...We did it. we did it friends. C'est le dernier jour de la week, et aujourd'hui pour le Free Day je vous présente un ROYAL AU ! Je sais pas ce qu'il s'est passé cette nuit mais j'ai dû boire trop d'ice tea pcq ce truc fait presque 10k HOW?
Go lire mtn si vous voulez pas les remerciements ennuyeux, mais merci à vous de passer par là ou bien d'avoir suivi cette week avec moi je vous jure ça me fait trop plaisir.
Je suis trop contente d'avoir mené ça à bien, je vais vraiment finir par croire que je prends le erejean plus au sérieux que mes études (ce serait regrettable...haha...imaginez). Vraiment ces types sont mes muses i can't stop writing about them, tout dans leur dynamique est DIVIN vous m'entendez ? DIVIN
Merci d'abord à ma sœur, qui a approuvé tous ces OS de son regard expert. Merci à Aeli, liuannes, chtulou et Leylay pour leurs encouragements qui m'ont trop motivée. Merci à Partizion et TrefleV pour leurs reviews régulières qui m'ont fait BEAUCOUP trop plaisir, et à vous autres qui en avez mis aussi. Merci à vous tous et toutes qui avez pris le temps de fav ou même de lire, it is enough pour faire vivre le erejean. love yall
ENFIN, parce-que ouais ça commence avec elle et ça termine avec elle, merci à CATHARSIS grâce à qui d'ailleurs cet OS a vu le jour et à qui il est entièrmeent dédicacé (à force de penser à cet UA tous les jours aussi mdren), merci pour ses gentils mots et ses encouragements inépuisables she is une source de joie dans ma vie girl i'm so glad i met you ptn, and i'm glad d'avoir partagé cette week avec toi. je t'aime fort et j'espère que ce royal AU du turfu qui a pas du tout tourné comme prévu sera à la hauteur de tes attentes, au moins un petit peu.
Also la chanson de Lorde est un peu moins relevant mais l'ambiance est là, zoubi amusez-vous bien on se dit au revoir en bas !
Lorde - Perfect Places
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Trying to find these perfect places
- Jean ?
L'interpellé termina de rajuster la lanière de sa selle et se tourna vers son interlocuteur sans oublier de donner une tape affectueuse à son cheval. Il ne savait pas exactement combien de temps il le monterait avant de devoir l'échanger dans une bourgade pour plus de rapidité, mais l'animal restait l'un des seuls auquel il tenait un minimum : c'était une raison de plus de détester sa mission.
La raison principale d'ailleurs se trouvait juste en face lui et attendait sa réponse. Le prince Eren n'avait pas tant changé depuis les jours où ils faisaient la course dans les couloirs du château, si ce n'était pour un gain de centimètres, une musculature plus évidente et une couleur nouvelle au fond du regard. À part ça, il restait un simple gamin.
Jean inclina tout de même respectueusement la tête dans sa direction, mais c'était bien parce-que la ligne numéro trois de son serment chevalier comportait des détails sur le respect du roi et de ses descendants, et qu'il le connaissait encore par cœur puisqu'il avait dû le réciter le mois dernier afin de finaliser les étapes de sa formation.
Il vit le prince lever les yeux au ciel.
- Je ne savais pas que tu m'accompagnais.
Jean ne sut dire s'il était déçu ou frustré, mais une chose était sûre : lui-même avait beau être déjà fatigué à cette idée, il irait jusqu'au bout de sa mission. Après tout, le danger était réel et si on la lui avait confiée, c'était bien parce qu'il avait de bonnes – voire excellentes – capacités.
- Et pourtant, finit-il par répondre avec le plus de neutralité possible.
Eren le comprit. Il haussa un sourcil et cela suffit pour rappeler à Jean toutes les bagarres ridicules qu'ils avaient pu avoir et qui se finissaient souvent par de lourdes punitions.
Mais c'était du passé, et les quelques années qu'ils avaient vécues séparés par leurs obligations mutuelles, à défaut de les avoir fait disparaître, devaient au moins avoir calmé leurs instincts meurtriers mutuels.
- Allons-y, finit par annoncer le prince.
Jean le regarda se diriger vers son cheval qui avait déjà été préparé. Eren s'y hissa et il fit de même sur le sien, puis ils avancèrent sans un mot jusqu'aux portes de la cour qui donnaient déjà sur beaucoup d'inconnu. Heureusement, Jean avait étudié leur route durant une bonne partie de sa nuit et se fiait à son excellente mémoire.
Le roi s'approcha alors, annoncé par le silence qui se fit soudain, et il avança jusqu'à son fils. Sa stature le rendait tant imposant qu'on aurait presque dit qu'il levait à peine la tête pour lui parler. Grisha Jaeger était sûrement roi depuis trop longtemps pour que ce soit naturel, mais personne ne disait rien : il était fondamentalement juste et patient.
Eren n'avait pas hérité de ces traits malheureusement. Quand il ne se battait pas sans raison dans la rue, il passait ses journées à disparaître et revenait souvent couvert de blessures, s'exposant à la vue de toute la cour.
Jean l'avait compris : au fond, le roi devait être bien arrangé de se débarrasser de son fils sous couvert de protection.
Il fit de son mieux pour ne pas s'immiscer dans les saluts et les embrassades familiales, et puis un héraut sonna leur départ et les lourdes portes en bois s'ouvrirent. Peut-être que ne partir qu'à deux avait été vu comme le summum de la discrétion, mais Jean savait que cela allait leur porter préjudice. Il s'était au moins promis de ne jamais, jamais répondre à ses provocations et comptait sur son entraînement de soldat pour l'aider à garder son sang-froid.
Le temps où la moindre insulte se finissait en incartade était révolu.
Les premières minutes de route furent étranges. Entre le silence et la mine contrite d'Eren, Jean n'arrivait pas à distinguer véritablement les pensées du prince. Pas qu'il s'y intéresse, de toute façon, juste que c'était assez rare de ne pas le voir hurler à tout va – du moins, en fonction du souvenir qu'il avait de lui.
Et puis, le voyage en lui-même portait un faux goût de familiarité et Jean avait du mal se figurer qu'ils s'en allaient aussi loin pour aussi longtemps. Qui sait même s'il reviendrait un jour respirer les abords de la boutique de sa mère ?
Quand finalement ils quittèrent la route pour s'enfoncer sur des chemins plus escarpés, bordés d'herbes sèches et recouverts de petits cailloux qui ralentissaient légèrement leur pas, Eren dévoila enfin le fond de sa pensée. Il tira sur ses rênes et son cheval s'arrêta. Jean l'imita, haussant un sourcil, déjà quelques mètres plus loin.
- J'y retourne, annonça alors le prince.
- Je vous demande pardon ?
- C'est ça le plan, non ? Nous mettons en scène mon départ et puis quand nous sommes assez loin j'y retourne et je vis en paysan pour quelques mois.
Ce fut sûrement à cet instant que Jean comprit véritablement à quel point la route allait être longue.
- Je n'ai pas été informé d'un tel déroulement, répondit-il avec toute la patience dont il pouvait faire preuve puisqu'il était clair qu'Eren lui racontait des sottises et cherchait surtout à rentrer le plus vite possible.
- Ah ? Et pourtant, c'est ce qu'on m'a dit. Cette histoire de tentative d'assassinat, tout ça, il ne faut pas trop la prendre au sérieux.
- Le roi votre père m'a dit le contraire.
- Pour tromper les gens dans la salle, certainement.
- Nous étions seuls lors de notre entrevue.
Eren leva les yeux sur lui comme pour vérifier s'il mentait, et Jean ne pensait qu'au soleil qui se couchait plus vite ces temps-ci, marquant l'approche de l'hiver.
- Balivernes, déclara finalement le prince.
