L'AVEU DE QUEUDVER

Résumé : OS. Peter sait qu'il a commis une erreur en devenant un Mangemort. Il décide d'en parler à la seule personne qui pourra l'aider : son ami James Potter. Mais sa réaction n'est pas réellement celle à laquelle il s'attendait.

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N/A : Bienvenue à vous sur cet OS !

Avant de vous laisser le lire, je voulais simplement préciser que l'histoire est née de deux petites choses qui se sont produites presque en même temps :

1) J'ai eu une conversation avec NemoBuck qui me disait que les Maraudeurs avaient chacun leur personnalité et leur façon de réagir à des annonces fracassantes. De là est partie ma propre réflexion sur la réaction de mon adoré James, si Peter était venu lui dire qu'il était un Mangemort.

2) Un défi a été posté sur le groupe Discord "Harry Potter dans l'âme", qui est un super groupe pour ceux qui souhaitent y faire un tour. Le défi est d'écrire sur les Maraudeurs, en faisant de l'un d'eux un personnage principal.

J'ai choisi d'écrire sur Peter Pettigrow, parce qu'il est, selon moi, l'un des plus incompris. C'est aussi le moins apprécié, ce que l'on peut comprendre. Pourtant, je suis persuadée qu'il n'était pas si mauvais, au fond de lui, il a simplement eu peur. Cet OS c'est, pour moi, ce qui aurait pu se passer si Peter avait eu, rien qu'un instant, un courage de Gryffondor et avait avoué la vérité.

Je vous présente donc ce « petit » OS sur Peter (qui fait quand même 20 000 mots !). Il n'a aucune vocation à devenir une histoire longue, vous le comprendrez en le lisant jusqu'au bout. C'était simplement, pour moi, le moyen d'écrire quelque chose d'un peu différent.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, j'ai trois autres histoires en cours : Pour l'amour d'un filleul (Sirius retrouve Harry après s'être enfui d'Azkaban et décide de ne plus l'abandonner) Le Refuge (Harry se transforme en Animagus et se retrouve dans la Salle Commune des Serpentard) et le Don d'un Maraudeur (James Potter est un voyant et il va essayer de changer le funeste destin qui l'attend). J'ai également un OS sur le couple Harry/George Un rouquin d'espoir.

Pour ceux qui me connaissent, merci de me suivre ici également. Je sais que vous attendez la suite des autres histoires et elles viennent, je vous promets que ces histoires auront leur point final. Mais entre des problèmes personnels et un manque cruel de temps, je n'ai pas pu écrire la suite. Cet OS m'a aussi permis de faire une pause sur les autres histoires qui, certes, sont mes bébés, mais me prennent énormément d'énergie.

Courrez également voir les fictions de NemoBuck et AliceCullen0027 qui sont géniales. Merci les filles de me soutenir à chaque projet !

Pour ceux qui aiment les fonds musicaux, je vous conseille d'écouter Jugement Day de Stealth sur laquelle j'ai écrit cet OS.

Bonne lecture à tous !


Janvier 1981.

Peter resta planté devant la maison des Potter sans arriver à bouger. La cloche de l'église retentissait et chaque coup était comme un sort qu'on lui envoyait en pleine poitrine et qui l'empêchait de faire le moindre mouvement.

Il resserra sa cape autour de son corps. Le vent glacé de janvier faisait flancher les peupliers du parc, attenant à la maison. La neige commençait à fondre et le sol était recouvert d'une espèce de boue grise difforme et visqueuse. Peter avait toujours détesté l'hiver et la neige, mais pourtant, il n'y prêtait aucune attention à ce moment précis. Il était même prêt à rester à l'extérieur pour ne pas avoir à frapper à la porte en bois face à lui.

Parce que Peter était complètement terrifié. Il avait l'impression que les cloches qui tintaient sonnaient la fin de sa vie. Le jour où il allait mourir. Parce que c'était tout ce qu'il méritait pour ce qu'il avait fait. Il s'attendait à mourir aujourd'hui et il n'en aurait voulu à personne. Parce qu'il s'était embarqué là-dedans seul. Il ne méritait pas la clémence. Il méritait de mourir.

Peter prit une grande inspiration, un peu tremblante. Il fit un pas en direction de la maison des Potter.

Son cœur se mit à battre encore plus fort, plus vite, bien trop rapidement. Peter avait l'impression qu'il allait s'effondrer, qu'il manquait d'air, que son cœur allait le lâcher s'il faisait un pas de plus.

Il ne pouvait pas faire ça ! Il était complètement fou ! Il ne voulait pas mourir, pas maintenant...

Il ne savait pas quoi faire, mais il ne pouvait tout simplement pas avancer comme ça. Il ne pouvait pas aller là-bas, il ne pouvait pas dire la vérité...

Ses amis allaient le haïr et il se retrouverait tout seul, comme il l'avait toujours été avant de les connaître.

Cela le condamnerait à mort. Si ce n'était pas ses amis, ce seraient les disciples de Voldemort qui se chargeraient de le faire souffrir, avant de l'achever. Peter savait comment ça se passait pour les traitres. Dans les deux camps, il était fini.

Peter ne voulait pas mourir.

Alors, il tourna les talons, prêt à transplaner dans son appartement et à se saouler pour oublier sa trahison et ce qu'il avait fait.

– Peter ?

Peter se figea dans l'allée et se retourna très lentement pour voir James Potter, accoudé contre la porte d'entrée de sa maison. Il avait son éternel sourire heureux, ses cheveux encore plus en bataille que la dernière qu'il l'avait vu et une grosse tache de nourriture sur la cape, ce qui ne semblait pas le déranger le moins du monde.

Peter ne put s'empêcher de penser que, si Sirius avait vu ça, il aurait été fou de voir la cape à vingt gallions de James tâchée.

– Tu t'en va déjà ? s'amusa James en le fixant avec ses yeux noisette, surmontés d'une paire de lunettes rondes.

– Je ne voulais pas te déranger, réussit à dire Peter.

Il avait l'impression d'avoir avalé un bout de parchemin et il osait à peine regarder son meilleur ami. Comme si le simple fait de croiser son regard ferait que James comprendrait ce qu'il avait fait. Comme si sa trahison était écrite sur lui...

Peter se rendit compte qu'il n'avait pas peur... Il était complètement terrorisé.

Il ne savait pas si James pouvait le sentir, alors qu'il transpirait l'affolement, mais son ami avait toujours eu du mal à voir plus loin que le bout de son balai.

Peter n'avait qu'une envie : s'enfuir en courant pour ne plus jamais avoir à affronter les yeux noisette de James.

Parce que James était toujours plein de vie. Il était drôle, charmant et amusant. Il ne s'énervait jamais et c'était sans doute le pire. Peter savait que, s'il en parlait à Sirius, ce dernier hurlerait, le frapperait, sans doute. Remus en resterait pétrifié, sortant en trombe de la pièce pour ne justement pas le frapper.

Mais James... James avait la capacité de vous faire sentir tout petit. Il avait la capacité, en vous regardant, de vous faire sentir coupable. Les yeux noisette qui se plissaient, qui regardaient la personne avec déception… C'était sans doute la pire punition qu'une personne pouvait avoir. Car, quand James vous regardait comme ça, une seule pensée vous traversait l'esprit : la honte. Et elle ne disparaissait jamais vraiment. Car pour décevoir James Potter, il fallait avoir fait quelque chose de grave.

Peter l'avait vu faire quelque fois. Il savait à quoi s'attendre. Il savait que les yeux de la déception allaient se poser sur lui. Mais entre ça et mourir de la main de Sirius, ce qui l'enverrait à coup sûr à Azkaban, par sa faute, il prenait la déception. Même si l'idée que James pose un tel regard de dégoût sur lui suffisait à faire palpiter son cœur.

– Tu ne déranges jamais Queudver, affirma James sans se départir de son sourire. Du coup, tu veux entrer ou tu préfères rester dehors ? Je te jetterai des bouts de gruyère d'ici, si tu veux.

Peter grimaça un sourire assez peu convaincant. C'était une blague habituelle entre eux. Son Animagus étant un rat, il ne comptait plus le nombre de fois où les garçons glissaient des morceaux de fromage sur son passage. Mais Peter était fier de dire qu'il mangeait proprement.

Sirius, lui, avait la fâcheuse habitude de déchiqueter les os qu'ils lui laissaient dans son lit, comme s'il n'avait pas mangé depuis des jours. Peter ne comprenait pas comment quelqu'un d'aussi distingué que Sirius Black pouvait devenir si grossier quand il était sous sa forme canine.

Les cloches de l'église arrêtent de tinter et il perçut cela comme un signe, un encouragement à avancer, à se confesser.

– Je crois que je vais entrer, dit alors Peter, la pensée qu'il signait son arrêt de mort lui traversant l'esprit.

– Sage décision, approuva James en lui tournant le dos pour retourner dans le salon. Bienvenue chez nous. Installe-toi, Queudver. Fais comme chez toi. Prends un verre de quelque chose. Dis bonjour à Harry, qui dort, mais qui vient juste de jeter son repas sur ma cape. Tu veux des chaussons ? Lily m'a fait acheter ces petites choses moldues et c'est vraiment très confortable. Tu sais qu'ils font des modèles en forme d'animaux ? Regarde ! J'ai acheté des chaussons biches pour Lily, c'est drôle, non ? Bon, raconte-moi ce qui t'amène pour me voir, termina-t-il en s'installant dans un fauteuil, posant sa tête entre ses mains et en l'observant avec attention.

Peter était habitué au flot de paroles de James. Il le connaissait depuis dix ans, à présent. C'était si courant que James parte dans de grands discours enflammés que les Maraudeurs s'amusaient à compter le nombre de minutes qu'il pouvait tenir en faisant un monologue.

Il se souvenait de cette nuit, au Manoir Potter, entre leur cinquième et leur sixième année, où James avait parlé de Lily pendant quarante-sept minutes sans s'arrêter. Peter était persuadé qu'il n'oublierait jamais cette soirée. Le fou-rire de Sirius, les petits toussotements de Remus pour l'arrêter... Sans succès.

James avait continué de parler, encore et encore. Tout y était passé : les cheveux roux de Lily, son talent pour les sortilèges, la façon dont elle avait rigolé à l'une de ses blagues au cours de l'année, sa peau parfaite... Peter n'avait même pas pensé qu'il soit humainement possible de parler des cheveux d'une fille pendant autant de temps, de trouver autant d'adjectif et de comparatifs.

Il avait mis fin au calvaire de tout le monde en se transformant en rat pour se glisser contre le flanc de James et l'interrompre en lui faisant des chatouilles.

Peter gardait un souvenir amer de cette soirée. Parce qu'il était heureux et innocent à ce moment-là. Jamais il n'aurait pensé que la sortie de Poudlard aurait pu changer sa vie à ce point. Il n'était plus le même que ce Queudver rieur. Finie l'insouciance, les rires et la joie d'être ensemble.

À ce moment précis, Peter ne ressentait que de la honte et de la peur. Un lâche. C'était tout ce qu'il était.

– Je ne... Je... Je passais par-là, balbutia Peter en rougissant.

James avait la capacité, en regardant une personne, de lui montrer qu'elle était intéressante. Il écoutait toujours les autres avec attention, comme si l'autre personne était géniale, alors que c'était James qui était incroyable.

Pourtant, Peter aurait préféré que ce regard ne lui soit pas destiné. Il voulait s'enterrer dans un trou de rat et ne plus jamais en sortir.

Il détourna le regard et se dirigea d'un pas plus assuré vers le petit berceau dans lequel dormait Harry.

Il semblait très apaisé et il dormait profondément, empêchant Peter de croiser ses deux grands yeux verts, si semblables à ceux de Lily.

Peter n'avait aucun mal à imaginer Harry lançant de la nourriture à James, si elle ne lui convenait pas. Ce petit n'avait peut-être que six mois, mais il avait déjà son petit caractère.

– Lily n'est pas là ? s'enquit Peter, étonné de ne pas la voir débarquer dans le salon pour lui proposer un chocolat chaud comme elle le faisait à chaque fois.

Il devait avouer qu'il avait peur que la rousse ne sorte de nulle part et ne l'attaque, ayant compris ce qu'il avait fait et le tuant dès qu'elle en aurait l'occasion. S'il avait peur de la réaction de James, il était mortifié à l'idée de voir celle de Lily. Parce que la sorcière était redoutable et que, si elle voulait le faire souffrir avant de le tuer, elle le ferait sans hésiter.

– Non, je suis célibataire ce matin, ironisa James en étendant ses jambes sur la table basse du salon.

Il fit un mouvement de baguette pour faire balancer le lit de Harry, dans l'espoir de le bercer et qu'il continue sa sieste, avant d'attirer des tasses et une théière sur la table.

Peter était toujours impressionné par la dextérité avec laquelle James utilisait sa baguette.

Lui devait se concentrer à chaque fois pour lancer un sortilège et ne pouvait presque pas lancer d'informulés sans suer à grosses gouttes.

C'était sans doute pour cela qu'il était un lâche qui avait préféré choisir le camp de Voldemort. Parce qu'il savait que, sur un champ de bataille, il n'avait aucune chance. Tout le monde le savait, en réalité. Les membres de l'Ordre l'avaient toujours pris pour un Veracrasse.

– Thé ? proposa James.

– Euh oui, merci, répondit Peter en tentant de masquer son soulagement à l'idée que Lily ne soit pas là.

Lily Potter avait toujours été adorable avec lui, même quand elle ne sortait pas avec James et qu'elle haïssait les Maraudeurs. Elle s'efforçait toujours de l'aider quand il en avait besoin. Elle était toujours la première à prendre de ses nouvelles, à lui demander s'il allait bien, à lui cuisiner des bons petits plats pour qu'il ne meurt pas de faim, à lui sourire...

Il savait que, depuis quelques semaines, Lily cherchait à le faire parler, car elle avait senti que quelque chose n'allait pas. Mais voilà, Peter ne pouvait pas se confier à Lily. Il ne pouvait pas lui dire la vérité.

Parce qu'il savait que toute l'attention et l'affection qu'elle semblait avoir pour lui s'arrêteraient au moment même où il prononcerait le mot « Mangemort ».

Lily ne serait pas déçue comme James, mais plutôt blessée et furieuse. Et une Lily blessée était la pire chose qui soit. Ce serait sans doute elle qui l'assassinerait en apprenant ce qu'il avait fait. Car Lily était une personne loyale, la plus Gryffondor de tous. Et si elle apprenait qu'il n'était qu'un lâche, un Mangemort, elle le traiterait comme un ennemi. Lily allait le détruire pour protéger ceux qu'elle aimait.

Dans sa lâcheté de faux Gryffondor, d'imposteur, il se dit qu'il avait une chance incroyable que Lily ne soit pas là. Peut-être que ce serait plus simple cette fois. Peut-être qu'il parviendrait à dire ce qu'il se passait. À avouer la vérité à ses amis.

Car ce n'était pas la première fois que Peter allait chez les Potter pour tenter de leur expliquer la situation, pour leur dire la vérité. Combien de fois était-il parti de son appartement en pensant que c'était la dernière fois qu'il le voyait, avant de se dégonfler et de rentrer en pleurant à chaudes larmes pour être un tel minable. Un froussard. Un lâche.

Il ne comprenait pas pourquoi le Choixpeau avait décidé de l'envoyer à Gryffondor au lieu de Serpentard. Il était lâche, faible et corrompu... Il ne méritait pas les couleurs rouge et or. Il ne méritait même pas de vivre.

