Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.

Note : Participation au challenge d'Avril du Collectif NoName sur le thème Reviens-moi. A la question d'auteur : Quel couple tout fandom confondu avez-vous envie de voir être mis plus en avant dans son fandom ? : je répondrais le Tony/Pepper pour un couple canon du MCU.

Note bis : Cet un recueil d'OS avec le même thème du "reviens-moi". Chaque OS concerne un personnage du MCU à partir des événements liés à Infinity War et Endgame (avant et après le snap de Thanos, donc). J'ai choisi de commencer avec Tony parce que l'idée de ce recueil est venu avec lui.

Note ter : Aussi surprenant que ce soit pour ceux qui me connaissent, cet OS est canon, focalisé sur un couple canon, avec des personnages canon.


Tony


Thanos est mort. Décapité.

Tony sait qu'ils n'ont pas gagné. La moitié de la Terre a disparu. Envolée, dispersée, anéantie en un claquement de doigts. Ce n'est pas une réussite, ce n'est même pas un combat.

Qu'ils sont beaux les Avengers, dans leurs costumes ridicules, à promener leurs symboles qui n'ont plus de raison d'être. L'équipe est fichue, morte elle-aussi, brisée depuis trop longtemps, avant l'attaque du Titan, avant les Accords de Sokovie. Ils étaient séparés avant d'être un tout, ils n'ont jamais vraiment su surmonter leurs différences, petits pantins désunis. Les héros dont Fury rêvait tant ont déposé les armes, vaincus par un ennemi plus coriace et par leurs propres idéaux. Que valait un bouclier contre la force brute d'un géant ? Que représentaient des lasers face à des gemmes magiques aussi vieilles que l'Univers ?

Les cauchemars sont de retour, à la lisière de son esprit. Il a l'impression de revivre son stress post-traumatique de New York, en version accélérée et avec les images en haute définition. Le vaisseau immense et les Chitauris qui peuplaient autrefois ses peurs ont cédé la place au souvenir confus de poussières au bout de ses doigts, aux visages, aux voix, aux silhouettes fragmentées par l'éclat d'une énergie inhumaine trop féroce.

Et Peter. Peter qui le supplie. Peter qui pleure dans ses bras. Peter qui disparaît à son tour. Peter qui ne laisse que le néant derrière lui.

Combien de temps Stark est-il resté assis, en espérant se réveiller et retrouver le gamin ? Combien de temps avant l'intervention de la femme bleue – Nebula – pour l'obliger à rentrer dans le vaisseau à peine réparé ? Combien de temps avant de comprendre qu'ils ont perdu la guerre et pas seulement une bataille ?

Thanos est mort. Quelle déception.

Tony aimerait se venger mais il n'y a plus de coupable. Ou plutôt, la culpabilité qui l'étreint l'empêche de se planter un poignard en plein cœur. Il se sent en partie responsable de ce qui est arrivé, bien qu'il soit encore convaincu qu'ils auraient pu éviter un tel désastre.

Il l'a dit à Rogers. Il l'a répété tant de fois. Il avait cette idée un peu folle de construire quelque chose, peu importe quoi, pour protéger leur belle planète d'une autre invasion. Mais non, plus personne ne veut écouter Iron Man. Ses déboires avec Ultron puis cette stupide guerre civile entre les Avengers ont terni son nom, jusqu'à le mettre sur la touche. Financer des projets à grande échelle, oui. Envisager la sécurité mondiale, trop dangereux. Il n'a jamais souhaité les incidents survenus en Sokovie, ni à New York d'ailleurs, pas même à Washington alors qu'il n'était pas concerné – et merci au si grand Steve Rogers d'avoir agi sur un coup de tête. Mais discuter de pertes collatérales n'est pas une option permise à un superhéros, encore moins lorsque la personne devant qui il veut s'amender est quelqu'un de la trempe de Ross.

Pourtant, un dôme aurait suffi. Un brin de technologie sous une surveillance acérée et avec des algorithmes pointus, voilà ce qu'il proposait. Il en a posé les esquisses après New York, après Loki, après ces satanés Chitauris. Mais on lui a suggéré de ne pas penser au pire, parce que le gouvernement veille. Alors il a continué de son côté, il a travaillé ses plans, comptant sur le regard presque infaillible de Vision pour superviser l'ensemble.

