— En tout cas je regrette beaucoup, mais il se trouve que c'est ce que je pense. Qu'en dites-vous ?

Cela doit faire au moins une bonne cinquantaine de fois, si ce n'est plus, que Daniel me pose cette question. Et, pour être tout à fait honnête, je n'ai toujours aucune foutue idée de ce dont il est en train de me parler. Donc, comme lors de chaque nouvelle boucle, je ne vois pas ce que je suis censé lui répondre.

Avisant qu'il y a un problème, Sam n'attend pas avant de prendre la parole à son tour. Je sais déjà exactement ce qu'elle va me dire, pourtant, je ne l'interromps pas.

— Mon colonel ? Vous avez un problème ?

Sans prendre la peine de lui répondre, je me lève et sors du mess pour partir à la recherche de Teal'c. Oubliant, de ce fait, totalement mon petit-déjeuner.

Cela fait un moment maintenant que Daniel nous a fait comprendre, lors d'une énième boucle, qu'il nous était possible de faire ce que nous voulions. Après tout, comme il nous l'a si bien fait comprendre, tout va recommencer encore et encore, donc il n'y aura aucune retombée. Et il avait totalement raison. En fait, je m'en veux même de ne pas y avoir pensé plus tôt. Et je dois dire que ça m'a fait un bien fou de jouer au golf à travers la porte. D'apprendre le latin et à jongler. De faire de la poterie. Ou encore d'embrasser Carter.

Bon, pour dire la vérité, je pensais que ce dernier point serait le plus intéressant et excitant. Il faut dire qu'il y a cette tension, faute d'autres mots, entre elle et moi depuis longtemps. Et pourtant… Eh bien, je n'ai pas trouvé ça si transcendant. Du moins, pas autant que j'aurais pu l'imaginer.

Ma recherche de Teal'c est finalement infructueuse. Le seul endroit où je ne l'ai pas encore cherché, se trouve être le bureau de Daniel. Au début de cette histoire de boucle temporelle, nous allions là-bas en priorité pour pouvoir trouver un moyen d'arrêter ça. Maintenant que j'y pense, cela fait un moment que nous n'avons pas travaillé sur cette traduction. Peut-être que Teal'c a commencé à en avoir mare de recommencer cette journée encore et encore, et donc il aurait pu vouloir reprendre notre travail.

Une fois que j'arrive dans la pièce réservé à Daniel, je me rends compte que le Jaffa n'est pas présent. L'archéologue, par contre, est déjà sur place en train de travailler sur un objet quelconque que nous avons ramené d'une de nos dernières missions. Et, pour une fois, il n'est pas totalement plongé dans son travail, car il relève la tête vers moi quand il m'entend approcher.

— Jack ? Puis-je faire quelque chose pour vous ?

— Rien du tout, je cherchais Teal'c.

— Oh, eh bien je ne l'ai pas encore vu aujourd'hui.

Je hoche la tête, en comprenant que je ne suis pas prêt de trouver le Jaffa car je ne vois plus où chercher.

— Jack, est-ce que tout va bien ? Vous agissez bizarrement aujourd'hui.

Aujourd'hui. Tout est dans ce mot. Cela va faire je ne sais plus combien de fois que je recommence cette journée et ça commence vraiment à me rendre dingue. C'était fatiguant au début, puis amusant quand on s'est laissé allé, mais là… Ça devient juste long.

— Tout va très bien.

— Vraiment ? Ce n'est pas l'impression que vous donner pourtant. Vous voulez en parler ?

Daniel est sûrement la personne dont je suis le plus proche dans ma vie. Je pense qu'il ne serait pas exagéré de dire que nous sommes plus que de simple ami. Peut-être, en quelques sortes, sommes nous ce qui se rapproche du terme "meilleur ami". Après tout, il fait parti de ceux que je connais le mieux, et l'inverse est vrai aussi. Mais pour autant, que suis-je censé dire, là, maintenant ? Que je suis bloqué dans une boucle temporelle et que ça commence à me taper sur les nerfs ? Il s'est déjà que je ne suis pas du genre patient et… Nan, j'ai déjà eu cette conversation-là, avec lui, un trop grand nombre de fois. Je sais donc déjà ce qui se passera. Il voudra en savoir plus, commencera à parler avec des termes techniques, puis il voudra traduire un texte ancien et… tout recommencera encore une fois.

— Jack ?

Perdu dans mes pensées, je ne me suis même pas rendu compte qu'il s'était levé pour venir se planter devant moi. Et, avant de pouvoir réfléchir à quoi que ce soit, je lâche :

— J'ai embrassé Carter.

Quelque chose passe dans son regard, mais je n'arrive pas à comprendre ce dont il s'agit. Pour autant, il ne semble pas surprit.

— Quand ?

— Aujourd'hui, enfin… durant une autre version d'aujourd'hui.

Cette fois, il est perdu et je ne peux pas lui en vouloir. Alors je lui dis rapidement que Teal'c et moi sommes bloqués dans une boucle temporelle, sans rentrer plus que ça dans les détails.

— Mais je ne souhaite pas parler de ça, on a déjà eu trop de discussion à ce sujet-là.

— Trop de… Oh, vous voulez dire dans d'anciennes boucles ?

Je me contente d'un hochement de tête comme réponse.

— D'accord, alors… Sam et vous… ?

Rester sans bouger n'a jamais été mon truc, à la place je me mets à arpenter son bureau en faisant les cent pas.

— Oui, enfin non. Disons que j'y avais déjà pensé, plusieurs fois, et là, j'en ai profité. D'ailleurs, c'est de votre faute Daniel.

— Moi ?

— Oui, c'est vous qui nous parlez, à Teal'c et à moi, du fait que nous pourrions en profiter vu qu'il n'y aurait pas de conséquence.

Il semble toujours confus et… il y a autre chose, mais je ne comprends toujours pas ce que ça peu signifier.

— Eh bien, reprend Daniel, c'est bien pour vous, je suppose.

Cette fois, je secoue la tête de manière négative. Je peux bien tout lui dire, après tout, il ne se souviendra de rien dans quelques heures et de mon côté, ça me permettra de vider mon sac au moins une fois. Du moins, si j'en suis capable.

— Non, justement ce n'est pas bien. Je n'ai pas… enfin… rhaaaa Daniel, vous savez que je ne suis pas bon quand il faut parler !

L'archéologue semble se détendre un peu avant de repartir s'asseoir à son bureau.

— Personne ne vous oblige à parler.

J'ouvre la bouche, mais ne trouve rien à redire. C'est vrai en soit. Il m'a posé une question, mais rien ne me force à lui répondre. Pourtant, au fond de moi, je sens qu'il le faut. Alors, après un moment de silence, je reprends contenance.

— Je m'étais imaginé que c'était ce dont j'avais envie. Et qu'une fois cette tension entre nous disparue, eh bien… que nous pourrions tenter quelque chose. Mais…

Je cherche mes mots, n'étant pas vraiment sûr de ce que je cherche à dire.

— Mais maintenant que je l'ai embrassé, que j'ai pu avoir un aperçu de ce que ça pourrait donner… je comprends que je me suis trompé.

Tandis que je le dis à haute voix, je me rends compte que c'est la vérité. Je ne m'attendais pas à ressentir une explosion, ou une sensation d'extase, juste à travers un simple baiser. Mais… je pensais que je ressentirais autre chose. Là, ce n'était même pas quelque chose d'heureux. En fait, j'avais juste l'impression que je n'étais pas à ma place et que je faisais une erreur. Comme si je me mentais à moi-même quand je me disais que c'était ce que je recherchais.

— Peut-être que c'était pile ce dont vous aviez besoin, alors.

Je regarde Daniel, pas certain de ce qu'il cherche à me dire.