- Je ne peux pas vous laisser y retourner.
- Ce n'est pas à toi d'en décider.
- À vous non plus.
Ils se jaugèrent du regard un instant et Jean fit avancer son cheval de quelques pas, arrivant à la hauteur du prince. Il espérait sincèrement son attitude neutre, et résistait à l'envie brûlante de poser sa main sur le pommeau de son épée.
Eren ne dit rien pendant un instant et puis un froncement de sourcil assombrit son expression.
- Tu ne comptes tout de même pas m'accompagner jusqu'au manoir Arlet ?
- Ce sont là mes ordres.
- Je t'en donne des nouveaux.
- Je ne suis pas dans l'obligation de les exécuter s'ils contredisent ceux du roi.
Eren haussa un sourcil, croyant sûrement voir une porte d'entrée vers la réalisation de ses désirs. Mais Jean n'allait pas se laisser faire, et plus le temps s'écoulait, plus il s'agaçait et devait se souvenir de sa promesse envers lui-même.
- Ton allégeance n'est-elle pas à la famille royale ?
- À la nation d'abord, au roi ensuite. Sa famille vient après.
- Je suis le futur roi.
Le piège dansa un instant sous les yeux du chevalier : s'il répondait que oui, il ne pouvait plus protester et s'il répondait que non, il se rendait coupable de propos calomnieux et potentiellement de trahison.
- Tant que le roi est encore en vie, ses décisions prévalent, finit-il par annoncer en soutenant le regard d'Eren de toutes ses forces.
On ne s'appelait pas Jean Kirschtein pour se laisser marcher sur les pieds par le premier venu, et surtout pas par le prince.
- Je t'ai connu plus réactif, répondit simplement le brun en haussant les épaules après quelques secondes de silence. Mais soit, puisque tu insistes, allons au bout de ta mission, chevalier Jean Kirschtein.
L'interpellé n'avait jamais compris pourquoi tout ce qui sortait de la bouche d'Eren devait automatiquement sonner comme une provocation, mais il n'en prit pas ombrage et après s'être assuré que le prince repartait dans la bonne direction, se mit lui aussi en route. Il avait cette fois-ci rapproché sa monture de la sienne, et Eren ne manqua pas de le remarquer :
- Je ne vais pas m'en aller en courant. Ce serait là le summum du déshonneur.
Jean se garda bien de dire que pour quelqu'un qui s'était attiré les foudres d'un puissant en se battant dans la rue jusqu'à devoir quitter sa terre, c'était culoté de parler de déshonneur. Il ne bougea pas, et le prince accéléra un peu le pas.
Quand le soleil fut descendu derrière les collines en laissant sur son sillage quelques rayons encore, ils arrivèrent à la lisière de la forêt. Jusqu'ici, les paysages qu'ils avaient traversés n'avaient pas tant changés mais maintenant qu'ils étaient près du bois, les arbres s'étaient multipliés pour se rassembler. La démarcation avec le chemin sur lequel ils avaient évolué était flagrante, et Jean savait qu'ils allaient devoir traverser la forêt pour espérer prendre le détour qui leur avait été imposé pour plus de sécurité.
Le nom de ces bois était connu de tous, mais personne ne le disait vraiment, et trônait par-dessus la cime des arbres des brouillards qui en effrayaient plus d'un.
Si Eren n'était pas en danger, ils auraient simplement pu continuer sur la route, mais le prince ne semblait pas pouvoir passer une seconde de sa vie sans que cette dernière ne soit mise sur la table. C'était au fond quelque chose qui ne manquait pas d'inquiéter Jean pour les jours à venir.
- Allons-nous traverser ?
Le chevalier tourna la tête en direction d'Eren qui depuis tout à l'heure n'avait plus décroché un mot, et opina du chef.
- Y aura-t-il une auberge ?
Jean l'examina du regard un instant pour déterminer s'il faisait semblant et comprenant que c'était une question sincère, secoua la tête.
- Nous avons de quoi camper.
- Hors de question.
- L'auberge la plus proche est à Trost, et il nous reste encore quelques jours avant d'y parvenir.
Eren eut un sourire mécanique, un sourire de prince qui soudain, se rend compte de sa situation.
- J'espère que c'est une plaisanterie.
- N'avez-vous jamais dormi à la belle étoile ?
- Belle, je ne sais pas. C'est un très mauvais souvenir.
Jean retint avec force le sourire moqueur qui lui caressa les lèvres. Il n'avait pas l'habitude de voir Eren avoir peur et plongea la tête la première dans la réplique qu'elle, il ne put retenir.
- Je vous ai connu plus réactif, prince.
Eren le fusilla un peu du regard et agita ses rênes pour s'engouffrer dans la forêt : c'était là sa réponse, et Jean avait obtenu l'effet escompté. Ce n'était pas tant une surprise que le prince se retrouve toujours embrigadé dans des histoires qui le dépassaient : lui-même savait à peine que faire de son caractère qui semblait toujours déborder de son personnage.
Le faux silence qui les accueillit en aurait fait frissonner plus d'un. Les bruissements des feuilles résonnaient contre les murmures de la faune et Jean regardait fixement devant lui, là où les derniers rayons de soleil éclairaient encore le chemin. Il leur fallait simplement trouver un coin paisible et caché du sentier sur lequel ils évoluaient.
Ils s'écartèrent légèrement de la terre qui leur pavait la route pour s'enfoncer dans les bois. Au bout d'un certain temps, ils durent tout deux poser pied à terre afin de poursuivre. Réticent à l'idée de laisser Eren seul, Jean attacha leurs chevaux à un arbre et l'emmena explorer avec lui. Une main sur son pommeau, il ignora les plaintes du prince qui revenait à la charge.
- Y a-t-il des ours par ici ?
- Pas à ma connaissance, grogna le chevalier qui n'avait qu'une hâte : qu'Eren s'endorme.
- Des sangliers ?
- Probablement.
- Les loups mangent-ils du sanglier ?
- Ce n'est pas impossible.
- Alors il y a des loups.
- Ils sont beaucoup plus au Nord.
- Tu dis ça pour me rassurer.
- Je dis ça pour que vous arrêtiez de poser des questions, dit enfin Jean en se tournant vers son interlocuteur.
Il n'avait pas haussé le ton et sa phrase donnait une impression d'honnêteté brutale, mais plutôt que de s'en offusquer, le prince se tordit en un sourire.
- Je t'agace ?
Jean ne répondit pas et se concentra sur les racines à ses pieds. Elles étaient énormes, bien plus grosses que toutes celles qu'ils avaient pu croiser jusqu'ici et s'il regardait bien, la plupart des arbres aux alentours avaient les mêmes. Le tout avait une allure inquiétante, augmentée par l'atmosphère générale de la forêt.
- Éloignons-nous, dit-il simplement.
Le prince dut suivre son raisonnement puisqu'il eut un rictus, le suivant néanmoins quand Jean fit demi-tour.
- Tu crois à ces sottises ? La magie n'existe que dans les livres, et surtout pas dans une forêt.
À nouveau, Jean ne répondit pas. Eren dut penser que c'était une invitation à poursuivre sa théorie, puisque c'est ce qu'il fit :
- Les histoires racontées dans ta jeunesse t'ont laissé une impression trop grande, Jean ? Ou bien est-ce de la pure superstition ? Ou bien, (il marqua une pause dramatique et le chevalier sut qu'il n'allait pas apprécier la suite) est-ce à cause de ton père ?
En effet, Jean n'apprécia pas. Il se battit contre lui-même de toute ses forces pour ne pas le fusiller du regard et la voix tremblante d'une colère à peine contenue qu'il se détestait de toujours porter en lui, se contenta de demander :
- Ne l'évoquez pas, s'il vous plait.
