Le silence planait sur la ville de Libério, désormais plongée dans les noirceurs de la nuit. Les lumières des lampadaires étaient bien sûr visibles, mais les rues étaient quasiment désertes. Les rares personnes présentes se déplaçaient le plus rapidement possible pour regagner leur domicile et ne pas se faire prendre au non-respect du couvre-feu.
Dans une petite chambre peu meublée, un jeune homme aux longs cheveux bruns fixait la pénombre de sa chambre, le regard vide. Eren ne pouvait trouver le sommeil. Une autre journée passée à Mahr déguisé. Et il devait avouer que la solitude lui pesait.
Il y avait des personnes fort aimables dans la faculté. Et ce jeune garçon, Falco, qu'il avait rencontré dans l'après-midi.
Mais il s'interdisait de créer le moindre lien avec ces gens, gardant les conversations les plus neutres et courtes possibles. Cela ne pourrait que compromettre sa mission.
C'était la première fois qu'il restait éloigné d'Armin et Mikasa aussi longtemps. Ils lui manquaient terriblement. Mikasa en particulier, vu comment leur dernier moment seuls s'était fini. Il se remémora sa dernière conversation avec Mikasa, la veille de son départ. Rien que le souvenir ravivait un sentiment de frustration en lui.
Que suis-je pour toi?
Tu es...de ma famille.
Il ne pouvait juste pas digérer sa réponse. Oser lui dire qu'il n'était que sa famille ; quand ils n'avaient fait que se tourner autour maladroitement ces deux dernières années. Il aurait tellement voulu entendre l'autre réponse, celle qui l'aurait poussé à prendre une autre direction que celle qu'il avait choisie.
Hélas, le vieil homme les avait interrompus et c'était trop tard. Mikasa l'avait rejeté et il ne pouvait que poursuivre sa voie.
Quelle ironie. Elle qui était toujours restée à ses côtés si loyalement, l'avait repoussé sans ménagement. Ce n'était pas franchement agréable, il ressentait encore cette douleur dans son cœur.
Avec tout ce qui se passait dans sa tête, les flashbacks des précédents hôtes du Titan assaillant en boucle, les futurs alternatifs qui avaient petit à petit pris d'assaut ses rêves. Depuis quatre bonnes années, il sentait bien que son état mental ne faisait qu'empirer.
Aimer Mikasa restait la seule chose qu'il arrivait encore à faire.
Une furieuse envie de l'avoir à ses côtés le prit, là tout de suite. Il ferma les yeux et imagina Mikasa.
Elle serait allongée à côté de lui, le fixant de ses yeux en apparence peu expressifs mais emplis de tendresse pour lui. Quoi d'autre...elle aurait sans doute encore son écharpe autour du cou. Non...il ne l'avait plus vue dormir avec, depuis bien longtemps.
Et sans doute vêtue d'une longue robe de chambre simple blanche, modeste. Elle était de nature pudique, ce serait bien son genre.
"Eren, tu devrais dormir", elle lui dirait de sa voix calme, douce et si apaisante. Et lui, tout énamouré qu'il est, serait en train de fixer ses lèvres rosées et de se pencher vers elle pour-
Il se it une gifle. Putain. Qu'est-ce qu'il était en train de faire. Arrête de te faire du mal Eren elle ne veut pas de toi.
Mais il était déjà bien excité; la preuve au niveau de son entrejambe qui pointait durement. Son emprise sur lui était décidément trop forte. A croire qu'il n'était qu'un pauvre adolescent guidé par ses pulsions. Autant aller jusqu'au bout.
Il libéra son sexe de son pantalon, le massa rapidement et poursuivit son « rêve ».
Ils étaient désormais en train de s'embrasser; il la serrait contre lui, réduisant la distance physique entre eux. Les mains de Mikasa s'accrochaient à ses épaules larges, pendant que lui essayait de déboutonner sa robe. Il y parvint et rompit l'échange buccal pour l'admirer et graver la vision dans sa mémoire. Il ne l'avait jamais vue ainsi, mais il savait qu'elle devait être juste magnifique.
Il se figurait assez facilement la pâleur de sa peau, les rondeurs qu'il avait déjà eu l'occasion de sentir lors de leurs rares étreintes. Et les muscles taillés par l'entraînement qu'il avait tant admiré et jalousé dans le passé.
Ses mains accélérèrent en rythme; imaginant désormais le poids de son corps nu contre le sien. Sa peau si douce contre la sienne. Sa poitrine ronde et ferme, pressée contre la sienne. Leurs langues bataillaient fougueusement et, de ses mains, il explorait toutes les parcelles de peau, dessinait toutes les courbes de son corps. Et elle l'encourageait silencieusement en le serrant contre elle, sans doute en train d'enfouir son visage dans son épaule.
"Mikasa…" il grogna dans un souffle.
La Mikasa de son rêve venait désormais de prendre en bouche son membre tendu, et le regardait dans les yeux. Elle imprima un mouvement de vas et viens, jouant de sa langue avec art. Et il passait une main dans ses cheveux pour l'aider à aller plus vite. Quelle sensation jouissive: aucune chance qu'elle ne soit particulièrement douée même dans ce genre d'activités.
Il continuait de répéter son nom en boucle alors qu'il s'imaginait en plein ébats avec elle. Elle le chevauchait avec ardeur, émettant des bruits discrets. Mikasa n'était pas du genre éloquent; aucune chance qu'elle le soit plus au lit.
Elle essaierait de prononcer son nom et lui ne ferait que la tenir par les hanches et la laisser dominer. Être en Mikasa devait être l'extase pur. Il voulait tellement la voir prendre son pied à cause de lui. Si seulement…
Il en versait presque des larmes de frustration alors que son orgasme le frappa, le liquide s'écoulant sur sa main et ses draps.
"Mikasa…!"
Seul le silence de sa chambre lui répondit en retour. Il retomba sur son oreiller, épuisé et sans doute plus frustré qu'avant son «rêve». Vivement que ce cauchemar se termine.
