Bonjour à toutes et tous,
La récente sortie de l'anime Yashahime (qu'en avez-vous pensé d'ailleurs ?) m'a fait replongé dans l'univers d'Inuyasha et les circonstances actuelles (coucou covid) m'ont donné le temps et l'envie d'écrire.
Je vous présente donc cette histoire, ma vision de ce qu'aurait pu être la vie de nos héros entre la fin d'Inuyasha et le début de Yashahime. Pour le bien de mon histoire et par soucis de simplicité (je me rends compte qu'écrire n'est pas si simple…) il peut y avoir quelques anachronismes, voir quelques incohérences (notamment avec Yashahime) mais j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur !
Je ne sais pas si les lecteurs d'Inuyasha sont toujours présents, j'ose l'espérer et avoir quelques retours ! J'ai hésité à publier sur la communauté anglophone qui est très forte mais je me souviens de l'époque où je désespérais de trouver des fics en français (et puis c'est quand même plus simple d'écrire dans sa langue maternelle !)
Je vous laisse à votre lecture et espère que cette histoire (qui se tiendra sur plusieurs chapitres) saura vous plaire et vous rappeler de bons souvenirs !
Inuyasha appartient bien évidemment à la grande Rumiko que nous vénérons !
INTRODUCTION
Trois années s'étaient écoulées entre la fin des combats contre Naraku et le retour de Kagome, tant de choses avaient alors changé. Leur univers avait été centré sur cet ennemi pendant si longtemps qu'un retour à la normal parut irréel. Pourtant, c'était bien vrai, la shikon no tama avait été détruite, Naraku vaincu et ils pouvaient à présent espérer vivre des jours meilleurs. Des jours heureux.
La plus belle manifestation de ce renouveau fut le déploiement de l'amour de Miroku pour Sango, libéré de son tragique destin, leur mariage et la naissance de leurs filles puis de leur fils. La jeune mariée avait été attristée de l'absence de Kagome, qu'elle aurait aimé présente à ses côtés pour ces événements si importants. A leur rencontre, Sango avait eu du mal à s'intégrer au groupe, elle les avait même trahis dans l'unique but de sauver son frère car c'était dans sa nature profonde, elle ne reculait devant aucun sacrifice pour sauver ceux qui lui étaient chers, même si cela la conduisait à commettre des actes odieux. Elle avait culpabilisé mais au fond d'elle, elle savait qu'elle serait capable de recommencer si la vie de Kohaku était en jeu. Et elle l'avait dit à Kagome, qui l'avait acceptée malgré tout, malgré la noirceur qui existait dans son cœur, lui disant qu'ensemble ils étaient plus forts et que ce lien causerait la perte de Naraku.
Elles étaient devenues amies. Deux jeunes filles issues d'univers et d'époques différents mais partageant des peines et des joies communes et surtout, le plaisir d'être ensemble, dans ce groupe, cette famille qu'ils avaient créé. Son amie lui manqua quand elle voulut lui raconter la demande en mariage de Miroku, quand elle voulut partager les préparatifs du mariage, quand elle apprit pour sa première grossesse puis pour la seconde, quand elle accoucha et devint mère. Lorsqu'Inuyasha était réapparu avec le puits plusieurs jours après la fin de la bataille contre Naraku, Sango comprit en voyant son visage que Kagome ne reviendrait plus. Elle en fut attristée mais que pouvait-elle dire ou faire quand Inuyasha paraissait si abattu ? Elle avait perdu l'amie la plus chère à son cœur mais elle ne pouvait pas se plaindre, pas quand l'homme qu'elle aimait se trouvait à ses côtés et que son petit frère, pour lequel elle s'était tant battue, avait obtenu la rédemption et une seconde chance.
