Ce one shot est assez... Particulier. L'inspiration me vient directement de la chanson Heathens de Twenty one Pilots. Ça n'a rien à voir avec le titre, mais plus avec les paroles, et quand j'ai vu la traduction française, ça a illuminé mon esprit :')
Je sais pas pourquoi j'ai écrit ça
Paring : Kenma centrix / KenHina
Prison / wtf is that
Nombre de mots : 4700~
| En arrivant en prison, Kenma remet en question beaucoup de choses. Et surtout, qui est-il vraiment ? |
Dans un appartement miteux de Tokyo, en plein milieu de la nuit, Kenma soupira bruyamment en ouvrant la porte de son frigo. La lumière qui émanait des néons se reflétait dans ses iris et la brusque luminosité lui fit mal aux yeux. Lentement, il en sortit un simple petit yaourt à boire, puis déchira le haut avec ses dents et en but goulument le yaourt liquide. Lorsqu'il eut fini, il en reprit un autre et referma le battant en métal froid, avant de jeter le plastique vidé de tout contenu dans un coin grouillant de fourmis.
Il continua sa course jusqu'à son salon - ou du moins ce qui était censé l'être -, où trônaient un tout petit canapé, une table basse et un ordinateur portable. Épuisé, il se laissa choir entre les coussins griffés et déchirés, puis se mit à fixer le plafond avec ennuie. À nouveau, il se délecta de son encas de minuit. Au loin, les cris incessants des voyous qui se battaient pour le moindre yens, faisant couler le sang sur le bitume jonché de mégots, et se démenant corps et âmes dans ces luttes violentes éclairées par la faible lueur des lampadaires mourants, résonnaient férocement à ses oreilles, accentuant son mal de tête.
Parfois, quand le massacre partait trop loin, ces rejetés de la société en venaient à devoir cacher les corps dénués de vie dans les conteneurs à ordures ou dans les caves, et même que des fois, ils les laissaient pourrir au beau milieu de la ruelle. Il était déjà arrivé à Kenma, pour le peu qu'il sortait de son appartement, de croiser ces cadavres en décomposition en train de se faire dévorer par les vers. Maintenant, le jeune homme avait l'habitude de ces immondices, il baignait dedans depuis sa naissance, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir la nausée dès qu'il les voyait.
Quand le plafond au dessus de sa tête cessa de l'intéresser, il laissa son regard voyager à travers son logement, enfin si celui-ci pouvait être considérer comme tel. Car ce n'était qu'un cube d'à peine douze mètres carré, dont les murs étaient couverts de papier peint plus vieux que lui et avec une seule fenêtre côté rue. Et cette unique pièce faisait office de chambre, salon, cuisine, toilettes et douche, avec le strict minimum et son ordinateur chéri. Il avait l'eau et l'électricité, assez d'argent pour manger deux fois par jour (mais il donnait au moins la moitié à sa voisine de palier, une adolescente de quinze ans qui s'appelait Natsu) alors il n'allait pas se plaindre. Il était même plutôt content, parmi tous les pauvres de son quartier il devait être celui qui vivait le mieux, bien qu'il n'approuvait pas le moins du monde la façon dont il gagnait sa vie.
En y pensant, son ordinateur émit le son significatif d'une notification. Un mail, plus précisément. Soupirant, il se redressa sur son canapé et jeta un œil à l'écran. Le contact était anonyme - comme la plupart du temps - et lui demandait des informations (enfin, des codes d'accès) sur une banque célèbre de Tokyo. L'argent avait déjà été versée sur son compte. Il expira bruyamment, tentant de faire disparaître le nœud qu'il avait dans la gorge. Dieu qu'il détestait son travail. Hacker des sites, des systèmes de sécurité, ou encore traquer des téléphones depuis son ordinateur, c'était de la tarte pour lui, mais cela lui pesait sur la conscience. Il le savait, il était l'allier de taille pour tous les criminels de Tokyo, il était "K-ing". Il était sûr que les informations qu'il transmettait servaient parfois à tuer quelqu'un, que les sécurités qu'il désamorçait contribuaient aux pires braquages. Et pourtant, il ne pouvait arrêter ce travail, car c'était tout ce qu'il avait, avec cet appartement.
