Bonjour Bonjour !
Je suis contente de vous offrir cet OS qui me trotte dans la tête depuis que j'ai vu mon voisin s'entrainer en bas de chez moi.
J'espère que vous aimerez, c'est un peu dans la lignée de mes lemon impossible, sauf que lui est quand même réaliste je trouve. Mais je voulais travailler sur du lemon en temps de distanciation sociale...
Warning : C'est en temps de pandémie, c'est un peu la déprime, et il oui neige vraiment la ou j'habite en avril :P
Y a aussi beaucoup plus de vulgarité que d'habitude. Ca jure beaucoup mettons.
Et enfin, beaucoup d'insertions d'anglais. Bienvenue dans ma tête. Je mélange toutes les langues (juste trois :P ) Si vous n'êtes pas bilingue préparez google translate. (après c'est juste des phrases ou des mots par-ci par-la, et c'est principalement du cul, vous comprendrez quand même l'histoire.)
Et pour les nouvelles : Je promet que je n'ai pas lâché Histoire de Modèle. Je suis vraiment désolée d'avoir mis cette histoire entre parenthèse. J'en prépare une que j'espère pouvoir vous publier bientôt, et qui en est déjà à plus de 130 pages ! Et celle-ci j'attends de l'avoir fini avant de la publier lol
Les personnages appartiennent à Masachi kishimoto.
Bonne lecture !
Sasuke est debout à la fenêtre de sa cuisine, un café chaud à la main. Sous ses yeux, la neige tombe en gros flocons paresseux. Trois heures qu'il neige sans discontinuer. En avril.
Il soupire.
Le café lui brûle les lèvres. Il est amer. Sasuke aime ça. Ça le maintient présent.
Le temps où la simple vue de ce manteau blanc le remplissait d'émerveillement lui semble très loin. Il ne ressent maintenant qu'un vague ennui. De la lassitude même.
C'est censé être le printemps. L'hiver commence à être long.
La ruelle sur laquelle donne sa fenêtre, à l'arrière de son appartement, est vide. Plus personne n'a envie de sortir quand il neige. Même pas les enfants. Même le voisin d'en bas ne fait pas son sport. Tout le monde est cloîtré chez soi.
Si seulement c'était juste à cause de la neige.
Un an maintenant que la pandémie a commencé. Un an que, chaque fois qu'il prend son café, il s'arrête devant sa fenêtre et contemple, passif, cette vie à laquelle il n'a plus droit.
Non pas qu'il en profitait beaucoup plus avant. Il avait toujours été solitaire. Célibataire, dans son appartement rénové, dans son petit quartier familial et excentré. Avant, il allait au travail, à la salle de sport, au dojo, à l'épicerie du coin. Certes, à la fin de ses journées il rentrait seul, regardait un film ou lisait, puis dormait. Rien de très passionnant donc, mais au moins il sortait, et voyait ses amis.
Rien de très différent avec aujourd'hui donc. Juste que, maintenant, il vit, travaille, s'entraîne, bref, fait absolument tout chez lui. Alors, il sort un peu, il essaye, il va courir. Il a fait des marches avec des amis, mais là tout le monde en a un peu sa claque du froid.
Il lutte pour rester actif, vivant. Mais au fond il sent que son cerveau s'atrophie tranquillement. Quelque chose qui s'approche vaguement d'une dépression. Pourtant ce n'est pas trop son genre. Mais en bon solitaire célibataire, un peu geek sur les bords, subitement limités à tout ce qu'il fait déjà, pas étonnant qu'il se soit enlisé dans sa routine. La dépendance aux écrans excusée. La perte de contact humain encouragée. L'enfermement chez soi imposé…
C'est simple, il voit maintenant le monde à travers des rectangles : sa fenêtre, sa télé, son ordi, son téléphone.
C'est insidieux d'ailleurs comme transformation. Quand il a compris que quelque chose en lui avait ramolli, c'était déjà trop tard. Cette absence de pulsion. De besoin. De désir.
Bientôt, il aura peur de sortir de chez lui à force d'y être enfermé. Comme un animal qui ne se sent en sécurité que dans sa cage.
Il grimace.
Quelles pensées joyeuses. C'est sûr qu'il va aller beaucoup mieux en s'analysant de façon aussi positive.
Il s'énerve.
L'idée même d'être victime de cette situation l'insupporte.
Émotion plutôt agréable d'ailleurs.
Il se sent un peu plus vivant.
Il finit son café et décide de sortir. Courir. Marcher. Ou rien. Juste être dehors et respirer. Il prend son manteau, ses clés, et c'est impressionnant comme c'était facile et rapide. Il est déjà dans la rue, le vent et la neige lui fouettent le visage. Il fait froid. Pas assez pour que la neige tienne, mais quand même trop pour ce qui devrait être le printemps.
C'est violent. Sortir ne devrait pas être violent comme ça.
Il met les mains dans ses poches et commence à marcher.
Très vite, il réalise que ruminer ainsi en avançant tête baissée sans objectif ne l'aide pas tant.
Il lève donc les yeux.
Le but d'être dehors c'est de voir dehors, hein, pas juste le trottoir.
Et d'ailleurs, il fait bien, parce que devant lui un peu plus loin, en train de courir dans sa direction, il y a le beau voisin d'en face.
Étrangement et sans vraiment réaliser son geste, il s'arrête pour le contempler.
Ils se croisent.
Rapidement.
Leurs yeux aussi.
L'autre a plutôt l'air confus de la situation, pas sûr qu'il le reconnaisse. Il fronce les sourcils, réfléchit peut-être à qui Sasuke peut bien être, et à ce qu'il convient de faire face à cet inconnu qui le dévisage. Son regard bleu est tout empli d'embarras.
Puis c'est fini.
Il a maintenant dépassé Sasuke.
Et Sasuke se tient donc comme un idiot debout seul sur le trottoir, à fixer le vide où se tenait un ¼ de seconde avant, un homme en train de courir.
Se voyant subitement de l'extérieur, il soupire de honte, et grimace de sa déconfiture.
Il avait vraiment besoin de sortir plus souvent.
Qu'avait-il eu à s'arrêter ainsi en plein milieu du trottoir ? Il a dû avoir l'air carrément con, planté là, à l'observer le dépasser, ses yeux essayant de lui dire bonjour et sa bouche restant résolument close. Il n'était déjà pas doué avec les interactions sociales en général, mais en être quasiment privé pendant un an n'avait pas amélioré son cas.
Il secoue la tête, et s'apprête à repartir. Ça avait au moins eu le mérite de le sortir de ses pensées.
Mais une voix l'arrête.
— Hey!
Le coureur a dû faire demi-tour.
Sasuke serre les lèvres, implore rapidement qu'on le sorte de cette situation impensable et se retourne, bien obligé, vers celui qui l'appelle.
Oui, il est bien là.
À deux mètres.
Les joues rosies par le froid. Blond. Veste moulante orange. Yeux bleus étincelants. Apparition colorée qui détonne étrangement sur ce fond grisâtre de neige molasse.
Il forme le vœu rapide que le jeune homme ait plus d'aptitudes sociales que lui, car sinon ce moment risque d'être particulièrement laborieux, et il souhaite honnêtement sortir à nouveau de chez lui.
Son vis-à-vis rit nerveusement en se massant la nuque. Ses yeux papillonnent partout autour de Sasuke sans oser se poser sur lui.
— Je, heu, je sais pas, tu – tu t'es arrêté et heu, j'ai – j'ai pas trop su quoi faire, dit-il en gloussant, amusé par l'absurdité du moment.
— Excuse-moi de ne pas m'être arrêté immédiatement, reprend-il embêté.
Et ses yeux s'arrêtent enfin sur Sasuke, et il les voit briller rapidement d'excitation, et de nervosité toujours.
Sasuke reste silencieux. Il n'est pas encore exactement sûr de ce qu'il conviendrait de dire. Évidemment que l'autre n'a pas besoin de s'excuser. S'il y a un creep ici, c'est bien lui.
— Est-ce qu'on se connaît? J'ai l'impression de t'avoir déjà vu, mais, euh, je suis pas sûr où et quand…
Il fait une jolie grimace embêtée qui a l'effet soulageant de les détendre tous les deux.
Sasuke rit doucement de leur communication difficile, et se dit pour la troisième fois au moins que cette scène est incroyablement embarrassante.
— C'est moi qui m'excuse, prononce-t-il en baissant les yeux et en s'inclinant légèrement, vieille habitude traditionnelle qu'il a conservée de sa famille.
L'autre retrouve un visage normal, d'autant plus joli de proche se dit Sasuke, et le regarde maintenant ouvertement. Toujours ces iris bleus.
Sasuke détourne le sien.
— On est voisins, reprend-il, en se concentrant sur les voitures à leur droite. J'habite le triplex en face de chez toi. C'est moi qui t'ai reconnu, mais non, on ne se connait pas. Pour être honnête, je ne sais pas pourquoi je me suis arrêté.
Les yeux bleus s'illuminent encore un peu plus alors qu'il venait tout juste d'oser relever les siens.
— Ah, OK! s'exclame le blond tout sourire. Sasuke n'a rien dit selon lui qui mérite autant de joie, mais l'autre doit avoir la bonne humeur facile.
Il le regarde encore. Tout heureux. Et Sasuke ne peut pas vraiment détacher son regard.
Et ça… dure.
Il se sent lentement envahi d'une très plaisante et très connue chaleur. Il n'y a rien à ajouter à ce «ah, OK.», malheureusement. Alors ils continuent de se regarder. Et le cerveau de Sasuke a beau tourner dans tous les sens, il ne trouve aucune sortie. Mais si cet échange de regards continue, cette situation va devenir très inconfortable pour lui. Déjà, il sent que ses yeux se sont réchauffés, et ses joues aussi, et non on ne fait pas des avances à un inconnu après lui avoir parlé 20 secondes, même si ledit inconnu nous dévisage intensément.
On n'est pas en manque à ce point, hein. Même si on n'a vu personne en un an.
— Bon jogging, conclut-il donc en le saluant vivement. Puis il se retourne et reprend sa marche.
Il entend vaguement le «merci» confus que laisse échapper l'autre dans son dos, et un bruissement d'excitation nerveuse palpite rapidement en lui. Sentiment qui ne le quitte pas pour les 100 prochains mètres, résolument ancré en lui, à lui donner le tournis comme au lycée.
Il se sent alors particulièrement vivant.
Un peu comme quand il l'avait vu s'entraîner seul dans sa cour en bas de chez lui.
Sasuke buvait son café, comme d'habitude, sauf qu'on était en été, en début de journée. Ses yeux étaient tombés sur ce ravissement spécimen en pleine démonstration de ses talents musculaires. Jeune blondinet, somptueusement fougueux et impudique. Il s'était adossé au chambranle de la porte de son balcon et l'avait maté, de tout son soul, pendant un bon 10-15 min. Mieux qu'un porno s'était-il dit, amusé.
