HELLO alors OUI je suis en retard de quelques minutes mais blâmez CATHARSIS svp et aussi le fait que je l'ai fini il y a genre... 10 min ? et aussi je me suis trompée deux fois de doc ce qui m'a valu DEUX secondes intenses de panique bye.

DU COUP j'ai zéro recul dessus i'm so sorry je suis pas de ouf satisfaite de la fin mais bonnnn au moins le début i like it. Also pour les coquilles désolée uh, les thèmes sont Break Up et celebrity x fan (même si c'est bien moins explicite ça reste un point central).

EN TOUT CAS merci à toutes mes copines et ma sœur encore une fois la week est loin d'être terminée and i'm still out there damm, et merci à vous qui mettez des reviews régulières sachez que ça me fait trop plaisir de OUF

Lorde - Writer in the dark


Break the news - you're walking out

To be a good man for someone else


La porte claque et Eren relève précipitamment la tête. Il ne va pas immédiatement au salon, trop peu impatient de connaître la suite. Cependant, l'inquiétude finit par l'emporter sur le reste et il quitte la salle de bain sans manquer de se passer une énième gerbe d'eau sur le visage.

Quand il arrive, Jean ne s'est pas assis sur le canapé et s'est contenté de rester debout contre la porte, son sac sur une épaule et un tas de cernes impossible à louper sous ses yeux. Eren fait un pas vers lui mais quand il le voit réagir en essayant de reculer et peut-être même de disparaître contre la porte, il s'arrête. Il ne sait pas quoi dire : ça lui serre le cœur tant et si bien qu'il sait que ce n'est pas une situation dans laquelle il peut présenter ses excuses – il n'est même pas certain d'en avoir le droit.

Au fond, au début de leur relation, il s'en est un peu douté : jongler entre son métier et son copain n'allait pas être chose facile, l'un finirait forcément par l'emporter sur l'autre. Il aurait sincèrement préféré que ce ne soit pas le cas mais voilà, Jean a fini par exploser et s'il est là aujourd'hui, ce n'est pas pour ramasser les morceaux.

Tant mieux, au fond. Tant mieux. Mais Eren ne peut se convaincre en se disant qu'il trouvera mieux que lui, parce-que lui sait qu'il n'a besoin que de Jean.

- Hey, finit-il par souffler plus pour arracher le bandage que pour véritablement commencer une conversation.

Jean ne répond pas et pose une main sur la bretelle de son sac, une main si serrée qu'elle change rapidement de couleur.

- Tu sais ce que je vais dire, grogne-t-il tout de même après s'être raclé la gorge.

Eren ne sait pas si c'est autant difficile pour le doré que ça l'est pour lui. Même s'il ne se rend pas encore compte, il a doucement l'impression qu'on est sur le point de lui arracher les entrailles et qu'au réveil, il n'aura plus qu'un trou béant impossible à combler – pas même avec de l'alcool, pas même avec de la musique.

Il inspire pour ne pas trop y penser. De toute façon, il sait comment cette discussion va se terminer : il aura tout le temps de se lamenter plus tard.

Une part de lui se réveille alors au contact des yeux de Jean, une part de lui qui se révolte soudain et qui retourne son estomac et qui lui dit ne le laisse pas partir. Mais Eren y a déjà réfléchi, longuement, et c'est notamment ce qui explique son calme apparent : il a entendu les soupirs de Jean, a vu la façon dont il détourne régulièrement le regard quand il s'agit de son métier et a compris la peine qu'il a à se faire à l'idée que jamais son amant ne lui appartiendrait vraiment.

Mais elle ne se tait pas, la voix dans sa tête, elle n'arrête pas de parler et de hurler et de s'indigner et de se révolter. Elle fait l'effet d'un enfant seul dans une gare, qui hurle à la mort pour que seul l'écho lui réponde. Eren ne peut pas l'écouter, il ne sait même pas s'il en a envie. La plus belle preuve d'amour n'est-elle pas de laisser partir la personne qui veut s'en aller ? C'est ce que son père lui a dit, ce jour-là, ce jour aux murs blancs et à l'odeur de désinfectant.

