DISPERSION

Résumé : Rien ne va plus pour Harry. Il n'arrive plus à contrôler sa magie. Celle-ci se disperse et le met en danger. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que sa magie est liée à celle d'un autre sorcier. Lui seul est capable de l'aider. Ce lien entre eux permettra-t-il de les rapprocher malgré ce qui les oppose ?
[ HPDM – Drarry – Hogwarts fin 6e année/7e année.]

Rating : M

Disclaimer : L'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling. Cette histoire est de moi par contre. Je ne retire toujours aucun avantage financier à la publier, simplement le plaisir d'écrire et celui de lire vos reviews, qui font si chaud au cœur !
C'est un Drarry, et donc une histoire qui met en couple deux garçons, donc gens étroits d'esprits, passez votre chemin !
J'ai mis un rating M par prudence car il y aura un peu de lemon, mais ce n'est pas pour tout de suite…


Bonjour à toutes et à tous,
Je suis heureuse d'être de retour parmi vous avec une nouvelle histoire !
Il y aura un peu plus de 20 chapitres que je publierai chaque week-end.
L'écriture est presque terminée. Au départ, ça devait être un OS, mais je me suis laissée emportée ! :)
C'est un Drarry qui se déroule à partir de la fin de la 6ème année.
Je n'en dis pas plus pour l'instant. J'ai hâte d'avoir vos retours sur ce premier chapitre !
J'en profite d'ailleurs pour vous remercier encore pour toutes les reviews & favoris que vous avez laissé sur mes précédentes histoires, je réponds à toutes !
Bonne lecture !
Bizzz
Didie

PS : petite précision, j'utilise en majorité les noms anglais pour les noms propres


Chapitre 1

Cela avait commencé juste après ce…jour noir.

Depuis, Harry était sur les nerfs, en perpétuelle tension, et cela affectait sa magie.

La première fois qu'il avait perdu le contrôle, il était en cours de Métamorphose. Il s'était énervé bêtement en perdant patience, et son sort avait rebondi sur le bureau d'Hermione, renversant l'encrier sur toutes les notes de son amie.

Puis, en cours de Défense Contre les Forces du Mal, il n'avait pas réussi à contenir sa colère lorsque Snape, une fois de plus, lui avait asséné une énième remarque sur son incompétence en sortilèges informulés. Le sort de Stupéfixion était sorti tout seul et avait touché la moitié des élèves présents dans la salle.

"Reprenez-vous, Potter !" avait-il aboyé sur l'intéressé, tout en réanimant les malheureux avec un enervatum informulé. Ce dernier n'avait cependant pas réchappé à une retenue supplémentaire le soir même, en plus de celles imposées chaque samedi du restant de l'année.

Le lendemain, il avait perdu à nouveau son calme à la bibliothèque lorsque Hermione avait remis sur le tapis que le Prince de Sang-Mêlé n'avait certainement rien d'un Prince pour avoir annoté un sort si dangereux en marge d'une page et qu'il était préférable pour Harry de ne pas chercher à récupérer son livre caché désormais dans la Salle sur Demande.
Toute une étagère de livres s'était alors renversée dans un grand fracas, provoquant le courroux de Madame Pince. Harry s'était enfui dans le parc du château, au bord du lac, le cœur tambourinant à toute allure, les mains tremblantes, et des questions plein la tête. Une fois sur la rive, il avait laissé libre cours à ses larmes trop longtemps contenues, mais la surface du lac s'était mise à onduler de plus en plus fort, le laissant encore plus désemparé.

Lorsqu'il avait enfin réussi à se calmer suffisamment pour être en mesure de revenir au château, Hermione l'attendait dans leur salle commune avec encore plus de questions à lui poser sur son état. Harry avait alors perdu une fois de plus son calme, et tous les parchemins des élèves travaillant autour d'eux s'étaient mis à voler et à tournoyer dans les airs, créant une pagaille monstrueuse chez les Rouge et Or. Harry s'était alors refugié en courant dans son dortoir et s'était enfermé dans leur salle de bain commune pour le reste de la soirée. Il avait refusé de descendre dîner puis il avait profité de l'absence momentanée de ses camarades pour regagner son lit. Il s'était effondré sur le matelas et s'était endormi d'un coup, complètement épuisé.