Ça avait été ensuite tout un jeu d'attraper les moments où le blondinet faisait des pompes.
Sauf que contrairement à Sasuke, il n'avait aucune routine. Il s'entrainait quand ça le chantait, et Sasuke avait autre chose à foutre que de rester planter devant sa fenêtre ou son balcon toute la journée.
Mais c'était toujours une agréable surprise quand il tombait juste. Le voisin avait tendance à se pousser. Il faisait ses séries, de pompes, de traction, de squat, - au moins il ne travaillait pas que ses bras - encore et encore, jusqu'à tomber épuisé. Sasuke trouvait ça crétin, mais très divertissant à regarder.
Blondinet était vraiment bien foutu.
Blondinet est toujours très bien foutu d'ailleurs, même si là il était enseveli sous des couches de vêtements, lesdits vêtements étaient plutôt moulants et n'ont fait qu'activer l'imagination de Sasuke.
Il continue donc à marcher, le sourire aux lèvres en repensant aux rêves cochons qu'il avait faits de son pauvre voisin qui n'avait rien demandé, et lève les yeux au ciel pour respirer, pour savourer cette fébrilité d'adolescent qui ne veut toujours pas le quitter.
D'une certaine manière, cette rencontre le rassure. Il est encore capable de ressentir des émotions et du désir.
Il vient enfin de tourner au coin quand il aperçoit la silhouette du blond réapparaître. Toujours en train de jogger.
Son visage s'enflamme et il passe immédiatement en revue les multiples scénarios s'offrant à lui. Ce qui n'était qu'un bruissement d'excitation devient un ouragan de stress dans sa cage thoracique et son estomac. Il opte pour la solution la plus prudente, et baisse la tête, bien décidé à ne pas s'arrêter cette fois-ci.
Uniquement à le saluer.
Éventuellement...
Il ne peut pas non plus faire comme s'ils ne s'étaient pas croisés 5 min avant de l'autre côté du carré de rues !
Sauf que cette fois, à la grande panique de Sasuke, c'est le voisin qui s'arrête. Il lève les yeux, surpris, et demande silencieusement au coureur ce qu'il se passe. L'autre est tout essoufflé, les joues encore plus rouges, et les yeux encore plus bleus. Comment un bleu pareil peut-il exister? Océan. Et on dirait que ces iris sont plus grands que chez les gens normaux!
— Ouais je — ah! — attends!
Le blond se redresse et prend une laborieuse inspiration pour tenter de calmer sa respiration. Sasuke en déduit qu'il a couru, vite, ou plus vite en tout cas, pour arriver là.
— Scuse moi! dit-il en riant, je — han — c'est ça, tu es parti puis heu, — ouf, putain je suis essoufflé — je suis reparti aussi, et ouais, – Urrf! — Je, je me suis dit que c'était con. Hein?
Sasuke fronce les sourcils. De quoi parle-t-il?
— Tu, heu, je sais pas, ça te tente de — pfffouu — marcher avec moi? Pour faire connaissance? Enfin, si tu — enfin t'as peut-être besoin d'être seul? Sens-toi bien libre de refuser hein? C'est important de, heu, de s'écouter, t'sais, en ce moment.
Interdit et un peu perdu par le débit de parole du blond, hachuré de grandes respirations saccadées, Sasuke le contemple quelques instants, cherchant à comprendre ce qu'il est censé faire ou répondre.
Le blond a de nouveau jeté ses bras derrière sa nuque, ce qui distrait Sasuke de son propre fil de pensée, et les yeux bleus le fuient, ce qui l'irrite.
Ces yeux bleus posés sur lui lui avaient fait un effet particulièrement intéressant.
Il s'apprête à refuser poliment, c'était plus prudent de son point de vue, il s'était assez ridiculisé comme ça. Mais…
Ce n'est pas comme s'il avait autre chose à faire. Et profiter de ce regard posé sur lui lui semble un planning dangereux mais excitant.
Il hausse les épaules en se permettant un demi-sourire qui immédiatement attire le regard du jeune homme sur ses lèvres. Ce qui est beaucoup mieux.
— Je suis assez seul comme ça avec cette pandémie, répond-t-il finalement, caustique.
En face, son voisin a le gentil réflexe d'éclater de rire, renchérissant un c'est clair qui rassure Sasuke. Les personnes démonstratives lui plaisent. Il a moins besoin de faire des efforts de discussion. Ce rire lui plait aussi. Ça lui rappelle qu'il l'a déjà entendu.
Il était à l'épicerie du coin, un homme était en grande conversation avec la caissière. De ces conversations inutiles, mais qui semblent rendre les gens heureux. Elles assurent à ceux qui en ont besoin le minimum social requis. Cet éclat de rire avait plu à Sasuke, il avait levé la tête, et même contourné la rangée pour en identifier l'origine. Il était masqué, mais il avait quand même reconnu son voisin d'en face. Juste avant de quitter la caisse, le blond avait jeté un coup d'œil sur le côté et était tombé sur Sasuke. Il l'avait scanné rapidement de la tête aux pieds avant de le transpercer un quart de seconde d'un regard entendu. Il lui avait plu. Sasuke n'en avait même pas douté une seule seconde. Il avait levé un sourcil et soutenu le regard jusqu'à ce que le voisin se détourne. Il avait tiré une grande satisfaction de cet échange. Son égo et ses fantasmes remontés à bloc pour la journée.
Alors, si ledit voisin lui propose de faire connaissance, il ne va pas dire non. D'ailleurs, il est encore en train de rire de sa blague qui n'en était pourtant pas tant une, commentant avec force adjectifs qu'il en a putain de marre, de cette pandémie de merde, et qu'il en peut plus de plus voir ses amis, de plus travailler, et qu'honnêtement ils allaient tous finirent en dépression.
Sasuke lui donne raison.
Il n'aurait pas dit mieux. Et derrière le ton enjoué, il perçoit bien le poids des mots, et la fatigue qui se cache derrière tous ces sourires.
Ils se mettent en marche, sans direction précise. Sasuke lui envoie quelques commentaires cyniques de son cru qui font mourir de rire son nouveau copain de balade. Ils en concluent tous les deux que c'est la merde, et trinquent symboliquement à leur dépression future.
Dépression qui, n'en étant pas encore vraiment une, venait pour Sasuke de se faire la malle fissa.
S'il avait un jour été triste ou déprimé ou amorphe, c'était dans un passé révolu et lointain, car là, tout de suite, il voyait plutôt la vie en HD. Chassé à coup de pupille bleutée et d'éclat de rire.
— Tu m'accompagnes prendre un café, lui demande subitement son voisin en se tournant vers lui tout sourire, lumineux à souhait. Plus efficace que n'importe quelle pilule.
— Je t'aurais proposé un verre, hein, reprend l'autre, mais les bars sont une espèce éteinte aujourd'hui.
Sasuke acquiesce, sourire aux lèvres. Il n'en prendrait pas, par contre, un troisième dans la journée serait probablement exagéré.
Ils se dirigent vers le café. Son voisin s'appelle Naruto. Il se présente et entame une conversation qu'il dirige avec aisance. Sasuke se laisse bercer par le babillage et apprécie de voir subitement la vie de façon plus colorée.
Naruto travaille dans un centre d'aide aux personnes sur le bien-être social. D'ailleurs, il veille pendant leur marche à bien tenir une distance respectable entre eux. Quand Sasuke se rapproche, parce qu'il oublie ou parce qu'il contourne un tamis, un vélo ou une personne, Naruto s'écarte automatiquement. Sasuke avait d'abord trouvé ça chiant, ce rappel constant qu'on ne doit pas se rapprocher, mais une fois les présentations faites, il ne peut que comprendre et apprécier l'intégrité du jeune homme.
Toute cette distance sociale a juste un goût amer.
— Ouais, je suis en contact avec des personnes fragiles et je suis donc moi aussi potentiellement dangereux. Les gens vivant dans la rue n'ont aucun moyen de vraiment respecter les mesures. C'est pour ça que je - tu sais, je fais attention quoi. Genre, je veux pas t'exposer toi à cause de mon travail.
Sasuke acquiesce, et le rassure. Il le remercie même. Au fond, il culpabilise un peu. Il espère que son irritation n'a pas trop parut. Il ne veut surtout pas passer pour celui qui s'en fout.
— Ça doit être dur, comme travail. Tente-t-il pour détourner le sujet, montrer son soutien. Ou juste parce que ouais, ça ne doit pas être facile de faire ce job. Puis le ton de Naruto était devenu subitement tout sérieux.
— Ah – je… — bof, tu sais ils sont dans des situations bien pires que la mienne.
Le café est enfin devant eux.
Sasuke pousse la porte après avoir relevé son cache-cou devant son nez, il la tient ouverte pour Naruto, mais celui-ci est en train de galérer à essayer de sortir son masque et de le glisser derrière son bandeau, ses gants sont trop grands, il y arrive pas et finit par tout enlever. Sasuke lâche finalement la porte et croise les bras pour continuer à apprécier le spectacle. Il faut dire que c'est divertissant. Le blond jure et s'énerve en s'emmêlant dans ses accessoires puis finit par y arriver et relève la tête, face au regard amusé et probablement un tantinet condescendant de Sasuke.
— Pff enfoiré! Te moque pas! rit-il en le poussant pour rentrer.
Le sourire de Sasuke s'élargit sous son masque, alors qu'il suit le blond à l'intérieur.
— Tu veux quelque chose?
Sasuke décline poliment, mais forcément Naruto insiste. Il aurait dû se douter qu'il serait de cette espèce-là.
— T'es sûr !? C'est moi qui t'invite là!
Sasuke glisse un regard vers le tableau. Il avait un faible pour les boissons chaudes.
— Un thé Oolong, s'il vous plaît, lâche-t-il finalement.
Les yeux pleins de sourire, Naruto s'exclame d'un ok ravi et se tourne vers la barista pour commander un latte citrouille lait d'avoine et extra cannelle. Il fait la conversation puis sort une tasse de son sac et la pose sur le comptoir avant de se tourner de nouveau vers Sasuke, les yeux tout plissés, façon nouveau sourire covid.
— Je ne parlais pas d'eux, dit finalement Sasuke, mais de toi.
Naruto le regarde avec de grands yeux perdus.
— Pour ton emplois, je veux dire. Je me doute que les personnes avec qui tu travailles sont dans des situations difficiles, mais ça ne veut pas dire que ton travail en est plus facile… au contraire.
Le regard se voile rapidement, et le quitte. Sasuke s'en veut. Il n'aurait peut-être pas dû ramener le sujet, il est toujours trop direct. Il parle peu et quand il parle, c'est souvent pour aller droit au but.
Le regard revient, mais plus… chaud, plein de reconnaissance.
