Un petit OS futile (qui devait être court mais bon…) sur une idée que j'ai concernant la merveilleuse famille Roncenoir. C'est aussi pour me venger du fait que lorsque qu'on participe à la guerre civile de Bordeciel du côté de l'Empire, Maven Roncenoir devient Jarl de Faillaise. Je ne permet pas que ma ville préférée de Bordeciel soit traitée de la sorte. D'un autre côté, je ne suis pas certaine que les Sombrages soient mieux lotis puisque s'ils gagnent la guerre civile, ce sont les Sang-d'Argent qui règnent sur Markarth…

Sinon, j'ai mis ça dans la catégorie Tragédie car le suspense c'est pas mon truc et que vous vous doutez bien de ce qui va se passer dans cet OS mais du coup… est-ce vraiment une tragédie ou au contraire une très bonne chose ?


La trahison est un bon hydromel

Si elle devait être honnête – chose qu'elle n'était jamais, parce qu'à quoi servait la sincérité dans ce monde, sauf pour critiquer les autres et les intimider ? – Maven Roncenoir admettrait passer une excellente journée.

Elle ne se lassait pas d'être dans les salles du Château d'Embruine, dans lesquelles elle se sentait déjà comme chez elle – puisque c'était désormais chez elle. Cela avait pris bien plus de temps que prévu, notamment à cause de cette incapable de Laila Juste-Loi et ses principes moraux idiots – autant que son nom – mais grâce à l'intervention de la guerre civile, elle était enfin parvenue à rendre son clan maître de toute la Châtellerie de la Brèche.

De toute façon, si la chance venait à tourner et que l'Empire s'effondrait – comme cela semblait sur le point de se produire avec le meurtre de Titus Mede II par la Confrérie Noire –, il lui suffirait de changer de camp. Elle condamnerait le Traité de l'Or Blanc, s'attirerait la sympathie de tous les fidèles aveugles prêts à défendre corps et âme leur foi envers Talos et ceux-ci feraient le travail pour elle en s'opposant au Domaine Aldmeri, sans que cette fois-ci l'Empire ne fasse obstacle. Après tout Ulfric Sombrage était peut-être mort mais bon nombre de ses partisans vivaient encore et luttaient toujours en son nom et en sa cause.

Seuls les gens rusés comme Maven Roncenoir savaient profiter du chaos d'une situation critique dans leurs propres intérêts et en cette fin de l'an 201, tout lui profitait à merveille. Il ne manquait plus qu'à arranger quelques détails gênants pour que tout soit parfait : ses enfants. Ceux-ci tenaient décidément de leur incompétent de père.

Hemming, bien qu'ambitieux et fidèle à son clan, fanfaronnait trop pour réussir quoi que ce soit : il ne comprenait pas l'art subtile de l'intimidation et à ce rythme, sa grande gueule l'amènerait juste à se faire poignarder dans le dos dès qu'il obtiendrait le pouvoir car contrairement à sa mère, il manquait non seulement de cran mais également de ruse.

Sibbi restait à son grand dam un éternel bon à rien. Il semblait que même les gardes s'étaient lassés de ses bêtises car ils avaient baissé leur vigilance, ce qui avait permis ) son incapable de fils de s'enfuir de sa prison. C'était un acte en soi des plus admirables, sauf que cet imbécile en avait profité pour partir à l'autre bout de Bordeciel faire de la contrebande dans la Châtellerie d'Haafingar. Maven avait songé à envoyer des bandits lui donner une bonne leçon mais s'en était finalement abstenue, bien décidée à ne pas dépenser le moindre septim pour son fils. De toute façon, il se ferait prendre tôt ou tard et à ce moment, elle utiliserait ses relations pour le faire revenir à Faillaise de gré ou de force.

Quant à Ingun, Maven ne savait pas quoi en penser. De ses trois enfants, sa fille était la plus compliquée à comprendre et cela commençait à être pénible. Intelligente et sûre d'elle, Ingun aurait dû bénéficier de toutes les qualités pour lui succéder à la tête de chef du clan Roncenoir mais cette dérangée se moquait bien de leur famille et de leurs ambitions. Elle ne s'intéressait qu'à la mort et aux poisons, au point de s'être volontairement réduite à être l'apprentie de l'alchimiste farfelu des bas-fonds de Faillaise. Si encore sa fascination morbide servait les intérêts de leur famille, cela aurait pu se comprendre mais Ingun ne paraissait avoir que du dédain et du désintérêt pour le nom des Roncenoir.