Eren dut comprendre qu'il avait véritablement touché une corde sensible et qu'il y a quelques années, il aurait sûrement essuyé un coup, alors il se tut. Mais son sourire ne passa pas inaperçu.
À force de tourner dans la forêt, ils finirent par déboucher sur un endroit dépourvu d'arbres, trop petit pour être une clairière et parsemé de buissons de toutes sortes. Ils y élurent domicile.
Une fois leur camp de fortune installé et les chevaux récupérés, ils firent un feu – du moins, Jean fit un feu – et mangèrent le pain qu'ils avaient apporté avec eux.
Lorsqu'il fut l'heure de se reposer, Eren se tourna vers le chevalier :
- Si je prends un tour de garde, n'as-tu pas peur que je m'enfuie ?
- Vous ne sauriez pas retrouver le sentier.
Le silence du prince lui indiqua qu'il avait vu juste. Ce fut tout de même lui qui veilla durant la première moitié de la nuit, de peur que des bandits n'aient vu les volutes de fumée. Ils échangèrent quand la lune s'effaçait déjà, et Jean eut le droit à quelques heures de repos avant de remonter en selle.
Le lendemain se déroula comme la veille, si ce n'était pour Eren qui n'arrêtait pas de parler. Apparemment, il lui avait suffi d'une journée pour s'accommoder à la vie « d'aventurier » comme il l'appelait, et Jean devait faire preuve de plus de sang-froid que jamais dans toute sa vie – et c'était beaucoup dire pour un garçon revenant du champ de bataille.
Eren s'était mis en tête d'apprendre le nom de toutes les plantes devant lesquelles ils passaient, et il se trouvait pour son plus grand bonheur que Jean était un excellent botaniste – après tout, sa mère s'occupait toujours des arrangements floraux du palais et si pour certains cela lui valait la réputation de sorcière à jouer ainsi avec les plantes, pour d'autres elle était une véritable magicienne.
- Et celui-là ?
- Du hêtre, certainement.
Quelques secondes passèrent, maintenant habituelles, avant qu'Eren ne redemande :
- Et ceci ?
- Du lierre. Vous me l'aviez déjà demandé.
- C'était pour vérifier que tu ne mentais pas.
- Je n'ai aucun intérêt à mentir.
- Tu pourrais me faire croire qu'une plante est comestible alors que ce n'est pas le cas.
- Partez simplement du principe qu'aucune plante ne l'est.
Jean faisait preuve de patience, de véritable patience qu'il se découvrait au fur et à mesure qu'elle s'épuisait, et il avait beau essayer encore et encore de la restaurer, il sentait qu'il ne pourrait plus tirer sur la corde bien longtemps.
Voyager avec le prince n'avait rien de terrible au fond, mais il savait bien que la seule raison pour laquelle ils ne se battaient pas restait que Jean ne répondait pas à ses provocations et que l'unique motif de son silence était son dévouement inconsidérable au roi.
La litanie résonnait constamment dans sa tête, berceau de tous ses soucis, chantant encore et encore son serment et la reconnaissance intense qu'il avait envers son souverain et qui, certainement, jamais ne s'estomperait. Alors s'il devait au moins empêcher son fils de se faire tuer, il le ferait.
Entre les questions d'Eren et toutes les remarques qu'il pouvait faire constamment, la journée passa plutôt rapidement, et quand le soir effleura la canopée des arbres qui toujours les entouraient, le prince pointa le doigt en bordure du sentier.
- Et ça, qu'est-ce que c'est ?
Jean n'aperçut pas d'abord de quoi il s'agissait, et puis ralentit le pas de son destrier en fronçant les sourcils. Pensant certainement qu'il avait fait là une découverte improbable, Eren attendait une réponse.
- Une rose, dit finalement le chevalier sans manquer d'entendre le soupir de déception venant du prince.
Pourtant, Jean ne détacha pas ses yeux de la fleur et mit pied à terre, la main lâchement posée sur le pommeau de son épée. La plante était étendue le long du sentier et courrait sur plusieurs mètres, étouffant les herbes alentours. Ce qui aurait dû être sa tige était en fait étalé sur le sol et semblait rentrer dans le sol comme pour s'en nourrir.
- Qu'y a-t-il ?
- Une rose n'a rien à faire dans ces bois, annonça-t-il finalement.
Eren se tut, semblant lui aussi attendre la suite, et plus Jean regardait la fleur, plus il sentait la menace lui tordre le ventre si bien qu'il se vit obligé de tourner les talons pour ne pas s'en approcher de trop.
- Changeons de cap.
- Encore cette histoire de magie ? renifla le prince en levant les yeux au ciel.
Jean n'osa pas insister, mais ils prirent tout de même la forêt de l'autre côté, laissant derrière eux cette rose maudite.
La nuit venue, Jean sentit une main secouer son épaule et pensant que c'était Eren qui le réveillait pour prendre son tour de garde, il mit une demi-seconde à sentir la lame froide plaquée contre sa gorge. Une ombre était penchée sur lui.
Son agresseur dut le voir émerger puisqu'il écrasa immédiatement de son genou le bras que Jean tenta de bouger, et alors ce dernier put sentir tout son poids sur son corps. Il était maintenu au sol sans ménagement et peinait à respirer.
Il chercha Eren du regard, et il se tordit l'estomac sur une vision qu'il détesta : le prince était ceinturé par un brigand reconnaissable à ses vêtements violets et la plume qu'il portait sur son couvre-chef.
Il se maudit et maudit les alentours, responsables probablement de son sommeil trop lourd.
- Bien dormi ?
La voix de l'homme par-dessus lui puait le tabac et tout son corps respirait la sueur des longs voyages. Ces gens étaient plus affamés qu'en quête d'argent, certainement, mais Jean devait s'assurer avant tout qu'ils n'avaient pas reconnu le prince.
Il tenta d'utiliser sa main libre pour s'emparer de son épée qu'on avait glissée quelques centimètres plus loin, mais ne fut pas assez discret. Son adversaire s'en rendit compte et son poids changea de jambe : il écrasa sèchement la main de Jean contre le sol à l'aide de son pied, et le chevalier l'entendit presque craquer sous la pression. Il se mordit la langue sur son hurlement de douleur, un goût de sang envahissant immédiatement sa bouche. Toute sa rage passa dans le regard qu'il lança à l'homme.
- Te rebelle pas trop ou tu peux dire adieu à ton bras, dit l'homme en appuyant plus encore sur ses doigts.
Jean réfléchit à toute vitesse : il n'avait pas le temps d'élaborer un plan digne de ce nom, et la douleur lui embrumait l'esprit.
- Qu'est-ce que vous voulez ? articula-t-il finalement.
Le brigand pointa du doigt leurs sacs de provision.
- On va prendre ça, et tu vas nous laisser filer bien gentiment, ou bien je t'arrache le bras et lui là-bas, je lui arrache la tête.
Jean retint son soupir de soulagement : ils n'avaient pas reconnu Eren. Il hocha vaguement la tête, conscient qu'il ne servait à rien d'offrir une résistance.
Constatant qu'il coopérait, l'homme fit un signe en direction d'une troisième partenaire cachée dans les buissons jusqu'ici. Elle trottina jusqu'à leurs victuailles et fit glisser les sacs sur son dos et autour de sa taille, prenant également le temps de débourser leur argent et de fouiller dans leurs poches de selle. Quand enfin elle eut rassemblé la plupart de leurs possessions, elle eut un signe de tête victorieux en direction de l'homme qui écrasait Jean et s'éclipsa.
Les deux individus qui les tenaient immobiles comptèrent jusqu'à sept à voix basse et puis celui qui surplombait Jean se releva soudain, s'empara de son épée et suivit sa comparse en courant, talonné rapidement par le dernier.