– Et euh... Où est ta femme ? s'enquit Peter d'un ton faussement détaché.

Il ne voulait pas que, s'il commençait à parler de sa situation, Lily débarque. Il voulait être sûr que James et lui étaient seuls pour discuter. Car seul James serait assez calme pour l'écouter jusqu'au bout – du moins il l'espérait.

Il se doutait que James lui en voudrait, lui demanderait de quitter la maison, mais il avait assez de calme pour l'écouter et attendre qu'il ait terminé sa pathétique histoire pour le sortir à coup de sortilèges dans le dos.

– Avec Sirius, marmonna James en levant les yeux au ciel pour montrer son agacement. Ma femme passe plus de temps avec mon meilleur ami qu'avec moi. C'est un comble, non ? Ils sont toujours avec leurs recherches à la noix sur les protections.

– Ça pourrait sauver des vies.

– Je sais ça, dit James. Et c'est bien pour ça que je ne dis rien. Mais ce n'est pas pour ça que je ne peux pas me plaindre.

– Tu t'occupes de Harry, c'est bien, remarqua Peter qui savait à quel point James était attaché à son fils.

– Regarde-moi, je suis tout débraillé ! s'écria James en montrant avec sa main sa cape de travers et les tâches qui la parsemaient.

– Tu es toujours débraillé, opposa Peter avec humour.

James porta une main à son cœur, l'air faussement choqué.

– Je ne te permets pas. Je suis la classe incarnée, dit James en lui tirant puérilement la langue.

– Sirius l'est, contra Peter. Personne ne peut le nier. Et toi tu es un Potter. Regarde ton petit, il est comme toi.

James se pencha sur le berceau et éclata de rire en voyant, qu'effectivement, il y avait une grosse tache de lait sur le pyjama de Harry.

– Merci Queudver. Sans toi, Lily m'aurait incendié pour ne pas avoir nettoyé notre enfant, fit James en agitant sa baguette pour nettoyer le pyjama rouge. Mais si je suis débraillé, que Sirius est la classe incarnée, qu'est-ce qu'est Remus ?

– Remus c'est l'ordre, sourit Peter qui se souvenait de toutes fois où Remus rangeait le dortoir. Et avant que tu ne demandes, je suis la normalité.

James qui avait ouvert la bouche la referma en grommelant contre les rats qui ont réponse à tout. Mais il n'y avait pas besoin d'avoir douze ASPIC pour savoir ce que James Potter allait dire. Tout se voyait sur son visage.

Il avait toujours été le moins bon pour cacher des secrets (à l'exception du fait qu'ils soient Animagus – bien qu'ils avoué la vérité à Lily au bout de deux semaines de relation), il avait toujours montré quand ça n'allait pas, quand il était heureux ou contrarié. Tout le monde pouvait lire en James comme un grimoire ouvert.

Peter aurait aimé être comme ça. Peut-être que, si les autres avaient découvert son secret, il n'en serait pas là. C'était lâche, de penser comme ça, il le savait. Mais il aurait tant voulu qu'un membre de l'Ordre ne lui attrape le bras et ne dévoile sa Marque. Combien de fois s'était-il imaginé le faire lui-même sans y arriver ?

Il se souvenait le jour où il était venu à la réunion de l'Ordre du Phénix après avoir été tatoué. Il avait eu l'impression que tout le monde pouvait voir la Marque à travers sa cape.

Pourtant, personne ne l'avait jamais soupçonné. Personne ne lui avait jamais fait une seule remarque. Il passait inaperçu, un vrai rat qui se faufilait partout, tout comme l'avait espéré le Seigneur des Ténèbres.

Personne ne lui avait relevé la manche, mais il aurait rêvé qu'on le fasse. C'était à la fois terrifiant et tentant, car, dans ce cas, il n'aurait plus eu d'autres choix. On lui aurait imposé sa révélation.

À présent, c'était trop tard. Il devait avouer ou se taire à jamais. Il n'avait plus le choix.

– Tu as l'air préoccupé, remarqua James.

Cela cloua Peter à son fauteuil. Il adorait son ami, mais il n'était pas très perspicace. James avait toujours tendance à penser que tout le monde allait bien, que tout le monde était heureux. C'était Lily qui savait cerner les gens. James, lui, faisait confiance à quiconque lui faisait un sourire dans la rue et lui disait bonjour.

James n'avait même pas vu que Sirius avait le bras cassé après avoir reçu un Cognard de Brian Krikson parce qu'il avait osé dire bonjour à sa petite-amie de l'époque. Il avait fallu que Sirius revienne avec une attelle pour que James comprenne que quelque chose de grave s'était produit et qu'il enclenche les hostilités.

– J'ai quelque chose à te dire, mais ce n'est pas facile, murmura Peter en espérant que James n'ait rien entendu.

– Mon bois est toujours ouvert, répliqua James en fermant les yeux, laissant apparaître ses bois d'Animagus sur le haut de sa tête.

Peter ne put s'empêcher de rigoler en le voyant faire, parce que James cherchait à détendre l'atmosphère. Il avait toujours eu le don pour ça. James n'était pas le meilleur pour les conversations sérieuses, mais il savait écouter, tout en mettant l'autre personne assez à l'aise pour qu'elle se confie.

Par Merlin, que Peter était jaloux de James par moment. Tout semblait lui réussir. Bien sûr, jamais James ne se serait affilié à Lord Voldemort. James avait de l'argent, il était talentueux, il était beau, il avait une femme, une maison et même un bébé !

Tout tombait dans son chaudron sans qu'il ait besoin de bouger la baguette, sans avoir besoin de faire des efforts.

Peter avait dû se battre dès son entrée à Poudlard. Pour se faire accepter dans la bande, pour se faire respecter à Poudlard. Il travaillait jour et nuit pour arriver au niveau moyen de l'élève sorcier, pour devenir Animagus... Il avait tant travaillé alors que James avait réussi en quelques mois. C'était tellement injuste.

Et, pourtant, Peter ne pouvait pas nier que James avait aussi des problèmes. Ses parents étaient décédés il y a seulement quelques mois. Il était menacé de mort. Son fils était en danger de mort à cause de Voldemort. James pouvait tout perdre. Et, malgré tout ça, il gardait le sourire, continuait de faire attention à ses amis, à les protéger et... James était bel et bien parfait.

Lui, n'était qu'une bouse dragon, croisé avec un Veracrasse, bon à jeter aux acromentules de la forêt interdite.

– Pete, tu sais que tu peux tout me dire, dit James plus sérieusement.

– Je... Je ne sais pas comment te le dire.

– Dis-le simplement.

– Tu vas te mettre en colère, murmura Peter qui s'en voulait que sa voix soit si plaintive.

– Tant que tu ne m'annonces pas que les Flèches ont perdu la Coupe de la Ligue je devrais survivre, ironisa James en regardant son poster de son équipe de Quidditch préférée sur l'un des murs du salon.

– Ça n'a rien à voir, James. C'est quelque chose que j'ai fait et... Je regrette.

Peter baissa la tête sous le poids de la honte. Il n'arrivait à rien. Il ferait mieux de repartir chez lui sans rien dire. Tout allait être bien pire qu'avant et il le savait.

Mais il ne pouvait plus continuer. Pas après ce que le Seigneur des Ténèbres lui avait demandé de faire. Jamais il ne pourrait faire ça, même s'il savait qu'il risquait de mourir, il s'en fichait. Il ne pouvait pas s'abaisser à une telle chose !

Peter reconnaissait qu'il avait été attiré par Voldemort, par ses beaux discours, par cette fausse confiance que le mage noir semblait lui avoir accordé. Quand il avait rencontré Voldemort, il avait eu l'impression d'être important, de compter. Quand il rendait ses rapports, Voldemort était fier de lui. Et jamais personne n'avait été fier de lui comme ça. Cela lui avait donné des ailes.

Mais tout s'était gâté quand Voldemort avait été moins fier. Lorsqu'il lui avait révélé son vrai visage : celui d'un homme froid, sans cœur, prêt à tout pour obtenir le pouvoir.

Et Peter avait commencé à paniquer, sans savoir vers qui se tourner, quoi faire. Car il était fait comme un rat... enfermé dans une souricière de laquelle il ne pouvait plus s'enfuir. Piégé.

Mais ce qui le poussait réellement à venir voir James aujourd'hui, ce n'était pas cette désillusion, ce n'était pas cette peur des Doloris, ce n'était pas la crainte que Voldemort ne le tue. Non, c'était la peur que Voldemort lui ordonne de dénoncer ses amis.

Pour le moment, il avait simplement dû donner des informations sur l'Ordre du Phénix. Il savait que Dorcas avait échappé de peu à une attaque, il y a quelques semaines, à cause de lui... Heureusement, elle n'était pas présente le jour où les Mangemorts étaient venus l'attaquer, mais Peter n'en avait pas dormi de la nuit – ni les nuits qui avaient suivies, en réalité.

Et il savait que, dans quelques semaines, le Seigneur des Ténèbres commencerait à s'impatienter. Ce n'était plus assez. Les informations que Peter récoltait ne suffisaient plus. Il devait ramener plus. Et plus signifiait ; soit la localisation des membres de l'Ordre, soit leurs plans d'attaque.

Et bientôt, Peter le savait, il devrait vendre James. Vendre les Potter. Donner leur lieu de vie, risquer qu'ils meurent à cause de lui. Peter ne pouvait pas laisser faire ça.

Car il s'était souvenu, trop tard, que si Voldemort l'avait amadoué pour qu'il s'engage, jamais les Maraudeurs ne lui avaient fait une telle chose. Ils l'avaient aidé. Tous les trois.

Remus, Sirius et James.

Ils avaient été derrière Peter pour s'assurer qu'il s'en sorte, qu'il ne soit pas à la traîne. Ils l'avaient inclus dans leur plan de devenir Animagus. Ils l'avaient traité comme un égal, mais Peter, trop préoccupé par sa propre peur, ne s'en était pas aperçu, il l'avait oublié. Et il se retrouvait dans cette situation à présent.

– Peter ?

– Hein quoi ? fit-il en sursautant.

– Tu es dans les étoiles depuis tout à l'heure, Queudver, observa James avec un froncement de sourcil concerné.

Il ne méritait pas d'être appelé Queudver par l'homme qu'il devait trahir à cause d'un choix stupide qu'il avait fait.

C'est la pensée de ne pas mériter son surnom de Maraudeur qui le fit avouer. Car rien ne pouvait être pire pour lui qu'on lui retire ce titre. Les Maraudeurs lui avaient sauvé la vie, ça avait été une famille, des frères, une union autour de leur projet commun. Il avait aimé cette aventure du plus profond de son être.

Il avait été lâche, mais il avait encore un moyen de montrer qu'il méritait d'être un Maraudeur.

– Je suis un Mangemort, dit Peter en regardant James dans les yeux.

James fixa son meilleur ami, sans sembler comprendre, avant d'éclater de rire.

James avait toujours la même façon de rire, depuis que Peter le connaissait, qui lui ressemblait énormément : toujours dans l'extravagance, pour se faire remarquer. James prenait toujours beaucoup de place, il rejetait sa tête en arrière et riait à gorge déployée, comme s'il n'avait pas peur de montrer qu'il était heureux, comme une provocation ultime qui montrait que James Potter se fichait des autres et que, lorsqu'il riait, il riait. Que personne ne pourrait jamais lui enlever son rire.

Mais à ce moment précis, le rire de James était comme un Avada Kedavra dans le cœur de Peter.

Parce qu'il venait de lui annoncer son pire secret, sa trahison et que James se contentait de trouver ça hilarant.

– Franchement Pete, c'est la meilleure blague de l'année ! assura James en essuyant les larmes qui avaient coulées aux coins de ses yeux.

Il continuait de ricaner et, Peter, qui s'était retrouvé figé face à cette réaction, ne se contrôla pas.

Il releva sa manche gauche, laissant apparaître la Marque des Ténèbres tatouée sur sa peau blanche.

Un crâne avec un serpent qui lui sortait de la bouche.

Noire. Imposante. Terrifiante.

James s'étrangla et arrêta de rire immédiatement. Un silence pesant envahit la pièce, alors que les yeux noisette de James se posaient sur le bras de son meilleur ami.

Peter dut détourner le regard de son propre bras. Il ne pouvait pas regarder la Marque plus longtemps sans avoir envie de vomir. Cette Marque n'était pas seulement la Marque de son asservissement, mais surtout celle de sa trahison. Elle lui rappelait chaque jour ce qu'il était ; un misérable qui ne méritait aucune compassion.

Mais il détourna aussi le regard de James. Parce qu'il ne pouvait pas faire face à ce regard rempli de déception qu'il était sûr de trouver, ce regard blessé, ce regard de trahison...

Peter pouvait comprendre ce que James allait ressentir, il savait qu'il allait le haïr. Mais c'était fait à présent. Il avait révélé son secret et il ressentait un soulagement immense. Comme si, enfin, le dragon qu'il portait sur ses épaules venait de s'envoler. Il se sentait serein.

Il n'attendait qu'une chose : que James dégaine sa baguette et lui demande de sortir de chez lui et de s'éloigner de son fils. Il ne savait pas encore ce qu'il ferait, quand il tournerait définitivement le dos aux Maraudeurs.

Il était trop lâche pour se suicider, mais il ne se voyait pas retourner chez les Mangemorts. Peut-être qu'il attendrait que quelqu'un ne daigne l'achever. Mais il ne voulait pas envoyer l'un de ses amis à Azkaban par sa faute, il ne voulait qu'aucun d'eux ne ressente cette culpabilité d'avoir à tuer quelqu'un.

Mais il avait si peur... Si quelqu'un le tuait, alors il en aurait fini. Alors il n'aurait plus à souffrir. Il n'aurait plus jamais à sentir la brûlure de la Marque, il n'aurait plus à s'agenouiller devant le Seigneur des Ténèbres, à être torturé tous les jours de sa vie... Il n'aurait plus à trahir ses amis.

Oui, peut-être que la solution était simple finalement : il devait rentrer chez lui, attraper les potions de sommeil sans rêve qu'il gardait toujours chez lui et toutes les avaler. Il ne souffrirait plus. Il s'endormirait paisiblement, sans se réveiller.

Ainsi, il mettrait fin à ses souffrances, sans détruire l'un de ses amis. Il ne pouvait pas leur faire ça.

Peut-être qu'il pourrait aussi...

– Désolé de dire ça, je ne veux absolument juger personne Peter, mais cette chose est vraiment affreuse ! s'écria alors James d'une voix sourde sans détacher son regard du bras. Tu as demandé le remboursement, j'espère ! En plus cette chose bouge ! ajouta-il avec dégoût quand il vit le serpent entrer et sortir du crâne. Mais quelle ho-rreur !

– Qu... quoi ? balbutia Peter sous le choc, dévisageant soudain James comme si c'était la première fois qu'il le voyait.

– Tu ne vas pas me dire que tu aimes ce dessin ? demanda James en grimaçant en dégoût et en posant ses yeux noisette dans les siens.

Peter n'y vit aucun signe de déception, aucun signe de colère et cela le mit en rogne encore plus.

– C'est vraiment très laid, enchaîna James qui ne se rendait pas compte que la Pimentine montait au nez de Peter. Il ne pouvait pas choisir un autre animal que son serpent ? Tellement Serpentard comme façon de faire, si tu veux mon avis. Et du coup, comment ça marche ? Tu ressens ses émotions ?

– Tu es complètement fou, souffla Peter en voyant que James l'observait avec attention comme s'il voulait réellement connaître sa réponse. Je viens de te dire que je suis un Mangemort, et toi tu me demandes si je ressens les émotions de Tu-Sais-Qui ?

