Bonjour, bonjour !
J'espère que cet OS vous plaira ! Bonne lecture !
Les trois font la paire
Le rouge aux joues, les mains tremblantes, Nagato s'empressait de réunir les papiers qui s'étaient répandus partout sur le sol en bégayant, évitant le regard de ses meilleurs amis.
Quand il eut fini de récupérer toutes les pages, il les fourra dans la chemise à rabat, ne se souciant pas de les plier à l'intérieur et il serra l'objet contre son cœur, ses rétines violettes se posant sur la fenêtre qui se dressait derrière Itachi et Shisui.
Il n'avait pas encore osé croiser leurs regards. Quand il était entré dans sa chambre en plein milieu de la cité estudiantine, il les avait trouvés en train de lire ce qui lui tenait lieu de journal intime, cette chemise à rabat d'un noir profond dans lequel il insérait des feuilles volantes sur lesquelles il inscrivait toutes ses pensées cochonnes.
Ses pommettes toujours colorées d'un rouge soutenu qui jurait à la fois avec ses cheveux et avec son tee-shirt au logo de l'université, il baragouina :
— Vous, vous, quoique vous ayez lu, c'est pas ce que vous croyez !
S'asseyant sur le lit comme si ses jambes venaient de céder, Shisui tira une feuille couverte d'une écriture fine et resserrée. Très peu de gens étaient capables de déchiffrer les pattes de mouche de Nagato, et malheureusement, Shisui en faisait partie. Ses yeux sautaient d'une ligne à l'autre, puis il les leva vers Nagato, s'arrêtant au niveau de ses épaules pour ne pas croiser son regard.
— On peut au moins s'accorder sur le fait que tu écris du porno gay.
Nagato se tortilla, ses bras se crispèrent davantage encore sur la chemise qu'il protégeait. Il hésita à tendre la main pour récupérer la feuille, mais une telle opération l'obligeait à regarder Itachi en face et celui-ci était livide et tremblant, appuyé sur le bureau placé à côté du lit.
— C'est seulement une fanfiction, grommela Nagato, c'est rien du tout, ça veut rien dire.
Les deux Uchiha portèrent un regard sceptique à la chemise cartonnée, suffisamment épaisse pour montrer que « rien du tout » n'était pas un qualificatif adéquat. Il y avait dans ce dossier plusieurs histoires, certaines possédant un scénario, d'autres n'étant qu'un enchaînement de scènes de sexe clairement dérangées. Shisui abandonna la feuille sur le bureau, croisa les bras d'un air accusateur. Itachi finit par s'asseoir sur le bureau, ses doigts tremblants se portant au morceau de papier pour le retourner.
Nagato continua de ramer pour se justifier.
— C'est, c'est avec mon club d'écriture, voilà, on doit écrire–
— Du porno gay ? interrompit Shisui d'une voix hallucinée.
Nagato roula des yeux et finit par traverser la pièce pour récupérer la feuille, la glissant sur le dessus de sa chemise en fusillant Itachi du regard alors qu'il lisait et relisait encore la partie qu'il pouvait déchiffrer.
— Non, une romance improbable. C'est le thème de ce mois. Une romance improbable, voilà.
— Et t'as pas trouvé mieux comme romance improbable que de nous mettre tous les trois dans un lit ?
À ces mots, Nagato recula, rougissant de nouveau.
— Ce n'est pas vrai.
C'était la première fois qu'Itachi prenait la parole depuis qu'ils avaient fait cette trouvaille dérangeante. Shisui et lui étaient arrivés en avance chez Nagato qui n'avait pas encore fini ses cours. Ils avaient prévu d'aller au cinéma tous les trois et, depuis quatre ans qu'ils étaient tous à la fac, ils s'étaient depuis longtemps échangé les clés de leurs studios. La chemise noire était sur le bureau, encore ouverte et Itachi avait vu son œil être attiré par les mots couchés dessus. Il avait repéré son prénom et celui de Shisui, et, au fur et à mesure qu'il lisait, il s'était senti blanchir.
— Ce n'est pas vrai, répéta-t-il. Tu es en train de nous mentir.
— Oh bien vu, Sherlock, cingla Shisui. Personne n'y croyait de toute façon.
Il revint vers Nagato.
— Ça fait combien de temps que tu écris ce genre d'histoires ?
— Il va falloir que tu sois plus précis, déglutit Nagato.
Est-ce que Shisui parlait de fanfictions ? De porno gay ? Ou de ses fantasmes débridés qu'il couchait sur papier pour pouvoir les enfermer à double tour parce qu'il savait très bien qu'il ne pourrait jamais, jamais les réaliser ?