Eren comprend maintenant, il sait que son paternel avait raison et que la seule façon de véritablement posséder quelque chose, c'est de la laisser partir.

Il ne sait pas ce qu'il se passe dans l'esprit de Jean pour qu'il reste silencieux aussi longtemps, mais quand il le voit se redresser un petit peu et rajuster sa bretelle sur son épaule, il se dit qu'au moins, ce sera vite fini. Mais Jean ne s'en va pas après deux mots jetés sur le sol, non, il prend son temps. Comme un appel à l'aide qu'Eren refuse de voir.

- C'est mieux comme ça, tu crois pas ?

Eren a quand même besoin qu'il explicite, quand même besoin qu'il dise clairement qu'il le quitte. Alors il attend, évite de croiser les bras sur sa poitrine et les laisse pendre de part et d'autre de son corps, pendre comme sa résolution qui s'évapore et qu'il ne savait même pas existante. Jean reprend en se passant une main dans les cheveux – il est gêné, il fait toujours ça quand il est gêné, mais aujourd'hui Eren ne sait pas s'il est gêné de le larguer ou gêné de ne pas savoir quoi dire, de ne pas oser donner réalité aux mots qui lui piquent le fond de la gorge depuis plusieurs semaines.

- Je veux dire, continue le doré, tu fais tes trucs, et moi les miens. Et on s'en sort très bien comme ça.

Erne n'y tient plus.

- C'est dur de le dire, hein ?

Jean le fusille du regard. C'est mieux comme ça, c'est mieux comme ça, il suffit d'une intervention de sa part pour que son petit copain de quelques secondes encore perde son sang-froid, bien sûr qu'il faut qu'ils se séparent.

- Je t'emmerde, Jaeger, ça t'arrange que ça se termine comme ça hein ?

Eren aurait voulu secouer la tête, mais il reste immobile, il reste immobile et ignore le feu qui soudain nait dans sa poitrine.

- C'est bien ce que je pensais, reprend Jean qui utilise toujours le silence pour sauter aux conclusions qui l'arrangent.

Dis quelque chose, dis quelque chose.

Sa bouche est sèche et ses yeux aussi, et il sait que s'il en dit plus, s'il en dit plus il risque de le regretter.

- On peut faire ça bien, propose quand même Eren en ignorant le regard noir qu'il essuie depuis trop longtemps maintenant.

- C'est pas dans ton vocabulaire.

Le brun ne bouge toujours pas, n'exprime rien du feu qui se transforme en acide et qui lui détruit la poitrine et se contente de hausser les épaules. Il sent les flammes familières de la colère se réveiller elles aussi, et doit faire preuve de tout sa volonté propre pour ne pas qu'elles éclatent. La seule façon de véritablement posséder quelque chose, c'est de la laisser partir.

Le silence s'impose avant d'être chassé par un soupir.

- Tu vois, c'est ça, crache Jean.

Eren relève la tête avec une question au fond des yeux, mais il la garde pour lui. La part de lui qui lui intimait de faire quelque chose s'est tue et se contente de le regarder mettre en pièce la seule relation à laquelle il ait vraiment tenu, la seule relation qui ait eu le mérite de lui retourner les tripes. Mais il ne peut pas changer de métier.

En revanche, il peut changer de copain.

Cette pensée suffit à lui donner envie de vomir et il se retient de courir aux toilettes, de s'abandonner à ses instincts premiers qui lui retournent l'estomac et le serrent et le tordent et le tirent parce-que la réalisation frappe de nouveau et qu'il aurait voulu faire ça calmement mais que c'est déjà trop tard et que toutes les portes qu'il a tenté de garder closes viennent de se rouvrir brutalement, créant un tremblement de terre monumental dans ses murs intérieurs.

Il inspire. Une fois, deux fois, autant qu'il le faut pour que ses oreilles arrêtent de siffler et qu'il retrouve cet état de non-existence qui le porte depuis hier matin. Il veut juste que ça se termine.

- C'est ça quoi ? dit-il finalement parce qu'il voit bien que Jean attend qu'il lui réponde, qu'il lui ouvre la porte pour qu'il puisse lui cracher à la gueule toutes les reproches qu'il a sur le cœur et que ça rende les choses plus faciles.