Que lui arrivait-il donc ? Il se sentait totalement dépassé par la situation. Il était perpétuellement à fleur de peau et dans l'incapacité de contrôler quoique ce soit.

Depuis ce jour noir, il n'arrivait plus à gérer le trop plein d'émotions qui l'envahissait et cela n'allait pas en s'arrangeant, bien au contraire.

Les événements de ce genre avaient augmenté en nombre et en intensité, il le voyait bien. Mais c'était plus fort que lui. Sa magie crépitait autour de lui de plus en plus souvent, et il ne réussissait plus à la canaliser. A la moindre émotion, les objets volaient sur son passage et des volutes de lumière s'étaient même mises à tournoyer autour de lui.
Cela lui faisait affreusement peur. Il se sentait complètement perdu et au bord de l'implosion. Par Merlin, qu'allait-il devenir s'il perdait définitivement le contrôle de lui-même ? Et s'il blessait encore quelqu'un ?

Harry se recroquevilla encore un peu plus sur lui-même. Il s'était réfugié dans les toilettes des filles du 2ème étage, l'endroit où les choses avaient commencé à lui échapper.

Assis à même le sol, contre le mur à côté des lavabos, il avait ramené ses genoux contre lui et les enserraient avec ses bras. Ses yeux étaient perdus dans le vague, en direction du sol.

Depuis…ce jour-là…, il n'arrivait plus à s'enlever cette image de la tête.

Malfoy, inconscient sur ce sol inondé, baignant dans une mare de sang.

C'était encore pire la nuit. Le même cauchemar revenait sans cesse le hanter, nuit après nuit. Même les visions de Voldemort semblaient plus douces en comparaison. Peut-être parce que ce n'était que des visions justement.

Dans le cas de Malfoy, Harry n'avait aucune excuse. C'était lui qui avait agi. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui. Il revoyait encore l'horreur de la scène dans les moindres détails. Le corps du blond profondément entaillé par ce maudit sort que lui, Harry Potter, avait lancé sans réfléchir. Et il était resté là, comme paralysé, à regarder l'eau se teinter de rouge, formant des volutes de plus en plus foncées sur le carrelage. Ce sang, tout ce sang…par sa faute. Se pardonnerait-il un jour ?

Sans s'en rendre compte, Harry s'était mis à se balancer d'avant en arrière, envahi par la culpabilité et la douleur de la honte. Il était devenu ni plus ni moins qu'un monstre.

Ses doigts s'étaient crispés et s'enfonçaient dans sa chair à travers ses vêtements. Il voulait se faire mal, se punir d'avoir mis à terre son ennemi de la plus sanglante des façons.

Mais Malfoy était-il réellement un ennemi ? Pouvait-il encore le qualifier d'ennemi alors qu'il l'avait surpris dans un moment de vulnérabilité extrême ? Les ennemis n'étaient-ils pas sensés être forts, remplis de haine et insensibles ? Ce qu'il avait vu dans ce miroir l'avait bouleversé. Plus qu'il ne voulait bien l'admettre. Et il s'en voulait encore plus d'avoir réagi ainsi.
C'était la première fois qu'il voyait le visage du Serpentard sans son masque impassible et hautain, et ce qu'il avait pu lire dans ce regard plein de larmes n'était ni plus ni moins que de la détresse.
Avant cela, Harry n'aurait jamais imaginé que Malfoy puisse se sentir vulnérable. C'était Malfoy après tout. Le blond paraissait toujours tellement intouchable. Harry n'aurait jamais eu l'idée qu'il puisse y avoir autre chose derrière ce putain de masque de froideur auquel il avait toujours eu affaire. C'était stupide, mais il n'avait jamais envisagé l'idée que Malfoy puisse pleurer.
Maintenant qu'il avait pu entrapercevoir cette sensibilité insoupçonnée chez lui, il se sentait perdu dans un océan d'émotions contradictoires. Son soi-disant ennemi était en fait humain, vulnérable et…pourvu d'émotions, tout comme lui. Tous ses repères, toutes ses certitudes avaient été balayés d'un coup. Pouvait-on se tromper à ce point sur quelqu'un ?

