Iruka ne savait pas cuisiner. C'était un fait, qu'il n'avait d'ailleurs jamais nier. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé, plusieurs fois. Il était un homme persévérant, déterminé. Le genre de personne qui ne s'arrête jamais d'essayer tant qu'il n'a pas réussi. On pouvait facilement le décrire comme borné, têtu, obstiné, et tout un tas d'autres synonymes tant ce trait de caractère l'habitait.

C'était comme cela qu'était Iruka Sensei.

La première fois qu'il avait essayé de cuisiner, c'était pour sa mère. Son père était parti en mission et Kohari était alors sujette à une forte fièvre qui l'empêchait d'assumer son rôle de mère. Iruka n'avait alors que huit ans, mais il s'était dit qu'il ne pouvait pas décemment laisser sa pauvre maman mourir de faim. De plus, lui aussi, avait faim. Iruka, était également un homme gourmand. Après un doux baiser sur le front de sa maman, qui lui avait demandé de se rendre à l'Ichiraku pour commander à emporter, Iruka s'était sauvé de chez lui avec une autre idée dans la tête. Il avait mémorisé les ingrédients nécessaires à l'élaboration d'un bouillon pour accompagner quelques nouilles. C'est ainsi qu'il s'était mis à courir joyeusement en direction de l'épicier. Cependant, il avait rencontré un garçon étrange qui s'était permis de critiquer ses choix d'ingrédients. Iruka, lui, avait simplement choisi de lui tirer la langue et de ne rien changer. Après tout, de quoi se mêlait-il ? Ce dernier avait tout juste daigné répondre à son affront d'un haussement d'épaule désinvolte. Soit, Iruka n'en avait attendu de toute façon pas plus. Cela fut été déjà pour ça qu'il lui avait tiré la langue.

Quand il avait servi avec fierté son repas à table, Iruka était vite redescendue de son petit nuage.

Ce n'était pas bon.

Vraiment, pas bon du tout.

Il était pourtant certain d'avoir suivi la recette et, finalement, lui et sa mère s'était résolu à se nourrir de deux vieux ramen instantanés qui prenaient la poussière au fond du placard. Iruka était allé dormir grincheux, se demandant ce qu'il avait loupé dans sa recette.

S'ils avaient pu parler, les légumes lui auraient dit qu'ils étaient moisis.

La deuxième fois s'était déroulé à l'Academie de Konoha. Cela faisait partie de leur programme, dans le cas où certains souhaiteraient devenir ninja cuisinier. Iruka n'en savait rien, mais il était pour une fois bien décidé à montrer de quoi il était capable. Afin de se mettre en situation, les élèves avaient du cuisiner pour des Chûnin ou des jonin réquisitionnés pour l'épreuve. Iruka n'avait pas été impressionné le moins du monde. D'ailleurs, en temps normal, il se serait même permis de faire une ou plusieurs farces mais, il était déterminé à réussir à cuisiner. Un ninja devait alors être affecté à chaque élève, et c'est ainsi qu'Iruka s'était retrouvé une nouvelle fois devant ce garçon. Il avait certes grandi mais il était reconnaissable de par le masque qu'il portait continuellement. De toute manières, tout le monde se connaissait dans ce village, au moins de vue.

Ce n'était pas le hasard qui avait créé ce binôme.

Au grand dam d'Iruka, il avait dû se présenter devant le groupe de ninja afin que ces derniers ne choisissent de quel étudiant il souhaitait goûter le plat. Il en avait de ce fait profiter pour se faire remarquer, comme à l'habitude.

« Je m'appelle Umino Iruka. Plus tard, je serai le plus grand chef cuisinier de Konoha, vous verrez ! » Avait-il beuglé en les pointant du doigt.

Et cela avait fonctionné.

Chacun s'était battu pour le choisir. Cela dit, personne n'avait osé s'interposer quand l'homme à la chevelure d'argent avait pris la parole. La voix rauque et fatiguée s'était tout juste faite entendre mais le silence avait régné aussi tôt.

