Notes : Hey ! Me revoici avec un nouveau texte ! Un nouveau JayDIck ! Cette histoire m'a été inspirée par un défi que m'a lancé Leia, ainsi qu'un fanart qu'elle m'a montré. J'espère que cela vous plaira. Bonne lecture !


Jason observa la bougie s'éteindre sous ses doigts, la fumée montant haut vers le plafond décoré de la nef. Ses yeux bleus étaient hypnotisés par la mèche brûlée. Il poussa un discret soupir avant de poser son regard sur les arches de pierres foncées soutenant la toiture de l'église. Il passa une main dans ses cheveux noirs, les dégageant de son front. Du coin de l'œil, il aperçut la mèche blanche ressortant sur le reste de sa chevelure. Un évêque lui avait expliqué que cette décoloration était apparue, car Jason avait été touché par le divin. Celui-ci ignorait si c'était la vérité, mais l'évêque avait pris soin de lui depuis que ses parents étaient morts, alors il n'avait pas voulu le décevoir. Et c'était aussi pour cette raison qu'il avait accepté d'entrer dans les ordres.

Jason ignorait s'il regrettait cette décision, prise par piété envers l'homme qui l'avait recueilli. Après tout, elle lui garantissait d'avoir un toit au-dessus de sa tête. Certes, la vie y était plus que spartiate, fait de recueillements et de prières. Mais on lui avait appris à lire et à écrire, ce qu'il n'aurait sans doute jamais pu espérer autrement. Après tout, rien d'autre n'attendait un pauvre orphelin dans une ville comme Gotham. Mais parfois, Jason rêvait de plus. De pouvoir comprendre tous les péchés qu'on venait lui confesser. Il voulait savoir ce que ça faisait de sentir le sang chaud d'un homme tâcher ses mains, sentir la graisse de la nourriture lui dégouliner le long du menton et sentir sa queue s'enfoncer dans les chairs accueillantes d'une prostituée. Il voulait juste vivre, comme n'importe quel jeune homme de son âge. Mais il avait juré, devant Dieu.

Et si Jason avait appris quelque chose, c'était qu'on ne doublait pas Dieu. Pas sans un terrible prix.

Alors Jason serait prêtre pour le restant de ses jours, et il ne saurait jamais rien de tout ça. Il était condamné à une vie en demi-teinte, seulement illuminée par la lueur des cierges. Même les confessions de ses ouailles perdraient de leurs saveurs avec le temps. Et à la fin, il ne resterait plus que des cendres.

Poussant un nouveau soupir, Jason se saisit de son chapelet entre ses deux mains, se flagellant mentalement pour ses pensées impures et demandant le pardon de Dieu. Après tout, il avait beau être l'un de Ses serviteurs, il ne restait qu'un homme, faible face à la puissance et la beauté du divin.

Sortant de ses pensées, Jason fit le tour de la nef pour vérifier que tout était rangé comme il faut pour la nuit. Lorsque ce fut le cas, il se dirigea vers le presbytère où il avait ses quartiers avec les autres prêtres.

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La vie de prêtre était extrêmement routinière. Chaque jour Jason se levait et se couchait à la même heure. Chaque jour, il priait aux mêmes heures, mangeait aux mêmes heures. Les services étaient aux mêmes heures et l'ouverture des confessionnaux aussi. Cela avait un côté rassurant autant qu'ennuyant. Seulement, parfois, un événement venait bousculer cette routine bien huilée, comme un grain de sable grippant un engrenage.

Cette fois-ci, ce fut une femme complètement paniquée qui entra dans l'église en courant. Jason tourna discrètement son attention sur la femme et son supérieur venant à sa rencontre, alors qu'il était occupé à changer un cierge.

— Je vous en prie, pleurait la femme.

Elle n'était ni particulièrement belle, ni particulièrement laide. Elle avait le profil des gens qui passaient leur vie à travailler afin de subvenir à leurs besoins les plus basiques. Rien à voir avec les nobles calfeutrés dans leur château.

— Calmez-vous mon enfant, fit le supérieur de Jason. Et dites-moi ce qui vous tracasse.

— C'est mon fils, répondit la femme, toujours en pleurant.

Il y eut un instant de silence. Jason pouvait voir du coin de l'œil l'autre prêtre réconforter la femme.

— Il pensait pouvoir se faire un peu d'argent, commença-t-elle à expliquer, sa voix toujours entrecoupée de quelques sanglots. Les temps sont durs. Alors, il a invoqué cette… chose chez nous, pensant qu'elle pourrait l'aider. Mais la chose n'a pas voulu l'écouter et….