– Eh bien... oui ? dit James en répondant comme une question, comme s'il ne comprenait pas pourquoi Peter s'énervait. Ça ne t'aurait pas intrigué, toi, si quelqu'un te disait qu'il était un Mangemort ?

– Bien sûr que non ! s'exclama Peter en sautant sur ses pieds et fusillant James du regard.

Par Godric qu'il détestait le fait que James se contente de le regarder comme si de rien n'était, sans montrer aucune colère, aucune pitié, rien.

James le regardait comme s'il était le même qu'il y a quelques minutes, comme s'il ne pouvait pas l'attaquer sauvagement et s'en prendre à son fils. Parce que James lui faisait confiance.

Et Peter était horrifié. James faisait confiance à un Mangemort.

James allait mourir, parce qu'il accordait sa confiance à tout le monde ; parce qu'il ne pensait pas que son meilleur ami ait pu le trahir, parce qu'il ne chassait pas un Mangemort de chez lui alors qu'il était en danger de mort, alors que Harry était menacé.

Comment James pouvait être encore insouciant, aussi confiant, alors que la vie de Peter était ruinée, alors qu'il était brisé ?

– Tu devrais être en colère, me haïr, James ! Tu devrais me chasser de chez toi ! Tu ne peux pas juste poser des questions comme si de rien n'était !

– Bien sûr que si, dit James avec candeur. Je te connais Peter. Tu t'es retrouvé embarqué là-dedans sans le vouloir. Tu ne ferais pas de mal à un Niffleur !

– TU NE ME CONNAIS PLUS JAMES ! hurla soudainement Peter. TU NE SAIS PAS CE QUE C'EST D'ÊTRE UN MANGEMORT !

– Alors explique-moi ! répliqua James avec intérêt, agitant sa baguette sans doute pour envelopper Harry dans une bulle de silence. Tu es mon meilleur ami, Peter, je ne vais pas t'abandonner parce que tu as commis une erreur.

– MAIS CE N'ÉTAIT PAS UNE ERREUR NOM D'UN HIPPOGRIFFE ! continua Peter.

Il avait l'impression que les poteaux de Quidditch étaient enfin libres et que toutes ses émotions pouvaient passer dans les buts, sans gardien pour les arrêter. Toute cette colère, toute cette peur et cette haine qu'il ressentait pouvaient enfin sortir de lui. Il pouvait enfin dire qui il était.

– J'Y AI CRU, JAMES ! J'AI PENSÉ QUE C'ÉTAIT NOTRE SEULE CHANCE ! JE ME SUIS ENGAGÉ DE MON PLEIN GRÉ !

– Et pourtant, tu es là, releva pertinemment James en le fixant avec sympathie. Tu t'es peut-être engagé volontairement, mais tu sais que tu as fait une erreur, donc...

– JE SUIS LÀ UNIQUEMENT PARCE QUE J'AI PEUR JAMES ! J'AI JUSTE PEUR ET TU N'AIDES PAS ! JE SUIS UN LÂCHE ET ON LE SAIT TOUS LES DEUX ! ALORS TUES-MOI ET QU'ON EN FINISSE ! QUE J'EN FINISSE ENFIN ! hurla Peter.

Il sentait les sanglots dans la voix, il ne voyait même plus James avec les larmes qui envahissaient ces petits yeux. Il respirait si fort que sa poitrine se soulevait brusquement, comme s'il venait de tout donner. Il venait de délivrer son âme à James, et ce dernier se contentait de le regarder avec sympathie.

Mais comment James pouvait-il faire ça ? C'était incompréhensible et cela redoubla les pleurs de Peter, incapable de continuer à parler.

Parce que James lui faisait confiance et qu'il ne méritait pas la compréhension d'un homme tel que James Potter. D'un homme droit, qui n'aurait jamais, au grand jamais, trahi l'un de ses amis. Pourtant, il le pardonnait et ne le tuait pas. Ce n'était pas possible. Peter devait être puni !

Il aurait dû aller voir Sirius. Lui aurait réagi normalement, Peter en était persuadé.

– Je ne vais pas te tuer, soupira James en levant les yeux au ciel comme s'il venait de lui dire que les Flèches allaient perdre la Coupe de la Ligue. Je ne voudrais pas tâcher le salon, tu imagines la tête de Lily ?

Peter s'assit brusquement, incapable de tenir debout en entendant le ton amusé de James. Comment pouvait-il faire une blague à ce moment-là ?

Il avait imaginé cette révélation des centaines de fois. Il avait tout imaginé, il avait songé à toutes les choses que pourraient lui faire subir James et les autres.

Mais jamais il n'avait pensé que James ferait comme si tout allait bien ! Peter n'avait qu'une envie : le secouer comme un prunellier pour qu'il se rende compte de l'absurdité de la situation, mais il était bien incapable de bouger.

Il ne pouvait que fixer James comme s'il était fou. Et c'était sans doute le cas : James Potter était fou et cela expliquait sa réaction.

– Mais tu as raison, admit finalement James en haussant les épaules. J'arrête de te poser des questions. Je sors une bouteille et on va boire.

– Boire ? répéta Peter, sous le choc, incapable de crier, incapable de continuer à pleurer, incapable de faire une phrase complète.

S'il n'avait pas connu James, il aurait craint qu'il ne cherche à l'amadouer pour mieux l'assassiner par la suite. Mais James était trop entier, trop Gryffondor, pour monter un tel plan.

James ne faisait aucun mouvement brusque, comme si toute cette situation était parfaitement normale et qu'il ne s'agissait que d'une après-midi comme les autres, avec deux amis qui allaient boire le thé.

– Oui, boire, répéta James en hochant la tête, avant de sourire comme s'il venait d'avoir la meilleure idée de l'année.

James attira d'un geste de la baguette une bouteille vieillotte que Peter connaissait très bien. En réalité, tous les Maraudeurs la connaissait. Il s'agissait de l'une des bouteilles de Fleamont, le père de James, qu'il lui avait léguées aux dix-sept ans de James.

Ces bouteilles, incroyablement chères, ne s'ouvraient qu'en de rares occasions : l'obtention de leur diplôme de Poudlard, l'annonce du mariage de James et Lily, leur entrée dans l'Ordre du Phénix et, enfin, la naissance de Harry.

Ouvrir cette bouteille montrait que James avait mesuré la gravité de la situation, mais qu'il ne voulait pas pour autant le montrer. Cela eut le don de rassurer Peter un petit peu : James n'était pas si fou que ça et il savait que quelque chose n'allait pas. Il savait que cette situation était grave.

– J'appelle les autres et on va trouver un moyen de te sortir de là.

James agita sa baguette et son cerf argenté sautilla autour de la pièce avant de s'envoler en direction des deux autres Maraudeurs.

– Tu ne pouvais pas les contacter par Miroir ? réussit à articuler Peter.

– Trop commun, dit James en haussant les épaules. Allez, bois, tu en as bien besoin !

– Je devrais partir... murmura Peter en baissant la tête. Ils vont me haïr.

– Mais non ! dit James en levant de nouveau les yeux au ciel. N'importe quoi. On est des Maraudeurs ou non ? Tout se passera bien, je serais là pour t'aider. Patmol va sans doute criser, mais tu sais comment il est. C'est un fondant du chaudron. Allez, bois. Ensuite, on va trouver un moyen de te sortir de cette bouse de dragon.

Et, pour la première fois depuis des mois, Peter ressentit quelque chose brûler en lui : la flamme de l'espoir.

.oOo.

La porte d'entrée de la maison s'ouvrit et Peter entendu la voix grave de Sirius et le rire cristallin de Lily. Il aurait préféré que Remus arrive en premier, car il était complètement terrifié. James, lui, était très détendu. Il observait du coin de l'œil Harry, qui continuait de dormir.

Peter avait bu un seul verre. Assez pour se sentir légèrement détendu, mais pas assez pour ne pas ressentir cette peur sourde, cette angoisse qui lui tordait le ventre, lui flanquait la migraine et lui donnait envie de se cacher dans un trou de rat. Parce qu'il sentait cette angoisse, cette terreur en lui, brouillant sa vision, le tendant, le rendant incapable de bouger.

– Tout va bien se passer, murmura James avec assurance.

– James, tu m'as tellement manqué ! s'écria Sirius en arrivant à moitié en courant dans le salon.

– Toi aussi Sirius. C'était si long sans toi. confirma James la bouche en cœur.

– Vous vous êtes vu ce matin, murmura une Lily désabusée.

– Oh. Salut Peter ! Quel plaisir de te voir ! dit Sirius avec joie.

Peter se tourna vers Sirius et lui grimaça un sourire. Il portait sa robe pourpre du Département des Mystères et souriait largement, alors que Lily suivait en soupirant, visiblement éreintée par sa journée.

Elle leur sourit légèrement et ses yeux s'illuminèrent de peur quand elle croisa le regard de Peter. Lily savait parfaitement bien lire les gens et elle avait compris que quelque chose n'allait pas. Son regard se posa sur la table du salon et, quand elle vit la bouteille de Fleamont ouverte, la rousse pâlis dangereusement.

– Qui est mort ? demanda brusquement Lily en portant sa main droite à son cœur.

– Quoi ? Personne n'est mort ! dit James en fronçant les sourcils.

– Alors pourquoi vous avez sorti la bouteille de Fleamont ? demanda Sirius en haussant un sourcil. Ce n'est pas en cas d'urgence, normalement ?

Peter se ratatina sur son fauteuil et baissa le regard au sol. Il ne pouvait plus les regarder. Il ne pouvait pas. Il voulait mourir, être foudroyé à cet instant même. Tout plutôt que les affronter...

– C'était un cas d'urgence, assura James en se levant avec un sourire serein. Peter m'a avoué qu'il était un Mangemort, mais je lui ai dit qu'on allait l'aider. On a juste ouvert la bouteille en vous attendant et... LILY !

Peter sursauta brusquement et se retourna pour voir que Lily Potter avait brandit sa baguette à la vitesse de l'éclair et la pointait sur lui, entre ses deux yeux, toute trace de sourire disparu, comme s'il n'avait jamais eu lieu.

Peter se releva et leva ses mains en signe d'innocence, priant pour qu'elle ne l'attaque pas.

Sirius était sur ses gardes, lui aussi, mais il fixait Peter avec l'air de quelqu'un qui avait pris un coup de massue de troll sur la tête.

– Lâche ta baguette tout de suite ! s'exclama James en s'interposant entre sa femme et Peter.

– Sors de chez moi, siffla Lily en regardant Peter avec uniquement de la haine.

Ses yeux émeraude étaient brûlants d'une rage que Peter avait rarement vue. Ses cheveux roux crépitaient et il savait que, même si James s'interposait, elle n'hésiterait pas à le stupéfixier pour l'atteindre et le tuer.

Car, à ce moment précis, Lily n'était plus la gentille petite préfète, mais un membre de l'Ordre du Phénix, une mère, prête à tout pour protéger sa famille et ce en quoi elle croyait, comme elle l'avait toujours fait.

Peter ne bougea pas, se contentant de fixer Lily et Sirius. Il ne voulait pas faire mine de se défendre. Il voulait leur montrer qu'il acceptait la sentence, quelle qu'elle soit.

– Il rigole, n'est-ce pas, Peter ? murmura Sirius qui semblait ne pas en revenir et qui était habitué aux blagues de James.

Peter ne pouvait plus mentir, alors il baissa la tête, sans pouvoir croiser plus longtemps le regard gris de Sirius.

– Je suis désolé, murmura Peter.

Il n'eut pas le temps de sentir Sirius se précipiter sur lui. Sirius leva son poing et lui asséna un coup sur la joue si violent que Peter tomba sur le sol, complètement sonné.

– MAIS TU ES MALADE ? hurla James en se précipitant entre Peter et Sirius, les bras sur le torse de ce dernier pour l'empêcher de continuer à frapper Peter. TOUT LE MONDE SE CALME !

– Tu es le seul qui n'est pas calme ici, Potter, siffla Lily qui cherchait le bon angle pour lancer un sortilège à Peter. Tu es le traitre, n'est-ce pas ? C'est toi qui donne toutes ces informations à Voldemort ? C'est peut-être même toi qui l'a mené à Harry !

– Non ! cria Peter les larmes aux yeux. Lily, je... Jamais je ne… Il faut que tu me crois, je...

– Je ne ferai jamais confiance à un Mangemort ! cria Lily en plissant les yeux, raffermissant sa prise sur sa baguette. Tu es un traître, c'est tout ce que je vois ! Tu nous as tous trahis ! Nous t'avons ouvert notre maison, nous avons tout donné Peter ! Et toi qu'est-ce que tu fais ? Tu nous trahis de la pire des manières ! Et tu oses venir chez ici comme si de rien n'était ?

– Si tu viens t'en prendre à Harry, dit Sirius dans un grognement presque animal, alors que James continuait, difficilement, de le retenir.

Peter n'avait aucun doute sur le fait que, si James le lâchait, il allait mourir sous les coups de Sirius, tout en subissant les assauts magiques d'une Lily déchaînée par la colère.

– Laissez-le tranquille, tenta James en fixant sa femme avec stupéfaction, visiblement surpris par sa réaction.

– Je veux que tu sortes de chez moi ! hurla Lily sans prêter attention à son mari. SORS DE CHEZ TOI MANGEMORT ! ÉCARTE-TOI DE MON FILS !

– Et qui est-ce qui est calme maintenant ? demanda James avec ironie.

Lily ne lui prêta aucune attention, mais ses mâchoires se serrèrent, comme si elle hésitait entre frapper Peter ou James.

– Je lui ai dit qu'on allait l'aider ! plaida James avec espoir. Il veut s'en sortir et... Il regrette ! Peter s'en veut ! Il est venu nous demander de l'aide, vous ne pouvez pas ne rien faire ! On doit l'écouter !

– Comment tu peux croire un Mangemort ? Comment tu peux croire quelqu'un qui t'a trahi, James ? siffla Sirius qui luttait contre son meilleur ami pour atteindre Peter. Tu es complètement stupide, Potter !

– Stupide ? souffla James d'un ton blessé qui eut le don de calmer immédiatement Sirius.

Lily tourna même son regard vers les deux amis qui se défiaient du regard, surprise de les voir en colère l'un contre l'autre tant c'était rare.

– Moi je suis stupide ? souffla James.

Peter observa Sirius changer totalement quand il comprit qu'il avait blessé son meilleur ami. Tous les deux avaient toujours eu une relation qui ressemblait plus à de la fraternité qu'à une relation amicale.

Peter les avait souvent jalousés, car ils étaient si complices, si proches. Mais il voyait aussi ce qu'une amitié aussi forte pouvait faire. James et Sirius n'existaient pas l'un sans l'autre et tous les deux étaient les seules personnes qui pouvaient mutuellement se blesser. Ils connaissaient les points faibles de l'autre et Sirius avait compris qu'insulter James n'allait avancer à rien, à part lui faire du mal.

– Peter est venu me demander de l'aide. Je vais l'aider. Ça ne fait pas de moi quelqu'un de stupide, dit James d'une voix sourde.

– Et qu'est-ce qui te dit qu'il ne va pas attendre le bon moment pour s'en prendre à Harry ? À Lily ? À toi ?! cria Sirius les larmes aux yeux à l'idée de voir sa famille se faire assassiner. Qui te dit qu'il n'est pas responsable de la mort de tous ceux qu'on connaît ?

– Tu aurais préféré qu'il ne dise rien et qu'il nous trahisse ? demanda James.