— Eh bien oui. Comme vous l'avez dit, il y avait une certaine tension entre vous, depuis longtemps. Maintenant, vous savez ce que ça peut donner et vous pouvez donc prendre une décision par rapport à ça.

Dit comme cela, ça semble simple. Mais je me vois mal aller voir Carter et lui dire qu'il faut que nous arrêtions… eh bien, ce qu'il y a entre nous, peu importe ce que c'est. Du flirt ? Non, c'est encore différent. Dans tous les cas, je ne pourrais pas lui dire ça, sans lui expliquer pourquoi. Donc la question est, est-ce que j'ai envie de lui dire que dans une boucle temporelle j'ai remis ma démission pour pouvoir l'embrasser ? Surtout que, si je lui dis ça, je devrais lui dire, aussi, que je ne ressens rien pour elle et que j'en suis maintenant sûr.

— En fait, je ne comprends pas pourquoi je n'ai rien ressenti à ce moment-là.

Tout en parlant, je vais m'asseoir juste en face de Daniel, car mes genoux commencent à être douleur à force de rester debout trop longtemps. Ce dernier, face à ma question, à de nouveaux cette lueur étrange dans le regard, mais je ne comprends toujours pas ce qu'elle signifie.

— Que voulez-vous dire ?

— Eh bien, entre Carter et moi il y a toujours eu… ce truc, dis-je en bougeant mes mains sans but, comme dans une mauvaise imitation de Daniel.

— Ce… truc ?

— Eh bien oui, ce truc.

D'accord, cette discussion ne rime à rien. Mais bon, en jetant un regard à ma montre, je comprends que la boucle va bientôt recommencer alors cela n'a que peu d'importance.

— Jack, je ne suis pas sûr de vous suivre.

— C'est pas grave Daniel, vous aurez tout oublié dans quelques secondes de toute façon.

Et avant qu'il ne puisse vraiment comprendre le sens de mes paroles, tout recommence.


— En tout cas je regrette beaucoup, mais il se trouve que c'est ce que je pense. Qu'en dites-vous ?

J'arrête ma cuillère avant qu'elle n'ait atteint ma bouche, comme à chaque début de boucle. À vrai dire, pour une fois, je la laisse même tombé, ne faisant aucunement attention aux céréales et au lait qui se retrouve maintenant au sol. Durant le même temps, je passe mes mains sur mon visage, incapable de retenir le long soupir las qui me démange.

— Je n'en sais rien Daniel, je ne sais même pas de quoi vous me parlez !

Je suis à bout et ça se ressent dans ma façon de lui répondre. Mes mots ressemblent plus à des grognements, mais tant pis. Cette histoire de boucle temporelle aura au moins un bon point : je n'aurais pas à m'excuser pour mon comportement vu qu'il ne se souviendra de rien dans quelques heures.

Comme la dernière fois, je sors rapidement du mess, n'ayant aucune envie de m'expliquer par rapport à mon comportement. Il faut que je trouve Teal'c ou un moyen de mettre fin à cette histoire de boucle. Voir les deux en même temps si possible.

Mais, de nouveau, le Jaffa semble introuvable et mes pas me ramènent, sans que j'y fasse attention, jusqu'au bureau de Daniel.

— Jack ?

— Daniel.

Nous nous regardons pendant un moment, sans qu'aucun de nous ne prenne la parole. Puis, n'y tenant plus, je lui explique rapidement la situation. Le fait que Teal'c et moi sommes bloqués dans une boucle temporelle, que cela fait trop longtemps et que j'ai embrassé Carter.

— Cela fait… beaucoup. Et… pourquoi vous me racontez tout ça ?

— Vraiment Daniel ?

Comment peut-il même me poser cette question ?

— Eh bien, oui, vraiment. Pour la boucle, je comprends et si je peux, je serais ravi de vous aider. Mais pourquoi me parlez-vous de cette histoire avec Sam ?

Elle est de nouveau là, cette lueur que je suis incapable de comprendre. Celle qui fait briller ses yeux un peu plus fort, alors même qu'il évite mon regard.

— Parce que la fois précédente vous vouliez m'aider. Ou en tout cas essayer. Du moins, je pense.

Il range son bureau, sans doute pour s'occuper les mains et ne pas rester immobile, pendant que j'attends, toujours planté à l'entrée de la pièce qui lui a été attitré.

— Qu'attendez-vous de moi, Jack ? Je suis loin d'être un pro quand il est question des relations amoureuses. Depuis Sha're, je…

— Je ne vais pas me mettre en couple avec le major, enfin !

— Ah… bon ?

Cette fois, il est vraiment surpris. Et il y a autre chose. D'un coup, il semble beaucoup plus à l'aise, plus détendu aussi. Il va même jusqu'à croiser mon regard, sans détourner les yeux l'instant d'après.

— Même si je le voulais, je ne pourrais pas. À moins de prendre ma retraite.

Ce qui m'a déjà traversé l'esprit. Pour preuve, c'est ce que j'ai tenté de faire durant l'une des boucles précédentes. Mais déjà avant, l'idée m'avait tenté à plusieurs reprises. Quand je pensais que c'était ce que je voulais. Qu'il était possible que nous ayons un avenir ensemble, elle et moi. Mais maintenant ? Cette idée me semble ridicule, voire même absurde.

— Même si vous le vouliez ? Donc… vous ne le voulez pas ? Je veux dire, vous ne la voulez pas, elle, dans votre vie ?

Je secoue la tête négativement.

— Non, et c'est justement là le problème. Je croyais vraiment que c'était ce que je voulais, mais au final… non.

— Et donc, reprend Daniel rapidement, que voulez-vous ?

— C'est là le souci. Je n'en sais rien !

Daniel fait mine de réfléchir, pendant que je m'avance dans la pièce pour aller m'asseoir sur une des rares chaises libres. Comment Daniel peut-il garder autant de vieillerie dans cet endroit, sans rien perdre ou rien casser ?

— Avez-vous déjà pensé, à… d'autre possibilité ? dit-il tandis que son regard se fait en partie fuyant.

— Que voulez-vous dire par là, Daniel ?

— Eh bien… Sam n'est pas la seule femme sur terre, ou des autres planètes. Et sinon, il y a… les hommes ?

Il chuchote à peine les derniers mots, comme s'il avait peur de ma réaction, mais je les entends clairement. Est-ce qu'il me pose vraiment cette question ? Je ne suis pas gay, enfin ! Je n'ai jamais été attiré par un homme, ou je le saurais. Oui, parfois, il m'arrive d'en regarder certains pendant plus longtemps que je ne le devrais, mais en aucun cas cela voudrait dire que… que je serais attiré par l'un d'eux. N'est-ce pas ?

Mon choc doit se lire sur mon visage, car bien vite Daniel reprend la parole, bafouillant sans s'arrêter et en évitant, de nouveau, mon regard.

— Je ne voulais pas dire… Enfin, c'était juste une idée… Après tout, c'était une possibilité, non ? Pas que je dis que vous l'êtes, ou…

— Daniel.

— Oui… ?

— Fermez-la.

Il hoche la tête et, pour une fois, suis un de mes ordres. Une première que j'aurais aimé fêter, mais pour cela, il aurait fallu que la situation soit différente.

Je dois avouer que je n'ai jamais réfléchi à cette possibilité. Elle me semble tellement… absurde. Mes yeux se sont toujours attardés sur les courbes féminines. Et mon esprit ne m'a toujours porté que dans ce sens. Et pourtant, maintenant que j'y pense… Serait-il possible, que ce soit quelque chose que je me sois, sans le vouloir, empêcher d'imaginer ? Non, je ne peux pas y croire.

De toute façon, la question ne se pose pas je suppose. Le DADT m'empêche de ne serait-ce que vivre en rêve un tel scénario.

— Jack ?

Je relève la tête, que j'avais baissée sans m'en rendre compte, pour regarder Daniel qui a retrouvé son calme. Du moins, en apparence.