Pour toutes ces raisons elle se devait de garder la tête haute et parce qu'à présent, elle devait veiller sur son frère et sur Shippô qui fut longtemps inconsolable, transformant sa tristesse en colère envers Inuyasha. L'affection que le petit renard portait à Kagome était forte. Plus qu'une amie ou une sœur, elle avait été une présence maternelle, réconfortante et aimante, pour le petit démon qui était orphelin. Comme tous les autres, il avait compris en voyant le visage d'Inuyasha que rien ne serait plus comme avant. Pourtant, il avait d'innombrables souvenirs de ruptures plus ou moins longues entre Kagome et Inuyasha mais cette fois-ci, il sentit que c'était différent. Car Inuyasha était différent. Et Shippô lui en voulut. Il lui en voulut de n'avoir su ramener Kagome, quand bien même il savait que c'était profondément égoïste de l'arracher à la vie à laquelle elle appartenait. Il lui en voulut tout simplement car ce sentiment de colère était plus facile à maîtriser que cette perpétuelle tristesse qui martelait son cœur à l'idée qu'il ne reverrait plus jamais Kagome traverser le puits, et quand bien même il savait que c'était profondément enfantin de sa part.
Sango l'avait beaucoup soutenu, essayant de remplir le vide qu'avait laissé Kagome. Et, d'une certaine manière, Sango le sauva, tout comme elle sauva Kohaku. Kohaku se remettait doucement de l'emprise que Naraku avait eu sur lui ces dernières années et le soutien de sa sœur lui fut essentiel. Il lui arrivait de rêver encore de ce qu'il avait fait, cette nuit où ils avaient été piégés par l'araignée, cette même nuit où il avait tué sa propre famille.
Les deux garçons ne savaient pas quelle place prendre dans cette nouvelle vie et Sango leur offrit un objectif. Un objectif qu'ils pouvaient partager et par lequel ils pourraient rivaliser. A Kohaku, elle exhorta de terminer sa formation de taijiya et à Shippô elle conseilla de suivre un entraînement afin de devenir un grand démon renard. Ces objectifs étaient plus que des buts à atteindre, c'étaient des motivations de vie, des idéaux à dé deux, chacun de leur côté, parfois ensemble, suivaient avec entrain les conseils de Sango.
Les moments où ils se retrouvaient tous ensemble au coin du feu devinrent rares mais si riches en émotion et en conversation. Même si la place qu'avait occupée Kagome continuait à laisser un vide.
La famille qu'ils formaient était incomplète mais celui qui en souffrit le plus était Inuyasha.
A son retour ce fameux jour, quand il leur annonça que Kagome ne reviendrait plus, qu'elle vivrait à présent la vie qu'elle n'aurait jamais dû quitter dans son époque, il s'était isolé plusieurs jours durant, à la cîme des arbres observant tantôt le ciel nuageux tantôt le ciel étoilé. Miroku venait parfois le retrouver, s'asseyant contre le tronc et méditant aux côtés du hanyo, lui racontant la vie au village. Il savait qu'il n'avait pas grand chose de plus à offrir que son soutien, Inuyasha n'était pas du genre à exprimer ses sentiments, du moins ne l'était-il plus maintenant que Kagome était loin. Néanmoins c'était la meilleure chose qu'il pouvait faire pour rattacher son ami à la réalité. Le demi-démon avait besoin de temps et c'était compréhensible, il avait perdu définitivement Kikyo quelques mois auparavant et à présent, il perdait Kagome. Miroku avait soupiré de nombreuses fois, sous la branche qui servait d'appui à Inuyasha, se disant que la perte de son ami était énorme et qu'il devait véritablement avoir le cœur brisé. Lui l'aurait eu à sa place. Miroku avait craint qu'Inuyasha ne parte, qu'il quitte le village pour combler le vide qui s'était formé dans son être. Il avait été peiné lui aussi d'apprendre qu'il ne verrait plus Kagome alors, perdre aussi Inuyasha serait difficile. Mais au fond, peut-être était-ce inévitable, peut-être que le lien qu'ils avaient créé ne dépendait que de Naraku et qu'il s'était brisé en même temps qu'ils avaient détruit le démon.
