Les personnages du manga Detective Conan appartiennent à Gosho Aoyama.

Avertissement : Il s'agit d'une histoire érotique, en conséquence, il va de soit que sa lecture est déconseillée aux personnes trop jeunes ou trop sensibles pour la lire. D'autant plus qu'elle mettra en scène des pratiques sadomasochistes. Si vous poursuivez néanmoins sa lecture au delà de ce point, estimez-vous prévenu(e)s, petit(e)s coquin(e)s.

Embers

On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.

Friedrich Nietzsche

This is not the way into my heart, into my head

Into my brain, into none of the above

This is just my way of unleashing the feelings deep inside of me

This spark of black that I seem to love

We can get a little crazy

Just for fun, just for fun

Don't even try to hold it back

Just let go

Tie me up and take me over

Until you're done

'Till I'm done

You've got me feening and I'm ready to blow

Push up to my body

Sink your teeth into my flesh

(Get undressed, ta-taste the flesh)

Bite into me harder

Sink your teeth into my flesh

(Pass the test, ta-taste the flesh)

Hold me up against the wall

Give it 'till I beg, give me some more

Make me bleed, I like it rough

Like it rough

Rough

ROUGH!

Push up to my body

Sink your teeth into my flesh

Hold my arms above my head

And push my face into the bed

Cause I'm a screamer baby

Make me a mute

You put your hand up to my neck and feel the pulse

Beat, beat, beat, beat

It's like a trigger getting ready to shoot

Wanna wrestle with me baby?

Here's a sneak little peak

You can dominate the game

Cause I'm tough

I don't play around that often

When I do, I'm a freak

So you better believe

I like it rough

Push up to my body

Sink your teeth into my flesh

(Get undressed, ta-taste the flesh)

Bite into me harder

Sink your teeth into my flesh

(Pass the test, ta-taste the flesh)

Hold me up against the wall

Give it 'till I beg, give me some more

Make me bleed, I like it rough

Like it rough

Rough

ROUGH!

Push up to my body

Sink your teeth into my flesh

Hold me down

And make me scream

Lay me on the floor

(Me on the floor, la-la-lay me on the fl-oor)

Turn me on

(Turn me on)

And take me out

(Take me out)

Make me beg for more

Flesh, Simon Curtis

-:-

Si l'épiderme d'une adolescente était hérissée par la chair de poule, ce n'était pas la fraîcheur d'une nuit de printemps qu'il fallait blâmer pour cet état de fait, quand bien même elle s'était pratiquement mise à nu avant d'offrir son corps aux regards de l'assistance, ne conservant qu'une mince protection dont la valeur était avant tout symbolique...

Une assistance qui ne se réduisait en tout et pour tout qu'à une seule personne, mais Ran demeurait néanmoins tétanisée face à ces yeux qui n'avaient plus à fournir le moindre effort pour la déshabiller du regard...

L'espace d'un battement de cil, la jeune femme s'imagina qu'elle s'était éveillée au centre d'un amphithéâtre dont les gradins auraient été suffisamment démesurés pour contenir la population de l'archipel dans son ensemble, une multitude de regards qui la fusillait en plus de la clouer au pilori, un peloton d'exécution à la hauteur de l'agonie qui lui comprimait le cœur, réduisant ses battements aux soubresauts d'agonie d'un animal paniqué pris au piège d'une main de fer...

Mourir de honte... L'expression menaçait de devenir dangereusement littérale, si la Mort en personne était venu s'interposer devant la foule de ses bourreaux, Ran se serait précipité dans ses bras sans une seconde d'hésitation...

Et dire qu'elle demeurait encore abritée dans l'ombre protectrice des coulisses, elle n'osait pas imaginait l'horreur qui la submergerait si elle se décidait à faire le premier pas pour s'exposer sous le feu des projecteur franchissant le point de non-retour, celui où elle ne serait plus face à un miroir mais à un spectateur en chair et en os, un spectateur unique qu'elle aurait volontiers échangé contre la foule anonyme qui l'avait encerclé quelques instants auparavant, à la lisière d'un rêve éveillé qui flirtait dangereusement avec le cauchemar...

Oui, le tendre agneau aurait volontiers exposé sa chair voluptueuse au regard gourmand de cette meute de prédateurs, pour peu qu'on lui offre la garantie qu'un certain détective y brillerait pas son absence...

Ran se mordilla les lèvres avant de secouer la tête pour dissiper son angoisse comme ses appréhensions.

Futile... Si futile... Pourquoi s'était-elle prêté à cette pantomime alors qu'elle connaissait par avance sa propre réaction au cours de l'expérience qu'on lui avait fait miroiter ?

Passé les quelques secondes nécessaires à redonner un rythme à peu près normal à sa respiration comme aux battements de son cœur, l'adolescente se décida à relever timidement les paupières qu'elle avait si douloureusement compressés, il y a peu, rassemblant les derniers lambeaux de son courage pour faire face à cette étrangère qui la contemplait de l'autre côté de ce miroir...

Une étrangère, oui, le mot n'était pas exagéré, ce corps qu'elle effleurait du regard par intermittence, elle avait de plus en plus de mal à se convaincre qu'il s'agissait du sien...

La pudeur comme les vêtements de la petite dévergondée qui partageait sa chambre en l'absence d'un détective, ils s'étaient contracté à de minuscules surfaces de dentelles et de mousselines dont la noirceur flirtaient outrageusement à l'extrême lisière de la transparence...

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'adolescente aurait eue l'impression de se restaurer un semblant de pudeur en retirant immédiatement ses ersatz de sous-vêtement pour dévoiler ce qu'ils masquaient si mal... En commençant par cette culotte qui se limitait pratiquement à un mince triangle de mousseline épousant à la perfection son sexe, tout le reste s'effilochant jusqu'à se réduire à deux fils noirs qui comprimait sa taille, vision qui n'était pas sans évoquer le ruban qui ornait un cadeau d'anniversaire, invitant le futur possesseur du présent à la délivrer du mince emballage qui le dissimulait...

Dire qu'elle avait réussi à imposer son veto sur les proposition les plus outrageusement provocantes de son entremetteuse personnelle, parmi la multitudes d'assortiments divers et variés que Sonoko avait fait défiler sous le regard éberlué de sa meilleure amie, certains des ornements qu'on destinait à sa poitrine étaient tout juste suffisants pour recouvrir deux minuscules bourgeons de chair, la fonction initiale comme la forme du sous-vêtement ayant été visiblement absentes des esprits dérangés qu'il fallait blâmer pour la conception de ce véritable instrument de torture...

Un soupir résonna tandis que l'adolescente promenait les extrémités de ses doigts sur les crénelures qui recouvrait l'épiderme de son buste, le soutien gorge assorti au fantôme de culotte qui lui tenait compagnie avait au moins le mérite de prétendre voiler les formes qu'il comprimait, mais ce semblant de pudeur avait été rationné au millimètre, la majorité de ses seins n'offrait plus grand chose à l'imagination, au point que Ran ne doutait pas qu'au moindre mouvement légèrement trop brusque, l'un de ses mamelons se retrouverait aussitôt exposé à l'air libre comme au regard concupiscent d'un petit pervers.

Dans l'imaginaire de la jeune fille, les oripeaux qu'on la forçait à enfiler semblait approprié à l'exercice de ce qu'on qualifiait pudiquement de plus vieux métier du monde, entachée de tout cette profession pouvait susciter en terme d'opprobre et d'humiliation pour celle qui n'avait pas d'autre choix que de la pratiquer, ou pire s'y adonnait avec délice.

Jusqu'à présent, c'était la pudeur comme le pragmatisme qui avait guidé les choix de la lycéenne quand il s'agissait de garnir la portion la plus intime de sa garde-robe, et si on lui avait laissé son mot à dire sur la question, nul doute qu'elle se serait sagement maintenue sur ce sentier aussi rassurant que familier...

C'était compter sans sa meilleure amie, dont les suggestions étaient devenu plus insistantes que jamais maintenant que Shinichi s'était finalement décidé à revenir pour ouvrir les portes de son cœur comme de son domicile à celle qui n'avait jamais cessé de l'attendre pendant ces mois dont la longueur avait rivalisé avec celle des années...

Frustrée de constater que la relation unissant deux amis d'enfance n'avait jamais dépassé le cap du simple baiser du bout des lèvres, alors même que la plus timorée des deux n'avait plus l'excuse de la distance comme celle de l'absence, Sonoko n'avait pas manqué de mordre son mouchoir de rage quand, à force de circonvolutions, Ran lui avait confié que le baiser en question pouvait définitivement être qualifié de chaste, un aveu qui avait tant coûté à la pénitente qu'elle n'avait pu l'offrir que du bout des lèvres, et en les mordillant par intermittence pour maîtriser leur tremblement.

Bien décidé à rompre cet éternel statu quo une fois pour toute, l'héritière des Suzuki avait frappé la table d'un café du poing, faisant sursauter celle qui lui faisait face, avant d'escorter la récalcitrante jusqu'à une boutique de lingerie, la sermonnant tout au long du parcours, blâmant la victime d'une cruelle négligence sur son incapacité à mettre en valeur les charmes dont la nature l'avait allégrement pourvue.

La lingerie d'une femme était l'artillerie derrière laquelle elle s'abritait au cours de l'éternelle conflit entre les sexes, une observation que Sonoko ne manqua pas de faire bourdonner aux oreilles de sa victime favorite pour bien lui faire comprendre qu'elle ne franchissait pas le seuil d'un magasin de vêtement mais d'une armurerie, et qu'elle n'en ressortirait qu'après avoir soigneusement sélectionné l'arme de son crime au sein de l'arsenal qui se déployait autour d'elle. Un crime qu'elle commettrait le soir même, avant d'en faire un compte-rendu détaillé à son instigatrice, le lendemain matin, pour peu qu'on l'autorise à quitter la chambre d'un détective après le petit tour qu'on lui réservait.

Ran avait comprimé le rideau d'une cabine d'essayage entre ses doigts pour s'assurer que personne ne viendrait tirer brusquement ce voile pudique, et elle n'avait consenti à relâcher son emprise que lorsque Sonoko lui jura une troisième fois d'affilée qu'il n'y avait pas l'ombre d'un seul autre client aux alentours pour surprendre une jeune femme dont on aurait pu se demander si elle n'était pas dans son plus simple appareil au vu de son attitude.

La plus espiègles des adolescentes n'avaient pas manqué de manifester son enthousiasme lorsque la petite timorée se décida à dévoiler ce qui se dissimulait derrière ce rideau qu'elle froissait toujours d'une main tremblante, prête à rétablir instantanément la protection de la barrière de tissu au premier signe de trouble.

Parfait ou plutôt parfaite, elle était absolument parfaite ! Même si l'éternelle timide demeurait incapable d'exprimer clairement ses intentions, sa nouvelle garde-robe serait des plus éloquentes sur la nature de ce qu'elle exigeait de son détective... Aussi aveugle que puisse être cette imbécile, il réaliserait définitivement que c'était une femme qui l'attendait sagement à son domicile, et nul doute qu'il réaliserait dans le même temps qu'il était un homme avant d'être détective, et se comporterait en tant que tel...

Une moue aussi sceptique qu'offusquée avait étiré les traits de Ran tandis qu'elle s'était retourné en direction du miroir d'une cabine d'essayage et l'image peu reluisante qu'il lui renvoyait à l'instant présent. Si cette tenue était supposé parler pour elle, c'était indiscutablement une proposition des plus indécentes qui bourdonnerait aux oreilles de son ami d'enfance.

Constat que l'adolescente marmonna d'un air dépité avant d'étouffer un cri quand elle sentit la paume d'une amie rentrer en contact avec son fessier sous la forme d'une claque affectueuse, assortie au sourire grivois qui étira ses lèvres quand elle commença à enlacer sa victime.

Loin de contredire l'accusation de la fille d'une avocate, Sonoko persista et signa, confirmant que son tendre agneau ne s'était absolument pas trompé sur la nature suggestive pour ne pas dire provocante de sa tenue. Une tenue qu'elle n'aurait pas à conserver bien longtemps au final si elle prenait la peine d'y réfléchir (réflexion narquoise qui poussa Ran à avaler le peu de salive qui lui restait encore).

Sa tendresse se dépouillant de ses atours de cruauté, l'héritière des Suzuki frotta doucement sa joue contre celle de son amie, avant de lui chuchotait à l'oreille des questions qui avait la saveur de confidence.

A défaut d'être honnête avec sa meilleure amie ou un détective, est-ce qu'elle ne pouvait pas être honnête avec elle-même ? Derrière la façade candide d'une petite fille modèle, est-ce que Ran ne brûlait pas de passer la frontière de l'âge adulte pour de bon ? Il n'y avait absolument aucune honte à vouloir consommer sa relation avec l'élue de son cœur... On ne demandait pas à la petite prude de disperser sa précieuse vertu aux quatre vents pour dilapider le trésor au premier venu, bien au contraire...

Quand elle se déroulait à l'abri des murs d'une chambre à coucher (qualificatif qui poussa Ran à écarquiller les yeux en plus de dissiper la pâleur de ses joues sous un voile d'écarlate), ou plutôt d'une chambre conjugale (loin de décroître la nouvelle coloration de son visage, le rectificatif l'accentua, ajoutant tout juste un soupçon de timidité par la manière dont Ran baissa les yeux), certaines choses ne méritaient plus d'être associé au vice...

Ou plutôt, s'il y avait un lieu où le vice se devait de pouvoir s'exprimer librement, à l'abri de toute forme de jugement et d'inhibitions, c'était la chambre qu'on partageait en même temps que son intimité...

Si cela lui facilitait les choses, Ran pourrait toujours prétendre à sa meilleure amie qu'il ne s'était rien passé la nuit précédente, et que ce cadeau dont elle se serait bien passé était resté sagement au fond de son sac...mais en contrepartie, il était temps qu'elle commence à s'égayer dans son jardin secret, et à rattraper le temps qu'elle avait perdu pendant cette interminable période où celui qu'elle voulait y accueillir avait été exilé de son quotidien...

Allez, même si elle était soigneusement enterré à l'abri des regards, une infime partie de Ran n'avait certainement pas manqué d'être émoustillée par l'éventail de possibilités des plus excitantes qui se reflétait à la surface de ce miroir devant laquelle elle tremblait comme une feuille...

Elle était libre d'user de son droit à garder le silence (de fait, Ran ne manqua pas de suivre cette suggestion), mais qu'elle se sente également libre de contempler sérieusement la chose avant de la rejeter pour de bon.

Le genre de paroles sucrés qui enrobaient un papier qu'un bonimenteur vous invitait à signer avec votre propre sang, mais à la plus grande honte d'un docteur Faust en herbe, sa Méphistophélès n'avait pas tout à fait tort dans ses allégations...

Un aveu que Ran avait conservé dans le secret de son cœur mais dont l'écho revenait la hanter maintenant que le miroir d'une chambre à coucher s'était substitué à celui d'une cabine d'essayage.

Qu'est ce qu'elle avait à perdre après tout ? Elle avait trouvé le courage de confesser ses sentiments à Shinichi, et à son plus grand bonheur, c'est un écho des plus favorables qui avait résonné à ses oreilles en retour, un echo que le détective avait définitivement confirmé en superposant ses lèvres aux siennes le temps d'un battement de cils qui s'était peut-être prolongé durant plusieurs secondes de délice...

Le plus grand pas avait déjà été effectué, pourquoi faire deux pas en arrière quand il s'agissait de la concrétisation de ce qu'ils avaient convenu ensemble ?

Dans le pire des cas, passé d'interminables secondes de confusion, le détective éclaterait de rire avant de démasquer l'instigatrice du complot devant sa piètre exécutante rougissante, et pour finir se dépouillerait de sa veste pour la poser sur les épaules de sa dulcinée avant de l'enlacer gentiment et de lui susurrer qu'elle n'avait pas besoin de brusquer les choses maintenant qu'ils avaient définitivement tout leur temps... Une éventualité qui suscita le sourire de celle qui l'anticipait et même la savourait par avance, le ridicule se diluant dans la tendresse qui l'inonderait à ce moment là...

Et dans le meilleur des cas...si le plan de Sonoko réalisait au delà de toutes ses espérances... Ran ne s'attardait guère sur la scène qui se déroulerait par la suite, claquant la porte de son imagination en rougissant... Après tout, elle aurait tout le temps de découvrir l'étendue des délices qui ponctuerait ce qui lui tiendrait lieu de nuit de noce...

Après une longue inspiration, Ran martela son sternum du poing pour blinder sa nouvelle résolution...

Bon, maintenant qu'elle s'était décidé à brûler ses vaisseaux pour s'aventurer sur une terre inconnue, il allait falloir se concentrer sur les petites fioritures de l'expédition...

L'expression qu'elle adresserait à celui qui lui tiendrait lieu de victime mais aussi de bourreau, faudrait-il la rendre appropriée ou plutôt assortie à sa tenue ?

Passé plusieurs secondes des plus humiliantes à essayer de contorsionner ses propres traits dans une expression qu'elle s'imaginait pouvoir être qualifié de mutine ou de coquine voir même de provocante, Ran déclara forfait avec un soupir...avant de réitérer sa tentative en se penchant en avant tout en croisant les mains derrière le dos pour se soustraire à la tentation de superposer son bras gauche et sa main droite à ses sous-vêtement pour adopter une position qui serait définitivement défensive et non plus offensive...

Mais peut-être que la clé de la victoire serait dans le contraste qu'elle offrirait ? Quelle serait la route la plus courte pour parvenir aux fins qu'elle osait difficilement s'avouer ? Quelle rôle devait jouer auprès de Shinichi pour que l'imprévision aille dans la direction tant espéré ? Celui de la prédatrice qui s'était tenu en embuscade anticipant fiévreusement le retour d'un détective dans la maison qu'il s'était enfin décidé à honorer de sa présence, et salivant d'avance face à l'anguille qu'elle s'apprêtait à savourer après avoir finalement mis la main dessus pour de bon ? Ou celui de la proie qui s'était stupidement mise à la portée d'un prédateur, réalisant bien trop tard qu'elle n'avait plus l'opportunité de se mettre à l'abri et suppliant le loup affamé de ne pas prolonger l'agonie de son tendre agneau au delà du nécessaire ?

Après avoir oscillé entre les deux extrêmes, Ran trancha mentalement le nœud gordien en secouant la tête, c'était son propre rôle qu'on lui demandait de jouer après tout... Et aussi humiliante que puisse être la tenue qu'elle s'était décidé à enfiler, l'inévitable contrepartie demeurait qu'elle était suffisamment provocante par elle-même pour que sa propriétaire du moment ne s'embarrasse pas de fioritures supplémentaires.

Refermant la porte d'une chambre à coucher, Ran descendit les escaliers de la demeure familiale des Kudo en se frictionnant constamment les épaules pour dissiper la chair de poule suscité par la température ambiante aussi bien que par la situation.

Bien, elle serait elle-même au moment où le détective se déciderait enfin à franchir la porte de son propre domicile, mais il lui restait néanmoins un dernier dilemme à trancher. Dans quelle position la surprendrait-il ou plutôt dans quelle position le surprendrait-elle ?

Fallait-il qu'elle s'asseye sur le canapé du salon, les jambes croisées, dans une attitude digne d'une femme fatale invitant le détective à lever le voile sur les mystères qui aguichait sa curiosité ?

Non, non, non, c'était son propre rôle qu'elle se devait de jouer si elle voulait espérer être convaincante.

S'allonger sur le canapé ? Et si cette option était retenu, fallait-il qu'elle croise les bras derrière la nuque ?

Les jambes de l'adolescente commencèrent à s'entrechoquer tandis qu'elle imaginait les différentes scènes, tant et si bien qu'elle succomba à la tentation de s'accroupir tant qu'il lui restait un semblant d'équilibre.

Après avoir oscillé sur elle même pendant un laps de temps qui oscillait entre quelques secondes et quelques minutes, Ran se décida à s'installer en tailleur face à la porte d'entrée du manoir, avant de poser ses mains sur ses propres genoux, des mains qui se recroquevillaient sous la forme de deux poings tremblants tandis qu'elle s'efforçait d'évacuer ses appréhensions.

Une éternité s'écoula, un détective s'obstinant à briller par son absence au moment où sa dulcinée réclamait plus que jamais sa présence auprès d'elle, tout près d'elle, si possible tout contre...et même plus encore...

Combien de temps s'était-il écoulé ? Comme on pouvait s'y attendre, aucune montre n'ornait le poignée de l'adolescente, et elle résista héroïquement à la tentation de partir consulter l'horloge qui faisait résonner son tic-tac au seins des couloir de la demeure, de peur qu'un détective ne se décide précisément à revenir à ce moment précis, brisant sans le savoir la mise en scène qu'elle lui avait préparé...

Passé quelques minutes qui aurait pu être des heures, et l'inverse aurait tout aussi bien pu être vrai, la jeune femme appuya son dos contre le mur du vestibule, avant de déplier ses genoux pour dissiper les élancements qui avaient commencer à les gagner, des genoux sur lequel elle appuya sa tête en soupirant...

