Voici ma toute première fic, une revisite de Snk à partir de la saison 3. Ames sensibles s'abstenir! J'écris dans le Canon, en essayant de respecter au maximum l'histoire SAUF pour le temps entre les arcs qui s'allonge pour l'intérêt de l'histoire, et l'âge de Levi/Eren que je pense respectivement rajeunir et vieillir (car 15 ans de différence, pour moi c'est trop! Isayama pourquoi?).
Pour le reste, je m'excuse d'avance pour toute incohérence, erreur, ou petite distorsions éventuelles!
Slow burn to Lemon
L'histoire appartient bien sûr à maître Isayama, je ne fais que l'emprunter...
Bonne lecture!
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Eren frappa l'arbre de toutes ses forces. Il n'y arriverait pas. Du sang coula le long de sa main, depuis ses jointures tuméfiées, et commença à s'évaporer après quelques secondes. Mais la douleur persista. Fixant son poing, Eren se concentra sur cette douleur lancinante. Elle était vraie, vive, et se joignait au feu qui brûlait en lui. Elle nourrissait sa colère et poussait plus loin les limites de cette impulsion autodestructrice, mais le contrôle qu'il avait sur elle l'excitait, lui donnait le sentiment d'exister, de redevenir chair et os.
Le contrôle, c'est justement ce qui semblait lui glisser lentement entre les doigts dernièrement.
Il était fatigué, sur les nerfs. Après de longues heures d'entraînements passées avec Hanji ces derniers jours, Eren peinait à contrôler ses transformations qui produisaient un corps de Titan de plus en plus squelettique. Il montrait des premiers signes d'épuisement quelques minutes seulement s'être transformé; titubant, traînant les pattes, il s'écroulait alors sans grâce et restait inconscient des heures durant.
Il avait dormi toute une journée, éreinté par les transformations successives de la veille et les cris hystériques d'Hanji qui ne semblait pouvoir se contenir à la vue de sa forme titanesque, même atrophiée. Ses ordres arbitraires le fatiguaient. Elle lui demandait tour à tour de crier, sauter, courir, et même de porter du matériel militaire, qu'il avait d'ailleurs réduit en poussière à chaque essai. Mais son appétence semblait intarissable. La dernière fois, elle lui avait même demandé si elle pouvait explorer sa bouche pour voir si on pouvait "caler une garnison au chaud là dedans", et en était ressortie toute gluante, en gloussant comme une dinde tandis qu'Eren se tenait à quatre pattes, des haut le coeurs secouant son corps de géant difforme. Sans les demandes suppliantes de Mikasa, cette folle n'aurait sans doute jamais cessé ses expériences et l'aurait épuisé jusqu'à ce qu'il en crève.
Mais mise à part une certaine exaspération mal cachée, le titan n'affichait aucun grief à l'égard de Hanji. Il ne pensait qu'à une chose.
Hannes.
Le souvenir de son échec face au titan qui avait dévoré sa mère le hantait, dans ses sommeils récupérateurs et jusque dans ces rêveries éveillées. La vision de Hannes réduit en bouillie sanglante par cette gueule fendue d'un rictus effroyable lui retournait le ventre à chaque fois.
Seule Historia semblait le comprendre. Elle ne parlait pas beaucoup non plus, au début, et plongeait souvent dans des moments d'absence où plus rien d'autre qu'elle et ses pensées ne paraissaient exister. C'était clair pour l'escouade, la fuite d'Ymir l'avait profondément affectée. Eren la surprenait parfois les yeux embués, scrutant l'horizon. Quand ils se retrouvaient tous les deux, leurs peines respectives se joignaient dans un silence partagé, un refuge qu'ils chérissaient.
Pour lui, c'était le choc qui l'avait d'abord laissé silencieux. Et progressivement, cela s'était transformé en une colère sourde qu'il avait essayé de canaliser en récurant avec acharnement la ferme où ils se trouvaient, sous les ordres du Caporal Levi. Cette colère ne le quittait plus, et, exacerbée par le comportement plus qu'irritable de certains de ses compagnons, se muait en une rage qui lui faisait sortir les poings.
Ses affrontements perpétuels avec Jean, vers qui ces poings étaient le plus souvent dirigés, relevaient peut être plus d'un besoin de se défouler que d'une haine réelle pour l'individu. Il savait que ses remarques narquoises n'avaient pour but que de gonfler son propre égo, mais il rentrait volontiers dans son jeu. La bêtise de Jean dressait les limites d'un ring de boxe dans lequel Eren pouvait laisser court à sa propre bêtise tout en soulageant son besoin de se faire les griffes.