Avant de défaire Naraku, Miroku n'avait jamais vraiment eu l'occasion de réfléchir à la vie qu'il pourrait avoir s'il était libéré de la malédiction. Il avait eu beau adopter un comportement volage et détaché de tout, une partie de lui avait perdu espoir et lui disait qu'il ferait face au même destin que son père. Puis il y eut Sango. Cette chasseuse de démon qui lui offrit tout son amour et qui nourrissait tant de volonté et d'espoir pour deux. Il en fut touché et rasséréné. Il avait une autre raison de se battre. Passer le restant de ses jours à ses côtés devint une évidence et rester dans ce village en était devenue une autre. Parce qu'il avait été longtemps solitaire, il avait apprécié ses errances et ne s'attacher à rien. Avec le groupe, et la double vie de Kagome, un point d'ancrage au village s'était créé et il s'était pris à apprécier cette vie sédentaire. Kaede était aussi un élément qui alimenta ce lien. Et finalement, il songeait que peut-être juste pour la vieille prêtresse, Inuyasha resterait au village.
Miroku appréciait la petite sœur de Kikyo. C'était une excellente miko qui accomplissait son devoir avec passion, il l'accompagnait dès qu'il le pouvait au cours des différents rituels qu'elle dirigeait. Elle était la personne avec qui il pouvait partager la spiritualité. Bien plus que Sango d'ailleurs, qui n'y attachait pas une grande importance. Grâce à Kaede, il fut très vite accepté par les villageois et très vite on entendait autant de "Kaede-sama" que de "Hoshi-sama". C'était Kaede aussi, qui proposa au jeune couple d'aménager dans une hutte à quelques minutes à peine de la sienne et du temple. C'était une hutte inoccupée depuis plusieurs années et qui nécessiterait un petit rafraîchissement mais ce serait leur nouveau chez eux, leur maison à eux, leur commencement. Une hutte assez grande pour y fonder leur famille et accueillir celle qu'ils avaient déjà.
Alors qu'il soupira à nouveau, à l'ombre de la cîme de l'arbre où Inuyasha avait trouvé refuge, songeant à l'ampleur des travaux qui l'attendait, Ie hanyo le somma d'arrêter d'expirer tout l'air de ses poumons.
« Il y a tellement à faire, c'est angoissant, soupira Miroku encore une fois.
- Je t'aiderai. Mais arrête de soupirer, ça m'agace ! »
Miroku avait levé les yeux, retenant un soupir de soulagement. Il était à présent certain qu'Inuyasha resterait avec eux, même s'il ne se remettrait probablement jamais de l'absence de Kagome.
La vie suivit alors son cours. Inuyasha tint parole et quitta son isolement pour regagner le village où il aida Miroku et Sango à emménager dans leur nouvelle maison, qui était aussi celle de Shippô et Kohaku lorsqu'ils étaient au village.
Inuyasha, lui, bien qu'il était toujours le bienvenue chez ses amis, appréciait de rester auprès de Kaede dont la quiétude l'apaisait. Son attention demeurait souvent tournée vers le puits dévoreur d'os, une vieille habitude dont il n'arrivait pas à se défaire. Un changement majeur pourtant fut la présence de Rin. Inuyasha ne l'avait appris qu'à son retour, la petite fille vivait à présent avec Kaede et apprenait d'elle. Il avait toujours été curieux à son sujet. Comment une humaine, et de surcroît une enfant, avait réussi à apprivoiser son frère ? Apprivoiser était sans doute un mot un peu fort mais cela y ressemblait. Il pensait qu'il aurait du mal à s'habituer à sa présence, il avait toujours eu du mal à s'acclimater aux changements, mais à son grand étonnement il fut vite à l'aise en présence de la jeune fille et de ses attitudes si joyeuses. Elle lui rappelait un peu Kagome et sa manière si naïve de vivre.
Inuyasha aidait parfois Shippô et Kohaku dans leurs entraînements. C'était sa manière de les aider dans leurs objectifs personnels. Il pensait d'ailleurs que c'était une bonne chose. Mais pour lui, quel objectif pouvait-il avoir maintenant ? Il arrêta de se poser la question quand il s'aperçut une nuit qu'il était allé jusque dans le puits pour réfléchir. La meilleure chose pour lui était de vivre simplement, ou du moins essayer. Il ferait alors ce qu'il savait faire de mieux : chasser et tuer des démons.