La suite se perdit dans les larmes. Mais Jason en avait assez entendu. Le fils avait invoqué un démon.

S'occuper des démons rendait presque le fait d'être prêtre attrayant. Malheureusement, il était incroyablement facile de renvoyer ses petits parasites dans l'abîme d'où ils venaient. Lire quelques passages de la Bible suffisait généralement.

— Jason, interpella le prêtre supérieur. Au lieu d'écouter une conversation qui ne vous regarde pas, vous allez aider cette pauvre enfant à se débarrasser du démon invoqué par son fils. En espérant que rien de trop grave ne soit arrivé à celui-ci. Si cela ne devait pas être le cas, n'hésitez pas à l'amener ici, nos sœurs pourront lui administrer les soins.

— Oh merci, merci mon père, pleura la femme.

Jason se dépêcha donc de préparer quelques affaires dont il pourrait avoir besoin. Il préférait être prudent et emporter plus que le nécessaire. Mais il était à peu près sûr qu'il n'aurait pas besoin des craies et des bougies pour tracer un cercle. Une fois qu'il fut prêt, il rejoignit la femme. Ensemble, ils quittèrent l'église et parcoururent les rues de la ville.

Le bruit fut la première chose qui assaillit Jason. Il y avait du bruit partout. Les chevaux qui parcouraient les plus grandes artères. Les gens qui criaient pour aucune raison apparente. Les rires des enfants. Rien de tout ça n'existait dans l'enceinte de l'église, rendant Jason nerveux. Mais lui faisant aussi apprécier chacune de ces petites choses qu'il n'avait que peu l'occasion de voir dans son quotidien.

Jason suivit la femme jusque dans les quartiers plus modestes, mais décents, de Gotham. Elle accéléra le pas jusqu'à ce qui devait être sa maison. Jason remarqua que l'une des fenêtres du premier étage avait un carreau brisé. Il ignorait si cela était récent ou non. Il entra à la suite de la femme. Celle-ci se trouvait dans la pièce principale, sanglotante, agenouillée au côté d'un jeune homme allongé sur le dos, les yeux grands ouverts sur le plafond. Il se trouvait au milieu du cercle d'invocation.

Jason s'approcha, s'agenouillant de l'autre côté du jeune homme. Il porta deux doigts à son cou. Les épaules du prêtre se relâchèrent lorsqu'il sentit le pouls contre ses doigts.

— Il est vivant, informa-t-il.

— Oh, mon Dieu, merci, souffla la femme entre deux sanglots.

— Où est le démon ? demanda Jason en parcourant la pièce du regard.

Il n'y avait que peu d'endroits où la petite créature aurait pu se cacher, pourtant il ne la trouva pas. Et la femme ne lui répondit pas, serrant son fils contre sa poitrine.

— Je vais examiner les autres pièces, avertit Jason en se relevant et en se dirigeant vers l'étage.

Les escaliers de bois craquèrent sous son poids. L'étage supérieur semblait aussi vide que la pièce principale. Jason n'avait vraiment pas envie de s'agenouiller devant chaque lit pour vérifier que la bestiole n'était pas cachée dessous, mais il s'avança tout de même vers la première couche.

— Tu cherches quelque chose ? fit soudain une voix dans le dos de Jason.

Ce dernier se retourna d'un coup. Devant lui se tenait le démon. Mais il n'avait rien à voir avec les espèces de petits lutins ailés et cornus dont il avait l'habitude. Non, celui-ci ressemblait à un homme. Il était légèrement plus petit que Jason. Ses cheveux étaient noirs. Mais son crâne était orné de deux cornes épaisses de bouc. Ses yeux étaient d'un bleu magnifique, presque luisant, mais sa sclérotique était aussi noire que les ténèbres. Il ne paraissait pas avoir d'ailes, à moins qu'elles soient repliées dans son dos. Mais il possédait une queue écailleuse se terminant en une pointe qui semblait tranchante. Ses mains étaient griffues. Sa peau était d'une pâleur cadavérique, à l'exception d'une épaisse ligne bleue formant un V sur son torse et descendant le long de ses bras.

— Ne sois pas si effrayé, poursuivit le démon, d'une voix bien trop suave. Je ne te ferai pas de mal. Je suis Nightwing.

Celui-ci sourit, dévoilant des dents bien trop effilées au goût de Jason. Qu'est-ce que mangeait ce genre de démon au juste ? Rien que cette vue le faisait se méfier de la créature. Quelque chose n'était pas normal. Et Jason n'était pas sûr de pouvoir renvoyer ce Nightwing avec ce qu'il avait dans son sac.

— À qui ai-je l'honneur ? demanda le démon en s'approchant de Jason, forçant celui-ci à reculer.

