Prologue

Assis dans la zone d'atterrissage de l'aéroport d'Haneda, à attendre que ses valises fassent leur apparition, Axel lisait, pour la énième fois, le message que Jude lui avait envoyé trois jours plus tôt. Il n'en comprenait pas un traître mot, ou plutôt, il ne comprenait pas comment les choses avaient-elles pu changer à ce point.

Il avait toujours eu un doute, même lorsqu'il jouait au football avec ses nouveaux coéquipiers. Peut-être que repartir pour l'Allemagne, aussi peu de temps après la fin du FFI, avait été une erreur monumentale. Et bien qu'à chaque fois qu'il relisait le message, il en était convaincu, il ne parvenait pas à regretter.

Il avait appris tellement de choses aux contacts des joueurs européens, il avait pu faire tellement d'expérience, voir tellement de nouvelles façons de jouer. N'importe quel joueur de football, tout aussi passionné que lui, aurait été trop heureux de se voir proposer une telle chance. Ce n'était pas pour rien que Marc et Jude l'avaient tant encouragé à accepter.

Emi aussi, quoique plus sceptique, lui avait dit d'y aller. Ils s'étaient évidemment séparé, la jeune fille refusant de vivre une nouvelle relation à distance, mais Axel avait été certain, à ce moment-là, que cela ne durerait pas. Une fois qu'ils se retrouveraient, ils seraient de nouveau très heureux ensemble.

Axel y avait cru inlassablement jusqu'à il y a trois jours. Jusqu'à ce fameux message de Jude, qui lui avait répondu, après qu'il se soit étonné qu'Emi ne les accompagne pas, Marc et lui, à l'aéroport pour l'accueillir : « J'aurais préféré que tu ne l'apprennes pas comme ça, mais… il se passe quelque chose de bizarre entre Emi et Aïden… enfin tu verras, mais ne te fais pas de faux espoirs, passes à autre chose ! ».

Il ne s'y était pas attendu.

Il savait qu'entre Aïden et Célia, c'était terminé depuis longtemps. Les premiers mois qui avaient suivi son départ, Emi lui faisait des comptes-rendus de tout ce qu'il se passait au lycée. Pendant des jours, au moment de leur rupture, elle lui avait parlé d'eux pendant des heures, ne comprenant pas les raisons qui les avaient poussés à se séparer, analysant leur comportement, et tout un tas de choses qu'une fille comme Emi était capable de faire.

En y repensant, c'était vrai que depuis quelque temps, la jeune femme ne lui écrivait plus aussi souvent. Et même, quand il lui arrivait de le faire, elle ne lui parlait plus d'Aïden. Cependant, il y avait quelque chose qui ne collait pas. Emi et Aïden étaient les meilleurs du monde. Avec Andreas, ils formaient un trio soudé depuis qu'ils avaient l'âge de marcher. Comment une relation amoureuse pouvait-elle naître à la suite d'une relation amicale comme la leur ? L'image d'un Andreas, amoureux d'Emi, s'incrusta dans sa tête, et Axel essaya de toutes ses forces de la repousser le plus loin possible. Il ne devait pas penser à ça.

- Jeune homme, l'interrompit une voix, ce sont les dernières valises… Elles sont à vous ?

Axel dévisagea l'employé de l'aéroport qui lui indiquait du doigt un ensemble de valises. Alors qu'il les reconnaissait, il se leva précipitamment, remercia le vieil homme, et se dépêcha de les récupérer. Marc et Jude l'attendaient dans le hall.

- Axeeeeeeel ! S'exclama Marc quand il le vit passer les portes.

Dans un sourire, le jeune homme observa son meilleur ami accourir vers lui, et bientôt, il fut coincé entre les bras de ce dernier.

- Moi aussi, je suis heureux de te revoir, Marc, dit-il en souriant, mais si tu pouvais me lâcher, maintenant !

Marc s'exécuta en riant, et tous deux se dirigèrent vers Jude, qui les attendait, les bras croisés, un rictus moqueur aux lèvres. Le cœur d'Axel se gonfla de joie. C'était si bon de revoir ses amis, et leurs petites manies qui lui avaient tellement manqué.

- Tu as fait bons voyage ? Lui demanda Jude lorsqu'ils arrivèrent à sa hauteur. Tu n'es pas trop fatigué ?

Axel hocha la tête à la première question.

- On peut aller directement au lycée, si c'est ce que tu veux savoir, dit-il, mon père et Julia ne sont même pas encore à la maison.

Jude opina, et tous les trois allèrent à la rencontre d'un taxi. Quand ils furent confortablement installés, Marc ne parvint pas à se retenir plus longtemps.

- Tu sais pourquoi le coach Hillman t'a demandé de revenir, n'est-ce pas ?

- Oui, je crois même en savoir un peu plus que toi, se moqua Axel, on en parle davantage en Europe.