— Je suis désolé si ce que je vous ai dit vous à… eh bien, troublé. Je ne voulais vraiment pas insinuer quoi que ce soit, ce n'était qu'une… qu'une idée ?

C'est un spectacle improbable de voir Daniel buter autant sur ses mots. Lui qui, en temps normal, passe son temps à parler, cette fois, il ressemble à une boule de doute et de remords.

— C'est rien Daniel.

— Si, je vois bien que je n'aurais jamais dû dire ça. Je suis désolé…

Ses épaules se voûtent, tandis qu'il se recroqueville légèrement sur sa chaise.

— C'est bon Daniel, ce n'est pas dramatique. Je peux quand même vous poser une question ?

Il hoche la tête, presque timidement, comme s'il se doutait de ce que j'allais lui demander et qu'il en avait peur.

— Pourquoi avoir pensé à ça ?

— Sans raison, je dirais, dit-il en haussant des épaules.

Je le fixe et mon regard doit commencer à le déranger, car il finit par relevé la tête vers moi. Là, mes yeux se perdent dans les siens, tandis que j'essaye de comprendre ses réactions.

Daniel n'a jamais été un livre ouvert, mais il n'a jamais été très compliqué à comprendre pour autant. Il n'a pas une carrière militaire derrière lui, qui lui aurait permis d'apprendre à cacher ses émotions. C'est pour cela, je suppose, qu'il est souvent le mieux accueilli sur les planètes que nous visitons.

Mais cette fois, je ne comprends pas ce que je vois. Ou alors, je ne suis pas sûre de vouloir comprendre.

— Daniel, est-ce que vous êtes…

— Non !

Son cri, car ça en était clairement un, me prend par surprise. Et cela semble avoir le même effet sur lui, au vu de ses yeux écarquillés.

— Enfin, je veux dire… non, reprend t-il en parlant plus doucement.

Même lui, n'est pas convaincu de ce qu'il avance, ça se voit. Dieu, comment j'ai pu ne jamais le remarquer ? Daniel est sûrement celui dont je suis le plus proche sur cette base, et pourtant je n'avais jamais rien vu. Comment est-ce possible ?

— Daniel enfin, arrêtez de mentir. Mais je ne comprends pas, pourquoi ne jamais en avoir parlé ? Et… Et Sha're ?

Il est impossible qu'il soit purement et simplement gay. Je l'ai vu avec sa femme, il en était clairement amoureux et aurait tout risqué pour elle. Cela ne pouvait pas être une illusion.

— Elle était au courant, dit-il après avoir poussé un long soupir, conscient qu'il ne pouvait plus nier. Elle savait que, même si je l'aimais, ce n'était pas… pas ce qu'il me fallait vraiment…

Revoilà le Daniel hésitant, et peu sur des mots qu'il avance, et que j'ai du mal à reconnaître.

— Je ne l'ai quasiment jamais dit à personne, encore moins depuis que je suis ici, entouré constamment de militaire.

— Mais on est une équipe Daniel, vous auriez pu au moins nous en parler à nous, non ?

Je ne sais même pas pourquoi je me sens autant en colère et blessé par ça. Sans doute car il s'agit de Daniel et que quand il est question de lui, j'ai tendance à tout prendre bien plus à cœur.

— En fait… Teal'c est au courant, dit-il de manière hésitante.

— Pardon ?

Il en a parlé à Teal'c, mais pas à moi ? Pourquoi ? Avait-il peur que je réagisse mal ? Je sais bien que dans le milieu militaire il y a de sacré gros con, surtout par rapport à ça, mais je pensais qu'il avait une meilleure image de moi.

— C'est… Disons que c'est arrivé par accident…

— Par accident ? demandais-je sans être sûr de vouloir vraiment la réponse.

— Il m'a vu avec le… enfin avec quelqu'un.

Teal'c ne sort quasiment jamais de la base. Donc… Daniel a-t-il eu une relation avec quelqu'un qui se trouve ici, au SGC ? Plus j'en apprends, plus je sens la colère grandir en moi.

— Avec qui ?

Je ne sais même pas pourquoi j'ai autant besoin de savoir. C'est vrai, après tout les relations de Daniel ne me regarde pas. Surtout que nous étions ici, pour parler de mes propres problèmes à ce niveau-là. Alors… pourquoi est-ce que j'insiste autant pour découvrir la vérité ? Pourquoi est-ce que j'ai une violente envie de frapper sur tout ce qui bouge, à commencer par cette personne avec qui Daniel a été vu ?

— Je ne pense pas que je devrai vous le dire Jack. Ce n'est pas contre vous, simplement… Eh bien, je ne sais pas si, lui, il voudrait que ça se sache.

— Allons Daniel, vous savez bien que ce n'est pas le genre de chose que j'irais crier sur tous les toits.

Il me jette un regard en partie sceptique, et je ne peux pas lui en vouloir. Pas totalement, plutôt.

— Daniel.

Il lève les yeux au ciel, sachant que je n'abandonnerais pas aussi facilement. Finalement, après avoir pesé le pour et le contre, il finit par me le dire.

— Le major Davis. Mais s'il vous plaît Jack, garder ça pour vous.

Davis ? Paul fucking Davis ?

— Et que faisiez-vous avec le major Davis au juste, Daniel ?

— Eh bien… commence-t-il alors que quelques rougeurs commencent à apparaître sur ses joues. Il m'a invité à sortir, et c'est d'ailleurs à ce moment-là que Teal'c est arrivé dans la pièce. Il n'a rien dit sur le coup, mais je savais, tout comme le major Davis, qu'il avait bien compris ce dont il était question. C'est pourquoi, plus tard, j'ai été le voir et nous avons parlé de tout ça. Vous savez, chez les Jaffa, tout comme pour le peuple d'Abydos d'ailleurs, l'homosexualité ne pose aucun problème. Donc c'était… plus facile d'en parler avec lui…

Plus facile ? Donc en parler avec moi, ou même Sam, ça aurait été dur, selon lui ? Pourquoi ? Non, en fait, je pense que j'ai déjà la réponse. C'est clair qu'ici, sur Terre, c'est loin d'être quelque chose qui est bien vu et encore plus sur un terrain militaire. Donc il ne pouvait pas prévoir nos réactions.

— Et donc, le major Davis et vous… ?

Toute à l'heure, il a voulu savoir pour Sam et moi, maintenant je lui retourne la question par rapport à lui. Je sens, au fond de moi, que la réponse pourrait me rendre malade, mais j'ai besoin de savoir.

— Il n'y a rien eu au final. L'arrivée de Teal'c à un peu chamboulé notre discussion et puis nous n'avons pas eu beaucoup d'occasions de nous revoir depuis…

— Mais si Teal'c n'était pas arrivé, vous auriez accepté et qui sait où vous en seriez maintenant.

Ce n'est pas une question, mais une affirmation de ma part. Et, tandis que je dis cela, j'ai l'impression que je pourrais vomir. J'ai du mal à me comprendre sur ce coup-là. Je n'ai jamais rien eu contre les homosexuels et pourtant l'idée que Daniel ait pu être avec le major Davis me retourne l'estomac. Mais… est-ce vraiment le fait qu'il soit avec un homme qui me fasse cet effet-là ? Ou plutôt l'homme en question ?

En plus, si je veux être totalement honnête, je dirai que… Oui, déjà, quand Daniel était avec Sha're, je n'étais pas au maximum de ma joie, même si je ne le montrais pas. C'est comme si je savais que ce n'était pas ce qui était bon pour Daniel. Même si je ne m'explique pas vraiment cette pensée.

— Je ne sais pas vraiment ce qui aurait pu se passer entre le major Davis et moi, mais…

Mais ? Mais quoi ? Mais c'était une possibilité, c'est ça ? Pourquoi ça m'énerve à ce point ?!