Sasuke ne s'en veut plus du tout.
— Ouais, je commence à trouver ça dur, j'avoue, dit-il. Mais je — je n'assume pas trop de me plaindre. J'ai l'impression que c'est malvenu de ma part.
Sasuke sent la gêne, la honte, légère mais présente, de celui d'en face. Ça doit être quelqu'un qui s'oublie souvent pour les autres. Il hoche la tête en le regardant toujours. Lui montrant qu'il comprend. Leurs yeux accrochés, il lui semble que Naruto sourit, plus doucement, derrière son masque.
Foutu masque.
Il aurait bien aimé le voir celui-là, de sourire.
Ils sont de nouveau dehors et le thé est bon. La tempête s'est calmée un peu. Il ne fait pas beau, mais le paysage reste fantastique. Les arbres nus sont recouverts de neige. Lignes de noir et blanc contrastant sur les immeubles bétonnés.
La voix de Naruto le sort de sa contemplation. Il a l'air content, taquin même.
— Alors, avec ton masque, j'ai réalisé que je t'avais effectivement déjà vu à l'épicerie en bas.
Sasuke sourit. Satisfait que Naruto ait replacé ce petit échange de regard entre eux.
— Et toi? Reprends Naruto, tu m'as vu où?
Sasuke inspire rapidement. Il espérait vraiment que cette question ne viendrait pas. Il n'est pas du tout sûr que ce soit une bonne idée d'avouer au blond qu'il l'espionne depuis près d'un an.
— Ma fenêtre, dit-il finalement, neutre. Elle donne directement sur ma cour et je t'ai souvent vu t'entrainer.
Il sent que Naruto le dévisage, mais préfère rester fermement fixé sur le trottoir devant lui. Il va rougir sinon c'est certain.
Un éclat de rire résonne à ses oreilles.
— Ah ouai !? T'es sérieux? Merde! J'avais jamais pensé au fait qu'on pouvait me voir!
Sasuke se tourne vers lui, sceptique, sourcil levé.
- Il y a au moins cinq triplex qui ont vue sur la ruelle et les jardins arrière. Je ne suis probablement pas le seul à t'avoir remarqué.
Naruto pouffe à côté de lui.
— Mais je vais plus oser le faire maintenant!
— Dommage.
— «dommage»!? Reprend Naruto, comme pour vérifier qu'il a bien entendu.
Sasuke trouve ça adorable, mais lève néanmoins les yeux au ciel. Pourquoi vouloir préciser quelque chose qu'ils avaient déjà compris ?
Il laisse son regard glisser vers lui. Les yeux bleus sont vifs et pleins d'espoir, un peu incertains aussi. Sasuke porte son gobelet à ses lèvres en continuant de fixer son blondinet musclé qui, décidément, illumine sa journée. Les deux lacs bleus suivent le mouvement, curieux, avec une pointe d'avidité quand Sasuke vient lécher brièvement la mousse qui s'attarde sur ses lèvres.
Il n'avait pas flirté ainsi depuis longtemps.
— Oui, dommage, reprit-il de plus en plus amusé. C'était distrayant.
— Distrayant!?
Sasuke ne retient pas son rire cette fois.
— As-tu perdu des neurones au cours de notre conversation ou bien c'est moi qui ne parle plus français? À moins que dommage et distrayants soient des mots qui ne figurent pas dans ton vocabulaire.
Sa moquerie lui vaut une tape amicale de la part de Naruto sur l'épaule qui immédiatement ramène cette excitation nerveuse en lui. Du contact. On ne l'a pas touché, même comme ça, depuis… près d'un an au moins.
Devant lui, Naruto se mord les lèvres, en le dévisageant toujours. Et Sasuke observe. Se sent légèrement jaloux de ces dents qui s'accaparent cette lèvre charnue.
Et Naruto le voit clairement lorgner sa bouche.
— Aaaah! se plaint-il en se détournant. Pourquoi je te rencontre en pleine pandémie, toi!? Ça fait combien de temps qu'on est voisin?! Pourquoi je t'ai pas rencontré avant!?
Sasuke pouffe et relâche à son tour le regard.
- Destiny, I guess. Lâche-t-il en haussant les épaules, de ce ton un peu blasé que ses amis lui connaissent bien.
Naruto glousse de nouveau et lui tend son café pour trinquer au destin tout pourri.
Leur marche est agréable.
Naruto est agréable.
Rafraîchissant.
Totalement son type.
Il est énergique, démonstratif, complètement transparent. Toutes ses émotions sont inscrites constamment sur son visage. Ce qui facilite grandement la vie à Sasuke et rassure ses anxiétés sociales.
Naruto veut le raccompagner chez lui. Pour savoir où vit son stalker, il dit.
Sasuke rit et le guide avec plaisir jusque chez lui. Il sait bien qu'il ne pourra pas le ramener vraiment chez lui, mais le fantasme n'en est pas moins plaisant.
Ils passent par la ruelle arrière, et Naruto prends même l'escalier arrière avec lui, pour accéder à son balcon, jusqu'à la port sa cuisine en fait, et qu'il puisse ainsi bien comprendre la vue qu'il lui offrait quand il s'entraînait et que Sasuke donc le stalkait.
Sasuke se laisse suivre, il ne va pas dire non, mais ça devient dur de calmer ses espoirs.
Ils sont tous les deux d'une maladresse que Sasuke trouve légèrement pathétique, mais charmante.
Il s'excuse sarcastiquement de ne pouvoir le laisser entrer et tous les deux rient encore. Nerveusement. Toujours dans le jeu, Naruto s'excuse du fait qu'il aurait dû refuser de toute façon. À cause de son travail. Il s'en fout que certaines personnes ne respectent pas les règles de confinement, chacun est libre, mais lui il a des responsabilités répète-t-il.
Quelle situation étrange.
Sasuke acquiesce. Sa tirade ne le concerne pas vraiment de tout façon. Il voit bien que le blond cherche plutôt à se rappeler ses propres décisions.
Sasuke comprend de toute façon.
Lui, les gens qui font n'importe quoi l'insupportent.
Il est clairement moins tolérant que son voisin. Il suit les consignes. Il ne voit personne.
Il ne voit personne.
— Je ne vois personne.
Les mots lui ont échappé. Vite, ils ont couru de sa bouche.
Naruto relève les yeux précipitamment, confus, cherchant à comprendre ce que Sasuke veut dire.
Celui-ci baisse rapidement les yeux. Il ne voit personne. Il n'a vu personne depuis des mois. Il sort à peine faire l'épicerie. Il ne prend jamais les transports.
Il n'est pas à risque.
Il relève les yeux et les plonge dans ceux d'en face. Respire. Retrouve son calme.
— Je ne vois personne. Je vis seul. Je ne suis pas à risque, et je ne mets personne à risque.
Naruto est toujours figé devant lui.
— Je me suis dit que je devais te le dire. Au cas où, ajoute-t-il.
Il croise ses bras et fixe Naruto sans ciller. Devant lui, le jeune homme se met à rougir d'un coup, rit, et se passe encore une main dans les cheveux et sur la nuque, pour la centième fois de l'après-midi. Son dilemme intérieur s'étalant partout sur son visage.
— Je — heu —
Rire encore.
— Je – c'est bon à savoir, je - merde… Je – je sais pas si je suis content de savoir ça, ajoute-t-il en riant toujours et en regardant le ciel.
Comme si regarder ailleurs que Sasuke allait l'aider.
Ça doit être parce qu'il lui plaît, se dit Sasuke en ricanant doucement. Il s'appuie sur le chambranle de sa porte et continue à dévisager le blond devant lui. S'il continue trop longtemps, l'autre va probablement finir par se liquéfier. Il fait souvent cet effet-là. Il devrait arrêter, mais vraiment lui faire perdre ses moyens ainsi, le voir subitement si transparent, confirmer qu'il y a bien une tension entre eux est grisant.
Mais le blond descend le regard et quand il rencontre le sien ce n'est pas de la gêne qui assombrit ses orbes bleus. Pas du tout. Sasuke regarde, un peu subjugué, une faim sauvage envahir son vis-à-vis progressivement.
Naruto s'appuie contre la barrière de son balcon et croise les bras.
— Arrête de me regarder comme ça.
Et cette nouvelle voix, plus calme, sonne bien plus comme une promesse que comme une menace aux oreilles de Sasuke.
Aucune envie d'obéir, se dit-il. Envie de pousser. De tester.
Cette réaction l'allume.
Il se mord les lèvres et prend une grande inspiration avant de se décoller.
— Excuse-moi, je ne veux pas te mettre dans une situation délicate, prononce-t-il doucement. J'apprécie ton intégrité. Je voulais juste que tu sois au courant.
Naruto lâche enfin son regard et expire, doucement.
— Rentre chez toi maintenant, reprend Sasuke d'un ton qu'il espère plus léger. Je ne vais pas disparaître, ajoute-t-il dans un sourire entendu.
Naruto rit doucement en réponse, puis dans un grand soupir ouvertement frustré, dont les deux se moquent, il capitule. Après avoir reproché à Sasuke d'être un foutu tease il se retourne, et commence à descendre les marches.
Sasuke ne le quitte pas des yeux.
Il se retourne une fois en bas pour lui faire signe avant de se diriger vers chez lui. On n'a pas idée d'être aussi mignon. Il relâche l'air qu'il avait gardé dans ses poumons sans s'en rendre compte et se détourne résolument de la fenêtre. La tentation est grande de rester là, à l'observer, traverser sa cour, entrer chez lui, allumer sa lumière, mais la frontière entre la simple attirance et l'obsession inquiétante serait alors franchie, et il n'avait aucune envie de passer pour un pervers.
Il se dirige vers son bureau et constate avec plaisir qu'il a le cœur léger. La vie lui semble subitement plus légère. Il a le sourire aux lèvres et probablement l'air idiot, mais il est loin de s'en plaindre. Le sourire ravageur de son voisin est encore imprimé sur sa rétine. Ses grands yeux bleus si expressifs aussi. Ils ont tendance à le clouer sur place et à lui ôter toute faculté de penser.
Il soupire en revisualisant ce petit cul invitant qui ne gâche rien.
Il s'installe à son bureau résolu à travailler encore un peu, la pause a quand même pas mal duré plus longtemps que prévu et sort son téléphone pour texter un pote.
«Au bout de ma vie. Rencontrer ton voisin gay mignon à crever en pleine pandémie mondiale.»La réponse ne tarde pas, Suigetsu est toujours greffé à son smartphone de toute façon.
«Pauvre vieux! Si tu m'écris pour ça c'est que tu es mordu sévère!»Sasuke fait la moue et lui envoie son GIF habituel du mec blasé qui fait un doigt d'honneur.
«va chez lui mon pote! Franchement! C'est même légal si vous vivez tous les deux seuls!»Sasuke lève les yeux au ciel. Suigetsu a toujours eu une manière bien à lui d'interpréter les lois.