Plus faciles parce que c'est tellement simple de taper dans un château de sable, et c'est tellement long d'en réparer les fondations.

Les reproches ne viennent pas, le silence reprend ses droits, Jean les lui arrache à nouveau.

- C'est ça, dit-il simplement sans plus d'explications, comme si leur relation se limitait à deux syllabes et trois mots (un peu comme « je t'aime », qu'Eren n'entendra plus jamais sortir de sa bouche).

Le brun sait qu'il a passé trop de jours, trop de semaines dans son cocon de protection et que maintenant, il est incapable d'en sortir, incapable de tendre la main pour essayer de lui expliquer qu'il est épuisé. Il y a ça et puis il y a le reste, les tournées et les enregistrements, les concerts et les réseaux sociaux. Bien sûr que ça contribue à l'effritement de leur proximité.

- D'accord.

Il regarde l'expression de Jean se tordre et ça le blesse de ne plus pouvoir la lire, mais il ne dit rien. Il ne sait pas, ne sait plus à quel moment le doré lui a filé entre les doigts, et il veut lui demander, mais se tait, parce-que c'était sûrement un processus qu'il aurait dû voir, une réponse qu'il aurait dû avoir.

- Je m'étais dit que tu crierais, finit par souffler Jean.

Eren aussi. Il s'était même figuré qu'il hurlerait, mais il s'est tellement décroché de la réalité qu'il ne sait comment y replonger, comment ressentir autre chose que la douleur cuisante qui vibre contre ses poumons et qu'il ne peut communiquer sans quoi elle le consumerait tout entier.

Il voit Jean esquisser un pas dans sa direction mais le geste meurt, le geste meurt contre les kilomètres qui les séparent et Eren doit se retenir de ne pas s'en aller, de ne pas retourner dans la chambre – sa chambre maintenant.

Il a envie de lui dire qu'il l'aime, mais il sait que c'est trop tard et il sait que Jean porte trop son cœur dans sa gorge et qu'il sera incapable de ne pas le lui dire lui aussi, et alors il lui faudra affronter le fait que parfois, parfois deux personnes qui s'aiment ne peuvent pas être ensemble. C'est la plus grande tragédie de l'être humain, la plus grande tragédie physique et romantique, parce qu'on fait croire dans les livres qu'il suffit d'une connexion et de trois mots, mais il faut tellement plus, tellement plus qu'Eren n'a plus rien à donner et n'a plus rien à dire.

S'il retient Jean, s'il se laisse aller à hurler, il serait juste le plus égoïste de l'univers, comme s'il ne l'était pas déjà.

La seule façon de véritablement posséder quelque chose, c'est de la laisser partir.

Mais même cette litanie n'est pas suffisante pour apaiser la douleur au sens propre, non, la souffrance interne qui lui serre les entrailles.

Jean rajuste la lanière de son sac. Encore. Passe une main dans ses cheveux, qui ne sont plus propres. Eren se demande où il a passé la nuit. Et puis ne pose pas la question, qui meurt avec le reste de ses remarques.

Il baisse les yeux parce qu'il voit ceux du doré s'humidifier – et c'est une vision qu'il n'a jamais pu supporter et qu'il déteste de toute son âme surtout qu'aujourd'hui, aujourd'hui c'est à cause de lui.

Quand il relève la tête, la porte claque.


Sorry I was never good like you


Eren passe la tête sous la porte relevée du garage et croise le regard de Sasha qui essuie ses mains pleines de cambouis. Elle lui sourit et il se souvient quel est le miracle qui l'a poussé à sortir de son lit. Il fait glisser la basse qu'il porte sur son dos et dont ce mec qui parfois s'occupe de ses maquettes n'a plus besoin et la lui tend.

La rouquine esquisse un sourire. Elle n'a pas joué depuis longtemps et s'il peut l'encourager à s'y remettre, ça lui donne au moins l'impression d'être plus utile qu'en faisant office d'ornement permanent à ses draps froids.

- T'as l'air mieux, elle lui dit.