Il fut heureux du mariage de ses amis et terrifié d'apprendre la première grossesse de Sango. Miroku devenir père était presque une hérésie à ses oreilles. Pourtant, il devait avouer que le moine s'en sortait bien, il était une figure paternelle aimante et protectrice. Inuyasha se prit même à se demander si Toga aurait été ce genre de père s'il n'avait perdu la vie si prématurément. Et il devait l'avouer, il s'était pris d'affection pour leurs enfants, même s'il pensait que les jumelles étaient toutefois terrifiantes. Inuyasha se demandait souvent de qui elles tenaient le plus.
Et un jour, sans qu'il ne le prédît et alors que cela faisait bien longtemps qu'il avait cessé d'y songer, il la sentit. Il sentit son odeur dans ce lieu si spécial qui avait noué leur relation à tant de reprises. Kagome était là. Kagome était revenue pour lui.
Malgré la distance et le temps de leur séparation, ils se retrouvèrent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Ils apprirent à vivre ensemble et à se connaître comme deux amants et Inuyasha devint le plus heureux des hommes car auprès de Kagome il était vivant.
Cela faisait à présent un an que Kagome avait choisi l'époque sengoku et qu'elle avait fait le choix de l'amour et de l'amitié. Même si retrouver Inuyasha était ce qu'elle avait le plus au monde désiré et qu'elle ne regrettait pas sa décision, elle éprouvait parfois une grande tristesse à contempler ce puits qui la séparait de sa famille et qu'elle ne pouvait plus emprunter. Elle n'en parlait pas souvent, ou peut-être seulement dans l'intimité avec Inuyasha, mais ses amis voyaient que cachés derrière ses sourires une nostalgie existait.
Un équilibre avait finalement été trouvé. Kagome prenait son rôle de miko très à cœur et appréciait d'apprendre aux côtés de Kaede. Miroku et Inuyasha continuaient de remplir des missions d'extermination, parfois Sango se libérait de ses contraintes maternelles pour partir avec eux et parfois Kagome y trouvant une bonne occasion d'exercer ses pouvoirs spirituels les rejoignaient. Dans ces moments, un sentiment heureux de nostalgie les prenait.
Ce n'étaient jamais des missions difficiles, certains pouvaient leur donner du fil à retordre mais rarement c'étaient des missions inaccessibles. En tout cas, rien ne pouvait se comparer avec ce qu'ils avaient vécu face à Naraku.
Depuis leur victoire, ils savouraient des moments d'accalmie, comme si les démons devaient aussi récupérer de la défaite de Naraku. C'était d'ailleurs une théorie de Miroku, que partageait Kaede, Naraku et sa puissance démoniaque avaient eu un monopole pendant de longues années, beaucoup de bas démons s'étaient alliés à lui et beaucoup furent abattus, beaucoup d'autres avaient eu peur et s'étaient cachés ou avaient fui.
Kagome savait qu'Inuyasha se languissait parfois de ces grandes batailles qu'ils avaient mené. Elle savait qu'il ne le dirait jamais, car, plus que les autres, il était conscient de ce qui avait été perdu à cause de Naraku et de ce qu'ils avaient gagné à la fin. Pour autant, elle savait que ce calme et cette vie de villageois lui pesaient parfois. Elle savait aussi qu'il n'était pas prêt à avoir une vie à l'image de Miroku et Sango, ce qui la soulageait car elle non plus, ne se sentait pas prête à franchir cette nouvelle étape de la vie. Dire qu'elle n'avait pas été surprise de voir trois jeunes enfants dans leurs bras quand ils vinrent l'accueillir aurait été un mensonge. Elle était bien évidemment consciente que les moeurs de son époque étaient totalement différentes de celle-ci et qu'il n'y avait absolument rien d'étonnant à ce qu'une jeune femme d'un peu plus de 20 ans comme Sango soit déjà mère de plusieurs enfants, mais elle fut malgré tout surprise. C'était aussi la preuve que le temps avait passé et surtout, qu'ils avaient gagné la chance de vivre une vie normale.
Sango lui avait demandé, un jour où elles étaient seules, si elle avait songé à avoir des enfants avec Inuyasha. Kagome avait rougit, disant que ce n'était vraiment pas un projet à court terme et qu'elle voulait profiter du moindre instant avec lui. Après tout, ils avaient été séparés trois longues années et avant cela, pendant tout le temps qu'ils avaient passé ensemble et malgré leurs sentiments réciproques il ne s'était pas passé beaucoup de choses. Elle appréciait de découvrir la vie de couple aux côtés de celui qu'elle avait tant désiré.