Son tel vibre de nouveau.
«Tu as bien besoin de fourrer en plus là! Si seulement tu n'étais pas si stuck up tu pourrais venir chez nous au moins! Voir des gens, t'sais.»Sasuke range son téléphone en pestant légèrement. Il n'approuve pas ses amis. Mais bon, il doit reconnaître qu'eux au moins parviennent à maintenir une santé mentale relativement intacte. C'est probablement pour ça qu'il l'a texté lui et pas Neji, qui lui aurait rappelé sa responsabilité civile. Il savait très bien que Sui allait l'encourager à y aller.
Mais il se dit qu'avoir résisté lui permettra peut-être de voir Naruto, vu que lui-même fait très attention.
Ses amis lui manquent. C'est clair. C'est une vraie plaie cette situation. Et les apéros zoom, honnêtement, ce n'est vraiment pas son truc. Il regarde assez l'écran comme ça en une journée.
Finalement, les heures sont passées vite, et il a étonnamment bien travaillé. Cette pause d'écran lui a fait du bien. Il finit une de ses programmations rapidement et, vers 20 h, s'arrête enfin. Il a le cerveau un peu ramolli, mais il est satisfait. Il s'étire et se dirige vers sa cuisine pour se préparer un truc à bouffer. Pas sûr qu'il y mette beaucoup d'efforts par exemple. Peut-être, juste se faire réchauffer un truc.
Il jette un œil par la fenêtre en arrivant, et celle de Naruto est allumée. Elle donne aussi sur sa cuisine. Pas étonnant. Tous les apparts sont foutus pareil ici. Subitement, une silhouette apparaît.
Sasuke sursaute et comme un con se cache sur le côté.
Lamentable. Pourquoi s'est-il caché? Voyons!? C'est sûr que l'autre l'a vu, en plus. Il soupire et retourne face à sa fenêtre. Heureusement, la silhouette a disparu.
Il entreprend donc de couper des légumes, ceux qui traînent dans le bas de son frigo, faudra bien qu'il cuisine quelque chose du coup, n'importe quoi pour le tenir occuper plus longtemps devant sa fenêtre. Pas de sa faute, c'est là que se situe son plan de travail.
Il jette régulièrement des coups d'œil en bas devant lui, et finalement, au cinquième ou dixième coup d'œil, la silhouette apparaît et elle est penchée à la fenêtre, enfin écrasée contre la vitre plutôt, et, vu l'orientation du corps, est probablement en train de le guetter. Il sursaute encore, mais reste sur place cette fois.
Immédiatement, Naruto lève la main et l'agite frénétiquement dans sa direction. C'est si rapide et nerveux que Sasuke rit et lève la main à son tour. Un peu à retardement probablement. L'autre en face se plie en deux. Il a l'air de trouver la scène hyper comique. C'est vrai qu'elle a de quoi d'étrange et de maladroit. Comme beaucoup de leurs interactions jusqu'à présent. Et ils restent là, figés dans leur appartement respectif, la main en l'air, à s'observer. Histoire que ça deviennent encore plus… nh.
Sasuke baisse donc sa main qu'il a gardée bien trop longtemps suspendue et continue à observer la personne en bas de chez lui. Qu'est-il censé faire maintenant!? Il soupire. Dieu que c'est absurde comme situation.
La silhouette de Naruto se redresse finalement. Il semble qu'il soit encore en train de rire, et Sasuke sent un sourire s'étirer sur ses lèvres malgré lui. Naruto lui fait ce qui semble être un dernier signe, puis se détourne.
Sa fenêtre est plus grande que celle de Sasuke, ou juste plus basse. En tout cas, il peut voir le plancher de Naruto. La lumière s'éteint, la fenêtre devient noire.
Sasuke soupire et se saisit de son téléphone.
«Je le vois à travers sa fenêtre!» qu'il texte à Suigetsu.Ça n'aidera pas la situation, mais il est énervé et il a besoin de ventiler.
Il reçoit une cascade de «hahaha,» en réponse. Il imagine très bien son pote se foutre de sa gueule en plus. Mais la situation est drôle, il doit bien le reconnaître. Il pouffe à son tour, pas de sa faute, cette excitation d'adolescent est revenue en lui.
«Sui, j'ai l'impression d'être de retour chez mes parents à stalker le voisin, à 15 ans!» « creep »Sasuke laisse filtrer un son un peu étranglé et pathétique. Ouais, il a peut-être un côté voyeur creepy.
Son téléphone vibre encore.
«C'est cool ce qui t'arrive Sasu! J'espère que vous allez trouver une solution. Bonhomme sourire.»Sasuke soupire et balance la machine sur le sofa. Film. Bouffer. Dormir.
Il n'y avait pas de solution. Même avec ce foutu vaccin la situation n'allait pas miraculeusement s'améliorer. Du moins, il était trop cynique pour sauter de joie si vite.
Finalement, la vie a repris son cours assez rapidement. Sasuke continue à regarder par sa fenêtre régulièrement, mais le timing ne semble jamais bon.
Ils se sont croisés une fois à l'épicerie, quatre ou cinq jours après leur rencontre, mais c'était trop rapide. Tous deux étaient pressés, des réunions zoom, le boulot. La vie quoi.
D'ailleurs, le soir même ils s'étaient fait signe à la fenêtre. Sasuke trouve toujours ça un peu bizarre, mais pas Naruto apparemment. Il rit à chaque fois.
Mais du coup, Sasuke abandonne un peu. Il a fini par ranger le beau blondinet dans un coin de son esprit. Un divertissement, une belle pensée qu'il ouvre de temps en temps. Une belle pensée qu'il n'a pas le temps d'ouvrir en ce moment précisément parce qu'il a un gros boulot à faire pour le lendemain.
Alors quand il entend toquer à la porte, la première chose qu'il pense c'est «shit, not now». Le cœur battant, il se dirige vers sa porte de cuisine, et voit effectivement Naruto tout sourire, le visage baigné de soleil, sur son balcon. On est en mai. Il fait enfin beau. L'été s'en vient.
Il soupire.
Qu'est-ce qu'il fout là? Aujourd'hui précisément? Il ne pouvait pas choisir hier ou avant-hier, quand il n'avait rien à foutre de ses journées?
Naruto lui propose une marche. Il fait beau, c'est l'occasion.
Sasuke soupire encore en déclinant.
Il a rarement autant maudit sa vie.
Naruto semble déçu, mais fait visiblement de gros efforts pour pas trop le montrer. Ce qui ne marche pas vraiment. Du tout même. Très mauvais pour cacher ses émotions, le garçon.
Mais Sasuke reconnaît l'effort. Et tire également une légère satisfaction à constater la déception de l'autre. Quelque chose en lui est rassuré. Il n'est pas le seul à avoir un crush.
Maladroitement, perdu au milieu d'une dizaine d'interjections et de périphrases, Naruto lui demande son numéro. Pour planifier une marche le weekend prochain.
Puis il repart.
Tout sourire.
Et Sasuke est un peu moins énervé.
Il passe quatre heures sur sa programmation à en avoir mal au crâne. Il est en colère contre son boss qui lui demande à la dernière minute des contrats de ce genre, alors que ça fait plus de quinze jours que lui-même le questionne sur ce qu'ils devraient présenter à leur futur investisseur. Il a les boules de devoir mettre sur pied en 24 h tout un logiciel d'analyse statistique, travail qui aurait dû prendre une bonne semaine. Il en veut à son boss de ne pas être capable d'anticiper. Il s'en veut de ne pas avoir anticipé lui-même parce que, dans le fond, il savait très bien ce qu'ils avaient intérêt à présenter, probablement mieux même que son boss, alors il aurait pu tout simplement outrepasser sa hiérarchie et prendre les devants. Personne n'aurait rien su et il aurait pu voir Naruto.
Il se décale de son bureau en râlant. Il ne râle pas d'habitude. Il exécute. Il s'en fout. Il n'a rien d'autre à faire. Mais aujourd'hui… ouais, aujourd'hui il aurait pu faire autre chose et ça le fait sacrément chier.
Il va donc dans sa cuisine pour se refaire un café — à 19 h! —, quand il aperçoit Naruto à moitié nu dans sa cuisine. C'est un réflexe maintenant, à chaque fois qu'il entre dans sa cuisine, il la traverse pour aller voir ce qu'il se passe en bas. Et aujourd'hui, c'est une alléchante surprise qui l'attend.
Qu'est-ce qu'il peut bien foutre en boxer dans sa propre cuisine!?
Il relooke consciencieusement le spécimen qui s'agite en bas et serre les lèvres.
Il est définitivement de son goût. Mignon. Bien dessiné. Musclé, évidemment, vu toute la gonflette qu'il fait, mais pas du tout dans le genre ostentatoire. Il avait un petit gabarit qui convenait parfaitement à Sasuke. Lui-même n'était pas très grand.
Devant ses yeux amusés, le blond continue à dandiner des fesses sans grand raffinement. Il se demande bien quelle musique le pousse à se trémousser ainsi.
Comme à chaque fois, à croire qu'il a un radar, le blond lève les yeux dans sa direction. Par réflexe, Sasuke se colle au chambranle de sa porte.
Il s'est encore caché.
Il s'insulte copieusement pour son comportement d'adolescent et insulte au passage Naruto qui doit avoir un troisième œil pour toujours le repérer quand il le regarde. Ça, où le blond lui aussi le cherche du regard régulièrement. Peut-être qu'il lève aussi souvent les yeux vers sa fenêtre que Sasuke ne descend les siens vers sa cour.
Mais bref, peu importe, Sasuke est toujours coincé dans l'angle de sa cuisine comme un idiot. Il glisse un œil vers la fenêtre, faisant bien attention à ne pas être vu, et jure en voyant Naruto maintenant collé à la sienne, la tête levée vers lui.
Sasuke grogne et se rencogne dans son angle de mur.
Absurde.
Il est ridicule.
Dans sa poche, son téléphone vibre et le sort de son autoflagellation.
C'est Naruto.
Il s'insulte encore. Il avait complètement oublié qu'ils s'étaient échangé leur numéro plus tôt dans l'aprem.
«Es-tu à ta fenêtre? ? ?»Sasuke se mord la lèvre. C'est sûr que Naruto l'a vu! De quoi va-t-il avoir l'air maintenant!?
Il contemple son écran, espérant peut-être qu'en le dévisageant assez longtemps, une solution allait miraculeusement lui apparaître. N'importe quoi pour l'extirper de cette nouvelle situation humiliante.
Mais non, hein, évidemment.
«Je devrais?» envoie-t-ilÉvitons juste d'avouer qu'il n'est qu'un foutu stalker creepy dans le placard.
La réponse tarde et il jette un coup d'œil à sa fenêtre. Naruto est toujours en boxer, la tête courbée sur son téléphone. Concentré. Puis il voit les doigts s'activer, et la tête se relever.