Il hausse les épaules et lui offre ce sourire qui n'en est pas vraiment un. Il ne sait pas si elle a tort ou pas et se retient de lui demander des nouvelles de Jean.

- T'as des nouvelles de Jean ?

Dire son prénom lui donne l'impression d'entendre sa voix résonner autrement, lui donne l'impression que le doré va passer la porte du garage lui aussi et que son tee-shirt va flotter doucement avec le vent et qu'il va lui sourire, toujours un peu malicieux, et lui dire « qu'est-ce que tu fous là encore Jaeger ? ».

- Pas vraiment.

Eren hausse un sourcil et cherche son regard mais tout l'attention de la rouquine est tournée vers la basse. Elle s'assoit sur une caisse de bière et gratte les cordes sans émettre plus qu'un rebondi ridicule. C'est comme si Jean avait disparu, comme s'il avait demandé aux autres de ne pas l'évoquer, jamais, de le ranger dans un poche et de l'y oublier comme un objet, un objet qui aurait eu de la valeur un jour mais qu'on retrouve et qu'on jette sans se rappeler ce qui y était attaché.

- Ouais ?

Sa voix ne tremble pas mais il sent son âme fébrile, fébrile tant et si bien qu'il doit un peu serrer les poings pour garder l'équilibre.

- Il est parti en vacances.

Elle hausse les épaules comme si ce n'était pas une information essentielle. Eren aurait voulu que ça n'en soit pas une, il aurait même préféré sûrement ne rien savoir mais voilà, voilà il fallait qu'il pose la question et il fallait que la réponse ne lui plaise pas.

Pour lui, Jean n'est pas parti en vacances, il est parti tout court sans un ticket de retour et Eren n'a même pas été foutu de le retenir, même pas été foutu de lui dire de rester. Et maintenant il n'est bon qu'à manger des plats commandés et regarder des séries de téléréalité qui lui donnent envie de vomir devant l'inutilité du monde, l'inutilité de l'homme qui ne ressent rien et surtout qui ne ressent pas d'amour.

Il n'a même pas touché à sa guitare depuis, et il sait que quelques grains de poussière s'y sont déjà déposés. Il sait aussi que s'il ne rappelle pas son producteur, ces grains risquent de devenir légion.

- D'accord, il dit finalement.

Elle relève les yeux de l'instrument et souffle sur sa mèche qui les cache un peu.

- Il te manque ?

Il la regarde un instant et sait qu'avec elle, il a toujours été le plus honnête possible. Personne ne ment jamais à Sasha, Sasha et ses jolis cheveux qui lui retombent devant les yeux et sa voix douce qui vous dit que de toute façon, même si vous ne le vouliez pas, vous ne pourriez dire que la vérité.

- Oui.

Le dire à voix haute est cathartique, autant que peut l'être un aveu qu'il vient à peine de se faire à lui-même.

Elle a un sourire, un sourire craquelé qui lui fait se demander s'il n'aurait pas mieux fait de se taire. Elle fait glisser une autre caisse à côté d'elle, et tapote sur sa surface.

Eren ne sait pas, il a envie de rentrer parce-que s'il reste, s'il reste les sanglots vont l'étrangler jusqu'à ce qu'il les laisse sortir, et il n'a pas pleuré depuis qu'il s'est cassé le poignet en jouant du volley.

C'est un mensonge.

Il a pleuré contre Jean quand ils ont regardé ce film au scénario triste, a pleuré quand Jim Carrey a dit « Je ne vois absolument rien qui me déplaise chez toi » et que Kate Winslet a répondu « Mais ça viendra ».

Il ne veut pas y penser.

Il fait quelque pas et se laisse tomber sur la caisse de bière qui craque un peu sous son poids, et il pose sa tête sur l'épaule de Sasha qui fait résonner ses cordes plus fort, plus fort jusqu'à ce que ça devienne mélodieux et qu'Eren ferme les yeux et ne pense plus qu'à son odeur de camomille et à sa voix qui fredonne. Il s'accroche aux notes dans sa voix et les laisse le porter, le porter jusqu'à ce qu'il ne pense plus au doré et à son timbre doucement râpeux sur les fins de phrase.