Vision. Une autre victime, Tony n'en doute pas. Il l'a fait naître pour mieux l'envoyer à la mort, comme un bon bourreau. À croire que les pouvoirs du synthézoïde n'étaient finalement pas assez développés pour éliminer la menace. Vision, si jeune et si naïf, amoureux de la vie et de l'humanité. Vision qui voulait aider ceux qui le craignaient comme s'il risquait de tous les détruire. Vision qu'il aurait aimé revoir une dernière fois.

Thanos est mort. Et leurs espoirs aussi.

Tony ne peut pas vraiment reprocher à Thor d'avoir réagi. Le dieu a tout perdu, toute sa famille, tous les siens sûrement plus que chacun d'entre eux. Mais Stark est anéanti de savoir qu'il n'y a plus aucune chance. Les pierres de l'infini ? Éliminées. Thanos ? Tué. Leurs proches ? Morts.

Et il y a cette voix sérieuse qui résonne dans sa tête. Celle du magicien – ou sorcier, ou autre chose mais ce n'est plus si important. La vie qu'ils mènent tous désormais est la meilleure, la seule solution, leur victoire. Risible. Humour déroutant et bien noir alors que la moitié de la population n'est que miettes. Comment leur réalité peut-elle être leur porte de sortie vers l'avenir alors que rien ne va ? Strange a dû mentir ou mal interpréter les signes. Ou il n'a jamais été de leur côté et n'est qu'une marionnette, ce qui arrangerait presque Tony.

Admettre que l'homme à la cape vivante a eu raison lui fait mal. Si leur futur n'est qu'une ruine où s'élèvent les pleurs de ceux qui restent, il n'en veut pas. Ce monde qu'ils ont tant tenté de protéger n'est plus qu'un miroir brisé, une planète à la dérive où les fantômes auront bientôt plus de vie que les survivants. En quoi cette existence est-elle paisible ? En quoi cette réalité est-elle appréciable ? Qu'a donc pu voir Strange pour les entraîner dans ce cauchemar ?

Thanos est mort. Qu'attendre de plus ?

Quelques fois, Tony s'éveille avec le sentiment de ne pas avoir vu passer les années. Que ne donnerait-il pas pour ouvrir les yeux dans le passé, là où tout semblait si simple. Sans superhéros, sans armure, sans Chitauris, sans menace. Retrouver la banalité d'une morne journée en costume, le sourire aux lèvres, une fille à son bras dont le nom aura vite fait de disparaître de sa tête dès le lendemain. Il garderait auprès de lui sa chère Pepper, secrétaire dévouée qu'il laisserait filer dans le cœur d'un autre pour ne pas la blesser.

Pepper, si douce et aimante. Il est heureux de la savoir là, bien vivante. Si elle … Il ne préfère pas y penser, c'est trop douloureux, même pour lui. Elle le soutient comme elle le peut, elle le veille parfois lorsqu'il sanglote dans leurs draps en murmurant le nom de Peter. Peut-être que dans une autre vie, ils auraient pu former une famille, ou ce qui y ressemble. Le cliché ridicule du père, de la mère et du gamin surdoué, tous les trois prêts à sauver l'Univers.

Mais ce n'est qu'une illusion, la Terre a perdu sa petite araignée sympa du quartier. Et Tony est bousillé de l'intérieur, il refuse de croire en la possibilité de reconstruire une humanité. Il ne veut pas d'une planète dévastée pour ses enfants, il ne rêvait que d'une utopie où la sécurité serait reine. Son père se payerait sa tête s'il l'entendait.

Thanos est mort. Et les Avengers hurlent.

Tony n'est pas un imbécile, il sait qu'il n'est pas le seul à souffrir. N'en déplaise à son ego, Iron Man n'est pas l'unique être sur Terre, encore moins dans tout l'Univers, à avoir subi une lourde perte à cause des gemmes. Il n'est qu'un cœur lamenté parmi tant d'autres, un homme dépouillé de tout ce qui lui permettait d'être optimiste.