Perdu dans ses pensées, Kenma avait répondu au mail, chose qu'il ne faisait jamais. Cela avait peut-être été dû à la fatigue, ou à son énervement contre lui-même. Il ne savait plus vraiment, mais ce n'était pas important, car finalement, au petit matin, les policiers avaient encerclé l'immeuble où il vivait.
La porte en barreaux se referma derrière lui, et il entendit le cliquetis familier à la serrure de cellule qu'il avait maintes fois entendue dans les films. Il n'aurait jamais cru un jour être ce condamné pour des années à vivre entre trois murs et des barres de fer, et pourtant le voilà pétrifié à se remémorer les années passées en cherchant à quel moment toute sa vie avait bien pu tourner au vinaigre à ce point. Plus qu'un bruit, ce tintement aux gammes sinistres annonçait les couleurs les vingt ans qui suivraient, qu'il passerait peut-être à se ronger les ongles jusqu'au sang ou à devenir fou.
-Tu passeras la journée dans ta cellule, il y aura bien une âme charitable pour t'indiquer le fonctionnement de cette prison demain... Ah, j'oubliais. Nous sommes justement en prison, la plupart des gens ici sont des salopards ou des fous donc aucune chance de trouver quelqu'un de suffisamment gentil.
Le gardien qui l'avait conduit là était grand, très grand. Ses cheveux sous sa casquette étaient courts et blond, il portait des lunettes de vue. Kenma aurait menti en disant que son sourire arrogant et la lueur de supériorité qui dansait dans ses prunelles brunes ne l'avaient pas perturbé, mais ne le laissait pas paraître. Le géant sembla d'ailleurs légèrement mécontent du manque de réaction de la part du garçon à la teinture blonde. Tsukishima Kei, put lire Kenma sur le badge.
-Toutes les cellules sont ouvertes à six heures, libre à toi de sortir ou non. Petit déjeuner à huit heures maximum, tant pis si tu n'arrives pas à temps. Le repas du midi est obligatoire, c'est de midi à quatorze heures à la cantine. Tu n'auras qu'à suivre les gros goinfres qui vont littéralement se jeter dedans. Extinction des feux à vingt-deux heures, tout le monde doit être dans sa cellule et oui, c'est vérifié.
Sa voix avait l'air profondément ennuyée mais également ferme et sévère, malgré son air jeune il devait avoir l'habitude.
-T'as pas l'air du genre sportif, mais y'a une salle de sport. La cour c'est pour s'aérer, il y a même un terrain de basket… Sinon y'a la bibliothèque, mais honnêtement très peu y vont et on se méfie de ceux qui passent leurs journées là-bas, continua Tsukishima.
Kenma hocha la tête, pas le moins du monde vexé, et s'apprêta à aller dire bonjour à son lit pour les prochaines années.
-Et une dernière chose. Certaines brutes aiment bien s'occuper des nouveaux, et tu n'as... pas le physique pour les en dissuader. Évite les conflits et essaye de t'entourer, enfin surtout, ne juge jamais un livre à sa couverture, toute personne séjournant ici a ses raisons de l'être, n'est-ce pas K-ing ?
Cette fois, le blond décoloré tiqua et baissa les yeux, un peu agacé. Cela fit sourire Tsukishima, satisfait d'avoir tirer ce qu'il recherchait par ces provocations.
-On risque de se voir souvent, je suis le gardien attitré de cette zone, termina-t-il en tournant les talons, un sourire agaçant aux coins des lèvres.
Il s'en alla et le silence se fit. Kenma, résigné, s'assit sur son lit, et eu l'agacement de constater qu'il était bien plus confortable que celui qu'il possédait dans son appartement. Alors comme ça, il aurait une vie bien meilleure en prison que chez lui ? C'était quoi le hic ? Tout avait l'air bien mieux ici, c'en était outrant.
Il s'endormit après quelques secondes, et la dernière chose à laquelle il pensa était son ancienne voisine, qui aurait du mal à se nourrir sans lui. Son expression figée de tristesse rappela au jeune homme ô combien il détestait ce qu'il était devenu. Cette nuit, il ne rêva pas.