Le soir même de leur affrontement, rongé par la culpabilité, Harry s'était rendu jusqu'à l'infirmerie, bien caché sous sa cape d'invisibilité. Malfoy semblait dormir. Il n'était plus couvert de sang et ses blessures avaient été soignées. Harry ne savait plus combien de temps il était resté là à l'observer, perdant toute notion du temps. Ce soir-là, en voyant les traits détendus du Serpentard, il n'avait pu s'empêcher de le trouver beau. Il avait murmuré des excuses qui n'avaient en rien soulagé sa conscience.

Harry posa sa tête sur ses genoux. Il n'était qu'un imbécile. Et un monstre. Il se dégoûtait. Il ne méritait pas qu'on s'attarde sur son cas.

Hermione et Ron avaient insisté pour qu'il aille se faire examiner par Madame Pomfresh, mais Harry avait refusé. Les monstres méritaient d'être punis, pas d'être soignés.

Être privé de Quidditch et écoper de retenues avec Snape chaque samedi lui semblaient pourtant une punition bien faible comparativement à la gravité de ses actes. Si Snape n'était pas arrivé si rapidement sur place, Malfoy serait sans doute mort à l'heure qu'il est. Il serait mort dans son sang, sous le regard impuissant de Harry. A cette idée, les larmes qu'il avait tenté de refouler inondèrent ses joues. L'émotion qui l'envahissait à nouveau était si forte qu'une fois encore, il ne put rien faire pour endiguer les vagues de magie qui se déchainèrent autour de lui, faisant voler en éclat tous les miroirs de la pièce.

ooOOoo

Draco était sorti de l'infirmerie depuis quelques jours. Toute trace de douleur avait maintenant disparu. Il ne garderait que quelques fines cicatrices sur le torse. Jusqu'à encore l'année dernière, il aurait pu en être dérangé. Il accordait de l'importance à son apparence et cette ligne qui marquait désormais sa peau blanche, même si elle se situait sur son torse, entachait sa perfection. Mais ça, c'était avant. Avant qu'il n'endure la Marque des Ténèbres. Avant qu'il ne soit marqué à vie sur son avant-bras par quelque chose qu'il abhorrait.

Suite au Sectumsempra lancé par Potter, son parrain Severus l'avait littéralement sauvé. Sans l'intervention et les soins de celui-ci, Draco serait mort. En temps normal, il aurait pu apprécier le fait d'être encore en vie, mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aurait mieux valu que Potter le tue pour de bon. Il aurait été débarrassé de cette maudite mission et son calvaire aurait été terminé. Pour une fois que Potter aurait pu être utile autrement qu'en jouant les Sauveurs…

Draco ne l'avouerait jamais à personne, mais il trouvait que Potter avait eu du cran dans les toilettes de Mimi. Bon, c'est sûr, le Gryffondor n'y était pas allé de main morte avec lui, cela avait même été affreusement douloureux. Douloureux et sanglant. Draco avait bien cru qu'il y laisserait ses tripes. Mais après tout, il lui avait bien fait croire qu'il lui lançait un Doloris. Il avait volontairement visé à côté. Les précédents sorts aussi. Son but premier était de le faire fuir. Il ne voulait surtout pas qu'il reste là à le regarder pleurer, et encore moins qu'il le prenne en pitié et qu'il joue à Saint Potter avec lui. Il n'avait pas besoin de son aide, hormis qu'il débarrasse le monde Sorcier du Seigneur des Ténèbres une bonne fois pour toute. Secrètement il l'en croyait vraiment capable. Il l'espérait de toutes ses forces en tout cas. Il ne lui avouerait jamais cependant. La question principale que Draco se posait était plutôt de savoir si lui tiendrait jusque-là. Il en doutait fortement.