Quand il rentre le soir, après une pizza et une série débile parce-que Sasha lui a proposé de rester en attendant que Connie arrive, quand il rentre ce soir il est satisfait de s'être levé.


Hated hearing my name on the lips of a crowd

Did my best to exist just for you


Le concert se passe bien.

Bien comme dans un film, bien comme reproduit à la télé, bien comme sur une vidéo. Eren fait ce qu'il peut avec ce qu'il a, se concentre sur ses doigts qui produisent des accords et sait que son corps n'est rien de plus qu'une caisse de résonnance grandeur nature.

Cette pensée n'a rien de doux. Elle fait bondir son estomac et rejette sa tête en arrière, parce qu'il se souvient, parce-que les lumières le ramènent en arrière. Il sait pourquoi, pourquoi il est là, pourquoi c'est si dur et pourquoi il n'ose pas scanner le public à la recherche d'une tête dorée qui de toute façon ne serait même pas venue. Il sait qu'il lui manque à en vomir sa poitrine et à s'en déchirer la peau, comme si toute sa vie n'avait jamais été aussi vide.

Il se déteste d'être aussi pathétique et plus il y pense et plus le son de la foule disparaît. Il ne reste bientôt que sa guitare, sa guitare et les notes qui parviennent encore à s'en échapper comme des détenues qu'il aurait voulu garder auprès de lui pour plus longtemps, assez longtemps pour qu'elles oublient qu'elles ont un jour été libres. Comme lui a oublié qu'il a un jour été seul.

Mais là, sous la lumière des projecteurs, il ne peut que se souvenir d'une rencontre, d'une poignée de main froide et de quelques mots sur un tableau blanc en salle de réunion (« le nouveau batteur arrive aujourd'hui, n'oublie pas »). Et Jean qui le voit et qui fait semblant de ne pas le reconnaître, qui fait semblant qu'Eren Jaeger n'est pas le leader du groupe de rock le plus en vogue dans les milieux souterrains.

Il en veut aux applaudissements de le sortir de sa transe, mais ils ont le méritent au moins de le tirer de l'eau de ses souvenirs qui trop souvent, lui donne envie de vomir.

Après le concert, une fois que sa guitare est rangée dans son étui, il se demande si commencer à fumer maintenant serait ridicule.

- Eren ? Tu rentres ?

Christa est derrière lui, Christa et ses jolis yeux bleus et sa voix douce qui toujours, toujours lorsqu'elle est face à un micro, devient la plus belle femme que le monde n'ait jamais porté – là, ou alors quand Ymir vient la chercher après son service et que c'est comme si elles se voyaient pour la première fois.

- Ouais, il murmure en haussant les épaules.

- Reste un peu. T'es pas obligé de parler à la presse, Reiner s'en occupe.

Eren esquisse à peine un sourire et hausse les épaules, trouvant dans les jolis yeux bleus de Christa un réconfort qu'il sait nécessaire mais aussi de trop. Pourtant, il hoche doucement la tête.


When you see me, will you say I've changed ?


Eren laisse sa coupe de champagne dépérir entre ses doigts et se fait porter par les invités qui lui sourient. Il sourit aussi, un peu, quand la conversation le concerne et qu'on lui fait des compliments sur son solo enflammé que lui seul est capable de maitriser alors que c'est faux et très certainement insultant pour au moins les trois quarts des musiciens qui l'ont précédé.

Le groupe s'est éparpillé dans la salle et Eren ne sait pas vraiment ce qu'il fait ici, ne sait pas vraiment pourquoi il n'est pas rentré et pourquoi dès qu'il s'approche trop près de la sortie, il pense aux jolis yeux bleus de Christa et aux cheveux rouges de Sasha qui n'est même pas là.

Il a croisé son manager, leur manager, et des quelques mots qu'il a saisi, leur prochain album est en préparation. Eren ne sait pas s'il en veut. Il ne sait pas s'il veut écrire un morceau dessus comme il fait toujours, ou s'il veut s'enterrer sous son lit et regarder le plafond obstrué par son matelas pour le reste de ses jours et même peut-être pour l'éternité.