L'attente se prolongea...encore et encore...prenant parfois la forme d'un délice, le plus souvent celle d'un calvaire, et Ran se demanda si elle n'allait pas finir par s'assoupir quand ce stupide détective se déciderait à revenir chez lui... Un épilogue comme un autre à cette petite comédie dont elle commençait à se lasser...

Mais le grincement d'une grille balaya instantanément la lassitude de la jeune femme, la poussant à rétablir sa position initiale en l'espace d'une seconde, les battements de son propre cœur bouillant d'excitation étouffèrent le bruis des pas qui marquait l'arrivée du propriétaire des lieux, ses genoux lui donnaient l'impression de s'entrechoquer quand bien même elle s'efforçait de les maintenir plaqués l'un contre l'autre, à défaut de baisser la tête, elle détourna les yeux pour se focaliser sur le sol de la pièce tandis qu'une porte grinçait, un son qui n'était pas sans évoquer le glissement de la lame d'une guillotine pour une condamnée à morte, et l'infortunée Marie-Antoinette se mordilla les lèvres pour étouffer le gémissement qui ondulait sous sa gorge.

Une cloche de plomb formé par un silence des plus oppressant ne manqua pas de s'abattre sur l'adolescente quand un grincement se décida finalement à rendre son dernier souffle... Cette porte était finalement ouverte, celui qui s'était tenu derrière l'instant précédent, il avait eu amplement le temps de découvrir celle ou plutôt ce qui l'attendait patiemment de l'autre côté, et au vu du nombre de battements dont son cœur avait martelé sa cage thoracique, cette imbécile avait eu amplement le temps de tirer la conclusion qui découlait naturellement de la tenue de sa fiancée, et de comprendre le peu de retenu qu'on exigeait de sa part en retour, et pourtant...pourtant, il s'obstinait à demeurer muet... On ne lui demandait pas grand chose... Il aurait pu se contenter de murmurer son prénom, avec une nuance de surprise au début, un écho de confusion au second écho, et un embryon de désir qui ne demandait qu'à bourgeonner à la troisième itération...et au lieu de ça...

Ran du déployer un certain nombre d'effort pour que ses mains continuent d'épouser ses genoux au lieu de se recroqueviller en deux poings rageurs.

Si elle avait enduré l'humiliation constitué par cette lingerie, c'était précisément pour se dispenser du luxe coûteux de laisser la place à la moindre réplique de son côté...

Que faire et surtout que dire ?

« Oh...Okaeri...Shi...nichi... »

Des paroles maladroites qui s'obstinèrent à se noyer dans ce silence qui perdurait.

Si l'objectif de Ran avait été de couper le souffle à son détective, il semblait qu'elle y était parvenu au delà ou plutôt en deçà de toutes ses espérances, tant et si bien qu'elle se décida à relever les yeux le temps d'un battement de cil, espérant que ce bref coup de sonde lui permettrait d 'évaluer le degré de succès ou d'échec de sa stratégie...

L'ombre d'un sourire intimidé se déchiqueta dans un o de surprise... Shinichi se tenait bel et bien devant elle, mais il... non, ils n'étaient définitivement pas seuls puisque le détective avait le bras enroulé autour des épaules d'une métis, une position précaire que Shiho s'efforçait de maintenir en comprimant le poignet d'un pitoyable ivrogne entre ses doigts tout en maintenant son autre bras dans le dos du poids mort qu'elle s'était efforcé de traîner jusqu'à son domicile...

Ivre mort... Cette imbécile avait trouvé le moyen de s'enfoncer dans un sommeil à la nature des plus éthylique au cours de la soirée, tant et si bien que les yeux dans lesquelles une apprentie-tentatrice s'était efforcé de se refléter était dissimulé derrière ses paupières...

Un toussotement de gène fît onduler la gorge d'une scientifique, avant que le ronflement d'un détective ne lui succède.

Ran demeura tétanisée devant cette scène surréaliste, sa confusion était telle qu'elle avait complètement oublié la nature de sa tenue quand elle se releva brusquement pour prêter main forte à celle qui s'était imposé la corvée de ramener un détective jusqu'à ses pénates, fautes d'avoir eue le cœur de laisser un pitoyable déchets traîner parmi les ordures jusqu'au petit matin...

-:-

Une certaine tendresse tint compagnie au dépit dans le regard de Ran tandis qu'il s'attardait sur le visage d'un imbécile de détective qui n'avait plus grand chose à envier à son père à l'instant précis.

Réflexion qui poussa Ran à dépouiller Shinichi de son smartphone avant de s'en servir pour immortaliser la déchéance temporaire du Sherlock Holmes du 21éme siècle, étendu comme une loque sur son propre canapé.

Pièce à conviction que l'adolescente s'empressa de s'adresser par mail, pour s'assurer d'avoir cette cartouche à portée de main à la prochaine remarque désobligeante que son fiancé émettrait à l'égard de Mouri l'endormi.

Cette basse besogne expédiée, la jeune femme se pencha à nouveau sur le cas de l'ivrogne pathétique, s'emparant du bras et de la jambe qu'il faisait traîner sur le carrelage pour ramener le premier sur la poitrine de son propriétaire et la seconde sur la surface du canapé, avant de recouvrir cette dernière d'une couverture, restituant ainsi un semblant de dignité à l'élu de son cœur.

Passé quelques instants de contemplation, mi-attendrie, mi-amusée, Shiho écarta la couverture en question avant de disposer son cobaye favori en position fœtale, tout en prenant la peine d'expliquer l'intérêt de cette petite précaution à sa future épouse. Aussi amusante que puisse être la pensée que le prétendu Sherlock Holmes finisse sa carrière étouffé par son propre vomis, elle tenait suffisamment à son souffre-douleur pour lui laisser la possibilité de trouver un meilleur épilogue à sa pitoyable existence.

Des mots qu'on aurait pu qualifier d'acide, mais le murmure qui s'échappait des lèvres de la scientifique avait une saveur des plus acidulées si on en jugeait à l'embryon de tendresse qui étirait ses traits, tout comme à la manière affectueuse dont elle ébouriffa la chevelure de son compagnon de route, lui arrachant un grognement.

Ran se sentait légèrement désemparée, que ça soit face à cette situation comme face à cette vision, lui donnant le sentiment surréaliste d'être l'intruse venu s'immiscer dans l'intimité d'un couple qui se passait fort bien de son existence jusque là.

Fustigeant l'émotion douce-amère qui l'avait gagné d'un claquement de langue, Ran exprima ses remerciements à celle qui lui avait restitué un fiancé en bien piteux état, lui présenta ses excuses pour la déchéance dont elle avait été témoin à son corps défendant, et proposa une tasse de thé à son invitée de dernière minute.

Une proposition que Shiho prît la peine de soigneusement soupeser, promenant son index sur ses propres lèvres dans une moue pensive. Attitude qui ne manqua pas de déconcerter la maîtresse des lieux avant qu'elle ne réalise la manière dont le regard contemplatif d'une scientifique s'attardait sur les formes voluptueuses qu'une lycéenne exposait à la face du monde avec une certaine prodigalité ce soir là.

Reprenant conscience de la nature de sa tenue, Ran s'empourpra brusquement avant de croiser instinctivement les bras devant sa poitrine, réflexe qui accentua le sourire narquois de la métisse tandis que cette dernière ne put s'empêcher de décocher une remarque amusée concernant la fraîcheur des nuits de printemps, en plus de rappeler la sagesse proverbiale préconisant qu'au mois d'avril, il était conseillé de ne pas se découvrir d'un fil, constat qui prenait un relief des plus saillant quand il s'adressait à une coquine dont on aurait pu croire qu'elle était littéralement revêtue d'un fil à l'instant présent.

Après avoir constaté douloureusement que le ridicule ne tuait pas plus que la honte, tout en regrettant ce triste état de fait, Ran s'efforça de conserver un semblant de dignité en encaissant la pique, une pique qui n'était pas si difficile que ça à digérer au vu du miel dont la métisse avait enrobé sa flèche alors qu'elle continuait de caresser le corps de son interlocutrice du regard,.

Regard qui semblait savourer le désarroi de sa cible au moins autant que les proportions harmonieuses du corps qu'on offrait si généreusement à son appréciation... Pour un peu...et si le regard qui glissait sur son épiderme sans un seul atome de gène avait été de nature masculine, Ran aurait volontiers interprété l'étincelle de malice qui avait pétille dans les yeux de sa tortionnaire silencieuse comme une lueur de convoitise, similaire à celle qu'elle avait souhaité embraser dans l'œil d'un fanatique de Sherlock Holmes.

Le malaise de l'adolescente se rapprocha dangereusement du tolérable avant d'éclater comme une bulle de champagne atteignant le liseré de sa coupe lorsque la métisse commença à se redresser, tentative qui se retrouva bien vite avortée par la chute qui s'amorça dès le premier pas de la scientifique, la faisant basculer dans les bras de la lycéenne qui s'était aussitôt élancé par réflexe.

Un ange eut le temps de passer tandis que les deux jeunes femmes se remettaient en haletant de leurs émotions respectives alors que l'une d'entre elle se raccrochait à la seconde pour stabiliser un équilibre qui apparaissait définitivement des plus précaires, équilibre qui allait en s'amenuisant tandis que les jambes d'une scientifique s'effondrait progressivement sous le poids de leur propriétaire, poussant la lycéenne qui s'était offerte comme planche de salut à s'affaisser de concert avec la poupée de chiffon qui se blottissait contre sa poitrine.

Brusque changement de situation qui trouva naturellement son explication dans le hoquet qui fît onduler la gorge d'une métisse, ouvrant la voie à un gloussement, et une confession à la tonalité des plus ironique, le compagnon de débauche d'un détective avouant qu'elle portait une certaine part de responsabilité dans les frasques du fiancée qu'elle avait ramené au bercail.

Le teint rosâtre qui avait quelque peu dilué la pâleur exquise que la métisse offrait d'ordinaire à l'envie de Ran complétait naturellement cette confession, tout comme la saveur familière, trop familière, du souffle qui caressait les lèvres de la fille d'un détective, cette perversion d'un arôme fruité qui ne manquait jamais de lui arracher un haut le cœur chaque fois qu'elle effleurait ses narines...

Indifférente au dégoût qui avait étiré les traits de sa confidente, Shiho lui fît remarquer qu'il demeurait néanmoins des plus étonnant que son cobaye favori dispose d'un seuil de tolérance à l'alcool suffisamment ridicule pour qu'il finisse par obtenir le triste honneur d'être le plus éclopée des deux à la fin de leur petite virée. Non seulement les hommes bénéficiaient en moyenne d'un avantage physiologique des plus injuste en la matière par rapport au sexe faible, avantage dont ils avaient si souvent usé et abusé pour traîner plus d'une idiote dans leur lit, mais elle était bien placée pour savoir que le spécimen concerné ici aurait du développer une certaine immunité en la matière au vu de la manière dont il vidait des bouteilles entière de liqueur par le goulot dès l'âge de huit ans...

Et l'ironie prenait une saveur d'autant plus délicieuse si on se remémorait la nature des noms de code qui avaient jadis dissimulé l'identité des hommes de l'ombre qui avaient eu le malheur de croiser la route de ce détective.

Ran secoua tristement la tête face à cette confession décousue entrecoupé de gloussement, qui n'était pas sans évoquer celles qu'elle avait si souvent recueilli de la bouche de son père, quand il rentrait au domicile après une nuit particulièrement arrosée.

Une réaction qui ne manqua pas de susciter une moue renfrognée de la part d'une scientifique. Est-ce qu'ils n'étaient pas en droit de réclamer une certaine empathie, ou à tout le moins d'un semblant de compréhension ? Après tout ces mois qu'ils avaient passés enchaîné à des corps offrant un décalage de dix ans avec l'âge réel de leur propriétaire, on pouvait bien leur accorder le droit de compenser un peu en s'offrant le luxe de distractions ou plutôt de frasques réservés aux adultes.

Et au vu de la soirée romantique qu'ils avaient fait avorter sans le savoir, Ran n'était pas la mieux placée pour leur jeter la première pierre à ce sujet. Coup bas que la métisse illustra en frottant sa joue contre la surface de mousseline épousant les formes généreuses qui semblaient constituer le plus voluptueux des oreillers pour une petite ivrogne.

La championne de karaté demeura interloquée par cette prise de judo dialectique qu'elle n'avait pas anticipé, d'autant plus que la chimiste remua soigneusement le couteau dans la plaie en observant que Ran était définitivement à sa place au sein de la bande de débauchés qui s'était réfugié dans la demeure familiale des Kudo, cette nuit.

Oui, ce n'était définitivement pas une petite débauchée qui allait lui faire la leçon... Surnom que la métisse prît un malin plaisir à tourner et retourner sur sa langue, tandis qu'elle enroulait ces deux mots autour de sa victime du moment...

Dans d'autres circonstances, cette provocation n'aurait pas manqué de susciter la fureur ou la mortification de celle qui en bénéficiait, et d'entraîner la réaction appropriée, mais une ceinture noire n'allait définitivement pas s'acharner sur un adversaire qui était déjà à terre dès le début de l'affrontement... A fortiori quand le disque rayé qui ânonnait ces mots, encore et encore, d'une voix chantonnante, leur donnant pratiquement la tonalité d'une comptine, ou plutôt d'une chansonnette grivoise qu'une gamine de huit ans répétait candidement en chœur sans réaliser le stupre qui imprégnait les mots qui cascadaient entre ses lèvres, c'était définitivement une forme d'affection qu'il essayait de s'exprimer à travers des paroles sans queue ni tête...

Levant les yeux en direction de sa petite débauchée, Shiho lui susurra sa nouvelle taxinomie une fois de plus, donnant l'impression de guetter son approbation plutôt que de vouloir susciter sa rancœur... C'est du moins l'interprétation que préféra privilégier Ran tout en caressant distraitement la chevelure auburn du poids mort qui se comprimait contre le sien.

Oui, oui, oui, elle ne pouvait pas la contredire, elle était une petite débauchée, et elles faisaient définitivement la paire tous les deux (observation qui fît pouffer une métisse avant qu'elle ne hoche frénétiquement la tête, frottant ainsi sa joue contre la généreuse poitrine de son interlocutrice désabusée).

S'emmurant dans le silence, l'adolescente se demanda de quelle manière elle allait devoir traiter la petite poivrote qui commençait à devenir un peu trop collante à son goût. Des années de cohabitations avec un alcoolique notoire lui avait donné une certaine expérience en la matière.

Expérience qui poussa Ran à se réjouir que son fardeau du moment ait l'alcool joyeux plutôt que triste, la lycéenne préférant éviter de jouer le rôle d'oreille complaisante à une adulte au bout du rouleau, débordante d'enthousiasme à l'idée de déverser un flot de turpitude, de confidence, de confession, et d'attrition au sein du premier caniveau pourvu d'empathie qu'elle avait trouvé dans son parcours titubant.

Curieusement, la métisse semblait partager une partie de ses réflexions puisqu'elle s'interrogeait à voix haute sur son dilemme cornélien du moment. Se sentait-elle la force de regagner son propre domicile ?

Définitivement pas, aussi ridicule que puisse être la distance séparant la demeure des Kudo de celle du professeur Agasa, elle n'en aurait sans doute par parcouru la moitié avant de s'effondrer en chemin pour finir la nuit allongée sur le bitume jusqu'aux premières lueurs de l'aurore...

Image mentale qui fit pouffer la scientifique avant de la submerger de nostalgie, la vie était définitivement un éternel recommencement, et comme l'avait si bien dit Marx, les grands événements se produisaient toujours deux fois, se présentant comme une tragédie la première, une comédie la seconde, à la gamine de huit ans frigorifiée emprisonnée dans des vêtements d'adultes qui n'était pas à sa taille se succéderait une jeune femme au fond du caniveau qui n'irradierait certainement pas de la maturité qu'on était en droit d'anticiper de sa part au vu de son âge supposé, et dans un cas comme dans l'autre, ce serait à un professeur Nimbus célibataire de ramasser les pots cassés...

Aussi amusante et délicieusement ironique que puisse être la situation, Shiho préférait néanmoins que sa soirée trouve un épilogue plus digne que celui-là, mais elle se voyait difficilement demander à Ran de l'escorter jusqu'au seuil de son voisin... Comme si elle pouvait avoir la cruauté d'exposer les tendres pétales de son orchidée aux rigueurs d'une fraîche nuit de printemps alors que la délicate petite fleur venait de s'effeuiller aussi consciencieusement...

Sollicitude que la petite ivrogne se sentit obligé d'illustrer en faisant glisser son index le longs des minces bretelles du soutien-gorge d'une petite débauchée, avant que le petit explorateur ne se mettent en tête de souligner les formes comprimées par une camisole de mousseline définitivement trop étroite pour son merveilleux contenu.

Après quelques secondes de gène, Ran pria sa compagne de cesser de remuer le couteau dans une plaie dont les élancements devenait plus douloureux à chaque seconde, négociant cette faveur qu'elle quémandait au prix de la collaboration qu'elle était toute disposée à offrir à la métisse, pour peu qu'elle se décide à relâcher sa proie, offrant à cette dernière la marge de manœuvre suffisante pour aller enfiler une tenue plus appropriée que celle dont elle disposait actuellement (pour ne pas dire une tenue tout court)...

Proposition qui méritait définitivement d'être qualifiée de décente pour changer, mais qui souleva néanmoins les protestations de sa bénéficiaire supposée, protestation qui ne manquèrent pas de se métamorphoser en accusation de pingrerie, comment la belle orchidée pouvait-elle se montrer aussi avare de ses charmes, qu'elle semblait décidé à mettre jalousement sous clé, après les avoir dispensé avec une telle prodigalité qui frôlait la sainteté ?

Il était douteux qu'une autre opportunité ouvre gentiment ses fenêtres à une scientifique, lui offrant l'occasion de contempler cette demoiselle en aussi petite tenue, et elle comptait profiter jusqu'au bout de la faveur qu'un monde si cruel déposait à ses pieds, pour changer un peu... Ce monde dont la dureté rivalisait en temps normal avec la froideur, ce qui ne manquait pas de déployer un contraste des plus saisissant avec la tendre poitrine qu'une métisse avait commencé à malaxer gentiment...

Une métisse qui présenta ses excuses, l'instant suivant, non pas pour son attitude déplacée, encore moins pour les libations qui l'avait dépouillé d'une certaine quantité d'inhibitions, mais pour les remarques qu'elle avait perfidement décoché dans le dos de sa chère et tendre, quelques mois plus tôt...

Dire qu'elle avait osé proféré aux oreilles candides d'Ayumi que le corps d'une lycéenne semblait façonné pour la reproduction... Avec le recul, cette observation demeurait pertinente, un addendum que Shiho marmonna en caressant les hanches de son sujet d'étude du moment, mais il fallait néanmoins la compléter, le corps de cette demoiselle semblait avant tout taillé pour la chambre à coucher...

Aussi cousues de fil blanc que puissent être les excuses supposées de l'impertinente, sa raillerie semblait avoir la tonalité de l'admiration, même si un certain relent d'envie suivait l'ombre du compliment qui prit au Ran au dépourvue, sans lui laisser la marge de manœuvre à la moindre repartie...

D'autant plus que la métisse le répétait avec une expression rêveuse à présent, une rêverie qui s'enlisa progressivement dans la mélancolie... Nul doute qu'un détective garderait cette si précieuse beauté sous clé pour son usage personnel, et elle ne pouvait guère l'en blâmer, à sa place elle aurait procédé de même...

Et en parlant de ça, elle espérait bien que la petite débauchée ne serait pas marquée de manière trop cuisante par le fiasco de ce soir, au point d'enterrer au fond d'un placard, ou pire, d'un bac à ordure, la dernière addition particulièrement affriolante à sa garde-robe...

On pouvait croire sur parole la plus zélée des scientifiques en ce qui concernait son sujet d'étude favori, après tous ces mois d'observation et de cohabitation, la cible de son embuscade avortée ne serait certainement pas indifférente face à sa dulcinée si elle s'offrait à lui avec un tel emballage... A la place d'un certains détective, elle aurait eue beaucoup de mal à se retenir face au festin qui se déployait pour le plus grand délice de ses yeux...et du reste...

Il ne fallait pas vivre les événements de cette nuit comme une humiliation mais une simple répétition avant le grand soir...

Ran leva les yeux au ciel, mais une certaine chaleur en irradia quand elle se décida à les rabaisser en direction du visage mutin d'une métisse...

Par moment, elle s'était imaginé que son imbécile de détective lui avait offerte une rivale suite à son exil, mais il s'avérait que c'était plutôt Sonoko qui devrait endurer les rigueur de la compétition... Une lycéenne se serait fort bien passé d'une entremetteuse à temps complet, et voilà qu'une deuxième se glissait dans ses pattes ou plutôt dans ses bras...

