Bonjour !
Sous vos yeux ébaubis, voici un OS sur le couple Remus/Pétunia, à ma connaissance le seul sur ce site mais si vous en trouvez d'autres, je serai ravie de les lire.
Joyeux anniversaire (ultra en retard) à Constancelcd !
Disclaimer : Harry Potter, son univers, ses personnages et tous ses produits dérivés ne m'appartiennent pas (hélas !).
Bonne lecture !
Été 1968
Pétunia Evans regardait sa sœur. Lily était belle, petite et menue avec des cheveux d'un joli roux qui brillait au soleil et une peau claire, sans parler de ses grands yeux vert brillant. Pétunia aimait sa sœur. Petites, elles avaient l'habitude de jouer ensemble et les quelques accidents inexpliqués ne l'avaient pas inquiétée plus que cela. En grandissant, cependant, les incidents s'étaient multipliés et Pétunia s'était finalement rendu compte qu'elle avait peur. Évidemment, Lily restait sa petite sœur, mais ses capacités inexpliquées les éloignaient peu à peu l'une de l'autre. Puis, elles avaient rencontré ce garçon étrange, Severus, et Pétunia l'avait entendu dire à sa sœur qu'elle était une sorcière et qu'elle allait partir étudier la magie dans un collège en Écosse. Quelque chose venait encore s'interposer entre elle et sa sœur.
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Noël 1969
Pétunia déambulait dans les allées du magasin en soupirant. Elle savait que ses parents voulaient leur faire plaisir, à Lily et elle, en les emmenant choisir leur cadeau, mais où était la surprise ? De toute façon, la seule chose qu'elle voulait ne pouvait pas s'acheter.
Perdue dans ses pensées, la jeune fille ne fit pas attention à son environnement et se cogna durement dans quelqu'un.
« Outch ! Excusez-moi… »
Pétunia releva la tête et sentit son souffle se bloquer dans sa gorge. Devant elle se tenait un garçon de neuf ou dix ans aux yeux dorés, arborant un sourire doux. Son visage déjà fatigué lui donnait l'air plus âgé mais sa carrure, ses joues encore légèrement rondes et sa petite taille ne mentaient pas sur son âge.
« C'est moi, désolé, j'aurais dû faire attention.
-Non, non, murmura Pétunia. Je ne regardais pas où j'allais. Est-ce que ça va ? »
Le garçon hocha la tête mais ne répondit rien et la jeune fille lui tendit brusquement la main.
« Je m'appelle Pétunia. Pétunia Evans.
-C'est une jolie fleur. Remus Lupin », répondit le garçon en lui serrant la main.
Pour la première fois de la journée, Pétunia eut un sourire.
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Juillet 1970
Pétunia et sa mère se promenaient dans Londres en faisant les boutique. Pétunia avait grandis, il était temps de lui racheter quelques vêtements et les parents avaient décidé que séparer les deux sœurs le temps d'un après-midi ne pourrait faire de mal à personne. Au milieu d'une phrase, l'adolescente s'interrompit soudainement et se mit à courir vers quelqu'un.
« Remus ! Remus !
Le garçon se retourna, interloqué par l'appel de son nom et sourit quand il aperçut la jeune fille.
« Pétunia ! »
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Août 1971
Pétunia se tenait près de sa mère et tentait de garder un visage neutre. Le Chemin de Traverse, comme l'avait nommé la grande femme stricte habillée d'une étrange robe vert émeraude, était à la fois étrange et merveilleux. Lily sautillait partout sous le coup de l'excitation et Pétunia se sentait devenir jalouse. Elle aussi voulait avoir une baguette magique et découvrir ce nouveau monde. Elle aussi voulait partir avec sa sœur dans ce nouveau collège. Elle aussi voulait rendre ses parents fiers et obtenir le même regard de leur part que celui qu'ils avaient pour sa petite sœur. Pétunia se sentait commune, banale, inintéressante.