Il les a vus. Les Avengers. Ou ce qu'il en reste. C'est l'ancienne équipe qui demeure, celle qui a combattu lors de l'invasion de New York, celle qui a perdu Coulson, celle qui a donné un corps au projet insensé de Fury. Le borgne s'amuserait sans doute de cette drôle de plaisanterie s'il était encore là. Tout se termine avec ceux par qui tout a commencé, comme un cycle qui se boucle, une histoire qui trouve sa fin avec un épilogue prévu à l'avance.

Ils ne sont plus que des morceaux de héros, sans rien de super, dans le même état que le commun des mortels. Si un danger venait à arriver du ciel ou de n'importe où, aucun d'eux ne réagirait comme il le faudrait, il n'y aurait rien de plus que des dégâts, des âmes esseulées à ajouter à toutes les autres. Tony ne reconnaîtrait pas un adversaire, il ne verrait que son propre visage à la place de celui de ses ennemis, en une marque de folie. Le sien et celui de ses équipiers, versions plus noires d'eux-mêmes, mais versions peut-être plus fidèles à ce qu'ils sont vraiment.

Thanos est mort. Leurs amis ont été emportés.

Il a eu accès à la liste de tous les disparus. Rogers a assisté au départ de son meilleur ami, à quelques pas de lui. Tony a de la compassion, rien qu'un peu, bien que son esprit soit apaisé par cette forme étrange de justice. Il est enfin débarrassé du Soldat de l'hiver, l'assassin de ses parents – même si c'est Barnes qui est mort, Barnes qui n'est plus sous le contrôle d'Hydra, Barnes qui était redevenu un gars bien. Alors Stark tente de dissimuler ce contentement morbide qui l'anime. Après tout, Steve n'a plus personne de son passé, ni de son présent puisque le Faucon s'est aussi envolé.

Et il y a Nat, Bruce, Clint et Thor. Tous envahis par ce vide qui grandit à chaque jour qui passe. Tous aussi frêles que des brindilles qui craquent sous l'assaut du vent de la culpabilité. Chacun son fardeau, chacun sa tombe à creuser, chacun à la source d'une erreur désormais irréparable.

Tony s'inquiète sur ses propres sentiments. Il a encore de quoi aimer, Pepper en est la preuve. Mais ce néant à l'intérieur de lui est comme un trou qui aspire tout sur son passage. Il s'englue dans ses émotions, dans cette tristesse qui s'accroche à lui, qui lui souffle à l'oreille qu'il n'est qu'un lâche, qu'un bon à rien, qu'un père indigne.

Un père. Le sien était si absent, préoccupé par le monde plus que par son propre fils. Et Tony n'a pas réussi à faire mieux envers Peter, ce fils qu'il n'aura jamais. Peter, encore Peter, toujours Peter. Le gamin qu'il a embarqué en Allemagne pour combattre contre ses amis. Le gamin qui est venu avec lui dans l'espace malgré les pouvoirs tordus d'un sorcier extraterrestre. Peter qui n'est qu'un souvenir, si vivace dans son esprit, comme s'il allait franchir la porte en lui lançant un « Monsieur Stark » énergique.

Peter qui ne sera jamais enterré.

Nat a déjà développé des idées pour monter des monuments à la mémoire de leurs disparus. Il n'y aura pas de sépulture, ils l'ont compris, mais ils peuvent encore faire en sorte qu'il demeure une trace de leurs amis. Une trace infime qui finira elle-aussi par s'effondrer, rongée par les ans, comme les vestiges d'anciennes civilisations à peine debout.

Thanos est mort. Mais la vie continue.

Les jours se sont transformés en semaines puis en mois. Le ventre de Pepper s'arrondit et Tony a peur. Que dire à cet enfant à naître ? Comment lui expliquer qu'il grandira dans un monde qui ne connaîtra plus la joie ? Comment faire pour ne pas l'ensevelir sous un flot constant de désespoir ?

Ce sont des questions qu'il n'imaginait pas devoir se poser un jour. Pas pour un enfant. Pour son enfant.

Il guette le moindre signe de faiblesse chez Pepper, craignant une nouvelle perte, comme un point final du destin qui se jouerait de lui. Il ne veut pas la perdre. Il ne veut pas les perdre. Il y a une partie de lui dans ce petit être. Tony espère lui avoir donné le meilleur de lui-même, son intelligence et son charme, sans culpabilité ni drame. Il ironise parfois en créant dans sa tête mille et une armure pour protéger sa progéniture. Des armures pour le corps mais aussi pour l'âme, et le cœur, afin que personne ne lui fasse du mal.