Ils avaient emménagé dans une hutte un peu en retrait par rapport à celle de Miroku et Sango et celle de Kaede et se découvraient et se re-découvraient dans un cycle perpétuel. Quand elle y pensait, beaucoup de choses l'avaient en réalité surprise lorsqu'elle revint.
Lorsque Kagome revint, elle fut étonnée de voir à quel point Shippô et Kohaku avaient grandi. Tous deux s'entraînaient beaucoup, l'un pour devenir un puissant démon et l'autre un puissant guerrier. Ils s'absentaient parfois, chacun suivant un entraînement spécifique. Mais ils revenaient toujours. Tous, revenaient au village qui devint un point d'ancrage dans leur vie. Leur lieu de retrouvaille, où ils pouvaient se réunir autour d'un grand dîner dans la maison de Sango et Miroku.
Un autre changement auquel elle ne s'attendait pas fut la présence de la jeune protégée de Sesshômaru. Kagome en avait été étonnée, connaissant l'attachement de Rin au démon. Et plus encore, elle avait été étonnée d'apprendre que Sesshômaru revint régulièrement au village pour voir Rin, qui vivait à présent avec Kaede qui l'avait prise sous son aile. Le mépris du démon envers la race humaine n'avait pourtant pas changé, seule Rin faisait exception. Une exception qui confirme la règle, une faille dans les principes de fer de Sesshômaru. Inuyasha pensait qu'il n'en restait pas moins un être supérieur et méprisable mais Kagome était persuadée, bien qu'il ne changerait sans doute jamais, qu'il avait appris à respecter la force et le courage de certains humains. Les combats menés contre Naraku en étaient la preuve.
Sesshômaru n'était de toute façon pas quelqu'un de simple à comprendre, ou du moins, seule Rin semblait être en mesure de deviner ses intentions.
Sango lui avait raconté à quel point elle ressentit durement la séparation avec le frère d'Inuyasha et comment une nuit, alors qu'elle s'était réveillée d'un cauchemar, elle avait quitté précipitamment la hutte de Kaede. La miko n'avait pu la rattraper et avait accouru chercher de l'aide chez eux, Sango était enceinte d'à peine quelques mois. Inuyasha qui veillait à la cîme d'un arbre avait senti l'aura de la jeune fille s'éloigner du village. Sur le moment, il n'y prêta pas attention, se disant qu'elle rejoignait sans doute Sesshômaru. Pourtant, le vent ne lui amenait aucune trace de Sesshômaru dans les parages, et encore moins dans la direction dans laquelle se dirigeait la petite fille. Du côté du village, il sentit les auras de ses amis se précipiter dans un brouhaha confus et il comprit qu'il y avait un problème. Il sauta d'arbres en arbres et récupéra la petite fille, en pleure, qui réclamait Sesshômaru. Il n'avait jamais été à l'aise avec les pleurs, encore moins ceux des femmes et surtout pas ceux des enfants.
Mais la petite fille lui fit tellement de peine, toute sale de sa marche à travers les bois alors qu'elle n'y voyait pas grand-chose, à peine éclairée par une lune fainéante, et pleurant si fort. Il ne savait pas ce qui l'avait conduit à partir précipitamment mais quelque chose l'avait anéantie pour qu'elle pleurât avec tant de tristesse alors qu'elle était d'ordinaire si pleine de joie. Il vint s'agenouiller devant elle alors qu'elle était tombée et posa sa main sur sa tête, comme pour lui signifier qu'il resterait ici tant qu'elle aurait besoin de pleurer.