Iruka se souvient encore de cette prestance aussi présente qu'absente. De ces bras croisés et de ce dos adossé à l'autre bout de la pièce. De même que des mots prononcés avec platitude mais qu'Iruka avait deviné moqueur.

« Tu vois, pas besoin de beugler pour se faire remarquer. »

La classe entière s'était mise à rire et Iruka avait gonflé les joues, en poussant un « hn » dédaigneux au possible.

Iruka s'était senti jugé tout le long de sa recette.

« Ne fait pas comme ci. »

« Fait plutôt comme ça. »

Et ainsi de suite, jusqu'à ce que le sensei ne vienne rappeler au jonin qu'il ne devait pas interférer. Fier comme pas deux, Iruka lui avait de nouveau tirer la langue, et une nouvelle fois, il n'avait eu comme réponse qu'un mouvement d'épaule désinvolte.

Le pré-genin avait été déçu que celui qui s'était présenté comme étant Hatake Kakashi, ne demande à se faire servir dans une pièce isolée. Personne n'allait pouvoir admirer à quel point son plat était réussi. Le jeune brun avait deviné qu'il devait s'agir du masque. Du point de vue du jeune Umino, cet homme devait être hideux pour souhaiter se cacher derrière un masque. Lui-même avait une horrible cicatrice sur le nez, et de nombreux ninja en arboraient d'horribles sans sentir le besoin de se cacher. Iruka allait-il devoir supporter cette vision sans sourcilier ?

A son grand soulagement, Kakashi lui avait simplement demandé de se retourner. Il fut déçu sur un point cela dit. Il n'allait pas pouvoir observer son visage admiratif.

« C'est dégueulasse. »

Au moins, ce fût clair et précis. Iruka s'était retourné avec férocité et comme par magie, le masque siégeait de nouveau sur l'homme mystérieux.

« Tu dis ça exprès pour m'embêter ! S'était renfrogné le jeune Iruka en lui prenant des mains les baguettes pour goûter lui-même le, selon lui, sublissime Katsudon qu'il avait mis tant de mal à préparer.

- Alors, c'est bon ? avait demandé l'homme masqué d'un rictus moqueur facilement devinable derrière le tissu de coton noir.

- Très ! »

Non, ce n'était pas bon.

Vraiment, vraiment, pas bon.

Mais Iruka s'était bien gardé de le dire. Cela dit, il n'avait pas pu s'empêcher de vomir l'escalope de porc pané complètement cru, sur les pieds du Jônin.

« C'est parce que c'était tellement bon que je me suis étouffé ! S'était défendu Iruka en le pointant du doigt, se ressuyant la bouche de son autre main.

- Dans ce cas-là, tu ne verras aucun inconvénient à terminer ton assiette devant moi ? Avait demandé Kakashi en ressuyant ses pieds avec la serviette de table.

- Aucun ! »

Et Iruka l'avait fait. Il avait mangé l'escalope de porc pané complètement cru, le riz assimilable à de la soupe gluante, en se retenant du mieux qu'il ne l'avait pu, de recracher son contenu. Quand il eut terminé, il avait tout de même demandé à Kakashi pourquoi il l'avait choisi.

« Je n'avais pas faim, avait juste répondu le Jonin en quittant la pièce les pieds trainant. »

L'on n'avait pas vu Iruka de la semaine à l'Académie.

Le porc cru, ce n'était franchement pas une bonne idée, et Iruka s'était retrouvé cloué au lit suite à une intoxication alimentaire. Il imaginait déjà la punition qu'il subirait à son retour à l'académie. Il aurait pu rendre malade un shinobi en exercice, même inconsciemment. Et pour sûr que cela méritait une remontrance dont Iruka préparait déjà son plan pour filer en douce. Kakashi n'avait pas dû être tendre concernant les commentaires à son égard.