Mais à la différence de l'héritière des Suzuki la dernière des Miyano prenait son rôle de Pygmalion un peu trop au sérieux aux yeux de sa création, au point de s'amouracher de la tentatrice qu'elle essayait de façonner à partir de la plus candide des lycéennes, au sens figuré comme au sens propre si on en jugeait à la manière dont les mains baladeuse d'une métisse avaient commencé à épouser les courbes du corps qui suscitait sa fascination, arrachant un frisson à la propriétaire de ce dernier...

Oui, cette petite douceur n'était définitivement pas à sa place dans un bac à ordure, si Ran tenait tant que ça à s'en débarrasser, est-ce qu'elle ne pourrait pas la confier à sa voisine ? Certes, ce n'est pas comme si cette tenue était à sa taille, mais à défaut de caresser le joyau qu'il avait si bien mis en valeur, elle était toute disposée à se contenter d'en conserver l'écrin... Ran pouvait même s'économiser la corvée de passer cette lingerie en machine avant de s'en séparer, sa nouvelle propriétaire préférait que cette friandise demeure imprégnée de la fragrance de l'ancienne (Shiho avait humé la peau de sa voisine avant de relâcher un soupir quand ces mots avaient glissé entre ses lèvres, des lèvres dont elle avait souligné les contours de la pointe de sa langue)... même si à la réflexion, la fragrance en question serait certainement infiniment plus capiteuse si une petite dévergondée pouvait faire bénéficier ses sous-vêtement de l'usage pour lesquels ils avaient été tout spécialement conçu... Peut-être que Ran pourrait leur laisser au moins une dernière chance avant de s'en séparer pour de bon...

Des paroles dépourvues de sens tout en débordant de sens pour une adolescente, au point de lui faire écarquiller les yeux et de colorer à nouveau ses joues...

Ran s'était déjà offerte quelques répétitions de son côté, le film qui avait défilé sur l'écran intime de son imagination au cours de quelques séances privées sous ses draps, un film dont elle partageait la tête d'affiche avec un héritier de Holmes, il méritait le qualificatif d'érotique autant que celui de romantique, à la plus grande honte de sa scénariste et la plus grande joie de son unique spectatrice, et la spectatrice en question avait du se dépouiller d'une culotte en plus d'une partie de son ignorance comme de sa naïveté, à la fin d'une rêverie paradoxalement aussi brûlante qu'humide... (La machine à laver des Kudo avait tourné avec une cargaison des plus mince, ce soir là, tant Ran était terrifiée à l'idée que le sens de l'observation d'un détective ne s'attarde sur un certain sous-vêtement féminin, au point d'effacer les traces de ses turpitudes au plus vite).

Elle n'avait pas pu s'empêcher de se dépeindre Shiho comme une rivale, malgré les dénégations mi-irritées, mi-amusées d'un ami d'enfance comme d'une scientifique, il semblait que son pronostic s'avérait effectivement hâtif avec le recul, tout en demeurant dangereusement proche de l'estimation initiale, si Shinichi avait bien ménagé une place pour une rivale dans sa vie, Ran était l'objet plutôt que le sujet de la rivalité en question, révélation qu'elle ne savait définitivement pas comment accueillir... d'autant plus que les gages d'attention comme d'affection de la métisse outrepassaient la ligne de la solidarité féminine à la frontière de l'impudeur à laquelle elle s'était habitué auprès de Sonoko...

Une vague d'angoisse fît déferler son liseré sur l'épiderme d'une adolescente, la piquetant d'une chair de poule, prélude aux frissons qui entamèrent leur va et viens, synchrones au mouvement des paumes d'une petite curieuse tandis qu'elles glissaient sur le corps de sa proie.

Se calmer, avant tout se calmer... La fille de Mouri l'endormi était bien placée pour le savoir, il fallait y réfléchir à deux fois avant de confondre un pitoyable ivrogne avec l'infortuné auquel il s'était temporairement substitué, les explosions de remords qui avaient périodiquement terrassé son père au récit de ses turpitudes de la nuit précédente en témoignait amplement... Il y avait peut-être un semblant de pertinence à l'adage In vino veritas, mais le miroir qu'offrait le fond d'une bouteille était un miroir déformant bien plus souvent qu'à son tour...

Il était probable que la métisse qui se frottait contre elle (tout contre) serait encore plus atterrée que sa victime du moment lorsque les vapeurs de l'alcool se seraient dissipées pour de bon, le lendemain, la laissant désemparée face aux conséquences d'actes dont elle ne revendiquerait pas plus la maternité que le souvenir.

Hypothèse que semblait partager une scientifique au vu de la confidence qu'elle glissa à l'oreille d'une lycéenne entre deux gloussements entrecoupés de hoquet tout en refermant ses bras autour des épaules de sa compagne en frottant délicatement son nez contre le sien.

Elle n'était définitivement plus tout à fait elle-même, ce soir, mais il ne fallait pas s'en inquiéter plus que ça, après tout, lorsque le lendemain se déciderait à survenir, trop tôt, bien trop tôt, elle ne conserverait certainement aucun souvenir des horreurs qu'une petite dévergondée avait commise en son nom... ce qui la changerait un peu...

Oui...ça la changerait...un peu...voir beaucoup...si on prenait en compte la dernière fois qu'un alcool l'avait poussé à devenir un bref instant ce qu'elle n'était pas...ou peut-être ce qu'elle était au fond d'elle-même sans avoir le courage de se l'avouer...

Ran jouait peut-être les ventriloques avec la poupée de chiffon qui s'affaissait un peu plus contre elle, mais le tremblement comme les hoquets d'une ivrogne semblaient plus apparentés au prélude d'un sanglot qu'au symptôme d'une soirée de débauche autour de quelques verres... si une métisse s'était blottie de plus belle contre l'amie d'enfance d'un détective, la chaleur dont elle semblait brusquement si avide était de nature humaine plutôt que le brasier qu'on essayait d'attiser dans le corps d'une amante...

Tant et si bien que ce fût au tour de Ran de faire bénéficier un corps tremblotants de ses caresses, tout en chuchotant des banalités rassurantes à son oreille.

Quelques minutes de pure douceur plus tard, Ran proposa à son invitée de l'escorter ou plutôt de la transporter jusqu'à une des chambres d'amis de la demeure, une proposition qu'elle n'était définitivement pas en état de refuser, au sens propre comme au figuré, quand bien même la dureté avait brillé par son absence dans le regard comme les murmures d'une adolescente, avant qu'elle ne positionne une métisse sur son dos pour transporter son précieux fardeau jusqu'à la surface du lit qui l'accueillerait sous peu...

Précieux fardeau qui manifesta son contentement le long du parcours, le ponctuant de soupirs de satisfaction comme de remarques nostalgiques... Après tout, la dernière fois qu'elle s'était retrouvée dans cette position, c'était un détective qui avait eu la charité de charger ses pauvres épaules des malheurs d'une petite orpheline en plus de leurs propriétaire...

Ce fragment d'un passé qu'on avait arraché de son contexte ne manqua pas d'exciter la curiosité de Ran vis à vis de la demoiselle en détresse de son ami d'enfance.

La demoiselle en détresse... Hypothèse qui avait longtemps hantée la conscience d'une lycéenne avant qu'une scientifique ne vienne lui donner corps... Cet éternel Et si ?, il n'avait toujours pas tiré sa révérence même après la fin d'une organisation comme des faux-semblants qu'elle avait imposé à un héritier de Holmes... Et si cette fameuse enquête aussi complexe que nébuleuse qui maintenait un ami d'enfance hors de sa portée avait pris la forme bien concrète d'une autre femme ?

Et si ce preux chevalier auquel elle n'avait jamais cessé de rêvasser, avant, pendant comme après une certaine pièce de théâtre, il s'était déniché une autre demoiselle en détresse, toute désireuse de se substituer à celle qu'il avait laissé derrière lui à l'attendre en vain ?

Soupçon qu'il était bien difficile d'écarter du revers de la main maintenant qu'elle avait un visage à lui donner... Il arrivait même à Ran de combler les angles morts du récit d'un détective des mois qu'il avait passé dissimulé derrière les lunettes du petit Conan Edogawa...aux côtés de la petite Haibara...et les scènes qui faisaient frémir Ran dans ces rêveries dont la trame était celle d'un cauchemars, elles n'avaient pas grand chose à envier à la nuit de noce que Ran avait mise en scène dans le théâtre de ces phantasmes.

Il fallût plusieurs jours à la fille de Mouri l'endormi pour se décider à utiliser le nom de famille de la dernière personne que Shinichi avait ajouté au cercle restreint de leurs proches... Même si elle avait la courtoisie de s'adresser à la partenaire de son détective en murmurant Miyano-san du bout des lèvres, c'était la demoiselle en détresse que Ran s'imaginait face à elle...

Un surnom entaché de suspicions auquel elle avait donné la tonalité d'une plaisanterie quand elle se décida à l'énoncer à voix haute...et Shinichi...cet imbécile de Shinichi l'avait pratiquement prise au mot, au plus grand désarroi d'une amie d'enfance comme de la métisse dont il avait tapoté la tête, une métisse dont le regard des plus noir témoignait de ce qu'elle pensait du qualificatif dont on l'avait affublé sans son consentement... mais la coloration rosâtre de ses joues comme son peu d'ardeur à contredire totalement un détective, il apportait de l'eau au moulin à rumeurs qui tourbillonnait dans la conscience d'une lycéenne...

Joignant le geste à la parole, Shinichi avait même enlacé l'espace de quelques instants celle qu'il qualifiait à son tour de demoiselle en détresse, lui murmurant qu'elle bénéficierait toujours de sa protection, à son corps défendant ou non, poussant cette dernière à tressaillir, renversant une partie du thé contenu dans la tasse dont elle comprimait l'anse comme la soucoupe de deux mains tremblantes.

Et le pire...le pire...c'est que sur le coup comme avec le recul, Ran n'avait pas réussi à lui reprocher cet élan d'affection aussi incongru que déplacé... La candeur amusé avec laquelle il avait enlacé une autre femme sous le regard ahuri de sa fiancée, elle témoignait bien mieux que n'importe laquelle des dénégations la nature innocente de la relation qui unissait l'héritier de Holmes à son docteur Watson...

Un amant aurait attendu que sa fiancée lui tourne le dos pour faire bénéficier sa maîtresse d'une caresse à la dérobée, mais un simple ami n'avait pas à craindre de susciter la moindre jalousie par ses taquineries.

Il lui avait peut-être menti sans remords, ou si peu, pendant tout ces mois, mais il ne l'avait pas trompé...

Réminiscence fugace qui laissa la trace d'un sourire au cours de son bref passage sur le visage d'une adolescente, alors qu'elle se déchargeait de son fardeau pour aider une métisse à s'allonger.

Shiho Miyano demeurerait intimidante aux yeux de Ran, mais l'ami d'enfance d'un détective ne rechignait pas à partager son intimité quelques minutes avec celle qui se reflétait à la surface des verres d'alcool dont elle avait abusé...

Après avoir gentiment promené ses doigts dans une chevelure auburn, Ran se prépara à s'éclipser, le temps d'aller récupérer un pyjama de rechange dans sa garde-robe pour le prêter à son invitée surprise, mais cette dernière secoua la tête face à la proposition.

Nul besoin de s'embarrasser avec cette dernière corvée...en revanche, elle apprécierait beaucoup qu'on lui prête son assistance pour se déshabiller... Au vu du clin d'œil comme de l'expression mutine de la métisse, Ran se demanda si cette demande était sincère ou s'il s'agissait d'une énième provocation effectuée à ses dépens, dans la continuité du véritable flirt qui s'était progressivement instauré entre la jeune fille et la jeune femme...

Dans le doute, elle préféra néanmoins obtempérer, et persista dans sa décision, malgré le haussement de sourcil amusé d'une scientifique qui ne s'attendait manifestement pas à ce qu'on la prenne au mot...

Après avoir dépouillé son invitée de sa veste écarlate, qu'elle installa sur le dossier d'une chaise, Ran l'aida gentiment à se dévêtir de sa chemise comme de sa jupe, avant d'en faire de même avec les bas de nylons qui enlaçaient ses jambes...

Un certain temps s'était écoulé depuis qu'un garçon s'était empressé de lui retirer ses vêtements, et l'expérience n'était définitivement pas déplaisante quand une demoiselle se prêtait au jeu à son tour, particulièrement quand cette dernière avait moulé ses formes dans une tenue qui était définitivement appropriée un rendez-vous galant destiné à trouver son épilogue entre ses draps.

La nostalgie s'entremêlait à la malice dans l'énième provocation de la métisse, mais si Ran avait la moindre réplique à lui opposer, elle mourut sur ses lèvres quand elle se décida à relever la tête, le soupir qu'elle s'apprêtait à relâcher demeurant définitivement emprisonné dans ses poumons...

Sans atteindre le degré d'effronterie de la lingerie soigneusement sélectionnée par Sonoko, les sous-vêtements de la métisse semblaient certainement plus appropriée à la chambre à coucher qu'à la vie de tous les jours, la demoiselle qui avait sorti ces deux pièces de sa garde-robe avant de les enfiler, il n'y avait pas le moindre doute qu'elle avait mûrement anticipé le moment où elle les dévoilerait à un regard masculin, l'invitant silencieusement à la dépouiller de ses derniers atours par la seule nature de ces derniers.

Mais à la différence de la tenue de combat qu'une lycéenne avait endossé dans l'anticipation d'un affrontement destiné à se terminer au lit, l'écrin de dentelle et de mousseline semblait naturellement approprié au joyaux qu'il enchâssait. Le seul élément d'incongruité demeurant le rose que la métisse avait choisie pour colorer son intimité, mais dans ce contexte et avec cette nuance si particulière, ce n'était définitivement pas la candeur que cette couleur faisait resplendir de mille feux, bien au contraire...

Une adolescente s'efforçant de jouer les adultes faisait face à celle qui avait depuis longtemps cessé de jouer le moindre rôle, épousant à la perfection le sien...

Pendant quelques battements de cils qui lui donnèrent l'impression lancinante de s'étirer pour former des minutes, Ran demeura littéralement captivée par la grâce avec laquelle la jeune femme habitait son propre corps, sans la moindre impression du plus infime écart entre le contenant et le contenu, la manière dont elle caressait négligemment son propre bras de son autre main, tout en croisant les jambes sur ce lit qu'elle avait métamorphosé en trône, elle en formait l'illustration la plus confondante...

Est-ce que la métisse avait prévu de passer une soirée en tête à tête avec un soupirant qui avait définitivement captivé son intérêts, avant qu'un détective ne fasse avorter un rendez-vous galant en traînant sa partenaire jusqu'au seuil d'un bar ?

Question qui s'efforçait d'être candide tout en demeurant entachée du soupçon lancinant qu'elle n'était pas la seule à avoir affûté sa féminité pour mieux prendre un détective dans ses filets, ce soir là.

La première réponse de la scientifique prît la forme d'un sourire désabusé. C'était tout simplement son ticket de loterie, une faiblesse dont elle n'avait jamais réussi à se détacher malgré la maîtrise du calcul des probabilités dont l'avait fait bénéficier son cursus scolaire...

Un murmure sibyllin qui suscitait bien plus de questions que d'embryons de réponse à la toute première, des interrogations qui furent balayé par l'addendum qu'une métisse y ajouta en passant, tout en glissant la main dans une chevelure d'un noir de jais pour la faire cascader entre ses doigts d'un air rêveur..

Est-ce que Ran se sentait particulièrement chanceuse, cette nuit ?

Si une lycéenne demeura le souffle coupé pendant un bref instant, c'est sous la forme d'un soupir qu'elle le relâcha.

Décidément, elle ne saurait jamais sur quel pied danser avec l'impertinente demoiselle qui prenait un malin plaisir à jouer avec ses attentes pour mieux les retourner au dernier moment, la seule constante de ce petit jeu semblait être qu'elle s'y octroyait le rôle de la séductrice, laissant planer une ambiguïté flottante sur la nature de sa cible, et par conséquent, la nature exacte de la position de Ran dans cette partie de poker dont les règles s'obstinaient à demeurer floue, tout comme les enjeux.

Si la main d'une métisse se décida à libérer la chevelure de la jeune fille, ce fût pour tapoter la surface d'un matelas, l'invitant tacitement à s'y positionner à ses côtés.

Aussi délicieuse et riche de promesses que puisse être la vision de cette demoiselle agenouillée à ses pieds, l'infortunée ne paierait pas plus cher à demeurer assise.

C'est d'un pas hésitant que Ran se décida à obtempérer à ce qui lui apparaissait comme un défi, et elle ne manqua pas de se dandiner sur la surface de ce matelas, semblable à un lièvre qui se demandait s'il n'avait pas positionné sa patte sur un piège à loup et anticipant la fraction de seconde qu'on lui accorderait avant de bondir se mettre hors de portée d'une paire de mâchoires métalliques.

Ridicule, c'était ridicule... Si elle avait partagé cette chambre avec n'importe quel autre garçon que Shinichi, elle n'aurait eu aucune difficulté à mettre le malotru au tapis s'il s'aventurait à franchir une certaine ligne à son égard, alors pourquoi trembler devant cette jeune femme, quand bien même elle représentait un danger similaire ?

Pensées rassurantes qui s'écartèrent aux quatre vents comme la nuée de moineaux dispersés par le premier coup de fusil du chasseur quand une métisse glissa la paume de sa main sur le genoux de sa camarade de chambre avant d'entamer une longue ascension jusqu'à son épaule, épaule qu'elle comprima gentiment pour ramener une lycéenne dans sa direction, abolissant les quelques centimètres qui séparaient encore leurs corps, l'un de l'autre.

Une étreinte qui n'était pas sans évoquer la manière dont Sonoko manifestait parfois son amitié, tout comme le sourire qui étirait la joue qui se frottait contre la sienne.

Elle était si fébrile la petite orchidée, alors qu'il n'y avait pas le moindre souffle de vent pour faire trembler ses feuilles. Il n'y avait pourtant pas de raison d'avoir peur, encore moins de s'enfuir hors de cette pièce, ne valait-il pas mieux profiter de l'occasion pour briser la glace et consentir enfin à se rapprocher l'une de l'autre au lieu de se regarder en chien de faïence comme elle le faisaient trop souvent en temps normal ?

Invitation que Ran hésitait autant à décliner qu'à accepter, mais l'interrogation de la métisse semblait bien être de pure forme au vu de la manière dont elle fît basculer l'adolescente sur la surface du lit pour mieux plaquer son corps contre le sien, tout contre, avant de s'y frotter, tâtonnant jusqu'à ce qu'elle eut trouvé la position qui lui convenait le mieux, leurs jambes entrecroisées, la poitrine de sa victime en guise d'oreiller, et une main dissimulée sous une chevelure d'un noir de jais dont ses doigts appréciaient la texture soyeuse.

Maintenant qu'elle n'était plus la seule à s'être pratiquement dépouillée de toute protection comme de toute pudeur, ne gardant que le strict minimum, pourquoi ne pas en profiter pour faire intimement connaissance ? D'autant plus que dans son triste état, Shiho aurait un peu plus de mal à faire l'anguille face aux sollicitations de l'amie d'enfance d'un détective, autant qu'elle saisisse l'occasion pour lui confier ou plutôt lui demander tout ce qui pesait sur le cœur...et si d'aventure les choses tournaient au vinaigre, la rancœur en question aurait de toutes manières achevé de se dissoudre de la mémoire d'une des deux belligérantes, le lendemain...

Passé quelques secondes d'incertitude, à bénéficier des caresses délicates de la petite curieuse qui parcourait du bout des doigts la géographie du corps de son cobaye du moment, s'attardant particulièrement sur les régions les plus malléables de son anatomie, Ran se décida à mordiller timidement à l'hameçon.

Est-ce qu'elle avait réellement suscité l'intérêt de Shiho ? Question dont la futilité poussa une métisse à écarquiller les yeux avant de pouffer.

Une réponse était-elle vraiment nécessaire à ce stade ?

Plissant son nez dans une moue renfrognée, Ran ne manqua pas de rétorquer qu'elle n'était pas certaine qu'il ne s'agisse pas d'un énième petit jeu, si ce n'était une plaisanterie dont l'humour s'obstinait à lui demeurer opaque.

Irrité par le sourire énigmatique qu'on lui offrait en guise de réponse, l'adolescente inspira avant de balbutier timidement une forme plus explicite à ses interrogations.

Les préférences de Shiho pointaient-elle en direction des garçons ou bien.. ?

Une question dont la réponse aurait pu faire d'une pierre deux coups, balayant ses soupçons vis à vis de Shinichi, même si c'était pour la placer dans une situation des plus délicate en contrepartie...

Shiho consentit tout juste à admettre que ses expériences s'étaient cantonnées jusque là au sexe opposé, mais qu'il ne lui aurait pas déplu d'élargir son horizon sur ce point.

Dans ce cas, fallait-il comprendre qu'elle était intéressée par Shinichi ? Ran n'avait pas manqué d'accentuer la signification particulière qu'elle donnait à cet adjectif à l'instant présent, pour limiter au maximum toute trace d'ambiguïté en la matière.

L'infortuné détective s'était déjà trouvé dans une situation similaire à la sienne, à cet instant, elle était libre d'en tirer toutes les conclusions qu'elle souhaitait.