- C'est vrai ? S'émerveilla Marc, en le fixant, des étoiles dans les yeux.

- Je ne sais pas si tout ce qu'il s'y dit est vrai, mais il paraît que c'est une vieille compétition qui n'a jamais été disputée une seule fois.

- Cette information-là est juste, confirma Jude, d'après ce que Travis m'en a dit, la première édition aurait dû être disputée treize ans plus tôt, mais l'un des créateurs de la compétition est décédé brutalement.

- Et en quoi elle consistait cette compétition ? Demanda Marc, de plus en plus curieux.

- Je n'en ai pas la moindre idée, répondit Jude, Travis n'a rien voulu me dire de plus, et bizarrement, je ne trouve rien la concernant sur internet. Tu en sais plus Axel ?

Ce dernier agita négativement la tête.

- La seule chose que j'ai apprise, c'est qu'il s'agit d'une compétition internationale, mais ça, n'importe qui aurait pu le deviner.

- Hillman nous en dira sûrement plus quand nous le verrons, en conclut finalement Marc avec déception.

Le silence s'installa quelques minutes avant qu'Axel ne le brise de nouveau.

- Giuliano et Aïden sont repartis en Europe ? Interrogea-t-il.

- Non, dit Marc, mais maintenant que tu le dis, c'est assez étonnant… Pourquoi n'auraient-ils pas été sélectionnés ?

Jude haussa les épaules, loin de trouver à ça quelque chose d'étrange.

- Nous ne savons presque rien de ce tournoi, dit-il, attendons d'en savoir plus avant de faire ce genre de réflexion.

Ses deux amis confirmèrent.

- Et sinon Axel, c'était comment en Allemagne ?

Le jeune homme se tourna vers Marc, qui attendait impatiemment qu'il lui raconte tout du football européen, et commença à parler. Quand ils arrivèrent au lycée Raimon, il n'avait pas encore terminé.

.

− Lâche-moi Aïden, maugréa Emi en jouant des coudes, je travaille !

En riant, le jeune homme lâcha son amie qu'il tenait encore fermement serrée dans ses bras quelques secondes plus tôt, et vint s'installer sur le banc, à côté d'elle, où elle « travaillait ». Elle faisait défiler son fil d'actualité Instagram, et semblait bien concentrée sur la vidéo que venait de poster Heath Moore.

- Ton travail ne consiste pas à remplir nos gourdes et à nous préparer des serviettes ? Demanda-t-il en attrapant une bouteille de jus de ginseng.

- Non ! J'ai bien spécifié à Célia que je n'étais pas une manager, s'énerva-t-elle.

Aïden leva les yeux au ciel en reposant la bouteille, sans en avoir bu une goutte. Il s'était aperçu que cette dernière était vide. La faute à Emi qui ne l'avait pas remplie.

- Qu'est-ce que tu fais alors ?

- Aaaarg, je te l'ai déjà répété un million de fois, s'énerva-t-elle, je récolte des informations sur les équipes adversaires.

- C'est le travail de Célia, ça ! Ne pus s'empêcher de lui faire remarquer le jeune homme, une nouvelle fois.

Aïden se maudit aussitôt d'avoir prononcé ces paroles. Emi dardait sur lui un œil noir, et il préféra battre en retraite. Il s'écarta doucement, cherchant un endroit où fuir alors que la jeune femme posait son téléphone, prête à lui répéter cette énième leçon qu'elle lui faisait à chaque fois.

- Eh Aïden, l'appela Giuliano depuis le terrain d'entraînement, tu comptes roucouler encore longtemps ?

Trop heureux de pouvoir échapper à Emi, le jeune homme se retourna brusquement vers l'Italien, qui lui faisait signe de la main, et s'échappa en vitesse.

- J'arrive tout de suite ! Répondit l'allemand en interceptant le ballon qu'on lui envoyait.

Emi le regarda partir, fatiguée de l'avoir sur le dos depuis autant de temps, et se reconcentra sur son téléphone.

Elle ne fut tranquille que cinq minutes, avant qu'on ne s'assoit de nouveau à côté d'elle. D'abord énervée qu'Aïden la dérange encore, elle fut surprise en découvrant sa cousine, Miya, juste à côté d'elle, fixant le terrain d'entraînement des yeux.

- Mais qu'est-ce que tu fais ici ? S'étonna-t-elle. Tu n'as pas une équipe à gérer ?

Emi faisait évidemment référence à l'équipe du lycée Sélène, où Miya était élève. Sa cousine était manager de l'équipe depuis le collège, et bien qu'elle soit la petite-amie de Jude Sharp, vice-capitaine de l'équipe de Raimon, elle n'en restait pas moins dévouée à la formation de son établissement.