Ça l'aide à se rendre compte. Ça l'aide à se rendre compte de deux choses, deux choses essentielles qu'il doit dépasser – il le sait, les yeux bleus et les cheveux rouges le lui hurlent.

Eren est fondamentalement triste et terrifié. Eren est triste au point de ne plus voir plus loin que le bout de son nez et de sentir ses pensées tourner en boucle dans sa tête, et Eren est terrifié de devoir repartir en tournée, parce qu'au moins ici, au moins ici il connaît les bars et les soirées, connaît les gens qu'il y croise, sait le numéro de Jean par cœur et sait quand est-ce qu'il s'endort.

Là-bas, là-bas il devra se rendre compte que cette suite de chiffre autrefois si précieuse n'est plus nécessaire, que Jean n'est pas là pour répondre à ses messages trop matinaux ni pour l'engueuler de le réveiller aussi tôt.

Il le sait déjà, pourtant. Ou du moins, il devrait déjà le savoir. Et voilà qu'il est planté au milieu de la salle louée à l'occasion et qu'il ne peut même pas rentrer chez lui sans cette culpabilité qu'il ressent (et au moins il ressent quelque chose) et qui lui dévore les entrailles (ce qu'il en reste du moins).

- Eren ?

Il tourne la tête et c'est la pièce qui tourne, mais un bras au creux de ses reins le rattrape et le toucher est trop brûlant pour que ce soit Jean.

- Reiner.

Le batteur a cet air inquiet qu'il porte dernièrement, et Eren reprend l'équilibre.

- Tu vas bien ?

Eren hoche vaguement la tête.

- Je sais pas si c'est une très bonne idée mais, je voulais te montrer ça, il dit en présentant l'écran de son téléphone à Eren.

Le brun plisse les yeux pour s'ajuster à la luminosité qui achève de le ramener à la réalité, et peut-être qu'en effet, c'est une mauvaise idée.

C'est un message de Jean. Un message de Jean qui dit « Vous vous êtes bien débrouillés » et Eren ne peut s'empêcher de chercher la suite, de chercher le « sauf Eren » qui lui apprendrait que Jean était véritablement là et qu'il n'a regardé que lui, mais il ne le trouve pas, il ne le trouve pas et à la place, ce sont les yeux de Reiner qui se cognent aux siens avec toutes leurs questions silencieuses et ce soutien inconditionnel qu'Eren ne pourra jamais lui rendre.

Il souffle, murmure, laisse échapper, chuchote :

- Ça veut dire qu'il est là ?

Reiner hausse doucement les épaules.

- J'en sais rien. Il est peut-être rentré.

Eren, Eren se sent respirer, s'entend souffler, Eren s'entend et se sent et Eren ressent.

Alors ça lui tombe dessus comme une enclume, comme une enclume qui lui laisse un bleu indélébile sur le front et qui dit :

- Je peux pas le voir de toute façon.

Il s'entend dire sans comprendre et ne saisit qu'après, ne saisit qu'après la signification de sa réalisation qu'il a déjà commencé à avoir là-haut sur scène quand il a vu tous ces gens le regarder et que lui n'apercevait rien de plus que son instrument.

- C'est pas grave, lui dit Reiner.

Il n'a pas compris. Eren explique.

- Je peux pas vivre pour lui.


I love it here since I've stopped needing you


Eren va mieux, c'est un fait qu'il ne peut plus nier. Et tant mieux, tant mieux – ou peut-être qu'il se plaisait un peu dans cet état second bien plus sécurisé que l'entreprise qu'il veut mettre en place.

La production de l'album a démarré et il tente de composer, de faire jouer les notes pour qu'elles aient une suite logique qui exprime beaucoup trop et pas assez, beaucoup trop et pas assez de sentiments sur lesquels il peine encore à mettre le doigt, mais qu'au moins il ressent.

Et il sait que c'est la première étape du reste, le début dont il a besoin, parce-que n'est-ce pas pour ça que tout a commencé à changer ? Parce qu'il ne savait plus comment ressentir ? Du moins, ça ressemble beaucoup à quelque chose que Jean aurait pu lui dire.