Le lendemain matin, à six heures précises, Tsukishima ouvrit les portes des cellules, dont la sienne, en criant qu'il était l'heure de se réveiller. En soit, un réveil des plus énervants, à l'image du gardien. Mais Kenma était réveillé depuis le milieu de la nuit. Il s'était endormi très tôt le jour précédant, et il n'était pas un gros dormeur.
La première chose qu'il constata fut la présence de deux autres prisonniers dans sa cellule, dans les lits en face du sien. L'un était grand et avait des cheveux noir de jais hérissé sur son crâne, avec une mèche plus longue qui retombait devant son œil droit, si bien que Kenma se demanda depuis combien de temps il ne s'était pas coupé les cheveux - question saugrenue dans une prison, mais il n'était pas habitué.
L'autre était plus petit, et contrairement au brun, il avait les cheveux châtain soigneusement rangés en une frange sur le côté gauche du visage. Il ressemblait à un serpent, et ses yeux ainsi que sa taille fine n'arrangeait pas son cas. Il avait un côté féminin-masculin qui lui donnait encore plus de charme.
Ces deux-là ne semblaient pas le moins du monde l'avoir remarqué et s'embrassaient comme si la fin du monde était proche.
-Je vais… Partir, lâcha-t-il dans un souffle, la mine dubitative.
Comme un seul homme, les deux garçons se retournèrent vers le plus petit, se demandant sûrement à partir de quand quelqu'un avait rejoint leur cellule ou qui ne s'était pas déjà jeté dans la cantine pour profiter du pain. Entre temps, Kenma avait revêtu son expression impassible et sondait le brun et le châtain, ce dernier s'étant placé juste devant son… Coéquipier d'amitié plus plus plus ? dans un réflexe protecteur. Un ange passa et le plus petit des deux prit la parole.
-Vas-y, balance ta merde.
Le blond se serait cru dans une usine à haute tension tellement l'atmosphère était pesante. Balancer sa merde, comment ça ? Il ne comprenait pas. Cela exaspéra le prisonnier qui reprit avec encore plus de venin qu'avant.
-Tes remarques d'homophobe à la con, balance les maintenant, on a autre chose à faire.
-Attendez... Ça existe encore l'homophobie ?
C'était maintenant au tour des deux plus grands d'être surpris. Leur tronche était vraiment drôle à voir, alors le blond laissa un rire nerveux s'échapper.
-Attend. T'as rien contre les gays ?, s'exprima le deuxième.
-Non... Pourquoi je devrais avoir quelque chose contre eux ?
-Tout le monde a quelque chose contre les gays. Surtout ici en fait, dit le premier.
Ils avaient l'air profondément soulagés, et Kozume comprit en une seconde qu'en dehors de son quartier où tout le monde couchaient avec tout le monde lorsqu'on qu'on ne se tapait pas dessus, l'homophobie faisait des ravages. Il avait pensé que l'eau avait coulé sous les ponts, mais apparemment se déconnecter complètement du reste du monde ne signifiait pas que celui-ci changerait.
-Ça fait bizarre de voir quelqu'un qui nous regarde… Normalement, échappa le grand brun.
-Les gens ici sont au courant ?
-Ils le savaient bien avant qu'on arrive en prison, répondit le plus petit. En fait… On était plutôt recherché.
Kenma se tût. Il le savait. Peu importe les apparences, peu importe si les gens ici avaient l'air normal ou non, les prisonniers avaient tous fait quelque chose pour en arriver là. Peut-être ce quelque chose auquel il avait maintes fois participé, de loin, en vendant ces précieuses informations.
Certains avaient tué, massacré, torturé, volé, commis des actes immondes. Et ils étaient en face de lui. Des dangereux criminels qui pourraient tuer n'importe qui de sang froid, s'ils avaient ne serait-ce qu'une petite lame.
Il déglutit. Le pire de tout cela, c'était qu'il était comme eux.
-Oi les gars, vous vous dépêchez, y'aura plus rien sinon, fit une voix plutôt grave à la droite de Kenma.
-Ah, j'ai cru que vous ne viendriez jamais nous chercher, ricana le grand brun en se tournant vers les deux nouveaux venus.
-Ouais c'est ça, Kuroo, fous-toi pas de ma gueule, continua l'homme. Oh, qui est-ce ?