Deux jours auparavant, Jean l'avait encore provoqué en levant les yeux au ciel lorsque Eren, sortant de longues heures d'entraînement, s'attabla pour manger un en-cas que Mikasa lui avait préparé. Grimaçant dans son dos, il avait enchaîné sournoisement:
"Tu n'arrives même pas à te transformer correctement et tu manges trois fois plus que Sasha. T'as pas honte? A cette cadence on va tous mourir de faim ici."
Le sang d'Eren ne fit qu'un tour. Il se leva brusquement en renversant la chaise et se jeta sur le jeune homme qui reçut un poing en pleine face. Les deux se retrouvèrent par terre à rouler dans la poussière, sous l'oeil désespéré d'Armin qui se tenait dans un coin de la pièce, ne sachant que faire et priant pour que Mikasa revienne au plus vite de sa cueillette pour les séparer.
Sans l'arrivée discrète de Levi, qui prit le temps de jeter un oeil dégoûté aux deux acolytes avant de les séparer, ils auraient sans doute finit par se mordre jusqu'au sang. Le Caporal décocha son pied dans les côtes de Jean, et attrapa les cheveux d'Eren pour le traîner plus loin. Ignorant les gémissements du jeune titan qui grimaçait sous sa poigne, il lanca:
- Vous deux, si vous n'arrêtez pas ça tout de suite, je vous découpe les deux jambes et je vous laisse régler vos problèmes avec les loups. On verra comment vous rampez pour leur échapper.
Il balaya la pièce d'un regard inquisiteur, terminant sur les vêtements des deux membres de l'escouade.
- J'y crois pas, à voir vos vêtements dégueulasses vous êtes incapables de garder un endroit propre plus d'une journée. Nettoyez moi ça tout de suite, et vous avez intérêt à ce que tout soit nickel quand je reviendrai de Trost.
Penauds, les jeunes hommes s'étaient relevés en silence, et se toisant une dernière fois, avaient chacun attrapé un balai à contre coeur.
Tard dans la nuit du lendemain, Eren s'était réveillé en sursaut, par un énième cauchemar rejouant la scène du massacre qui avait eu lieu près de la forêt d'arbres géants. En sueur et tremblant, il était sorti de son lit en prenant soin de ne pas réveiller Armin qui partageait sa chambre. Un plateau repas pas entamé reposait à côté de son lit, sans doute préparé par Mikasa. Elle qui veillait toujours sur lui. Je lui ai promis, pensa Eren en effleurant la pomme rouge intacte qui reposait sur le plateau. Il regarda ensuite par la fenêtre, immobile pendant quelques minutes, envouté par le ciel noir piqueté ci et là d'étoiles scintillantes. Une brise fraîche l'appela, contrastant avec l'air pesant de cette chambre dans laquelle il passait beaucoup trop de temps à dormir à son goût, et qui l'étouffait.
A pas de loup, il se rendit silencieusement sur le seuil d'entrée qui donnait sur l'aile abritant leurs chambres, où il respira l'air frais à pleins poumons. La lune se découvrait derrière un nuage mouvant, éclairant son visage émacié. Il s'enfonça dans la nuit, résigné.
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Une brise légère faisait danser les ombres des feuilles sur le sol de la clairière au milieu de laquelle il se trouvait. C'était la zone d'"expérimentation" où il se transformait, située dans la partie boisée qui jouxtait la ferme.
Les visage de Hannes, du titan, puis de sa mère passaient devant ses yeux en boucle, tourbillonnant de plus en plus vite. Des visions de bras, de jambes, et de têtes ensanglantées venaient se joindre aux visages terrifiés de sa mère et d'Hannes, teintant sa vision d'un rouge vif écoeurant. Il bloqua dans sa gorge un cri qui montait depuis ses entrailles, laissant des larmes de rage lui monter aux yeux.
Rien, je ne sers à rien!
Il frappa une nouvelle fois la cîme de l'arbre, éraflant plus profondément encore sa main, qui saignait maintenant abondamment. Seule comptait la douleur, qu'il s'infligeait en frappant de plus en plus fort, poussant des grognements sourds d'animal. Les images d'horreur tourbillonnaient plus vite encore, l'emportant dans un abîme de folie. S'ajoutaient maintenant aux images d'horreur le souvenir des regards méprisants que les membres des brigades spéciales lui jetaient en passant, les airs de peur et de dégout que les recrues de la 104ème Brigade d'entraînement s'efforçaient tant bien que mal à cacher en sa présence. Il n'osait pas imaginer ce que devait penser les civils. Il était le dernier espoir de l'humanité, et voilà qu'il perdait la tête. Allait-il finir par tout perdre en essayant de se rattraper, de rattraper le destin des siens? Il pensa à Mikasa, puis Armin. Toutes ces déceptions, tout ces morts, c'était un prix trop cher à payer pour un pouvoir qu'il ne savait même pas maîtriser… une malédiction, plutôt. Il continua à frapper, la douleur le grisant complètement, alimentant le désir viscéral qui l'animait de faire disparaître sa main et qu'elle ne se reconstitue pas, qu'elle disparaisse, comme pour un être normal…
- Oi, arrête ça.