— Mais je doute que nous aurions pu avoir quoi que ce soit ensemble.

— Pourquoi ? dis-je avant de pouvoir me retenir.

— Le major Davis est quelqu'un que j'apprécie, et j'ai été très touché par… par sa proposition et son attention. Ce n'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude. Mais…

Encore et toujours ce foutu "mais" !

— Je pense qu'il savait déjà que ma réponse ne serait pas positive. Il savait, et sait sans doute toujours, que je ne pourrais pas lui rendre ses sentiments car il y a déjà quelqu'un d'autre qui ne quitte pas mes pensées.

Il dit sa phrase à une vitesse affolante, même pour lui, comme s'il voulait la dire d'une traite avant de pouvoir réfléchir à ce que cela impliquerait.

Daniel a des vues sur quelqu'un ? Et cela semble remonter à pas mal de temps, car cela fait un moment que nous n'avons pas vu le major Davis ici, à la base. Mais qui ? Quelqu'un du SGC ? D'une autre planète ? Ou que Daniel connaissait d'avant ?

— Quelqu'un d'autre ?

— S'il vous plaît Jack, pourrions-nous parler d'autre chose ? Ma vie amoureuse, ou plutôt son absence, n'était pas le but de cette discussion, non ?

Avant que je puisse répondre quoi que ce soit, une alarme se fait entendre dans le couloir. Je sais déjà ce que cela signifie. La boucle va recommencer…


— En tout cas je regrette beaucoup, mais…

Je n'écoute même pas la fin de la phrase de Daniel, sachant déjà que je n'aurais pas de réponse à lui donner. À la place, je me précipite hors du mess, presque en courant, pour arriver jusqu'au couloir où Teal'c recommence la boucle. Au moins, cette fois, je suis sûr de ne pas le rater.

— Teal'c !

Il se retourne vers moi, sans doute en partie surpris de me trouver là. Enfin… Difficile de dire ce que le Jaffa ressent vraiment, vu qu'il a constamment ce masque neutre sur le visage.

— O'Neill ? Que puis-je faire pour vous ?

— Il faut qu'on parle.

Il hoche la tête, comme à son habitude, et me suit jusqu'à une salle libre. Même en sachant que si quelqu'un nous entend, la discussion sera oubliée dans quelques heures, je préfère être au calme.

— Depuis combien de temps savez-vous pour Daniel ? demandais-je sans attendre.

Il soulève un sourcil, comme à son habitude, tout en penchant légèrement la tête sur le côté.

— Que voulez-vous dire, O'Neill ?

Je soupire, n'ayant pas envie de jouer à ce petit jeu-là, pendant une éternité.

— Je parle du fait qu'il est attiré par les hommes et que vous le savez depuis, vraisemblablement, un long moment !

— Oh. En effet, me répond t-il avec son petit hochement de tête habituel. Je l'ai découvert il y a plusieurs mois. Le docteur Jackson m'a cependant demandé de ne pas en parler avec qui que ce soit. Je suis de ce fait étonné qu'il vous l'ait dit. Il disait ne pas vouloir que quiconque au SGC l'apprenne.

Ça je l'avais bien compris. Et je peux accepter qu'il ne veuille pas que toute la base le sache. Après tout, même s'il n'est pas un militaire et donc qu'il n'est pas dans l'obligation de suivre le DADT, ça reste un sujet difficile à aborder. Mais je reste sur l'idée qu'avec Sam et moi, il aurait quand même pu être honnête.

— Disons que durant la dernière boucle il m'a parlé du major Davis et de sa… proposition. Mais bon, il ne le sait déjà plus.

— Je vois.

Comme toujours, le Jaffa n'est que très peu loquace. Et, si d'habitude cela me va, aujourd'hui j'ai besoin qu'il soit un peu plus bavard.

— Et vous savez aussi, je suppose, qu'il est intéressé par quelqu'un ?

— Il ne m'a en aucun cas parlé de ça.

— Mais vous avez une idée, n'est-ce pas ?

Teal'c a toujours été quelqu'un de très observateur.

— En effet, O'Neill.

— Qui ?

Ma curiosité est toujours à son maximum. J'ai l'impression que tant que je n'aurais pas la réponse, je ne pourrais pas respirer convenablement. Mais j'ai aussi la sensation que la réponse, selon ce qu'elle sera, pourrait avoir raison de moi.

— Je doute que ce soit à moi de vous répondre, O'Neill.

— Sauf que Daniel ne me le dira jamais de lui-même. J'ai déjà essayé.

— C'est peut-être mieux ainsi, non ? Pourquoi voulez-vous même savoir ?

— Parce que… dis-je avant de m'arrêter net, incapable de savoir ce que je peux répondre à cette question.

C'est vrai ça, pourquoi ? Ce n'est pas juste pour avoir enfin la réponse à ma question. Non. Il y a plus que ça. Mais…

— O'Neill, je ne pense pas qu'il soit bon que je vous donne ce que vous demandez. Mais je peux quand même vous dire quelque chose.

— Quoi ?

— Daniel Jackson n'est pas quelqu'un de très doué pour cacher ses sentiments. C'est pour cela que je sais qu'une personne en particulier l'intéresse depuis un certain temps.

Il n'est pas très doué pour cacher ses sentiments ? Ça il ne me l'apprend pas vraiment. Mais en quoi c'est censé m'aider ? Si j'avais été pour remarquer quelque chose, je l'aurais déjà vu, non ? Enfin… Je n'avais même pas comprit qu'il était intéressé par les hommes. Donc il est vrai que je n'aurais sans doute rien décelé, même si ça c'était trouvé juste en face de moi.

Mais alors quoi ? Je dois placer Daniel face à chaque homme présent sur la base, jusqu'à ce que je remarque une attitude différente chez l'archéologue ? Ça risque d'être long, fatiguant et… ennuyant. Et surtout, je doute que Daniel soit très coopératif à ce sujet.

— Dites-moi, O'Neill, que penseriez-vous si le major Davis venait au SGC pour courtiser de nouveau le docteur Jackson ?

Il n'est pas question que je laisse faire une chose pareille. Davis n'a pas intérêt à s'approcher de mon équipe, et notamment de Daniel, sauf s'il est prêt à subir ma colère.

— Vous savez, O'Neill, Daniel Jackson n'est pas le seul à avoir du mal à cacher ses sentiments. Cependant, lui au moins, en comprend leur teneur.

Puis, sans attendre, il tourne les talons et sort tranquillement de la salle où nous nous trouvons.

Qu'est-ce qu'il entendait par là au juste ? Il ne sous-entendait quand même pas… Non. Impossible.

Je ne suis, en aucun cas, attiré par Daniel. Si je ne veux pas que le major Davis s'approche de lui, c'est simplement pour que Daniel ne soit pas accaparé par une histoire naissante. Sinon, il risquerait d'être moins concentré sur son travail. Hors, au vu des dangers potentiels qui nous attendent dès que nous passons la porte, j'ai besoin que toute mon équipe soit entièrement opérationnelle !

De toute façon, dans tous les cas, personne ne touchera à mon archéologue. Et… oh… merde… est-ce que je viens de penser à Daniel comme étant… "mon" archéologue ? Fait chier, je suis foutu…


Maintenant que Teal'c m'a mis ça en tête, je n'arrive pas à penser à autre chose. C'est pour cela que, alors que la boucle recommence une nouvelle fois et que je fais face à Daniel au mess, je suis incapable de le regarder dans les yeux. En fait, si ce n'était pas contre ma nature, je prendrais sans doute la fuite, hors de cette pièce, pour ne pas avoir à lui faire face. Mais je ne suis pas homme à fuir ses problèmes, alors je reste foncièrement assis sur ma chaise.