– James, tu ne vois pas que c'est un piège !?

– Non, ce n'est pas un piège ! insista James. Enfin, Sirius, tu ne me fais pas confiance ?

– Je te fais confiance, mais je ne lui fais pas confiance à lui ! cria Sirius en désignant Peter toujours au sol.

– Je fais confiance à un Maraudeur, dit simplement James. Je fais confiance à l'un de mes meilleurs amis qui est venu me parler, qui est venu s'excuser, parce qu'il a fait une erreur.

– Ce n'est pas une erreur, James. Il s'est engagé avec Voldemort ! cria Sirius.

– Oui, ce n'est peut-être pas une erreur. C'était un choix. Un mauvais choix, mais si je me souviens bien, toi aussi tu en as fait Sirius, dit James en le fusillant du regard.

Sirius recula d'un pas, comme choqué par la violence de la réponse de James.

– Si c'est pour me parler de Servilus...

– Bien sûr que c'est pour te parler de Rogue ! Enfin, Sirius, tu l'as envoyé dans la Cabane Hurlante un soir de pleine lune ! hurla James. Tu aurais pu le tuer !

– Je n'ai jamais pensé que...

– Non, bien sûr que non, se radoucit James en attrapant Sirius par le bras comme pour lui dire qu'il lui avait pardonné depuis longtemps. Tu as simplement fait un mauvais choix, Sirius. Comme Peter. Et tu sais... Je t'en ai voulu ce jour-là. Et tu sais pourquoi je suis venu te parler le lendemain ?

– Parce que tu es une crème canari et que tu vois le bon en tout le monde, répondit Sirius en reniflant dédaigneusement.

– Non, dit James en secouant la tête. Parce que, quand on a appris ça avec Peter, c'est lui qui m'a dit d'aller te parler. C'est lui qui m'a dit que tu avais fait une erreur. C'est lui qui m'a dit que tu n'allais pas bien et que Rogue t'avait provoqué. Parce que Peter t'a donné une seconde chance alors que tu as failli tuer Rogue. Et que tu dois lui rendre la pareille.

Cela cloua Sirius sur place puisqu'il se retrouva sans avoir rien à dire, fixant alternativement James et Peter.

Mais cela ne radoucit pas Lily qui tenait toujours sa baguette.

– Ça n'a rien à voir ! s'écria la rousse. Sirius avait quinze ans ! Peter en a vingt, James. Et on ne parle pas d'une blague, on parle de s'engager avec Voldemort ! Pourquoi Peter ? Pourquoi tu as fait ça ?

Peter croisa le regard de Lily et il remarqua le changement. Parce qu'elle pleurait. De colère, de peine, de trahison... Tout ce que Peter aurait pu deviner quand il avait décidé de dire la vérité.

– J'avais peur, murmura Peter en soutenant son regard.

– On a tous peur, Peter, siffla Lily en essuyant rageusement ses larmes. On est tous terrifiés. Ma famille est en danger de mort ! Tu crois que je n'ai pas peur moi aussi ? Et est-ce que je vais devenir Mangemort pour autant !?

– Tu ne sais pas ce que c'est, Lily ! cria alors Peter qui se sentait acculé. Je ne suis pas comme vous ! Je ne suis pas aussi talentueux, aussi courageux, aussi intelligent ! Je vais mourir ! Tu crois que je ne vois pas les regards des autres ? Tu crois que je ne sais pas qu'à la fin de chaque réunion de l'Ordre tout le monde se demande comment m'empêcher d'aller au combat parce que je vais être un fardeau pour les autres ? Tu crois que je ne sais pas que, sans vous, je suis mort ? Que je vais mourir parce que je suis un faible, un lâche !? Alors oui, j'ai eu peur et je... Je ne savais plus quoi faire ! Il m'a... Il m'a promis de m'aider... Que tout irait bien et...

La voix de Peter se brisa et il commença à sangloter, même s'il savait que cela ne pourrait faire qu'énerver Lily, il ne pouvait pas s'en empêcher. Il se sentait si mal, si fatigué, si... Il ne pouvait plus lutter. Ils le haïssaient. Il était un minable, c'était tout ce qu'il méritait.

– Lily, laisse-lui une chance de s'expliquer, murmura James à l'adresse de sa femme.

Lily abaissa sa baguette en regardant son mari dans les yeux.

– Je t'aime James. Mais je ne veux pas laisser ce Mangemort près de notre fils.

– Je le sais, répondit James avec douceur. Mais j'ai besoin d'en savoir plus. Je veux écouter ce qu'il a à dire. Sirius ?

Sirius hocha la tête, incapable de parler. Peter savait que s'il parlait, il allait s'énerver et le fait qu'il se taise démontrait qu'il voulait au moins discuter. Cela réussit à le calmer un peu, même si les battements de son cœur étaient toujours désordonnés.

– Vous êtes fous, murmura Lily en secouant la tête.

Elle se dirigea vers Harry sans jeter un regard à Peter, toujours au sol, attrapa son fils et se dirigea vers la cuisine d'où, Peter en était persuadé, elle écouterait leur conversation même si elle prétendait ne rien en avoir à faire.

Elle voulait aussi et surtout s'assurer qu'il ne blesse personne, même si Peter savait qu'il n'aurait aucune chance. Il était trop faible pour combattre l'un d'eux. Cela aurait du suicide de venir ici pour leur faire du mal.

– Je t'aime ma biche, souffla James à sa femme.

– Ne m'amadoue pas Potter. Je suis furieuse, dit Lily même si sa voix avait pris une inflexion plus amusée.

– Elle est folle de moi, murmura James d'un ton conspirateur à Sirius quand la porte de la cuisine se fut refermée sur la rousse et leur fils.

– Il le faut pour t'épouser, Potter, répliqua Sirius.

– Allez, on va boire maintenant !

James tira Sirius par le bras pour l'entraîner dans le salon. Sirius attrapa la bouteille, se versa un verre qu'il but cul sec, comme si cela pouvait lui permettre d'oublier ce qu'il venait de se passer.

Peter se releva et s'installa sur le même fauteuil qu'au moment où il avait dit la vérité à James. Sirius regarda tout dans le salon, sauf Peter, comme si sa simple vue lui donnait envie de le frapper.

James était le seul qui était détendu et il commença à babiller sur les derniers exploits de Harry : son habitude de jeter sa nourriture sur son père ou les premiers pas qu'il commençait à faire.

Sirius et Peter restaient silencieux, mais cela semblait convenir à James qui prenait un malin plaisir à combler le silence. James avait toujours détesté les moments de silence, c'était sans doute de là que venait sa façon de faire des monologues, pour combler les silences.

La cheminée s'illumina de vert et Remus Lupin, le dernier des Maraudeurs fit son apparition. Il avait un petit sourire timide, comme s'il avait peur de déranger alors qu'il avait été invité, mais il se figea en voyant la bouteille de Whiskey pur Feu ouverte sur la table.

– Quelqu'un est mort ? demanda Remus avec inquiétude.

James se releva dans une tentative d'apaisement.

– Écoute Remus, personne n'est mort, mais il s'est passé quelque chose. Je ne veux pas que tu t'énerves, mais...

– Peter est un Mangemort. James a insisté pour qu'on l'écoute avant de l'assassiner pour sa trahison, continua Sirius avec ironie.

– Sirius ! souffla furieusement James en se tournant vers son meilleur ami.

– Quoi ? Je le préviens ! dit Sirius avec une fausse innocence.

– Non, tu veux que Remus s'énerve pour que tu ne sois pas le seul ! fit James d'un ton agacé. Tu crois que je ne te connais pas ?

Peter croisa le regard de Remus. Il y eut un éclat jaune, comme si le loup en lui mourrait d'envie de lui sauter dessus, avant qu'il ne soupire et se s'installe sur un fauteuil, assez éloigné de celui de Peter, mais sans sortir sa baguette.

En réalité, Remus semblait plus abattu par la nouvelle qu'en colère.

– Pourquoi tu as fait ça, Peter ? demanda Remus.

Le ton doux de Remus, presque compatissant, donna envie à Peter de pleurer encore plus. Comme James avant lui, Peter ne se sentait pas légitime à recevoir un tel ton, une telle compassion. Il avait préféré le coup de poing de Sirius parce que c'était la seule réaction normale, parce que ce coup faisait partie de sa rédemption. Il devait payer pour ce qu'il avait fait.

– Tu n'es pas en colère ? s'étonna James qui avait remarqué le manque de réaction de Remus.

– Peter m'a écouté quand je vous ai parlé de ma lycanthropie. Je peux aussi l'écouter, raisonna Remus même s'il semblait plus paniqué par la situation que James et Sirius.

– Tu n'as pas choisi d'être loup-garou, Lunard, dit Sirius en levant les yeux au ciel tant ils avaient eu cette conversation des milliards de fois.

– Je le sais, approuva Remus. Mais je veux écouter Peter avant de me faire mon opinion.

– Prends un verre, proposa James, tu n'as pas l'air en forme.

– Je ne sais pas comment réagir, admit Remus en grimaçant un sourire. Alors j'attends les explications.

– Tu as toujours été le plus sage d'entre nous, admit James en souriant doucement à son ami.

James leur servit à chacun un verre et les quatre garçons le levèrent d'un même mouvement. Parce que, même si Peter était un Mangemort, il y avait des traditions à respecter. Et lever son verre à la santé de Fleamont avant de boire sa bouteille en était une à laquelle personne ici n'aurait dérogé.

– Où est Lily ? s'enquit Remus après avoir vu une gorgée en grimaçant, peu habitué à l'alcool, alors que Sirius vidait déjà son deuxième verre, sans doute pour oublier ce qu'il venait de se passer.

– Dans la cuisine. Sans doute en train de lancer des sorts pour se calmer, ironisa James.

Remus soupira légèrement et fit un mouvement de baguette pour faire apparaître une poche de glace sur les genoux de Peter.

– Pour ta joue, expliqua Remus. Je suppose que Sirius n'était pas aussi calme tout à l'heure.

– Quoi ? Pourquoi est-ce que c'est moi qu'on accuse ? s'horrifia Sirius. Lily ou James auraient pu faire ça !

Remus haussa un sourcil en regardant Sirius avec ironie.

– Si Lily veut faire du mal à quelqu'un, elle lui jette une malédiction. Et James est incapable de frapper quelqu'un.

– Hé ! bouda James. Je vous rappelle que j'ai frappé cet idiot de Stevens en première année quand il s'en prenait à Sirius !

– Oui. Et tu as été à l'infirmerie toute la journée en te plaignant et en disant que ta main était cassée, rappela Remus.

– Je crois qu'il vient de te traiter de chochotte, murmura Sirius en ricanant dans son verre.

– C'est qui la chochotte qui a pleuré quand les Flèches ont perdu la Coupe de la Ligue l'année passée ? répliqua James en fusillant Sirius du regard.

– Ne me rappelle pas ce souvenir, murmura Sirius en fermant les yeux. Je supplie Lily tous les jours pour qu'elle me lance un Oubliettes à ce sujet.

– C'est illégal, rappela Remus.

– Je suis un Animagus non déclaré et Peter est un Mangemort, je crois qu'on n'est plus à ça près concernant l'illégalité, ironisa Sirius avant de se figer et de fusiller Peter du regard. On est des Animagus non déclarés ! Voldemort est au courant qu'on est des Animagus !?

– Non ! Non bien sûr que non ! promit Peter en levant les bras en signe d'innocence. Je ne lui ai jamais dit ça ! On a fait une promesse !

– Bien sûr, tu as aussi promis de t'engager pour l'Ordre du Phénix, espèce de traître, siffla Sirius.

– Sirius, calme-toi sinon on te jette un sort pour te faire taire, soupira James. Peter, comment tu as fait pour ne rien lui dire sur nous ?

– Je suis doué en occlumancie, murmura Peter qui savait que personne ne le croirait.

Pourtant, ses amis se mirent à hocher la tête comme si cela expliquait tout. Comme s'ils savaient déjà que Peter était meilleur en occlumancie qu'eux tous, ce qui était sans doute la vérité. Parce que Peter avait souvent dû cacher son vrai lui pour se faire accepter, pour garder les secrets des autres et que c'était devenu inné pour lui.

– Cela explique que Dumbledore n'ait jamais rien découvert à ton sujet, comprit Remus. Mais comment tu as...

– Comment est-ce que j'ai expliqué que j'étais devenu un Animagus alors que je suis nul en magie ? compléta Peter qui savait parfaitement ce qu'on pensait de lui.

Remus rougit, mais finit par hocher la tête.

– J'ai menti. J'ai dit que je m'entraînais depuis des années et que j'avais réussi il y a seulement quelques mois.

– Et il t'a cru ? dit Sirius en fronçant les sourcils.

– Je suis bon en occlumancie, Sirius, répéta Peter. Écoutez, je... Je suis désolé... Si vous saviez comme je m'en veux...

– Tu as déjà tué quelqu'un ? demanda Sirius.

– Quoi ? Bien sûr que non ! s'écria Peter les yeux écarquillés.

Sirius se détendit soudainement, comme si cette simple perspective le rassurait.

– Je peux faire un Serment Inviolable, proposa Peter en regardant James. Je veux vous expliquez, mais vous ne me croirez jamais, alors...

– On te croit, assura Remus. Tu sais Peter, c'est très courageux de venir nous dire la vérité. Alors, nous t'écoutons.

Sirius se renfrogna, déçu de ne pas être soutenu par son meilleur ami, mais écoutant Peter avec attention.

Et Peter leur révéla tout. Il ne fut pas interrompu une seule fois, même si Sirius émettait des grognements par moments et que Remus se levait pour faire des allers et retours dans le salon.

Peter leur raconta comment des Mangemorts l'avaient approché et comment il s'était laissé convaincre par eux. Comment il avait rencontré Voldemort et était tombé sous le charme. Parce que le Seigneur des Ténèbres savait appâter les gens.

Il leur raconta son intelligence, son moyen de lire à travers vous comme s'il connaissait tous vos plus sombres désirs, cette manière de parler qui faisait qu'on avait envie de l'écouter et de l'aider...

Cette envie d'être remercié par lui, d'être meilleur que les autres pour avoir la chance ultime que le Seigneur des Ténèbres vous regarde, vous voit...

Il leur avoua tout ce qu'il avait donné comme informations sur l'Ordre du Phénix, pendant toute l'année 1980. Rien qui n'ait mené à la mort de membres de l'Ordre, fort heureusement, mais Peter savait que ça ne tarderait pas. L'attaque chez Dorcas était la preuve que les membres de l'Ordre du Phénix n'étaient plus en sécurité et qu'il n'était qu'une question de semaines avant qu'un mort ne soit de sa faute.

Et, ensuite, la décadence. Au moment où il était déjà trop tard, la réalisation que Voldemort n'était qu'un fou, qui torturait ses disciplines, qui instaurait la peur, avait des idées complètement arriérées qui anéantiraient le monde sorcier...

L'incapacité de s'en sortir, la peur. La peur d'échouer, mais aussi la peur de ne pas apporter assez d'informations, d'être torturé, la peur de trahir ses amis...

Et, enfin, la réalisation qu'il devait soit avouer la vérité, soit mourir. Car il ne pouvait plus continuer à faire ça.

– Donc, si je comprends bien, commença Sirius après son explication, tu veux nous faire croire que Voldemort est aussi impressionnant que Dumbledore et qu'il peut être sympathique. Il se fiche de nous les gars. Je propose la torture Black.

Peter eut un mouvement de recul et frissonna en croisant le regard rempli de promesses de Sirius.

