Disclaimer : l'univers et les personnages de cette histoire appartiennent à Marvel

J'ai revu une seconde fois la série. Le fandom m'a rappelé à lui :')

Voici une histoire encore une fois plutôt légère (ça semble bizarrement être une tendance pour moi dans ce fandom), qui comportera 6 chapitres pour une longueur approximative de 11 000 mots. L'histoire est écrite (dans mon cahier !) et n'attend plus qu'à être retranscrite sur PC et éditée. Si la motivation est là, je devrais pouvoir la publier en environ une semaine, et j'aimerais bien ne pas dépasser les deux semaines.
J'ai choisi un rating tout public (dîtes-moi s'il y a lieu de l'augmenter) mais il n'est pas impossible que j'ajoute dans le futur un ou plusieurs one-shot avec un rating plus élevé (qui seront alors publiés séparément dans une serie).

Quelques personnages secondaires feront leur apparition (mais je vous en laisse la suprise). Il sera également mention d'évènements de WandaVision qui seront des spoilers majeurs sur la série si vous ne l'avez pas encore vue.

J'espère que vous passerez un bon moment en lisant cette petite fanfiction :)

Une vision pleine de potentiel

Chapitre 1

Sam se trouvait dans cette phase qu'il avait appris à reconnaître où il semblait à la fois déborder d'énergie et prêt à s'écrouler.

Leur dernière mission s'était terminée quelques heures plus tôt, le vol de retour avait été relativement bref et le débriefing à distance peu utile voire limite irritant. Bucky, même avec son métabolisme particulier, se sentait presque éreinté.

La mission avait été difficile, des jours à passer d'un lieu d'affrontement à un autre, des hommes et des femmes qui faisaient office d'autorité cherchant à obtenir des résultats précis mais dédaignant presque les conseils raisonnés de Captain America, beaucoup trop de civils présents au mauvais endroit au mauvais moment. Toutefois, en dépit des circonstances moins qu'idéales, Bucky pouvait dire qu'ils avaient fait un sacré bon travail. Mission accomplie, les méchants derrière les barreaux, ou six pieds sous terre pour les plus vicieux d'entre-eux, pas un civil avec davantage que des égratignures, une bonne occasion de rappeler à ces quelques politiques qu'ils savaient très bien faire leur job sans avoir besoin de leur avis et, surtout, Sam et lui-même s'étaient montrés suffisamment efficaces pour s'en sortir avec rien de plus que quelques hématomes.

Il y avait donc de bonnes raisons pour que son coéquipier soit dans son état actuel, parlant avec enthousiasme, ressassant à voix haute ce qu'il avait décidé d'appeler « les plus grands moments de leur tour express des Etats-Unis d'Amérique », faisant de grands gestes mais vacillant de temps en temps, preuve que la fatigue le rattrapait.

Une victoire écrasante et de vrais sales types arrêtés dans leurs plans. Cela était en partie la raison de la joie presque extatique que Sam affichait, gardée en surface par les résidus d'adrénaline qui circulaient peut-être encore dans son corps. De très nombreux sauvetages de dernière minute, quasiment presque sur le fil du rasoir. Cela expliquait la tension et le soulagement qui se disputaient dans sa voix. Des chargés de mission imbuvables et à la limite de l'incompétence... Ils avaient suffisamment pesté tous les deux sur le sujet pour que leur agacement soit maintenant derrière eux. Et, ce qui gagnait du terrain de minutes en minutes, la raison pour laquelle ils étaient dans son appartement de Brooklyn au lieu de voir Sam continuer en direction de Delacroix, c'était l'épuisement physique.

Porter le bouclier n'avait pas fait de lui un surhomme, même si Bucky se demandait parfois où il pouvait puiser toute cette endurance. En se basant sur l'expérience de ces derniers mois, il s'attendait à ce que Sam soit bientôt libéré de cette agitation, cette excitation, cette nervosité, et s'abandonne aux bras de Morphée pour les prochaines vingt-quatre heures. Il pariait même sur un bon trente-six heures cette fois, cela avait bien été leur mission la plus éprouvante depuis qu'il était devenu Captain America.