— En tout cas je regrette beaucoup, mais il se trouve que c'est ce que je pense. Qu'en dites-vous ?

J'ose un regard dans la direction de Daniel, tandis qu'il attend ma répartie face à ce qu'il m'a dit. Je n'ai rien à lui dire par rapport à ça, et je n'aurais sans doute jamais une quelconque réponse à lui donner. Mais j'en profite pour le regarder plus en détail, comparé à d'habitude.

Je ne pense pas avoir déjà remarqué, avant aujourd'hui, à quel point ses yeux sont bleus. Évidemment, ils sont en partie cachés derrière les verres de ses lunettes, mais leur éclat brille quand même jusqu'à moi. Et, tandis qu'il continue d'attendre une réaction de ma part, mon regard se fixe sur le bout de langue qu'il laisse apparaître. Il s'humecte les lèvres pendant à peine une seconde, mais c'est suffisant pour que je sois bloqué sur ce détail. En un instant, j'ai une furieuse envie de l'embrasser. Là. Devant toutes les personnes présentes dans le mess, y compris Carter.

Il me faut prendre en main tout le calme qu'il m'est possible d'avoir pour ne pas aller jusqu'au bout de mon idée.

— Mon colonel ? Vous avez un problème ?

Ooh oui, j'en ai même un très gros. Comment, avant aujourd'hui, j'ai pu ne jamais me rendre compte de l'obsession qu'était Daniel, pour moi ?

Pourtant, je passe mon temps à veiller sur lui, pour qu'il ne lui arrive rien et qu'il n'en fasse pas trop. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis resté bien plus longtemps que prévu à la base, juste pour m'assurer qu'il ne travaillerait pas toute la nuit. D'ailleurs, je suis aussi souvent allé le voir pour l'obliger à prendre une pause, lui apportant parfois même à manger quand il sautait l'heure des repas.

C'est comme si j'avais toujours été, depuis son retour d'Abydos, régler sur lui. Je savais quand est-ce qu'il fallait que j'aille le voir, car il en faisait trop. Ce qu'il voulait manger et à quel moment. Quand il était en danger et qu'il fallait que j'intervienne.

Bref… durant ses dernières années, c'est comme si ma vie avait tourné autour de lui. Et quand ce n'était pas possible, que quelque chose nous séparait, une mission ou autre, j'étais souvent au plus mal. Le pire étant quand, alors que je n'étais pas là, il fallait que je compte sur quelqu'un d'autre pour le protéger… Rare sont les situations que je trouve aussi mauvaise que celles-là.

Mais de là à penser qu'il pourrait y avoir plus ?

J'ai déjà remarqué, à plus d'une reprise, à quel point l'entraînement qu'il suit à sculpté son corps. Il serait idiot de dire le contraire de toute façon, après tout cela se voit à vue d'œil. Et si je suis assez honnête avec moi-même, je peux avouer que j'ai déjà remarqué à quel point son pantalon le met souvent en valeur quand il marche à quelques pas de moi.

Et durant les fois où nous étions obligés de partager une tente, quand nous étions en mission loin de la Terre, il était difficile de ne pas m'arrêter sur les visions qu'il m'offrait. Notamment quand il devait se changer. Dans des endroits aussi étroits, il est compliqué de regarder ailleurs.

Mais son physique n'est pas la seule chose que j'ai déjà remarquée chez lui. Avant tout, Daniel est quelqu'un d'intelligent. De brillant même. Sans lui, nombres de nos missions auraient été catastrophiques. Et personne, pas même Teal'c, n'a son égal pour comprendre les langues et cultures des autres mondes. Et puis, sans lui, aucun de nous ne serait là, à voyager entre les mondes. Il n'est donc pas trop exagéré de dire qu'il est le pilier de notre vie à tous depuis quelques années.

Alors… oui, il est possible que Daniel me fasse ressentir certaines… choses. De la jalousie, quand je pense à son histoire avec Sha're ou encore, depuis quelques boucles, quand je l'imagine avec le Major Davis. De la curiosité, quand je le vois être perdu dans ses réflexions, sans être capable d'en comprendre chaque partie. De l'intérêt, quand il me parle avec entrain de ses découvertes et à quel point cela pourrait nous aider à l'avenir. Mais aussi de la peur, quand je me rends compte qu'il pourrait un jour vouloir de nouveau rester sur une autre planète, loin de moi.

Et du doute, maintenant que je me demande s'il y a la moindre chance pour que quelque chose puisse se passer entre nous. Malgré tous les détails qui sont contre ça.

— Jack ? Tout va bien ?

Mince, pendant un moment, j'ai totalement oublié où je me trouvais et quel était la galère dans laquelle j'étais encore fourré.

Je hoche la tête rapidement, ayant besoin de sortir du mess avant de faire une connerie. C'est à dire… avant de lui sauter dessus pour voir s'il répondrait favorablement à un baiser de ma part. Ce qui, je pense, ne serait pas une bonne initiative.

Pendant un moment, je tourne en rond dans la base. La boucle prendra bientôt fin, encore. Il va falloir que nous terminions nos recherches, avec Teal'c, si nous voulons avoir une chance d'arrêter ce cirque une bonne fois pour tout. Mais avant, il faut que je fasse une dernière chose. Après ça, j'espère être en mesure de mieux me concentrer.

C'est donc, d'un pas décidé, que je me dirige vers le bureau de Daniel. Une fois sur place, je rentre sans attendre dans la pièce, ce qui surprend l'archéologue.

— Jack ? En quoi puis-je vous aider ?

— Vous allez très vite le comprendre Daniel.

Je jette un coup d'œil à ma montre et, avisant l'heure avancée, je n'attends pas avant d'agir. Une fois à côté du siège de Daniel, je lui agrippe doucement le bras, pour qu'il se lève à mon niveau. Ensuite, sans lui laisser le temps de réagir, je passe une main contre sa joue et l'attire à moi pour un baiser.

Dès la seconde où mes lèvres touchent les siennes, je me sens envahi par un sentiment d'allégresse. Mes bras encadrent son corps, le collant d'avantage à moi après une petite poussé, et c'est comme si j'avais enfin trouvé ma place. Pour la première fois depuis des années, je me sens vraiment et simplement bien.

J'ouvre délicatement mes lèvres, tâtant le terrain pour approfondir notre échange. Pendant une seconde, je pense qu'il me refusera cette avancée. Puis, alors qu'il accroche ses mains à mon haut avec une force que je ne lui connaissais pas, il m'accorde le droit d'aller plus loin.

Nos langues entament alors un ballet, dansant ensemble sur une musique connu d'elles seules. Dans le même temps, je sens que mon corps réagis au rapprochement physique qu'il y a entre Daniel et moi. En effet, j'ai continué à l'attirer à moi depuis le début de notre étreinte, comme si je voulais ne faire qu'un avec lui. Ce qui, en passant, ne semble pas le déranger. En tout cas, il n'a pas essayé de me repousser une seule fois depuis le début de ce que j'ai amorcé entre nous. Au contraire, il semble même s'accrocher à moi, comme un naufragé le ferais avec une bouée de sauvetage.

Les sons que pousse Daniel, toujours perdu dans notre baiser, commencent à me rendre fou. Toujours collé à lui, je lui fais amorcer un mouvement en arrière, pour pouvoir le pousser contre le bureau. Là, une de mes jambes force un passage entre les siennes, me permettant d'être, si cela est même possible, encore plus près de lui.

L'une de mes mains prend en coupe son visage, pour le tourner légèrement, tandis que l'autre reste au niveau de sa taille pour le garder proche de moi. Les siennes, qui ne sont pas en reste, viennent glisser le long de mon dos, et l'une d'entre elle vient se perdre dans mes cheveux pendant que la seconde s'accroche fermement à mon épaule.