Vite, Sasuke se cache de nouveau. Le téléphone vibre.
«Tu veux rire un peu?»Puis vibre encore.
«Pour te faire un mini break dans ta journée boulot»Cette fois Sasuke répond avant même de réfléchir. Ses doigts s'activent:
«Sure»Il espère que Naruto n'est pas gêné par ses changements anglophones. C'est souvent plus fort que lui.
«OK, viens»Oh qu'il aimerait se dit Sasuke.
Il observe sa cuisine et envisage de la remonter à quatre pattes pour pouvoir avoir l'air d'apparaître magiquement de l'arrière. Mais… nh. Il se tourne et apparaît simplement, bras croisés.
En bas, l'autre semble exploser de rire.
«Tu étais à ta fenêtre tout ce temps! ? je sais qu'y a pas de pièce à droite de ta porte!»Et une dizaine de bonhommes sourire pleurant aux larmes.
Sasuke sourit.
Il n'est pas contre un peu d'autodérision.
Et il ne va certainement pas s'abaisser à se justifier:
«Alors?»Devant lui, Naruto se remet à écrire.
«Mmh, j'hésite là! Tu m'as probablement déjà vu me ridiculiser en dansant. Je suis sûr que tu as déjà ri de moi!»Naruto relève les yeux toutes les 10 secondes pour l'observer. Comme s'il avait peur de le voir disparaître. Sasuke reste bien en place pourtant. Bras croisés. À observer, et à imaginer tout ce qu'il rêverait de faire à la personne en bas pour prendre un vrai break.
«Je ne suis pas contre un repeat», écrit-il.Naruto semble hésiter après avoir reçu le message. Sasuke l'a peut-être mis mal à l'aise finalement. Il reprend son appareil :
«Je dois retourner travailler anyway, t'inquiète. Merci pour le show.»Et il ajoute un bonhomme sourire. Naruto doit être du genre à aimer recevoir des smiley vu qu'il en met partout. C'est pas mal le mieux que Sasuke puisse faire.
Il quitte la cuisine, mais l'appareil vibre encore une fois dans sa main.
«ATTENDS!»Il s'arrête, à mi-chemin vers son bureau.
«Est-ce que tu as aimé ce que t'as vu? ?»Sasuke sourit. Quelle question. Oui, il avait aimé ça. Plus qu'un peu.
« À ton avis...».À peine lu, un autre message apparaît à toute vitesse.
Son cœur a gentiment commencé à accélérer depuis qu'il s'est fait attraper à la fenêtre.
«Repeat amélioré?»Sasuke hausse le sourcil.
«Reviens!»Il pouffe, calme la crainte mêlée de curiosité avide qui lui serre le ventre, et diligemment, retourne vers la fenêtre. Il n'allait pas refuser quoi que ce soit à Blondinet. Il l'avait déjà bien trop dans la peau pour ça.
«Tu as deux minutes» envoie-t-il, histoire de garder un semblant de contrôle sur la situation.Il reçoit plein de smiley gênés en réponse.
Puis un autre message
«OK, mais te moque pas d'accord? Je ne suis pas un super danseur». «J'ai vu ça» Smiley qui tire la langue. «I could find many things to do with that…» Smiley gêné encore. «Il te reste 1 min 30 s» «Merde Sasuke t'es pas possible!»Sasuke pouffe. C'est décidément facile et très divertissant de faire marcher Naruto. Il ferme l'appareil, et se met bien en face de la fenêtre. Histoire que Naruto comprenne qu'il est prêt.
En face, l'autre rigole et s'ébroue un peu, puis se penche vers ce qui doit être une enceinte, pour monter le son peut-être, et enfin, enfin, commence à danser pour Sasuke.
Et Sasuke regarde, un peu fasciné et émerveillé, la facilité avec laquelle ce crétin se donne en spectacle. En riant, avec une simplicité charmante. Sasuke commence déjà à se mordiller les lèvres. Le mouvement ralenti, Naruto perdant progressivement en timidité. Peut-être a-t-il les yeux fermés. Il le sent apprécier le moment, se faire plaisir en dansant.
Et le mouvement ralentit encore, se concentre dans les reins et le bas de son dos, qu'il a d'ailleurs joliment courbé. Dans ce qui semble être une lourde expiration, Naruto se cambre et ses mains viennent se poser sur son torse. L'idiot a plutôt l'air de savoir ce qu'il fait finalement. Et il regarde ouvertement dans sa direction. Toute gêne a disparu. C'est sensuel et Sasuke aime ça. Il aime vraiment ça.
Après un regard qui lui refile des frissons d'impatience malgré la distance et les deux putains de fenêtre, Naruto se détourne un peu et pose les deux mains sur le comptoir à sa droite. De profil maintenant, il se cambre encore un peu plus, mettant bien en valeur son petit cul moulé dans ce boxer rouge. Ses cuisses sont musclées, charnues, et God que Sasuke se verrait bien mordre dedans. L'abdomen ondule lascivement, évoquant de façon très imagée ce que Sasuke pourrait faire à Naruto. Mais tout ça, tout ce corps parfait mis à disposition du regard de Sasuke n'est rien comparé au visage souriant, au sourire large qui semble barrer le visage du danseur improvisé. Sasuke grogne, cet idiot le fait bander, et pourtant il ne voit quasiment rien, Naruto est trop petit en bas, aucun détail ne peut lui apparaitre et, si cela a le pouvoir de stimuler grandement son imagination, il en va de même avec sa frustration. Il n'allait jamais pouvoir se remettre au travail après ça!
D'une main il replace son sexe qui gonfle doucement dans son pantalon. Naruto n'a même pas fini. Sans se préoccuper le moins du monde du voisinage, Blondinet passe la main sur son caleçon. Sasuke est sûr qu'il le regarde en même temps, et il recommence, et le savoir probablement excité, bandé peut être, force sa propre excitation à s'emballer un peu plus.
Il se redresse et rouvre ses messages :
«Tu sais que je ne suis peut-être pas le seul à te regarder?»En recevant le message, Naruto arrête ses mouvements. Sasuke en est autant triste que soulagé. Naruto jette automatiquement quelques coups d'œil à sa fenêtre. Un peu tard pour s'en préoccuper, mais bon.
«Ouais, j'y avais pas pensé…... Mais c'est pour toi je m'en fous des autres!»Sasuke sourit, typique de Naruto. Puis de loin il voit la main se poser à nouveau sur le boxer rouge. Such a tease ! Sasuke se mord la lèvre en insultant Naruto de tous les noms. Il ne sait pas quoi répondre au message. Et Naruto semble toujours le regarder, attendre, incertain lui aussi.
C'est une situation impossible n'est-ce pas? Il se passe une main sur le visage en maudissant son érection lancinante, puis recommence à taper.
«C'est officiel je te déteste» «Tu as aimé? ? ? ?» reçoit-il immédiatement. « Oui, idiot…»Il relève de nouveau ses yeux sur lui et le voit rire. Lui tirer la langue, même. Et une douce chaleur lui envahit immédiatement la poitrine.
Ils s'observent encore. Tout deux incapables de savoir quoi faire. Que devrait-il dire? OK, merci pour le break, je suis bien détendu maintenant? ? Il était tout sauf détendu, et la perspective de travailler, là maintenant, tout de suite, clairement passée aux oubliettes.
Naruto écrit.
Son cell vibre.
«je suis excité» «Moi aussi», répond-il aussitôt.L'absurdité de cette situation est néanmoins très plaisante. Délicieuse. Il n'avait pas été excité ainsi depuis longtemps.
Soudain, Naruto s'agite. Bouge. Il va à son comptoir, revient, à son enceinte, revient, à l'arrière de sa pièce pour attrapper un truc que Sasuke ne peut identifier, revient... Sasuke se dit que ça y est - il va partir. Mais non, le blond s'allonge sur une serviette, sur le sol de sa cuisine.
Oh God.
« Tu peux me voir? »Sasuke avale sa salive, répond oui, et immédiatement Naruto enlève son caleçon.
Le cerveau de Sasuke court-circuite un instant, en même temps qu'il jure une énième fois contre la distance.
«Je suis vraiment bandé là. J'aurais envie que tu viennes me bouffer et me prendre là dans ma cuisine.»Sasuke grogne et relève encore les yeux. La silhouette est longue, dorée, invitante, il ne voudrait rien de plus que ravager ce corps parfait.
«Pour ce que ça vaut… je ne suis pas du tout contre l'idée»Envoit-il en soufflant et en pressant encore sa main contre son jean.
«Je sais… Je suis désolé. Bonhomme triste.»Les maigres espoirs de Sasuke peuvent donc s'envoler. Mais sa curiosité reste toujours aussi avide. Et son excitation présente. Il a toujours été un peu voyeur, dû peut-être à ce fantasme sur son voisin quand il était ado, mais jamais encore il n'avait exploré ce kink.
Naruto commence à se caresser devant lui. Une main bien accrochée à son téléphone, l'autre traversant tranquillement le torse vers le sexe tendu. Sexe qu'il aimerait voir mieux, d'ailleur.
« Just so you know… I won't sex-talk you »Il fallait qu'il le prévienne avant que cette situation n'aille plus loin. Il n'avait jamais été très à l'aise dans les soi-disant relations sexuelles par messages interposés. Il avait rien contre le sexe virtuel en soi. Mais trouver quel message envoyer, quels mots plairaient au partenaire, c'était juste une source d'anxiété pour lui.
« Pas besoin. Ça m'excite suffisamment de savoir que tu me regardes »Les mouvements sont longs et fluides. La main souple sur la verge. Elle prend son temps.
Celle de Sasuke est plutôt crispée sur le plan de travail. Lentement, il expire, puis commence à ouvrir les boutons de son pantalon pour accéder à son sexe. Il ne perd pas Naruto des yeux. Il frissonne quand sa bite se retrouve à l'air libre. Il ne s'est jamais masturbé dans sa cuisine. Il rechigne à se caresser plus ouvertement et s'empare encore de son téléphone
«God I 'm losing my mind over there. You're killing me»Naruto se tord un peu pour voir le message, mais la main continue son mouvement.
Le message suivant est une suite de lettres incompréhensibles. Belle façon de lui faire comprendre qu'il perd ses mots. Sasuke inspire lentement, les yeux faisant constamment des allers-retours entre cet apollon étalé nu sur le carrelage de sa cuisine en train de se branler sans pudeur, et l'écran de son téléphone.
Cette fois ses doigts s'enroulent autour de son sexe et remontent jusqu'à son gland qu'il enserre un peu plus fort.
Meilleur que du porno s'était-il dit en le regardant s'entraîner. Et bien, au moins maintenant c'est vrai.