L'avenir du clan Roncenoir n'était clairement pas assuré s'il devait être entre les mains d'un de ces trois là mais heureusement, ce souci semblait aussi sur le point de se régler de lui-même : sa fille avait apparemment retrouvé la raison et s'était enfin éloignée de l'alchimiste pour revenir auprès des siens, au Château d'Embruine.

Maven l'avait donc convié à dîner dans la grande salle, sans serviteurs ni même Hemming. Celui-ci s'était offusqué d'être ainsi écarté mais avait comme toujours obéi aux souhaits de sa mère et c'était bien la raison pour laquelle celle-ci ne l'avait voulu à cette table ce soir : ce garçon aurait bien eu besoin d'un peu de l'audace et la fourberie de son frère – et pour qu'elle pense ainsi de Sibbi, c'était que cas de Hemming était très grave.

Elles étaient donc seules dans la pénombre de la grande salle du Château d'Embruine et ses torches comme seules sources de lumière, entre mère et fille à une somptueuse table en chêne accommodée d'un véritable festin, allant des fromages et des viandes les plus chères aux boissons fermentées les plus rares. Maven comptait sur tout ce luxe pour faire réaliser à Ingun les avantages d'avoir de grands ambitions politiques.

Si elle parvenait à convaincre sa fille de prendre la succession de chef du clan Roncenoir à la place de Hemming, elle pourrait s'occuper pleinement de son rôle de Jarl et peut-être tourner son regard vers un rôle encore plus important au sein de Bordeciel – un qui marquerait à jamais le nom des Roncenoir dans l'histoire de leur province, mais elle préférait garder cela sous silence pour l'instant car certaines choses se devaient de rester sous silence pour être concrétisées…

« Il est bon de voir que tu es revenue à toi et que tu as abandonné ces passes-temps ridicules, Ingun. »

Sa fille laissa échapper un rire hautain et but une gorgée de son vin. Cette réaction ressemblait beaucoup à celles de Sibbi quand Maven essayait de lui inculquer un peu de bon sens. Ces deux là avaient décidément passé trop de temps ensemble – il n'était donc peut-être pas si mal que son bon à rien de fils soit à l'autre bout de Bordeciel en ce moment, l'empêchant ainsi d'influencer les décisions de sa sœur avec ses idées grotesques.

« Cela vous rassure donc tant que ma formation soit finie, mère ? J'aurais cru que me spécialiser dans les poisons vous aurait rendue fière. Après tout, ne sont-ils pas le moyen le plus efficace et prudent de se débarrasser de ceux qui s'opposent à vous ? »

Maven plissa les yeux. Ingun avait toujours été la plus effrontée de ses enfants, celle qui ne se gênait pas pour dire ce qu'elle pensait, une qualité selon sa mère mais cette fois-ci, son ton moqueur la dérangeait. C'était une chose qu'Ingun fasse preuve d'assurance et démontre qu'elle ne craignait personne car elle portait le nom des Roncenoir mais s'en était une autre qu'elle s'adresse ainsi à sa mère, la seule personne sur qui elle n'aurait jamais la moindre autorité, fut-elle Haute-Reine ou Impératrice.

Elle se força néanmoins à rester calme. Ingun était rusée et peut-être faisait-elle cela exprès, pour voir si elle pouvait énerver sa mère et ainsi prouver qu'elle avait plus le contrôle de la situation qu'elle. Ce serait un méthode intéressante, songea Maven avec un certain amusement.

« Bien sûr que non, répondit-elle donc. Nous sommes immédiatement soupçonné quand se fait un meurtre par empoisonnement. Tu découvriras qu'il existe des manières bien plus radicales et persuasives pour parvenir à ses fins.

— Tel que faire appel à des rats des rues comme ces membres de la Guilde des Voleurs ou menacer les gens d'effectuer un Sacrement Noir pour placer un contrat sur leur tête auprès de la Confrérie Noire, vous voulez dire ? »

Maven tapa brusquement sur la table et rétorqua sèchement :

« Surveille ton langage, jeune fille ! Oublierais-tu à qui tu t'adresses ? Je ne suis pas ton vieux maître sénile ou ton incapable de frère mais la matriarche du clan auquel tu appartiens. »

Ingun se figea et leurs regards se croisèrent mais plutôt que de lire de la peur dans ses yeux, Maven crut voir dans les iris clairs de sa fille une lueur dangereuse et meurtrière, un désir profond et sombre comme un animal blessé se préparant à répliquer avec une rage féroce qui ne serait apaisée qu'à la mort de son adversaire.

