Disclaimer : Lady Oscar est l'oeuvre de Riyoko Ikeda, cet écrit est un écrit de fan, je ne gagne rien, sinon des reviews et les reviews ne permettent pas d'acheter des spaghettis.

Résumé : Alors que Marie-Antoinette observe le portrait d'elle qui sera envoyé à son futur époux, l'archiduchesse ne peut s'empêcher de se dire que la femme qui lui fait face est une étrangère.

Note de l'auteur : Le nom du portrait et de l'artiste sont en bas, à la fin de cet OS.

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L'inconnue qui lui fait face

- C'est splendide Monsieur Ducreux ! Vous vous êtes surpassé ! Vous avez été bien inspiré de corriger sa lèvre.

Le peintre est flatté des compliments de l'impératrice. Marie-Antoinette, elle, observe le tableau en silence. Elle ne se prétend pas artiste, elle ne connaît rien des règles de la peinture aussi elle a entièrement confiance en sa mère et en cet homme pour jauger de sa bonne facture. Et techniquement, il est magnifique. Les couleurs sont douces, tout est harmonieux. Les liserés bleus de sa robe sont assorti aux rideaux de velours derrière elle. Elle tient une rose, sa fleur préférée. Tout dans ce pastel est tendre. Mais là où le bas blesse, c'est que quand elle regarde ce portrait, la future dauphine de France ne s'y reconnaît pas. C'est bien elle qui a posé pour l'artiste dépêché de son futur royaume et pourtant, c'est une inconnue qui lui fait face. Elle fait bien trop âgée pour ses treize ans. Elle a l'air d'en avoir sept de plus, elle a l'air trop sage, trop mature, presque inaccessible. Et c'est pourtant cette image d'elle que l'on va envoyer à Versailles, c'est avec ça que son fiancé va la découvrir. Elle s'inquiète. Louis-Auguste va peut-être développer des sentiments pour cette étrangère et quand elle arrivera pour l'épouser, il tombera des nues. Ce qu'on offre au prochain roi de France n'est ni plus ni moins qu'un mensonge. La reconnaîtrait-il quand elle arriverait à Compiègne ? En voulant gommer ses imperfections, sa mère et Ducreux ont effacé tout ce qui la caractérisait. Il lui a fait le nez droit. Elle l'a légèrement busqué. Son menton tombe moins. Ses yeux sont moins ronds. Son front est moins haut. Sa poitrine est plus généreuse que ce qu'elle n'a en réalité. Sa lèvre inférieure est plus fine. La bouche ne ressemble absolument pas à la sienne. C'est comme si, à travers ce tableau, on lui intime d'effacer tout ce qui la rend unique pour qu'elle se fonde dans la masse, qu'elle s'intègre au canevas versaillais sans qu'aucune aspérité ne soit visible. L'ironie du sort, c'est qu'après avoir vernis un tableau, quand la substance sèche mais reste collante au doigt, le peintre vient donner des petits coups avec son pinceau pour créer des toutes petites craquelures pour rendre l'image moins figée, pour que la lumière se diffuse différemment, pour ajouter de la profondeur, de la texture. Mais elle, le sujet de la composition, doit être aussi lisse que possible. Alors oui, l'oeuvre est belle, à n'en pas douter. Néanmoins, comment réussir à se faire accepter et respecter dans une cour étrangère quand les présentations démarrent sur des termes fallacieux ?

- Qu'avez-vous, Antonia ? S'inquiète Marie-Thérèse. Vous êtes bien pensive, ma fille.

- Je crains que Monsieur Ducreux m'a faite plus belle que je ne le suis réellement, Mère. Répond-elle. J'ai peur que le dauphin ne soit bien déçu quand il me verra.

- Déçu ? Intervient le français. Votre Altesse ! C'est en fait le cas inverse : mon tableau ne vous rend pas Justice. Dès que Monseigneur le Dauphin vous verra, il tombera à vos pieds. Comment pourrait-il en être autrement ?

- Vous le pensez vraiment, Monsieur Ducreux ?

- Assurément, Votre Altesse.

Marie-Antoinette regarde une dernière fois le chevalet devant elle. Elle n'est pas convaincue mais puisque sa mère et le peintre semblent d'accord, eux qui s'y connaissent mieux que quiconque, qui est-elle pour les contredire ?

FIN

Tableau : Marie-Antoinette (1769) par Joseph Ducreux, pastel sur parchemin, château de Versailles.