Il n'en revient pas que Naruto se donne complètement en spectacle pour lui ainsi. Il est allongé, les jambes relevées et écartées, complètement offert à Sasuke. La situation est un peu injuste d'ailleurs. Naruto est seul, sans vraiment de support pour maintenir son excitation autre que son imagination, non pas que cela ait l'air de lui manquer, il a peut être une petite tendance exhib le blondinet.
Mais quand même, Sasuke se sent un peu coupable de sa passivité. Il se saisit de son téléphone et oriente la caméra vers le bas de son corps. Il peut peut-être faire quelque chose.
Il déboutonne sa chemise et trouve un plan qu'il juge plutôt excitant. Le bas de son ventre, le V parfait de ses hanches, la ligne de poils noirs descendant directement vers son sexe, et celui-ci, bandé, caché par sa main.
Il envoie et retourne immédiatement les yeux sur Naruto. La réaction est plaisante. Naruto se redresse surpris, et contemple la photo, une main crispée sur son sexe. Il pianote sur l'écran, peut être qu'il zoom sur la photo de Sasuke. Puis il se rallonge, ses gestes sont hésitants, saccadés presque, Sasuke sourit du petit effet qu'il semble avoir eu sur le jeune homme.
Une minute après, il reçoit une bardée de smiley, et d'émojis en tout genre censés illustrer son état. Puis la main retourne vers le sexe toujours dressé, un peu absente, l'attention de Naruto toujours tourné vers le téléphone.
Si seulement il pouvait…
Il n'est pas sûr d'oser demander.
Mais Naruto n'a pas l'air du genre timide.
«finger yourself»Il a envoyé.
Sasuke prend une inspiration, sa température corporelle est toujours aussi haute, il ne serait pas surpris d'avoir pris au moins 10 degrés juste parce qu'il a osé demander ça. Il espère vraiment que Naruto va «obéir», même si une part de lui le redoute tout autant. Ça ouvrirait la porte à beaucoup d'autres fantasmes.
Il reçoit encore 40 smiley en réponse. Mais le blond obtempère. Il le voit relever les jambes, poser le téléphone, humidifier ses doigts, et Naruto le fait tellement de putain de lentement que Sasuke veut mourir et lui hurler d'accélérer. Venir et fracasser sa vitre pour le faire lui-même.
Il le voit plonger sa main entre ses cuisses, commencer à se caresser, utiliser l'autre main pour continuer ses va-et-vient absurdement tranquilles sur sa verge. La tête est relevée en arrière. La bouche ouverte, les yeux probablement fermés, concentré. Sasuke voudrait envahir cette bouche. L'embrasser, la vénérer, fusionner avec elle pendant que ses mains s'activeraient sur lui plus bas. Il voudrait l'entendre gémir. Perdre pied progressivement, s'abandonner au plaisir, devenir plus rouge, plus haletant.
Sa main se crispe sur son sexe. Il expire lourdement.
Des jumelles, putain !
«You should see yourself» envoie-t-il.Même s'il aurait voulu voir mieux, il doit tout de même admettre que cette silhouette écrasée dans sa cuisine, encadrée par ce putain de rectangle de fenêtre le rend un peu fou. Elle a un goût d'interdit, avec son attitude avachie, complètement ignorante des regards posés sur elle, perdue dans son plaisir solitaire. Sasuke ne peut se sortir de la tête qu'il observe quelque chose de privé, qu'il ne devrait pas regarder, et cette pensée sournoise l'excite encore un peu plus.
« Beautiful fucking idiot doing whatever I ask.»La silhouette s'arrête encore dans ses mouvements lascifs pour se saisir du téléphone et regarder les deux derniers messages de Sasuke. Il suppose qu'il rit au tressautement de sa poitrine.
« aaaah check qui c'est qui sexe talk d'un coup!»Sasuke grogne.
« Shut up and keep thrusting »La tête de Naruto retombe, et se secoue un peu, un rire encore. Sasuke voit les répercussions de son message dans le corps du jeune homme. Une crispation cambrée. Une main sur son sexe. Il l'excite. Alors il continue :
«Je parlerais moins si j'étais avec toi là, ma bouche aurait bien mieux à faire» «fucking tease! Comme quoi !?» «Just ravaging you» « Aaaah je te déteste!»Avec un peu d'emportement, Naruto se retourne, se met à quatre pattes, son cul bombé bien visible, de biais. Il peut voir le reste de son corps comme ça. Un bout de son cerveau l'abandonne un peu plus. Naruto est immobilisé sur un coude, alors que ses doigts qu'il vient d'humidifier jouent encore avec son anus. Puis le corps entier se crispe, se tord pour donner plus d'accès, le bassin en rétroversion, la pénétration bien entamée. La bouche de Sasuke est asséché, il est pendu aux gestes de Naruto.
Quelques secondes immobiles et le corps enfin recommencent à onduler, le bassin se soulevant et s'abaissant sur les doigts. Le bras ne supporte plus rien, et le buste s'affaisse vers le sol. Une main à l'avant occupée à le branler, une main à l'arrière occupé à le doigter. Le visage écrasé sur le plancher.
Et le bassin continue à danser, vers l'avant dans son poing, vers l'arrière sur ses doigts. Le rythme accélère et naturellement Sasuke accélère aussi. Il suit les mouvements de Naruto. Sa main est enroulée sur son sexe, et fermement ses doigts montent et descendent rapidement sur son gland. Il embrasserait cette nuque, et le redresserait, en plongeant sa main dans cette tignasse échevelée. Il écarterait lui-même ces fesses fermes. Fuck, il lui boufferait le cul et le ferait crier au point que les voisins cette fois seraient forcés de savoir qu'il est sien.
Mais subitement, alors que Sasuke est tout à ses fantasmes, Naruto s'arrête et roule sur le côté, s'empare de son téléphone qu'il avait délaissé.
...
Naruto l'appelle.
Il reste quelques secondes interdit, à contempler son écran.
...
— Nh, répond-il finalement.
La respiration de Naruto est hachée à l'autre bout du fil, et elle lui fait des choses qu'il n'est pas vraiment capable de nommer.
— Besoin de soutien idiot? se moque-t-il gentiment, incapable de cacher la chaleur de sa voix.
— Je — euh — je — j'ai besoin de mes deux mains. Me suis dit c'était plus pratique.
La voix est tellement haletante que chaque respiration envoie dix images indécentes à Sasuke
Il grogne.
Un rire étouffé se fait entendre à l'autre bout du fil.
— C'est OK pour toi? Reprend Naruto.
Sasuke se contente d'acquiescer, d'un «ah» contenu, à peine intelligible, mais de toute façon lui et Naruto n'en sont plus à se tenir de joli discours, enfoui comme ils le sont dans l'excitation du moment.
Naruto pose le téléphone devant et se remet en position. Sasuke entend tout maintenant.
— Putain, halète l'autre dans le combiné, directement dans ses oreilles, merde, je suis vraiment excité.
Horny serait plus juste, se dit-il.
— Le pire c'est que c'est trop pas confortable comme position, se plaint l'autre. J'ai les genoux en feu.
Il ne peut qu'acquiescer. Allongé sur un carrelage, même si c'est beau à regarder et même s'il a mis une serviette, ce n'est pas ce qu'il y a de plus douillet.
— On devrait être dans un lit, grogne-t-il en retour.
Naruto pouffe encore.
— Avoue que c'est vachement plus original comme contexte.
Sasuke acquiesce. Oui. Définitivement.
— Plus frustrant aussi.
Il ne peut plus détacher ses yeux des genoux de Naruto maintenant. Ils vont finir rouges, et bleus si cet idiot s'entête.
— Mets-toi confortable, Naruto, répète-t-il.
Il l'entend gémir un peu plus fort.
— Putain. Ça devrait être interdit d'avoir une voix comme ça, Sasuke! À chaque fois que tu dis mon nom, j'ai la bite qui saute dans ma main.
Il pouffe.
— Naruto.
— Haaan - oui! Enfoiré.
— Mets-toi confortable.
— Non. Je - J'aime ça, j'imagine que c'est toi qui me prends, j'aurais mal aussi. J'aime ça. Ça me — han — je te sens en train de me regarder et ça m'excite. Je suis putain de bandé Sasuke.
Un couinement plus aigu semble surprendre Naruto lui-même. Sasuke se mord les lèvres. Fuck. Il sent son corps se tendre dans un besoin violent d'agripper l'autre. Il sait, il reconnaît les sons de celui qui s'offre.
— Quoi ? What did you do ?!
— Rien, juste, euh — han —, juste un spasme. Juste sensible… Juste aarh, tout ça.
Les mouvements de Naruto sont moins réguliers maintenant. Toujours cette danse de va-et-vient, toujours ses mains qui prennent soin de lui à sa place. Mais de façon plus brusque. Plus impatiente. Il voit les doigts si peu enfoncés, au maximum de leur capacité pourtant, et un râle de frustration lui échappe encore.
— Sasuke? Appelle-t-il, la voix un peu plus rauque et fiévreuse. Il a toujours le téléphone collé à l'oreille.
— Sasuke, est-ce que tu te masturbes toi aussi ?
Sasuke ferme les yeux. Ses mouvements ont ralenti. Il est bien trop excité. Son gland suinte maintenant.
— Non, je suis resté de glace à te regarder te donner en spectacle.
— Raah, Sasuke-connard, tu me donnes envie de te punir quand tu me parles comme ça.
Une respiration hachée lui échappe, un rire dans un souffle.
— Pourquoi pas... Tu crois pouvoir me mater Naruto?
Un son claque dans le combiné, un rire comme un jappement.
— Si fier, mon voisin. Ça ne me fait pas peur en tout cas, Mr le Top, juste que tu le saches, je top aussi.
— Je n'en ai jamais douté, sourit Sasuke, sardonique. Mais c'est pas moi qui était eager de me faire prendre dans ma cuisine, han ?
Le rire étouffé de Naruto et ses insultes lui plaisent. Ils ont l'air tellement compatibles.
— Je - je t'entends respirer, tu te caresses aussi, hein?
Sasuke prend une lente respiration, il sent l'autre attentif à l'autre bout du fil. D'ailleurs les mouvements ralentissent.
— Ne t'arrête pas. Reste concentré.
Un gémissement plaintif lui répond.
Et il adore.
Et les mouvements reprennent.
— Ah, acquiesce-t-il, comme ça.
— Sas'ke, grogne la voix, toujours rauque, mais avec une pointe de frustration.
— Oui crétin, je me caresse. Tu m'excites, figure toi.
Il jette un œil à son pénis bandé qui pulse et suinte impatiemment dans sa main.
— I m very wet if you wanna know. I could be ready to fuck you anytime now.
Une série de jurons lui répond.
— Putain, quand tu parles anglais, avec ta putain de voix grave, je – j'ai un truc qui pète dans le cerveau, je —.
— Tu me crois ? Que je me caresse?
— Oui, je suppose…
— Listen, then.