James, lui, ricana dans son coin.

– Je croyais que tu ne voulais plus rien avoir à faire avec les Black, remarqua Remus avec ironie.

– Ce n'est pas la même chose, c'est un cas d'extrême urgence, dit Sirius avec toute la mauvaise foi dont il était capable.

– Tu es ridicule, Sirius, ricana James. Combien de sorciers se sont laissés embobiner par Voldemort ? Tu crois que, s'il paraissait aussi fou dès le début, il aurait autant d'adeptes ?

– Bien sûr. Ce sont des fous qui s'engagent avec lui, opposa Sirius en plissant les yeux.

– Tu sais que c'est faux, assura Remus en levant les yeux au ciel. Voldemort sait convaincre, et même Dumbledore le reconnaît. Peter s'est laissé embobiner, comme beaucoup de sorciers avant lui. Tu ne te souviens pas de l'ancien Président-Sorcier du Magenmagot qui était en fait allié avec Voldemort parce qu'il lui avait promis de le faire nommer Ministre de la Magie ?

Sirius grommela une réponse et Peter sourit légèrement à Remus pour le remercier. Il était heureux que lui, au moins, comprenne à quelle point l'influence du Seigneur des Ténèbres était quelque chose de difficile à contrer. Il lui avait tout promis ; la victoire, la puissance, la sécurité. Et il n'avait rien eu de tout ça.

– Et donc, comment tu t'es rendu compte que ce n'était qu'un mégalo avide de pouvoir, complètement fou ? compléta Sirius avec humeur.

– Je... Il a commencé à me torturer quand les informations que je donnais n'étaient pas assez importantes. Et enfin, il...

– Il quoi ? demanda doucement Remus.

– Il m'a demandé de trahir les Potter, murmura Peter et le silence se fut soudain plus pesant. Mais je ne pouvais pas faire ça. James, je... Jamais je n'aurai pu...

– Donc, tu pouvais trahir les autres membres de l'Ordre et pas nous ? Fantastique. On a de la chance qu'il ne t'ait pas demandé de dire où habitaient les Bones ou les Londubat, alors.

– Je...

Peter baissa la tête parce que Sirius avait sans doute raison. Si on lui avait demandé de donner d'autres membres de l'Ordre du Phénix, peut-être qu'il l'aurait fait. Peut-être qu'il n'aurait jamais dit la vérité et qu'il aurait été trop tard, après, pour faire demi-tour. Car Peter savait que, s'il avait mené à la mort d'un innocent, jamais les Maraudeurs ne l'auraient pardonné.

– Et pourquoi tu n'as pas dit la vérité avant ? demanda Sirius agacé. Ça fait quoi, un an que tu nous balades ? Un an que tu lui donnes des informations ? Un an que tu nous montes tous les uns contre les autres !

– Sirius... commença Remus.

– Quoi Sirius ? siffla Sirius en fusillant Remus du regard. Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Tous les membres de l'Ordre savent qu'il y a un traître ! Tout le monde se suspecte.

– Tu veux dire que tu m'as suspecté et que tu te sens coupable parce que tu as eu tort, corrigea Remus.

Le silence tomba entre eux. Sirius rougit et détourna son regard.

– Personne n'a besoin de s'inquiéter, Remus t'a aussi soupçonné Sirius, intervint James. Quoi ? dit-il en voyant les trois regards désabusés se poser sur lui. Je suis déçu que personne ne m'ait soupçonné !

Les trois Maraudeurs éclatèrent de rire.

– James, tu es un grand sorcier et je t'aime. Mais, mon frère, tu es le pire pour cacher un secret, ricana Sirius.

– Je confirme, approuva Peter avec une petite voix.

– Alors que Peter, personne ne l'aurait soupçonné. C'était très malin venant de Voldemort, reconnut Remus.

– Tu ne vas pas t'y mettre aussi à le vénérer ? marmonna Sirius.

– Non, bien sûr que non, rit Remus.

– Bon est-ce que vous pouvez vous dire que vous êtes désolés de vous être soupçonné ? demanda James. C'était si difficile d'être entre vous deux !

– On en revient toujours à toi Potter, murmura Sirius avant de sourire largement à Remus. Je suis désolé, mon pote. Je n'aurai pas dû penser que c'était toi. J'aurai dû avoir confiance.

– Moi aussi je te présente mes excuses, soupira Remus en baissant la tête.

– Vous auriez dû me faire confiance, comme d'habitude, dit James avec un large sourire.

– Tu fais confiance à des Mangemorts, excuse-moi de ne pas avoir confiance en ta confiance, répliqua Sirius. Et donc, pourquoi tu n'as rien dit avant Peter ? demanda-t-il brusquement. Tu voyais bien qu'on se déchirait et ça ne t'a pas... Tu nous as monté les uns contre les autres !

– Qu'est-ce que je pouvais faire ? demanda alors Peter agacé que Sirius ne comprenne pas. Le Seigneur des Ténèbres... Tu ne te rends pas compte, Sirius. Il possède des armes dont tu n'as pas idée... J'avais peur, Sirius. Je n'ai jamais été courageux comme toi, ou comme Remus et James. Je ne voulais pas ça... Je... Il me force à lui dire ce que je sais ! J'ai dû lui donner d'autres informations pour l'éloigner des Potter.

– Et on devrait te dire merci en plus, soupira Sirius.

– Non. Mais je n'ai trahi aucun de vous trois. Je n'ai jamais rien dit sur vous. J'ai... Je...

– Mais pourquoi tu as fait ça Peter ? demanda Remus avec tristesse.

– Je ne savais pas ce qu'on avait à gagner à s'opposer à lui, admit Peter. J'ai peur que l'on perde. J'ai peur que... Il est trop puissant.

– Tu n'as pas confiance en nous ? demanda tristement James.

– Je n'ai pas confiance en moi, dit Peter en regardant son ami dans les yeux. Je te l'ai dit, James. Je suis un poids pour l'Ordre du Phénix. Je vais mourir.

– Mais n'importe quoi ! Nous t'aurions protégé Peter ! assura Sirius en plissant les yeux.

– Au risque que tu te fasses tuer ? ricana froidement Peter. Je n'ai aucune chance et vous le savez. Alors, oui, j'ai choisi cette voie en pensant que je pourrais sauver tout le monde. En pensant que, s'il gagnait, je pourrais le convaincre de vous épargner...

Cela laissa Sirius un peu pantois.

– Tu voulais nous épargner ?

– Bien sûr, répondit Peter en levant les yeux au ciel. Vous êtes mes meilleurs amis. Mais j'étais perdu et... J'ai regretté... Si vous saviez comme j'ai regretté, mais je ne savais pas comment vous le dire. Je suis un lâche.

– Ça s'est sûr, mais bon, comme me l'avait dit le Choixpeau, le courage ça s'apprend, dit Sirius.

– Et donc, tu veux lâcher Voldemort ? demanda James.

– Oui ! Mais comment je pourrais faire ? murmura Peter. Je suis... Je devrais mourir, ça serait plus simple pour tout le monde.

– Personne ne va mourir ici, promit James. Je ne le permettrait pas.

– Mais comment on va faire !? s'exclama Remus en laissant soudain entrevoir sa panique. Est-ce qu'il peut savoir que tu es ici avec nous avec la Marque ? Est-ce qu'il peut te tuer comme ça ? Est-ce que tu...

– Du calme Lunard ! s'écria Sirius en le frappant dans l'épaule. Prends un verre et détends-toi, tu vas nous faire une crise si tu continues à t'inquiéter.

– M'inquiéter ? ricana froidement Remus. Peter vient de trahir Voldemort. S'il l'apprend, il va le torturer !

– Ce qui m'inquiète, c'est que Peter soit un Mangemort, mais chacun ses priorités, ironisa Sirius.

– Les deux reviennent au même, dit Remus en levant les yeux au ciel.

– Arrêtez de vous disputer, tous les deux, intervint James en souriant tranquillement, on va trouver un moyen de s'en sortir et d'aider Peter.

– Tu es trop optimiste, Potter, marmonna Sirius. Comment tu veux faire ça ?

– On va bien trouver quelque chose, positiva James. Bon, quelqu'un a autre chose à annoncer pendant qu'on boit cette bouteille ?

– On va vraiment changer de sujet comme ça ? s'étonna Sirius.

– Bien sûr que oui, Black, dit James en souriant comme un enfant. Parce que Peter vient de nous dire la vérité, qu'on va le soutenir, mais que pour le moment on ne sait pas ce qu'on va faire. Donc on a besoin de décompresser. Pour ça, quelqu'un va nous dire un secret qu'il garde depuis longtemps.

– On se dit tout, Potter, contra Sirius.

– Apparemment pas. Aujourd'hui c'est la journée des révélations, donc allez-y. Quoi que vous ayez à dire, personne ne sera jugé ni attaqué. C'est une zone de non-magie et de paie.

Sirius leva les yeux au ciel, même si un sourire étira son visage devant la candeur de James.

Peter vit Remus se dandiner sur lui-même, comme lorsqu'il avait quelque chose à cacher et qu'il n'arrivait pas à se décider s'il devait ou non en parler.

Les trois Maraudeurs se mirent à le fixer, alors que Remus rougissait tel un Souaffle.

– Oui, Remus ? dit James d'un ton doux et rempli d'espoir que son annonce fasse penser à autre chose.

– Si tu nous dis que tu es un Mangemort je me jette de la tour d'Astronomie ! s'écria Sirius avant de partir dans un éclat de rire en forme d'aboiement.

James le rejoignit dans son hilarité, alors que Peter essayait de se faire tout petit. Pourtant, il semblait ne plus y avoir trop d'animosité de la part de Sirius, comme s'il avait accepté de passer à autre chose.

Peter savait qu'il leur faudrait du temps pour se faire confiance de nouveau, mais il avait bon espoir que Sirius le pardonne un jour ou l'autre.

Il était surtout rassuré par le soutien dont avaient fait preuve ses amis. C'était la preuve que les Maraudeurs étaient plus forts que tout. Peter s'en voulait d'avoir douté d'eux, alors qu'ils étaient les trois seules personnes à avoir confiance en lui et à ne pas l'avoir exécuté pour sa trahison.

– Allez, dis-nous, insista James.

Si Peter avait toujours été très patient, James était l'exemple même de l'impatience. C'était lui qui était toujours le plus surexcité, n'hésitant pas à répéter une litanie de « dis-moi » suppliants pour faire plier l'autre et le forcer à dire la vérité.

Sirius, lui, fixait la personne avec insistance jusqu'à ce qu'elle avoue, ce qui était à la fois très dérangeant et redoutable.

– Je... Je suis... balbutia Remus en rougissant.

– Un loup garou ? dit James en se levant pour sautiller sur place. Mais on le sait, Remus !

Un coussin envoyé par Sirius vola en plein dans la tête de James. Il tomba en arrière en faisant une roulade, criant de douleur.

– AHHH ! Touché ! Je suis touché ! Au secours ! À moi !

Peter ne put s'empêcher de sourire face à la scène, alors que Sirius regardait James, désabusé.

– Tu es un enfant, Potter, murmura Sirius sans masquer sa propre hilarité.

– Relève-toi, conseilla Peter. Remus tu voulais nous dire quelque chose ?

James sauta sur ses pieds et fixa Remus avec attention.

– J'aime les garçons, révéla alors Remus.

Peter sourit, parce qu'il le savait depuis longtemps. Il avait toujours eu des dons d'observations et il n'était pas aveugle. Il savait que Remus aimait les garçons depuis des années et il était fier qu'il leur avoue enfin ça, car il était persuadé que ni James ni Sirius ne le savaient.

– D'accord, dit James en continuant de fixer Remus. Et c'est quoi le secret ?

– C'est ça James ! s'écria Peter. C'est ce qu'il voulait nous annoncer, qu'il est gay.

– Ah ! Mais c'est pas un secret ça ! Tu es vraiment bête ! J'ai cru que c'était grave et que tu avais la dragoncelle ! souffla James avec un sourire en coin qui démontrait qu'il se fichait complètement que Remus soit homosexuel.

– Ou que c'était un Mangemort ? ironisa Sirius. Désolé Remus, mais je crois qu'aucune autre annonce ne pourra être aussi fracassante que celle de Peter.

– Mais ça ne vous fait rien ? s'étonna Remus, assez perplexe.

– Moi j'ai juste besoin d'assimiler, admit Sirius en haussant les épaules. Mais tu fais bien ce que tu veux. Ce n'est pas pire que de se prosterner devant Voldy.

– Moi je m'en fiche, dit Peter. Je suis le moins bien placé pour dire quelque chose de toute façon.

Sirius se tourna légèrement vers Peter et lui fit un léger sourire qui rassura ce dernier.

– Et moi je veux tout savoir. Avec qui tu es sorti, qui est-ce qui te branche, est-ce que tu veux m'embrasser pour voir si ça pourrait te plaire, est-ce que...

Cette fois-ci, ce fut un sort rouge qui fusa en direction de James. Il ne put pas l'éviter, trop occupé à sautiller sur place, les yeux brillants comme un enfant à qui l'on promet un cadeau de noël.

– Si tu embrasses quelqu'un d'autre que moi on ne retrouvera jamais ton corps, Potter ! cria Lily en arrivant dans le salon, les yeux plissés. Sirius, enfin ! Les pieds sur la table !

– Désolé Lily, marmonna Sirius en pouffant en voyant un James muet qui sautillait en essayant de parler.

– Arrête t'embêter Remus et je te libère, gronda Lily en jouant avec sa baguette. Tu promets ?

James hocha vivement la tête de haut en bas et Lily leva le sortilège en soupirant, légèrement amusée par la réaction de son mari.

– Tu as trop bu mon chéri, dit-elle en le voyant tituber.

– Nous tous, Lily, admit Sirius en montrant la bouteille quasiment vide.

– Et puis je ne comprends pas vos réactions, souffla Lily en souriant avec hauteur, comme lorsqu'elle avait une réponse que les autres n'avait pas. C'était vraiment évident.

Peter ne pouvait qu'être d'accord avec Lily, mais comme il l'avait prédit, Sirius et James la regardèrent comme si une corne de licorne lui avait poussé sur le front.

– Évident ? répéta Sirius en fronçant les sourcils.

– Remus est sorti avec Marc Peters lors de notre quatrième année, puis avec le Serdaigle tout timide... Quel est son nom déjà ?

– Green... marmonna Remus en rougissant.

– Exact ! dit Lily en tapant dans ses mains. Il aime les blonds. Il aime les gentils garçons. Mais il a trop peur de s'engager. Et non, James, il ne veut pas t'embrasser parce que tu as une grosse tête et que tu es brun et que tu es insupportable !

Remus écarquilla les yeux, visiblement choqué.

– Comment, par Merlin, tu es au courant de ça ? s'écria James.

– Je sais observer, expliqua Lily en levant les yeux au ciel. Quoi, sérieusement ? Vous avez compris qu'il était un loup-garou et pas homosexuel ? Par Morgane et Circée, ce n'est pas étonnant que personne n'ait rien vu pour Peter !

Lily jeta un regard dégoûté à Peter qui se ratatina sur lui-même. Elle serra sa baguette en faisant visiblement un effort pour ne pas lui lancer de sortilège.

Pourtant, Peter sentait que son comportement n'était plus le même que tout à l'heure. Elle s'était un peu calmée. Peut-être qu'un jour elle parviendrait à le regarder sans se sentir trahie...

Peter pensa alors que la seule façon qu'elle lui pardonne était qu'ils assassinent Voldemort et qu'ils s'en sortent tous les cinq.