Il désignait Kenma du menton, ce dernier inspectait ses pieds.
-Oh, c'est notre nouveau compagnon de cellule, il est super sympa ! s'exclama le dit Kuroo en passant un bras amical autour des épaules de Kozume.
-Ne me touche pas…
Il repoussa légèrement le plus grand en soupirant.
-Effectivement, je l'aime déjà, ricana le brun aux cheveux hirsutes. Je suis Iwaizumi Hajime, et celui qui boude pour rien derrière moi, c'est Oikawa Tooru.
Le jeune homme se retourna simplement pour tirer la langue à Iwaizumi, sous les rires mesquins de Kuroo et du châtain aux yeux de serpent.
-Je suis Kuroo Tetsurou, et l'abruti qui me sert de copain, c'est Daishou Suguru. Fais pas gaffe à lui, il est souvent grognon.
-Connard.
Kenma cligna des yeux. Tout avait l'air trop normal pour qu'il soit réellement en prison. Ils agissaient comme un groupe d'amis tout ce qu'il y avait de plus basique, assis dans une véranda autour d'un café. La vie dont il avait toujours rêvée. Du mieux qu'il put, il esquissa un sourire.
-Kozume Kenma.
-Enchanté Kozume, et si on allait graille, histoire de faire connaissance ? proposa Kuroo.
Il acquiesça à la proposition, alors que les trois autres se réjouissaient déjà.
Un frisson lui parcourut le dos.
Le petit déjeuné s'était globalement bien passé, excepté les regards lourds qui pesaient sur son dos. Il avait vite compris que les quatre jeunes hommes qui avaient décidé de l'intégrer à leur petite bande n'étaient pas vraiment aimés, et que la seule chose - ou plutôt personne - qui dissuadait les autres prisonniers de venir les tabasser, c'était Iwaizumi, son regard de tueur, ses muscles de vicking et la balafre qui mangeait une grande partie de son visage.
Parce que si son regard était d'une douceur insoupçonnée quand il se posait sur lui ou l'un d'entre eux, lorsque qu'il se posait sur l'un des criminels qui les regardaient avec une profonde haine, il devenait plus meurtrier que tout et faisait froid dans le dos.
Malgré tout, le blond se sentait étrangement bien avec eux. Mieux qu'il ne l'avait jamais été. Et il trouvait cela plus effrayant que quoique ce soit. Plus effrayant que les regards désireux de sang, qui le clouaient sur place, plus effrayant que les nuits passés dans le noir.
Quoi qu'il en était, il avait passé le reste de la journée avec eux, avait appris à les connaître, et avait déduit qu'il fallait mieux rester avec eux pour le moment. Il se dirigeait vers les douches avec méfiance, ne désirant pas se faire embrocher dès le premier jour.
-Quand je t'ai conseillé de t'entourer, je parlais pas de faire ami-ami avec les prisonniers les plus détestés ici, ricana une voix irritante juste à côté de lui.
Il sursauta à peine, reconnaissant avec aisance le timbre de son cher surveillant de cellule Tsukishima.
-Je rigole, tu pouvais pas mieux tomber. Essaye juste de ne pas trop rester seul, continua le blond sur le même ton.
-Je n'y comptais pas.
Il voulut accélérer, mais Tsukki annonça quelque chose qui retint son attention et le perturba, jusqu'à le glacer sur place.
-De toute façon, vous ne risquez pas de rester là encore longtemps.
Il se retourna vivement, déboussolé, mais le gardien de cellule repartait déjà à l'opposé de lui.
-N'empêche qu'il est pas net pour un gardien, lui, marmonna-t-il pour lui-même.
Il se dépêcha d'aller prendre sa douche, puis de revenir à sa cellule en repassant par les mêmes couloirs qu'à l'allée. Il salua mollement Daishou et Kuroo, déjà allongés dans leur lit respectif, qui lui répondirent d'un ton assez enjoué. À vingt-deux heures, Tsukishima vint vérifier s'ils étaient bien allongés, et ferma le verrou à clé, sans répondre au "bonne nuit" lancé par le grand brun avec moquerie.