Les Stark sont invincibles, n'est-ce pas ? Il a survécu aux shrapnels, aux Chitauris, à Loki – et dieu que c'était dur, sans mauvais jeu de mots – à Ultron, à l'espace et à Thanos. Sa blessure lui rappelle de temps en temps qu'il a failli perdre la vie sur Titan mais elle ne fait que s'ajouter à toutes les autres qui parsèment sa chair. Une cicatrice en plus ou en moins, quelle importance. S'il souffre, c'est qu'il est vivant. Et d'autres n'ont pas cette chance.

Peter n'a plus cette chance.

Thanos est mort. L'araignée ne tissera plus sa toile.

Il lui arrive d'avoir l'impression d'entendre la voix du gamin, comme un écho de ses souvenirs. Alors il se retourne, seul dans son atelier, une clef à molette dans une main et son chagrin dans l'autre. Quand ses yeux le piquent, il prétexte la poussière plutôt que les larmes. Quand le souffle lui manque, c'est à cause de l'effort et non de sa tristesse. Mais sans le plus jeune de la bande, il s'interroge sur la réalité de la révolution de leur si belle planète bleue. Comment la Terre peut-elle encore tourner autour du soleil si l'astre s'éteint ?

Dans la crasse d'une machine démontée, les doigts recouverts d'huile de moteur, il écrit parfois un appel de détresse. Quelquefois, ce sont des phrases trop longues, tirées de ses musiques favorites, paroles sans queue ni tête d'un groupe qu'il se repasse en boucle. Et souvent, rien que deux mots, en symétrie avec ses pensées, deux mots pour un cœur qui saigne.

Reviens-moi.

L'appel d'un père à son fils. L'appel d'un héros à l'enfant qu'il est allé chercher dans le Queens pour l'emmener au milieu d'un conflit d'adultes. L'appel d'un presque fantôme à une véritable image fanée.

Reviens-moi.

Comme une prière adressée à une divinité qui ne manierait ni la foudre ni les mensonges. Juste un dieu qui s'ennuierait quelque part, silhouette immortelle solitaire peu vénérée par les hommes et qui aurait du temps à lui accorder. Un dieu qui ne serait ni Thor ni Loki – le premier ayant sombré depuis la mort du second.

Reviens-moi.

Un simple message suppliant pour serrer dans ses bras un être de chair et de sang. Pour annoncer à Peter que la famille s'agrandit, qu'une petite fille est sur le point d'entrer dans sa vie comme une tornade, balayant tout sur son passage en faisant traîner dans son sillage un vent d'amour et de bonheur.

Reviens-moi, gamin.

Comment ne pas se sentir coupable alors qu'il a envoyé un gosse à l'abattoir ? Bien sûr, Peter lui reprocherait de le traiter encore comme un adolescent, de le contraindre à retourner se blottir dans ses draps au lieu de continuer à sauver son quartier – et à plus grande échelle, l'Univers. Tony n'aurait pas dû s'intéresser à toutes ces rumeurs sur un nouveau superhéros, à toutes ces vidéos où un gamin sautait de toit en toit pour défendre la veuve et l'orphelin. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités qu'il disait.

Et voilà le résultat, sans appel. Coup de massue, l'affaire est close.

Thanos est mort. Morgan nait. Vit. S'épanouit.

Elle est fragile, Morgan. Un petit corps frêle, des yeux curieux, un sourire timide. Tony l'aime aussitôt, il la prend contre lui en lui susurrant qu'elle est son trésor, sous le regard attendri de Pepper. Pendant un court laps de temps, il envisage d'être heureux avec les deux femmes de sa vie. Il leur battit un refuge, dans un paysage idyllique, en plein air, avec des arbres et des oiseaux comme dans les contes les plus beaux – et les plus hypocrites, avec des morales et des baisers magiques. Que Morgan soit rassurée, le grand méchant de l'histoire a déjà été vaincu, les preux chevaliers ont bravé les étoiles pour le rendre inoffensif.