Pourtant, à son grand étonnement, il avait récolté la moyenne. Il s'était toujours demandé pourquoi Kakashi lui avait évité la catastrophe et lui en était reconnaissant, même si à cette époque de sa vie, il ne l'aurait jamais avoué et ce, même sous la torture.

C'en étaient suivi de longues années de pratique sans aucun succès et Iruka avait finalement décidé d'abandonner. Ce n'était pas dans son crédo mais, vraiment, il n'était pas fait pour ça.

Vraiment, pas du tout.

Son dernier essai remontait à quelques temps avant le mariage de Naruto. Il avait dépensé la presque totalité de ses revenues à l'Ichiraku et, fatalement, il devait cuisiner. Il avait bien croisé Ayama sur le chemin du retour de l'épicier, mais il avait refusé son invitation, qui de toute façon n'en était pas vraiment une. Tout le monde avait déjà remarqué que la fille de Teuchi était très proche de ses sous et, elle ne perdait jamais l'occasion de rameuter quelques clients.

Ce jour-là, il n'avait même pas pu gouter ce qu'il avait préparé, car cela avait brulé.

Mais vraiment, vraiment bruler.

Naruto était venu à une heure tardive, et avait surpris Iruka au beau milieu d'un gros bazar d'ustensiles tombés au sol. Pour s'épargner la honte devant son ancien élève, il l'avait attrapé par l'oreille et avait retourné la situation à son avantage comme il avait l'habitude de le faire : en râlant. Mais ce soir-là, Naruto lui avait fait une demande... particulière.

Le Chunin n'était pas parvenu à s'arrêter de pleurer.

Et finalement, devenir le père d'adoption de cette tête blonde qu'il aimait tant, valait bien un petit tour à l'Ichiraku, dépenser les quelques ryo qui se battaient en duel dans son portefeuille.

Mais quand il était rentré chez lui, ça avait brulé.

Mais vraiment, vraiment brulé.

Il ne restait de la caserne qu'un tas de cendre et des voisins furieux.

Iruka s'était promis ce soir-là de ne plus jamais cuisiner.

Mais... C'était sans compter la mission « de rang S » que l'Hokage en personne venait de lui confier.

« Iruka-sensei, je vous nomme cuisinier pour mon anniversaire. »

Kakashi était pourtant aux premières loges pour savoir qu'il ne savait pas cuisiner. Il avait été l'un des seuls à gouter à sa cuisine nauséabonde. Par l'un des seuls, il entendait : sa mère, et lui-même. Personne n'avait de toute façon jamais osé ne serait-ce que humer l'une de ses assiettes. Pas même Izumo ou Kotetsu lorsqu'il les avait invités, un soir. Pas même Naruto qui de toute façon, préférait grandement se faire invité chez L'ichiraku.

« Pardonnez-moi, Hokage-sama, mais il me semble évident que je ne suis pas la personne appropriée pour cette mission, s'excusa Iruka en détournant le regard. Il se souvenait encore parfaitement lui avoir vomi sur les pieds quand il était enfant.

- Ça, ce n'est pas à vous d'en décider, Iruka-sensei. Répondit doucement l'Hokage en se redressant de son fauteuil. J'ai déjà préparé la recette que je voudrais. Il s'agira de me l'a préparer pour le 15 Septembre au soir, pour deux personnes, argumenta Kakashi en lui confiant l'ordre de mission. »

En pestant silencieusement contre son Hokage, Iruka quitta le bureau avec l'ordre de mission dans les mains. Il avait donc deux semaines pour apprendre à cuisiner.

« Génial, marmonna-t-il. Je n'ai déjà pas eu assez d'une vie pour apprendre... »

Cela dit, une mission « de rang S » ne ferait vraiment pas de mal à son portefeuille. D'ailleurs, Iruka ne fut pas étonné que Kakashi ne se serve de la trésorerie du village pour son propre intérêt. Enfin, si intérêt il y avait à se faire servir un repas par Iruka-sensei, et ça, le Chûnin fut persuadé que non.