Sa solution pour rester importante aux yeux de ses parents n'était pas compliquée : elle avait décidé d'être insensible à tout ce qui serait magique. Elle était peut-être désespérément normale, mais elle n'avait pas besoin de cette différence pour être fière de ce qu'elle était. La grande femme les emmena dans une librairie et Pétunia en profita pour fausser compagnie à ses parents et sa sœur. Elle aimait les livres et n'avait besoin de personne pour déambuler entre des étagères, même si les sujets de ces livres-là lui étaient totalement étrangers.
« Pétunia ? »
La jeune adolescente se retourna brusquement. Il y avait un an qu'elle n'avait pas entendu cette voix, mais elle ne l'avait pas oubliée pour autant. Ni la voix, ni les yeux, ni la personne à qui ils appartenaient.
« Remus ? Qu'est-ce que tu fais ici ? »
Le jeune garçon avait grandi. Ses épaules étaient un peu plus larges, il avait gagné quelques centimètres (suffisamment pour la dépasser) et ses cheveux avaient poussés et lui tombaient sur le front. Il avait toujours l'air épuisé mais le sourire qu'il affichait faisait oublier les cernes et la pâleur de son visage.
« J'achète mes fournitures, je rentre en première année. Je ne savais pas que tu étais une sorcière ! »
Le visage de Pétunia se ferma brusquement.
« Je ne le suis pas. C'est ma sœur. »
La jeune adolescente regarda le visage de son interlocuteur perdre son sourire et attendit patiemment le moment où il allait se détourner. Après tout, c'était ce qu'elle avait fait avec sa sœur.
« Je suis désolé. Ce n'est pas trop dur pour toi ? »
Pétunia resta bouche-bée. Elle voulait dire non, que tout allait bien, qu'elle n'avait pas besoin de magie pour être spéciale. Mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge quand elle réalisa que c'était tout simplement la première fois que quelqu'un se préoccupait de ce qu'elle ressentait à propos de toute cette histoire.
« Si. Si, ça l'est. »
Remus fit semblant de ne pas voir les larmes accumulées dans ses yeux et Pétunia renifla discrètement avant de relever la tête et de sourire faiblement. Elle aurait bien voulu le traiter de monstre, comme elle l'avait fait avec Lily et Severus, mais elle avait l'impression que ce mot briserait Remus en mille morceaux, et Pétunia n'était pas méchante. Jalouse, désemparée et agressive, oui, mais pas cruelle.
« Est-ce que je pourrais t'écrire, cette année ? Si… si tu veux. »
Remus la regarda d'un air incertain et Pétunia se retrouva sans voix pour la deuxième fois en moins de dix minutes.
« Avec… avec un hibou ?
-Euh, oui. C'est… enfin, je n'ai pas tellement d'autres moyens. »
Remus se passa une main sur la nuque d'un air gêné et Pétunia se rendit compte qu'elle devait donner une réponse avant que la situation ne devienne encore plus gênante. Avait-elle envie qu'il lui écrive ? Il appartenait au monde de sa sœur, de ces gens bizarres incapables de s'habiller correctement ou de faire des choses normalement. Il allait apprendre à faire de la magie et elle serait toujours exclue de cette partie de sa vie. Pourquoi accepterait-elle d'être amie avec lui, alors qu'elle refusait ce droit à sa propre sœur ?
Parce qu'il n'a rien à voir avec moi, se dit Pétunia. Il ne fait pas partie de la famille, il ne me vole pas l'attention et l'amour de mes parents.
« Est-ce que je peux avoir un hibou à moi ? »
Remus redressa brusquement la tête et la regarda d'un air interrogateur.
« Pourquoi pas ?
-Est-ce que ça va marcher avec quelqu'un comme moi ? »
Remus hocha la tête en signe d'acquiescement et Pétunia sourit.
« Alors, d'accord. »
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Septembre 1971
Cher Remus
Je croise les doigts pour que Facteur te trouve facilement.