Tant qu'il y avait de la lumière dans le couloir, il fixa d'un air absent sa manche de chemise orange, singulière aux tenues de prisons. Il en revint à se demander s'il se trouvait bien en taul. Tout avait l'air trop calme et paisible, surtout pour un nouveau prisonnier, anciennement informateur de choix, aussi fin que lui.
Pour le peu de fois où il avait été seul, personne ne l'avait accosté.
Et pour la énième fois aujourd'hui, un sueur froide coula le long de sa colonne vertébrale.
Un mois passa sans qu'il ne se passe rien et ça avait le don d'inquiéter Kenma, sans qu'il ne sache pourquoi. Tsukki restait toujours aussi énervant, Kuroo avait le don de le mettre mal à l'aise, Daishou se révélait beaucoup plus sympathique qu'à sa première impression. Iwaizumi était tout simplement leur mère à tous, et Oikawa demeurait le même enfant. Il avait aussi rencontré un certain Hinata avec lequel il s'entendait particulièrement bien.
Voire beaucoup trop bien pour son coeur mal accroché.
L'image de son petit roux vint de faire une place dans son esprit alors que Kei ouvrait la cellule, Kuroo et Daishou se précipitant en dehors.
-Bah alors Kenma, on est trop fatigué pour se lever ? ricana le grand blond, une lueur taquine derrière ses lunettes.
Allongé dans son lit, l'interpelé donna un simple coup d'oeil désintéressé au gardien.
-T'es pas lassé de m'agacer tous les matins toi ? il répliqua mollement.
-Non absolument pas, et t'en fais pas, je t'agacerai encore longtemps.
En soupirant, Kozume se leva, bailla et sortit de la cellule, empruntant le même chemin que ses partenaires un peu plus tôt. Le sourire d'Hinata lui revint en mémoire, et il sentit son coeur battre dans sa poitrine. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il avait quelque chose d'autre derrière la bonne humeur constante du roux.
Car en prison, les prisonniers étaient tous là pour une raison, que ce soit Kuroo, Iwaizumi, lui et aussi Hinata.
Hinata avait aussi fait du mal à des gens, d'une quelconque manière. Dans le meilleur des cas, il avait simplement braqué des banques, avait peut-être vendu des informations comme lui.
Mais il ne connaissait pas réellement, et venait tout juste de s'en rendre compte, sa petite bande. Parce qu'ils avaient un passé, commis des méfaits, volé, tué.
Ils étaient des criminels au même titre que lui.
Il décida d'arrêter d'y penser en prenant son plateau. Cela ne servait à rien de s'y attarder, les choses étaient comme elles étaient. Il secoua la tête, et attendit qu'on lui serve le déjeuné dans l'assiette, avant de se diriger vers la table de Kuroo et Daishou.
-Iwaizumi, Oikawa et Hinata ne sont pas là ? demanda-t-il doucement en prenant place à côté du châtain.
Le grand brun avala ce qu'il avait dans la bouche, et reprit en chuchotant.
-Oikawa et Iwaizumi ne sont pas encore levés, et Hinata je ne sais même pas où il est. Mais pas un mot, il faut faire comme s'ils allaient arriver, sinon ils vont tous nous sauter dessus.
Kenma hocha la tête, tout en amenant une pomme à sa bouche, stressé. Il avait l'habitude de ne pouvoir compter que sur lui-même, avant, les regards meurtriers des autres prisonniers ne l'auraient même pas atteint. Mais Hajime avait pris l'habitude de faire en sorte à ce qu'ils soient tous tranquilles, veillant au grain. Et cela avait rassuré Kozume de nombreuses fois, il s'en rendait compte maintenant.
Les regards étaient tous posés sur lui. Les discussions avaient cessé. En face de lui, Kuroo se grandit un peu sur sa chaise, et fronça les sourcils. Daishou le regardait faire avec méfiance.
Un genre de regard qui disait « si tu fais ce à quoi je pense que tu vas faire, je te jure sur tes ancêtres et les générations futures que tu vas morfler comme jamais. »
Mais le brun à la coupe étrange l'ignora.
-Quoi ? lança-t-il assez fort pour que tout le monde l'entende.
Les gardiens se tenaient près à intervenir. Un homme, de la taille à Suguru, se leva, la moue sévère, les cheveux platines et courts en pagaille sur le crâne, et les yeux gris aussi froids qu'un glacier.