- Jude m'a prévenu hier soir qu'Axel rentrait aujourd'hui, dit simplement la jeune femme, il est parti l'accueillir avec Marc, ils ne devraient plus tarder.

La plus blonde des deux écarquilla les yeux, surprise. Elle avait complétement oublié qu'Axel devait rentrer au Japon. La faute à cette mystérieuse compétition dont Marc Evans rabâché les oreilles de tout le monde depuis un mois et demi.

- Jude l'a plus ou moins prévenu pour Aïden et toi, expliqua encore Miya, enfin… Il ne lui a pas dit que vous sortiez ensemble… Ça, c'est à toi de le faire !

- Quoi ? S'étonna Emi. Dans quel monde est-ce que c'est à nous de prévenir notre ex que nous avons un nouveau copain ? Ce sont les amis en commun qui le font normalement.

- Oui, approuva Miya, mais normalement, les ex en question ne restent pas amis. Axel et toi êtes restés proches, et même si je sais que vous vous parlez de moins en moins, tu lui dois bien ça. Tu aurais déjà dû le prévenir il y a longtemps. Je n'ose pas imaginer à quel point il doit se sentir mal de l'avoir appris comme ça.

Emi soupira, vaincue. Comme bien souvent, Miya avait raison. Elle baissa la tête, et fit semblant de s'intéresser à son écran de téléphone, bien qu'en réalité, elle tentait de trouver comment annoncer une chose pareille à Axel.

Miya avait sûrement prévenu Nelly, sa meilleure amie, de sa présence, car cette dernière les rejoignit presque aussitôt. Emi n'avait jamais aimé Nelly Raimon, et le fait qu'elle soit obligé de la supporter du matin au soir, puisqu'elles étaient dans la même classe et dans les mêmes clubs, n'avaient certainement pas arrangé les choses.

- Marc m'a prévenu qu'ils arriveraient d'ici un petit quart d'heure s'il n'y avait pas de problème sur la route, annonça la dernière venue.

A la mention de Marc, Emi eut une idée. Elle mit sa fierté de côté et interrogea la rousse.

- Dis Nelly, Marc et toi êtes restés étonnamment proche malgré votre rupture ?

Nelly haussa un sourcil interrogateur, alors que Miya soupirait, comprenant où sa cousine voulait en venir.

- Il arrivera forcément un jour où tu rencontreras quelqu'un d'autre et où vous sortirez ensemble. A ce moment-là, comment l'annonceras-tu à Marc ?

Emi ne manqua pas le regard que la rousse darda vers Giuliano Vespussi, l'attaquant italien qui avait rejoint l'équipe de Raimon, à la suite du FFI, mais ne fit aucun commentaire. Elle regretta aussitôt ce choix quand Nelly lui répondit.

- Déjà, je ne ferais certainement pas comme toi ! Si tu avais expliqué à Axel ce qu'il se passait entre Aïden et toi dès le début, tu ne te retrouverais pas dans une telle situation.

Emi lui jeta un regard noir, et s'apprêta à lui répondre méchamment, avant que Miya ne s'interpose.

- Tu n'as qu'à lui dire les choses comme elles sont, dit cette dernière, que tu ne savais pas comment le lui dire et qu'Aïden et toi avez découvert que vous vous aimiez plus que comme de simples amis.

La blonde allait répondre quand un mouvement du côté du terrain attira l'attention des trois jeunes filles. Tous se précipitaient vers le portail de l'établissement, non loin de là, où trois silhouettes venaient de se présenter. Au centre, encadré de Jude et Marc, Emi n'eut aucun mal à reconnaître Axel, emmitouflé dans sa caractéristique doudoune orange, semblant avoir encore grandi.

En son for intérieur, Emi maudit Marc Evans et son incapacité à annoncer des horaires corrects.

.

Les retrouvailles entre Axel et le reste de l'équipe Raimon avaient été des plus joyeuses. Trop heureux de revoir ses amis, il n'avait pas fallu longtemps avant qu'il ne se change et les rejoignent sur le terrain.

Il était déjà très tard, et Miya était occupée à ramasser les ballons d'une séance d'entraînement qui s'était beaucoup trop éternisée, la tête dans les nuages.

- Où sont Célia, Emi et Nelly ? Demanda Jude en arrivant, les cheveux encore dégoulinant de sa douche. Tu sais très bien que ce n'est pas à toi de faire ça, tu n'es même pas élève ici.

Comme pour prouver ses dires, il lui arracha le ballon qu'elle tenait dans les mains, et entreprit de ramasser les derniers. Miya haussa les épaules, incertaines quant à la localisation de ses amies.

- Il me semble que Célia termine un devoir pour le club de journalisme, Nelly vient de partir avec Giuliano, quant à Emi… Je n'en ai aucune idée. Aïden est encore dans le vestiaire ?

Jude hocha la tête pour lui confirmer que c'était le cas.