Jean que d'ailleurs il revoit dans ses souvenirs et qu'il sait qu'il n'a pas le droit de rappeler mais qu'il a quand même envie d'entendre.

Au moins, au moins il ne pense plus à quel point il a l'impression que le doré a emporté son rein sur le chemin, par mégarde, au milieu de ses affaires qu'il a récupérées un jour où il n'était pas là. Au moins, au moins il se dit maintenant que s'il le connaît vraiment, si personne ne s'est rajouté dans sa vie alors Jean le fera ramer et ce sera mérité, mais au moins il ira quelque part.

Parce-que Jean l'a remarqué, Jean a essayé de le tirer vers lui, et puis Eren s'est laissé avoir par une routine qu'il pensait nécessaire, par des mots qu'il était certain d'avoir acquis pour l'éternité. Il sait ce que Jean a perdu et voit ce que lui a abandonné, et il sait que Jean l'aime encore et il sait que lui a toujours la poitrine incandescente de tant de sentiments que ça en deviendrait presque indécent.

Et c'est tant mieux, tant mieux franchement parce-que maintenant il sait ce qu'il lui reste à faire.


I am my mother child, I'll love you 'til my breathing stops


Ils se revoient un jour d'avril et les fleurs de cerisier l'énervent parce-que la nature ne joue pas en sa faveur : si le cadre est romantique comment peut-il avoir une discussion potentiellement déchirante ?

Eren l'attend sur un banc à pester contre des arbres et quand enfin Jean apparaît, il ne sait pas s'il a envie de s'enterrer ou de juste, crever.

- Hey.

Eren déglutit et se redresse en lui adressant un signe de tête. Les lèvres du doré bougent comme elles ont toujours bougé et il est heureux d'entendre cet accent un peu vieux au fond de sa voix.

- Hey, il dit en se retenant de sourire et en se retenant de pleurer.

- Tu veux quoi alors ?

Jean fait semblant : ça ne lui a pas pris plus de quelques messages pour accepter. Pourtant, Eren hausse les épaules et regarde au sol. Il n'a jamais fait ça et ne sait pas le faire mais, tant pis, il essaye.

- Je suis désolé.

Le doré hausse un sourcil étonné comme si toute sa vie venait de se remettre en question, et un peu de la douleur d'Eren s'échappe et s'en va, parce qu'il sait reconnaître une expression agréablement surprise. Il reprend. Il rajoute.

- Je suis désolé, et je t'aime.

Les mots sonnent comme une litanie qu'il n'a jamais répétée, comme une chanson qu'il n'a jamais fredonnée et il a l'impression que toute sa gorge vient de s'assécher. Ce n'est pas la première fois qu'il le dit mais c'est la première fois qu'il le dit comme ça, avec autant d'attente au fond du cœur et d'espoir au coin des tripes. Il sait maintenant que ce garçon qu'il a rencontré et avec qui il a monté les échelons, ce garçon qui a finalement abandonné l'idée de faire carrière sûrement à son profit à lui, il sait qu'il peut vivre sans lui mais il sait aussi que c'est bien moins joli ainsi.

Il regarde son expression se transformer doucement et s'adoucir – pas explicitement, juste silencieusement dans les rides au coin de ses yeux et dans la façon dont sa bouche se détend. Et puis, Jean sourit. Il sourit un peu, au coin de la bouche et pas plus loin, mais il sourit quand même et ça suffit pour qu'Eren fasse un pas dans sa direction et le serre contre lui.

Il respire le familier, respire le lui et il regrette tant et si bien qu'il sait que s'il le lâche, il pleure toutes les larmes de son corps. Enfin.

- Juste, murmure Jean en répondant à son étreinte, on prend le temps d'accord ?

Eren hoche la tête, il hoche la tête pour que tout ce qu'il ressent y reste ancré à jamais. C'est suffisant comme ça, tant qu'il peut rester là et tant que Jean continue d'enlever doucement les pétales de fleur qui se glissent dans ses cheveux.

.


et en fait je suis à l'heure très cool hihi zoubi les copains

On se retrouve demain pour Mythologie et j'ai TROP TROP TROP hâte de celui-là anyway coeur