Il s'avança jusqu'à la table du petit groupe, et se planta juste devant Kenma, les bras croisés sur sa poitrine, ne prenant pas en compte les yeux meurtriers des compagnons de Kozume.
-Tu es K-ing ?
La pression augmenta d'un cran, le faux blond sentit des sueurs froides coulées le long de son front. Daishou fixait le prisonnier comme s'il cherchait à le tuer du regard.
-Oi, répond.
Kenma se tût, amena sa pomme à ses dents, avant de croquer doucement et de mâcher longuement. Il avala, et après quelques secondes, il daigna relever la tête, aussi lentement qu'il pouvait, alors qu'il sentait ses amis se tendre.
-Oui, c'est moi.
Plus le silence s'installait, plus il était mal à l'aise, mais il ne le laissa pas paraître.
-Les informations que tu as transmise à mon groupe étaient fausses, à cause de toi on s'est fait enculé et les flics nous ont choppés à la sortie du Musée des Archives, t'es fier de toi ?!
Assis sur sa chaise, Kozume le détailla du regard quelques instants, puis pencha la tête, et sourit :
-Ce n'est pas ma faute si votre plan ne prenait pas en compte certaines des informations que je vous ai livrées. Et il fallait être discret, croyez-moi quand je vous dis que vous ne l'étiez pas. La prochaine fois, merci de ne pas m'accuser pour votre incompétence.
Un silence pesant s'installa, durant lequel chacun prenait soin de digérer ses paroles. Le blond platine empogna le plus petit par le col, qui ne quitta pas le moins du monde son micro sourire - qui avait une très forte ressemblance avec les rictus de Tsukishima - alors que l'autre criait.
-Répète un peu connard-!
Il se fit stopper brusquement, sentant une main se poser sur la zone entre son épaule et son cou.
-Omijiro-san, lâche Kenma-kun.
La voix d'Hinata brisa le silence alors que Kuroo et Daishou affichaient des mines surprises.
-Oh toi le morveux la ramène pas, je vais te-
Il glapit soudain de douleur, se tortillant dans tous les sens sous la poigne du roux. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le baraqué qui mesurait bien quinze centimètres de plus que lui se retrouva bientôt à ses pieds, lâchant Kenma. Les gardiens n'intervenaient pas.
Le regard du faux blond était absent, et il regardait la scène avec ce petit air qui lui donnait l'air d'un chaton perdu. Un chaton au milieu de lions.
-Oi, vous foutez quoi là ?!
Et Iwaizumi était là pour sauver la situation.
-Kenma ? dit Daishou à l'entrée de la cellule. Tu ne viens pas ?
Assis dans son lit, les doigts entrecroisés sur ses genoux, le faux blond releva son regard vers son homologue. Il détailla durant quelques secondes, les yeux brillant de sa malice habituelle, la petite moue formée par sa bouche, ses sourcils haussés, ses cheveux châtains en bataille malgré l'ardeur que mettait le jeune homme à se coiffer le matin.
Il épia le temps d'un instant Suguru qu'il considérait comme un ami, comme Tetsurou, comme Tooru, comme Hajime, comme Shoyo... Des amis qui étaient en premier lieu des criminels et des prisonniers, peu importe à quel point ils pouvaient être sympathiques, tolérants, serviables, doux, ou même respectueux...
Ils avaient peut-être tué, volé, blessé gravement. Mais il les aimait même en sachant cela. Car dans le fond, il était comme eux. Et quelque part au fond de lui, il commençait à s'y faire. Il oubliait petit à petit le mal qu'ils avaient fait derrière eux, parce que ces temps étaient de son point de vue révolus. C'était du passé.
Il serra son poing et un sourire se forma sur son visage. Il se leva, et suivit Daishou jusqu'au self.
Oui, tout comme lui, leurs méfaits appartenaient au passé. Et même si ce sera long, vingt ans, il décida que c'était le moment d'enterrer son pseudonyme, et de repartir sur de bonnes bases.
Des mois après, Kenma était bien plus proche de son groupe. Plus particulièrement de Hinata. Et il ne pouvait plus nier.