– Je retourne voir Harry, marmonna Lily. Vous êtes vraiment bouchés.

– Je t'aime ma biche ! lui hurla James en la regardant avec le même air rêveur qu'il avait toujours quand il regardait sa femme. Elle est parfaite. Bon, tu sors avec quelqu'un en ce moment, Remus ?

– Non, répondit Remus en rougissant.

– Ça le met mal à l'aise, on pourrait peut-être changer de sujet ? proposa Peter.

– Oui, on va parler de comment on va se débarrasser de Voldemort, conclut James avec espoir.

Peter ne put s'empêcher de sourire en voyant à quel point James essayait de l'aider. Il avait aussi des yeux un peu plus petits que tout à l'heure, les joues rouges, signe qu'il avait bu un verre de trop.

– On ne va jamais y arriver, dit Remus d'un ton pessimiste. Comment tu veux faire ça ?

– Je suis d'accord avec Remus, soupira Sirius.

– On a un avantage maintenant ! opposa James. Peter peut nous donner des informations de l'intérieur !

– Il n'a pas tort, admit Remus. Mais il va nous falloir un plan aussi puissant que les protections de Gringotts si on veut se débarrasser de lui.

– On va y arriver. Et pourquoi on va s'en sortir ? demanda James en levant son poing en l'air, comme un signe de ralliement.

James se releva un peu vite et retomba sur le canapé, s'affalant à moitié sur Sirius qui éclata de rire en attirant son meilleur ami contre lui.

– Parce qu'on a trop bu, qu'on pense pouvoir le battre, mais que demain on se rendra compte qu'on est stupides ? proposa Remus en avalant une nouvelle gorgée.

– Non, parce qu'on est les MARAUNER ! hurla James.

Maraudeurs, James, rectifia Peter en éclatant de rire.

– Comme il dit ! Les Maraudeurs ! approuva James en tendant son verre face à lui et le renversant à moitié.

– Un pour tous... commença Sirius en tendant son verre à son tour.

– Tous pour Maraudeurs ! dirent-ils en cœur avant d'éclater de rire.

Sirius sourit à Peter, comme le signe d'un apaisement, et Peter put enfin souffler et lever son verre.

Tout irait bien, il en était persuadé.

Ils allaient s'en sortir.

Parce qu'ils étaient les Maraudeurs et qu'ils étaient unis.

.oOo.

Gazette du Sorcier, édition spéciale, 1er novembre 1981.

VICTOIRE ! VOUS-SAVEZ-QUI A PERDU !

La nuit dernière, le plus redoutable mage noir que l'Angleterre ait connu, ayant commis de multiples assassinats et ayant instauré un climat de terreur dans tout le pays, a été vaincu.

Les informations restent encore floues, pour le moment, tant l'émotion s'est emparée du pays.

Tout ce que nous savons est qu'un groupe de cinq personnes, membres de l'Ordre du Phénix, ont tendu un piège à Vous-Savez-Qui la veille au soir.

James et Lily Potter, recherchés activement par le Seigneur des Ténèbres pour leurs opinions dissidentes, ont fait croire au terrible mage noir qu'ils avaient été trahis par leur plus proche ami, Peter Pettigrow, entraînant Voldemort dans un piège.

À l'issue d'un long combat entre le mage noir et ses opposants (outre les Potter, Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow étaient présents), Vous-Savez-Qui a été désarmé par nul autre que Sirius Black.

Les cinq héros ont alors utilisé un portoloin, laissant le mage noir seul dans une maison, sans possibilité de s'échapper, des barrières anti-transplanage ayant été préalablement installées par Lily Potter et Remus Lupin. Le mage noir s'est alors retrouvé enfermé avec un Détraqueur, sans qu'il n'ait la possibilité d'invoquer un Patronus.

Le corps du mage noir a été retrouvé, sans âme. S'il n'est pas mort, il a été enfermé à Azkaban, là où il ne pourra plus nuire à personne.

Grâce aux Potter, à Black, Lupin et Pettigrow, l'Angleterre peut enfin vivre de nouveau.

.

Gazette du Sorcier, 1er janvier 1990.

RETOUR SUR L'EXPLOIT DES CINQ GRYFFONDORS

Sirius Black, Remus Lupin, James Potter, Lily Potter et Peter Pettigrow.

Ces cinq personnes qui ont montré, par leur courage et leur détermination, une grande force morale, seront célébrées d'un Ordre de Merlin première classe, comme l'a indiqué la Ministre de la Magie ce matin même.

James Potter, que nous avons réussi à interroger, a indiqué que rien n'aurait été possible sans les « Maraudeurs », bien que nous n'ayons pas réellement compris cette explication. Il a également indiqué vouloir s'engager dans la lutte contre les discriminations dont sont victimes les loups-garous, alors que sa femme, Lily Potter, continuait son travail d'enchanteresse au sein du Ministère de la Magie.

Le fidèle acolyte de James Potter, le seul et unique Sirius Black, a lancé un appel à Mr Chocogrenouille, lui priant de choisir son « bon profil » pour la carte qui le représentera, avant de partir, une cape à l'effigie du Département des Mystères sur le dos.

Remus Lupin, quant à lui, a obtenu une offre de travail de la part des gobelins, alors que Peter Pettigrow, qui avait volontairement infiltré les Mangemorts pour obtenir des informations au sujet de Vous-Savez-Qui, a annoncé créer sa boutique de pâtisseries magiques.

Le monde magique n'a pas assez de mots pour exprimer la gratitude d'être enfin libérés du joug de Vous-Savez-Qui.

Quelques mois après la fin du Seigneur des Ténèbres, le monde magique peut enfin panser ses plaies et avancer vers un monde nouveau.

.oOo.

Août 1991.

Peter sortait une fournée de croissants dorés du four magique quand la cheminette du magasin s'illumina de vert. Il ne masqua pas sa stupéfaction en voyant un garçon aux lunettes rondes et aux cheveux ébouriffés atterrir sur les fesses.

Il se précipita à la rencontre du garçon pour l'aider à se relever.

– Harry, qu'est-ce que tu fais là ? demanda Peter en s'efforçant de ne pas prendre un ton accusateur.

Nous étions en plein mois d'août et Harry aurait dû être chez lui, avec ses parents. Peter se doutait que ni James ni Lily n'avaient idée que leur fils était ici à ce moment précis.

Harry renifla en essuyant rageusement des traces de larmes sur les joues. Il posa ses yeux émeraude dans les siens et Peter y vit un mélange de tristesse et de colère

Peter soupira en posant une main sur son épaule. Il constata tristement qu'il n'avait plus à se baisser pour être à sa hauteur. Harry le dépasserait bien assez vite. Peut-être même qu'après son entrée à Poudlard, quand ils se reverraient à noël, Harry aurait tellement changé que Peter ne le reconnaîtrait plus.

– Tu vas bien ? osa demander Peter tout en connaissant parfaitement la réponse.

Harry leva les yeux au ciel et grommela quelque chose que Peter ne compris pas. Harry utilisa son pied pour faire rouler une petite pierre qui se trouvait dans la boutique, évitant le regard de Peter.

Ce dernier retint un sourire, parce que cette façon de bouder ressemblait tellement à celle de James que s'en était hilarant. Mais ce n'était pas le moment de se moquer. Harry semblait bouleversé et il avait besoin de parler.

Peter entraîna le garçon sur une chaise, dans le salon de thé de sa boulangerie qu'il chérissait plus que tout.

Heureusement pour eux, il n'y avait aucun client, ce qui était assez rare.

La boutique de Peter marchait plutôt bien depuis la fin de la guerre. Mais il faisait un temps merveilleux aujourd'hui et les promeneurs du Chemin de Traverse venaient surtout acheter des pâtisseries pour les déguster dehors. Cela l'arrangeait bien à présent que Harry avait débarqué.

– Je reviens, dit doucement Peter, mais il eut la sensation que Harry était parti loin dans ses pensées, le regard figé sur l'une des photographies du mur du fond.

C'était la photographie préférée de Peter et il avait tenu à ce qu'elle soit en bonne position dans la boutique. Les quatre Maraudeurs y étaient représentés. La photo avait été prise par une Lily amusée de les voir s'enlacer. Elle avait été prise à la fin de la septième année, alors qu'ils allaient quitter Poudlard quelques jours plus tard.

Ils avaient tant ri ce jour-là. Ils étaient si insouciants, si proches, si invincibles... Peter avait voulu que cette innocence qu'ils avaient eue, à ce moment précis, soit symbolisée dans la boutique. Le souvenir d'une amitié qui ne s'oublierait jamais, malgré les années et malgré les trahisons.

– Lisa, tu peux tenir la boutique ? demanda-t-il à la jeune femme blonde qui se tenait derrière le comptoir, un sourire paisible aux lèvres, alors qu'elle donnait une commande à une cliente.

– Avec plaisir Peter ! répondit-elle joyeusement avant de lui tendre une part de tarte à la mélasse et une tasse de jus de citrouille. Je sais que c'est la préférée de Harry, ajouta-t-elle en lui lançant un clin d'œil complice.

Peter sourit largement, parce qu'il savait qu'elle était parfaite pour ce travail. Il ne regrettait pas de l'avoir engagée. Il avait toujours tenu sa boulangerie seul, mais plus le succès s'était fait sentir, plus cela avait été compliqué à gérer.

Ce n'était que sous la pression de Remus qu'il avait décidé de demander de l'aide. Il avait fait passer des dizaines d'entretiens, sans succès. Il se souvenait parfaitement de Lily, débarquant à la boutique, en lui intimant de trouver quelqu'un avant qu'elle ne le force à fermer la boulangerie pour prendre des vacances.

Il s'était alors promis d'engager la première personne à passer les portes, ne voulant pas subir les foudres de Lily une nouvelle fois, et il était tombé sur Lisa qui sortait de Poudlard.

Un peu inquiet par son jeune âge, il avait finalement décidé de lui faire confiance. Cela faisait cinq ans qu'ils travaillaient ensemble et Peter envoyait toutes les semaines des pâtisseries à Lily pour la remercier.

– Merci, murmura Harry, ses yeux verts s'illuminant quand il vit sa tarte préférée être déposée devant lui. Lisa est géniale !

– Elle sait cerner les gens, confirma Peter.

Depuis que Lisa était arrivée, Peter avait réussi à lancer de nombreux produits et c'était entièrement grâce à elle. Elle arrivait à parler aux gens, à leur faire dire ce qu'ils voulaient réellement et à cerner leurs envies les plus profondes.

Depuis cinq ans, la boutique avait été complètement modifiée et Peter lui en était très reconnaissant.

Peter observa alors Harry et il attendit patiemment. Le garçon soupira et attaqua sa tarte en silence. Peter ne put s'empêcher de ressentir une bouffée de fierté lorsqu'il vit que Harry appréciait la tarte et raclait le fond de l'assiette avec sa cuillère pour ne pas en laisser une miette. C'était sa plus grande récompense, de voir que ses créations plaisaient toujours autant, même après dix ans d'ouverture.

Harry ne parla pas pendant un long moment, ne se risquant même pas à croiser le regard de Peter. Mais ce dernier n'était pas inquiet par le manque de réaction de Harry.

Il savait parfaitement pourquoi Harry était venu ici. Il venait toujours ici quand il était contrarié. Contrairement aux autres, Peter laissait toujours le temps à Harry de se calmer. De redescendre, d'oublier sa colère et de respirer avant de s'expliquer.

Harry venait, il mangeait un gâteau pour obtenir un réconfort, restait dans un silence pesant en ruminant ce qu'il s'était passé et qui l'avait mis en rogne et, finalement, il finissait par se confier.

Peter comprenait qu'il cherche avant tout du réconfort et c'était l'une des raisons pour lesquelles il avait monté cette boulangerie magique : pour apporter de la joie à chacun. Et quoi de mieux que des pâtisseries pour retrouver une bulle de sérénité et d'amour ?

– Tu penses que je vais être réparti à Gryffondor ? demanda finalement Harry en fermant les yeux un bref instant.

Peter comprit alors d'où venait la peur de Harry. Il venait parler de sa rentrée à Poudlard qui approchait.

Dans moins d'un mois, Harry serait dans le Poudlard Express, roulant vers sa nouvelle vie d'apprenti sorcier. Peter savait à quel point cette échéance était merveilleuse et terrifiante pour les enfants, surtout ceux qui avaient été élevés dans le monde magique et attendaient leur premier septembre avec impatience.

Lui avait été tellement terrifié qu'il avait pensé ne jamais pouvoir monter dans le train, avant d'enfin souffler lorsqu'il avait été Réparti et que le Choixpeau ne lui avait pas dit de rentrer chez lui.

Il savait à quel point choisir une Maison était compliqué. Le Choixpeau avait longuement hésité pour lui. Serpentard ou Gryffondor.

Vingt ans plus tard, il se souvenait encore des paroles du Choixpeau. Il aurait pu aller sur le chemin de la grandeur, du pouvoir, mais avait préféré aller vers celui du courage.

Un choix qu'il avait souvent regretté, se demandant pourquoi il avait fini à Gryffondor. Car il ne s'était jamais senti assez courageux pour faire partie des rouge et or, avant d'avouer qu'il était un Mangemort à James.

Et il avait alors compris pourquoi le Choixpeau lui avait dit, ce premier septembre 1971 :

« Une Maison ne définit pas un sorcier, ce sont ses choix qui le font. Le courage d'un Gryffondor n'est pas toujours inné, il s'acquiert pour certains. Mais il faut le mériter. Et, toi, Peter Pettigrow, tu as le choix de le mériter ou non... C'est pour cela que je vais t'envoyer à... GRYFFONDOR ! »

– Harry, tu sais que personne ne peut savoir si tu vas être réparti à Gryffondor ou non. Tu ne le sauras qu'à la rentrée, tempéra Peter.

Il ne savait pas vraiment comment lui dire que, si Harry avait toutes les qualités de Gryffondor, il pourrait également aller dans les autres Maisons s'il le souhaitait. Mais il savait que Harry ne cherchait pas vraiment une réponse, il voulait juste être écouté.

– Pourquoi est-ce que tu as peur de ne pas être à Gryffondor ? demanda Peter.

– Parce que papa n'arrête pas de dire à tout le monde que je vais être envoyé là-bas ! s'écria Harry en serrant les poings.

Le garçon se leva brusquement et commença à faire des allers-retours dans la boutique tout en continuant son discours, montrant que la situation lui pesait énormément sur le moral.

– Et de dire que je suis courageux, que je suis comme lui et maman et que je vais les rendre fiers ! Et maintenant c'est Sirius qui s'y met. Sirius. Quand je lui ai demandé si c'était grave si j'étais envoyé à Serpentard, tu sais ce qu'il a fait ?

– Euh, non, dit Peter qui se retenait de rigoler tant l'agacement de Harry pour son parrain montrait à quel point Harry estimait l'avis de Sirius comme son père.

« Il est impossible que mon filleul ne soit pas à Gryffondor », mima Harry avec le même accent précieux de Sirius.

Lisa, qui écoutait visiblement leur conversation, éclata alors de rire derrière le comptoir.

– C'est vrai qu'il parle comme ça, ricana-t-elle alors que Harry lui souriait légèrement comme si elle venait de prendre sa défense.

– Et ce n'est pas tout ! Papa et Sirius m'ont déjà acheté des vêtements aux couleurs de Gryffondor.

– Et ça te blesse parce que tu penses que tu ne vas pas aller à Gryffondor ?

– Non, pas vraiment... Ça ne me blesse pas... C'est juste que... Et si je vais à Serpentard ? balbutia Harry.