Toute son enfance, il avait grandi avec l'idée que Harry Potter était le Survivant. Celui qui avait anéanti Lord Voldemort alors qu'il n'était qu'un bébé. Draco l'avait alors admiré sans même l'avoir jamais rencontré. Dans le train pour Hogwarts en première année, le Survivant avait cependant refusé son amitié. Draco en avait été plus que contrarié. Il voulait le côtoyer, le connaître, faire partie de ses amis. Ce rejet lui avait fait atrocement mal. En y repensant, cela lui avait fait aussi mal que ce sort lancé dans les toilettes. Une blessure moins sanglante certes, mais une blessure à laquelle il n'était pas préparé.
Il n'avait eu ensuite qu'une seule idée en tête : reporter sur lui toute la colère qu'il avait ressentie d'avoir été rejeté de la sorte. Il avait été jaloux de toute cette attention que Potter attirait constamment sur lui et avait souhaité qu'il souffre, qu'il échoue, qu'il connaisse à son tour la douleur d'être rejeté.
Cela avait fini par arriver en 5ème année lorsque le Survivant avait été désigné comme l'Indésirable n°1. Le statut du grand Harry Potter avait été largement mis à mal dans la presse, mais aussi à l'école. Draco s'en était tout d'abord réjoui.
Être rejeté de la sorte et décrédibilisé par le Ministère aurait dû le mettre à terre. Mais Potter n'avait pas flanché. Même le monde entier contre lui, Potter était resté debout, affirmant que Voldemort était revenu. Draco n'avait pu s'empêcher de le trouver courageux. Bon, il devait bien l'admettre, il l'avait déjà trouvé courageux lors du Tournoi des Trois Sorciers, mais ce sentiment, il l'avait réprimé au plus profond de lui de toutes ses forces.

Bien entendu, Potter avait raison. Voldemort était revenu. Draco le savait aussi puisque son père était retourné auprès du Lord. Il s'était bien gardé de le dire cependant.

Beaucoup de choses avaient changé depuis. Avec le retour du Seigneur des Ténèbres sur le devant de la scène, la vie de Draco était devenue un enfer. Son père Lucius, après les événements au Ministère, avait été emprisonné à Azkaban. Il n'était plus dans les faveurs du Lord. De plus, cette face de serpent répugnante avait ensuite choisi leur manoir comme quartier général. Puis, Draco avait été obligé de recevoir la Marque. Et maintenant, il avait cette mission à accomplir coûte que coûte, sans quoi sa vie et celle de ses parents étaient menacées.
Son monde s'était effondré, mais contrairement à Potter, Draco n'avait pas la force de rester debout. Il essayait de donner le change à tout le monde, mais la pression l'écrasait de plus en plus. Il n'avait pas d'autre choix que d'obéir, pourtant il ne souhaitait qu'une chose, que tout cela s'arrête. C'était trop dur. Il ne se sentait pas la carrure pour toutes ces conneries. Il avait l'impression d'être acculé au pied d'un mur insurmontable.
Il était déjà venu dans ces toilettes, cherchant un endroit pour se retrouver seul sans avoir à se montrer derrière son masque. Il s'était d'ailleurs senti pathétique lorsque le fantôme de Mimi Geignarde l'avait incité à se confier à elle, mais cela l'avait bizarrement soulagé de pouvoir partager ses difficultés à quelqu'un, même s'il en était rendu à parler à un fantôme.
Plus tard, après un jour particulièrement éprouvant suite à un autre échec avec l'armoire à disparaître dans la Salle sur Demande, Draco était retourné auprès de son amie fantôme, et il s'était laissé aller. Il avait complètement craqué. Un Malfoy n'a pourtant pas le droit de s'abaisser à ce genre de faiblesse. Son père le lui avait rabâché toute son enfance.

Alors quand Potter l'avait surpris en train de pleurer, il n'avait souhaité qu'une seule chose, qu'il parte, qu'il le laisse, qu'il oublie même jusqu'à son existence.

