour où la normalité que j'avais imposé n'existerait pas. Aujourd'hui je n'avais pas envie de prétendre aller frapper, insulter ou critiquer qui que ce soit sous des prétextes d'origine totalement infondés et stupides. J'avais passé l'âge de croire qu'il existait une vie ou une race supérieure aux autres. Tous êtres vivants étaient égaux. Nul ne pouvait être inférieur à l'un ou l'autre, sinon la magie n'existerait que pour une certaine partie du monde. Or, j'avais la faculté depuis enfin d'être doté d'une sensibilité envers la magie déconcertante que je devais malheureusement cacher aux yeux de tous y compris ma famille au risque de me faire entrainer dans des idées plus noirs que Voldemort, ou plutôt Tom Jédusor. Cette faculté me permettait alors de ressentir tout ce qui était magique, tout ce qui ressentait et vivait dans la magie. Et la seule conclusion que je pus avoir aussi surprenante soit-elle était que la magie existait en chacun de nous à différentes échelles et que les cracmols n'étaient au final que des personnes dont la magie s'était brusquement emmêlée et coincée ce qui les empêchent de produire ne serait-ce qu'un filet de magie. Tout ce que je voyais, ressentais était grâce à cette perception que je savais rare mais non pas unique.
Mes cours terminaient, je me fis une joie de rejoindre ma chambre et de m'étaler sur mon lit. Les interactions sociales ô combien importantes pour ma famille m'avaient toujours semblé épuisantes. Et je n'eus pas le coeur aujourd'hui de paraître, me dandinant tel les paons blancs de ma demeure, en face de tous ses êtres, ses sorciers qui, au final, n'étaient sans doute là que pour l'argent que j'avais et qui retourneraient leur veste si vie dès que j'en serais dépossédé. Cela avait toujours été comme cela dans les riches familles sorcières et de sang pur, le précisons-le. Si tu as de l'argent, alors les portes de la vérité s'ouvriront. Si tu es pauvre, alors dis adieu à une vie confortable, car seule la misère tu traîneras tout au long de ta vie. Et personne n'eut à reprocher cette phrase puisqu'elle sembla vrai en tout point : les riches gouvernaient et les pauvres n'étaient que le bétail sous le joug de la folie des riches.
Dans mon lit, sous ma couette et à l'abris du monde, je fermais les yeux. Et voyageant enfin au pays des rêves, mon corps alourdi par la fatigue se plongea aussitôt à la conquête de la paix intérieure.
Silence. Tout n'était que de silence, de calme et de paix.
Je me sentais libre. Je me sentais bien. Libérer de toutes les chaînes qui m'encerclent et me noient. Une liberté que je n'avais que trop peu de temps à apprécier. Sous mes yeux, les étoiles dansaient, virevoltaient, m'entraînant dans une danse sans nom mais qui me faisait rêver tant les gestes semblaient délicats.
Dans mon petit coin perdu, il n'y avait que moi. Moi et mon immense imagination. J'étais dans mon rêve. Et j'étais libre. C'est tout ce qui me parut le plus honnête à dire. Là, au milieu de mes songes, perdu entre l'illusion et la réalité, j'étais maître de mon destin, et le masque s'effritait.
