p align="JUSTIFY"Giles regarde son appartement, dans la lueur verdâtre des lampadaires. La peinture craquelle, le carrelage tombe, la tapisserie se décolle. Et d'autant plus depuis le dégât des eaux. Giles sourit à ce souvenir où, prévenu par le propriétaire du cinéma d'en-dessous qu'il pleuvait dans sa salle, Giles a trouvé la porte de la salle de bain close, des filets d'eau s'échappant des rebords comme un ballon d'eau qui est percé. Et quand il a ouvert la porte, délivrant les mètres cube et mètres cubes emprisonnés, Giles a découvert la silhouette fine et nue d'Elisa Esposito dans les bras de l'homme amphibien. La peau de ce dernier était parcourue d'une bioluminescence bleutée du plus bel effet. Giles n'a jamais réussi à restituer cette couleur, cette vivacité. Ses acryliques sont bien trop ternes pour rendre honneur à la beauté de cet homme poisson./p
p align="JUSTIFY"Avec un petit rire, Giles attrape les quelques toupets lui restant, et il les jette négligemment dans la poubelle. Il ne repartira de cet appartement qu'avec un simple sac de voyage, un carton à dessins, ses pinceaux et ses couleurs./p
p align="JUSTIFY"Alors qu'il passe devant le glace de l'entrée, Giles se mire et se sourit. Il ne reconnaissait plus ce vieillard dégarni et ventripotent. Mais le Giles qu'il voit , rajeuni et garni de cheveux qui brunissent, lui sied bien mieux./p
p align="JUSTIFY"Il claque la porte sans se retourner, déterminé à traverser l'Amérique, dépenser toutes ses économies, pour retrouver Elisa Esposito, son amie, et son homme poisson. Strickland a dit qu'il venait du rio Putumayo, et que les indigènes lui faisaient des offrandes et le considéraient comme un dieu. Giles a la preuve de ce dont se moquait ce connard de Strickland : l'homme amphibien a soigné son bras griffé, lui a rendu une certaine jeunesse. Et ses cheveux./p
p align="JUSTIFY" /p
p align="JUSTIFY"Ce voyage qui aurait du épuiser l'homme vieillissant qu'il était encore il y a quelques semaines, a au contraire renforcé la superbe de l'homme rajeunissant. Plus inspiré que jamais, il a sorti ses toiles sur le bateau à fond plat remontant l'Amazone jusqu'à Villa Militar, pas très loin de l'endroit où le Putumayo se lance dans le fleuve le plus long du monde. Et les locaux se signent en voyant ses peintures. Sauf un jeune indien qui porte des traits de peinture noire sur le visage, et une coiffe de plumes de perroquet aux couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres. Un pagne fait d'une sorte de liane sèche lui ceint les hanches, et des colliers de perles le parent de leur simplicité. Ses yeux noirs se posent sur une des toiles de Giles et il lui dit quelque chose dans cette langue qu'il ne comprend pas, mais Giles ne parle pas plus espagnol que la langue de l'indien. Un des bateliers péruviens pointe l'indien du doigt et prononce plusieurs fois le mot « Yagua », mais Giles ne sait pas si c'est son nom ou le nom de son peuple, alors il se contente de poser sa main sur son torse qui gagne en muscle, et de dire son prénom. L'indien éclate de rire, pose sa main sur son torse « Juma ». Giles se gondole à son tour et lui tend la main. Juma finit par la serrer . Giles sent quelque chose passer dans ce simple geste, comme une compréhension mutuelle, quelque chose qu'il n'avait expérimenté qu'avec Elisa./p
p align="JUSTIFY"Pris d'une soudaine inspiration, il présente plusieurs portraits de la jeune femme, et Juma acquiesce, montrant le fleuve qu'ils remontent. Ses yeux restent posés sur le cou d'Eliza où les trois discrètes cicatrices de chaque côté de sa gorge l'empêchaient de prononcer le moindre son. Ces cicatrices n'en étaient pas, et Giles s'en est rendu compte quand Strickland a abattu l'homme amphibien et Elisa. L'homme amphibien est revenu à lui, à la vie, a égorgé Strickland, et plongé dans le canal avec Elisa. Giles n'a vu que le nuage de sang se propager dans l'eau sombre, puis quelque chose est remonté à la surface. La robe d'Elisa. Giles a pour la première fois eu l'impression de frôler le divin quand il s'est rendu compte que l'homme amphibien emportait derrière lui son amie, jusqu'au bout du canal sans prendre la moindre respiration./p
p align="JUSTIFY"Non, ce n'était pas des cicatrices qui griffaient son cou, mais des branchies, sans doute. Pourtant, Elisa semblait si différente de l'homme amphibien qui lui était tout à fait inhumain. Enfin, en quelque sorte. Il lui a quand même bouffé son chat !/p
p align="JUSTIFY" /p
p align="JUSTIFY"Giles n'en revient pas de ce corps qui rajeunit, sa vue qui s'aiguise, son ouïe qui s'affine. Merde, même les caresses du mec qu'il a baisé à la frontière mexicaine étaient les plus douces qu'il ait expérimenté depuis un bail. Giles a un jour dit que s'il avait de nouveau dix-huit ans, il s'emploierait à baiser tout ce qu'il pourrait . Et c'est ce qu'il fait avec application./p