– Il n'y a aucun problème à être réparti à Serpentard, Harry, assura Peter.

– Bien sûr que si ! Ce serait... ce serait...

Harry s'arrêta brusquement et ses yeux se remplirent de larmes. Peter était toujours impressionné de voir à quel point Harry pouvait passer du tout au tout en termes de réactions.

Il était arrivé en colère et il finissait par pleurer, parce que les émotions étaient trop intenses pour lui.

Il vivait chaque moment de sa vie si intensément qu'il prenait trop de choses à cœur et que cela finissait par un Harry déboussolé, débarquant à la boulangerie, pour vider sa malle.

– Ça serait quoi ? demanda alors Peter. Imaginons que tu sois réparti là-bas. Qu'est-ce que tu penses qu'il va arriver ?

Harry écarquilla légèrement les yeux, incapable de répondre, avant de s'affaler de nouveau sur sa chaise et de se prendre la tête en les mains, l'air abattu.

– Ils vont me détester, murmura alors Harry avec un toute petite voix remplie de sanglots. Ils vont me... Ils penseront que je ne suis pas comme eux et... Papa et Sirius détestent les Serpentard alors ils vont me haïr... Et maman, elle sera déçue aussi... Ils ne voudront plus de moi.

– Mais pourquoi tu penses ça ? s'étonna Peter en posant une main sur son épaule. Jamais tes parents ne pourront te détester. Ils t'aiment plus que tout, Harry.

– Mais Serpentard ce sont tous des méchants, non ? Ce sont là d'où viennent tous les mages noirs... dit Harry en grimaçant. Ils ne voudront pas que leur fils pratique la Magie noire.

Peter soupira et se retint au dernier moment de ne pas prendre la poudre de cheminette pour aller parler à Sirius et James et leur intimer d'arrêter de faire subir ça à Harry.

Il savait que c'était déjà un sujet de dispute entre James et Lily, parce que toute cette histoire de Maison ne servait qu'à faire peur à Harry.

Mais Peter savait surtout que, peu importe où il serait envoyé, ses parents seraient fiers de lui. James et Sirius étaient maladroits.

James ne pouvait pas s'empêcher de vouloir que son fils soit envoyé dans la même Maison que lui. Et il avait entraîné Sirius dans ses bêtises. Et c'était à Peter de gérer ce bazar.

Il allait leur en faire baver quand il les verrait, il en faisait la promesse. Et il était sûr que Remus et Lily seraient avec lui.

– Harry, personne, je te dis bien personne ne t'en voudra d'être à Serpentard. Tu sais que ton père voudrait que tu sois à Gryffondor, parce qu'il veut pouvoir dire à tout le monde que tu lui ressembles, mais on sait tous que tu n'es pas ton père. Tu as le droit de faire tes propres choix et, quoi que tu fasses, ton père l'acceptera.

Harry grimaça, peu convaincu.

– Mais Serpentard... Papa déteste les Serpentard.

– Et pourquoi tu ne serais pas envoyé à Poufsouffle ?

– Moi, à Poufsouffle ? ricana Harry. Hé ! cria-t-il quand il reçut une pâtisserie en pleine tête.

– N'insulte pas les Poufsouffle avec ce ton dédaigneux jeune homme, siffla Lisa d'un ton faussement sévère.

– Désolé Lisa, tu sais que je t'adore, dit Harry en lui lançant un sourire resplendissant.

– Tu es comme ton père, Harry, rit cette dernière. Aussi impertinent et prétentieux, aucune chance que tu ailles ailleurs que Gryffondor.

– Mais même si tu n'y allais pas, personne ne t'en voudrais, ajouta Peter en levant les yeux au ciel. Tu sais Harry, les Maisons ne font pas tout. Il y a des Gryffondor qui sont des lâches et des Serpentard qui sont courageux. L'important c'est que tu te sentes bien.

– Tu vas me faire croire que tous ceux qui pratiquent la magie noire ne viennent pas de Serpentard ? ironisa Harry en levant les yeux au ciel.

Peter se figea brusquement et observa Harry sans savoir quoi lui dire. Il savait, bien évidemment, que ce moment viendrait un jour. Le moment où Harry devrait connaître la vérité.

Parce que tout le monde savait que Harry serait harcelé de questions quand il entrerait à Poudlard. Il était le fils du couple Potter qui avait contribué à la fin du Seigneur des Ténèbres.

Tout le monde connaissait les Potter. Tout le monde savait qu'il y a moins de vingt ans, les Maraudeurs et Lily Potter avaient mis au point un plan pour le tuer et avaient réussi.

Depuis, il était difficile pour eux de faire un pas sur le Chemin de Traverse sans qu'on les reconnaisse.

Ils avaient tous essayé de protéger Harry des retombées de leur succès, mais il avait fallu lui expliquer quand il était plus jeune. Harry ne savait pourtant que l'essentiel. Il pensait que Peter avait infiltré les Mangemorts pour donner des informations à l'Ordre du Phénix. C'était ce que tout le monde pensait, alors que tout était faux.

Harry ne savait pas que Peter avait trahi ses plus proches amis. Il ne savait pas qu'il s'était engagé comme Mangemort. Il ne savait que Peter n'avait été qu'un lâche qui aurait dû être envoyé à Serpentard.

Peter attrapa son avant-bras gauche instinctivement, comme s'il avait peur que sa Marque se mette à le brûler soudainement.

– Peter ? fit Harry en sentant que quelque chose n'allait pas.

Peter agita sa baguette pour les isoler des autres clients, sachant que ce qu'il allait lui révéler ne devait surtout pas tomber entre des oreilles malencontreuses.

– Harry, je peux t'assurer que tous les Serpentard ne sont pas des mages noirs. Je peux te dire ça, parce que...

Peter prit une grande inspiration tremblante. Il ne savait pas comment Harry allait réagir. En fait, il avait l'impression de se retrouver dix ans en arrière, lorsqu'il avait dit la vérité à James.

Harry était présent ce jour-là, mais il ne s'en souvenait pas. Il n'était qu'un bébé. Un bébé menacé de mort.

– Je vais te raconter ce qu'il s'est réellement passé il y a dix ans.

Harry se redressa immédiatement, beaucoup plus attentif. Parce qu'il avait toujours voulu en savoir plus sur la fin du Seigneur des Ténèbres.

Peter se souvenait des reconstitutions de la bataille que Sirius et James mettaient en place dès qu'ils avaient abusé du Whiskey pur Feu et qui se terminaient toujours en bataille de coussins, sous les rires de Harry.

Ce dernier avait toujours adoré entendre les histoires héroïques des Maraudeurs, mais Peter savait que son histoire était beaucoup plus sombre que la simple bataille.

Peter releva sa manche gauche et dévoila un bras immaculé. Il ôta le sort de dissimulation qu'il appliquait chaque matin, que Lily avait créé pour lui pour lui permettre d'avoir une vie normale, bien que tout le monde soit au courant qu'il avait été Mangemort.

La terrible Marque se révéla soudainement. Noire, imposante. Un serpent qui sort de la bouche d'une tête de mort. La Marque de la traîtrise. La voir donnait toujours à Peter envie de vomir. Il ne supportait pas de voir cette Marque sur son bras gauche, cela lui donnait envie de se couper le bras pour ne plus avoir à faire face à cette terrible Marque. La Marque qui démontrait qu'il avait été un lâche, un traître.

Il était toujours si dégoûté par cette Marque... Il se souvenait de l'air horrifié de Lisa quand il la lui avait montrée la première fois... Des regards tristes de ses amis quand il la laissait visible en été...

Cette Marque inspirait tant de terreur qu'il ne s'attendait absolument pas à une telle réaction de la part de Harry.

En réalité, il pensait que Harry allait se relever en criant que Peter était un lâche. Pourtant, comme son père avant lui, Harry le stupéfixia complètement, puisqu'il écarquilla les yeux, entrouvrit la bouche et approcha le visage de la Marque pour l'observer de plus près, complètement émerveillé.

Waouh ! s'écria Harry. C'est dément !

Peter était à la fois heureux que Harry lui laisse le bénéfice du doute, mais également déconcerté en voyant cette réaction si peu conventionnelle.

Avant de se dire que, sans doute, Harry n'avait aucune idée de ce que signifiait cette Marque.

– Tu sais ce que ce tatouage signifie ? demanda Peter en sentant son ventre se contracter d'angoisse.

– Non, répondit Harry avec candeur.

– C'est la Marque de Voldemort.

Peter savait qu'il valait mieux pour lui qu'il dise son nom, même si cette pensée le terrifiait encore. Il fallait qu'il montre à Harry qu'il n'avait plus peur.

Ce dernier eut un mouvement de recul et fixa Peter avec encore plus d'interrogations dans le regard.

– À la sortie de Poudlard, j'ai été approché par des Mangemorts. J'avais peur, Harry. Terriblement peur. Ils m'ont influencé et j'ai cru, naïvement, que c'était la seule façon de s'en sortir. Je pensais que le Seigneur des Ténèbres serait la seule façon pour moi de m'en sortir vivant, de protéger les autres... Mais j'avais tort...

– Tu t'es rendu compte que ce n'était qu'un mégalo avide du pouvoir complètement maboul ? compléta Harry en répétant mot pour mot ce que disait Sirius au sujet de Voldemort.

– Quelque chose comme ça, sourit Peter en voyant que Harry ne semblait pas lui en vouloir. Je ne savais plus quoi faire... Une fois qu'on devenait Mangemort, on ne pouvait pas simplement partir comme ça, tu comprends ? Et j'étais si lâche... Je ne comprendrais jamais pourquoi le Choixpeau m'a placé à Gryffondor, ajouta-t-il la voix brisée. Mais quand tes parents ont été réellement menacés...

Peter n'apprenait rien à Harry, qui savait parfaitement que ses parents avaient été menacés de mort par Voldemort et que, ce dernier, pensant venir assassiner les Potter, avait été tué suite à un plan rondement mené par le groupe d'amis.

– Il m'a demandé des informations sur eux et... Je ne pouvais pas, souffla Peter. Mais j'avais tellement peur de leurs réactions...

– Maman a dû te lancer plein de sortilèges, dit Harry en haussant un sourcil amusé.

– C'est ça, rit Peter en se souvenant de la colère justifiée de la rousse. Elle a mis des semaines avant de m'adresser la parole de nouveau.

Peter se souvenait que Lily ne l'avait définitivement pardonnée qu'au moment où il avait protégé Harry d'un Mangemort qui avait tenté de s'en prendre à eux sur le Chemin de Traverse, quelques semaines après la fin de Voldemort.

Peter avait sauté sur Harry et avait pris le sortilège à sa place. Heureusement pour lui, il n'avait rien eu. Mais cet acte de courage avait eu le mérite de calmer la rousse, qui lui avait alors adressé un sourire resplendissant, l'appelant Queudver comme au bon vieux temps.

– C'est pour ça que je suis allé parler à ton père quand il était seul, expliqua Peter.

– Sage décision. Serdaigle aurait été une bonne Maison pour toi, constata Harry.

– Sans doute.

– Et qu'est-ce que papa t'a dit ? demanda avidement Harry.

– Il m'a dit que le tatouage était affreux et il a sorti une bouteille en me disant qu'il allait me sortir de là.

– La bouteille de grand-père Fleamont ? devina Harry les yeux brillants.

– Elle-même.

Peter savait que cette bouteille, posée au-dessus de la cheminée, intriguait Harry. James disait toujours que la mort de Voldemort s'était décidée autour de cette bouteille, mais Harry comprenait à présent pourquoi cette bouteille avait été importante et en quoi Voldemort avait signé son arrêt de mort quand les Maraudeurs avaient tous trinqué ensemble, unis.

– Ton père m'a toujours soutenu. Un grand homme, dit Peter avec émotion. Sans lui... Il a fallu du temps aux autres, mais tout le monde a fini par me pardonner. Et nous avons monté ce plan pour se débarrasser de Voldemort. C'est pour cela que je te dis qu'une Maison ne veut rien dire. Je suis un lâche qui a été à Gryffondor, comme certains Serpentard qui ont lutté contre Voldemort.

– Tu n'es pas un lâche ! s'écria Harry en le fusillant du regard pour avoir dit une telle chose. Tu es courageux, Peter. Tu as osé lutter contre Voldemort !

– Après avoir pris sa Marque, après lui avoir donné des informations et...

– Et tu as admis ton erreur à papa, non ? dit Harry en levant les yeux au ciel. Pour moi, c'est ça le courage. Admettre qu'on a eu tort à ses amis.

– Tu es bien comme ton père, grommela Peter qui sentait une bouffée de fierté l'envahir en voyant que Harry était un aussi grand homme que son père.

– Tu sais, je pense que tout le monde t'a pardonné, sauf toi, releva pertinemment Harry.

– Jamais je ne me pardonnerais, murmura Peter en fermant les yeux.

– Mais pourquoi ? Maman m'a toujours dit que Voldemort savait séduire les gens. Ce n'était pas de ta faute. Il a joué avec ta peur. Et c'était la guerre, aussi, c'est normal que tu aies eu peur de mourir. Ce qui aurait été lâche, ça aurait été de ne rien dire et les trahir, affirma Harry avec détermination.

– C'est peut-être toi qui devrait être à Serdaigle, sourit Peter en lui tapotant l'épaule. Mais tu vois Harry, j'ai trahi tes parents de la pire des manières et, pourtant, je suis toujours leur ami. Alors crois-moi quand je te dis que ton père t'aimera même si tu vas à Serpentard.

– Tu as peut-être raison, dit Harry en grimaçant comme s'il se souvenait de la raison pour laquelle il était venu ici. Tu penses que tu pourras m'en raconter plus sur la Marque et Voldemort ?

– Quand tu veux Harry. Je suis désolé de ne pas t'en avoir parlé avant, mais j'attendais le bon moment.

Harry hocha la tête comme si cela n'avait pas vraiment d'importance. Peter n'avait aucun doute sur le fait, qu'une fois réconcilié avec son père et son parrain, Harry irait leur demander des explications sur cette période. Harry était aussi curieux que Lily et il ne lâcherait rien tant qu'il ne connaîtrait pas l'histoire sur le bout de la baguette.

Avant que Peter ou Harry n'aient le temps de continuer leur conversation, la cheminée s'illumina de nouveau de vert et un homme aux cheveux noirs de jais en sortit en titubant.

– J'ai horreur de ces cheminées, soupira-t-il en passant la main dans ses cheveux avant que son regard ne s'illumine en voyant Harry à une table. Ah, tu es là ! J'aurais dû me douter que tu viendrais ici ! s'exclama James Potter en s'approchant de leur table. Salut Lisa.

– Bonjour James, répondit-elle en lui souriant.

James ébouriffa les cheveux de son fils dans un geste affectueux. Peter sourit en voyant que Harry se dégageait, comme s'il ressentait déjà cette honte adolescente à l'idée que son père fasse un tel geste en public.

– Comment ça va tous les deux ? demanda James avant d'écarquiller les yeux en voyant que Peter avait exhibé sa Marque. Tu lui as dit ?

– Enfin ! dit Harry en levant les yeux au ciel de nouveau. Pourquoi personne ne m'a rien dit avant aujourd'hui ?

– C'était à Peter de te le dire, dit James en tapotant le dos de Peter. Bravo mon frère. Comment il a réagi ?

– Il a dit que le tatouage était magnifique, dit Peter en souriant fièrement.

– Tu n'as aucun goût, je le crains, mon fils. Tu tiens ça de ta mère, ironisa James alors que Harry lui tirait la langue.