Lorsque Sango, Miroku et Kaede les retrouvèrent, Sango la prit dans ses bras et Rin, à force de pleurer, et sans doute trouvant du réconfort, s'endormit ainsi. Kaede avait l'air désemparée de voir l'état dans lequel se trouvait l'enfant. Elle l'avait entendue se débattre dans son sommeil, gémir de douleur, mais jamais elle n'aurait pensé qu'un rêve, aussi mauvais soit-il, puisse avoir autant d'effet sur Rin qui paraissait toujours vivre de manière si joyeuse et insouciante. Sango, tout en la berçant, lui murmurait affectueusement que tout allait bien, qu'elle était en sécurité ici. Miroku s'approcha et posa une main sur l'épaule de sa femme, c'était incroyable de voir à quel point l'instinct maternel de Sango s'était développé dès le début de sa grossesse et comment il se transposait aussi sur Rin et les garçons. Il jeta un coup d'oeil au corps qui continuait de sangloter entre les bras de sa femme. Ils avaient tendance à l'oublier parfois, mais ce n'était encore qu'une enfant.
« Kohaku m'a raconté que des souvenirs reviennent parfois la hanter. Un cauchemar qui lui fait revivre la mort de sa famille et sa propre mort. »
Ils n'avaient su que peu de choses du passé de Rin, en l'occurrence, son passé avant Sesshômaru. Le seul qui en savait un peu était Kohaku. Mais le garçon voulait respecter l'intimité de son amie et sa volonté de ne pas en parler.
« Pauvre enfant, avait murmuré la prêtresse.
- C'est une enfant joyeuse, mais qui renferme au fond d'elle des blessures douloureuses, murmura à son tour Miroku.
- Mais pourquoi souhaitait-elle retrouver Sesshômaru ?
- Ton frère l'a ramenée à la vie et l'a recueillie aussi, bien que cela puisse échapper à notre entendement. Elle devait se sentir en sécurité à ses côtés et en s'éveillant de ce cauchemar elle a dû se sentir seule et chercher la seule personne au monde pouvant lui apporter un sentiment de sécurité.
- C'est stupide. Elle est en sécurité avec nous aussi," répliqua Inuyasha d'un ton plus protecteur qu'il ne l'aurait voulu tout en croisant ses bras.
Miroku sourit alors qu'il lança un nouveau regard en direction de Sango qui continuait de bercer doucement Rin, dont les sanglots s'étaient arrêtés et qui semblait être retournée dans un sommeil plus paisible.
« Je pense qu'elle s'en rendra compte à présent. »
Aucun événement de la sorte ne se reproduisit et Rin s'excusa de sa fuite, presque honteuse de la course poursuite qu'elle avait engagé, ne se rappelant pourtant que de peu de choses. Et comme l'avait dit Miroku, depuis cette nuit, quelque chose avait changé, une confiance était née et Rin s'ouvrit véritablement à eux. Kagome en était certaine, quand elle voyait la jeune fille interagir avec ses amis et même avec Inuyasha, qui pourtant était connu pour être quelqu'un de bourru, un véritable lien s'était créé, une affection réciproque était née.
Sango s'était longtemps sentie coupable de ce qu'elle aurait été prête à faire, croyant sauver Miroku, et avait tout fait pour mettre à l'aise la jeune fille. Elle pensait y être parvenue et Rin prit finalement une place à part entière au sein de leur famille, au sein du groupe et même au sein du village. Elle avait cette faculté à se lier aisément aux autres.
Bien qu'elle fut de plus en plus à l'aise à leurs côtés, s'investissant dans la grossesse de Sango et montrant un réel enthousiasme à la naissance du futur enfant, elle était restée étonnamment formelle avec eux. Cela dura longtemps avant qu'elle ne cède à leurs remarques de laisser tomber les "sama". Kagome en fut d'ailleurs crispée, chaque fois que Rin l'appela de cette manière. Sango avait ri, lui disant que cela lui avait pris plus d'un an avant de convaincre la jeune fille.
Inuyasha, dans l'un de ses bons jours, et ne semblant pas remarquer que Rin était présente, avait dit qu'il fallait plutôt s'estimer heureux qu'après autant de temps à côtoyer "ce salaud de Sesshômaru" elle soit restée si polie et bien élevée. Kagome s'était retenue de lui lancer un osuwari mais Rin avait ri alors la miko n'avait finalement rien fait.
Kagome vint à passer beaucoup de temps avec Rin, elles partageaient le même mentor après tout, en la personne de Kaede. La petite fille qu'elle avait connu était maintenant une jeune fille mais elle avait conservé sa joie et sa simplicité d'enfant. En cela, elle avait beaucoup de points communs avec Shippô avec lequel elle avait noué une profonde relation amicale.