La démarche de la créature avait quelque chose qui rappelait un serpent ondulant sur le sol. Et cela n'avait absolument rien de rassurant. Encore moins lorsque l'arrière des genoux de Jason buta contre l'un des lits disposés dans la pièce. Il n'eut d'autre choix que de se laisser tomber en arrière, ses yeux toujours fixés sur le démon. Ce dernier bougea à une vitesse inhumaine afin de se retrouver au-dessus de Jason. Ses mains griffues plaquèrent les poignets du prêtre sur le lit.

— Voici une position intéressante, susurra Nightwing. Maintenant, je crois t'avoir posé une question…

Jason sentit le danger effleurer sa peau à ces mots.

— Jason, ne put-il donc s'empêcher de répondre. Je m'appelle Jason.

— Oh, sourit Nightwing. Le médecin…

— Je ne suis pas médecin, je suis prêtre.

— Et est-ce que ta toison est d'or ?

Jason fronça les sourcils ne comprenant pas ce que la créature essayait de dire.

— Tu n'es vraiment pas drôle, bouda alors le démon. Mais bon, tu es prêtre, j'aurais dû m'en douter.

— Je… Je suis venu pour t'arrêter, tenta Jason, malheureusement sa voix n'était pas aussi sûre qu'il l'aurait voulu.

— Hey ! Je n'ai rien fait, pointa le démon en s'installant sur les hanches du prêtre, croisant les bras sur son torse. C'est l'autre vermine qui m'a appelé, je n'ai fait que répondre.

Jason n'arrivait plus à réfléchir. Le poids du démon sur son bas-ventre semblait prendre toute la place dans son esprit, toute sa capacité de raisonnement. Tout semblait rattacher à ce point de contact. Ne sachant que faire de ses mains maintenant libérées, Jason les posa sur les hanches blafardes.

— Oh ! Aventureux à ce que je vois, commenta Nightwing. Tu me plais ! Plus que l'autre asticot en bas. Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu veux ? La toison d'or ?

Encore une fois, Jason n'était pas sûr de comprendre le démon.

— Je dois te renvoyer, essaya-t-il.

— Non, ça, c'est pas amusant. Qu'est-ce que tu veux d'amusant ?

L'amusement n'était pas une notion présente dans la vie de Jason. Pas depuis très longtemps tout du moins. À tel point qu'il n'en avait aucun souvenir. Il eut beau se retourner le cerveau, plonger dans les recoins les plus obscurs de sa mémoire, il n'y trouva rien qui ressemblait à de l'amusement. Peut-être que c'était le moment de tester quelque chose de nouveau ? Comme lorsque Jason essayait une nouvelle manière de se mettre à genoux devant son lit pour sa prière du soir.

— Le plaisir de la chair, murmura Jason, car ce fut la seule chose à laquelle il put penser dans ces conditions.

— Avec plaisir, sourit le démon avant de fondre sur lui.

Sa bouche était brûlante, demandante. Jason avait l'impression de goûter la luxure en personne. Puis, les mains du démon commencèrent à bouger sur son corps et Jason eut l'impression de brûler.

Lorsque le brasier fut réduit à des braises rougeoyantes, attendant un rien pour s'enflammer une nouvelle fois, Jason était nu, allongé sur l'un des lits de la chambre. Il n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé et ce qu'il était advenu de la femme et de son fils.

Le démon, Nightwing, était allongé sur le torse de Jason. Ses bras étaient croisés sous son menton, et ses yeux bleus semblaient transpercer le prêtre. Derrière lui, sa queue ondulait sensuellement, rappelant un chat satisfait.

— Je suis surpris, prêtre, ronronna le démon. Positivement surpris.

— Euh… Merci, fut tout ce que Jason trouva à répondre.

Il essaya de toutes ses forces de s'empêcher de rougir ou de se sentir trop satisfait. Il n'aurait dû trouver aucune espèce de réconfort dans le fait qu'il ait brisé ses vœux de chasteté. Avec un démon, créature de Satan, par-dessus le marché.

— Bon ! Que faisons-nous maintenant ? demanda joyeusement Nightwing en se redressant.

Jason ne savait pas si renvoyer ce démon aux Enfers était toujours quelque chose qu'il devait, désirait, faire. Peut-être pouvait-il se contenter de l'ignorer, dire à son supérieur qu'il n'avait pas trouvé le démon. Ou simplement avouer la vérité, en tout cas une partie, qu'il était bien trop puissant pour que Jason puisse le renvoyer seul.

— J'ai faim, fut tout ce que le prêtre put dire.