Jean se redressa et arriva jusqu'à Eren, vérifiant immédiatement qu'il n'avait aucune blessure. Ses doigts hurlaient encore, mais au moins, il pouvait les bouger.
Quand il approcha sa main valide de la nuque du prince pour en dégager ses cheveux et vérifier que la strangulation n'avait laissé aucune marque, celle du brun rencontra la sienne et la dégagea violemment.
Le chevalier croisa alors son regard et ce qu'il y vit ne lui plut pas du tout, si bien qu'il s'empara de son poignet par précaution. Il fit bien : au moment où il referma ses doigts dessus, le prince se releva, l'entraînant avec lui, et se tourna en direction de là où les brigands avaient fui.
- On ne peut les attaquer, dit Jean.
- Ce n'est pas à toi d'en décider.
- Ils nous ont pris nos armes.
Eren le fusilla du regard, et le chevalier ne fut même pas certain de pouvoir saisir l'étendue de la colère qui l'animait tant elle avait coloré le fond de ses yeux.
- Pas toutes, cracha-t-il en se dégageant violemment de la poigne de Jean pour plonger les doigts dans sa botte et en tirer un poignard.
Le chevalier le reconnut à l'aide de la pierre incrustée sur sa garde, mais ne fit aucun commentaire et secoua simplement la tête, se plaçant entre Eren et peu importe là où il voulait aller.
- C'est impossible.
Il avait adopté un ton trop dur pour quelqu'un s'adressant à son prince, mais Eren était tant transporté par sa frustration qu'il le remarqua à peine.
- Tant pis, insista-t-il, on ne peut pas les laisser nous voler comme ça !
- Et pourtant, murmura Jean dans un vain effort de le calmer, on peut s'estimer heureux qu'ils nous aient laissé la vie sauve.
- J'aurais préféré qu'ils nous tuent.
Soudain, soudain le chevalier n'en était plus un et le prince non plus et ils étaient deux enfants en quête d'aventure, deux enfants qui ne pouvaient pas jouer ensemble plus de dix minutes sans finir par se rouler dans la boue rien que pour voir qui tiendrait le plus longtemps sans pleurer.
Jean puisa dans cette impression et posa une main ferme sur le torse d'Eren pour l'empêcher d'avancer. Le prince attrapa à nouveau son poignet, y serrant ses doigts et y laissant déjà une marque blanche.
- Jean, ordonna-t-il, la voix vibrante de colère.
- Nous rachèterons le nécessaire dans le prochain village. Votre statut suffira à faire office de monnaie.
Il comprit en voyant les yeux d'Eren devenir des fentes qu'il s'était trompé dans son choix de mots, mais cela eut pour effet de l'énerver lui aussi.
- Pardon ? se révolta le prince. Tu attends de moi que j'aille supplier le peuple ?
- Votre peuple, corrigea Jean avec toute l'amertume qu'il n'arrivait plus à effacer.
- Peu importe, siffla Eren, et il recula de quelques centimètres pour asséner un lourd coup de poing au chevalier afin de le repousser.
Ce dernier, qui avait vu son mouvement venir, le para à l'aide de ses avant-bras et profita de sa courte déstabilisation pour se redresser et saisir ses poignets, les forçant à se rejoindre dans son dos. Il tira Eren contre lui, son dos contre son ventre, achevant de l'immobiliser en passant un bras ferme autour de sa taille.
Haletant de colère et de frustration, le prince tenta de se défaire de son étreinte menaçante d'une pression mais Jean tint bon.
Il était sur le point de le raisonner quand Eren reprit la parole, Eren qui comme lui, avait beaucoup de souvenirs de leurs jeux d'enfant :
- Ne me dis pas que ça ne te fait rien. Ne me dis pas que tu ne te sens pas humilié, toi aussi, siffla-t-il.
Jean ne répondit pas, stabilisant simplement sa respiration et attendant de sentir la poitrine du prince se soulever à intervalles réguliers pour le lâcher.
Mais ce dernier ne se calma pas, au contraire, il reprit plus véhément encore :
- Ton épée. N'était-ce pas celle que le roi mon père avait fait forger pour toi ? Celle que le forgeron avait fait de ses propres mains – et je n'ai pas besoin de dire son nom pour savoir le souvenir que je viens de réveiller en toi. Jean, ton épée n'a-t-elle pas été forgée par le père de Marco ?
Le chevalier sentit son estomac tomber dans ses bottes et une douleur sourde se réveiller. Sans lâcher ses poignets, il fit pivoter le prince vers lui pour le fusiller du regard.
- N'évoquez pas ce dont vous ne savez rien.
- J'en sais assez. J'en sais assez de comment la guerre l'a pris, comment elle t'a ramené toi et comment tu l'as pleuré durant-
- Assez, siffla Jean en le lâchant violemment.
Eren se frotta les poignets en le regardant, victorieux.
- Allons-y.
Le prince, bien sûr, le prince avait raison. Cette épée était ce que Jean avait de plus précieux au monde après sa propre vie, et Eren venait de le lui rappeler à lui qui tentait tous les jours de l'oublier, tous les jours de la noyer dans l'eau bleue du lac en bordure du château ou de la perdre au fin fond des racines grises de la forêt environnante.
Il voulut protester, mais déjà Eren était en route et à chaque pas de sa part, le chevalier sentait sa volonté s'envoler un peu plus pour laisser la place à la lourde frustration qui l'enveloppait. Il le rattrapa en quelques enjambées et tendit la main.
- Je prends ça. Vous restez en retrait.
- Peu importe.
Le prince déposa le poignard entre ses doigts et Jean lui intima de se taire. Si Eren voulait récupérer leurs affaires, alors soit. Mais il serait celui qui guiderait la marche.
Ils suivirent les branches cassées, les quelques cailloux déplacés et les racines écrasées jusqu'à une clairière dans laquelle aucun homme prudent ne camperait longtemps, signe que ces bandits étaient véritablement affamés. Ils étaient d'ailleurs en train d'amasser du bois probablement pour cuir les provisions qu'ils venaient de leur voler, et Jean intima à Eren de se cacher derrière un tronc d'arbre le temps qu'il examine leur bivouac.
Au moins, le prince se montrait étonnamment coopératif.
Après avoir étudié leurs allers-et-venues, Jean fit signe à Eren de se rapprocher et murmura contre son oreille :
- C'est l'homme qui me maîtrisait qui monte la garde. C'est lui le plus fort. Une lame aussi courte ne sera d'aucun effet contre lui, à moins de le prendre par surprise. Le deuxième prépare le feu, et il suffit de s'attaquer à son genou droit pour avoir l'avantage. Je vous le laisse. La troisième aidera l'un des deux, donc attendons qu'elle soit la plus proche du mien.
Il eut une pensée pour ses doigts et se promit de les ménager.
- Je peux-
Jean plaqua précipitamment une main sur la bouche d'Eren qui décidément, voulait les voir morts. Il le fusilla du regard, tout sens du devoir oublié. Ou du moins, il le suivait avec tant de zèle qu'il s'annulait.
- Rien du tout. Non. Vous n'avez pas pratiqué de corps à corps depuis vos dix-huit ans.
- J'ai fait de l'escrime, tout de même, murmura Eren sous sa main qui s'était relâchée avant qu'il ne l'enlève.
- C'est bien ce que je dis, insista Jean. Si déjà nous nous sommes embarqués dans cette folie, écoutez-moi au moins.
- C'est ce que je fais.
- Taisez-vous alors.
- Tu oses-
- Ce n'est vraiment pas le moment, murmura précipitamment le chevalier en entendant des pas se rapprocher.
Resserrant la prise sur le poignard entre ses doigts, il inspira profondément.
- J'y vais.
Une main le retint avant qu'il ne s'élance et il se tourna inquiet vers Eren, qui ne fit que le regarder dans les yeux un long moment avant de prendre sa main et de l'approcher de sa bouche.