Et Sasuke amène le combiné vers son sexe qu'il branle un peu plus fort en expirant ferment pour ne pas pas jouir. Il ne peut pas activer la caméra sans interrompre la conversation. En bas, il le voit saisir brutalement le combiné pour le rapprocher de son oreille.
Et Sasuke accélère encore un peu. Juste pour produire plus de frottement, plus de ces sons moites et humides, si suggestifs. Ses caresses lui arrachent un gémissement sourd.
En bas, Naruto accélère subitement ses mouvements. Son bassin s'immobilise et les mains s'activent.
Shit.
Il l'entend jurer dans le combiné et Sasuke le ramène à son oreille en arrêtant ses mouvements. Il est fucking proche.
— Convaincu maintenant?
— Putain, halète Naruto, Sasuke c'est du putain de porno audio ça, je — putain, ta voix, ses sons — Je suis – merde. Je suis vraiment excité là…
Sasuke rit doucement, et expire lourdement.
— Moi aussi.
— Est-ce que – est-ce qu'on continue Sasuke? demande Naruto.
Il se mord la lèvre. Comme s'il allait arrêter maintenant.
— Je ne suis pas prêt à retourner travailler, répond-il dans une respiration.
Naruto rit légèrement au bout du fil, entrecoupé de gémissements retenus.
— Parfait commente-t-il. Je veux dire… j'aurais pu continuer tout seul, ta pause a peut-être assez —
— Shut up, le coupe Sasuke. Il sait que Naruto le nargue. Ils sont tous les deux clairement trop excités pour arrêter maintenant.
— Et doigte-toi c'est ça? Uurrg. Avec — aah — plaisir.
Naruto n'a jamais vraiment arrêté de se caresser. Il est de plus en plus perdu dans cette frénésie de plaisir. 10 minutes au moins qu'il est écrasé sur son carrelage. Un partenaire qui se perd autant, Sasuke en a toujours rêvé.
— Tu as mis combien de doigts Naruto?
— Deux...? l'entend-il répondre, un peu étranglé et interrogatif, ses mouvements ralentissent d'ailleurs. Sûrement il sait ce que Sasuke va lui demander…
— Trois. Murmure-t-il.
Et l'autre couine en réponse. Bredouille quelques excuses inutiles tout en se contorsionnant tout de même pour venir recouvrir tous ses doigts de salive .
Mmpf.
Fuck.
Indécent.
—Did you just taste yourself ?
— C'est pas comme si j'avais le choix, j'ai pas l'anus élastique enfoiré.
—You like that.
— Putain oui.
Et peut être pour se donner un peu en spectacle, peut être pour allumer Sasuke, Naruto avale un peu plus sa main, puis la ressort et la re-rentre, dans une cascade de bruit de succion qui s'impriment directement sur le tympan de Sasuke.
Fuck.
Puis la main retourne vers la chute de ses reins, vers son cul qu'elle effleure à peine. Puis le corps encore se fige, la tête s'abaisse, concentrée, et un souffle plus long résonne. Naruto respire, relâche, et geint quand sûrement ce troisième doigt fait son entrée.
— Good boy, s'entend-il dire, incapable de résister à l'envie de le provoquer.
Il joue, mais il est pas mal perdu lui aussi. Une apparence de self-control, c'est pas mal tout ce qu'il lui reste, quand en vérité sa bite pulse frénétiquement dans sa main depuis déjà plusieurs minutes, le suppliant de continuer ce qu'il a arrêté pour ne pas jouir trop vite.
— Je veux jouir en te regardant jouir Naruto.
Il serre son pénis rapidement, un peu plus fort, sa respiration se bloquant devant la décharge de plaisir qu'il s'envoie.
Ses mots semblent avoir réveillé Naruto qui, encore en train de s'habituer à ce troisième doigt quelques secondes avant, se met subitement à s'enfoncer dans ses deux mains en grondant. Sa voix résonnant dans le combiné.
— Enfoiré! Je — Haa — putain c'est bon — c'est frustrant.
— Go faster.
— OK, répond l'autre faiblement en obéissant.
Et le corps devient frénétique et furieux. Sasuke n'ose penser aux personnes qui pourraient l'observer ainsi. Cette vision le précipite un peu plus. Un homme en train de se branler et de se doigter dans sa cuisine, qu'il observe sans qu'il le sache. Voyeur. Interdit. Privé. Mal.
La voix se fait encore un peu plus plaintive et Sasuke ferme les yeux pour se concentrer sur Naruto. Pour savourer cette délicieuse sensation d'abandon qui gonfle en lui. Ces sons directement connectés à son sexe, qui le font se tendre sans qu'il n'ait besoin de rien faire. Un amalgame de halètements et de gémissements. Une si perverse mélodie.
— Rah, putain j'en reviens pas que j'ai le cul en l'air dans ma putain de cuisine.
Sasuke pouffe, ramené à la réalité de son fantasme.
— C'est exactement pour ça que c'est tellement hot.
Il l'imprime sur sa rétine. Ce corps dont il avait tant rêvé. Qu'il avait tant dénudé! Et qui s'offrait maintenant à lui pleinement consentant, plus indécemment encore que dans son imagination.
— Ah, j'en reviens pas que je me donne en spectacle comme ça alors qu'on se connaît à peine, continue l'autre.
— Petit joueur, se moque-t-il.
L'autre lui renvoie un "enfoiré" étouffé et s'active un peu plus fort. Poussant de plus en plus de cris indécents. Pour lui montrer peut-être qu'il n'a rien d'un puceau effarouché. Cet aspect compétitif du jeune homme plaît à Sasuke. Il est généreux. Présent. Il se donne sans retenue.
— Pff. Moi, petit joueur? Je me retiens de ne pas dire de saloperies depuis tantôt, connard.
— Ne te retiens pas, idiot. Parle. Grogne-t-il.
— J'aimerais tellement que tu — que je — et Naruto semble hésitant pour la première fois. Pas longtemps. Très vite, il prend confiance et s'emballe, allumé par sa propre fièvre.
— Putain, j'ai tellement envie que tu me prennes, enfoiré. Je suis sur que tu es en train de me regarder tout calme, ta main caressant tranquillement ta bite gonflée, tout fier et tout arrogant, alors que moi je me démène comme un putain de bottom en manque, sur mes deux putains de mains qui sont putain d'insuffisantes!
Sasuke écoute, un peu subjugué, les vocalises de son partenaire, ces mots lui font des choses qu'il apprécie plus que de raison.
— Tu as certaines idées à mon égard qu'il va falloir que je rectifie, gronde-t-il.
Vraiment. Il n'a aucune idée de l'état dans lequel il est en ce moment.
— Arrête de te plaindre, reprend-il, tu dois bien aimer ça un peu, te donner en spectacle, pour être aussi excité depuis au moins 15 minutes…
Et il a sûrement tapé juste vu le gémissement qui suit. Vu les tressautements compulsifs qui agitent le corps nu.
— Sasuke, tu m'excites. Si tu m'excites autant alors que je ne peux même pas te voir j'ai peur du moment où on — où — Putain. Sasuke, J'ai envie de me faire défoncer le cul par toi. J'en ai eu envie dès la première fois que je t'ai vu. Avec tes beaux yeux noirs intimidants.
La tête de Sasuke tourne. Il est perdu dans la cascade de mots de Naruto, dans ses ahanements qui n'en finissent plus. Ces mots crus lui impriment des images dans le cerveau qui le poussent vers la rupture. Il est à deux coups de poignet de venir. Son impudeur. Son désir violent pour lui. Son cul ouvert que fuck il pouvait à peine apercevoir. Tout ça lui vrillait les fucking neurones.
— Naruto, gronde-t-il. Ça fait 5 minutes que j'edge là. Je vais jouir bientôt.
Et Naruto dû sentir que sa voix n'avait plus rien de contrôlé, car il semble atteindre un nouveau niveau d'hystérie
— ok OK OK, je veux t'entendre, reste proche du téléphone s't'plait!
— Toi d'abord grogne Sasuke. Comme si on baisait. Je veux toujours venir après.
— Haaan OK. OK. Redis-moi que tu veux me baiser.
Sasuke se sent rougir. Il ne se sent jamais bon à ce genre de chose. Mais il s'exécute. Naruto aime sa voix alors…
— J'ai envie de te baiser Naruto.
Et la voix réagit immédiatement.
Une belle récompense, qui le convainc de poursuivre ses efforts
— Naruto, I would so be fucking you right now.
— Ah putaiiiin encore! Please.
— I would plumb your tight little ass et fuck you into oblivion if only I could put my fucking hands on you!
– Haaaaaa putain putain putain put – merde je viens — je viens aaaah — mmh —
Sasuke s'avance brusquement contre la vitre pour pouvoir voir parfaitement, momentanément distrait de sa propre érection. Pour voir le corps tressauter, se tordre dans des spasmes violents.
Cette presque mort laisse toujours Sasuke sans voix. Cette transe, ce spasme subit qui vous ravagent le portrait pendant de trop courtes secondes. Jamais assez longtemps.
Le corps s'écroule. Et la respiration au téléphone est erratique, essoufflée, plaintive, mais heureuse. Tellement heureuse.
— Sasuke? Sasuke.
— Oui, je suis là —
— Pourquoi tu ne respires plus?
— Je – je te regardais. Tu étais — well -
Naruto s'étouffe un peu dans un rire.
— Est ce que j'ai fait perdre ses mots à mon voisin arrogant?
— Nh.
Le rire qu'il entend lui rappelle son érection lancinante toujours présente. Il s'en saisit.
— Tourne-toi vers moi tranquillement, demande-t-il.
Naruto s'exécute, échevelé, le corps lourd, les jambes écartées comme s'il n'avait plus la force de les tenir.
Sasuke presse ses lèvres l'une contre l'autre.
Damn it. Ce gars est vraiment son type.
Il se lâche enfin, se masturbe un peu plus fort, à peine.
Fuck.
Naruto se saisit de son téléphone et le met à l'oreille, toujours étalée et tout écartée.
— Putain, je te vois un peu Sasuke, mais je ne vois pas le bas de ton corps, c'est trop pas juste.
Sasuke s'appuie d'un bras à sa fenêtre pour s'en rapprocher, dévisager plus intensément Naruto en bas qui l'observe avec la même ferveur, le téléphone scotché à l'oreille. Il prend une lente respiration qui lui envahit le bas ventre, ses doigts s'attardent sur son gland avec une pression plus forte, et redescendent, puis répète, répète encore le mouvement. Il prend une deuxième respiration qui le renverse, qui retentit dans son appartement, fait vibrer sa voix grave alors qu'il éjacule partout sur son plan de travail.