Trop tôt à mon goût, j'entends l'alarme s'amorçait dans le couloir. Ce qui va suivre n'est en rien une surprise, mais pour une fois cela me rend triste. Jusque-là, j'étais surtout frustré à l'idée de vivre un éternel recommencement. Là, je suis terriblement mal à l'idée de mettre fin à ce que nous sommes en train de partager, Daniel et moi. Surtout que je n'ai aucune idée de si, oui ou non, cela pourra se reproduire dans le futur. Certes, Daniel ne me repousse en rien en ce moment-même, cependant cela ne veut pas dire qu'il voudra partager plus que cela avec moi.

Mais, pour l'instant, je repousse ses sombres pensées, préférant profiter jusqu'au bout du baiser que je partage avec l'archéologue.


Depuis cette histoire de baiser, que j'ai pour l'instant gardée pour moi, Teal'c et moi avons repris nos recherches. J'ai besoin, cette fois-ci plus que jamais, de mettre un terme à cette histoire de boucle temporelle. Car, tant que ça ne sera pas fait, je me refuse une quelconque discussion privé avec Daniel. Je n'ai pas envie de lui dire ce que je ressens si, dans l'heure suivante, il aura tout oublié. Je préfère prendre mon mal en patience et avoir une véritable conversation avec lui, qu'il gardera en mémoire. En espérant ne pas, purement et simplement, détruire notre amitié.

En tout cas, cela m'a aussi permis de réfléchir, à tête presque reposée, à tout ça. Quand j'ai embrassé Carter, j'ai eu l'impression de faire la pire connerie de ma vie. C'était comme si je m'embourber dans un mensonge depuis des années et que, en faisant ça, je sautais volontairement de moi-même dans un puits sans fond.

Alors qu'avec Daniel, par contre, tout a été différent. Quand je le tenais fermement entre mes bras et que je l'embrassais, j'avais la sensation que c'était ce qu'il me fallait. Comme si, au fond de moi, j'avais toujours su que je devais le choisir, lui. Mais que jusque-là, j'étais incapable d'entendre cette petite voix qui me poussait vers lui.

Pour l'instant, en tout cas, il faut que je reste concentré sur l'essentiel. Nous avons enfin fini d'aider Daniel à déchiffrer la machine des anciens. Nous pouvons donc repartir sur P4X-639 pour arrêter cette histoire sans fin. J'espère juste que nous y arriverons du premier coup, car je ne suis pas sûr d'être capable de supporter une boucle de plus…


Enfin ! Je savais que le fait de sortir de cette histoire de boucle temporelle me ferait plaisir, mais en fait, c'est encore plus que ça ! Et, c'est avec une grande joie, que je me dirige vers le mess de moi-même, plutôt que d'y arriver directement au début de chaque recommencement.

J'avise les céréales que j'ai l'habitude de prendre, mais à la place, je dirige mon bras vers les flocons d'avoine. Ensuite, je rejoins Daniel et Sam, qui sont déjà installés à une même table.

— Je n'avais jamais vu quelqu'un aimer les flocons d'avoine à ce point-là, me dit Daniel avec un léger sourire, en me voyant manger avec passion.

— Quand vous manger les mêmes céréales depuis Dieu sait quand, un peu de changement ça fait du bien.

Sans attendre, je reprends une cuillère de mon petit-déjeuner, heureux de faire face à une nouveauté bienvenue. J'en profite aussi pour laisser mon regard s'attarder, plus que nécessaire, sur Daniel, bien que le principal intéressé ne semble pas le remarquer.

— Nous avons reçu un message de la Tok'ra, commence Sam, apparemment ils essaient de nous contacter depuis plus de trois mois.

— Vraiment ? dis-je d'un air faussement surpris.

— Qui sait quand nous avons été coupés du temps ? Et personne ne peut dire combien de temps a passé.

Moi-même, j'ai perdu le compte, alors qu'elle ne compte pas sur moi pour lui répondre avec un chiffre exact. Je n'en sais rien et de toute façon, je ne suis pas sûr de vouloir le savoir. Ce qui compte, c'est que ce soit bel et bien fini.

— Je peux vous demander une chose ? me questionne Daniel. Pendant que cette fameuse journée… se répétait, vous n'avez pas été tenté de faire… des trucs un peu fous ? Après tout, vous pouviez faire n'importe quoi sans vous préoccuper des conséquences.

Directement, les souvenirs de ce qui s'est passé me reviennent en mémoire. Et, sans surprise, c'est le baiser que j'ai partagé avec lui, qui me fait amorcer un sourire.

— Vous savez c'est drôle, vous m'avez déjà demandé ça.

— Et… ?

Sa curiosité est grande, je n'en doute pas une seule seconde. Mais je ne peux pas lui en parler maintenant, je le sais. Certes, il n'est pas membre de l'armée, donc ça serait différent de quand je pensais pouvoir commencer quelque chose avec Carter. Mais il n'en reste pas moins un membre de SG1, donc… mon équipe. Et puis, je préférerais avoir cette discussion avec lui, à un moment où nous serions en privé. Plutôt que de m'étaler en plein milieu du mess, avec Sam comme principale observatrice.

— Peut-être plus tard, Daniel.

Il me jette un regard surpris, et faussement choqué.

— Vous ne pensez quand même pas vous en tirer comme ça ?

Je hausse les épaules, avant de me concentrer à nouveau sur mon petit-déjeuner.

Suite à ça, nous sommes convoqués par le Général Hammond qui décide de nous donner, gracieusement, une semaine de congé. Je me demande quand même si l'idée vient de lui, ou alors du docteur Frasier. Après tout, une fois que tout a été remis à la normal, hier, nous avons été obligé d'avoir faire un check-up complet à l'infirmerie. Et, elle n'a pas semblé ravie de savoir que pendant plusieurs semaines, aucun de nous n'avait pu avoir un suivi médical. Même si, vu que nous faisions la même journée en boucle, je doute que nous ayons couru un quelconque risque.

En tout cas, maintenant que je suis sûr le point de rentrer chez moi, j'aimerais bien croiser Daniel. J'ai une discussion à avoir avec lui, et j'espère que la vue du lac derrière chez moi me donnera le courage suffisant pour aller jusqu'au bout. Mais pour ça, il faut déjà que j'arrive à mettre la main sur l'archéologue.

Au détour d'un couloir, pour aller vers son bureau, je finis par le voir. Cependant il n'est pas seul. Et autant dire que je ne m'attendais pas à tomber sur le major Davis aujourd'hui.

— Je suis heureux de voir que vous allez bien, Daniel. J'ai appris ce qui s'était passé, alors je suis passé prendre de vos nouvelles aussi vite que j'ai pu.

Aussi vite ? Ça c'est clair, ça ne fait même pas une journée que tout est redevenu normal. Il a dû sauter dans le premier avion en provenance d'ici.

— Merci beaucoup major, mais vous n'auriez pas dû.

De là où je me trouve, je ne suis que trop peu visible, encore en grande partie cacher par l'angle du couloir. Ils ne m'ont donc pas encore remarqué. De mon côté, par contre, je ne rate pas une seule miette de ce spectacle si… énervant !

Le major Davis fait glisser sa main contre le bras de Daniel et ce dernier ne fait absolument rien pour l'en empêcher. Je suis même certain d'apercevoir une certaine rougeur apparaître sur ses joues. Alors, d'accord, lors d'une boucle Daniel m'a assuré qu'il n'y aurait rien entre lui et Davis. Mais était-ce entièrement vrai ou était-ce que c'était un moyen, comme un autre, de ne pas m'avouer qu'il était attiré par lui ? Mais si c'était le cas, pourquoi ne tenterait-il pas quelque chose, vu qu'il est plus que clair que le major est intéressé ?