Jean se sentit frissonner et il mit deux secondes à se souvenir qu'il s'agissait d'une coutume, et que quiconque se trouvait béni par le baiser royal était protégé dans les actions qu'il allait entreprendre. Il hocha lentement la tête pour le remercier et quand enfin Eren le lâcha, il s'élança le premier.
La surprise fut de courte durée, mais le chevalier parvint tout de même à planter sa lame dans le flanc de son adversaire qui hurla de douleur. Il appuya sur le manche pour le tourner dans la blessure, et avant d'avoir pu le retirer pour s'en servir à nouveau, des larges bras le poussèrent. Il tomba à terre en protégeant sa tête, mit tout de même trop de temps à se relever. Déjà, l'homme s'était remis de sa surprise et sa comparse avait couru dans sa direction – tant mieux.
En arrière-plan, il pouvait voir Eren se battre lui aussi. Constatant qu'il ne se débrouillait pas trop mal, Jean se reconcentra sur ses adversaires.
Il évita un estoc juste à temps et en mit trop à retrouver son équilibre. Il recula de quelques pas, laissant ses adversaires lui tourner autour un instant.
Les deux avaient l'habitude de se battre ensemble et surtout, ils étaient armés, alors que le poignard du prince était toujours enfoncé dans la chair de l'homme. Il devait le récupérer.
Jean se précipita dans sa direction et le poussa de toute ses forces en s'appuyant sur son épaule, profitant de ses tentatives d'esquive lourdes pour arracher le poignard de sa cible. Il faisait de son mieux pour ne pas utiliser ses doigts fragiles. Cela eut le mérite de secouer l'homme assez longtemps pour que le chevalier se tourne vers la fille qui, soudain, lui sautait dessus. Elle s'accrocha à son dos alors Jean se laissa tomber contre un arbre en bordure, et frappa assez fortement pour entendre un craquement sec. Elle le lâcha en hurlant et se laissa tomber contre l'écorce.
Déjà l'autre revenait à la charge alors Jean changea le poignard de main, le tenant faiblement entre ses doigts abîmés, pour lui asséner un coup de poing dans la blessure qu'il lui avait déjà infligée. Il fallait qu'il fasse vite, ainsi il n'eut pas le temps d'utiliser sa main intacte pour y passer le poignard et utilisa l'autre pour asséner un coup de pommeau, assommant son adversaire instantanément. La violence de sa frappe lui envoya une décharge tout le long de son bras et cette fois-ci, ses doigts abîmés se brisèrent contre l'impact. L'adrénaline l'aida à contenir son hurlement, mais la douleur était bien présente.
Il n'eut pas le temps de s'y intéresser bien longtemps puisque là-bas, Eren était en train de s'acharner sur le genou de son propre adversaire. Jean avait vu juste : ce n'était pas sa première blessure à cet endroit, et l'homme hurlait de douleur.
Quand il se tortilla par terre, incapable de bouger sans crier, Eren lui asséna un dernier coup au visage et le brigand perdit connaissance.
Ils se rejoignirent ensuite, haletant, se dépêchèrent d'utiliser la corde trouvée dans les affaires alentours pour les ligoter solidement, les attachant tous les trois à un tronc d'arbre différent.
Eren l'accueillit avec un sourire étrange une fois leur besogne achevée.
- Tu es vraiment fort.
Jean reçut le compliment en haussant les épaules, de toute façon distrait par sa propre douleur. Il n'avait pas été choisi pour rien, et sa modestie serait mal venue.
- Vous ne vous en êtes pas mal sorti, grogna-t-il.
- Un prince est censé se battre.
- Et pourtant, marmonna Jean en lui lançant le poignard qu'Eren attrapa sans mal.
Le chevalier se dirigea ensuite vers leurs sacs déposés dans un coin et retint une grimace quand il tira son épée : ses doigts protestaient fortement, mais il ne pouvait pas s'y intéresser maintenant.
- Tu sembles bien bavard maintenant, répondit Eren qui ne semblait n'avoir rien remarqué. Les événements auraient-ils délié ta langue ?
Le prince n'avait pas tort, alors Jean se souvint de ses résolutions et se renfrogna en rangeant son épée dans son fourreau. L'avoir à ses côtés lui suffit à se sentir à nouveau entier, et il répartit les autres sacs sur son dos.
- Que faisons-nous d'eux ? reprit Eren.
- Ce n'est pas ma décision.
Comme s'il venait de se souvenir de son statut, le prince eut une moue étrange et haussa les épaules.
- Qu'est-ce que tu me conseillerais ?
- Je ne suis pas en position de conseiller un futur roi.
Pensant certainement que Jean se moquait de lui, Eren leva les yeux au ciel.
- Devons-nous les tuer ?
Jean lança un regard au groupe d'empotés qui finalement, n'avaient comme avantage que leur nombre.
- Le voulez-vous ?
- Ils étaient juste affamées, n'est-ce pas ? (Jean hocha la tête) Mais ils ont pris ton épée.
- Ce qui brille attire les hommes.
- De biens sages paroles pour un chevalier. Laissons-les. Quelqu'un finira bien par les trouver.
Jean hocha la tête et puis, ils reprirent le chemin de leur campement où ils avaient laissé leurs fidèles destriers.
La chevauchée du lendemain fut bien plus pénible que ce que Jean imaginait, mais au moins, il savait que s'il gardait le rythme qu'ils avaient adopté dès la matinée, ils sortiraient enfin de la forêt.
Seulement, il n'arrivait plus à tenir correctement ses rênes. Ils avaient beau avoir pris un jour supplémentaire pour se remettre de leurs écarts, il avait à peine dormi tant ses doigts le faisaient souffrir. Comment d'aussi petits os pouvaient-ils se permettre d'hurler aussi fort, cela il ne le savait pas, mais il était conscient que sans médecin, sa main gauche n'irait plus très loin avec lui. Il n'en toucha pas un mot à Eren, s'étant assuré d'ailleurs auparavant que lui n'avait que des blessures superficielles : une légère marque de brûlure sur le cou et une cheville foulée, rien de bien grave tant qu'il chevauchait correctement.
Ils arrivèrent à la lisière de la forêt aux alentours de midi, et Jean ne cacha pas son soulagement. Eren ne fit aucune remarque quant à sa soi-disant superstition et puisqu'ils n'eurent pas le choix, ils prirent la route principale jusqu'à Trost, restant plus vigilant encore.
Mais Jean était épuisé, et le moindre bruit le faisait tourner la tête, si bien que même le prince nota son trouble. Il n'en parla pas cependant, et le chevalier lui en fut silencieusement reconnaissant.
Heureusement, personne ne les attaqua depuis les buissons et enfin, les remparts de Trost s'élevèrent au loin. Encore une longue demi-heure et ils se présentèrent aux abords de la cité.
Ses hauts murs étaient sa caractéristique principale : ils étaient si larges que c'était à se demander s'ils avaient véritablement été bâtis par une main humaine. On disait beaucoup de cette ville, mais on disait surtout qu'elle était le repère de la plupart des faiseurs de magie et de quelques métamorphes qui se cachaient de leurs derniers persécuteurs.
Jean ne se reposerait pas de sitôt.
Ils s'arrêtèrent sur la rive avant de traverser le pont-levis, et le chevalier enfila par-dessus ses plaques d'armure un tissu vieillot, rabattant la capuche. Il indiqua à Eren de faire de même. L'histoire était simple : ils étaient maintenant paysans venus chercher un remède pour leur frère malade. Trost n'avait que peu de tabous et la magie, au vu de sa réputation, n'en était pas un, si bien qu'il n'était pas rare que des individus se rendent ouvertement sur le marché noir.