La plupart du temps, Rin demeurait au village. Elle ne s'aventurait dans les alentours qu'en compagnie de Kohaku et Shippô et n'allait plus loin encore que pour voir Sesshômaru. Elle passait alors des après-midi entières aux côtés du frère d'Inuyasha, de Jaken et du dragon et rentrait toujours le sourire aux lèvres et plus heureuse que jamais.
C'était un quotidien étrange, qu'ils s'étaient tous constitués, sans doute en dehors des normes. Mais finalement, ensemble, ils avaient trouvé leur place dans cette nouvelle vie et ensemble, ils feraient face à tout.
Sesshômaru se rendait souvent au village de son demi-frère pour visiter cette jeune humaine qui avait croisé sa route quelques années auparavant.
Quand il l'avait laissée, il savait que c'était la meilleure chose à faire. Une jeune humaine ne pouvait décemment pas continuer à suivre un taiyokaï. Pourtant, lorsqu'il avait croisé les prunelles brunes empreintes d'une tristesse incommensurable il ne put s'empêcher d'atténuer la tristesse de cette humaine en lui promettant de venir la voir. Comme tant de choses qui la concernait, il ne pouvait s'empêcher d'agir en sa faveur.
Ce fut son excuse pendant un temps, il tenait sa promesse uniquement car il savait que c'était la condition pour que la petite fille demeure dans ce village d'humains. En vérité, il continuait de s'y rendre car son absence parmi eux était comme une nostalgie languissante que Sesshômaru méprisait de ressentir. Lui, tout comme Jaken et le dragon s'étaient habitués à cette présence humaine parmi eux.
Mais c'était toujours mieux d'admettre qu'il venait voir l'humaine pour elle que pour lui.
Il avait beau nier l'évidence, c'était tout de même une réalité pour tous qu'il tenait à Rin. Il l'avait démontré mainte fois au cours de leurs altercations contre Naraku, même si le pourquoi échappait vraisemblablement à tous et à Sesshômaru le premier.
Il venait très rarement jusqu'au village car même s'il avait accepté Rin l'humaine il méprisait toujours la plupart des individus de son espèce qu'il considérait comme insignifiante. Mais il lui était arrivé d'aller jusqu'à la hutte de la vieille miko, toujours très tôt le matin ou tard le soir pour éviter de croiser l'un de ces villageois répugnants.
Sesshômaru était en réalité quelqu'un de curieux et il était curieux de savoir comment Rin vivait, comment elle s'intégrait parmi ces humains alors qu'elle avait passé les derniers mois de sa vie avec lui, Jaken et AhUn.
Il voulait aussi savoir comment elle était traitée, elle qui avait été maltraitée dans son dernier village, avant qu'il ne la ressuscitât. Une vérité qu'il avait toujours voulu occulter était que c'était en partie grâce à cette jeune humaine qu'il avait pu s'octroyer un nouveau pouvoir car c'était grâce à elle qu'il avait pu découvrir le secret de tenseiga, l'héritage de son père.
Il vit ainsi, au fil des mois, qu'elle se familiarisait plutôt bien à cette nouvelle vie et à ces nouveaux compagnons. Et il en fut presque déçu. Pourtant, il n'aurait pas dû en être étonné, Rin avait cette aisance à se lier aux autres, qu'importe qu'ils fussent humains ou démons, jeunes ou âgés, ces notions n'avaient que peu d'importance pour elle. Rin aimait, simplement.
Elle les rejoignait souvent l'après-midi et elle passait alors des heures à parler et à raconter ce qu'elle faisait de ces journées et la vie au village. Elle racontait ce que lui apprenait la vieille miko, les missions d'extermination dont s'occupaient Miroku et Inuyasha, les enfants qui grandissaient si vite. Jaken faisait toujours mille et une remarques qui faisaient rire la jeune fille et Sesshômaru écoutait.
C'était un quotidien étrange, mais Sesshômaru pensait que profiter de cette quiétude n'était pas un mal. Et finalement, cela ne lui déplaisait pas.