Révélation que Ran accusa comme un coup de point à l'estomac, ce qui paradoxalement estompa légèrement l'amusement de la métisse, la poussant à agiter la main dans l'atmosphère pour dissiper les appréhensions de l'adolescente.

Nul besoin d'y voir quoique ce soit de mélodramatique, il ne s'était rien passé de si compromettant que ça, en tout cas du côté d'un maniaque de Sherlock Holmes.

S'il avait été assez naïf pour s'aventurer dans la chambre d'une autre demoiselle pour y rester en tête à tête avec la propriétaire des lieux, la seule forme d'infidélité dont il avait fait preuve vis à vis de dulcinée s'était réduite à jouer le rôle d'unique spectateur d'un défilé de mode organisé spécialement à son intention...

Il n'y avait guère de doute sur la nature des vêtements qu'elle avait fait défiler sous les yeux d'un détective, et Shiho trancha définitivement la question en confessant qu'elle s'était aligné sur les préférences de son cobaye quand elle avait sélectionné les ornements dissimulés sous les vêtements que Ran avait eu la gentillesse de lui retirer.

Pour la maigre défense de son fiancé, ce dernier avait donné l'impression d'avoir été placé sur le grill tout au long de la consultation dont il faisait l'objet. Et s'il avait fait mine d'accorder sa créance à une scientifique, qui avait définitivement besoin d'un regard masculin pour évaluer l'efficacité de sa nouvelle garde-robe, et n'avait aucun autre spécimen de confiance sous la main pour le moment, son expression en disait long sur le degré de crédulité qu'il concédait à une excuse cousue de fil blanc, par contraste avec la parade de sous-vêtements qui frétilla sous ses yeux.

Ah il avait été si adorable, à se limiter à la quantité minimale de regard en coins nécessaire pour que son avis puisse être jugé pertinent, et à se retourner en fermant les yeux de peur de se changer en statue de sel, chaque fois que la métisse entamait la transition d'un ensemble de lingerie au suivant.

Non, Ran n'avait pas à se montrer trop dure avec son soupirant, même s'il avait eu la faiblesse de se prêter au jeu, c'était contraint et forcé, quand bien même l'expérience n'avait certainement pas été aussi déplaisante qu'il l'avait prétendu. Constat que Shiho illustra en plaquant une main pudique devant ses yeux, mimant le vertueux qui priait l'insolente de dissimuler au plus vite ce corps qu'il ne saurait voir, mais tout en maintenant un léger espace entre son index et son majeur pour se ménager un ersatz de trou de serrure.

Bien sûr, en bonne scientifique, la métisse était comme Saint Thomas, elle n'accordait sa créance qu'à ce qu'elle pouvait voir et surtout sentir de ses doigts...et les résultats de l'expérience aurait du être enregistré avec un léger grain de sel en l'absence de la réaction physiologique la plus pertinente face aux stimulus auquel son cobaye avait été exposé à feu nourri...

Si d'aventure la pauvre Ran avait eu le moindre doute sur la réalité des plus crues qui se dissimulait derrière l'euphémisme, ils avaient fondu comme neige au soleil devant le contact des doigts qui glissèrent le long de l'infime surface qui maintenait son intimité à l'abri des regards indiscrets, et le franchissement de cette ligne avait libéré une telle décharge électrique dans son système nerveux qu'elle avait fait passer à l'arrière-plan le petit jeu indécent que les paroles de la métisse avait projeté derrière ses paupières.

Indifférente à la vague de malaise ou de curiosité excitée que son geste avait suscité, Shiho soupira en admettant qu'à ce moment là, elle avait été légèrement trop loin...et que son détective le lui avait bien fait comprendre en agrippant fermement le poignet d'une scientifique.

Cette fois, la protestation implicite n'avait rien de tiède, tant et si bien qu'à défaut de s'excuser, l'impertinente avait capitulé sans condition, mettant fin à sa petite comédie avant qu'elle ne tourne définitivement au drame.

L'espace d'un instant, elle s'était même imaginé avoir atteint le point de non-retour alors même qu'elle n'avait pas eu l'occasion de seulement frôler le corps du délit...mais cette angoisse ne lui transperça le cœur qu'un seul instant... Un détective l'avait amputé à la racine en enlaçant une métisse alors même qu'elle n'avait pas eu le temps de se rhabiller.

Oh, il ne fallait pas s'imaginer qu'il avait succombé à la tentation et mordu à l'appât qui se frétillait à sa portée, c'était juste...juste...

Juste ?

Celle qui avait fait preuve jusque là d'une complaisance non-dissimulée par rapport à ses propres frasques, elle hésita avant de dérouler le fil de sa confession jusqu'au bout.

Le triste imbécile avait osé...il n'avait pas hésité... à rouvrir brutalement une plaie qui n'était pas tout à fait cicatrisée...

Pas grand chose vraiment, le moment où il avait arraché brutalement la prise d'un cordon téléphonique...brisant le fil ténu qui reliait encore une cadette à son aînée, quand bien même il se limitait au répondeur téléphonique d'une personne récemment décédée...

Elle ne pouvait pas tout à fait le blâmer...et même pas du tout au final... Cette habitude n'avait rien de sain ou d'anodin, et aussi brutal que puisse être le geste d'un détective, sur le long terme, il avait autorisé une orpheline à laisser les morts enterrer les morts, alors qu'une idiote était toute disposée à laisser une morte enterrer la survivante pour le seul plaisir d'entendre résonner un message d'accueil téléphonique en lieu et place d'une grande sœur, sans se soucier plus que ça du risque bien réelle que ses confidences stériles tombent dans l'oreille de ses futurs bourreaux...

Nul besoin d'entendre les réprimandes de cet idiot, elle les connaissait sur le bout des doigts à force de se les adresser à son fort intérieur... Raison pour laquelle elle lui avait claqué la porte au nez avant de se précipiter dans une chambre pour s'y réfugier à l'abri des regards...

Il avait eu la pudeur de ne pas frapper à la porte de cette chambre, ce soir là... Elle ignorait si elle devait l'en remercier ou l'en blâmer, et de toutes manières, avait laissé la question mourir toute seule sans la moindre réponse en guise d'épitaphe...

Mais un détective avait pris la peine d'apporter sa propre réponse à la question qu'elle s'était efforcé d'oublier...et c'était pour lui confier qu'une partie de lui était demeuré emprisonnée de l'autre côté de cette porte qu'il n'avait pas eu le courage d'ouvrir... et rien ni personne ne pourrait l'en délivrer, pas même l'absolution qu'aurait pu lui offrir une orpheline avec le recul... le passé était figé pour de bon, la seule manière d'ouvrir cette porte pour libérer le regret qu'il avait laissé derrière aurait été de le faire quand il en avait encore l'occasion...

Néanmoins, il aurait la consolation que cette partie de lui ne serait plus tout à fait seule, une autre lui tiendrait désormais compagnie dans cette même chambre, même si le regret n'aurait pas été de la même nature...le regret de ne pas avoir joué le jeu jusqu'au bout avec une petite effrontée... A tout prendre, c'était ce genre de regret qu'il préférait laisser derrière lui...

Ran demeura interloquée par l'abcès qu'une métisse avait crevé sous ses yeux, ou plutôt à ses oreilles puisqu'elle ne se décida à relever la tête qu'à la fin de sa confidence, pour dévoiler le contraste violent entre des yeux brûlés par les larmes qu'on retenait in extremis et le sourire moqueur d'une idiote envers sa propre faiblesse, cette faiblesse qui prenait la forme d'un imbécile de détective...

Il aurait pu simplement lui faire comprendre une fois pour toute qu'il ne s'était jamais intéressé et ne s'intéressait jamais à elle de cette manière, mais au lieu de ça...au lieu de ça... et là encore, elle ne savait pas si elle devait l'en remercier ou non...

Là encore, une question qui était condamnée à rester sans réponse, Ran n'en ayant aucune de son côté, se contentant de refermer les bras autour de celle qui n'avait jamais autant mérité le titre de demoiselle en détresse à ses yeux... Une demoiselle en détresse dont les tremblements ne dissimulaient plus le moindre gloussement, cette fois...

Passé de délicieuses minutes de complaisance réciproque, où la métisse s'abreuva goulûment à la source de chaleur et de réconfort qui s'offrait à elle, le va-et-vient des caresses qu'elle offrait en retour franchit graduellement la ligne floue séparant la demande d'affection sans arrière-pensée de la tentative sournoise de susciter l'excitation du corps qu'elle comprimait sous le sien.

Qu'il s'agisse de cette petite comédie qui s'était déroulé dans la chambre partagé par un détective et une scientifique, ou de la lingerie qu'une petite cynique avait dissimulé sous un ensemble des plus sobre quand elle avait accepté l'invitation d'un fanatique de Holmes à échanger quelques souvenir autour d'un verre d'alcool, dans un cas comme dans l'autre, cela se réduisait à un ticket de loterie... Une valeur infinie se dissimulait potentiellement sous la surface qu'on caressait du bout des doigts au cours des délicieux instants qui précédaient le tirage...avant de se réduire finalement à zéro quand le temps des folles espérances avait tiré sa révérence, vous offrant tout juste la consolation du clin d'œil complice d'un éternel bonimenteur...

Peut-être que la prochaine fois.. ?

Métaphore que la scientifique avait murmuré avec un sourire moqueur...tout en guidant gentiment les doigts tremblants d'une lycéenne le long des fioritures qui dissimulaient sa propre poitrine, comme pour l'inviter à rendre la monnaie de sa pièce à une petite effrontée... Invitation que Ran dédaigna sans trouver la force ou la détermination d'écarter sa main de la surface du fruit défendu qu'on l'incitait à palper.

Tout en maintenant la paume d'une adolescente contre son soutien-gorge, Shiho glissa négligemment l'index le long du sein qu'elle ne comprimait pas sous sa joue, gestuelle qui se superposa aux mots désabusés qui s'entremêlèrent à un soupir.

Un stupide ticket de loterie...

Est-ce que Ran se sentait particulièrement chanceuse, ce soir ? En tout cas Shiho, était toute disposée à tenter sa chance de son côté...

Une question que la métisse avait susurré en ajustant sa position contre le corps d'une lycéenne, comprimant sa poitrine sous la sienne, tout en agitant négligemment les mollets dans les airs, frottant son nez contre celui de sa proie alors que son souffle effleurait les lèvres qui étaient à quelques centimètres des siennes, titillant les narines de Ran avec les effluves que la fille d'un détective avait si souvent associé à la débauche comme à la déchéance d'un père...

Question des plus futiles, A fortiori si on déchiffrait l'invitation implicite qui serpentaient sournoisement entre les lignes...alors pourquoi hésitait-elle à la clore pour de bon au lieu de la laisser flotter dans l'atmosphère, quelques instants de plus ? Sans doute parce qu'il ne s'agissait pas tant d'une question que d'une tentation, et une adolescente voulait s'abandonner à la contemplation de la possibilité d'y succomber, semblable à une fillette dont les yeux demeuraient hypnotisés par la lueur de la flamme qui se rapprochait inexorablement de l'autre extrémité d'une allumette, menaçant de lui brûler les doigts si elle ne se décidait pas à relâcher pour de bon ce qui n'avait rien d'un jouet...

Accentuant le pli moqueur de son sourire, la métisse caressa les lèvres tremblantes d'une jeune fille par une observation lourde de sens...

Quoiqu'il puisse se passer, cette nuit là, cela ne laisserait pas la moindre trace sur la conscience comme la mémoire d'une scientifique, le lendemain, et le détective qu'elles avaient laissé affalé sur ce canapé n'était définitivement plus en état de fureter dans une chambre à coucher, en conséquence comme en contrepartie, Ran était définitivement libre d'y faire tout ce qu'elle souhaitait sans le moindre remords...

Après tout, quand on prenait la peine d'y réfléchir, des événements dont le souvenir serait confié à la garde d'une seule personne en tout et pour tout, qu'est-ce qui les différenciait d'un rêve ?

Et les rêves n'étaient-ils pas par nature le seul véritable espace de liberté qui nous restait en ce bas-monde ? Le seul refuge où l'on demeurait libre d'être ce qu'on n'était comme ce que l'on n'était pas, ou, ce qui revenait au même au fond, être ce que l'on était sans oser se l'avouer ?

Constat qui ajouta une nuance de tristesse sur les lèvres de la scientifique avant qu'elles ne commencent à effleurer celles d'une lycéenne, abolissant la maigre distance qui les séparait encore l'instant précédent...

Un mot se décida à franchir les lèvres que la métisse caressait du bout des siennes, ce n'était pas un non qui fût balbutié mais un nom...

« M...Miyano...san... »

Formalisme qui ne manqua pas de faire pétiller une étincelle de malice dans les yeux d'une jeune femme.

Dans ces circonstances, elle pouvait bien se permettre de l'appeler par son prénom pour cette fois...ou même par son ancien nom si elle préférait...qui se serait avéré des plus approprié au final, après tout, ce vin avec laquelle on l'avait jadis baptisé, elle y avait trempé ses lèvres tant de fois au cours de la soirée qu'elle pouvait encore en sentir la saveur sur la pointe de sa langue...

Saveur alcoolisé que Ran pouvait sentir sur la pointe de la sienne à présent...

Au début, ce n'était que quelques gouttes qui lui caressèrent le bout de la langue par intermittence, ensuite, quand elle s'efforça de repousser le corps étranger qui se pressait contre le sien, ce fût un léger entrefilet qui glissa le long de cette même langue pour s'écouler sur ses lèvres, puis ce fût une rasade que Ran savoura avec délice, à la fin c'était un flot impétueux qui lui coupa le souffle, noyant ses maigres tentatives de protestation dans un gémissement dont la tonalité plaintive s'était mué progressivement en une nuance de désir tandis que la propriétaire de la gorge qu'il faisait onduler se laissait emporter par un flot de sensations nouvelles. La délicatesse et la subtilité ? Définitivement noyées par la passion et le Sherry, un mélange qui submergea la conscience d'une lycéenne, la plongeant dans l'ivresse, l'espace d'instants qui auraient pu tout aussi bien pu être des minutes, la privant de tout ses moyens.

Lorsqu'elle fût finalement autorisée à respirer à nouveau, l'adolescente hésita quelques instants avant de relever les paupières qu'elle avait instinctivement refermé après avoir écarquillé les yeux. Ce n'était pas seulement pour interposer une maigre protection face au regard gourmand d'une scientifique qu'elle avait fermé ses yeux, à sa plus grande honte, c'était pour mieux savourer un baiser qui aurait sans nul doute suscité l'approbation de Sokono, pour peu qu'on passe sous silence l'identité de celle qui le lui avait offert...ou plutôt lui avait dérobé...si ce n'est arraché...

Un baiser...son tout premier véritable baiser...dont l'intensité avait été si brûlante qu'elle avait réduite en cendre les souvenirs du tendre moment où ses lèvres avaient été finalement autorisé à effleurer celles d'un détective.

Intense sans qu'on puisse tout à fait le qualifier de fougueux...la violence de cette intrusion n'était pas dépourvue d'un certain raffinement et même d'un embryon de retenu... mais n'était-ce pas le propre de la cruauté, par contraste avec sa sœur aîné, la brutalité ? Faire preuve d'empathie vis à vis de l'objet de son désir, pour mieux s'y ajuster au moment de le tourmenter...

Elle ne pouvait même s'offrir le luxe de s'imaginer Shinichi de l'autre côté de ses paupières, que ce soit au cours de ce premier baiser qui l'avait électrisé, ou de celui qui lui succédait, la faisant chavirer...

A l'abri du regard d'un père, trop occupé à cuver son vin, affalé sur son canapé dans une position que son futur gendre n'était plus vraiment en état de regarder de haut à présent, Ran avait jadis rapproché son visage de la principale responsable de sa déchéance, humant le goulot d'une bouteille qu'elle s'apprêtait à sceller de son bouchon... un parfum si écœurant mais aussi si entêtant...malgré le haut le cœur qui le suivait comme son ombre, une adolescente avait élargi ses narines pour mieux s'en imprégner au lieu de froncer le nez...

Surnageant dans les eaux saumâtres de la répulsion, une étincelle de curiosité avait crépité...titillant la conscience de la fille d'un alcoolique comme la démangeaison d'une piqûre de moustique qu'on ne pouvait s'empêcher de torturer sous ses ongles, la souffrance comme l'irritation s'entremêlant à une volupté inavouable...

Elle avait effleuré le goulot de cette bouteille du bout des lèvres, avant de souligner ces mêmes lèvres de sa langue pour y recueillir les infimes traces du poison qui les avaient imprégnées...

Et si sa gorge s'était comprimée dans un gargouillis par réflexe, l'instant suivant, elle n'avait pas pu s'empêcher de succomber à la tentation de caresser sa langue d'une fine rasade de ses flammes dont une sombre alchimie avait perverti la nature pour lui donner une forme appropriée à son ennemie naturel, l'eau... Un acide qu'elle avait avalé instinctivement quand il écorcha ses papilles...

Le liséré de cette incendie n'avait pas manqué de lui brûler l'œsophage avant d'aller consumer son estomac, la pliant pratiquement en deux au cours de quelques secondes de calvaire où elle réprima à grande peine l'envie de vomir sur le carrelage d'une cuisine...

Mais quand cette cruelle agonie se décida finalement à refluer, ses réminiscences hantèrent les entrailles de l'infortunée qui avait soulevé le couvercle de cette boite de Pandore, sous la forme d'une flamme vibrante dont les ondulations se manifestaient comme la plus douce et la plus intime des caresses, une flamme qui se confondait avec le cœur qui s'était mis à palpiter de plus belle sous sa poitrine.

Une sensation déconcertante, si répugnante mais également si excitante qu'elle avait médité à l'idée fantasque d'en accroître l'intensité en portant à nouveau ses lèvres à ce goulot...

Tentation que Ran avait trouvé la force de congédier en secouant frénétiquement la tête, avant d'enfoncer rageusement un bouchon pour faire taire une fois pour toute l'infâme catin qui l'invitait à rentrer à son tour dans la danse, après avoir congédié une mère d'un foyer pour y régner sans partage sur la dépouille flasque de celui qui avait cessé d'être un époux pour demeurer l'ombre du père qu'elle avait jadis connu...

Souvenir qui avait surgi du passé pour se superposer à l'instant présent, au cours de son énième face à face avec la seule véritable amante de son père, sous la forme de cette bouteille de Sherry dont on lui avait glissé le goulot entre les lèvres de force... Un goulot qu'elle ne pouvait s'empêcher de lécher, au cours des rares intermèdes qu'on lui accordait à lui laisser reprendre son souffle pour mieux le lui arracher l'instant suivant, quémandant implicitement une gorgée de plus de cet infâme poison qui la consumait de l'intérieur...

Avec le recul, son ancienne intuition flirtait de près avec la réalité, trop près, cette flamme à l'innocente chaleur pouvait se métamorphoser en véritable bûcher pour peu qu'on continue de l'attiser avec le combustible qui lui avait donné naissance en premier lieu...

La conscience de Ran l'intimait de recracher immédiatement ce poison dont elle était supposé connaître le danger de trop près à force de l'avoir vu ronger un détective si cher à son cœur...des mises en gardes étouffées par la cacophonie de ce même cœur qui bondissait dans sa cage, gagné par l'euphorie d'un animal sauvage sur le point de briser pour de bon le carcan de la prison où on avait osé le confiner...

Juste un petit peu plus... Un petit peu plus longtemps... Quitte à vendre son âme, autant ne pas le faire au rabais... si on lui avait dérobé le baiser qu'elle avait réservé à un stupide détective, autant que l'expérience soit à la hauteur de la faveur qu'elle avait sottement dilapidé pour l'obtenir...

Pourquoi hésiter ? Pourquoi se retenir? Quoiqu'il puisse se passer dans les prochaines minutes, personne ne viendrait le lui reprocher le lendemain, y compris sa complice, elle était déjà condamnée à être hantée par le fantôme de cette nuit jusqu'à la fin de ses jours de toutes manières, dans ces conditions, autant que ce fantôme prenne la forme d'une réalité bien concrète, aussi sordide qu'elle puisse être, plutôt que celle d'un faisceau de possibilités d'autant plus douloureuses à endurer que Ran n'aurait plus l'occasion d'en dérouler le fil jusqu'au bout...

Oui, une petite voix qui n'était pas celle d'une métisse l'encourageait à continuer au lieu de faire machine arrière, à réclamer plus, toujours plus, et même encore plus une fois que le point de satiété serait finalement derrière elle...

Dans un monde éphémère où ses actes étaient amputés des conséquences qui les suivaient comme une ombre, à court-terme comme à long terme, la morale comme la pudeur pouvaient être congédié de cette chambre avec un minimum de remords, pour laisser libre-court à une curiosité qui brûlaient d'être pleinement satisfaite...