Après avoir répété leur histoire plusieurs fois, ils se rendirent à la rencontre du garde responsable du registre. Heureusement pour eux, ils n'eurent aucun problème et une fois dans l'enceinte de la ville, purent se séparer au moins de leurs capuchons. Personne ne les reconnaîtrait, et Jean connaissait les rues comme sa poche. Il avait passé quelques mois en faction ici durant son entraînement et rien ne semblait avoir bien changé.
La première chose qu'ils firent fut de trouver une auberge et d'y laisser leurs chevaux, en profitant également pour réserver une chambre pour la nuit. Deux frères dormant séparément seraient trop louches et bien trop cher pour des voyageurs issus d'une famille nombreuse, si bien qu'ils se contentèrent de deux lits séparés dans une salle commune.
En sortant, Eren se tourna vers Jean.
- J'ai vraiment l'impression d'être parti à l'aventure, mais c'est tout de même honteux de dormir dans ces conditions.
Le chevalier haussa les épaules.
- Vous n'avez donc plus envie de rentrer ?
- Rentrer ? Non. Je n'en ai jamais eu envie.
- Mais-
- C'était une plaisanterie.
Jena résista à l'urgence de montrer son agacement, déjà fatigué et blessé.
- Une plaisanterie ?
Eren haussa les épaules.
- Il fallait bien te dérider un peu.
Le chevalier le fusilla du regard et alors qu'ils tournèrent à la prochaine rue en recherche d'un boulanger, ils tombèrent sur une allée trop animée pour que ce ne soit pas un jour spécial.
Au bout de plusieurs minutes d'observation, ils comprirent qu'ils avaient débouché sur un marché en pleine effervescence. Les gens criaient dans tous les sens, annonçant prix et marchandises, et alors que Jean allait proposer un itinéraire différent, il vit le regard d'Eren.
Le prince ne portait plus rien de son air arrogant habituel et se contentait d'observer autour de lui, émerveillé par ce qu'il voyait.
Jean, soudain attendri par la vision qu'il avait sous les yeux, s'empressa de détourner les yeux et s'éclaircit la gorge pour attirer son attention.
- Voulez-vous…Voulez-vous vous promener ?
Le prince lui lança un coup d'œil surpris.
- Avons-nous le temps ?
- Nous n'avons pas d'obligations.
- Très bien, alors. N'es-tu pas trop fatigué ?
La soudaine sollicitude au fond de sa voix lui rappela celle qu'il avait quand parfois, à une autre époque, ils s'étaient battus un peu trop fort.
- Je survivrai, plaisanta-t-il, arrachant un sourire à Eren.
Ce dernier hocha la tête et s'engouffra dans la foule. Jean le suivit de près, une main sur son épée qu'il portait maintenant à droite.
Ils ne s'arrêtèrent pas à un étal particulier, mais voir l'émerveillement du prince qui sortait trop rarement de son château pour les mondanités populaires était réjouissant en soi.
Ils se laissèrent porter par les couleurs et les odeurs, passant des quelques armes forgées pour l'occasion au boucher qui ne lésinait pas sur la quantité, allant jusqu'au maraîcher où ils achetèrent quelques fruits tout en faisant un saut chez un apothicaire aux airs louches.
Quand ils arrivèrent au bout de la rue, marchant vers les derniers stands, Eren se tourna vers Jean et ils s'arrêtèrent dans un interstice entre deux étalages.
- Désolé, commença le prince une fois qu'ils furent hors de portée de la foule.
Jean haussa un sourcil.
- De ? Vous avez beaucoup à vous reprocher, avec tout le respect que je vous dois.
Quelque chose avait changé ou bien était redevenu normal, mais la barrière entre eux était lentement en train de s'effondrer : Eren esquissa un sourire.
- Sûrement, oui. Mais c'était par rapport à ce que j'ai dit la fois dernière, sur Marco-
Le visage de Jean s'assombrit et il secoua la tête.
- Ce n'est pas la peine. C'est oublié.
Le prince afficha un air qui n'avait rien de convaincu et puis haussa les épaules.
- Si tu le dis. Mais sache que je suis désolé.
Le poids de l'épée à son côté devenu plus lourd, Jean ignora ces derniers mots. Quand ils repartirent vers l'allée principale dessinée par les différents étalages, la main d'Eren frôla ses doigts blessés et il eut un sursaut incontrôlé, se mordant la lèvre pour ne pas hurler.
Cette fois-ci, le prince ne put faire autrement que de le remarquer et Jean détesta immédiatement son expression pleine d'inquiétude nouvelle.
- Ça va, marmonna-t-il avant qu'Eren ne dise quoique ce soit.
Mais ce dernier ne le prit pas pour argent comptant :
- Montre-moi, répondit-il.
Jean comprit qu'il n'en démordrait pas et présenta ses doigts. Leur aspect lui fit presque peur tant il n'avait pas osé les regarder auparavant. Ils étaient noircis et violets sur les côtés. Eren glissa l'un des siens par-dessus et à nouveau, le chevalier dut retenir son hurlement.
- C'est cassé, annonça le prince s'attirant les foudres de Jean qui retint la réplique acerbe qui lui brûlait la langue.
Le prince n'en prit pas ombrage et laissa doucement tomber son poignet qu'il soutenait, et lui fit signe de le suivre.
- Ce n'est pas la p-
- Ne dis rien, ordonna Eren.
- Mais-
- Dis encore quelque chose et je hurle.
- Contre quoi ?
- Contre toi.
- Ce n'est pas très digne.
- Plus que de cacher une blessure aussi importante.
Jean comprit qu'il était en colère, mais pas exactement pour quelle raison.
- Ce ne sont que des doigts.
Le prince le fusilla du regard et il décida de se taire. Il le vit se renseigner auprès des différents commerçants autour d'eux, et puis ils trouvèrent tant bien que mal la demeure d'un médecin.
Ils patientèrent dans la pièce dédiée, entourés d'une femme enceinte et d'un jeune homme tremblant.
- N'attendez pas ici, murmura Jean contre l'oreille d'Eren qui s'était assis à côté de lui après l'avoir forcé à faire de même, vous risqueriez de tomber malade.
Le prince lui répondit avec un haussement d'épaules.
- Si je m'en vais, tu ne resteras pas.
- Je vous donne ma parole.
- Que vaut la parole d'un homme qui ne dit rien ?
Ils chuchotaient toujours, mais l'agacement dans leurs voix avait attiré l'attention des autres patients.
- Qu'auriez-vous fait si je vous en avais parlé, de toute façon ? cracha Jean qui commençait à en avoir assez et dont la fatigue pesait.
- Je t'aurais aidé.
- Je n'ai pas besoin d'aide. J'aurais de toute façon-
- Quoi ? Attendu que tes doigts tombent ?
Jean saisit plus qu'une forme d'énervement : il y avait aussi de l'inquiétude fondamentale au fond de la voix du prince.
- Ce n'est pas possible, marmonna simplement Jean en essuyant un nouveau regard plein d'éclairs. Et de toute façon, reprit-il plus fermement, je comptais venir ici de moi-même.
- En me laissant seul ? Pourquoi me le cacher ?
Jean ne savait pas lui-même ce qui lui avait pris, mais le souvenir du regard coupable d'un Eren de sept ans après lui avoir foulé le poignet durant un entraînement non supervisé le hantait de plus en plus.
Il détourna le regard et heureusement pour lui, le médecin les reçut à cet instant.
Il entra dans la pièce sans Eren, détaillant d'un regard curieux les appareils autour de lui, et puis fut ramené à la réalité par un contact sur ses doigts.
On l'installa et la pose de l'attelle fut des plus douloureuses, mais au moins elle était là et ne restait plus qu'à espérer qu'elle fasse correctement effet.