Peter sourit en voyant le père et le fils sourire mutuellement, avant que la raison pour laquelle était venue Harry en premier lieu le percute soudainement. Peter fixa son meilleur ami avec sérieux.

– Écoute, James...

– Oulà ! Je sens que ça va chauffer pour moi, grimaça James en faisant semblant de se protéger avec ses bras. Ne me frappe pas, Mangemort.

– Tu es vraiment impossible, murmura Peter, avant de sourire en voyant que Harry s'était détendu.

– Il était peut-être un Mangemort, mais il est super courageux de t'avoir dit la vérité, pas vrai ? dit Harry en sautillant sur sa chaise.

La confiance que lui accordait Harry valait plus que tous les Gallions du monde pour Peter, qui dut se racler la gorge pour masquer son émotion. James observa son fils avec une fierté non dissimulée.

– Tu as parfaitement raison, dit James. C'est bien pour cela que nous avons gagné la guerre. Sans le courage de Peter, je ne serais peut-être plus là aujourd'hui.

– Ne dis pas ça, intervint Peter qui ne souhaitait pas imaginer un monde dans lequel ne vivait plus James Potter.

– Bon, qu'est-ce que tu dois me dire ? demanda James avec plus de sérieux.

– James, reprit Peter en le fixant gravement. Harry est ton fils. Tout le monde le sait. Vous vous ressemblez. Mais ce n'est pas pour cela que tu dois le harceler avec Gryffondor. Harry ira dans la Maison que le Choixpeau estimera être la bonne pour lui. Si c'est Gryffondor, tant mieux pour toi, mais si c'est Poufsouffle, Serdaigle ou même Serpentard, tout le monde sera aussi content pour lui.

– Bien sûr que oui, répondit James, interloqué, sans comprendre où il voulait en venir. Tu vas à Poudlard, tout le monde est ravi pour toi, assura-t-il en se tournant vers son fils qui baissa la tête en rougissant. C'est pour ça que tu es là ?

– Oui, répondit Peter à sa place. Parce que, toi et Sirius, vous n'arrêtez pas avec Gryffondor. Alors, pendant le mois qui reste, vous allez le laisser tranquille. Vous allez lui parler de Poudlard, mais si j'apprends que vous continuez à lui dire que Gryffondor est la seule Maison qui existe à Poudlard, je demande à Lily d'intervenir.

James écarquilla les yeux et leva ses mains en signe de reddition.

– Pas besoin d'en arriver là ! dit-il avec des trémolos dans la voix. Harry, mon chéri, tu ne vas quand même pas en parler à ta mère, n'est-ce pas ?

Harry éclata de rire en voyant le faux air inquiet de James.

– Non, bien sûr que non.

– Écoute-moi bien Harry, dit alors James en prenant son fils par les épaules pour qu'il l'observe attentivement. Je t'aime plus que tout au monde. Ta mère t'aime. Je me fiche de ta Maison. L'important c'est que tu sois heureux. Je n'avais pas réalisé que je te mettais la pression, c'est juste que j'ai adoré être à Gryffondor, mais même si tu étais à Serpentard, tu y serais sans doute très heureux.

Harry sourit légèrement, un peu rassuré.

– Et Sirius ? Parce que tu sais que sa famille a été à Serpentard et qu'il les détestait tous... soupira Harry.

– Nom d'un hippogriffe, Sirius t'aime comme son fils alors que tu as vomi sur sa cape quand tu avais un an. S'il ne t'en a pas voulu pour ça, je pense que Serpentard ne sera qu'une simple contrariété, rit James.

Cette fois, Harry rit avec lui et se détendit assez pour serrer son père dans les bras.

Peter observa le père et le fils s'enlacer avec émotion. Il jeta un coup d'œil à Lisa qui avait les larmes aux yeux également.

– Bon, assez d'émotion pour aujourd'hui, dit James en s'écartant de Harry et lorgnant sur les gâteaux pour cacher son émotion. Il y a de quoi manger ici ?

– On est dans une boulangerie, rappela Harry avec une impertinence qui ressemblait à celle de Sirius.

– Tu passes trop de temps avec ton parrain, grommela James.

– On va se prendre un thé de Maraudeur aujourd'hui, proposa Peter.

– Quelle merveilleuse idée ! affirma James qui agita sa baguette pour envoyer deux Patronus à Remus et Sirius pour leur demander de venir ici.

– Je prépare ça, lança joyeusement Lisa qui les écoutait d'une oreille.

Au moment où Peter avait lancé sa boulangerie, il avait créé quatre pâtisseries uniques : le Cornedrue, le Patmol, le Lunard et le Queudver et, depuis, il était de tradition que les Maraudeurs se réunissent autour d'un thé et d'un assortiment de gâteaux Maraudeurs pour discuter de leurs vies.

– Je ne suis pas un Maraudeur, soupira Harry avec dépit.

– Bien sûr que si, c'est dans tes gênes, assura Peter;

– Même si tu deviens un horrible Serpentard, je crains que tu ne sois coincé avec ton héritage, ironisa James avant de rire en voyant les airs horrifiés de Harry et Peter. Quoi ? Trop tôt pour en rire ?

– Tu as toujours un mauvais timing pour rire de ce genre de chose, James, soupira Peter un peu désespéré par le comportement de son meilleur ami.

– Je vais avoir un surnom alors ? demanda avidement Harry.

– Mini-Cornedrue, c'est ton surnom, releva Peter.

– Mais je veux un surnom cool, bouda Harry.

– Merci pour moi, fit James en portant une main à son cœur.

– Je veux un surnom qui m'appartienne, papa. Ce n'est pas contre toi, dit Harry en levant les yeux au ciel comme si son père ne comprenait rien.

– On te le donnera quand tu deviendras un Animagus ! proposa James en souriant.

– James ! s'écria Remus Lupin qui venait de pénétrer dans la boulangerie par la porte. Tu ne peux pas donner des idées comme ça à Harry !

– Quelle idée ? demanda Sirius Black qui sortait de la cheminette avec une grâce qui n'appartenait qu'à lui. Salut Lisa, je vais prendre un...

– Thé avec deux sucres, un soupçon de lait et une émulsion de caramel, compléta Lisa sans même relever la tête de sa préparation.

– Je l'aime, affirma Sirius en s'installant à côté de James, après avoir tapoté Harry dans le dos.

– Elle n'est pas pour toi, siffla James en le frappant à l'arrière de la tête.

– Je sais qu'elle n'est pas pour moi. Ce n'est pas pour ça que je ne peux pas l'embêter. Quelle est cette mauvaise idée, Cornedrue ? demanda Sirius après avoir jeté un regard en coin à Peter qui rougit.

– James propose à Harry de devenir Animagus, expliqua Remus qui salua plus doucement Peter et Lisa.

– Merveilleuse idée ! confirma Sirius avant de voir le regard désabusé de Remus. Quoi ? Personne n'a dit qu'il devait le faire illégalement.

– Je savais que tu me comprendrais ! assura James en éclatant de rire, frappant dans la main tendue de Sirius alors que Harry souriait à son tour.

– Content de vous voir, dit Remus en souriant et en prenant place aux côtés de Harry. Tu vas bien Harry ?

– Oui, merci Remus, répondit Harry encore un peu perturbé par sa conversation avec Peter.

– Le travail à Gringotts se passe bien ? demanda Peter avec douceur pour détourner l'attention de Harry.

– Parfaitement ! dit fièrement Remus en époussetant sa robe de Briseur de Sorts.

Vaincre Voldemort n'avait pas eu que des effets positifs sur le monde sorcier, mais aussi pour Remus qui avait eu l'opportunité de travailler pour les gobelins, après ce qu'ils avaient fait. Il était reconnu que Remus avait aidé Lily Potter à mettre en place le sortilège anti-transplanage et les gobelins, qui se fichaient bien de la condition de Remus, avaient été ravis de lui proposer un emploi. Peter était fier que son meilleur ami s'en soit sorti. Il était fier de tous ses amis, en réalité.

James travaillait au sein du Magenmagot et avait réussi à obtenir des droits aux créatures magiques de part son implication et son pouvoir.

Sirius travaillait toujours au Département des Mystères où il travaillait en étroite collaboration avec Lily, devenue enchanteresse, avec laquelle ils mettaient au point des sortilèges dont Peter ignorait tout.

Ils s'en étaient tous bien sortis. Ils étaient tous vivants, heureux et ensemble.

– Que nous vaut cette réunion ? demanda Remus qui avait remarqué que Harry avait pleuré.

– James et Sirius ont juste agi comme des imbéciles en voulant forcer Harry à aller à Gryffondor. Je leur ai simplement dit que, si ça continuait, Lily ne serait pas aussi clémente que moi, dit Peter d'un ton badin.

Sirius écarquilla les yeux en comprenant le sens de ses paroles alors que Remus soupirait comme s'il s'était attendu à une telle chose de la part de ses amis.

– Harry, tu sais bien que nous serons ravis de ta Maison, peu importe laquelle tu choisiras, assura le loup-garou.

– Harry jamais je n'ai voulu... commença Sirius clairement embêté.

– Ça va, Sirius. Je... J'ai juste mal pris le fait que vous m'achetiez toutes ces choses en rapport avec Gryffondor, admit Harry en haussant les épaules.

– Il a surtout eu peur que tu ne l'aimes plus, compléta James en faisant un clin d'œil complice à Sirius.

– Tu rigoles ! fit Sirius en éclatant de rire. Mon petit, tu sais que la première fois que je t'ai gardé quand tu étais bébé tu as hurlé pendant une heure avant de me vomir dessus. Sur une cape à cinquante Gallions alors que j'avais rendez-vous avec une fille après. Je t'assure qu'après ça, rien de ce que tu feras m'empêchera de t'aimer.

Tout le monde éclata de rire et Peter fut soulagé de voir que Harry se sentait vraiment mieux. Il avait détendu ses épaules et souriait plus sincèrement à tout le monde, comme si le poids qu'il portait sur les épaules s'était ôté.

– Et puis, ils ont une belle Salle Commune à Serpentard, remarqua Sirius. Bien mieux que celle de Serdaigle, si vous voulez mon avis.

– Pourquoi est-ce vous pensez tout de suite que je vais aller à Serpentard, si ce n'est pas Gryffondor ? demanda Harry en écarquillant les yeux.

Remus rit doucement en le regardant avec un air professoral.

– Harry, tu es très intelligent, mais jamais Serdaigle ne te conviendrait. Poufsouffle n'en parlons même pas. Non, tu es assez ambitieux pour aller à Serpentard, mais aussi assez courageux pour aller à Gryffondor.

– Quoi qu'il en soit, le Choixpeau sait ce qu'il fait, promis James en regardant Peter.

Ils se comprirent en un seul regard. Car même si Peter s'en voulait encore de ce qu'il avait fait, il savait que le Choixpeau avait bien fait de l'envoyer à Gryffondor. Il n'avait peut-être pas mérité sa place, à un moment, mais il avait rencontré ses trois meilleurs amis, ses frères, sans lesquels il n'aurait été qu'un lâche. Et il avait mérité sa place au moment où il avait contribué à la disparition de Voldemort, sans aucune peur, ses plus fidèles amis à ses côtés.

– Et voilà ! dit Lisa en déposant un plateau sur leur table.

– Tu ne restes pas avec nous Lisa ? demanda James en se balançant sur les pieds de sa chaise.

– Je sais quand vous laisser entre Maraudeurs, sourit-elle en posant face à lui le Lunard, sa brioche préférée.

– Une femme censée. Quand est-ce que tu l'épouses Queudver ? demanda James avec un sourire en coin.

Peter rougit jusqu'à la racine des cheveux et observa Lisa qui lui fit un petit signe de la tête.

– À propos de ça, justement... commença Peter en tendant la main vers la jeune femme.

Lisa passa son bras autour des épaules de Peter, mettant en évidence la bague étincelante qu'elle portante à l'annulaire gauche.

– Heureusement que Lily n'est pas là, murmura James les yeux écarquillés. Elle aurait été folle de joie.

– Félicitations Peter ! s'écrièrent Remus et Harry d'une même voix.

– Je suis fier de toi, approuva Sirius avec émotion. Lisa, je ne vais plus pouvoir te dire à quel point je t'aime, je suis déçu.

– Tu auras toujours une place dans mon cœur Sirius.

– Mais je te comprends, sourit Sirius en tapant Peter affectueusement dans le bras. Si j'avais été toi, moi aussi j'aurais choisi Peter.

Peter sentit son cœur se gonfler de joie. Parce que Sirius avait sans doute eu le plus de mal à pardonner Peter et que cette preuve de confiance, d'amour, était tout ce que Peter espérait à présent.

Ses frères et Harry le félicitèrent avec joie en l'enlaçant, lui promettant le meilleur mariage de la décennie, ce dont Peter ne doutait pas.

Lisa retourna derrière le comptoir, pour cacher sa propre émotion.

Peter et Lisa avaient commencé à sortir ensemble il y a deux ans, gardant leur relation assez secrète, avant que Harry ne les trouve en train de s'embrasser un jour où il était venu pour manger des gâteaux.

La nouvelle avait fait le tour des Maraudeurs et tout le monde avait débarqué à la boulangerie dans les secondes qui avaient suivies.

Peter sentait qu'ils étaient tous heureux qu'il ait enfin sauté le pas de la demander en mariage et rien ne pouvait lui faire plus plaisir.

– Remus tu n'as pas intérêt d'épouser Andrew, marmonna soudainement Sirius en fixant le loup-garou. Je serai le seul non-marié, Lily ne le supportera jamais.

– Ça c'est sûr, confirma Harry en ricanant.

– Une vengeance bien méritée pour tout ce que tu nous fais subir, renchérit Remus.

– Je suis adorable, assura Sirius avec un sourire angélique alors que tout le monde ricanait dans son coin.

– Nous n'avons plus qu'à trinquer, dit James en essuyant ses larmes et levant son verre au centre de la table. À Queudver, sans qui nous n'aurions jamais découvert que Remus aimait les garçons et que les tatouages serpents étaient affreux.

– À mini-Cornedrue qui va sans doute finir à Serpentard, mais ce n'est pas grave puisque, Merlin merci, le vert et argent ira bien avec ses yeux, enchaîna Sirius en levant sa tasse de thé.

– À Patmol qui va devoir passer toute une soirée avec une collègue affreuse de Lily, parce que cette dernière désespère que tu te maries un jour, ironisa Remus en fusillant Sirius du regard alors que Peter éclatait de rire.

– À Lunard sans qui vous ne seriez jamais devenu Animagus, sourit Harry ravi de porter un toast quand les regards se posèrent sur lui.

– Et à Cornedrue, qui m'a sauvé la vie il y a dix ans. Et aux Maraudeurs pour m'avoir montré ce qu'était qu'avoir des frères. Sans vous je… Je ne sais pas ce que… Alors, voilà... Merci, murmura simplement Peter en regardant chacun de ses amis avec une grande émotion.

– Aux Maraudeurs ! dirent les cinq garçons en trinquant à l'unisson.

Peter sentit son cœur se serrer d'amour pour eux, alors qu'il sentait la présence réconfortante de sa future femme derrière lui. Il sourit, apaisé, parce qu'il savait qu'il avait le bon choix, il y a dix ans, en venant parler à James.

Il n'osait pas imaginer ce qu'il se serait passé s'il avait été trop lâche pour le faire.

Il ne voulait pas le savoir, parce que ce n'était pas arrivé.

Il avait fait le bon choix et il voulait profiter de sa famille.

Les Maraudeurs.

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