Cette lueur s'en alla aussitôt qu'elle était apparue et Ingun baissa légèrement la tête avec un faible sourire amère en coin.

« Veuillez me pardonner, mère. J'oublie quelle est ma place, semblerait-il… »

Quelque chose d'étrange était en train de se passer, réalisa Maven.

Ingun n'était pas du genre à abandonner si facilement un combat. En temps normal, elle ne se serait certainement pas excusée mais aurait commencé à déblatérer des inepties concernant le fait qu'elle se moquait bien de son clan et d'autres bêtises similaires.

Peut-être s'était-elle enfin assagie ? Non, par la façon dont elle parlait, ça ne pouvait pas être ça mais alors… que complotait- sa fille ?

Elle se ressaisit, se calma et reprit :

« Parlons-en, de ta place. Tu es venue ici en me disant être enfin prête à assumer le rôle qui est le tien au sein de notre clan.

— Je le suis, assura Ingun avec conviction.

— Je l'espère bien, sinon je ne perdrais mon temps à discuter avec toi en ce moment. »

Elle s'attendit à une réplique acérée d'Ingun mais celle-ci ne dit rien, se contentant de la dévisager avec attention.

Que complote-t-elle ? se répéta Maven, méfiante.

Il ne fallait pas qu'elle se laisse déstabiliser par si peu, qu'elle tombe dans le piège conçu par Ingun – bien qu'elle ne sache pas ce qu'il en était exactement. Par tous les dieux Nordiques, que cette enfant était exaspérante…

« Je vous assure que je ne vous décevrai pas, mère », déclara Ingun, avec un sourire entendu.

Depuis quand sa fille se souciait-elle de ne pas être une déception ? Elle ne s'en était clairement pas préoccupée quand il lui avait pris la fantaisie de devenir l'apprentie d'un alchimiste pour fabriquer des potions plutôt que de s'intéresser aux affaires de son clan et soudainement, elle changeait d'avis et voulait faire ce qu'il y avait de mieux pour le nom des Roncenoir ?

Non, cela cachait quelque chose. Il fallait mettre un terme à cette conversation maintenant, sans pour autant laisser Ingun comprendre que sa mère se méfiait d'elle.

Maven se leva et attrapa une bouteille amenée par Ingun de leur hydromellerie familiale et en versa le contenu dans deux coupes en argent. Le liquide, d'une douce couleur miel, dégageait une odeur des plus agréables.

« Je n'en doute pas, dit-elle en lui tendant une coupe. Si tu es revenue à toi, c'est que tu es prête à glorifier le clan Roncenoir. Sinon tu n'aurais pas pris la peine d'être là.

—Bien sûr que non. Je sais que vous n'aimez pas perdre votre temps. »

Elle ment. Elle te ment droit dans les yeux, lui murmura son esprit. Que prépare-t-elle ? Quel est le piège ?

Ingun leva sa coupe et déclara avec un entrain modéré :

« À votre santé et à la réussite de notre clan, mère. »

Ce fut à cet instant que Maven crut comprendre ce que complotait sa fille.

Elle parvint à garder son expression indifférente mais ne leva pas sa coupe et ne fit aucun geste pour l'approcher de ses lèvres. Ses pensées se succédaient frénétiquement dans son esprit.

L'hydromel. Elle l'a empoisonné ? Aurait-elle osé ?

Inconsciente de son tourment intérieur, Ingun but une gorgée d'hydromel. Elle remarqua l'étrange attitude de sa mère et se pencha en avant avec une expression faussement soucieuse.

« Vous sentez vous bien, mère ? Vous semblez pâle. »

Maven lui jeta un regard noir.

« Ne racontes pas de bêtise, péronnelle. »

Elle s'empressa de porter sa coupe à ses lèvres et goûta à son hydromel. Il était excellent, comme toujours. Elle déposa son récipient mais avant qu'elle ne puisse prendre la parole, Ingun gloussa et regarda sa propre coupe avec une inquiétante fascination et satisfaction.

« Mère… dit-elle doucement, savez-vous ce que j'ai appris avec ces passes-temps ridicules, comme vous les appelez ? »

Maven fronça les sourcils. Elle s'en moquait bien, de ce que sa fille avait appris lors de sa formation futile. Sans attendre de réponse de sa part, Ingun finit de boire le contenu de sa coupe avant de l'observer attentivement sous la chaude clarté fournie par les torches alentour.