Il avait néanmoins accepté cette drôle de mission bien qu'il n'en ait eu de toute façon pas eu le choix, et se devait de se montrer à la hauteur. De plus, le jeune brun malgré ce qu'il tentait de faire croire de par sa respectable attitude, était fortement attiré par les commérages et se demandait bien qui partageait la couche du Rokudaime.

Iruka, lui, était célibataire et il avait l'impression de n'avoir jamais vraiment connu l'amour. Sa gentillesse maladive l'avait toujours amené à fréquenter malgré lui des hommes et des femmes profitant de sa générosité. C'en étaient suivi des disputes où de nombreux objets avaient traversé les pièces quand il s'en était aperçu. Beaucoup de larmes aussi. Depuis, Iruka s'était délibérément enfermé dans un célibat à durée indéterminé.

Personne n'avait jamais été gentil avec lui. Personne n'avait jamais vraiment pris soin de lui non plus. Lui, passait son temps à prendre soin des autres mais qui prenait véritablement soin de lui ? Ce n'était pas une question qu'il se posait ouvertement cela-dit. Il avait arrêté de chercher, le travail y étant certainement pour quelque chose.

Iruka se demandait du coup qui pouvait bien fréquenter Kakashi, lui à qui le travail ne devait pas l'épargner non plus. Il ne savait pas grand-chose de lui, mais qui savait quelque chose sur lui de toute manière ? En dehors du passé tragique qu'il portait sur les épaules, rien. En réfléchissant, Iruka pouvait dire facilement qu'envers et contre toute attente, Kakashi s'était toujours montré présent pour l'épauler malgré le fait qu'ils ne se côtoyaient pas plus que ça. Il avait toujours trouvé cela étrange. Toutes ces fois où la mort planait sur ses épaules et qu'il apparaissait si soudainement pour le sortir de là, et bien d'autres encore.

Etrangement, alors qu'il passait les portes de la tour Hokage, il fut obligé d'admettre qu'il était l'une des rares personnes à s'être déjà inquiété pour lui, et, mine de rien, ça le fit sourire un instant. Kakashi était selon Iruka et malgré ce que le plus vieux laissait paraitre, quelqu'un de soucieux du bien-être de ses proches et même plus, et c'était de toute façon bien pour cela, qu'il avait été accepté comme Hokage si facilement.

Iruka n'avait pas envie de le décevoir. C'était son devoir, que de faire en sorte que Kakashi passe un superbe anniversaire avec sa compagne, ou bien son compagnon. Ça non plus, il ne savait pas vraiment. Bon nombre de shinobi, comme Iruka, ne faisaient pas grandes distinctions entre les genres quand il s'agissait de partager son lit. Iruka devait cependant s'avouer qu'il avait toujours été plus à l'aise avec la gente masculine, avec laquelle il pouvait se permettre d'être faible et, ainsi, de se défaire un peu de ce masque d'homme explosif et respectable qu'il devait arborer. Encore plus à l'heure d'aujourd'hui, alors qu'il venait d'être nommé directeur adjoint de l'académie. Ça aussi, ce fut grâce à Kakashi qui s'était organisé pour qu'il puisse passer le concours en dépit du fait que, l'examen se déroulait le jour du mariage de Naruto. L'Hokage s'était montré véritablement intéressé par sa candidature au grand étonnement d'Iruka, et avait fait tout ce qui avait été en son pouvoir pour organiser une seconde session pour lui, et lui seul, Umino Iruka.

Non, vraiment.

Il fallait qu'il apprenne à cuisiner.