J'espère que tu vas bien et que les cours ne sont pas trop compliqués. Dans quelle maison es-tu ? Lily m'a prêtée son exemplaire de L'Histoire de Poudlard. Mes parents étaient ravis que je m'y intéresse, ils trouvent ça fantastique. Plus ils s'extasient devant Lily, plus je me sens mise de côté. Ils n'arrêtent pas de dire que leur fille leur manque et j'ai l'impression de faire partie des meubles.
Je suis dans une école normale, avec des gens normaux. J'ai quelques amis, mais c'est compliqué de créer des liens quand on doit mentir sur toute une partie de sa vie. Personne ne se rend compte de ça, non plus. Que je suis entre deux mondes différents et que je ne vois pas comment concilier les deux quand je ne peux pas en parler.
Lily a déjà envoyé une lettre, bien sûr, où elle raconte que Poudlard est fantastique et qu'elle est un peu triste que Severus ne soit pas avec elle. Je n'aime pas ce garçon, il me fait peur.
À bientôt
Pétunia
...
Chère Pétunia
Merci beaucoup pour ta lettre ! Je vais bien et les cours sont intéressants. J'ai été réparti à Gryffondor. Je m'entends bien avec les autres garçons de mon dortoir : deux d'entre eux, James et Sirius, sont déjà amis. Le dernier, Peter, est très timide mais gentil.
Je suis désolé que tes parents te mettent de côté. Je ne pense pas que ce soit conscient, peut-être que tu pourrais leur en parler ? Après tout, ta sœur fait de la magie mais ce n'est pas nécessairement une qualité en soit, et je suis certain que tu en as beaucoup.
Pour ce qui est de concilier les deux mondes, je comprends. Tous ceux qui viennent de familles mixtes ou moldues ont ce problème et je ne suis pas sûr qu'il y ait de réelle solution. La plupart du temps, les gens choisissent un monde ou un autre et s'y tiennent.
J'espère que tout va bien dans ton école normale.
À bientôt,
Remus
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Décembre 1971
Pétunia soupira en s'habillant. Elle appréhendait particulièrement ce Noël et ne faisait pas preuve d'enthousiasme débordant. Lily était rentrée pour les vacances et, bien évidemment, leurs parents n'en avaient que pour elle. Pétunia se regarda dans le miroir et se demanda si elle devrait elle aussi partir dans un internat lointain. Peut-être qu'alors sa famille serait contente de la revoir ? Un nouveau soupir lui échappa et elle se détourna de son reflet. Même son apparence était banale, avec ses cheveux blonds ternes et ses yeux bleus. Lily avait des cheveux roux qui ressemblaient à une crinière de feu et des yeux verts étincelant. Lily était belle, Pétunia était passable, et c'était vrai pour tous les aspects de leur vie.
L'adolescente inspira en fermant les yeux quelques secondes, le temps nécessaire de se rappeler ce que lui avait dit Remus dans ses lettres. Personne ne choisissait d'être magique, Lily n'était pas responsable de l'attitude de ses parents et une bonne discussion au calme permettrait sans doute de régler les choses. Il y avait aussi l'attrait de la nouveauté et la découverte d'un monde complètement inconnu et différent
« Pétunia ? »
La voix hésitante de Lily retentit derrière la porte et Pétunia lança à son reflet un regard déterminé avant d'aller ouvrir. Sa petite sœur se tordait les mains et attendait visiblement une remarque acerbe, mais Pétunia se contenta de sortir de sa chambre et de lui faire signe de la suivre jusque dans le salon, où leurs parents les attendaient.
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Janvier 1972
Cher Remus
Bonne année !
J'espère que tu vas bien et que tu as passé un Noël agréable. J'ai écouté tes conseils et discuté avec ma famille. Lily et ma mère ont pleuré et je pense que mon père n'en était pas loin, mais ils ont tous accepté de faire des efforts. J'ai promis à Lily de l'accompagner à la gare pour reprendre le train, est-ce que tu y seras ?