Shisui lui porta une œillade dangereuse, Nagato recula d'encore un pas.
— Je suis dans le club d'écriture depuis quatre ans.
Quand il ne put plus temporiser, il baissa la tête.
— La fanfiction, j'en écrivais déjà au lycée, admit-il. Je les publie en ligne, sous un pseudonyme.
— Et ce genre d'horreurs ? fulmina Shisui en désignant la chemise.
— Ce n'est pas si mauvais, soupira Itachi pour plus de justesse. C'est un peu trop cru à mon goût, mais ce n'est pas si mauvais.
Il savait très bien que Nagato prenait très à cœur les critiques sur son style et qu'il valait mieux argumenter. Shisui sembla avaler sa langue et Itachi haussa les épaules.
— Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi c'est toujours nous trois.
Le cœur de Nagato cogna contre sa cage thoracique. Ça, c'était bien une question à laquelle il ne voulait pas répondre. Il bégaya un peu et baissa la tête.
— C'est juste comme ça, c'est, ça pourrait être n'importe qui, c'est rien du tout, ça n'a pas d'importance.
Sa voix sonnait comme une supplique et il serra davantage la chemise contre lui, trembla encore un peu. Même s'il essayait de retarder le moment, ça allait venir sur le tapis. Un de ses deux amis finirait par lui mettre la pression pour qu'il le dise. Il secoua la tête. Il refusait qu'une telle chose arrive.
C'était venu petit à petit. Ça avait commencé par Shisui, il s'était senti charmé par le jeune homme qu'il fréquentait amicalement depuis plus d'un an à ce moment-là. Les sentiments avaient jailli dans son cœur et s'étaient installés alors qu'il les étouffait considérablement pour ne rien en montrer.
Pour Itachi, c'était venu après. Il s'était dit que les frémissements d'émoi qui dansaient sur son cœur en direction du plus jeune des Uchiha annonçaient finalement qu'il tournait la page de Shisui, mais ça n'était jamais passé. Il ressentait, pour l'un et pour l'autre, le même sentiment.
Coucher sur le papier toutes ces scènes de sexe débridé qui n'auraient jamais lieu, ça aidait à rester ami avec eux sans rien dire.
Il humecta ses lèvres qu'il sentait tremblantes. Itachi sauta à bas du bureau pour s'approcher de lui, près, très près. Une main glissa sur sa joue, saisit son menton pour le relever. Nagato persista à refuser de croiser le regard de son ami qui murmura :
— Réponds-moi.
Irrémédiablement attiré, Nagato plongea ses yeux dans ceux d'Itachi, puis il se déroba à la prise de la main, contractant ses avant-bras sur la chemise.
— C'est que… je vous aime.
Ses rétines se posèrent sur son dossier.
— Comme ça.
Il ferma les paupières.
— Tous les deux.
Un silence assommé tomba lourdement dans son appartement et il déglutit avec chagrin, papillonnant des cils pour en écarter les larmes.
— J'écris ça pour moi, c'est tout, c'est mon défouloir, c'est pas, c'est rien du tout. Je ne fais de mal à personne et vous aviez pas le droit de lire sans mon consentement.
De colère, il fourra la chemise dans son sac à dos qu'il empoigna, le glissant sur ses épaules. Il renifla pour ravaler ses larmes, les foudroya successivement des yeux puis il se détourna, sortit de son appartement en claquant la porte.
La tension qui parcourait le corps de Shisui parut se relâcher d'un coup quand la porte se referma, puisqu'il se recroquevilla sur le lit, joignant ses mains sur ses genoux, appuyant son front dessus.
La lumière eut le temps de décroître dans l'appartement avant que l'un d'eux commence à se remettre en mouvement. Apparemment, Nagato n'avait pas pour projet de rentrer de sitôt. Il avait dû partir se réfugier chez Yahiko et Konan. Subrepticement, Shisui se demanda comment il comptait justifier sa fuite et ce qu'il avait lu lui revint en tête avec force.
— C'est aberrant, grogna-t-il en cherchant des prunelles la silhouette d'Itachi.
Ce dernier restait parfaitement immobile, les yeux rivés sur la porte d'entrée, l'air chagriné. Il eut un mouvement évasif et Shisui cilla.
— C'est aberrant, insista-t-il, tu es d'accord avec moi ?