Son coéquipier continuait de parler et il hocha la tête, écoutant à moitié ce qu'il disait, récupérant une bouteille de biére dans son réfrigérateur, pour son goût familier et non pour l'effet qu'elle n'avait plus sur lui, puis se dirigea vers le canapé qui avait remplacé le vieux fauteuil. Il garda la boisson dans sa main gauche, son bras droit encore un peu douloureux après sa dernière violente rencontre avec un mur.

Bucky lui-même sentait ses paupières devenir plus lourdes. Il repensait à certains moments de cette mission et pas exactement les mêmes que ceux que Sam mentionnait. Ils avaient réussi à protéger de nombreuses personnes, ils avaient tous les deux reçus beaucoup de remerciements les quelques fois où ils avaient pu s'attarder un peu plus longtemps sur les lieux. Sa vie était rythmée par un sentiment d'accomplissement qu'il n'avait jamais vraiment ressenti avant. La guerre, Thanos, ça avait été différent. Il y avait beaucoup de choses qui le hantaient encore mais il avait atteint un équilibre qui lui semblait chaque jour moins enclin à se briser, le sol était plus solide sous ses pieds et il avait envie de le fouler, d'avancer avec conviction. Sam... le poussait en avant. Ou plutôt, se tenait à ses côtés et donnait tellement de lui-même pour ce qu'il croyait juste que Bucky se sentait irrémédiablement... entraîné.

Il eut un petit sourire en coin en pensant aux quelques fois où ses prouesses physiques et son agilité l'avaient clairement impressionné durant leur longue mission. Cet homme passait son temps à se surpasser. C'était exaltant à observer. Tout comme sa compassion et son empathie, restant toujours aussi présentes en lui malgré l'ingratitude et l'indifférence de certains, étaient réconfortantes, stimulantes et porteuses d'espoir. Un monde protégé par Sam Wilson ne pouvait devenir que meilleur. C'était un combat dans lequel Bucky croyait et il appréciait la place qu'il occupait à ses côtés. Même s'il devait supporter son humour bas de gamme et sa tendance de plus en plus grande à se mettre à dos certains dirigeants, pensa-t-il en souriant un peu plus. De toute façon, quoi que Sam en dise, Bucky avait la répartie nécessaire pour ne pas se laisser démonter et n'était pas un grand fan de ces politiques idiots.

Sans vraiment le réaliser, il avait fermé les yeux et sentait le sommeil le gagner, son esprit dérivant lentement d'une pensée quelconque à une autre, la voix de son ami n'étant plus qu'un bruit rassurant en arrière plan.

Que faisait-il encore ? Il l'avait vu fouiller dans son sac. Il avait cru l'entendre parler d'un snack ? Il avait vidé un verre d'eau, rempli à nouveau, posé dangereusement près du bord de l'évier. Il devrait faire attention à ne pas le faire tomber lorsqu'il retournerait dans la cuisine. Demain. Il allait dormir maintenant. Sam n'aurait pas d'autre choix que de prendre le lit. Il le méritait bien. Même si Bucky préférait de loin la fermeté de son canapé. Les draps étaient propres. Jamais personne d'autre que lui ne s'était glissé dans ses draps depuis qu'il habitait dans cet appartement. Il aurait pu faire pire, Sam Wilson était plutôt un bon parti à avoir dans son lit...

La bouteille de bière éclata sous ses doigts de métal au même moment où il se redressait vivement, les yeux écarquillés.

Un bon parti à avoir dans son lit pour une femme.

Il avait forcément dû penser ça.

Il n'avait certainement pas senti un sourire plaqué sur son visage en pensant qu'il serait un bon parti pour lui.

Non.

Absolument pas.

D'où cela sortait-il ? Ils étaient amis. Coéquipiers. Juste deux gars qui s'entendaient bien à l'occasion et n'étaient pas trop mauvais pour s'accorder sur le terrain.

- ...ucky ? Bucky ? Tout va bien ? Tu as fini par réussir à casser le super-bras cybernétique wakandais ? termina-t-il sur le ton de l'humour, en entrant dans son champs de vision, mais son froncement de sourcils léger dévoilant son inquiétude.