— Daniel, je…

N'y tenant plus, et n'ayant aucune envie de voir plus longtemps cette scène qui est en train de me rendre fou, je décide de sortir de ma cachette de fortune. Les deux sursautent violemment, ne s'attendant sûrement pas à être pris en flagrant délit dans cette aile, pour l'instant déserte, de la base.

— Colonel O'Neill ?

— Major, dis-je en faisant de mon mieux pour ne pas montrer à quel point la situation me met en rogne.

Un silence tendu commence à se prolonger entre nous, tandis que le major et Daniel évitent soigneusement de ce regardé l'un l'autre. Franchement, si je n'avais rien su, il m'aurait sans doute été incapable de ne pas remarquer que quelque chose était en train de se passer au moment de mon arrivée. Bien que le major est, dès mon apparition surprise, retiré sa main du bras de Daniel, dans l'espoir de dissimulé autant que possible ce qu'il faisait.

— Aurais-je interrompu quelque chose ? demandais-je en prenant un air presque angélique.

— Rien du tout, se reprend bien vite le major Davis, en fait, j'ai croisé le docteur Jackson alors que j'allais voir le général Hammond. J'ai donc pris de ces nouvelles.

— Eh bien, c'est très aimable à vous major. Cependant, là, j'ai besoin de parler à Daniel.

Le major Davis ne tarde pas à comprendre qu'il est donc de trop dans cette histoire et c'est avec une joie non dissimulée que je le regarde partir. Bon, c'est vrai, je n'aurais pas dû faire ça. Mais, bon Dieu, qu'est-ce que ça fait du bien !

Enfin, c'était le cas, jusqu'à ce que je croise le regard de Daniel. Ce dernier est autant angoissé, sans doute à cause de ce que j'ai vu alors que je suis censé être ignorant de ses penchants. Et en colère, là, c'est sûr que c'est à cause de mon intervention et de mon comportement envers Davis. Il n'y a pas de mystère.

— Franchement Jack, pourquoi avez-vous agi de cette manière avec le major Davis ?

Son éclat ne me surprend pas vraiment, mais je lui suis reconnaissant d'avoir attendu que Paul soit parti pour le laisser sortir. Au moins, je n'aurais pas à m'expliquer devant lui.

— Parce que j'étais jaloux de l'attention que vous lui donniez et qu'il te donnait en retour, dis-je en décidant d'être totalement honnête.

Il ne me sert à rien de lui mentir maintenant, alors que je compte tout lui dire après. Et puis, quelque chose me dit que mentir ruinerait tout ce qui pourrait arriver ensuite.

— Vous auriez pu au moins… commence-t-il sur un ton toujours coléreux avant de s'arrêter brutalement. Attendez… quoi ? Qu'est-ce que vous venez de dire ?

Je suis loin d'être serein et je pense que cela doit se ressentir dans ma façon d'être. J'ai rarement eu aussi peur dans ma vie. Qui sait comment il réagira vraiment ? Durant la boucle, lorsque je l'ai embrassé, je ne lui ai pas laissé une seule seconde pour réagir ou me dire ce qu'il en pensait. Égoïstement, je me disais que, si au moins il ne me rendait pas mes sentiments par la suite, j'aurais eu la chance de vivre ça au moins une fois. Mais, maintenant que j'y pense, je doute d'être capable de me contenter d'un simple baiser. Bien qu'il fut vraiment des plus intéressants, faute d'autres mots.

— Jack ?

Sa colère semble avoir disparu, remplacée par un mélange d'incertitude, d'espoir et de questionnement. Et aussi… de peur ?

En tout cas, je me doute qu'il doit être perdu. Moi-même je le suis encore en grande partie.

— Vous avez très bien entendu, Daniel.

Il va pour répondre, mais comme il ne semble rien trouver à dire de censé, il referme sa bouche aussi vite. Puis, c'est comme si je voyais les rouages de son cerveau tourner à toute vitesse.

Il doit sans doute ce demandé si je plaisante. Et si oui, pourquoi je ferais une telle chose. Ensuite, il doit réfléchir aux possibilités que ce ne soit pas une blague de ma part. Après tout, ce n'est pas mon genre. Du moins, pas pour ce sujet-là. C'est sans doute à ce moment précis qu'il va essayer de comprendre pourquoi, et dans quelle mesure, je pourrais sortir une telle phrase à son égard. Car je doute qu'à un seul moment, il pourrait me croire sérieux.

Et comme je sais déjà qu'il ne voudra pas voir la vérité en face, à moins que je le lui dise encore et encore, je décide de reprendre la parole.

— Vous vouliez savoir ce que j'avais pu faire durant toutes les boucles que j'ai vécu ?

Surprit par ma question, qui ne doit pas, pour lui, être en lien avec ma phrase précédente, il met un moment avant de répondre.

— Euh… Oui.

Il est hésitant et je ne peux pas lui en vouloir. Contrairement à lui, je ne suis pas du genre à aimer parler. Et il a sans doute dû prendre mon "plus tard" de toute à l'heure pour un "jamais". Et même si ce n'est pas le cas, il ne devait pas penser que je remettrai ça sur le tapis maintenant.

En tout cas, plutôt que de lui expliquer quoi que ce soit, je m'avance vers lui pour lui faire une démonstration de ce qui ne quitte pas mes pensées depuis que c'est arrivé. La dernière fois, il a réagi plus que favorablement, allant même jusqu'à me répondre, et j'espère que ce n'était pas à simplement à cause du choc.

Je fais donc un pas vers lui et, ne le voyant pas reculer, je continue de tenter ma chance. Une fois à son niveau, je lève ma main jusqu'à son visage, lui laissant toujours l'opportunité de m'arrêter s'il le souhaite. Même si j'espère qu'il ne le fera pas.

Il n'a toujours pas bougé et ses yeux sont rivés aux miens, me montrant un regard autant effrayé, que rempli d'espoir. Et ce sentiment, que je commence à ressentir aussi en le voyant rester proche de moi, manque de me couper le souffle. J'ai l'impression de plus joué ma vie ici, que face aux Goa'uld, ce qui est risible.

Ma seconde main vient finir d'encadrer son visage, tandis que sa respiration s'accélère un instant sous mon toucher. Il ferme les yeux, pour une raison qui m'échappe, mais je prends ça pour une acceptation de ce qui va suivre. Alors, sans plus attendre, je fonds vers lui.

Quand mes lèvres touchent enfin les siennes, je sens que je ne pourrais plus jamais me passer de ça. Je suis déjà accro, alors même que ce n'est que la deuxième fois. Je me rapproche davantage de lui, ayant besoin de sentir sa chaleur contre moi. Comme pour me prouver que ce n'est pas un rêve. Que je ne suis plus coincé dans cette boucle et que, cette fois, il se souviendra bien de mon geste.

Avisant mon rapprochement, Daniel commence à bouger. Mais au lieu de me repousser, comme je le crains depuis de le début, il passe ses bras dans mon dos, comme s'il avait peur que je m'éloigne de lui. Alors que c'est exactement l'inverse de ce que je veux.

Cette fois, c'est lui qui amorce un mouvement de recul. Non pas contre moi, mais avec moi. Rapidement, il se retrouve donc bloquer entre le mur et moi. Mais, loin de s'en plaindre, la situation semble plutôt lui convenir. Suite à ça, il accepte volontiers la jambe que je place entre les siennes, pour nous rapprocher encore plus. Ce faisant, il s'accroche d'autant plus à moi, tandis que je devine contre ma cuisse, le début de son excitation. Je ne doute pas qu'il ressente que je suis dans le même état, si ce n'est plus.

Le baiser gagne en intensité, tandis qu'il me laisse franchir la barrière de ses lèvres. Je ne me fais pas prier, et j'en profite pour faire glisser l'une de mes mains dans son cou pour qu'il penche légèrement la tête sur le côté. Mon pouce, quant à lui, commence de caresser doucement sa joue, ajoutant un peu de douceur dans notre baiser.