— Je…
Il se tut, humecta ses lèvres puis se tourna franchement vers Shisui. Beaucoup de gens pensaient qu'ils étaient frères, ou cousins, mais tous se trompaient. Ils portaient le même nom, mais n'avaient aucun lien de parenté. C'était le hasard s'ils s'étaient retrouvés dans le même groupe, en première année à l'université.
Leurs trois noms se suivaient dans l'ordre alphabétique et durant le premier semestre de fac, les enseignants les avaient placés ensemble pour les travaux de groupe. C'était une amitié un peu forcée, mais elle était devenue réelle et solide, tant et si bien que dès le deuxième semestre, ils prenaient les devants et se mettaient eux-mêmes en groupe. Les seuls moments où ils ne travaillaient pas ensemble, c'était pour les clubs, chacun ayant ses activités. Nagato était au club d'écriture, endroit où il avait rencontré Yahiko et Konan. Shisui avait continué l'athlétisme, vu qu'il y excellait au lycée et Itachi avait persisté dans le club de kyudo.
Il hésita encore un peu, puis baissa la tête.
— Je ne peux pas être aussi catégorique. C'était trop vulgaire à mon goût, mais l'idée ne m'a pas déplu.
Sans voix, Shisui l'observa de travers un long moment avant de laisser une moue écœurée s'inscrire sur son visage.
— Tu es aussi taré que lui.
Ce fut la dernière phrase qu'il prononça avant de quitter la pièce le plus rapidement possible. Itachi, quant à lui, resta là. Longtemps. La nuit avait eu le loisir de ramper dans l'appartement de Nagato.
Il alla s'asseoir sur le lit de son ami en attendant son retour, plongé dans ses pensées. Si la réaction vive de Shisui avait dominé toute la confrontation, il n'était pas d'accord avec. Ce qui l'avait choqué, lui, outre le vocabulaire cru, c'était que quelqu'un, que Nagato ait réussi à mettre les mots sur ce qu'il ressentait.
Avec le recul, c'était idiot de s'étonner qu'un apprenti écrivain puisse trouver les mots justes, mais ce qu'il éprouvait lui paraissait tellement absurde qu'il était, jusqu'à quelques heures auparavant, impossible de se figurer que quiconque pourrait le comprendre. Et encore moins les deux concernés.
Frottant son pouce contre sa paume, il observa le décor qu'il peinait à distinguer dans la pénombre. La chambre universitaire de Nagato était un peu triste. Elle possédait peu de décoration, était rangée et la seule couleur présente se concentrait sur les tranches des livres qu'il lisait et plaçait sur une étagère murale fixée près du bureau.
Leur relation avait toujours été plutôt exclusive. S'ils avaient d'autres amis en dehors de leur trio, c'était, eh bien, en dehors de leur trio. Personne ne pouvait s'immiscer entre eux et enrichir ce qu'ils avaient construit.
Jamais il ne lui était venu à l'idée de s'engager dans une relation amoureuse, parce qu'il se sentait pleinement satisfait, avec Shisui et Nagato. Il lui avait fallu du temps pour comprendre intégralement ce qu'il ressentait, pour y appliquer des mots. Parce que ça ressemblait à de l'amour, sur tous les points, mais il l'éprouvait pour deux personnes et ça faussait les données.
Alors, peut-être que Shisui avait raison, peut-être qu'ils étaient tarés, mais ils l'étaient à deux sur trois.
La porte de l'appartement s'ouvrit, Nagato rentra chez lui et alluma la lumière, aveuglant Itachi. Quand il se rendit compte que son ami se trouvait toujours sur son lit, il eut un mouvement de recul qu'il força à dépasser pour poser son sac dans l'entrée.
— Tu es encore là, constata-t-il en s'adressant à la porte.
— Oui, souffla Itachi.
Leurs yeux se croisèrent et Nagato finit par baisser la tête.
— Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il d'une voix éteinte.
Il resta près de la porte et Itachi se leva et s'approcha, tendant la main pour saisir les doigts de Nagato, attraper son regard. Il hésita, chercha ses mots et finalement secoua la tête pour s'obliger à les prononcer et à casser cette ambiance lourde et suffocante.
— Ce que tu as écrit…
Nagato retira sa main de celle d'Itachi et se tassa contre la porte, baissant le nez. Ses cheveux rougeoyants tombèrent devant son visage, masquèrent son air triste.
— Ce que tu as écrit, reprit Itachi, j'aimerais le relire.
Nagato redressa vivement la nuque. Une flammèche d'espoir commença à prendre naissance au fond de ses pupilles. Itachi lui sourit, encourageant cet espoir à flamboyer avec plus d'ardeur.