Ce baiser l'avait frappé comme la foudre, mais à présent, la terre tendait ses bras en direction du ciel qui l'avait fustigé, pour mieux le supplier de prolonger leurs noces... les doigts de Ran avaient agrippé une chevelure auburn, mais ce n'était certainement pas pour inciter fermement sa propriétaire à relâcher sa proie et rétablir un semblant de distance avec sa victime, bien au contraire, c'était pour prémunir la petite effrontée de la tentation de s'imaginer pouvoir seulement le faire...

Loin de réduire son univers aux lèvres qu'une métisse avait soudé aux siennes, et au va-et-vient des deux corps humide qui exploraient mutuellement leurs surfaces respectives, ce baiser étendait progressivement le liseré de ses flammes sur la chair d'une adolescente, des flammes qui prenaient la forme des paumes qui épousaient ses joues, avaient glissé sur ses épaules avant d'aller et venir le long de ses bras, de son dos, de son fessier, de la jambe qu'elles avaient redressé tandis que les silhouettes des deux occupantes du lit s'entrelaçaient l'une à l'autre, de la poitrine qu'une scientifique ne se contentait plus d'effleurer, ou même de soupeser, mais dont elle évaluait la fermeté comme l'élasticité entre ses doigts, des doigts qui se rapprochaient dangereusement d'une culotte, la frôlant, l'effleurant, palpant le mystère qui brûlait derrière la fine barrière de dentelle, avant d'en soulever l'élastique, entre deux battements de cœur, pour glisser sur l'intimité d'une jeune fille avec la vitesse comme la délicatesse d'une légère brise avant de refluer aussitôt...

Et comme on pouvait s'y attendre, il était difficile de demeurer à proximité d'un incendie sans être entraîné à son tour par le brasier...les mains d'une lycéenne ne se contentaient plus de comprimer le dos d'une ancienne criminelle pour la forcer à maintenir son corps contre le sien, tout contre, elles avaient commencé à enregistrer avec frénésie la géographie de enveloppe charnelle qu'elles s'efforçaient d'emprisonner, la victime semblant avide d'absorber en son sein celle qui la maintenait captive..

Frénésie qui ne pouvait pas perdurer au delà du cap de la simple minute...ou peut-être de la consœur qui s'y entremêla jusqu'à s'y confondre...

L'ouragan de flammes n'avait pas laissé une plaine de cendres sur son trop bref passage, mais bel et bien de braises, qu'un souffle pouvait ranimer instantanément...

Ran avait bien essayé de redonner un rythme à peu près normal à sa respiration comme au battements de son cœur, s'accrochant comme une naufragée à celle qui avait fait jaillir le monde, son monde, hors de ses gonds...

Elle avait l'impression de se noyer dans les méandres d'un océan dont la surface lui apparaissait plus lointaine que jamais, la surface séparant le rêve de l'éveil, une noyade qui se confondait avec l'euphorie autant, si ce n'est bien plus, qu'à l'agonie...

Un murmure lui chatouilla l'oreille avant que son tendre écho ne viennent papillonner dans son tympan comme sa conscience. Mais peut-être l'avait-elle simplement imaginé ?

Je te montrerais comme on fait...et puis je te remplacerais...

Une promesse sibylline qui devenait tout à tour rassurante, angoissante, réconfortante, excitante, terrifiante et exaltante, au fur et à mesure qu'une adolescente la tournait et retournait dans son fort intérieur...

Des mots qu'elle déchiffra à nouveau sur les lèvres comme sur la langue de son amante quand leurs visages s'effleurèrent à nouveau, distillant un poison dont la nuance sucrée de l'arôme métallique allait en s'accentuant, à présent qu'une petite curieuse prenait son temps, tout son temps, pour en savourer convenablement le bouquet subtil de saveurs...

Les doigts d'une scientifique glissaient le long de son épiderme, laissant une décharge électrique dans leur sillage au cours de leur va et viens, des doigts qui dégrafèrent un soutien-gorge d'un geste sûr, en firent glisser les fines bretelles, l'une après l'autre, avant de le faire passer par dessus les épaules puis les bras et enfin les mains de sa propriétaire, exposant sa poitrine à l'atmosphère du soir comme aux lèvres d'une métisse, une métisse qui ponctua chaque étape de son parcours d'un baiser tandis qu'elles se rapprochaient inexorablement d'un délicat monticule de chair qu'elles effleurèrent longuement avant de s'entrouvrir pour laisser le passage à la langue qui le goûta de sa pointe avant de le titiller, le faire vaciller sur sa base, et d'en imprégner soigneusement la circonférence d'une pellicule de salive, prélude au moment, bien plus intense que tout ceux qui lui avaient ouvert le chemin, au cours duquel la scientifique aspira la conscience d'une lycéenne à travers l'une des zone les plus sensibles de son anatomie, donnant à une adolescente l'impression d'en découvrir véritablement l'existence pour la toute première fois... Tout comme elle découvrait l'existence d'une zone de frottement entre la douleur et le plaisir, une zone dont elle brûlait d'explorer le moindre recoin, au point de plaquer à nouveau ses mains sur une chevelure auburn pour maintenir la tête de sa propriétaire à sa place, ne consentant à la relâcher que pour l'autoriser à tourmenter le jumeau du bourrelet de chair dont elle avait poussé la sensibilité jusqu'à l'extrême lisière de l'intolérable...

La seconde vague de sensations aussi extrêmes inattendues déposséda temporairement Ran d'une partie de ses forces, aussi la scientifique n'eût-elle aucun mal à se dégager de son étreinte pour faire glisser à nouveau ses lèvres le long du corps de sa chère et tendre, s'attardant sur son ventre, avant de bifurquer sur ses cuisses...tandis que ses doigts emprisonnaient les filaments qui maintenaient un sous-vêtement contre le sexe d'une adolescente... des filaments qu'elle sentit glisser jusqu'à ses pieds avant de tirer finalement leur révérence...

Trop loin, les choses allaient beaucoup trop...loin...d'autant qu'une constellation de baisers fugaces se reconstituait progressivement le long de ses jambes, déposant ses pointillés dans l'autre sens, avant de s'arrêter finalement jusqu'à son ventre pour redescendre doucement...très doucement...jusqu'au liseré de son mont de Venus, une minuscule prairie dont les dimensions s'accrurent à celle d'une galaxie aux yeux d'une adolescente, alors même que la brise coquine qui glissait entre les lèvres d'une scientifique pour en faire ondoyer la multitude de brins d'herbe sur son passage, elle n'avait mis que quelques instants à atteindre son extrémité...

Un corps humide souligna à nouveau les contours de ses lèvres, les écartant légèrement l'une de l'autre sans pour autant s'y engouffrer pour de bon, poussant à une adolescente à mordiller celles qui étaient à portée de ses dents.

Shiho écarta une mèches de cheveux auburn pour la repositionner derrière son oreille, tout en titillant les pétales de son orchidée de la pointe de la langue pour les amener à se déployer pour de bon, dévoilant le minuscule bourgeon qui surmontait une cavité de chair qui était plus humide que jamais...au point qu'une petite curieuse n'eut aucune difficulté à y glisser son index puis son majeur dans un délicieux va-et viens, dont l'intensité donnait parfois l'impression que le corps de Ran essayait instinctivement d'aspirer les deux impertinents en son sein malgré les tentatives d'une scientifique de ne pas se laisser absorber pour de bon par son sujet d'étude du moment...

Et aussi violente (une violence que Ran accueillit avec empressement au point de s'arc-bouter pour mieux encaisser l'assaut) que puissent être les sensations que la main d'une métisse extirpait de son corps (bien plus extrêmes que la gamme de stimulations qui avait pu naître au contact de ses propres doigts pendant qu'elle improvisait ses première expériences d'adultes de son côté), ce n'était rien...pratiquement rien...en comparaison du flux irrépressible qui se concentrait au sein du bourgeon de chair que Shiho humectait consciencieusement, très consciencieusement, menaçant de jaillir en un geyser de pure délice d'un instant à l'autre...

Ce n'était certainement pas de cette manière que la jeune femme s'était dépeinte sa toute première fois...même quand elle avait posé un pied hésitant au sein des recoins les moins recommandables de sa propre imagination... Dans ses rêveries aussi timides qu'humides, elle avait mentalement invité un petit pervers à pénétrer dans le saints des saints, se mordillant les lèvres dans l'anticipation de cette vague de passion qui se manifesterait comme autant de véritable coup de béliers dont les vibrations lui ébranleraient le bas-ventre, propulsant la candide vierge vers les cimes du septième ciel dont elle se rapprocherait de plus belle, au fur et à mesure que son amant déploierait l'étendue d'une brutalité qui faisait frisonner par avance l'objet d'un émoi qui n'aurait plus rien de tendre, au cours de ce moment qui la terrifiait par avance mais qu'une partie d'elle-même appelait de tous ses vœux, celui où l'élue de son cœur se dépouillerait de sa délicatesse comme il l'aurait fait de ses vêtements, s'abandonnant au pur désir de s'emparer d'elle pour de bon et de savourer sa possession avec une avidité à la hauteur de tous ces mois d'exil où il s'était retrouvé à la contempler du coin de l'œil...

Oui, le phantasme qui l'avait fait trembler comme une feuille et rougir de honte, tout en portant son sang en ébullition à son plus grand désarroi comme à son plus grand délice, sa manifestation la plus concrète se présentait comme la silhouette vague d'un membre masculin, tel que Ran pouvait la reconstituer au vu de son absence totale d'expérience aussi bien que du peu de documentation en la matière qu'elle avait trouvé le courage ou la faiblesse de consulter... certainement pas comme la pointe d'une langue féminine qui serait sagement demeuré en surface, dévoilant à une ingénue que sous une infime zone de cette même surface palpitaient bien plus de nerfs que dans l'ensemble du reste de son corps, des nerfs qui étaient à présent à fleur de peau, leur enchevêtrement emprisonné entre les lèvres d'une scientifique, autant de cordes qu'une tortionnaire zélée faisait vibrer à l'unisson au cours d'un supplice dont l'adolescente n'aurait jamais pu imaginer le raffinement comme la cruauté, chacune des ondulations d'un corps humide outrepassant dans leur intensité les coups de boutoirs les plus violents qu'elle avait pu anticiper quand elle avait totalement perdu le contrôle de ses propres doigts à force d'explorer son anatomie avec...

Elle suffoquait alors qu'elle étiraient ses bras au dessus de sa tête, tendant ses muscles jusqu'au rebord du point de rupture, ses ongles s'enfonçaient au creux de sa paume, menaçant de la percer jusqu'au sang alors qu'elle serrait les poings... Son corps tout entier était devenu un arc bandé à l'extrême, menaçant de se briser net avant d'avoir décoché sa flèche, cette flèche qu'il suppliait son implacable propriétaire de relâcher au lieu d'essayer de le tendre un peu plus loin, toujours plus loin, jusqu'au point de rupture...

Cette petite sadique était en train de l'écarteler, non, de l'étouffer pour de bon, ou même de la rôtir à petit feu, si ce n'est de la noyer, ou peut-être tout cela à la fois...et le pire...le pire...c'est que sa victime la suppliait de continuer...non pas du regard à feindre l'âme qu'elle parvenait encore à lui adresser quand ses paupières ne se comprimaient pas douloureusement par réflexe, non pas par les gémissements qui parvenaient péniblement à résonner au sein d'une cacophonie de halètements, ni par les mains qui avaient agrippé une chevelure auburn avec une force suffisante pour arracher un rictus de souffrance à sa propriétaire tandis qu'elle essayait de la maintenir en place avant que son corps n'échappe finalement à son contrôle, c'était de tout son être qu'elle suppliait la métisse de l'achever une fois pour toute...mais pas tout de suite...

La fille d'un alcoolique notoire avait définitivement succombé à la malédiction familiale à son tour, elle ne voulait plus tremper timidement ses lèvres dans un verre de Sherry pour satisfaire une curiosité malsaine, à présent, elle voulait se noyer dans ce poison, s'immergeant volontairement au sein de ce liquide brûlant jusqu'à en expulser la toute dernière bulle d'air qui pouvait encore s'échapper de ses poumons...

Un instant fatidique qui reflua à l'horizon avec la langue d'une métisse, poussant la victime de cette séance de torture à ouvrir les yeux avec une expression aussi ébahie qu'horrifiée...pour mieux contempler avec un regard plus suppliant que jamais la petite dévergondée qui semblait s'être lassée de son petit jeu cruel alors qu'elle avait été à quelques fractions de secondes de le mener jusqu'au bout, s'essuyant les lèvres du revers de sa manche dénudée tout en se redressant pour de bon...

Est-ce que dans le feu de l'action, elle avait oublié le prélude à leurs ébats ? Si Shiho était toute disposée à guider les pas de cette demoiselle au cours des premiers mouvements de leur valse, c'était dans le seul but de lui laisser prendre les choses en main au cours de la pirouette suivante...

Un rappel moqueur que la métisse lui murmura en glissant les mains dans son propre dos pour déverrouiller le sous-vêtement au sein duquel elle se sentait définitivement trop à l'étroit...sous-vêtement dont elle se délesta en l'envoyant virevolter au pied du lit, avant d'en faire de même avec celui qu'elle fit lentement glisser entre les jambes qu'elle avait déployé après s'être partiellement allongée sur le matelas, sans cesser de couver du regard celle qui enregistraient le moindre de ses mouvements.

Le peu de salive qui restait à Ran reflua au fond de sa gorge tandis que sa tentatrice s'allongeait à ses côtés, levant les bras au dessus d'une chevelure auburn pour en croiser les poignets, exposant sans la moindre retenue le corps qu'elle avait soigneusement dénudé, invitant une adolescente à en caresser les courbes comme le moindre recoin du regard avant d'en faire de même du bout de ses doigts...

Un corps qui aurait pu constituer la forme de la perfection aux yeux de Ran, à présent que ses sens en ébullition dévoilaient un nouvel éventail de nuances sur un monde qui s'était embrasé de milles couleurs, tel une aveugle de naissance libérée du voile d'obscurité au sein duquel elle avait toujours vécue...

Après l'avoir enlisé dans la situation grisante d'objet du désir, la scientifique l'incitait à passer de l'autre côté de la barrière...ne plus guetter le regard en coin de son amant ni quémander les caresses de son amante, mais contempler le monde avec ses yeux, pour endosser maintenant le rôle de l'amoureux...

Ran n'avait plus à s'imaginer ce qu'aurait du ressentir Shinichi face à celle qui l'accueillait au foyer, elle le vivait de la plus intime des façon...au point de regretter, l'espace d'un instant, de ne pas être un garçon, pour s'engouffrer immédiatement corps et âme au sein des abysses qu'elle contemplait et qui la contemplait en retour... Des abysses qui prenaient tour à tour la forme des yeux d'une métisse, de ses lèvres riches de promesses ou celle de la toison qui couronnait une porte dont le seuil prenait une malin plaisir à lui suggérer de procéder à l'intrusion en son sein...

Oui, les règles du jeu avaient brusquement changées, une fois de plus, mais la métisse semblait déterminée à les rendre plus explicites, après lui avoir demandé une dernière fois, une toute dernière fois, si elle était réellement prête à aller jusqu'au bout du jeu... Question dont elle connaissait par avance la réponse, ce qui ne l'empêcha pas de savourer le hochement tête timide de sa captive...

Un jeu dont elle dévoila le dessous des cartes du bout des lèvres...

Si tu m'amenais à franchir le seuil de la jouissance, j'aurais gagné...ou plutôt, tu auras perdue...en revanche...si jamais je venais à te supplier...de pousser les choses un peu plus loin...juste un peu plus loin...c'est toi qui aura gagné...

Un o de surprise se déploya sur le visage hébété d'une adolescente, au plus grand amusement de celle qui occupait le centre de son univers.

En d'autres termes, si elle veut parvenir à ses fins...chacune d'entre nous devra flirter le plus possible avec l'extrême lisière de la victoire de l'autre...et bien sûr, la perdante...n'aura plus d'autre choix que de se soumettre pleinement aux moindres caprices de la gagnante...

Ran se mordilla les lèvres, pour évacuer l'anxiété qui lui agrippait le cœur alors que l'angoisse et l'avidité entremêlaient leurs doigts au fur et à mesure qu'une alternative déroulait ses ramifications tortueuse dans la conscience tourmentée d'une adolescente, qui oscillait entre chacune des deux branches qui se déployaient face à elle, sans savoir laquelle des deux était la plus excitante...ou la plus terrifiante...

...comme par exemple...me demander de reprendre...ce baiser que j'ai interrompu un peu trop tôt à ton goût...et d'aller jusqu'au bout du jeu, cette fois...

Éventualité qui déroba un battement de cœur à la lycéenne...et on ne lui laissa même pas le temps de se remettre de ses émotions avant qu'une scientifique ne prenne son cobaye par la main, pour l'inciter gentiment à apposer sa paume sur l'entrecroisement de deux poignets, l'invitant à les agripper fermement pour emprisonner les bras de son adversaire au dessus de sa tête et la prémunir ainsi de toute tentation de tricher...

Suggestion qui laissa Ran figée dans la position qu'on l'avait incité à adopter...jusqu'au moment fatidique où une métisse se dégagea sans la moindre peine d'une étreinte des plus symbolique...

La petite effrontée n'eut guère le temps de savourer sa liberté fraîchement retrouvée puisque sa camarade de jeu s'était instantanément remise de sa surprise pour lui agripper violemment les poignets des deux mains avant de les ramener à leur position initiale pour les y souder pour de bon d'une poigne de fer...

Et qu'il s'agisse de la fermeté de son nouveau carcan ou de la lueur d'avidité rageuse qui avait brillé de mille feux dans les yeux de son cobaye, quelque chose suscita l'hésitation pour la première fois sur le visage d'une métisse... l'hésitation et un soupçon d'autre chose qui accrut les pulsations du cœur de Ran, la dépouillant de ses dernières appréhensions tandis qu'elle faisait glisser l'arrière de ses doigts sur le corps qu'elle maintenait sous son emprise de son autre main...

Une silhouette dont elle ne voulait pas simplement graver le plus infime détails sur sa rétine, mais dont elle désirait également savourer la texture sous toutes ses coutures... louvoyant le long de ses bras dans le parcours d'une caresse qui s'attarda en chemin sur ses aisselles, une exploration qui lui fît prendre pleinement conscience de la nature merveilleusement sensible de la surface dont elle s'apprêtait à faire son territoire...la plus infime des circonvolutions effectuée au creux du corps de son amante ne manquait de devenir le lieu de naissance d'une ondulation sur l'ensemble de son épiderme, semblable aux cercle qui allaient en s'accroissant indéfiniment chaque fois qu'une gouttelette titillait les eaux placide d'un lac... Un frisson parcourut l'échine de Ran quand elle réalisa que ses tâtonnement timides n'étaient qu'un ersatz de ce qui surviendrait quand c'est elle se glisserait au sein d'une autre vallée du corps de son amante...

Elle prit néanmoins le temps de chatouiller sa captive quelques instant de plus, regrettant de ne pas avoir une plume à sa disposition pour mieux accentuer les frémissements qu'elle pouvait déchiffrer sur les lèvres que sa prisonnière s'efforçait de pincer entre ses dents...

Délaissant une taquinerie qui n'était plus tout à fait de nature enfantine, l'index d'une lycéenne effectua un aller-retour sur la hanche d'une métisse s'intéressa aux courbes voluptueuses de sa poitrine, cette poitrine qu'elle donnait pratiquement l'impression de lécher du regard tout en soulignant la ligne de naissance de ses seins, avant d'entamer une ascension riche de circonvolutions, particulièrement quand Ran sentit un monticule de chair rose osciller sous son doigt..

L'idée fugace de le pincer traversa la conscience de la jeune femme... Pensée fantasque sur laquelle elle s'attarda pendant d'angoissantes secondes d'incertitude pour son cobaye alors que sa tortionnaire potentielle faisait tournoyer son pouce et son index autour de son mamelon, menaçant constamment de le comprimer fermement au détour d'une caresse...

Menace qui reflua instantanément quand la paume moite d'une adolescente épousa pour de bon les formes qui excitaient sa convoitise... Au vu des regards en coins que Ran avait pu surprendre à plusieurs reprises en direction d'une certaine partie de son anatomie, Shiho semblait nourrir une certaine forme d'envie vis à vis des atouts dont la nature avait gratifié l'amie d'enfance d'un détective, estimant visiblement que sa propre silhouette souffrait d'un handicap en comparaison...

Si cette jalousie était réelle et non pas phantasmée, Ran l'estimait pour sa part dépourvue du moindre fondement, le buste de sa compagne était merveilleusement proportionné au reste de son corps, il n'était nul besoin d'y retrancher encore moins d'y ajouter ne serait-ce qu'un seul millimètres supplémentaire pour accentuer ses charmes...observation qu'elle murmura avec la tonalité d'une confession, suscitant un soupçon de trouble sur le visage moqueur de son sujet d'étude...

La paume moite de la curieuse relâcha à regret l'objet de sa fascination pour se plaquer doucement sur le ventre pratiquement plat de cette beauté qu'elle s'apprêtait à savourer goulûment, se laissant bercer par le va et vient de sa respiration, tout en s'imaginant les milles et une manière dont elle pouvait pousser le jeu de muscle qui se dissimulait sous cette surface à se tendre et se détendre à tour de rôle...