Ils lui ont coupé la main, et la tête. Mais ce ne sont pas des mots à prononcer à une enfant. Il se contente de lui raconter que le vilain sorcier a perdu, que les héros sont rentrés vainqueurs à la maison, accueillis par les populations enfin en paix. Contre lui, Pepper tressaille, change de sujet, retrouve les livres en couleurs qui évoquent une jolie sirène ayant troqué sa queue de poisson contre des jambes humaines. Ce n'est pas la version originale, celle où la pauvre fille meurt d'un chagrin d'amour mais c'est suffisant pour faire pétiller les pupilles de Morgan.

Elle n'est pas bête, la plus jeune des Stark. Elle découvre le monde avec ses yeux d'enfant, fouille dans les affaires de son père, tombe par hasard sur des photos. Tony en a le cœur brisé, il reconnaît le sourire de Peter, leurs moments de complicité, l'air exaspéré de Happy qui ne sait plus trop où donner de la tête avec eux. Il s'empresse de remettre les souvenirs à leur place, dans des boîtes fermées à double-tour, pour ne pas avoir l'âme emprisonnée dans de nouveaux filets de douleur. Il explique à sa fille qu'elle comprendra quand elle sera plus grande, qu'ils en parleront tous les deux. Pepper est plus courageuse que lui, elle n'hésite pas à faire surgir la mémoire de leurs amis disparus. Et Morgan est surexcitée d'apprendre les exploits de Peter, de savoir qu'un adolescent pouvait aider les gens en difficulté comme l'a fait son père.

Étrangement, après tout ce qu'il a vécu, Tony s'accommode de la routine. Bricoler, veiller sur sa fille et sa femme, mettre à jour ses intelligences artificielles, accumuler les projets qui ne verront jamais le jour. De temps en temps, son téléphone à la main, il compose le numéro des autres Avengers, sans appeler, juste pris par la mélancolie et les regrets. Ses armures ne disparaissent pas, il en construit même pour Pepper, malgré ses réticences. À quoi bon créer de nouvelles protections en métal alors que la paix est revenue sur Terre ?

C'est un pressentiment, rien de plus.

Thanos est mort. Pas son ombre.

Tony voudrait ne pas répondre. Il aurait dû élever des murs plus hauts entre sa famille et le monde. Lang, Romanoff et Rogers lui parlent avec l'assurance de ceux qui ont déjà accompli l'impossible. La peur fait alors son grand retour, elle murmure à son oreille, lui souffle qu'il a eu son sursit. Aider les autres à revenir serait un bon plan s'il ne risquait pas de perdre Morgan. Et lorsqu'il les voit repartir les épaules baissées, en signe d'échec, il songe que Thanos n'a pas totalement disparu de son esprit, ni du leur. Leur ennemi a toujours été là, à la lisière de ses pensées, ombre menaçante même dans la mort.

Puis son regard croise celui de Peter, sur cette maudite photo. Peut-il choisir de perdre un enfant pour en retrouver un autre ? Morgan a besoin de lui, pas les Avengers. La théorie folle du voyage dans le temps n'est pas une absurdité, il est même ébahi par les possibilités qui s'offrent à eux. Mais il n'est plus Iron Man, il est un père avant tout, un père que sa fille aime plus que trois fois mille, un père qui a une stabilité pour la première fois depuis bien trop longtemps.

Un père qui a perdu un fils tombé en poussière. Reviens-moi, hurlait-il autrefois. J'arrive, murmure-t-il désormais.

Insensé, il l'est. Ses actes ne sont jamais sans conséquence. Il a compris depuis des années qu'il lui faudra payer toutes les vies écourtées à cause de ses décisions. À l'abri des murs de son atelier, il pleure son propre avenir qui s'effondre. Les paroles de Strange deviennent limpides, presque trop claires alors que les ténèbres sont au bout de son propre chemin.

Une unique victoire. Une unique voie. Pour la Terre, pour l'Univers, pour leurs proches. Pour que Morgan grandisse dans un monde meilleur. Pour que Peter revienne. Cette nuit-là, il serre Pepper dans ses bras, plus fort que jamais auparavant, en un au revoir qui ressemble beaucoup trop à un adieu.

Il sait qu'ils vont gagner. La moitié de la Terre va réapparaître. Assemblée, vivante, ressuscitée par un ultime claquement de doigts. Ce sera une réussite, un véritable combat. Son chant du cygne.

Thanos est mort. Et dans son cœur, Tony aussi.