Prends soin de toi,
Pétunia
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Juillet 1972
Le Poudlard Express siffla et entra en gare de King's Cross après six heures de voyage. Les élèves descendirent du train avec soulagement, heureux de pouvoir respirer de l'air frais et Lily Evans se dirigea vers ses parents et sa sœur, qui l'attendaient en souriant timidement. Pétunia prit sa sœur dans ses bras maladroitement, initiant le premier contact affectueux entre elles depuis la lettre de Poudlard. Elle fit semblant de ne pas entendre Lily renifler et la relâcha rapidement pour se diriger vers un groupe de garçons en robes de sorcier.
« Remus ! »
L'un des quatre garçons se retourna et lui adressa un sourire joyeux, tandis que les trois autres s'échangèrent des regards perplexes.
« Pétunia ! Comment vas-tu ?
-Bien, merci. Alors, qui a gagné la coupe ?
-Serdaigle, répondit Remus avec une légère grimace. Mais c'est en partie de notre faute, donc…
-C'est totalement de votre faute, Lupin ! » résonna la voix de Lily d'un ton sec.
La jeune fille arriva aux côtés de sa sœur et lui lança un regard interrogateur.
« Vous vous connaissez ? »
Remus et Pétunia hochèrent simplement la tête avec un léger sourire mais n'eurent pas le temps de répondre. L'un des trois autres garçons s'avança brusquement vers Lily avec un air illuminé.
« Evans ! Tu es venue me souhaiter bonnes vacances ? »
Lily fronça les sourcils et releva son menton en une expression de dédain inratable avant de se tourner vers sa sœur.
« Je t'attends de l'autre côté, Pétunia. »
Les quatre sorciers et la moldue regardèrent la jeune fille faire demi-tour et entrainer ses parents vers la barrière. Remus jeta un regard perplexe à Pétunia.
« Ils partent sans toi ?
-Non, répondit l'adolescente avec un sourire. On va manger au fast-food d'en face, je sais où les retrouver. »
Puis elle se tourna vers le garçon qui avait parlé à sa sœur et fronça les sourcils.
« Toi, tu ne t'approches pas de ma sœur. »
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Janvier 1973
Cher Remus
Merci beaucoup pour ton cadeau, c'est adorable ! J'ai beaucoup aimé le livre.
Lily ne cesse de parler d'un certain James Potter, c'est un de tes amis, non ? Apparemment, il l'insupporte totalement mais puisqu'elle n'a que son nom à la bouche, j'ai quelques doutes. Est-il vraiment aussi insupportable ?
Comment est Noël à Poudlard ? Est-ce que vous avez vraiment douze sapins ? Pourquoi douze ?
Je vais m'arrêter là pour que tu ne te retrouves pas avec une centaine de questions. Essaie de te reposer, tu avais l'air vraiment fatigué la dernière fois que je t'ai vu.
À Bientôt,
Pétunia
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Juin 1973
Chère Pétunia
Joyeux anniversaire ! As-tu été gâtée ?
J'espère que tu passes une bonne journée et que mon hibou te trouvera à temps. Voici deux petites choses pour marquer le coup. Le livre est un condensé des créatures magiques les plus communes en Angleterre (mais ne t'inquiète pas, tu n'as que peu de chance de les croiser). Le dessin est juste un gribouillage de tête, rien de très abouti. J'espère qu'il te plaira quand même.
On se voit sur le quai ?
À bientôt
Remus
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Juillet 1973
Lily observait les changements dans la chambre de sa sœur. Quelques livres en plus, une photo d'elles ensemble lors du Noël précédent… un dessin encadré. Une esquisse au crayon les représentant toutes les deux lors de leurs retrouvailles à la fin de la première année. Lily s'approcha et reconnut la petite signature gribouillée dans le coin inférieur droit, lui arrachant un éclat de rire surpris. Elle comprenait mieux que sa sœur ait soudainement sauté au cou de Remus lorsqu'ils étaient descendus du train.
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Juin 1975
Chère Pétunia
Comment vas-tu ?