Aussi fascinante que puisse être la grâce qui irradiait de cette beauté dont l'aura glaciale contrastait avec la douce chaleur qui s'en dégageait, Ran se passait une langue timide sur ses propres lèvres frémissantes, dans l'anticipation fiévreuse du moment où elle fondrait sous ses yeux comme sous ses doigts, sa superbe écrasante réduite en lambeaux au cours des spasmes qui allaient l'écarteler sous peu...

Prophétie que Shiho semblait avoir déchiffré dans le regard qui allait et venait le long de sa peau, et si elle continuait de sourire devant l'apocalypse qui menaçait de l'engloutir, une angoisse diffuse commençait à étendre son ombre derrière cette façade, quand bien même elle n'avait pas été défigurée par la plus infime fêlure...

Regrettant de ne pas avoir la souplesse suffisante pour s'attarder le long des jambes de sa prisonnière tout en continuant de la maintenir fermement sous son emprise, une adolescente rongée par la gourmandise se consola sur ses cuisses, avant d'en faire de même avec le fessier qu'elle ne pouvait pas caresser du regard, les dernières domaines de son nouveau royaume qu'elle souhaitait honorer de son respect avant de trouver le courage d'effleurer le fruit défendu, pour finalement faire chuter de son piédestal cette déesse qui suscitait son adoration comme son irritation ...

Une divinité qui s'amusa à voix haute de la nature fébrile de cette main qui glissait le long de sa toison...tout comme de la timidité de l'index qu'une petite curieuse avait apposé sur ses lèvres sans parvenir à la réduire au silence pour autant...

Si la petite timorée souhaitait parvenir à son but, il lui serait nécessaire de s'enfoncer plus en profondeur au lieu de se tenir craintivement sur le seuil comme elle le faisait...

Refluant à grande peine la tentation de prendre la séductrice au mot, et de la prendre tout court, Ran prit tout son temps pour répertorier la multitude de fioritures délicieuses de l'intimité qu'elle brûlait d'explorer...et si elle en jugeait à la moiteur qui imprégnait son index, la curieuse n'aurait pas besoin de déployer beaucoup d'efforts pour s'immiscer au sein de cette interstice qui suscitait autant d'angoisse que d'excitations, de part et d'autres d'une ligne humide...

Intuition qui se confirma par la facilité avec laquelle son doigts s'enfonça dans cette brèche, intrusion qui fît tressaillir un court instant sa captive, un court instant seulement...si son sourire s'accentua au fur et à mesure des explorations timides de la petite impudente qui s'était mis en tête de la déflorer, c'était l'amusement et non la volupté que Ran pouvait déchiffrer entre les lèvres de son amante...

Frustrée de l'indifférence manifeste de l'objet de son désir, l'adolescente souda son index à son majeur avant de reprendre ses va-et-viens au creux de la métisse, se délestant d'une partie de sa délicatesse sur le seuil qu'elle s'efforçait d'entrouvrir et d'approfondir simultanément...

Agressivité qui semblait toute relative aux yeux de cette beauté qu'elle s'acharnait à faire sienne, même si ce masque de porcelaine commençait à s'ébrécher progressivement, avant de se fendiller pour de bon quand Ran se décida à enfiler un troisième doigt au même anneau, une opération qui s'effectua tout en douceur, le corps de sa prisonnière se révélant plus honnête que celle qui pouvait revendiquer les droits du premier occupant, une lycéenne en réclamer la propriété avec un empressement grandissant...

Cette chair de poule qu'elle sentait picoter sous ses doigts chaque fois qu'une adolescente faisait mine de délaisser le seuil où elle ne pouvait s'empêcher de revenir encore et encore, la manière dont la toison de son amante lui paraissait se hérisser sous ses caresses, les fines gouttelettes de sueur qu'elle pouvait voir poindre ici et là sur l'épiderme de sa proie, la minuscule pointe de cette langue qui dardait entre des lèvres frémissantes par intermittence, dans ces instants fugaces où un sourire se déchiquetait pour se reconstituer péniblement le temps d'un battement de cil, les tressautements des seins d'une métisse chaque fois qu'une ondulation particulièrement intense décollait de son bas ventre pour remonter sur sa colonne vertébrale en une décharge de volupté, les mouvements erratiques de sa tête qui se mettait à dodeliner sans qu'on puisse y déchiffrer le moindre symptôme d'assoupissement pour autant, bien au contraire, les orteils qui se recroquevillaient sur les draps comme pour les agripper, les soubresauts des deux poignets qui essayait vainement de s'arracher à son étreinte, l'amenant à la raffermir...

Autant de petites victoires qui accrurent la jubilation de la lycéenne...jusqu'au moment fatidique où une suggestion fît instantanément refluer son excitation, la poussant à interrompre le tourbillonnement de ses doigts au sein d'un univers pour lequel le qualificatif de moite se réduisait au rang d'euphémisme...

Tu peux m'attacher si tu le souhaite...

Remarque glissée en passant avec la tonalité d'un commérage futile, elle n'en effaça pas moins la satisfaction qui avait commencé à poindre sur le visage d'une adolescente qui perdait tout ses repères au moment précis où elle s'était sottement imaginé avoir trouvé ses marques, si bien qu'elle se sentit obligé de la répéter en balbutiant...

Par cette concession apparente, la chimiste semblait avoir repris la main dans leur petit jeu sans avoir à briser l'étreinte de sa rivale pour cela, un exploit qu'elle aurait pu accomplir sans peine à présent, au vu de la manière dont les muscles d'une championne de karaté étaient devenu flasques en l'espace de quelques mots...

Savourant le désarroi de sa petite ingénue, la scientifique prît un plaisir non dissimulé à dérouler soigneusement le fil de sa suggestion pour mieux la prendre au piège...

Est-ce qu'elle ne souhaitait pas disposer de ses deux mains pendant leur petit jeu, que ça soit pour continuer d'user et peut-être même d'abuser du corps de sa captive, ou pour s'octroyer une petite avance sur paiement si son dénouement prenait tout son temps à survenir ?

Qu'elle se rassure, la scientifique n'avait pas hésité un seul instant à recourir à ce petit subterfuge de son côté, au cours des préliminaires qu'elle lui avait si généreusement dispensé, tout à l'heure...et si la petite sceptique en doutait, elle était libre d'examiner la culotte dont sa camarade de jeu s'était dépouillé avant de s'offrir à elle...

Avait-elle conscience de l'éventail de possibilité qui s'offrait à elle pour peu qu'on l'autorise à ajuster sa position autours de sa prisonnière au gré de ses envies, avec la douce certitude qu'elle se tiendrait sagement à sa place ?

Ne serait-ce que l'occasion de goûter pour de bon au fruit défendu...Chant des sirènes que sa tentatrice lui avait susurré en humectant ses propres lèvres de la pointe de sa langue, vision dont les implications ne manquèrent pas de rehausser le coloris des joues d'une adolescente...

Ses hésitations fondant progressivement sous le va et vient du petit corps humide qu'elle brûlait de sentir sur une certaine parcelle de sa propre anatomie, Ran commença à laisser ses yeux osciller aux alentours...en quête du moyen de donner corps à la délicieuse situation dépeinte par sa captive... Une captive qui eut la générosité de la mettre sur la bonne voie en lui remémorant l'existence des collants qu'une petite timide l'avait aidé à retirer tout à l'heure...

Ran hésita néanmoins quelques instants... non pas à l'idée de prendre sa petite débauchée au mot, elle avait passé ce stade depuis longtemps, mais à la pensée de devoir relâcher sa prisonnière, ne serait-ce qu'un instant, lui offrant ainsi l'occasion de lui échapper, même un court moment...

Éventualité qu'elle fustigea d'un claquement de langue, avant de se pencher sur l'effrontée pour la regarder les yeux dans les yeux, tout en raffermissant de nouveau l'étreinte qu'elle exerçait sur ses poignets, lui intimant de rester bien sagement à sa place pendant les prochaines secondes... murmure qui n'avait rien d'une requête, ni d'une supplication et si la voix de Ran trembla légèrement quand elle énonça cette directive, ce n'était définitivement pas l'appréhension qui avait fait vibrer ses mots...si bien qu'ils effacèrent instantanément le pli moqueur des lèvres d'une métisse, cette métisse qui avait ravalé son sens de la répartie en même temps que sa salive si la lycéenne en jugeait à l'ondulation qui avait parcouru la gorge de sa captive...

Constat qui acheva de convaincre Ran de la relâcher, et à son plus grande délice, quand elle regagna le lit auquel elle avait tourné le dos quelques instants, le corps qu'elle avait laissé derrière elle n'avait pas dévié d'un seul millimètres de sa dernière position, la seule différence qui se présentait à un œil inquisiteur se réduisant au mince sourire qu'on lui adressait, tandis qu'elle tournait et retournait une paire de collants entre ses doigts...sourire qui fît une brève éclipse quand les mains d'une championne de karaté s'écartèrent l'une de l'autre d'un geste sec, que ça soit pour rappeler à l'ordre une scientifique ou tester l'élasticité et surtout la solidité du nylon qu'elle s'apprêtait à enrouler autour des poignets de sa propriétaire...

Un matériau merveilleusement approprié à l'usage hétérodoxe qu'elle lui destinait, et comme on pouvait s'y attendre, sa prisonnière ne manqua pas de lui adresser un certains nombre de critique acerbe au cours de l'opération, la poussant à écarter violemment les mains l'une de l'autre pour la seconde fois, comprimant douloureusement les poignets entrecroisés de sa compagne, lui arrachant un gémissement au passage...

Le désir reflua derrière l'inquiétude alors que Ran bégayait une question à la tonalité angoissée... est ce qu'elle était allé trop loin ?Question qu'elle ne manqua pas de ravaler rageusement devant le sourire railleur qui lui fut adressé en retour... Elle prêta la sourde oreille à la seconde plainte de l'impertinente quand elle étira à nouveau le nylon qu'elle avait eue la sottise de desserrer légèrement...

Testant la fermeté du nœud maintenant la jambe gauche d'un collant enroulée autour des mains de sa prisonnière, et celle du nœud qui reliait la jambe droite du même sous-vêtement au montant du lit, condamnant sa deuxième occupante à maintenir les bras au dessus de sa tête, Ran s'estima satisfaite...et en conséquent libre de se pencher sur le cas de la petite dévergondée qui s'estimait visiblement délaissée...

Reconstituant sous ses lèvres le parcours jadis tracé par ses doigts, Ran constella l'épiderme de sa proie d'une multitudes de baiser à chaque étapes de ses pérégrinations, se faisant, elle ne manqua pas de prendre conscience des frissons que sa chevelure laissait sur son passage en glissant sur le corps comprimés sous le sien, une chevelure qu'elle prit soin de faire cascader en avant avant d'aller et venir juste au dessus de sa captive, une captive qui ferma les yeux en entrouvrant légèrement les lèvres pour mieux apprécier le contact soyeux de la vague de ténèbres qui la caressait de son reflux...des yeux qu'elle ne manqua pas d'écarquiller quand une petite curieuse commença à promener la point de sa langue sur un mamelon, juste avant de l'emprisonner entre ses lèvres pour le suçoter pendant de longues, très longues secondes...opération qu'elle ne manqua pas de renouveler avec son jumeau en s'efforçant de faire preuve d'impartialité, tout en contemplant l'indifférence factice d'un visage dont le teint n'avait plus grand chose à envier à la chevelure qui l'encadraient, un visage dont l'ombre de sourire se contractait par intermittence en un rictus pouvant exprimer aussi bien la souffrance que la jouissance...

Ohhhh et elle n'avait encore rien vue ou plutôt rien sentie... Ce n'était qu'un entraînement avant le moment fatidique où c'est un bourrellement de chair infiniment plus sensible que celui-ci qui se retrouverait comprimé entre ses lèvres, à fondre sous les assauts de sa langue...

Combien de temps allait-elle jouer cette petite comédie ? Combien de temps avant qu'elle ne se décide à lui offrir les replis de son âme en plus de ceux de son corps ?

Sans doute plus très longtemps, Ran comptait bien y veiller... Serment qu'elle laissa de côté au moment où son nez commença à se frotter sur une toison, un nez dont elle écarta pleinement les narines pour s'imprégner au maximum du parfum de sa liqueur avant de savourer son arôme pour de bon... une senteur des plus déconcertante... légèrement répugnante, et pourtant si addictive, celle du désir qui suintait entre les lèvres qu'elle commença à entrouvrir de la pointe de sa langue avant de se rétracter aussitôt devant cette friandise un peu trop alcoolisée à son goût... ce qui ne l'empêchât pas de revenir laper l'interstice d'où s'écoulait le si précieux liquide...

Intimidée par sa propre audace, Ran s'attarda tout autour de la petite boule de nerfs, se dépouillant progressivement de ses dernières hésitations, rétractant sa langue pour l'humecter de salive avant d'effleurer le point le plus vulnérable du corps de sa captive...

Captive qui commença à s'arc-bouter progressivement au cours de la minute qui suivit tandis que ses poignets s'agitèrent de soubresauts au sein de leur prison sans qu'elle trouve la force où le moyen de s'en extirper...et si elle s'efforça de maintenir son émoi cadenassé dans son fort intérieur, un petit cri s'échappa dans l'atmosphère moite de la chambre quand une adolescente aspira un bourrelet de chair entre ses lèvres, ce minuscule bourrelet que le sang en ébullition d'une métisse avait gonflé, comme pour offrir une plus grande surface à l'avidité de sa tortionnaire, dans un univers où le moindre millimètres pouvait faire toute la différence du monde …

Ran flirta avec la défaite quelques secondes de plus avant de relâcher le corps qui s'était rétracté tout entier entre ses lèvres... un corps qu'elle titilla un peu plus en y frottant délicatement le cartilage de son nez avant de le faire vibrer de son souffle...

Son verre de Sherry était définitivement remplie à ras-bord, l'impact d'une seule gouttelette pouvait le faire déborder pour de bon...et pour peu qu'on lui demande gentiment, la lycéenne était toute disposée à accorder cette ultime faveur à sa demoiselle, qui la lui paierait comptant en retour... Une demoiselle qui se mordillait les lèvres quand elle la regarda à nouveau les yeux dans les yeux, et quand elle se décida finalement à les déverrouiller, ce fût pour avoir l'outrecuidance de suggérer à sa camarade de jeu de déclarer forfait pour prendre sa place pour de bon...

Après avoir mâchouillé sa rancœur et les mamelons de celle qui la suscitait, Ran laissa son regard flotter dans la pièce en quête d'inspiration pour la petite punition qu'on réclamait visiblement de sa part...

Méditation qu'elle effectua en étirant entre ses doigts les minces filament du sous-vêtement dont une métisse l'avait dépossédée, ce sous-vêtement que cette petite peste lui réclamait déjà comme trophée pour sa victoire...

Passé quelques secondes de flottement à faire osciller une culotte au bout de son index sous les petits yeux gourmand de l'effrontée, l'adolescente se décida à lui accorder ce qu'elle désirait tellement...en retournant une pièce de lingerie avant d'en appliquer délicatement la surface sur les narines de la petite dévergondée...

Faveur inattendu qui écarquilla les yeux de sa bénéficiaire supposée avant qu'elle ne rabaisse ses paupières pour humer les effluves capiteux que le corps de sa propriétaire avait laissé sur le sous-vêtement...

Un bouquet d'arômes dont la scientifique ne semblait pas prête de se lasser, alors qu'elle effectuait un compte-rendu on ne peut plus détaillé des expériences qu'elle réservait à son nouveau cobaye favori avant la fin de la nuit, quand la petite récalcitrante se déciderait enfin à savourer sa défaite jusqu'à la lie...

En premier lieu, elle commencerait par restituer soigneusement la monnaie de sa pièce à l'impertinente qui s'était mise en tête de relever son défi...il suffisait à Ran de baisser les yeux pour avoir une idée de sa future situation, à ce petit jeu, c'était un prêté pour un rendu après tout... quoique, une criminelle pourrait s'offrir le luxe de faire un détour par la buanderie de sa victime pour lui emprunter quelques collants à son tour, dont elle comptait faire usage pour lier chacune de ses chevilles au pieds de ce lit...au passage, elle ferait main basse sur deux pinces-à linge dont elle ornerait la poitrine de sa prisonnière, s'autorisant lui faire découvrir l'étendue de la zone de frottement entre le plaisir et la douleur...

Des suggestions qui poussèrent Ran à croiser instinctivement les bras devant son buste en reculant légèrement sur la surface du lit, son corps frémissant par avance devant le traitement qu'une petite sadique était toute disposée à lui faire subir, se léchant les babines par avance sous le regard horrifié de sa proie...

Une petite voix ne pouvait pas s'empêcher de se poser des questions sur la nature comme l'étendue des sensations qu'on lui faisait miroiter, une voix qui n'était définitivement pas celle de sa conscience, et encore moins celle d'une métisse, à la plus grande honte d'une lycéenne...

Oh, et bien évidemment, quand elles auraient échangés leurs places respectives pour de bon, Shiho serait également toute disposée à lui apprendre les différentes moyens à sa disposition pour faire taire une demoiselle à la langue trop bien pendue...à commencer par ses propres lèvres...

Promesse qui poussa Ran à porter la main à sa bouche pour l'effleurer du bout des doigts, ranimant les braises du souvenir de son tout premier véritable baiser...ce qui ne manqua pas de susciter l'amusement attendrie de sa future tortionnaire...

Voyons, était-ce ces lèvres là que Ran mourrait d'envie de plaquer sur la bouche d'une petite effrontée à l'instant présent?

Il fallut plus d'une seconde à l'ingénue pour déchiffrer le sous-entendu...et moins d'une seconde pour rougir jusqu'aux oreilles devant ses implications...

Ah, l'idée ne l'avait même pas effleuré jusque là ? Shiho était pourtant persuadée qu'elle avait fait partie des arrières-pensées de sa camarade de jeu quand elle avait succombé à la tentation d'attacher sa prisonnière à ce lit...Elle était décidément si adorable, cette friandise dont elle salivait à l'avance la dégustation...

Lorsqu'elle fût parvenue à calmer le tumulte d'un flot d'émotions plus ambivalentes les unes que les autres, Ran commença à enfourcher sa demoiselle pour lui faire goûter par avance à sa propre médecine, ici et maintenant... Idée qu'une métisse fustigea de quelques claquements de langues tout en secouant la tête...

Trop tôt...ou trop tard... c'était la gagnante qui pouvait s'octroyer ce genre de faveur, certainement pas la future perdante... mais que Ran se rassure, pour peu qu'elle parvienne à la supplier convenablement au cours de ce baiser qu'on lui arracherait, et Shiho serait toute disposée à lui retourner la faveur une fois de plus...

Raccourci que Ran hésitait presque à emprunter malgré le virage ou plutôt les circonvolutions des plus significatives qu'il lui imposerait...ou peut-être précisément en raison des détours qu'on lui faisait miroiter...

Laissant Ran s'emmêler dans les méandres de ce nœud gordien qu'elle ne se décidait pas à trancher, une métisse contempla d'une moue réflexive la culotte qu'une adolescente fébrile froissait entre ses doigts...une autre délicieuse manière de réduire sa demoiselle au silence, même si au vu de la surface ridiculement minuscule de cet ornement, elle se voyait difficilement obstruer la jolie bouche de sa compagne avec... Enfin, elle pourrait toujours se rabattre sur le sous-vêtement qu'elle avait abandonné au pied du lit de son côté, et au final, ça serait sans doute plus appropriée... Un échange de bon procédés au final, autant qu'elle laisse un petit souvenir à sa chère et tendre quand elle s'éclipserait de sa chambre en emportant les dernières traces de sa pudeur avec elle... Bien sûr, avant son départ, il lui serait nécessaire de maintenir son petit cadeau à la place qu'elle lui réservait, mais elle ne doutait pas qu'elle n'aurait aucun problème à dénicher un rouleau de ruban adhésif quelque part dans cette maison, à défaut, il serait toujours possible d'improviser avec les pansements qui ne devaient pas manquer à l'appel dans l'armoire à pharmacie de la salle de bain...

Des réflexions qu'elle partagea à voix haute avec sa camarade de jeu, faisant mine de lui demander son opinions en la matière, laissant la fille d'une avocate à user et surtout abuser de son droit à conserver le silence devant les questions les plus dérangeantes...

Réflexions qui n'étaient visiblement pas tombées dans l'oreille d'une sourde, si on jugeait à la manière dont une petite timide avait fait main basse sur une culotte qui n'avait jamais eue sa place dans sa garde-robe, caressant d'un regard craintif la nuance rosâtre du voile de dentelle qu'elle porta jusqu'à ses narines pour en humer la fragrance...

Un parfum des plus acres, le sous-vêtement en question ayant tenu compagnie à sa propriétaire au cours d'une soirée des plus arrosée après tout, mais par dessous ou plutôt par dessus ces relents, c'est un autre arôme qui chatouilla la conscience de l'adolescente...cette petite peste ne lui avait définitivement pas menti quand elle s'était vantée de s'être accordé une petite avance sur paiement lorsqu'elle s'était penché sur l'intimité d'une ingénue pour la caresser de sa langue...