— Moi, continua-t-il, ça me plaît d'imaginer un monde où on pourrait être ensemble comme ça. Tous les trois.
Il soupira et se détourna, tortillant ses mains, retournant s'asseoir sur le lit. Nagato suivit le mouvement, hébété, il s'installa près de lui, ne le quittant pas des yeux. Itachi toussota.
— Shisui n'est pas d'accord, énonça-t-il, mais moi oui et je me disais que peut-être… Tous les deux… Je me disais qu'on pourrait essayer d'être ensemble, si tu es d'accord.
Nagato hocha la tête avec vigueur, à la fois triste d'avoir perdu Shisui et heureux qu'Itachi se trouve à ses côtés, ses sentiments oscillant doucement, penchant petit à petit vers le bonheur d'avoir Itachi près de lui. À portée de mains.
Ils s'observèrent longuement et le malaise les fit rire bêtement.
— Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? demanda Itachi en scrutant le visage de Nagato.
— On pourrait s'embrasser ? proposa ce dernier. J'ai envie de t'embrasser.
La première tentative fut désastreuse. Gêné par le nez de l'autre, aucun des deux ne parvint à s'en dépatouiller et ils finirent par rire, leurs fronts appuyés l'un sur l'autre.
La seconde tentative fut plus réussie. Itachi arriva à entraîner Nagato contre son lit, le conduisant à s'allonger au fur et à mesure que le baiser devenait plus fiévreux, plus profond. Le reste découla de ce baiser avec plus de naturel.
Une semaine passa, durant laquelle Shisui consacra beaucoup trop d'énergie à éviter ses deux amis. Le premier jour, un peu déphasé, toujours profondément choqué par sa découverte, il s'était apaisé en se disant qu'au moins, maintenant, ils étaient chacun tout seul de leur côté. Il n'avait pas fait en sorte de les rejoindre et, lors du dernier cours de la journée, il s'était placé loin d'eux, pendant qu'ils s'étaient installés côte à côte.
Shisui les avait donc regardés se faire du pied sous la table pendant trois heures d'affilée, il avait aperçu leurs mains se chercher, se trouver et une tristesse ineffable avait mordu son cœur, tellement solide qu'elle lui avait coupé les jambes et qu'il avait été lamentable pour sa séance d'athlétisme.
La tristesse s'était changée en colère le second jour, quand, au détour d'un couloir qu'il pensait vide, il avait vu Itachi embarquer Nagato dans une salle de classe déserte. Lorsque Shisui avait regardé ce qu'il se passait par l'entrebâillement de la porte, il avait froncé les sourcils, quelque chose de nouveau agrippant ses poumons et l'empêchant de respirer convenablement. Dans la salle de cours, Nagato était assis sur le bureau de l'enseignant et Itachi se collait contre lui, entre ses cuisses, pour l'embrasser à perdre haleine, ses mains glissant sous les vêtements de Nagato qui n'était pas en reste, vu que ses doigts s'attardaient à caresser les fesses d'Itachi.
Cette image mit Shisui en rage. Dès lors, et pour les deux jours suivants, il en voulut à Itachi d'avoir profité de son choc pour accaparer Nagato et le garder pour lui tout seul. Il s'énerva aussi contre lui-même de réagir comme ça alors que ce n'était pas normal, ce qu'écrivait Nagato et que c'était dérangeant, l'idée qu'il les aime pareil tous les deux, parce que c'était impossible. Et il n'aimait pas beaucoup la petite voix qui lui susurrait que, après tout, Itachi avait joué cartes sur table. Pour lui, ce n'était pas déplaisant, donc c'était tout à fait logique qu'il ait saisi l'occasion d'être avec Nagato.
Il ressassa, sa colère déviant d'Itachi vers Nagato. Parce que si Nagato l'aimait vraiment, lui aussi, il serait un peu plus triste, non ? Et comment pouvait-il dire qu'il les aimait tous les deux s'il se contentait d'Itachi, hein ? La petite voix mesquine lui chuchota que c'était peut-être parce qu'il n'avait pas voulu tenter l'aventure et qu'il les avait laissés tous seuls. Il la bâillonna avec sa rage et resta à croupir dedans pendant encore quelques jours.
Puis finalement, à force de les observer à la dérobée, de les voir s'isoler dans une relation où il n'était pas, il éprouva de l'envie. Ils avaient l'air si bien, dans ce monde à eux, si détendus et confortables, quand lui paraissait être tellement misérable, sans eux.