Le soleil se couchait quand Iruka déplia l'ordre de mission sur le chemin du retour. Il y découvrit qu'il s'agirait de préparer un ramen aux aubergines. Iruka souffla discrètement. En dépit du fait que les ramen étaient sans conteste son plat favori, c'est ce qui avait fait brûler la caserne des chunin quelques mois auparavant. De plus il y était indiqué que les nouilles devaient être fraîches et préparé par ses soins. Il était même indiqué l'épaisseur que Kakashi préférait. Iruka ne savait pas dire s'il était soulagé ou non qu'il y ait la recette de détaillé. Il ne savait de toute façon pas par ou commencer. Il devait apprendre à faire des nitamago, des aubergines grillées, un bouillon, et mêmes des nouilles fraîches !

« Achevez-moi... marmonna-t-il en rentrant chez lui. »

Il retira paresseusement son bandeau de Ninja pour le poser sur la table de l'entrée, tandis qu'il continuait la lecture de cet étrange ordre de mission. Il y lu qu'il n'avait le droit d'en parler à personne, mais il n'y avait rien d'étonnant à cela étant donné le rang de la mission. Même si d'après Iruka, c'était un peu présomptueux de la part de Kakashi de passer ça en mission de rang S. Il ne s'en plaignit pas pour autant. Même si ses nouveaux revenus de directeur adjoint étaient forts agréables, cela lui permettrait de rembourser une belle partie de la petite maison qu'il venait de s'offrir.

Depuis qu'il n'était plus véritablement sensei à proprement parler, il ramenait moins de travail à la maison et ne savait jamais comment s'occuper. Il y avait encore quelques années, il compensait la solitude par l'impression d'avoir ses élèves avec lui par le simple fait de lire leur travail. Il considérait bien évidement tout les étudiants ninja comme ses élèves, et se montrait présent auprès d'eux. Mais quand la journée s'achevait, il ne savait plus quoi faire du peu de temps qui lui restait. Il s'était toujours dis que de monter en grade serait épuisant et c'était le cas, mais aussi que l'absence de copies à corriger lui permettrait de profiter de la vie. Ce nouveau poste lui avait paru comme le moyen de ne profiter que des bons côtés et de laisser les mauvais. Mais finalement, sans les mauvais côtés, comme tomber d'épuisement d'avoir corriger des copies toute la nuit, il ne lui restait que du temps libre dont il ne savait pas comment profiter.

Il se prépara rapidement un bol de nouilles instantanées. Ça, il savait faire. Et alors qu'il le dégustait affalé dans son canapé, il ne put s'empêcher de se remémorer les soirées CupNoodles qu'il passait avec Naruto avant qu'il ne se mette en ménage lui aussi.

D'ailleurs, il s'était senti obligé de laisser derrière lui son studio minuscule de la caserne des chunin. Après tout, il allait devenir grand-père et c'était son devoir d'avoir une chambre d'ami. Iruka aussi, avait maintenant une grande chambre, avec un somptueux lit double des plus confortables. Alors qu'il sortait de la douche, il s'imagina un instant la sensation d'avoir quelqu'un qui l'y attendrait.

Il s'imaginait tomber sur un lit vide, avec la sublime sensation d'un homme qui encerclerait ses hanches par surprise dans son dos. Ils ne feraient rien ce soir car ils seraient tout les deux fatigué par le travail à Konoha, mais ils s'endormiraient paisiblement l'un contre l'autre après un chaste baiser aussi doux que leurs regards amoureux.

Iruka avait de nombreux fantasmes comme celui-ci.

Ils arrivaient surtout le soir. Quand, loin de l'agitation de l'académie, le calme régnant dans ce quartier bourgeois lui retournait l'estomac. Mais il ne s'en plaignait pas. Après tout, lui seul avait pris la décision de ne plus courir après l'amour. Il laissait ça aux jeunes. Fort heureusement, la paix qui venait de s'installer s'annonçait durable et la nouvelle jeunesse aurait probablement plus de chance que lui. Il n'avait que vingt-huit ans, et pourtant, il faisait déjà parti de l'ancienne génération de ninja. Il fallait dire que dépasser les vingt cinq ans était de toute façon déjà une bénédiction dans le métier.