Si Ran frissonna d'avance en songeant au nouvel usage qu'une scientifique avait imaginé pour sa petite tenue, une scientifique qui lui demanda négligemment si elle essayait de se donner un petit avant-goût de ce qui l'attendait sous peu, l'adolescente frissonna d'autant plus devant l'idée fantasque qui déployait progressivement ses racines...

La saleté particulièrement écœurante qui imprégnait la tapisserie de dentelles moites qu'elle froissait entre ses doigts tout en l'appliquant sur ses propres narines, elle intensifiait le caractère poisseux de la honte qui donnait un surcroît de volupté à la joie peccamineuse dans lequel se vautrait la petite curieuse... d'autant plus grisante que la petite prude n'avait jamais autant désiré se vautrer dans la fange dont elle s'était consciencieusement tenue à distance jusque là, donnant une nuance particulièrement épicée au parfum d'interdit qu'elle inspirait de toutes ses forces pour mieux se sentir souillée...

Imaginer qu'on puisse la forcer à déguster cette arôme visqueuse de stupre et de débauche avec ses papilles plutôt qu'avec ses narines, une éventualité tellement révoltante qu'elle en devenait presque émoustillante...

...rendant d'autant plus excitante la possibilité de punir littéralement une petite dégoûtante par où elle avait péché, en retournant une certaine suggestion en même temps que la culotte qui en constituait l'objet, obstruant les sens de sa compagne avec l'atmosphère viciée de la manifestation la plus concrète comme la plus sordide du désir qu'elle s'amusait tant à attiser... Oui, la tentation de noyer sa tentatrice dans son propre stupre devenait plus exaltante à chaque nouvelles secondes de contemplation...

Et si elle donna l'impression d'effectuer un repli stratégique hors de cette chambre, en y enfermant cette criminelle définitivement trop dangereuse pour qu'on s'en rapproche de trop près, elle eût tôt fait d'y revenir...en agrippant d'une main tremblante les instruments que sa future tortionnaire lui avait réclamé...

Délicate attention qui suscita les remerciements aussi ironiques qu'attendris d'une métisse, avant que sa victime supposée ne commence à retourner une culotte rosâtre entre ses doigts pour en frotter délicatement mais longuement la surface contre sa propre intimité, l'imprégnant soigneusement du résidu d'un désir brûlant, gestuelle qu'elle effectua en adressant un sourire aussi bravache que craintif à la tentatrice qu'elle s'apprêtait à prendre à son propre piège avec une malice non dissimulée...quand bien même elle donnait curieusement l'impression de lui en réclamer tacitement la permission avec une certaine insistance...

Une permission qui ne lui fût ni accordée, ni refusée, Shiho se contentant de pincer ses propres lèvres entre ses dents en accentuant leur pli moqueur, mettant une petite dévergondée au défi de trouver le moyen de mettre ses menaces implicite à exécution...

Absence de coopération aussi compréhensible que frustrante pour une adolescente, d'autant plus qu'il ne s'agissait clairement pas d'un refus mais d'une provocation de plus...

Provocation qui tourna court quand une lycéenne pinça le nez d'une scientifique entre son pouce et son index...une scientifique qui lui infligea une interminable minute d'attente avant de succomber au besoin pressant d'écarter ses lèvres pour accueillir une précieuse goulée d'oxygène...et le sous-vêtement qu'elle avait réservé à son futur cobaye...

Ran ne manqua pas de plaquer une paume moite sur les lèvres qu'elle s'apprêtait à sceller, pour endiguer le haut-le cœur qui avait agrippé sa victime par réflexe...

Est-ce qu'elle appréciait l'ironie aussi bien que sa propre médecine ? Visiblement non si on jugeait à la manière affligée dont une métisse fît légèrement rouler ses yeux en réponse à la question amusée d'une lycéenne...

Une réaction qui suscita la satisfaction de Ran, si elle écarta sa main des lèvres de son amante, ce fût pour presser gentiment une boule de tissu humide du doigt, de manière à ce qu'elle occupe complément la fort jolie bouche qui négociait ses faveurs au prix fort...

L'éventualité que la victime de sa petite plaisanterie ne s'étouffe littéralement de rage fulgura dans la conscience de Ran, réduisant son euphorie du moment en miettes, et la poussant à exposer l'hypothèse en question à l'expertise amusée d'une scientifique d'une voix tremblante, scientifique qui se dépouilla de sa moue boudeuse, le temps d'adresser à sa camarade de jeu l'ersatz de sourire auquel la limitait sa situation avant de secouer gentiment la tête...

Remerciant sa captive d'une caresse le long de sa chevelure, l'adolescente déposa un baiser sur sa joue avant de lui demander gentiment de refermer sa bouche...

Shiho s'apprêta à exprimer le fond de sa pensée vis à vis de cette requête, une fois qu'elle serait parvenue à expulser cette maudite culotte, mais le chuintement sec d'une bande adhésive détachée brusquement de son rouleau la poussa à ravaler sa litanie avec sa salive... et lorsque Ran réitéra sa suggestion, en sectionnant un segment du ruban d'un coup de dent, sa prisonnière obtempéra avec un regard brusquement sobre, qui se teinta d'une nuance d'angoisse quand une adolescente lissa très soigneusement du bout des doigts la barrière qu'elle avait apposé sur ses lèvres...barrière qu'elle consolida progressivement, prenant un malin plaisir à faire crisser le ruban adhésif à chaque itération, savourant les frissons qu'elle arrachait ainsi à sa victime en même temps qu'un segment de pellicule métallisée...

Une victime dont Ran accentua l'humiliation avec une malice non dissimulée, en prenant tout son temps pour détailler les milles et une nuances du bouquet d'arômes qu'elle avait comprimé contre la langue emprisonnée sous une boule de tissu moite, autant de grain de sel qu'elle enfonçait dans cette plaie sous la forme de chuchotements... qu'il s'agisse des émanations rances de la sueur d'une alcoolique, de la pointe acidulée des infimes traces du passage aux toilettes qu'une métisse avait du effectuer au cours de sa soirée dans un bar, des secrétions qui semblaient toute deux avoir conservé l'empreinte du Sherry qui les avaient suscité (mais peut-être que l'imagination de Ran brodait sur ce point), de la saveur enivrante du plaisir qui s'étaient écoulé entre les doigts d'une scientifique quand elle avait caressé sa propre intimité tout en titillant celle de son cobaye, et par dessus toutes ces strates de débauche, les exhalations du désir humide dont une adolescente avait consciencieusement imbibé chaque fibre du sous-vêtement avant de le restituer à sa propriétaire d'origine après y avoir laissé sa marque...

Un luxe de détails sordides qui accentua la coloration cramoisie des joues que Ran caressait de l'arrière de ses doigts... une nuance appropriée à la honte comme au désir, même si une adolescente soupçonnait qu'ils étaient subtilement entrelacés dans le flot de pensées fébriles qui tourbillonnait par dessous une chevelure auburn...

Oh oui, cette petite dégoûtante ne devait pas manquer d'apprécier littéralement ses propres frasques après avoir passé tant de temps à s'en draper pour le seul plaisir d'offusquer sa camarade de jeu...

Remarque qui donna naissance au surnom dont une lycéenne gratifia la scientifique à plusieurs reprises, une scientifique qui ne parvenait pas à dénicher la moindre trace de dédain, ou si peu, dans le titre fort peut flatteur qu'elle se voyait apposer, écho ironique du qualificatif de petite débauchée qu'une ivrogne avait offert à celle qui l'avait accueilli entre ses bras, lors de son arrivée au sein de la demeure d'un détective...

Cette petite ivrogne qui se souviendrait de cette nuit, Ran ferait tout ce qui était possible pour s'en assurer, et laisser une empreinte suffisamment profonde dans la chair de sa victime pour que son âme en demeure marqués lorsqu'elle s'éveillerait, le lendemain...

Et dans l'éventualité où les vapeurs de l'alcool feraient table rase des événements nocturnes d'ici quelques heures, autant tirer pleinement partie de cette triste possibilité en s'enlisant pleinement dans les profondeurs les plus sordides de son propre désir...

A défaut d'être craintif, le regard impuissant qui se dardait dans sa direction était dénué du plus infime soupçon d'amusement...une expression indéfinissable à la frontière du malaise qui sembla s'accentuer quand une lycéenne commença à peloter sa captive avec une retenue qui s'effilochait graduellement, malgré le zeste de timidité qu'on pouvait encore y distinguer, c'est avec les yeux avides d'une propriétaire qu'une adolescente couvait sa camarade de jeu...

Il ne fallait pas la soupçonner d'abuser de la situation pour autant, après tout, elle était toute disposée à satisfaire la curiosité insatiable d'une petite effrontée, des mots rassurants qu'elle lui susurra en entrechoquant l'une contre l'autre les deux pinces à linge qu'elle avait ramené sur un matelas avec un rouleau de ruban adhésif...

Shiho ne manqua pas de tressaillir devant ce geste des plus suggestifs, aussi excitante que puisse être la petite expérience qu'elle avait fait miroiter à une adolescente, elle ne l'avait visiblement pas envisagé avec les yeux d'un futur cobaye... Un soupçon qu'on pouvait également nourrir vis à vis de la manière dont elle avait envisagé de réduire au silence sa victime potentielle... mais peut-être que dans un cas comme dans l'autre, la petite curieuse avait confié ses phantasmes les plus délurées dans l'espoir secret qu'il tombe dans une oreille beaucoup trop complaisante ?

Après s'être allongé sur sa prisonnière angoissée, comprimant une chair succulente sous la sienne, la lycéenne promena ses doigts dans une chevelure auburn tout en pressant les extrémités d'une pince à linge entre le pouce et l'index de son autre main, les soudant l'une à l'autre avant de relâcher la pression emmagasiné dans son ressort, arrachement un gémissement à une scientifique alors même que son corps demeurait encore hors de portée de la mâchoire de plastique qu'on faisait remuer juste sous ses yeux...

Une vague de nostalgie passa dans le regard de Ran, y reléguant la gourmandise à l'arrière-plan...est-ce qu'elle se rappelait de leurs timides tentatives de se rapprocher l'une de l'autre autour d'une tasse de thé, il n'y a pas si longtemps? Cette délicieuse fin d'après-midi où un docteur Watson avait fendillé progressivement la glace en égayant la fiancée de son détective par sa conversation, L'adolescente se remémorait la manière dont le visage de la scientifique s'était teinté d'une douce ironie au fur et à mesure des parallèles qu'elle établissait entre le soupirant de son interlocutrice et les grandes figures de la mythologie...

Répertoire qu'elle semblait particulièrement affectionner puisqu'elle compara tour à tour Shinichi à Icare, se brûlant les ailes à force de se rapprocher du soleil, Épiméthée relevant le couvercle de la boite de Pandore, libérant son sinistre contenu mais le refermant juste à temps pour y enfermer l'espérance, et Thésée terrassant le cruel monstre qu'il avait débusqué au détour d'un labyrinthe des plus tortueux avant de délaisser cruellement la malheureuse Ariane, abandonnant l'ingénue qui avait eue la naïveté de lui confier le fil autorisant son héros à ne pas finir ses jours emmurés dans le dédale qui deviendrait son tombeau, en s'imaginant sottement qu'elle obtiendrait son cœur en retour...

Lorsque Ran avait demandé à Shiho si elle s'identifiait à d'autres archétype de cet univers qu'elle connaissait si bien, la métisse s'était tapoté les lèvres de l'index en reposant sa tasse de thé, hésitant longuement entre Médée et Ariane, quand elle n'évoqua pas le terrible destin de l'architecte du taureau de Phalaris... Percevant l'ignorance de la jeune femme à son expression intriguée, elle prit tout son temps pour décrire l'interminable agonie du tortionnaire brûlé vif dans le corps d'airain chauffé à blanc à l'effigie d'un taureau, une sculpture creuse dont l'acoustique avait été soigneusement étudiée pour métamorphoser les hurlement du supplicié en mugissements... La plus appropriée comme la plus juste des rétributions pour avoir osé accoucher de cet horreur métallique en premier lieu...

Un récit qui avait suscité le malaise comme la fascination de la petite curieuse, tout comme l'infime soupçon de tristesse qui se refléta dans une tasse de thé au moment où la scientifique offrit sa conclusion sur le triste épilogue de la sinistre carrière de son prédécesseur...

C'était peut-être ce rôle qui lui convenait le mieux, effectivement... observation que l'adolescente murmura en promenant délicatement sa langue sur le bourrelet de chair qu'elle s'apprêtait à mettre au supplice...

Loin de prêter la sourde oreille aux protestations étouffées de son sujet d'expérience, Ran se laissa bercer par cette douce mélodie qu'elle exacerba en accentuant la succion qu'elle exerçait sur un petit monticule tremblotant...

Une délicieuse cacophonie qui témoignait amplement du fait que la petite récalcitrante lui réclamait une leçon... similaire à celle dont elle avait déjà bénéficié quand elle avait rechigné à accueillir la boule de tissu humide qu'on avait amoureusement déposé contre ses lèvres...

Oui, peut-être qu'il était nécessaire de tâtonner un peu plus longuement au sein de cette zone dangereuse qu'elle avait simplement effleuré, son cœur avait réagi d'une manière aussi inattendu qu'intense aux soubresauts de son cobaye quand elle lui avait coupé le souffle de manière un peu trop littérale... Sur le coup, c'était la fin qui avait justifié ces moyens peu recommandables, même si, avec le recul, ici comme ailleurs, les moyens pouvaient s'avérer justifier la fin derrière laquelle on les abritait pudiquement...

Apposant délicatement la surface de sa propre culotte sur les narines de sa captive, Ran s'amusa de l'empressement de la scientifique à en aspirer les effluves, mais peut-être fallait-il blâmer la manière dont sa respiration s'était emballée sous l'effet de la colère qu'on la forçait à refréner par dessous un bâillon et l'étreinte d'une lanière de nylon...

Positionnant son pouce et son index sur le nez qu'elle sentait se froncer sous une couche de dentelle, l'adolescente le pinça gentiment, coupant littéralement le souffle à sa prisonnière pour la seconde fois...

Ran avala sa propre salive devant l'exquise manière dont le corps de sa suppliciée se contorsionna sous ses yeux tandis qu'elle suffoquait, les contractions affolés qui agitaient son ventre, le frémissement de ses poings tandis qu'elle les agitait avec frénésie au sein d'une lanière de nylon qui risquait de lui brûler cruellement les poignets si elle continuait de les faire remuer ainsi, les mouvements paniqués des muscles qui s'agitaient juste sous la surface de sa peau, le teint écarlate qui avait coloré ses joues et dont on ne pouvait savoir avec certitude s'il exprimait l'excitation, la colère, la panique ou les affres de l'asphyxie...et ces milles et une nuances s'harmonisaient à l'unisson de ce gémissement qui prolongeait indéfiniment ses ondulations au fur et à mesure que le désir qu'elles exprimaient devenait plus pressant... A la fois beaucoup trop et bien trop peu, que ça soit pour elle ou sa camarade de jeu...

Ce n'était pas si difficile de se dépeindre cette agonie sous la forme d'un orgasme, une interprétation qui donna une saveur encore plus épicée à ce spectacle qui ne perdura pas au delà d'une simple minute...ou peut-être deux, même si Ran ne doutait absolument pas qu'il s'agisse de la plus longue parmi toutes celles qui avaient égayé la vie de son petit cobaye jusque là...

Bien évidemment, dès qu'on l'avait autorisé à le faire, sa prisonnière s'était empressé d'aspirer goulûment l'oxygène qui pouvait s'infiltrer au travers du réseau de dentelles d'un sous-vêtement, un délice olfactif auquel les circonstances devaient donner une saveur des plus piquantes quand on prenait la peine d'y penser...conjuguant cette observation avec la pensée des plus émoustillantes que les papilles de sa victime savouraient simultanément la cyprine dont sa tortionnaire avait soigneusement imprégné une culotte, une adolescente commença à explorer les méandres de cette méditation comme de sa propre anatomie...donnant progressivement corps au triste sort qu'elle réservait à sa prisonnière...

Prisonnière qui écarquilla les yeux avant de froncer les sourcils quand elle sentit de nouveau la pression des doigts d'une lycéenne contre ses narines, la condamnant à une nouvelle séance d'apnée...

L'effet de surprise s'étant singulièrement émoussée au cours du deuxième assaut, la chimiste parvint à conserver son calme, sacrifiant néanmoins de précieuse réserves d'oxygène pour manifester son mécontentement, une irritation d'autant plus manifeste qu'elle dissimulait mal l'embryon d'angoisse qui se dissimulait juste derrière...

Faisant mine d'étudier longuement la proposition de sa prisonnière comme s'il s'agissait d'une faveur qu'on lui quémandait, la fille d'un avocate estima qu'un jugement de Salomon était nécessaire en la matière, à défaut de relâcher sa captive, une tortionnaire des plus attentionnée lui conseilla de cligner trois fois des yeux si elles commençaient à s'aventurer un peu trop loin...

Signal d'alarme que la scientifique s'empressa de tirer dès maintenant, et à son plus grand soulagement, Ran y obtempéra sans une seconde hésitation...mais il ne s'écoula guère de temps avant que la situation ne revienne à son point initial...

Là encore, le cobaye se rebiffa et imposa à une scientifique en herbe de faire avorter immédiatement son expérience... Requête qui fût concrétisée sur le champs...avant qu'une tentation lancinante ne revienne sur le devant de la scène, une adolescente trop curieuse se dépouillant de ses derniers remords maintenant qu'elle avait la certitude qu'elle n'était plus en état d'infliger quoique ce soit à son petit souffre-douleur sans le consentement explicite de ce dernier...

Une curiosité d'autant plus dangereuse qu'elle commençait à devenir contagieuse, la quatrième fois commença à se prolonger au delà du temps nécessaire à la métisse pour imposer son veto...

Est-ce que la petite effrontée relevait son défi ? Ou fallait-il tout simplement y voir la marque de lassitude d'une prisonnière qui espérait que la route la plus courte pour que sa camarade de jeu se fatigue la première était de lui accorder tout ce qu'elle voulait ?

Dans un cas comme dans l'autre, Ran s'engouffra dans la fenêtre d'opportunité avant qu'on ne lui claque violemment au nez de trois battements de cils...

Baissant les yeux en direction du bas-ventre de son amante, une métisse les écarquilla en découvrant le va-et-vient de la main libre de cette dernière, tandis qu'elle savourait littéralement les symptômes d'agonie qui commençaient à poindre sur le visage de sa délicieuse victime.

Plaisir qui ne demeura pas solitaire bien longtemps puisqu'au moment précis où elle commença à cligner des yeux pour la seconde fois, Shiho fût réduite au silence par le doigt qui rentra en contact avec des lèvres qui n'étaient définitivement pas obstruées par un ruban adhésif.

L'index de sa compagne ne s'attarda guère longtemps avant de s'immiscer en son sein pour de bon, ouvrant le chemin à son majeur puis à son annulaire...

Coup de théâtre qui avorta définitivement le signal d'alerte qui aurait mis fin à une corvée, juste avant qu'elle ne franchisse l'interstice étroit qui la séparait du calvaire menaçant d'accoucher douloureusement d'une lente agonie...

Agonie qui commença à poindre d'autant plus vite que l'intensité du va-et-viens qu'on lui imposait s'accroissait à une vitesse exponentielle, les mouvements de l'adolescente n'étaient plus les tâtonnements timides d'une petite curieuse s'attardant au sein d'un univers qu'elle brûlait d'explorer, non, les temps des atermoiements appartenait définitivement au passé, ce qu'on lui faisait subir était à la frontière d'une agression d'autant plus violente qu'on lui avait confié les rênes de la vague de passion qu'on la forçait à chevaucher...

Le plaisir subtilement douloureux qu'on lui imposait consumant à une vitesse folle l'oxygène qu'on lui rationnait cruellement, la métisse ne mit guère de temps à se sentir chavirer, si elle n'y mettait pas le holà très vite, elle risquait bel et bien de littéralement se noyer dans un océan de passion...

Réalisation qu'on pouvait voir briller dans les yeux qu'elle écarquillait de plus belle et qu'elle s'empressa d'abriter derrière ses paupières une première fois, puis une seconde avant de s'interrompre au moment d'amorcer la troisième quand elle réalisa que les doigts de son amante avaient commencé à ralentir leur mouvement dès les premières manifestation de son appel au secours silencieux...un mouvement qui redémarra de plus belle alors qu'elle hésitait à marteler la toute dernière lettre d'un SOS improvisé, hésitation qui se prolongea jusqu'à l'arrêt de mort de l'appel de détresse...