La voix qui retentit derrière lui, il la reconnu tout de suite, même si elle semblait lointaine, lancée presque comme un murmure. C'était celle du Caporal. Cette voix tranchante, mais enveloppée d'un velour chaud, il pouvait la reconnaître entre toute. Il l'ignora. L'envie de détruire cette arbre, et sa main avec, restait plus forte que tout.
Lorsque Levi vit Eren s'acharner sur cet arbre, une carcasse déformée de titan jonchant sur sa droite et disparaissant doucement dans sa vapeur, il comprit tout de suite. Le jeune homme était venu seul pour s'entraîner, mais n'avait réussi à former qu'un titan d'apparence rachitique, presque en lambeau.
- Eren, arrête ça!
Il fronça les sourcils. Le gamin ne l'écoutait pas.
Levi bondit vers Eren, aggripa ses épaules pour le retourner violemment. Lui faisant face, Levi mit quelques secondes avant de reconnaître son visage, déformé par la rage. Ses yeux d'habitude si grands et verts étaient plissés et presque noirs, du sang avait giclé sur ses joues et son front. Il ne semblait plus être lui même, et son regard erratique cherchait à s'accrocher quelque part, survolant le visage du caporal sans jamais s'y arrêter.
Levi lui empoigna les bras, provoquant chez Eren un recul instinctif, suivi d'une succession d'élans en arrière pour se détacher de son emprise. Levi serra plus fort, l'entraînant au centre de la clairière. Le titan se débattit plus fort en criant, cette fois poussant son corps vers le Caporal, en tentant de le déstabiliser. Mais Levi ne lâcha pas, et utilisant l'élan du plus jeune, le tira sur le côté et le bascula au sol. Il bloqua le corps d'Eren entre ses deux jambes, ses mains lui clouant fermement les poignets au sol. Son visage se retrouva à quelques centimètres de celui du plus jeune, il chercha à capter son regard. Le titan continuait à pousser des cris étouffés, le corps tremblant.
- Calme toi, j'ai dit. Arrête ça!
Eren trouva alors les yeux de Levi, et s'y accrocha.
Caporal Levi. Il était revenu de son excursion à Trost.
Ses pupilles grises, qui balayait d'habitude nonchalamment quiconque croisait son regard par inadvertance, étaient fixées sur lui, ne le lâchant pas. Perçant et doux à la fois, le jeune se perdit dans ce sombre velour, se sentant happé par une force qui le soulageait peu à peu de son agitation. Comme un fil qu'il avait pu saisir au dernier moment, et qui le tirait doucement vers une légèreté apaisante. Il haletait encore, son torse se soulevant dans un rythme saccadé, mais il ne bougeait plus. La rage qui l'agitait encore quelques secondes auparavant l'avait quitté. Lentement, il ferma les yeux.
Levi tenait encore fermement les poignets d'Eren. Il avait aperçu ses grand yeux revenir doucement vers l'émeraude envoutante qu'il lui connaissait, et lorsque celui ci ferma les paupières, il observa son visage. Il avait repris des traits harmonieux, et malgré les tâches de sang qui le souillaient, sa peau avait retrouvé son hâle, une couleur qui rappelait celle du miel de pin. Ses lèvres rougies par l'effort étaient entrouvertes, laissant échapper un souffle encore saccadé, dont Levi sentait la chaleur atteindre ses propres lèvres. Une vive odeur de sang en émanait, mais derrière elle, une douce note sucrée l'arrondissait en une effluve entêtante.
Levi fronça les sourcils, sentant un désir inconnu le poussant à continuer son exploration. Lentement, il parcouru sa nouvelle recrue du regard. Sa tête était dirigée vers le haut, montrant un cou au tendons apparents, déliés et fragiles, une pomme d'adam qui montait et descendait au rythme de son souffle. Ses clavicules prononcées marquaient le haut d'un corps fin et musclé, où un torse athlétique se soulevaient doucement à chaque respiration. Tout en s'attardant sur le tissu en coton blanc qui caressait doucement le ventre ferme du jeune homme, Levi relâcha progressivement son étreinte, se redressant lentement. La ceinture d'Apollon qui sculptait son bas ventre et plongeait dans son pantalon entourait la naissance d'une ligne pubescente…
- Caporal…?
Levi tressaillit. Deux grands yeux verts le fixaient, troublés.