Alors il prit son courage à deux mains et tapa à la porte de l'appartement de Nagato qui vint lui ouvrir. Pendant une poignée de secondes, ils s'observèrent et Shisui détourna les yeux pour demander : « Je peux entrer ? ».
Le rouquin s'écarta du battant, Shisui s'engouffra dans la pièce et découvrit sans trop de surprise qu'Itachi était présent, allongé sur le lit, en train de travailler. Visiblement, Nagato faisait de même, mais installé sur son bureau. C'était comme d'habitude. Il ne manquait que lui, assis au pied du lit.
Le capuchon du stylo d'Itachi claqua quand il le reboucha, se redressant en tailleur sur le couchage, Nagato s'installant au bord de son bureau.
— C'est bizarre comme situation, commença-t-il. Et je sais pas ce que je fais là. Enfin, si, je sais ce que je fais là, et c'est pas normal.
Il répéta « c'est pas normal » d'un air dépité puis fit les cent pas.
— Mais ça fait une semaine que je vis sans vous et ça me plaît pas. Et… C'est trop bizarre de vouloir être avec deux personnes en même temps.
Nagato et Itachi échangèrent un regard. Shisui cessa de sillonner le sol bon marché de l'appartement.
— Ce que je veux dire, posa-t-il, c'est que je préfère être bizarre avec vous qu'être normal tout seul. Enfin… Si vous voulez toujours de moi.
Les deux autres approuvèrent sans même se consulter. Itachi bougea sur le lit pour laisser la place à Shisui de venir s'installer. Il avait les jambes qui tremblaient un peu, à vrai dire, donc il s'assit avec soulagement, les mains crispées sur ses cuisses.
— Et puis, j'ai peur que ce soit trop pour moi.
Nagato s'approcha, s'accroupit près de lui, mit ses paumes sur ses genoux.
— On n'est pas obligés d'aller vite.
Il saisit les doigts de Shisui et déposa un baiser dessus. L'autre main du nouveau venu fut recouverte par celle, mal assurée, d'Itachi.
Des sourires furent échangés, maladroits, hésitants et Shisui bougea sa main qui restait dans celle de Nagato pour l'inciter à venir s'asseoir près de lui.
— Je ne sais pas ce que je suis censé faire, là, confessa-t-il quand le matelas s'affaissa sous le poids de Nagato. Je ne suis pas expert de ce genre de choses.
— Qu'est-ce que tu veux ? murmura le rouquin à sa droite.
Shisui bégaya, suffoqua une seconde. C'était bizarre de formuler la pensée qui était allée s'écraser contre son esprit dès que Nagato avait fini sa phrase. Il voulait un baiser. Il voulait les embrasser avec ardeur, comme il les avait vus faire. Il voulait sentir leurs doigts sur son corps, sous ses vêtements. Il voulait les toucher et les voir prendre du plaisir, et c'était trop pour lui. C'était trop, d'imaginer l'érection d'Itachi se presser contre ses reins pendant que la sienne irait se perdre entre les cuisses de Nagato. Ses mains se crispèrent davantage encore.
— Je veux, essaya-t-il sans succès.
Ses yeux tombèrent sur les lèvres de Nagato, puis il tourna la tête pour contempler celles d'Itachi. Oui, il voulait ça. Mais c'était bien trop difficile à prononcer. Itachi se pencha vers lui, effleura sa bouche d'un baiser léger et Shisui laissa échapper un gémissement, alors que la paume de Nagato caressait l'intérieur de sa cuisse.
— Je veux ça, affirma-t-il quand Itachi se recula.
Il tourna la tête vers Nagato qui, à son tour, se rapprocha pour l'embrasser, le contemplant avec désir et Itachi se pressait contre lui aussi et tout ça envoya une décharge de bizarrerie directement vers son sexe.
— Oh, oui, je veux ça, murmura-t-il contre les lèvres de Nagato.
Après les baisers qui se faisaient de plus en plus profonds, de plus en plus possessifs, qui mélangeaient leurs salives à un point que Shisui n'aurait jamais pu imaginer, ce fut trop pour lui.
Il cria grâce, mettant fin à l'échange, les laissant pantelants, échevelés et terriblement excités, inextricablement enlacés.
Dans le confort de l'étreinte uniquement limité par l'étroitesse du lit de Nagato, Shisui se sentait aussi bien que les deux autres. Il était au milieu et ils veillaient sur lui, le couvaient de tendresse et c'était bien.
Il murmura un mot d'amour – « Je vous aime tellement ! » – qui vibra dans la chambre, trouvant un écho dans les gestes amoureux qu'ils échangèrent toute la soirée.
Merci d'avoir lu !