Quand le besoin d'air commence à se faire sentir, je me sens frustré. Et en même temps, cela me donne de nouvelles possibilités. Je m'éloigne à peine de lui au point où nos souffles saccadés se mélangent entre eux. Puis, je plonge en direction de son cou. Je ne peux pas laisser de marque à cause de notre travail, mais cela ne m'empêcher pas d'embrasser chaque centimètre de peau que je croise sur ma route.

L'odeur de son shampoing me titille, un mélange de différentes agrumes, que j'ai toujours associé à Daniel. Cela, plus les sons qu'il est incapable de retenir, me rendent encore plus fou que je ne l'étais déjà. Fou de lui, de ce qu'il me fait ressentir.

Agissant totalement par instinct, je descends ma main jusqu'au haut de son pantalon. Je l'ouvre rapidement, n'ayant aucune envie de prendre mon temps pour l'instant. Cela viendra plus tard. Une autre fois. Peut-être même toute à l'heure, s'il le souhaite. Mais, là, j'ai besoin de libéré Daniel pour lui faire du bien.

Quand je glisse ma main dans son boxer, je m'attends à avoir une certaine hésitation de ma part. Après tout, je n'ai jamais fait ça. Mais ce n'est pas le cas.

Je fais alors passer mon doigt sur toute sa longueur, tandis que ses jambes commencent à trembler et que ses mains manquent d'arracher le tissu de mon haut. Un cri, plus fort que les autres, sort de sa bouche, tandis que je le prends en main. Ne pouvant pas laisser quiconque nous trouver dans cette position, je l'embrasse férocement. Espérant ainsi bloquer une partie de ses gémissements. Tout en retrouvant le contact bienvenu de ses lèvres contre les miennes.

Je ne sais pas vraiment comment m'y prendre pour le reste. Qu'est-ce qui lui plaît ? Qu'est-ce qui pourrait l'exciter davantage ? Qu'est-ce qui l'amènera à la délivrance ? Je n'en sais rien et je ne sais même pas par quoi commencer. Surtout que je ne peux pas le laisser parler à sa guise. Pas ici, au SGC. Mais plus tard, s'il accepte de venir chez moi, je prendrais le temps de découvrir tout ce qui pourrait lui plaire.

Alors, je décide de rester sur une base que je connais. Je lui fais ce qui me fait du bien à moi. Je prends mon temps, allant parfois un peu plus vite, jusqu'à ce que je sente qu'il est sur le point de venir. Là, je ralentis de nouveau mes mouvements, juste le temps qu'il redescend un peu. Ainsi, je découvre ce qu'il semble apprécié sur le moment et je me concentre sur ça. Je continue ce manège pendant plusieurs longues minutes, jusqu'à ce qu'il me dise, entre deux baisers, qu'il est à bout et qu'il a besoin de venir.

Je le laisse faire, tandis que j'accélère mes mouvements autour de lui pour l'accompagner. Au moment où il vient, j'emprisonne de nouveau ses lèvres contre les miennes, buvant ses gémissements autant que possible. Puis je le libère, le rhabillant aussi précautionnèrent que possible, tandis qu'il cherchait récupéré un souffle plus calme.

Il lui faut plusieurs minutes, avant de reprendre contenance. Une fois que c'est fait, je vois dans son regard qu'il est apeuré. Pense-t-il que je vais simplement tourner les talons et repartir tranquillement chez moi ? Ou bien regrette-t-il ce qui vient de ce passer ?

— Daniel, je…

— Pourquoi ?

Je le regarde une seconde, avant de tout lui dire. Je lui parle de notre discussion, durant l'une des boucles et de ses aveux, non voulu, par rapport à son attirance envers les hommes. Puis, sans aucune honte, je lui raconte tout ce qui m'est passé par la tête. Mes questionnements. Mes doutes. Ma surprise. Mon acceptation.

Évidemment, je lui parle aussi du baiser que nous avions déjà échangé. Duquel il n'a aucun souvenir et pour lequel je m'étais battu pour revenir ici. Car ce n'était pas suffisant. Je ne voulais pas qu'un simple baiser échangé durant une boucle temporelle oublié de tous, sauf de moi. Je veux plus. Je le veux, lui.

— Crois-moi Daniel, dis-je en le tutoyant subitement, je n'aurais pas fait tout ça, si je n'étais pas on ne peut plus sérieux. Et tu le sais.

Il hoche la tête, mais son regard se fait quand même fuyant. Le doute s'empare de nouveau de moi. Au vu de ses réactions, quand je l'ai embrassé, j'ai supposé que je pouvais être celui qui l'attirait. Que, de ce fait, je pouvais avoir une chance d'être avec lui, véritablement. Mais là, maintenant que cet espoir a fait naître en moi une vision d'un avenir qui me plairait, une douleur commence à naître en moi. Et si je m'étais trompé ? Et si, ce n'était pas moi qu'il voulait ? Comment pourrais-je continuer en sachant cela ?

Je commence à reculer, n'étant pas sûr qu'il veuille encore de moi aussi proche de lui. J'ai envie de me traiter comme le dernier des imbéciles. J'ai sauté sur une conclusion hâtive, en étant entièrement dirigé par mon désir. Et du coup, je viens sans doute de briser tout ce qu'il y aurait pu y avoir entre Daniel et moi. À commencer par notre amitié.

Alors que je vais pour faire un pas de plus, une main me retient. Surpris, je lève les yeux vers Daniel.

— Reste, me dit-il dans un souffle.

Je n'ai pas le temps d'enregistrer ce qu'il me dit que, déjà, il s'approche de moi. Et, avant de me laisser un quelconque temps d'adaptation, il m'embrasse. Cela ne ressemble en rien à ce que nous avons déjà partagé. Ici, c'est bien plus doux, plus lent aussi. Il prend son temps pour me découvrir, alors même que je pensais qu'il était en train de me rejeter.

Quand nous nous séparons, il reste contre moi.

— Cela fait des années que je te regarde de loin, tourner autour de Sam ou d'autres femmes. Des années que je me dis que cette attirance, et ce désir, que j'ai pour toi, ne pourra jamais finir autrement qu'avec mon cœur en miette. J'ai essayé et passer outre, de vivre ma propre vie, sans toi. De me contenter de ton amitié, qui était déjà plus que précieuse à mes yeux. Mais rien y faisait, même si j'avais une part de bonheur, toi, tu n'étais pas là. Alors que tu étais ce que je désirais le plus.

Il mord sa lèvre inférieure et cela me donne simplement envie de l'embrasser à nouveau. Mais je sens aussi qu'il à d'autres choses à me dire et qu'il vaut mieux que je ne l'interrompe pas.

— Alors… tu étais vraiment jaloux du major Davis ?

Aah… Je l'avais presque oublié celui-là.

— Oui.

Un léger sourire commence à naître sur ses lèvres, mais je l'embrasse avant qu'il ne réplique quoi que ce soit. J'ai trouvé une manière très intéressante de le faire taire, ce qui est un double bon point pour moi. Car je doute de me lasser un jour de ça.

— Que dirais-tu d'aller chez moi maintenant, Daniel ? Je sais qu'il y a encore beaucoup de choses que nous devrions nous dire, mais je doute qu'ici, ce soit le bon endroit. Nous avons déjà pris bien assez de risque pour aujourd'hui, non ?

— Je suis d'accord.

Cette histoire ne sera sans doute pas un long fleuve tranquille. Et je déteste l'idée de devoir cacher à tout le monde que nous sommes ensemble. Ou que nous le serons, une fois que nous aurons discuté de tout ça. Mais j'espère qu'il acceptera de faire avec, au moins jusqu'à ce que je puisse prendre ma retraite. Et en attendant, je compte bien profiter de notre semaine de repos pour passer autant de temps que possible avec lui, chez moi.