Et alors qu'il commençait à s'endormir blottit contre lui-même, il fut triste de constater une chose : son Hokage solitaire au passé des plus tragique, était apparemment parvenu à trouver quelqu'un.

Le problème, ce devait être lui, finalement.

Cette nuit là fut comme à l'habitude : un sommeil sans rêve. Ni cauchemar. Plat, sans rebondissement. A l'image de ce qu'est devenu sa vie.

La journée du lendemain fut exténuante. Il comptait bien comme à l'habitude honorer ses quarts au bureau des missions cependant. Ce n'était pas quelque chose qu'il avait voulu cesser en dépit du fait qu'il n'en avait financièrement plus besoin depuis sa nomination à l'académie. C'était un moyen pour lui de chasser la solitude. Il prit rapidement le temps de se doucher et de changer son uniforme en conséquence.

Mais alors qu'il fermait la porte du bureau des missions derrière lui, la voix de Kotetsu le fit sursauter.

« Iruka, tu n'as pas été mis au courant ?

- Au courant de quoi ? Demanda Iruka en s'installant près lui.

- Tu n'es pas sur le planning du bureau les deux prochaines semaines.

- De quoi ? Iruka fronça les sourcils. Ça n'a pas de sens, ça n'est jamais arrivé. Arrête avec tes blagues, râla Iruka en sortant de son sac bandoulière ses effets professionnel.

- Pour une fois il ne blague pas, Iruka, argumenta Izumo en stoppant son bras. Rentre chez toi, prend du temps pour toi. »

« Du temps... pour moi ? Murmura Iruka pour lui-même sur le chemin du retour. »

Comme s'il n'avait déjà pas assez de temps à tuer, pensa tristement Iruka. Pourtant, plus il marchait en direction de l'épicier, moins il comprenait pourquoi on l'avait si froidement mis de côté à la tour Hokage. Son travail n'était-il plus correct ? Il se savait perfectionniste et rigoureux mais le doute se mit à planer tout de même. Kotetsu et Izumo devait d'ailleurs être joie qu'il ne soit pas là pour les sermonner. Il était ce personnage droit qui ne se laissait jamais aller.

Alors pourquoi ?

Le lendemain allait être la réponse évidente.

Iruka s'occupait alors de l'organisation des prochaines sorties scolaires et c'était un véritable casse-tête. Entre les autorisations parentales à préparer, la recherche d'intervenants spécialisés, le choix du lieu, les demandes aussi précises que saugrenues des sensei, il ne savait plus où donner de la tête. Il s'était vite rendu compte qu'être proviseur adjoint, c'était littéralement faire le boulot du proviseur justement, qui lui, passait son bon petit temps à se pavaner dans les couloirs. Il devina d'ailleurs que les coups qui venaient d'être donnés à la porte de son bureau devait être de son fait. Il avait l'habitude que ce dernier ne vienne tranquillement discuter avec un thé comme s'il n'avait rien d'important à faire et, Iruka trouvait cela exaspérant. Il comprenait bien maintenant d'où venait le bazar qu'il avait dû rattraper en étant promu proviseur adjoint. Si ses prédécesseurs passaient leurs temps à discuter potin autour d'un thé, il n'y avait alors plus rien d'étonnant au fait qu'il avait mis plus de trois mois à réorganiser l'Académie décemment. Cela dit, il n'aurait pas dit non à un thé, ni même à discuter potin même s'il ne se l'avouerait jamais. C'était une façon pour lui de se sentir exister, d'une certaine façon. Alors il éleva la voix pour se faire entendre l'invita à rentrer. Il reprit alors des occupations les yeux rivés dans ses documents.

« Vous venez encore parier sur qui partage la couche d'Hokage-Sama, Monsieur le directeur ? Demanda Iruka distraitement.

-Mah, loin de moi l'idée de vous décevoir, mais je ne suis pas Monsieur le directeur. »