L'explosion tant attendue est douce et libératrice, il tressaute, toujours appuyé contre sa fenêtre, alors que sa main repasse sur son gland sensible. Dans le téléphone, Naruto se plaint des bruits qu'il fait et qu'il a effectivement arrêté de retenir. Il lève les yeux paresseusement, sa tête lourde, pour tomber sur un Naruto collé à sa fenêtre. Toujours à poils.
— Putain. Ta voix m'excite tellement Sasuke. Entend-il dans le combiné. Je suis presque dur de t'avoir entendu jouir.
Sasuke rit à son tour. Redescendant des vagues son orgasme,
— J'ai mis du sperme partout sur mon comptoir de cuisine à cause de toi.
— Ha! Sexy! Je veux voir ça, se plaint l'autre.
Sasuke rit et ne se fait pas prier. Il interrompt la conversation. Enclenche sa caméra. Envoie, puis rappelle. Il y en a vraiment partout. Traînée blanchâtre peu ragoutante. Naruto n'a pas l'air de partager son dédain. Ça semble plutôt exciter le blondinet. Ce qui est toujours bon à savoir.
— Je ne préparerai plus jamais de nourriture là-dessus, grogne-t-il.
Naruto en est encore à s'extasier de la photo qu'il l'entend murmurer que «dommage, il se ferait bien "écarter" sur ce comptoir»
Sasuke ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel.
— Such a perv.
— Oui. Probablement. Mais un bon coup aussi.
Et autant de satisfaction ne devrait pas être permise. Sasuke sourit bien trop grand maintenant.
— J'ai vu ça, soupire Sasuke en essayant de retrouver un visage normal.
Cet échange n'allait pas atténuer sa nouvelle obsession pour son voisin. Il est pour l'instant tout ce que Sasuke avait toujours recherché dans un partenaire sexuel.
Ils continuèrent à papoter et rire ensemble pour descendre tranquillement de leur orgasme. Naruto éteignit la lumière. Il avait besoin d'intimité, mais ils restèrent au téléphone encore un peu. Jusqu'à ce que Naruto relâche Sasuke en s'excusant de l'avoir retenu aussi longtemps.
Sasuke réussit étonnamment à travailler.
Le lendemain, ils se retrouvèrent pour une marche.
Mais pas longtemps.
Être si proche…
Voir les yeux bleus immenses, et ses lèvres charnues d'aussi près donnait mal au corps à Sasuke.
Ils se quittèrent pour se rappeler immédiatement une fois leur porte fermée.
Leur manège dura environ une semaine. Téléphone, zoom, photos, tout y passa. Tout pour satisfaire leur immense appétit, cette nouvelle énergie imposante qui ne laisse d'autre choix que de se consommer vite et fort. Les après-orgasmes se transformant en longue conversation. Il le textait plusieurs fois par jour maintenant. Et Naruto faisait pareil. Plus même. À croire que tout ce qu'il vivait d'extraordinaire dans sa journée — chose fréquente dans la vie de Naruto — devait être immédiatement rapporté à Sasuke.
Mais la semaine suivante fut plus occupée pour les deux, et les appels diminuèrent.
Sasuke en fut incroyablement irrité.
Anormalement irrité.
Et quand ils retournèrent marcher, la distance fut encore un peu plus douloureuse. Différemment.
Il avait envie de lui serrer la main. Juste ça.
Ils se rappelèrent et cette fois il eut réellement l'impression de faire l'amour avec son amant téléphonique. Moins sexuel. Plus émotif.
Sauf que le manque ne se fit que plus fort.
Au bout de quinze jours, il conclut amèrement qu'il avait plus que le béguin pour son voisin et que tout ça allait mal finir — vu qu'il ne savait pas quand cette putain de pandémie allait finir —.
Et vu les grimaces que faisait parfois Naruto quand ils marchaient, et par hasard se frôlaient, les choses qu'il lui disait au téléphone, ou même ses joues qui rougissaient à tout va, il était pas mal sûr que blondinet était aussi mordu que lui.
Aujourd'hui, Sasuke a la rancœur facile. Tout lui semble amer, sans qu'il ne puisse y trouver de raison rationnelle. Alors il tourne en rond dans ses mécontentements. Et bien sûr, quand soudain Naruto apparaît, il ne peut que constater, impuissant, la disparition subite de tous ses pseudo malheurs. Naruto est là, solaire, le regarde de toute sa joyeuse personne, et tout est beau dans le plus beau des mondes. Hourra.
Sasuke lève un regard sceptique devant cette apparition angélique.
Il fait grand soleil et les rayons se perdent dans les mèches blondes. Il lui manque plus que des fucking ailes se dit-il.
— Hey, commence Naruto, j'ai bien réfléchi —
— Première nouvelle, grommèle Sasuke, s'accrochant aux quelques débris restants de sa mauvaise humeur.
Et Naruto entre. Ce qui est nouveau.
Il n'entre pas de beaucoup, mais il fait au moins un pas à l'intérieur de la cuisine. Un pas en direction de Sasuke qui reste aussi stoïque qu'une statue.
— Hey! Enfoiré, écoute-moi!
Et Naruto s'arrête. Regarde ailleurs, se frotte l'arrière du crâne. Revient sur Sasuke, le dévisage, puis détourne les yeux en cachant très mal le grand sourire que sa simple personne semble lui provoquer. Sasuke Patiente.
— Bon, dans le fond, reprends Naruto, si toi tu es OK avec, euh - avec le risque que je représente, et si, ouais - si toi, tu ne m'en fais pas courir non plus, je - je me disais que peut être on pourrait — um — tu vois? s'autoriser à se voir? Mais euh…
Le visage rond devient subitement tomate. Ce qui serait assez hilarant en soi si Sasuke n'avait pas désespérément envie d'entendre -
— Juste nous?
Sasuke s'adosse à son frigo, et croise les bras pour mieux le contempler bégayer et chercher ses mots.
C'est qu'il en aura mis du temps. Sasuke va devoir travailler sa patience s'il veut développer une relation avec cet homme. But well, la réciproque est vraie aussi. On ne peut pas dire qu'il soit une lumière quand il doit verbaliser ses émotions. Chose pour laquelle Naruto est nettement plus doué.
Il avait espéré dès que les yeux bleus s'étaient posés sur lui. Dès qu'il avait fait ce pas à l'intérieur de chez lui.
Vraiment, cet entêtement le dépassait. Naruto voulait se conformer aux règles et il avait fait de gros efforts pour respecter ça, mais là il n'en pouvait plus.
Dixit sa mauvaise humeur.
Naruto le regarde avec de grands yeux pleins d'espoirs. Patient lui aussi devant le temps de réflexion que prend Sasuke.
Il y a un truc avec ce regard, et cette capacité d'être toujours complètement là. Complètement vrai. Qui le dépasse. Qui l'a finalement complètement charmé.
Il s'approche doucement de l'homme en face de lui. La joie commence à lui pomper les veines, et il pourrait se mettre à sourire lui aussi comme un idiot s'il ne se contrôle pas. Il s'arrête juste un peu moins d'un mètre devant Naruto. Juste pour savourer.
Il ne l'a jamais vu d'aussi près. Il remarque subitement plein de petits détails qu'il avait loupés avant. Les différents bleus qui créent du relief dans ses iris. Les très fines cicatrices sur les joues qui lui donnent un air de renard. C'est absurde, se dit-il, de connaître déjà toutes les intonations que prend cet homme dans le plaisir, mais de ne pas connaître ce genre de détails. Il y a en fait tellement de choses qu'il ne connaît pas encore qu'il en a le tournis.
— Mr Uzumaki, murmure-t-il, seriez-vous en train de m'inviter à faire partie de votre bulle?
Les yeux s'illuminent de sourire.
— Pff! grogne-t-il néanmoins, faussement vexé, alors que ses lèvres s'étirent et s'étirent à n'en plus finir. Tu es vraiment un enfoiré, tu le sais ça?
Une main ferme l'agrippe par le col et le tire à quelques centimètres de la bouche de Naruto. Il ne bronche pas, calme le vertige qui vient de remonter furieusement le long de sa colonne, et se contraint à attendre. Ses yeux toujours plongés dans ceux de son vis-à-vis.
— Putain tu me rends taré, se plaint l'autre.
Sasuke adore voir l'effet qu'il lui fait.
— Tu n'as vu personne ces quinze derniers jours? demande encore Naruto, ses yeux subitement électriques comme pour le défier de lui mentir.
Lentement, il fait non de la tête.
Il pourrait se pencher, à peine, qu'il sentirait ses lèvres sur les siennes. Lèvres qu'il n'a jamais goûtées, qui ont l'air remarquablement ronde et douce quand elles ne sont pas anormalement étirées, ouvertes, et déformé et… nh.
De toute façon le covid peut aller se faire foutre, à cette distance il sent la respiration de Naruto lui effleurer le visage. Clairement, c'est trop tard.
Il grogne d'impatience, et relève ses yeux vers Naruto pour lui signifier son mécontentement.
L'autre se contente de rire et s'approche encore un peu.
— Tu me promets que tu me préviendras si jamais tu veux voir quelqu'un d'autre?
— Je promets, gronde Sasuke un peu trop rapidement. Un peu trop hâtivement. Tu as d'autres questions ou tu vas enfin m'embrasser?
Son ton est sarcastique, mais son cœur est infiniment heureux. Une paix joyeuse l'envahit. Une paix et une excitation fébrile à l'idée de savoir qu'il va enfin, ENFIN, pouvoir caresser ce corps parfait comme il le veut.
Naruto rit, et se mordille les lèvres, dents blanches éprouvant cette fermeté moelleuse que lui n'a pas encore pu toucher une seule fois!
Mais il a fini d'attendre et de se consumer de frustration, car enfin Sasuke le voit céder.
Dans un dernier enfoiré, il se penche, et pose tranquillement ses lèvres sur lui. Immédiatement, Sasuke respire. C'est tendre. C'est parfaitement adapté à ses lèvres. Un truc lâche à l'intérieur de lui.
Ils s'embrassent en riant. Curieux de s'explorer pour la première fois. Puis Sasuke recule dans son appartement, sans lâcher sa bouche, sans s'éloigner de la chaleur de ce corps, sans mettre un fucking centimètre d'espace entre eux, et l'amène vers sa chambre ou il va enfin pouvoir le renverser sur un fucking lit.
Ils rient. Ils prennent leur temps. Et c'est bon.
Ils se revoient plusieurs fois.
Et aujourd'hui, même si le covid n'est pas fini, ce n'est plus tant la merde que ça. Même si c'est long et qu'ils ont hâte que cela finisse, l'important c'est que ceux qu'on aime soient auprès de nous.
Sasuke boit toujours son café devant sa fenêtre.
Mais ce n'est plus cette mélancolie anxieuse et vide qui l'envahit.
Juste de la reconnaissance.
Et voilaaaaaaa,
J'espère que vous avez aimé :D
Hésitez pas à laisser un petit com, ca me colore toujours la journée ! héhé