Comme si toutes les idées raisonnables s'étaient enfuies de son cerveau, et qu'il n'y restait que ces désirs les plus charnels.

— Mmmh, oui, répondit le démon en dévoilant un sourire plein de dents pointues.

Il se pencha une nouvelle fois sur Jason, dévorant ses lèvres, et renversant tous les sens du jeune homme.

Lorsque Jason eut repris conscience de son environnement, il était assis à une table dans l'une des auberges de la ville et il était en train de dévorer l'un des meilleurs repas qu'il n'ait jamais mangés de sa vie. La graisse et les sauces lui dégoulinaient le long du menton, et il en avait plein les doigts. En face de lui, Nightwing l'observait, le coude sur la table et le menton appuyé sur sa main. Il ne mangeait rien.

— Pourquoi personne ne fait attention à toi ? demanda Jason en se léchant les doigts.

Il était surprenant qu'aucun des autres clients de l'auberge ne se retourne sur le démon. Alors qu'il ne camouflait pas ce qu'il était. Bien plus de gens auraient dû paniquer, mais il ne se passait rien, l'auberge semblait aussi calme qu'un autre jour.

— Car ils n'ont rien à remarquer, répondit Nightwing. Comment est la nourriture ?

— Délicieuse, fit Jason, les yeux écarquillés.

Comme s'il n'en revenait pas qu'il existait quelque chose d'autre que le gruau insipide qui lui était servi tous les jours à l'église. Comment avait-on pu lui cacher cela ? Comment avait-on pu lui cacher ces plaisirs ?! La nourriture, le sexe, bien plus enivrants que la prière et le recueillement. Jason n'avait plus envie de s'en passer. Il n'avait plus envie de vivre une seule journée sans eux.

— Pouvons-nous recommencer ? demanda-t-il alors au démon, lorsque son assiette fut vidée.

— Recommencer ? sourit Nightwing. Que veux-tu recommencer ? Tu as encore faim ?

— Non, je… je veux…

Ne sachant exactement comment exprimer son envie, il laissa ses yeux parcourir le corps découvert de son compagnon. Celui-ci sembla comprendre, car son sourire se fit plus carnassier, et quelque chose sembla briller dans son regard.

Jason passa les prochaines heures dans un lit qu'il ne connaissait pas, à se tordre sous le plaisir. Nightwing ne lui laissa que peu de répit, ses mains, sa bouche étaient partout. Jason avait l'impression que chaque centimètre de sa peau était en feu. Ressentait-il ce que ressentaient les condamnés au bûcher ? Étaient-ils aussi aveuglés sous la chaleur des flammes ? Tremblaient-ils à chaque langue de feu ? Avaient-ils l'impression de mourir et de renaître indéfiniement?

Jason ignorait combien de temps il passa à subir les assauts de plaisir de Nightwing. Mais lorsqu'il reprit conscience de lui, la literie était définitivement souillée, et il avait une nouvelle fois faim. Le démon l'emmena une nouvelle fois à l'auberge avec grand plaisir.

— Que veux-tu faire ensuite ? demanda alors Nightwing. Je suis sûr que tu désires d'autres choses que le sexe. Bien que nous pourrons toujours recommencer plus tard. Tu es très intéressant au lit, pour un prêtre.

— Merci, murmura Jason, en regardant le fond de son assiette avec un intérêt renouvelé.

Que désirait-il d'autre que manger et faire l'amour, encore et encore, à Nightwing ? Que souhaitait-il ? À quoi pensait-il, tous les jours ? Par quoi était-il obsédé ?

— Les flammes, souffla Jason.

— N'en dis pas plus, sourit le démon.

Jason sentit quelque chose de plaisant se tordre dans son estomac. Quelqu'un semblait enfin le comprendre. Peut-être était-ce dû au temps qu'ils avaient passé ensemble ? À toute l'intimité qu'ils avaient partagée ? Bien plus qu'avec n'importe qui d'autre.

Nightwing se pencha en travers de la table qui les séparait, capturant les lèvres du prêtre. Il semblait se moquer du fait que la bouche du jeune homme était pleine de graisse du plat qu'il venait de dévorer.

Lorsque Jason ouvrit les yeux, il était sur la muraille qui entourait la ville. Et Gotham était en flammes.


Notes de bas de page : Pour le dialogue par rapport au nom de Jason, en grec, Jason veut dire médecin, guérisseur et il incarnerait l'idée du médecin parfait. Et bien évidemment, dans la mythologie grecque, Jason est le fils du roi de Théssalie, et descendant d'Eole, il est connu pour sa quête de la toison d'or.

J'espère que ça vous a plu ! Les review sont les bienvenues ! A une prochaine !