- Alors, elle doit sûrement l'attendre, conclut Miya en attrapant un dernier ballon sous les reproches de son petit-ami. Comment va Axel ? J'ai à peine pu lui parler.

Elle prit son sac à dos, posée sur l'un des bancs, et prit la main que Jude lui tendait, afin qu'ils puissent quitter l'enceinte du lycée Raimon.

- Il semble aller bien, répondit le footballeur, il n'a pas mentionné une seule fois le message que je lui ai envoyé, ni Emi. Quant à Aïden… Je crois que ça s'est bien passé entre eux.

Miya hocha la tête, pensive. Elle savait très bien ce que Jude pensait de toute cette histoire. La rupture entre Célia et Aïden n'avait pas changé l'opinion qu'il avait de l'allemand, et Jude passait toujours autant de temps à s'entraîner avec lui. Il n'avait pas vu d'un bon œil le rapprochement entre Emi et lui, craignant directement que tout cela ait de lourdes conséquences quant à leur relation avec Axel. Il ne voulait pas s'impliquer dans cette histoire, n'ayant pas envie de mettre à mal l'amitié qu'il partageait depuis des années maintenant avec le blond, et celle toute naissante entre Aïden et lui. Miya aurait voulu alléger le poids de ses pensées, mais personne n'avait ce pouvoir-là.

- Emi a essayait de lui parler, lui confia-t-elle dans un murmure, mais il a refusé de l'écouter.

- Vraiment ? S'étonna-t-il. Je ne les ai pas vus une seule fois ensemble après qu'ils se soient dit bonjour.

- Tu étais trop occupé à jouer au foot !

Jude confirma, et pressa davantage le pas. La nuit était tombée depuis longtemps, et il voulait raccompagner Miya rapidement, ayant hâte de se coucher.

- Où est-ce que tu vas ? S'étonna cette dernière quand elle le vit tourner à l'angle d'une rue.

- Je te raccompagne chez toi, pourquoi ?

- Enfin, Jude ! Je n'ai pas arrêté de te répéter que Mr. Hillman voulait nous voir ce soir de toute urgence.

- Mince, c'est vrai, se souvint-il.

A contre cœur, il fit demi-tour pour reprendre la rue principale. Décidemment, sa journée n'était pas prête de se terminer.

- De quoi veut-il nous parler déjà ?

- Je n'en ai aucune idée ! Dépêchons-nous, nous le saurons vite comme ça.

Et ils coururent presque jusqu'au restaurant, situés quelques rues plus loin. Ils soufflèrent de soulagement quand la chaleur de la pièce les étouffa, réchauffant leur corps gelé par cette froide nuit de printemps. Ils saluèrent chaleureusement l'entraîneur de Raimon, qui ne fut capable que de leur rendre un sourire crispé.

- Venez vite vous installez, je vous ai préparé un bol de nouille.

Loin d'être mécontent, ils commencèrent à manger, attendant avec appréhension que Seymour Hillman ouvre la bouche. Miya avait le cœur serré d'appréhension, l'atmosphère était pesante, et elle était certaine que ce serait une mauvaise nouvelle qu'il leur annoncerait.

Jude termina son plat avant elle, reposa bruyamment ses couverts sur le comptoir et toisa le vieil homme, l'encourageant à parler.

- Qu'est-ce que vous aviez à nous dire qui nécessitait notre venue aussi rapidement ?

- Et pourquoi seulement nous deux ? Demanda encore Miya.

Hillman soupira.

- Si vous étiez venu avec Marc ou Axel, ça n'aurait certainement pas été un problème. Mais tu étais la plus facile à joindre, ma petite.

Ils hochèrent la tête.

- Ce que je m'apprête à vous dire n'a pas encore été révélé dans les médias, mais ça ne serait tarder. Ce n'est qu'une question de jours avant que tout le monde le sache, et que ce soit un véritable scandale au sein du monde du football.

- Que tout le monde sache quoi ? Interrogea encore Jude.

- Ray Dark va être libéré !

Rien n'aurait pu préparer, ni Jude, ni Miya, à une telle annonce. Les mots se bloquèrent dans la gorge du garçon, sous l'effet de la surprise. Pourquoi maintenant, à quelques semaines d'une si importante compétition ? Qu'est-ce qu'il avait en tête ? Jusqu'à quel point avait-il changé ? Poserait-il des problèmes ?

Le milieu de terrain du lycée Raimon voulu poser toutes ses questions-là, mais il en était incapable. Il y avait un autre sentiment aussi qui le rendit muet : la peur.

Il n'avait pas peur de Ray Dark, non. Il avait peur de lui.

Parce qu'à l'entente des mots de Hillman, Jude n'eut aucun mal à identifier le sentiment qui naquit en lui à ce moment : l'impatience.

Il était impatient de revoir Ray Dark, et il ne comprenait pas pourquoi.