Joyeux anniversaire ! Sais-tu que dans le monde sorcier, tu es maintenant majeure ? Traditionnellement, on offre une montre en or à un sorcier pour sa majorité, mais je crois me souvenir que tu en as déjà une. Du coup, j'ai dû trouver autre chose et comme tu me connais, tu te doutes que tu n'es pas passée loin d'un énième livre traitant de magie de près ou de loin. Heureusement pour toi, Lily m'a fait remarquer qu'il fallait peut-être marquer le coup un peu différemment. Ne sois donc pas déçue de ne rien trouver avec cette lettre, car j'aimerais t'inviter à boire un thé pour t'offrir ton cadeau de majorité en mains propre. Qu'en penses-tu ?
À bientôt j'espère
Remus
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Juillet 1975
Pétunia se tenait devant le chaudron baveur, habillée d'une jolie robe d'été bleu clair. Elle triturait nerveusement la sangle de son sac entre ses doigts, tentant de ne pas stresser. Remus n'était pas en retard, c'était elle qui était abominablement en avance. Quinze minutes, pour être exact. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'angoisser. Et si personne ne venait ? Si elle se retrouvait à attendre pendant des heures, seule ? Si…
« Pétunia ! »
La jeune femme sursauta légèrement et se tourna en direction de l'appel. Remus lui faisait signe, un sourire joyeux aux lèvres et vêtu d'un simple jean assorti d'une chemise blanche. Il avait grandi, encore, et avait perdu toute trace de l'enfant qu'il était peu de temps auparavant pour se transformer en un jeune homme presque adulte. Pétunia lui rendit un sourire tremblant, perturbée par la réalisation qu'elle le trouvait beau. Plus seulement mignon, ou gentil, mais vraiment beau.
« De quel côté ? » Demanda Remus en arrivant vers elle.
La jeune femme lui renvoya un regard perplexe et il précisa.
« Moldu ou sorcier ? Où veux-tu aller ? »
Pétunia se tourna instinctivement vers le Londres qu'elle connaissait et qu'elle maîtrisait. Mais justement. Où était l'intérêt ? Elle n'avait plus peur, maintenant. Elle avait grandi hors de sa jalousie et de sa terreur, elle avait appris à accepter ce monde différent mais, quelque part, complémentaire. Elle sourit.
« Sorcier. »
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Août 1976
Cher Remus
Comment vas-tu ?
Je sais que ma dernière lettre date de seulement quelques jours, et j'espère que nos hiboux ne vont pas se croiser, mais Lily a reçu la Gazette et de ce que j'ai compris, les nouvelles sont plutôt préoccupantes. C'est vraiment étrange de savoir qu'une guerre a lieu sans que personne en ait conscience.
Tu avais l'air vraiment fatigué quand on s'est vus, et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que tu avais de nouvelles cicatrices. S'il te plait, fais attention à toi.
Donne-moi des nouvelles,
Pétunia.
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Mars 1977
Chère Pétunia
Mes amis sont fous. Honnêtement. Je sais que tu ne les apprécie pas beaucoup et, quelque part, je pense que je peux le comprendre, surtout si ton avis est basé sur ce que te raconte Lily. Mais ils sont loyaux et fidèles et je ne pourrais rêver mieux. Je n'ai jamais osé imaginer que je pourrais avoir de tels amis un jour. Ils ont réalisé un acte de haute magie, vraiment dangereux, juste pour moi. Entre eux et toi, j'ai l'impression d'avoir plus que je ne mérite. J'espère te voir cet été.
Remus
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Juillet 1977
Remus apporta deux tasses de thé sur la petite table cachée au fond du pub. Pétunia lui adressa un sourire gentil mais ne dit rien, perturbée par le silence et l'évidente angoisse de son ami. Lorsqu'il passa plus de cinq minutes à fixer son thé sans réagir, elle pinça les lèvres et décida de prendre les choses en main.
« Remus. Qu'est-ce qui se passe ? »
Le jeune homme soupira et ferma brièvement les yeux avant de carrer les épaules et de planter son regard doré dans le sien, et Pétunia ne put s'empêcher de se tenir plus droite.