Ses boucles rousses, ses yeux ambrés, son grand sourire, sa gentillesse… Il savait qu'il l'appréciait bien plus qu'il n'appréciait Kuroo ou Iwaizumi, qu'il l'aimait. Et que son coeur n'avait jamais battu pour un autre que lui. Que Hinata tenait ses sentiments, et sa simple volonté au creux de sa main.
Et au lieu de l'effrayer, ce sentiment était grisant. Kenma, dans l'état actuel des choses, n'avait plus peur de rien.
Un jour comme un autre, les deux avaient décidé de passer la journée à deux - décision qui avait rendu heureux Kozume plus que de raison - à la bibliothèque.
C'était comme ça qu'ils se retrouvèrent l'un sur l'autre, dans un coin de la salle, un livre pour deux.
La tête posée sur l'épaule de son ami, Hinata chuchota :
-Dit, je peux te montrer un truc, Kenma ?
Kenma acquiesça simplement, et ferma le livre aux bordures noires doucement.
-C'est où ? demanda-t-il du même ton que le roux.
-Pas loin, mais faudra être silencieux.
Le faux blond - bien qu'il ne lui restait que les pointes - leva les yeux pour fixer Hinata. Ce dernier avait, dans l'expression du visage, l'inquiètude, le doute et l'empressement d'une personne qui allait faire quelque chose qu'elle savait dangereuse ou mauvaise.
Kenma aurait du refuser. Il avait pris ses résolutions, et devait les tenir. Mais quand Hinata lui prit la main, les joues rouges, pour le tirer vers le haut afin de l'aider à se relever, il sut que c'était fini et que peu importe ce que demanderait Shoyo, il le ferait.
Par amour, par aveuglement, et tout simplement parce que son coeur avait le contrôle de son corps, il se laissa guider par le plus petit, le coeur serré d'angoisse.
Ils quittèrent la bibliothèque, sous le regard aiguisé de Tsukishima à travers les caméras de surveillance.
Ils l'avaient fait, ils étaient sortis de prison. Kenma ne savait plus où donner de la tête, entre les sourires ravis de Kuroo et Oikawa, et la main de Shoyo qui n'avait pas quitté la sienne. Derrière lui, il y avait Tsukishima, qui se plaignait à Daishou pour une quelconque raison. Iwaizumi le regardait lui, le couvrant d'un regard étrange.
Hinata ressera la prise sur sa main, tremblant.
-Je crois qu'on te doit des explications, Kenma, dit alors le brun.
-Ça fait un moment qu'on cherche à quitter cet endroit, commença Suguru en ignorant les plaintes des autres. Parce que nous y étions à tord.
-Pas tout-à-fait... suggéra Shoyo.
Kenma ne comprenait rien.
-Si tu veux savoir, à par Tsukishima, qui est de mèche avec nous et avant tout notre ami, personne ne savait que tu étais K-ing. On l'a su il y a une semaine, quand on cherchait un nouveau moyen de partir.
-Tu l'emmêles Daishou, le coupa Oikawa sur un ton léger. En fait, on a été jugé pour le mauvais crime. On a en quelques sortes pris la place d'un autre criminel, qui s'en est bien sorti ce connard-
-Bref. Tsukishima nous a dit il y a une semaine que tu pourrais peut-être nous aider. En fait, il en avait marre d'attendre qu'on trouve une solution.
-Remerciez-moi plutôt d'avoir accepter de jouer l'infiltré, grogna le blond.
-Ouais ouais...
Kenma les fixait tous sans comprendre quoi que ce soit.
-Kenma, est-ce que tu veux rester avec nous ? lui supplia presque Hinata.
Et dans un état de choque monstrueux, il n'écouta que son coeur qui lui disait de suivre Shoyo jusqu'au bout du monde alors que ce dernier l'enlaçait.
Des années plus tard, il apprit que toute cette mascarade n'était qu'un tissus de mensonges.
Mais il n'avait plus peur de rien.
Et maintenant, tout ce qui lui importait, c'était qu'il savait enfin ce qui se cachait derrière chacun de ses amis. Et derrière son propre visage.
Au fond de lui, et comme eux, il avait toujours été un criminel.
Je n'ai pas relu et j'ai écrit les 2000 premiers mots y'a deux mois et le reste j'ai écrit les reste à deux heures du mat quand j'étais claquée bref un cauchemar