- ...Simple maladresse de ma part, répondit-il évasivement. Je suis fatigué, ajouta-t-il platement.

Il ne savait pas vraiment ce qui s'affichait sur son visage car il focalisait toute son attention sur le fait de ne penser à rien. Ses quelques objections formulées pour tenter de se rassurer lui-même n'avaient pas eu l'effet escompté parce que son cerveau semblait enregistrer des données nouvelles dont il ne voulait pas en observant Sam.

La bière. Le verre. Il devait nettoyer ça.

- Je vais prendre le canapé. La chambre est par là, indiqua-t-il avec son bras droit toujours endolori.

Sam suivit machinalement la direction des yeux puis sa propre fatigue sembla soudain plus marquée sur ses traits. Il revint malgré tout à Bucky, ne semblant pas entièrement convaincu.

- Je n'ai pas mon mot à dire ?

- Non.

- Et tu es certain que tout va bien ?

- Oui.

Son ami secoua légèrement la tête, affichant une expression à mi-chemin entre amusée et ennuyée.

- Très bien, Robocop. Essaie de ne pas laisser le bras fou démolir le canapé, il est plutôt pas mal, lança-t-il par dessus son épaule en récupérant son sac.

Lorsque la porte de la chambre se referma, Bucky laissa échapper un soupir silencieux. Il se leva et nettoya mécaniquement le canapé, le sol et son bras.

La première étape pour résoudre un problème, ou ce qui en a l'apparence, est de l'analyser et non de le réprimer. C'était au moins une chose qu'il avait fini par accepter suite à sa thérapie.

Il avait eu une pensée bizarre alors qu'il était à moitié endormi. Bizarre parce qu'il n'avait pas ce genre d'attirance. C'était perturbant mais pas si inquiétant que ça. Son esprit avait été centré sur Sam durant quelques minutes et, parce qu'il était vraiment fatigué, son cerveau avait fait une étrange association d'idées qui l'avait mené là. Il avait déjà eu droit à des images mentales plus terrifiantes que cela à cause de son temps passé aux mains d'HYDRA. Ce grain de panique qu'il avait ressenti était plutôt stupide, se dit-il en se forçant à rouler des épaules pour libérer sa tension. Bucky ne le dirait pas à haute voix mais il admirait Sam, et il n'en avait pas honte. Pour peu que l'on connaissait l'homme, et que l'on acceptait de voir ce que l'on avait en face des yeux, on ne pouvait pas le considérer autrement que comme admirable.

Il s'assit dans son canapé et fixa le mur, insatisfait envers lui-même. La pensée qui l'avait désarçonné au point de lui faire perdre le contrôle moteur de son bras avait été accompagnée de quelques autres un peu plus dérangeantes également. C'était la première fois qu'il se disait que Sam avait un regard doux lorsqu'il s'inquiétait pour lui. Que s'endormir au son de sa voix était plus agréable que de le faire juste avec le bruit environnant de la ville. Que ses sourires amusés rendait la courbe de ses lèvres désirable.

Bucky jura et pressa une main contre son visage.

Il devait passer trop de temps à l'observer, c'était forcément ça...

...Mais c'était normal de garder un oeil sur lui, ils se couvraient mutuellement leurs arrières sur le terrain. Et puis Sam était un homme chaleureux qui aimait interagir et réclamait souvent son attention. Il était habitué à cela, il n'avait pas besoin de faire d'effort pour être en phase avec lui. Mais Bucky avait sans doute dû en faire trop s'il assimilait les observations les plus anodines à de bonnes raisons pour être attiré physiquement par Sam.

Non, décida-t-il. Il refusait cette conclusion. C'était un hasard. Il était fatigué. Il inventait des choses. Une fois son esprit et son corps reposés, il réaliserait qu'il s'était inquiété pour des bêtises et repenserait à tout cela avec dédain, et peut-être même avec amusement.

Bucky s'allongea dans le canapé, ne prenant même pas la peine de chercher quelque chose pour se couvrir, et ferma les yeux, bien décidé à laisser ces absurdités disparaître dans l'oubli d'une longue nuit de sommeil.