« Est-ce que tu te souviens du livre que je t'ai offert qui traitait des créatures magiques ?
-Oui.
-Tu l'as lu ?
-Bien sûr ! »
La jeune femme était presque outrée que son ami ose poser la question.
« Le chapitre sur les loups-garous ? »
Pétunia se concentra un moment pour rassembler ses souvenirs.
« Ce sont des humains qui subissent une sorte de malédiction, récita-t-elle. Tous les mois, lors de la pleine lune, ils se transforment en loup et perdent le contrôle d'eux-mêmes. Le reste du temps, ce sont des humains normaux avec des sens plus affutés, qui semblent souvent fatigués et…Qui… semblent souvent plus vieux que leur âge à cause de… La fatigue… engendrée par leur condition. »
La jeune femme se tut, consternée de ne pas avoir fait le lien plus tôt. Elle se remémora toutes les fois où elle avait trouvé son ami fatigué, où elle lui avait dit de dormir plus, de manger mieux, de faire attention à ne pas se blesser. Elle porta la main au médaillon représentant un croissant de lune qu'elle n'avait pas quitté depuis qu'il lui avait offert, un médaillon qu'il avait enchanté pour la protéger.
« Oh. Mon. Dieu. »
Remus détourna la tête brusquement et Pétunia se rendit compte à quel point sa dernière phrase pouvait être mal interprétée. Elle lui attrapa la main avant qu'il fasse mine de partir et le jeune homme posa un regard effaré sur ses doigts, comme s'il ne pouvait pas croire qu'elle ose le toucher.
« Je suis tellement désolée Remus, j'aurais dû m'en rendre compte plus tôt, quelle cruche. Et toutes les remarques sur ta santé ! Tu as tellement dû m'en vouloir, à chaque fois ! Oh non, je suis vraiment la pire.
-Pétunia. »
La jeune femme se tut instantanément. Il y avait une fragilité dans la voix de son ami, comme s'il pouvait se briser à tout instant, et elle resserra instinctivement ses doigts autour des siens.
« Tu n'as… Tu n'as pas peur ?
-Pour quoi faire ? Je te connais depuis presque dix ans et on s'écrit une fois par semaine. Je n'ai pas de temps à perdre avec une peur malvenue et inutile. »
Remus s'étrangla à moitié avec sa propre salive.
« Je suis dangereux !
-Une nuit par mois.
-Je suis un monstre !
-Certainement pas. Le type dont parlent vos journaux, Greyback, lui est un monstre. Mais il tue des gens. Tu as déjà tué quelqu'un ?
-Non !
-Tu as déjà voulu tuer quelqu'un ?
-Bien sûr que non ! »
Remus avait l'air horrifié et Pétunia laissa échapper un léger rire.
« Alors, tout va bien. »
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Juillet 1978
Cher Remus
Félicitations ! Bien que j'aurais préféré que tu m'écrives pour me le dire, Lily m'a transmis les résultats de tes aspics (est-ce qu'on doit écrire ASPIC ?). J'espère que tu es fier de toi car, moi, je le suis !
Auras-tu un peu de temps cet été ? De ce que j'ai compris, tu travailles déjà, mais Lily n'a pas voulu me dire dans quoi. Comme je ne sais pas si je pourrais te voir, je t'envoie ton cadeau de majorité avec cette lettre. Je suis vraiment désolée d'avoir raté ton anniversaire, il m'a fallu plus de temps que prévu pour le faire. Je ne savais pas si j'avais le droit de t'offrir une montre mais j'ai décidé que c'était le cas. Elle est moldue, mais le bracelet est en cuir de dragon (Lily m'a aidé à le trouver). Ne t'inquiète pas, elle est entièrement mécanique et ne devrait pas subir de dommage à cause de la magie.
Écris-moi vite,
Pétunia.
...
Chère Pétunia
Merci beaucoup pour la montre, elle est magnifique. Tu te rattrapes très bien pour l'oubli d'anniversaire.
Je pense qu'on se reverra très bientôt, mais je laisse à Lily le soin de t'en parler.