Décision dont Ran ne manqua pas de louer la sagesse... Il semblait que sa petite camarade comprenait instinctivement les nouvelles règles de leur petit jeu...si elle la désirait tant que ça, sa si précieuse victoire, alors elle allait devoir la mériter... le septième ciel qui la surplomberait seraient obscurci par de lourds nuage d'agonie avant d'être autorisé à relâcher l'éclair de son extase...et si c'était un peu trop intense pour elle, il lui faudrait bien comprendre qu'à ce stade, il était trop tard pour s'éclipser de la table de jeu en emportant avec soi les enjeux qu'on y avait placé en début de partie...

Si Shiho ferma les yeux, ce n'était pas pour amorcer un certain signal mais sous l'effet des premiers signes avant-coureurs de la vague de volupté qui menaçaient de jaillir de son corps... à la réflexion, si on pouvait parler de réflexion dans ce contexte, ce n'était pas si...difficile...à endurer...après tout, elle n'était déjà plus très loin...de la fin...de ce supplice...et du délicieux moment où elle ferait expier ses frasques à une adolescente au centuple...

Pensées que Ran déchiffra sur le visage de sa prisonnière comme sur un livre ouvert, avant de ralentir significativement son mouvement, sans pour autant l'interrompre...

Réalisant que son échappatoire s'éloignait à l'horizon à vue d'œil, la métisse s'empressa de réclamer une trêve... Trêve qui ne perdura pas au delà de la malheureuse seconde, ses narines étant condamnés à demeurer obturées le temps qu'une lycéenne frotte consciencieusement un sous-vêtement contre l'intimité qu'il avait jadis recouverte, avant de le repositionner à la place qu'elle lui attribuait, condamnant sa captive à humer de plus belle le désir qu'elle suscitait chez son amante, au cours du trop bref intermède qu'on lui accorda avant la reprise des hostilités...

Intermède pendant lequel une petite sadique positionna deux pinces à linges sur le corps de sa captive, avant de mettre l'élasticité comme la sensibilité de deux bourrelets de chairs à rude épreuve, testant les limites de l'instrument de musique qui faisait vibrer l'atmosphère de ses gémissements... des gémissements qu'une musicienne modula à loisir au gré de ses caprices avant de délaisser la poitrine de sa compagne pour glisser à nouveau les doigts aux creux de son sexe, prélude à la curée qui ne manquerait pas de déchiqueter son tendre agneau dès l'instant où sa tortionnaire pincerait de nouveau le nez qui frétillait sous un voile de dentelle...

On prît la peine de lui demander si elle était prête, elle ne l'était absolument pas, cela ne sembla pas émouvoir une adolescente outre-mesure au vu de la manière dont elle déchaîna ses ardeurs avec d'autant plus de fougue que c'était une autre qui les encaissait à sa place, des ardeurs qui mimaient à la perfection la toute première fois que Ran avait phantasmé auprès de son détective...

Au vu de son enthousiasme, on aurait pu s'imaginer qu'elle avait la clémence de guider sa compagne sur le chemin le plus court jusqu'à la ligne d'arrivée, mais Shiho avait fini par comprendre la stratégie de la petite effrontée qui s'amusait à ses dépens... son empressement ne durait jamais qu'un temps...à la brusque montée en puissance du crescendo d'une violence extrême succédait le raffinement du decrescendo qui se prolongeait indéfiniment...et au moment où la métisse commençait à se sentir flotter, ce moment fatidique où ses yeux donnaient l'impression de rouler en arrière tandis que sa conscience se contractait jusqu'à une flammèche que la plus infime des brises aurait fait basculer dans le nirvana, c'est à ce moment là seulement que Ran la propulsait de toutes ses forces en direction de la cime de son plaisir, cet optimum au delà duquel il pouvait plus rien exister...un rêve dont les contours se dissipait le temps de trois malheureux battements de cils, quand ce n'était pas une adolescente qui lui agrippait les pieds in extremis pour les ancrer fermement sur terre...

Un cycle qui se répéta une fois...deux fois... à la troisième fois, la métisse avait succombé à la tentation de déposer les armes pour de bon et supplier sa tortionnaire de l'achever une fois pour toute...mais l'infâme coquine jugea la longue plainte de sa prisonnière suffisamment ambiguë pour lui imposer une séance de plus avant de se décider à retirer délicatement la multitude de bandes adhésifs qu'elle avait enchevêtré sur les lèvres de sa camarade de jeu...

Ran promena gentiment les doigts sur les joues de son amante tout en extirpant délicatement le corps étranger qu'elle avait immiscé entre ses lèvres... elle prît même la peine d'aller remplir un verre d'eau au lavabo de la pièce pour l'aider à étancher sa soif...

Savourant la délicatesse de ces préliminaires tant qu'on lui en laissait l'occasion, Shiho rassembla ses dernières forces pour balbutier timidement la dernière requête d'une condamnée...cette condamnée qui souhaitait simplement...que son supplice se déroule jusqu'à son terme pour la toute dernière fois au cours de laquelle on lui ferait subir...

On poussa le raffinement jusqu'à lui réclamer des éclaircissements, elle s'empressa de les confier à l'oreille de l'adolescente... Elle ne voulait plus de délicatesse, encore moins de retenue, elle n'avait pas besoin de pédale de frein, seulement d'un accélérateur, et que ce dernier soit maintenu pied au plancher du tout début jusqu'au point final...

Une reddition inconditionnelle qui avait la tonalité d'une confession amoureuse aux oreilles de Ran, si bien que le dédain brillait magistralement par son absence quand elle frotta doucement sa joue sur celle de sa captive...

Elle lui remémora bien les termes de leur échange initial, mais avec la timidité de celle qui réclamait une faveur...arrachant un maigre sourire à la métisse avant qu'elle n'acquiesce à cette requête...

Positionnant ses genoux repliés en diagonale de part et d'autre de la tête de son amante une adolescente ajusta des lèvres suintante d'excitation juste au dessus de celles de la prisonnière, l'invitant à la supplier une toute dernière fois...

Si Shiho dut contorsionner sa langue pour honorer convenablement l'intimité d'une lycéenne au cours des préliminaires du baiser qu'on lui réclamait, ses tâtonnements humides eurent tôt fait de déclencher une réaction disproportionnée de la part de son amante, lui arrachant un frémissement de plaisir qui la poussa à se cambrer en arrière, plaquant ses deux mains sur un matelas dont elle agrippa les draps pour ne pas pas basculer pour de bon, comprimant fermement la bouche d'une infortunée au lieu de l'effleurer par intermittence...

Position qui facilita les choses à la métisse en ce qui concerna la satisfaction du désir pressant de l'adolescente qui la surplombait, mais qui limita singulièrement la quantité d'oxygène qu'elle était en mesure d'absorber en cours de route...

Sourde aux lamentations inarticulées de sa prisonnière, Ran s'abandonna pleinement au geyser de sensations qui fulgurait de son bas-ventre et dont les variations pouvaient se déchiffrer aux ondulations d'une chevelure d'un noir de jais, au fur et à mesure que les spasmes de sa propriétaire inclinaient sa tête en arrière, les yeux braqués en direction du septième ciel dont elle pouvait sentir la présence par delà le plafond de cette chambre...

Horizon dont elle embrasa la circonférence toute entière au cours d'une éruption de volupté à l'état pur qui acheva de réduire en cendres le peu de maîtrise qu'elle exerçait encore sur son propre corps, qui se déchargea brutalement et sans la moindre retenue du désir qui s'y était emmagasiné depuis bien trop longtemps, aspergeant la malheureuse qui avait relâché le verrou de cette digue de la pointe de sa langue...

De longues secondes d'agonie s'écoulèrent avant que la jeune femme ne retrouve suffisamment de souffle et de points de repères pour penser à s'écarter de celle qui lui avait pleinement donné satisfaction, l'autorisant à respirer de nouveau...

Un brouillard d'euphorie coloré d'un soupçon de honte et étincelant de gratitude auréola le visage de Ran tandis qu'elle promenait gentiment l'arrière de ses doigts sur les joues humides d'une métisse, lui murmurant une interminable litanie de remerciement sans cesser de haleter...

Métisse qui se contenta de geindre timidement quand elle sentit un voile crénelé maculé de salive se promener sur son visage pour en essuyer les traces d'une giclée de volupté, une pièce de tissu qu'elle connaissait de la manière la plus intime à force de la sentir contre sa langue...opération qu'une adolescente renouvela sur sa propre intimité sous le regard interloqué d'une scientifique avant qu'elle ne réalise le cheminement des pensées de son amante...et la manière terriblement concrète dont elle exprimerait sa reconnaissance sous peu...

Intuition qui se confirma instantanément sous la forme de la directive qu'on lui murmura comme si on déposait un mot doux au creux de son oreille...ce qui était sans doute le cas dans la perspective d'une adolescente...

Entrouvrant la bouche, la scientifique ne fît aucun effort pour repousser le corps étranger qu'on y engouffra avec un luxe de délicatesse, elle poussa même le vice jusqu'à comprimer une boule de tissus moite entre ses mâchoires sans même qu'on le lui suggère, à la plus grande satisfaction de Ran tandis qu'elle furetait dans les tiroirs d'une commode en quête d'un foulard...

Foulard qu'elle tortilla au maximum de ses forces avant de le glisser entre les lèvres de sa prisonnière et d'en nouer fermement les extrémités derrière sa nuque, des lèvres qu'elle désirait contempler et non plus simplement deviner sous la surface d'une bande adhésive... la nature spécifique du tissu froissée qui en émergeait partiellement, sous la ligne d'un bâillon, elle ne manquait pas d'en accentuer singulièrement le charme, particulièrement quand on songeait à la saveur délicieusement sordide du silence qu'une adolescente imposait à sa camarade...

Accueillant les préliminaires méthodiques de sa future exécution comme la dernière forme d'accalmie qu'elle pouvait encore s'accorder, Shiho se contenta de froncer légèrement les narines quand une fragrance des plus familières commença à les imprégner à travers la pellicule de dentelles qu'une main comprima contre son nez et sa bouche, tout juste consentit-elle à tressaillir quand une adolescente s'immisça dans son intimité avant de lui glisser à l'oreille un écho des instructions qu'une scientifique lui avait confié pour la bonne réalisation de son châtiment...des instructions qu'elle semblait bien déterminée à suivre de la plus scrupuleuse des manières...en s'imaginant sottement que c'est ce qu'on attendait de sa part...et le pire...le pire...c'est qu'elle n'avait pas tout à fait tort...de fait...elle avait même parfaitement raison...

Une réalisation qui illumina la conscience d'une métisse en un éclair extatique quand les deux minutes les plus interminables de toutes son existence s'achevèrent dans quelques malheureuses secondes de pure délice qui souillèrent les draps du lits où elle s'était contorsionné douloureusement...

Tout cette via dolorosa pour en arriver ...et là encore, le pire, c'est qu'au fond...ça en valait la peine...

Une conclusion désabusée qui hanta la conscience de la scientifique alors que son corps frétillait au contact des baisers qu'une lycéenne déposait sur sa surface tout en soulignant ses courbes de caresses dont le désir avait définitivement reflué pour laisser l'écume de la simple affection derrière lui...une affection dans laquelle Shiho se laissa doucement submerger malgré la nuance dangereusement possessive qu'elle sentait irradier sous les vagues de cette tendresse...d'autant plus que Ran ne semblait guère déterminée à délivrer la malheureuse perdante pour le moment, la seule concession qu'elle lui accorda spontanément se réduisit à détacher deux pinces à linge de leur position...pour les déposer nonchalamment à proximité du visage de sa prisonnière, aux côtés d'une culotte froissée...

La plus sobre des occupantes de la demeure semblait naviguer sur les flots de l'ivresse à son tour, caressant une bouteille de Sherry d'un regard concupiscent qu'elle avait dignement hérité de son père...

Elle s'était déjà faites suffisamment plaisir pour cette nuit, mais les gémissements tenues qui s'échappaient du goulot de cette bouteille semblait lui susurrer langoureusement de s'abreuver une toute dernière fois avant leur séparation définitive... Juste une toute dernière fois avant d'embrasser la sobriété pour ne plus jamais s'en séparer... Sermon grandiloquent dont Ran connaissait déjà la valeur toute relative à force d'entendre son écho résonner encore et encore du temps où elle cohabitait encore avec son père...

Une toute dernière fois, oui... avant la prochaine fois...et la suivante...et celle qui s'ensuivrait...

Autodérision dont Ran n'était pas la seule à avoir pleinement conscience, si on jugement à la manière dont sa camarade de chambre avait commencer à geindre tandis qu'une adolescente la contemplait d'un air rêveur...

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Lorsqu'une belle au bois dormant trouva la force de soulever ses paupières et de les maintenir à leur position pour de bon, une opération aussi frustrante que de débloquer un volet de lamelles métalliques horizontale dont le mécanisme d'ouverture s'était grippé, la première chose qui se refléta sur ses yeux embrumés fût la vision de l'adolescente qui guettait patiemment son réveil...

Une adolescente qui avait embué le miroir de sa salle de bain fort récemment, si on en jugeait à la moiteur de sa peau, l'humidité de sa longue chevelure, l'odeur de savon dont une métisse pouvait humer la fragrance fleurie malgré la distance, et au peignoir de bain qui mettait des formes généreuses à l'abri de tout regard indiscret, fût-il celui d'un détective...

Il fallut un certain temps à Shiho pour ramener son monde dans ses gonds, attribuer une position dans l'espace à cette chambre qui ne lui était pas familière, et essayer de reconstituer le parcours qui l'avait amené à terminer la nuit dernière emmitouflée dans cette couette... Un film dont une portion des plus significative avait été amputée au montage, à la plus grande confusion de celle qui se posait des questions sur l'angle mort d'une mémoire qui n'était pas demeuré indemne suite à la dernière soirée...

Soirée dont il n'était pas si difficile de deviner la nature au vu de la consistance de la langue qu'elle essaya de remuer dans une bouche pâteuse, le petit appendice désespérément sec lui évoquant la queue d'un castor plaqué au sol par un copieux monticule de boue...

Dans ces conditions, il était compréhensible qu'elle ne se pose guère de question quand Ran la souleva gentiment dans ses bras avant de porter un verre d'eau jusqu'à ses lèvres desséchées, récipient qu'une métisse vida de son contenu avec empressement...

C'est d'une manière infiniment plus circonspecte qu'elle accueillir le contenu du deuxième verre qu'une lycéenne mit à sa disposition... Un jaune d'œuf soigneusement séparé de son blanc, macérant dans un mélange indéfinissable... Quelques reniflements sceptiques plus tard, la scientifique discerna l'arôme acre du vinaigre, le picotement caractéristique du tabasco, une senteur poivrée, ses racines britanniques frémirent également en identifiant les relents caractéristique de la sauce que la cité de Worcester avait si généreusement offert au patrimoine mondial... au vu du niveau de concentration de l'infâme mélange, ce n'était certainement pas le jus de tomate dont on l'avait agrémenté qui en faciliterait le passage...

Ran arbora un sourire gêné devant le regard anxieux qui perça un brouillard de fatigue... Elle ne pouvait guère offrir son appréciation personnelle, n'ayant jamais goûté à la composition, mais si on se fiait à un détective ayant cumulé une expérience non-négligeable en matière d'alcoolisme, cette mixture était le remède le plus souverain qui soit contre les affres de la gueule de bois... Conviction qu'il avait illustré à mainte reprise en mettant périodiquement sa fille à contribution pour prendre le relais dans sa préparation, chaque fois que ses mains tremblantes l'empêchait de séparer convenablement un jaune d'œuf de son milieu naturel...

Si sa pauvre cervelle ne s'était pas dissoute dans un mélange sirupeux, une scientifique aurait volontiers parlé d'effet placebo, mais elle n'avait plus la force de protester ou de s'expliquer, tout juste celle de comprimer ses lèvres entre ses dents pour mettre sa langue à l'abri...

Passé quelques minutes à convaincre une petite récalcitrante de se départir de sa moue boudeuse pour prendre sagement sa médecine, Ran se décida à succomber à la tentation de lui pincer le nez, écartant les mâchoires de l'infortunée dans un o de surprise qui lui offrit une marge de manœuvre plus que suffisante pour y déverser l'intégralité du contenu de son verre en un seul geste, la main qui se plaqua sur la bouche de la métisse, étouffant le gargouillement caractéristique d'un haut le cœur, fît avorter le réflexe spontanée de recracher la calamité gustative au visage de sa préparatrice.

La lycéenne ne consentit à relâcher sa prisonnière qu'après avoir consciencieusement confirmé à l'ondulation de sa gorge qu'un certain liquide avait entamé le trajet jusqu'à on estomac.

Fort heureusement pour la chimiste, le troisième verre que Ran lui présenta pour se nettoyer le palais ne contenait qu'un innocent jus d'orange auquel elle ne manqua pas de faire honneur.

Après avoir mastiqué dans le vide, quelques secondes, savourant la satisfaction d'avoir récupéré un semblant de salive, la petite amnésique marmonna un remerciement à la frontière de l'inaudible avant de se murer dans le mutisme, ne consentant à desserrer les lèvres que pour les entrouvrir dans une expression égarée quand un bref coup d'œil sous la surface d'une couette lui confirma ce qu'elle pressentait, elle était nue comme au jour de sa naissance quand on l'avait enroulé à l'intérieur...

Réalisation qui lui écarquilla les yeux, suscitant un amusement mâtiné de tristesse dans le regard de l'unique spectatrice de la petite comédie.

Qu'elle se rassure, ce n'était pas un détective qui l'avait dépouillé de ses vêtements au cours de la nuit dernière...

Une précision des plus réconfortantes du point de vue la métisse, quand bien même Ran soupçonnait qu'une pointe de déception se nichait dans les arrières-pensées d'une scientifique.

Soupçon qu'elle énonça à voix haute avec un léger sourire, et qui se noya naturellement dans un silence hargneux, Ran n'insista pas outre-mesure, la coloration des joues de sa camarade de chambre lui confirmant amplement qu'il ne lui aurait définitivement pas déplu qu'un détective abuse de sa situation... Il n'était pas certain qu'elle fasse preuve de la même complaisance envers la fiancée du détective en question...

Ran hésita à effleurer une illusion aussi fragile qu'une bulle de savon... Il aurait été si facile de laisser les choses en rester là, d'inviter l'occupante du lit à se reposer un peu, de profiter de sa somnolence pour empocher discrètement les sous-vêtements féminins éparpillés sur le matelas, les passer en machine pour en effacer toutes traces de ses turpitudes, s'habiller, sonner à la porte d'un vieux professeur à la retraite pour lui offrir une version soigneusement expurgée des événements de la nuit dernière, faire un détour dans la chambre d'une métisse pour lui emprunter une partie de sa garde-robe avant de lui restituer aussitôt, l'invitant à en faire usage après avoir savouré un bon bain préparé tout spécialement à son attention...

Oui, ce n'était pas si difficile que ça d'effacer toute trace de son crime... Aucune chance qu'un héritier de Holmes soupçonne quoique ce soit, quand il serait en état de décoller de son canapé, la maîtresse de maison aurait largement eu le temps de dépouiller un matelas de ses draps pour les enfouir dans une bannette à linge sale...

Un simple rêve qui se dissiperait en douceur, ne laissant que l'écume d'un arrière-goût de nostalgie suite à son passage éphémère, une petite excursion en dehors de sa vie quotidienne qui pouvait maintenant reprendre son cours habituel...

Shinichi serait prisonnier des limbes de l'ignorance, juste retour des choses après tout, mais elle saurait... Shiho avait déjà tout oublié, mais elle se souviendrait... Un souvenir qui lui collerait à la peau, une interminable douche n'avait pas réussie à l'en effacer, bien au contraire, elle n'avait pas manqué de le ranimer, expliquant en grande partie l'éternité que passa une adolescente pour effectuer sa toilette matinale, partageant une cabine de douche avec le fantôme d'une métisse, une présence diffuse à laquelle Ran s'efforça de donner corps au cours d'un délicieux va-et-vient au sein de sa mémoire de la nuit précédente...

Elle était à l'intersection de deux tentations aussi lancinantes l'une que l'autre, vivre dans la vérité ou dans le mensonge, et dans un cas comme dans l'autre, il y avait eu un avant et elle allait devoir faire avec l'après...

Comment faire de cette nuit un simple rêve...alors qu'en comparaison, c'est la pâle réalité qui lui donnait l'impression de vivre dans un songe ? Un songe qu'elle partageait avec la métisse qu'elle avait commencé à enlacer, comprimant gentiment sa tête contre sa poitrine...

Passé quelques instants de surprise, et plusieurs minutes de silence à profiter du tendre oreiller qui s'était mis spontanément à sa disposition sans rime ni raison, une scientifique se décida à briser la glace en murmurant une observation qui avait la tonalité d'une confession ironique...

Dans une autre vie, elle avait affirmé que le corps d'une lycéenne était particulièrement approprié à la reproduction... Avec le recul, elle s'était trompé... Son corps était plutôt façonné pour la chambre à coucher... Deux observations qui n'étaient cependant pas contradictoires, bien au contraire...

Une pique bon enfant malgré son absence de candeur, mais une ombre de tristesse flottait sur le sourire que Ran adressa en retour à la petite effrontée...

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