Comment avait-il pu croire que quelques sorts lancés pour l'effrayer seraient suffisant pour le faire fuir ?
Potter était resté bien entendu. Et il l'avait affronté. A quoi d'autre pouvait-il s'attendre de sa part ? On parlait du Survivant, de l'Élu, du vainqueur du Tournoi des Trois Sorciers, du garçon le plus courageux qu'il connaisse, de la seule personne qui avait une chance de réussir encore face à Voldemort.

Draco avait été surpris par la violence du sort, mais alors qu'il était allongé sur ce carrelage, se vidant de son sang, il s'était senti tout à coup étrangement soulagé à l'idée que toutes ses souffrances allaient prendre fin. Elles s'écoulaient hors de son corps en même temps que son sang, se mélangeant à l'eau qui inondait le sol. Tout serait bientôt terminé. Draco avait intérieurement remercié Harry pour cela, juste avant de se sentir partir.

Il avait fallu que son parrain intervienne. Il ne pouvait pas lui en vouloir, mais Draco aurait préféré qu'il arrive un peu plus tard. Quand Severus avait commencé à prononcer les contre sorts qui le guériraient, Draco avait senti la douleur revenir de plus belle, le ramenant dans cet enfer, et Severus l'avait conduit à l'infirmerie.

Perdu dans ses pensées, le Serpentard s'était inconsciemment dirigé vers le couloir du 2ème étage, en direction des toilettes de Mimi. Lorsqu'il s'en rendit compte, il décida de revoir une dernière fois les lieux où son calvaire aurait pu prendre fin. Il était sur le point d'ouvrir la porte des toilettes lorsqu'il entendit des sanglots, puis un fracas de verre brisé. Intrigué mais également inquiet, il poussa néanmoins la porte pour entrer.

Le spectacle devant ses yeux l'atteignit tout aussi fort que s'il s'agissait d'un sort. Potter n'avait pas l'air d'aller très bien. Assis contre l'un des murs, le visage inondé de larmes, sa magie semblait s'échapper de son corps dans des tourbillons de lumière colorée. Tous les miroirs au-dessus des lavabos s'étaient brisés et des éclats de verre jonchaient le sol.
Pendant un instant, Draco ne sut pas comment il devait réagir. Visiblement, le Gryffondor n'était pas dans son état normal et le voir comme cela lui faisait peur. Si Potter était venu dans ces toilettes, c'était pour s'isoler.
En temps normal, la réaction première de Draco aurait été de refermer la porte et de faire comme s'il n'avait rien vu. Si quelqu'un pouvait comprendre le besoin d'être seul, c'était bien lui, même si ce besoin concernait son ennemi. Ou alors il aurait profité de l'occasion pour se moquer de lui avec une remarque bien acerbe pour appuyer là où ça faisait mal. Il connaissait son adversaire par cœur, si bien qu'il savait toujours où taper pour le faire réagir au quart de tour.
Mais les miroirs éclatés et la magie dispersée de Potter ne constituaient pas une situation normale. Le brun n'avait pas remarqué sa présence. Son esprit semblait à des kilomètres de là. Cachant son trouble, Draco fit un pas en avant. Dans des livres au Manoir, il avait entendu parler de certains cas de dispersion de magie. Ils survenaient toujours après un choc émotionnel important. Lorsque la magie du sorcier devenait à ce point incontrôlable, il y avait un risque qu'elle ne réintègre jamais le corps, et dans ce cas, la vie du sorcier était en danger. Mais il était très difficile de faire reprendre pied à un sorcier en proie à un phénomène de dispersion.
Potter avait toujours le regard perdu dans le vide et ne semblait pas voir Draco. Mimi Geignarde n'était pas là. Potter avait certainement dû l'envoyer balader et le fantôme avait fui. Elle se réfugiait parfois dans la salle de bain des préfets. Par conséquent, Draco était seul pour tenter de gérer le Gryffondor en pleine crise. Il se racla la gorge pour essayer d'attirer son attention. Sans succès. Il fallait qu'il trouve un moyen de le faire réagir.