Quand Jean ressortit de chez le médecin, il eut peur qu'Eren ait disparu mais le prince qui ne ressemblait plus vraiment à un membre de la famille royale était toujours là, la tête contre le mur et à moitié endormi.
Le chevalier le réveilla prudemment et ils rentrèrent tous les deux à l'auberge, profitant d'un lit bien mérité.
Avant qu'ils n'entrent dans la pièce qu'ils partageaient avec d'autres, Eren arrêta Jean un instant pour prendre sa main blessée entre les siennes.
Ayant vu ce même regard quelques jours plutôt, Jean se laissa faire quand le prince porta ses doigts à ses lèvres et les embrassa par-dessus son atèle, en murmurant doucement :
- Puisse ta guérison être des plus rapides.
Il le regarda s'éloigner ensuite, hanté par le sentiment soudain que malgré les similarités entre les deux baisers qu'il avait reçu, un fossé les séparait.
La reprise de leur périple fut délicate et lente, mais elle fut également bien plus prudente. Dès qu'ils le purent, ils s'écartèrent de la route. Ils n'avaient pas eu à changer de monture et c'était au moins ça de temps gagné en habitude, mais perdu en pauses élargies pour se reposer et reposer leurs cuisses qui commençaient à se faire sentir avec plus de force que les jours précédents.
Heureusement pour eux, Shinganshina n'était plus qu'à quelques jours de cheval. Cependant, Jean refusait de camper en bord de route et tous les soirs ils devaient s'éloigner du sentier qu'ils suivaient afin de trouver refuge dans la forêt.
Il s'agissait toujours de celle qui bordait Rosa, leur ville d'origine. Elle faisait de toute façon le tour de tout le continent et c'était sûrement de sa grandeur qu'étaient venues toutes les rumeurs qui l'accompagnaient. Jean s'éloignait toujours des endroits qu'il trouvait étranges et Eren ne lui en tenait plus vraiment rigueur.
Ce soir-là, ils s'étaient installés entre deux arbustes et avaient décidé de ne pas faire de feu : ils avaient repéré une troupe habillée de violet dans les parages et souhaitaient à tout prix éviter que les événements infortunés de la dernière fois se reproduisent.
Quand les premières lueurs du soir apparurent, Eren prit le premier tour de garde après avoir assuré à Jean qu'il serait bien plus regardant que la dernière fois. Le chevalier n'avait pas l'esprit tranquille mais, à force de côtoyer quelqu'un, on finissait bien par lui faire confiance presque malgré nous – à lui et à ses capacités – et ce fut ainsi qu'il trouva le sommeil jusqu'aux alentours de trois heures du matin où une main secoua son épaule.
Il réagit immédiatement cette fois, pensant qu'ils étaient attaqués, mais plutôt que de trouver un être menaçant, il ne vit que le visage d'Eren. Son expression l'intrigua d'abord, et puis ensuite le fait qu'il puisse la détailler tout court : ils n'avaient pas fait de feu.
Il se redressa en posant ses doigts valides sur le pommeau de son épée juste à côté de lui, mais Eren lui intima de se taire.
Jean eut alors tout le loisir de détailler la source de lumière qui lui permettait de voir son compagnon avec autant de précision.
Tout autour d'eux des centaines de formes doucement lumineuses passaient leur chemin comme si ces deux humains n'avaient rien à faire dans leur réalité. Le chevalier sentit son estomac se tordre d'inquiétude, mais l'expression d'Eren lui indiqua qu'il les observait depuis quelques secondes déjà et que ces créatures étaient inoffensives.
Il les détailla avec plus d'attention : elles avançaient toutes dans la même direction, et leurs formes étaient familières. Certaines avaient les caractéristiques d'un lapin, d'autre d'un faon ou encore de divers insectes volants. Un papillon passa juste sous ses yeux et il dut résister à l'urgence de le toucher, examinant sa surface. Toutes portaient autour d'elles une lueur indistincte qui rendait leurs contours flous, et Jean comprit alors. Il rampa jusqu'à Eren, laissant leurs corps se toucher pour murmurer contre son oreille de peur de les faire s'en aller plus vite :
- Ce sont des esprits.
Des esprit dont on n'entendait parler que dans les comtes, et pourtant plutôt que de le regarder avec cette expression désabusée qu'Eren avait quand il s'agissait d'événements extraordinaires, il écarquilla doucement les yeux.
- Mais alors…
Parce-que pour Jean, pour Jean la présence de ces créatures prenait une dimension tout à fait différente. Eren se fendit d'un sourire que son chevalier lui rendit en hochant la tête. Leur simple présence, soudain, dans cette forêt aux murmures si nombreux, cette simple présence suffisait à réhabiliter le nom d'une génération entière. La douce lueur autour d'eux ne diminuait pas et une chaleur pleine s'empara d'eux.
- Mon père avait raison, murmura Jean.
- Oui.
Jean se sentit frissonner parce qu'enfin, quelqu'un le dit à voix haute, et il hocha vaguement la tête. La lumière trahit son expression retournée dans tous les sens mais tant pis, tant pis parce qu'elle lui ôtait un poids si lourd qu'il pouvait à peine respirer autrefois, et il les voyait vraiment et Eren aussi alors c'était plus qu'un rêve, c'était une merveille.
Il ne put dire pour combien de temps ces esprits continuèrent de voler et d'évoluer autour d'eux, semblant toujours se diriger vers des horizons qui leur étaient inconnues, mais quand le dernier papillon s'éclipsa et que le noir fut revenu, Eren posa sa tête contre son épaule.
L'indécence de la situation n'apparut même pas à Jean qui se remettait à peine de ses émotions, si bien qu'il s'allongea sur le sol et laissa Eren se coucher avec lui, ramenant le premier tissu qu'il trouva sur eux.
Il pensait qu'il allait être incapable de trouver le sommeil, mais le sentiment de félicité qui grandit en lui ne le quitta pas et l'aida à plonger dans un repos sans rêve, un repos qui au réveil lui donna l'impression d'avoir la force de mille hommes.
Ils en parlèrent à peine. Il n'y avait aucun mot de toute façon pour formuler les événements, et hormis les pensées de Jean autour de son père, il ne savait que dire sans entacher la beauté irréelle de l'instant.
Ils reprirent la route avec un éclair au fond des yeux qui disait toute la complicité qu'ils partageaient maintenant, le secret qu'ils avaient et qu'ils entretiendraient jusqu'à leur tombe, qui les reliaient en tant qu'individus mais aussi en tant qu'âmes.
Le reste de leur périple se passa sans aucun autre événement notoire et chaque soir chacun savait que l'autre s'endormait avec une douceur sur la langue. Ils se retrouvaient parfois dans la nuit, mais pas assez pour s'installer l'un à côté de l'autre le soir venu.
Et alors qu'un jour l'intérieur de leur cuisse était rougi de leur chevauchée et que les doigts de Jean ne lui faisaient presque plus mal, ils arrivèrent à la frontière du comté de Shiganshina.
Ici régnait en maître des lieux le plus grand et premier vassal du roi que personne n'appelait autrement que Comte Arlet. Il vivait reclus dans sa campagne, à l'abri des conquêtes de Rosa qui souvent, n'en faisait qu'à sa tête en matière de batailles. Ici vivait également Armin, petit-fils du souverain et aussi meilleur ami d'Eren, que Jean lui-même avait rencontré à plusieurs reprises.
L'optique d'être arrivé dans la journée leur redonna un gain de force qu'ils ne pensaient plus avoir et en effet, les portes du château se dessinèrent dans l'après-midi.
Ils furent accueillis en amis et Jean trouva dans l'étreinte de ce vieil homme une chaleur qui lui manquait. Armin aussi fut des plus bienveillants, et le chevalier comprit pourquoi le roi Jaeger avait choisi qu'il accompagne son fils en ces lieux.