« Maître Elgrim est certes un Nordique en fin d'âge difficile à vivre mais contrairement à ce que vous pensez, il est n'est pas encore sénile – enfin, pas complètement. Il m'a appris tout ce qu'il y avait à savoir sur les venins, sans même se préoccuper de pourquoi je m'y intéressais. Il se moquait bien des usages que je pouvais en faire, même quand je suis finalement parvenue à créer ce qui est probablement le plus efficace des poisons. »

La peur s'empara de Maven Roncenoir. Qu'insinuait Ingun ?

C'est impossible. Elle a consommé cet hydromel. Elle ne l'aurait pas fait s'il était empoisonné.

« J'ai pris beaucoup de temps à le perfectionner, poursuivit nonchalamment Ingun. Notamment parce qu'il nécessitait des ingrédients très rares et dangereux à obtenir mais le résultat en vaut la peine. Un poison sans goût ni odeur et qui tue en quelques secondes, sans même que sa victime n'ait le temps de réagir. Ne trouvez-vous pas cela ingénieux, mère ? »

Elle eut l'impression que son corps commençait à être engourdi, comme si elle était brusquement prise d'une fatigue extrême. Elle tenta de se lever mais fut prise de vertiges et une main la fit se rasseoir de force sur son siège.

« Doucement… Faire des mouvements brusques ne fera qu'accélérer le processus. »

Debout, Ingun lui souriait avec cette lueur assassine de retour dans ses yeux.

« Je suis déçue, mère. Vous êtes une experte des coup bas et pourtant vous n'étiez même pas en mesure de prévoir la trahison de votre propre fille. Ou est-ce parce que vous orgueil vous a aveuglé, vous faisant croire que jamais votre sang et votre chair ne pourrait se retourner contre vous ou… s'opposer à vous ? »

Sa vision se troubla. La voix de sa fille se fit distante, lointaine.

« Ne croyez surtout pas que je sois ingrate, mère. Durant ma formation auprès de Maître Elgrim, je n'ai cessé de penser à vous et comment je pourrais vous témoigner de tout le respect que j'ai pour vous. Je me suis alors dit que je vous ferais l'honneur d'être mon premier sujet d'expérience humain pour ce poison. »

Un rire sardonique résonna à ses oreilles, suivi de paroles murmurées avec une satisfaction morbide :

« Alors, mère ? Êtes-vous enfin fière de moi ou suis-je encore une source de déception ? »

Ce fut la dernière chose qu'elle entendit avant de succomber au poison.

. . .

« Mère ? Mère ! »

Ce soir là, Hemming Roncenoir entra dans la grande salle du Château d'Embruine et trouva le corps sans vie de sa mère, froid et rigide, assis sur le siège du Jarl.

La garde de Faillaise eut beau fouillé la ville de fond en combe à la recherche de l'assassin du Jarl, ils ne trouvèrent aucun trace d'Ingun Roncenoir dans toute la Châtellerie de la Brèche.


Je n'ai pas eu l'occasion de le mettre, mais le poison était effectivement dans la bouteille d'hydromel apportée par Ingun et si celui-ci ne lui a rien fait, c'est parce qu'à force d'expérimenter des poisons, Ingun est devenue partiellement immunisée à ceux-ci. Est-ce que c'est possible ? J'en sais fichtrement rien mais vu les compétences d'alchimie dans les TES, je pense que c'est complètement possible.

Ha et j'ai pas pu m'empêcher de mettre des petites piques à Maven Roncenoir concernant la Confrérie Noire. Je vous jure que ça me faire tellement rire, ses menaces à deux balles sur la Confrérie Noire parce qu'il semble qu'elle a pas compris le principe de cette organisation : tout le monde peut faire appelle à elle pour tuer qui que ce soit, il suffit juste de faire un Sacrement Noir pour ça. Si ça tenait qu'à moi, je l'aurais fait ce Sacrement Noir. Comment personne n'y a pensé avant, d'ailleurs ? Qu'on ne me dise pas que c'est parce que Maven Roncenoir a trop d'influence pour que la Confrérie Noire pense à la tuer sinon l'Empereur Titus Mede II n'aurait jamais été assassiné.

Bref, un véritable mystère à mes yeux et selon ma théorie, je pense que la Confrérie Noire se moque bien d'elle – ou à vraiment mieux à faire que s'occuper d'une Nordique qui se croit supérieure à tout le monde, même à une organisation d'assassin qui n'obéit qu'à ses propres lois.