-Alors Potter, on revient sur les lieux du crime ? tenta-t-il d'une voix qu'il essaya de rendre agressive. Tu as raté ton coup, car tu vois, je suis toujours là !

Potter n'avait pas bougé mais Draco crut déceler une lueur dans son regard. Tout n'était pas perdu, se dit-il. Il avança de quelques pas. Les éclats de verre crissèrent sous ses chaussures.

-Tu t'entraînes pour me finir la prochaine fois ? continua-t-il en essayant de masquer le léger tremblement de sa voix.

Il lui sembla que les tourbillons lumineux autour du Gryffondor avaient légèrement baissé en intensité.

-Je suis là devant toi, tu devrais t'en prendre à moi plutôt que de saccager ces toilettes ! A moins que tu n'aies peur ! L'Élu aurait-il soudain perdu ses facultés hors du commun pour rester ainsi immobile devant un ennemi ? Réagis Potter car je viens me venger !

Draco n'en pensait pas un mot, mais il était un peu à court d'arguments face à la situation. D'habitude, Potter était plus énervé face à lui. Là, il avait peine à le faire réagir, même s'il y avait du mieux. Le brun avait cligné des yeux plusieurs fois. Les larmes coulaient toujours sur ses joues. Draco décida d'aller s'asseoir à côté de lui. Quitte à vouloir le provoquer, autant rentrer dans son espace vital. Que risquait-il après tout ? Se faire blesser par un autre sort ? Il n'était plus à ça près… De toute façon, le brun ne tenait pas sa baguette en main.

Lorsque Draco prit place à côté de Harry, les volutes de magie commencèrent à réintégrer lentement son corps. Encouragé par l'évolution de la situation, il posa sa main sur son dos et commença à faire de légers mouvements qui se voulaient apaisants. Se retrouver près de Harry pour autre chose qu'une dispute incitait Draco à se montrer sous un jour plus bienveillant envers lui.

Puis les mots sortirent comme ça, sans vraiment réfléchir. L'inquiétude ayant pris le dessus, Draco ne montrait aucune trace d'agressivité dans sa voix.

-Harry… tu n'as pas l'air de trop capter ce qui se passe, alors je vais en profiter pour te dire quelque chose sans trop risquer que tu comprennes vraiment ce que je te raconte, mais… tu sais, je…je ne t'en veux pas pour le sort de l'autre jour. Je voulais t'éloigner de moi, mais tu es resté pour me faire face. J'aurais préféré y rester pour que tout ça s'arrête, mais il faut croire que ce n'est pas encore mon heure. Donc si tu pouvais reprendre tes esprits et continuer de me pourrir l'existence, j'apprécierais vraiment tu vois…Je préfère ta haine plutôt que rien du tout…tu m'inquiètes là, à laisser échapper ta magie…il faudrait que tu la rappelles pour de bon dans ton corps…s'il-te-plait…

Les paroles de Draco eurent leur effet car les tourbillons lumineux autour de Harry réintégraient maintenant complètement son corps. Il revint à lui comme un noyé qui reprend sa respiration. Il inspira une longue bouffée d'air et se mit ensuite à tousser. Draco l'aida à retrouver son souffle en tapotant dans son dos.

-Te revoilà Potter ! J'ai bien cru que tu allais me clamser entre les doigts ! lança-t-il de son ton habituel.

Réalisant que Malfoy se trouvait à côté de lui, Harry fronça les sourcils et lui lança un regard noir. Sans un mot, il se dégagea brusquement de cette proximité inhabituelle et se releva précipitamment pour sortir des toilettes en courant. La confusion pouvait se lire sur son visage, ainsi que toute une autre palette d'émotions que Draco identifia aisément comme de la peur, de la colère, de la tristesse et de la honte, tout ça tout à la fois.

-Ya pas de quoi…murmura Draco en soupirant.

ooOOoo

à suivre... ;)