Cela suffit à lui rappeler qu'il devrait faire le retour de lui-même, et quelque chose lui serra l'estomac si fort qu'il avala à peine une moitié de portion ce soir-là.
Quand Eren se retira pour rejoindre les appartements qui lui avaient été assignés, il en profita pour sortir.
Il marcha quelques mètres, faisant le tour de la cour et puis, se rendant compte que la petite porte séparant l'arrière du château de son enceinte n'était pas verrouillée, il s'y engouffra et déboucha sur un petit sentier. Il le mena jusqu'à un jardin qui lui convint assez pour qu'il en fasse le refuge de ses ruminations, et il profita de la lueur de la pleine lune pour s'y promener sans crainte.
Quelques insectes se manifestèrent, mais il faisait bien moins de bruit que la forêt, ou alors étaient-ils bien plus familier.
Jean finit par s'asseoir sur un banc lorsqu'il se présenta à lui, et laissa ses épaules retomber sous le poids qu'elles portaient.
Il ne savait même pas l'identifier, mais sa seule envie était de rester. Voilà qu'ironiquement, c'était lui qui ne voulait plus partir, maintenant. Il se laissa porter par les clapotis d'une mare à proximité avant de laisser échapper un long soupir, parce qu'il ne pensait qu'à ces esprits. Ces esprits qui avaient prouvé leur existence et qui lui disait que son père avait raison.
Malheureusement, Rosa n'avait pas le mérite de Trost et les charlatans y étaient bien moins traités. Au moins, le roi Jaeger avait pris son père en pitié et plutôt que de le condamner, lui avait offert l'exil.
Jean ne voulait pas le retrouver, mais ces informations changeaient beaucoup de ses plans de vie et il savait ce que sa mère donnerait ne serait-ce que pour avoir de ses nouvelles.
Un énième soupir lui arracha la gorge et puis un bruissement attira son attention.
- Jean ?
Il s'éclaircit la voix.
- Je suis là.
Il avait reconnu le timbre d'Eren avant de voir sa silhouette se faufiler jusqu'à lui.
- Vous devriez dormir.
- Certes, admit le prince avec un sourire. Je voulais te dire…tu peux me tutoyer.
- Hors de question.
- Réfléchis-y.
La simple idée suffit à révolter le chevalier qui déjà, s'éloignait de ses pensées désagréables.
- Non, affirma-t-il. C'est tout réfléchi.
- Et si c'était un ordre ?
- Je ne prends pas d'ordre direct-
- Et si c'était le cas maintenant ?
- Que voulez-vous dire ?
- Si tu faisais partie de ma garde rapprochée ?
- Elle ne sera constituée que lors de votre couronnement.
- Je ne veux pas de la couronne. J'ai par conséquent besoin d'un garde du corps attitré.
Jean ne sut dire s'il se moquait de lui ou non, et les murmures des insectes semblaient eux aussi se jouer de lui.
- Vous changerez d'avis, dit-il prudemment.
- C'est tout réfléchi, affirma Eren. Depuis toujours. Mon père le sait d'ailleurs, c'est bien pour cela que je suis ici aujourd'hui. Et puis, l'aventure me manque déjà.
- Votre père le roi ne peut ne pas savoir où vous vous trouvez. Et vous ne pouvez partir seul.
- J'ai un arrangement avec Armin.
Le blondinet était bien trop malin pour son propre bien, alors Jean haussa un sourcil.
- Ah oui ?
- Oui. Je lui envoie de mes nouvelles au moins une fois par mois, et en échange il les transmet à mon père.
Jean trouva l'idée intelligente, mais il restait un problème. Il comprit alors la raison de la présence d'Eren ici, et décida d'orienter la conversation dans une direction qu'il maitriserait sûrement plus.
- Et où iriez-vous ?
- Les esprits m'ont inspiré.
Jean esquissa un sourire. C'était bien la première fois qu'il les évoquait à nouveau.
- Je comprends, murmura-t-il plus pour lui-même que pour le prince.
Ce dernier laissa le silence aux insectes un instant avant de reprendre :
- J'aimerais que tu viennes avec moi.
- Mon devoir est-
- Si tu deviens mon garde personnel, ton devoir sera uniquement de me protéger.
Il sentit les yeux d'Eren sur lui alors que lui-même regardait résolument l'horizon où les contours des bois se dessinaient, et le prince reprit.
- Mais je comprendrais que ce ne soit pas ce que tu veux annonça-t-il en se redressant. Bonne nuit, Jean.
Son prénom serra son estomac si fort qu'il eut à nouveau l'impression d'avoir les doigts endoloris, et puis il leva les yeux sur Eren qui venait de se placer en face de lui.
Le prince prit son visage en coupe et, sans lui laisser le temps de s'accommoder à son toucher brûlant, se pencha sur lui pour embrasser son front en murmurant une bénédiction que Jean ne comprit pas. Il se rendit compte qu'Eren l'avait prononcée en langue étrangère, et pourtant elle lui fit l'effet d'un soupir familier.
Quand le prince se redressa et que sa chaleur le quitta, il le regarda partir un instant avant de murmurer, lui aussi :
- Bonne nuit Eren.
Eren ne prépara pas son départ avant la semaine suivante, et quand le jour fut venu, Jean avait fait son choix. Lui aussi, avait une quête à accomplir.
Il vint le trouver alors que les rayons du soleil venaient à peine d'apparaître à l'horizon et l'interrompit dans la préparation de ses affaires. Eren le laissa pénétrer dans sa chambre, et Jean ne prit pas la peine de se perdre sur sa décoration pourtant particulière.
Le prince l'observa avec des questions plein les yeux, mais au fond, Jean savait qu'il savait.
- Je viendrai avec vous, mais à deux conditions.
- Je t'écoute.
- Ne me faites pas vous tutoyer, et je souhaite partir à la recherche de mon père.
- Parfait, sourit Eren. Nous avons donc un but.
Il fit quelques pas jusqu'à Jean. Le chevalier comprit et tira son épée de son fourreau, la lui tendant. Il s'agenouilla ensuite en face de lui.
Le prince passa d'abord l'arme sur son épaules droite, puis sur son épaule gauche et enfin, l'arrêta un instant sur sa tête. Il prononça les paroles adéquates et invita Jean à se relever.
Il attendit que le chevalier remette son épée à sa place avant de, comme la veille, prendre son visage en coupe et déposer un baiser sur son front.
- Tu es maintenant à mon service, Jean Kirschtein.
Avant que Jean ne s'agenouille à nouveau, il le retint en passant ses mains de part et d'autre de ses bras et l'attira contre son corps.
Sa chaleur qui paraissait toujours nouvelle à chaque contact fit se détendre instantanément le chevalier qui osa, osa au moins une fois, lui rendre son étreinte.
Ils restèrent enlacés de si longues secondes que se tenir ainsi devint plus naturel que se séparer, et puis Eren recula d'un pas.
Son sourire en dit long, et Jean comprit qu'il ressentait lui aussi ce qui animait son cœur : une forme d'excitation bercée d'un apaisement que finalement, il ne trouvait véritablement qu'à ses côtés.
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d...dernier point...
punaise friends merci d'avoir stick around franchement as i said ça m'a fait trop plaisir je mets des cœurs que la mise en page va destroy 333
JE SAIS PAS ce que je vais écrire ensuite bye, reviendrais-je sur Haikyuu ? Vais-je continuer à descendre dans l'enfer du erejean ? Vais-je enfin écrire ce atushina raiponce dont je parle depuis la nuit des temps ? Ou bien vais-je oser me lancer sur Naruto ? Who knows, who knows (not me)...
on se retrouvera bien vite en tout cas, et en attendant prenez soin de vous. encore merci, i love yall.