Prends soin de toi,
Remus
...
Cher Remus
Lily va se marier !
Et visiblement, tu étais au courant ! Elle m'a demandée d'être sa demoiselle d'honneur, et j'ai dit oui. Quand je pense que si je ne t'avais pas rencontré, je serais peut-être toujours fâchée contre elle et que j'aurais sans doute refusé ! Peut-être même que j'aurais épousé ce Dursley qui me court après sans cesse depuis que j'ai commencé à travailler.
Puisque tu m'as cachée cette nouvelle, tu n'as pas le choix que d'accepter d'être mon cavalier pour le mariage.
Prends des cours de danse,
Pétunia
...
Chère Pétunia
Qui est ce Dursley ?
Puisque tu me refuses le plaisir de t'inviter, je ferai en sorte d'être le pire danseur et de te marcher sans cesse sur les pieds.
Je suis, moi aussi, content de t'avoir rencontrée.
À bientôt
Remus
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Mars 1979
Remus regarda son meilleur ami échanger ses vœux de mariage en souriant largement. Il était profondément heureux et à voir la lueur dans les yeux de James, celui-ci ne réalisait pas complètement la chance qu'il avait. Il donna discrètement un mouchoir à Pétunia lorsqu'il l'entendit renifler doucement pour la quatrième fois et elle le prit sans un mot. Il ne la regarda pas, comme il évitait de le faire depuis qu'elle l'avait rejoint, de peur de laisser échapper plus qu'il ne se sentait capable d'assumer.
Lorsque la cérémonie prit fin, les invités applaudirent chaleureusement et se rendirent dans la petite salle de réception. Pétunia glissa sa main dans celle de son cavalier sans lui demander son avis et Remus déglutit difficilement, n'ayant ni l'envie, ni le courage de la retirer.
Au moment de la première danse, lorsque Pétunia entraina Remus à sa suite, il n'eut plus d'autre choix que de la regarder et son cœur vacilla. Elle avait l'air inquiète. Elle aurait dû seulement rayonner de bonheur, mais elle semblait angoissée et il savait pertinemment que c'était sa faute.
« Pétunia…
-Il y a quelque chose que tu veux me dire ? »
Le jeune homme soupira. Elle était tellement courageuse qu'il ne se sentait pas le droit d'être lâche mais il avait peur. Pire, il était absolument terrifié. Il secoua légèrement la tête en signe de dénégation lorsque la jeune femme ouvrit de nouveau la bouche et elle se tut, visiblement agacée. Dès que la danse prit fin, Remus l'entraina à l'écart le plus rapidement possible sans courir et sans trop attirer l'attention.
« Pétunia. Je… Tu…
-Remus…
-Je suis un loup-garou », gémit le jeune homme.
Pétunia le regarda, interloquée.
« Je sais, ça. »
Puis, voyant qu'il ne s'en sortait pas, elle décida de prendre les devants, et tant pis pour le romantisme. Elle saisit doucement son visage et lui releva la tête pour le regarder dans les yeux.
« Remus. Je sais ce que tu es. Tu es quelqu'un de bien, de merveilleux même. Tu es droit, honnête, courageux, plein d'empathie et je suis tombée amoureuse de toi il y a déjà des années. Je n'ai pas envie de faire ma vie avec quelqu'un d'autre. Je n'ai pas envie de te laisser partir. Je veux te rendre heureux, je veux te faire sourire tous les jours de ta vie, je veux apprendre à t'aimer. »
Remus resta muet un moment, avant de prendre une brusque inspiration par le nez, comme s'il venait de comprendre tout ce que Pétunia lui avait dit. Une larme roula sur sa joue, que la jeune femme essuya doucement sans lâcher son regard, et le jeune homme se détacha d'elle pour reculer d'un pas. Posant un genou à terre, il lui saisit les deux mains et planta son regard dans le sien avec une telle intensité qu'elle en eut le souffle coupé.
« Pétunia Evans, veux-tu m'épouser ?
-Évidemment ! »