p align="JUSTIFY"Le Putumayo serpente à travers la forêt, et les villages fluviaux sont de plus en plus rares. L'humidité ambiante est absolument étouffante, et Giles sent sa chemise trempée lui coller le dos. Des insectes bourdonnent autour de lui avec le bzzz bzzz très agaçant du moustique qui vous ruine une nuit de sommeil, et des oiseaux, ou des singes, crient dans les arbres qui s'agitent. Giles a le sentiment de se retrouver au cœur du vivant. Il trouve incongru le moteur du bateau qui vrombit comme celui d'un vieux tacot. Giles se tourne alors vers Juma et lui sourit, les larmes aux yeux. Giles a l'impression étrange que s'il a jamais cherché sa place dans ce bas-monde, il est en train de la trouver, à des milliers de kilomètres de ce qu'il a toujours connu. La vie que Giles a mené, de petit publicitaire ayant du mal à joindre les deux bouts, lui semble maintenant étriquée. Elle le lui a toujours semblé trop petite pour son talent, et son imagination./p
p align="JUSTIFY"Ses sens sont littéralement envahis par tout ce qui l'entoure. Le Putumayo exhale une odeur d'eau et de terre, le bateau empeste l'essence, et Giles la transpiration. Et lui qui a toujours prêté attention à son hygiène s'en moque complètement. Juma ne l'a pas quitté des yeux, cet étrange Américain qui hume l'air comme un chien truffier. Giles sort de la viande séchée qu'il a acheté dans la dernière ville. Il en offre une part à Juma qui acquiesce et mord dedans. Même son goût s'est rajeuni, lui qui se nourrissait des tartes immondes du troquet qu'il fréquentait, dans l'espoir de pouvoir sauter le serveur. Giles savoure cette simple viande séchée, les cristaux de sel venant crisser sous ses dents, sa langue venant s'humidifier. Il se délecte des sensations que cela lui procure, de cette faim, cette avidité retrouvée et qu'il apprécie vraiment. Giles déguste ces moments comme s'il découvrait ce qu'était vivre. Etait-il bien vivant avant ? Oh, putain, que c'est bon de l'être, alors qu'avant ce n'était pas de la vie mais de la survie !/p
p align="JUSTIFY" /p
p align="JUSTIFY"San Antonio del Estrecho étale ses pontons sur le Putumayo, et le bateau vient s'y ranger, parmi tant d'autres. Tous plats, des petits, des grands, des bateaux pour transporter des marchandises, des chèvres ou des personnes. Giles a l'impression étrange que ces villes les pieds dans l'eau ne devraient pas être. La forêt et le fleuve se suffisent, Giles imagine les Yagua comme vivant en osmose dans leur environnement, mais ces villes... Quelle plaie./p
p align="JUSTIFY"Il descend d'un pas incertain du bateau, et Juma l'aide à porter son encombrant carton à dessins, son sac de voyage et son chapeau ridicule. Il lui tend une main secourable pour qu'il ne perde pas l'équilibre en montant sur le ponton, et Giles laisse son regard dériver sur l'eau boueuse qui charrie du limon, des troncs, et une bestiole crevée là-bas. Le courant est trompeur. Le Putumayo étale ses bras dans la jungle, se frayant un chemin dans la terre, véritable labyrinthe de circonvolutions. Marron et vert, partout. Surplombé de bleu. Giles s'imagine traverser un tableau végétal et minéral, et se sent à la fois intrus, et à sa place./p
p align="JUSTIFY"Juma avance sur les berges du fleuve , dans cette ville si particulière, si étrangère à tout ce que Giles a connu. Son regard se perd sur le dos de l'indien, son pagne, ses jambes courtes mais musclées, sa peau cuivrée, ses cheveux de jais surmontés de la coiffe de plumes aux couleurs éclatantes. Juma porte toujours son sac de voyage et son carton à dessin, marchant d'un pas rapide que Giles a du mal à suivre. Les pieds nus de Juma laissent des traces dans la terre rouge, puis ce qui leur sert de route. Il le suit toujours, et remarque les enjambées de Juma qui ralentissent, comme s'il était à l'écoute de ce qu'il se passait derrière lui./p
p align="JUSTIFY"Et soudain le ciel se couvre de nuages sombres, gris, menaçants, et il se déchire comme un ballon de baudruche, libérant des trombes d'eau que Juma accueille en levant la tête vers le ciel. Il doit y voir l'intervention d'une de ses divinités, mais Giles s'imagine Europe apporter la pluie. Giles, qui a toujours été un rêveur, s'imagine l'influence de l'Océanide suffisante pour que les nuages qui l'ont surplombée viennent se déverser sur lui, et il prend cela comme une bénédiction. Oui, il se sent béni des dieux, depuis que la main de l'homme amphibien s'est posée sur sa tête, et qu'il a retrouvé ses cheveux et ses pectoraux, que ses rides se sont effacées. Le regard de Giles se pose de nouveau sur le jeune indien et il n'a jamais vu plus bel homme. Il a envie de le croquer, de le peindre, de l'observer et rendre hommage à sa beauté, sa vivacité, sa force de la nature. Giles se sent pousser des ailes. Il a parcouru ce si long chemin pour retrouver son amie Elisa, qui est sans doute plus humaine que la majorité des gens que Giles a pu fréquenter, alors qu'elle est tout à fait inhumaine, comme l'homme amphibien ./p
p align="JUSTIFY"Mais, partant en quête d'Elisa, c'est lui-même qu'il retrouve./p
p align="JUSTIFY" /p
p align="JUSTIFY"L'important, c'est le périple./p
p align="JUSTIFY"Avec un petit rire, Giles attrape les quelques toupets lui restant, et il les jette négligemment dans la poubelle. Il ne repartira de cet appartement qu'avec un simple sac de voyage, un carton à dessins, ses pinceaux et ses couleurs./p
p align="JUSTIFY"Alors qu'il passe devant le glace de l'entrée, Giles se mire et se sourit. Il ne reconnaissait plus ce vieillard dégarni et ventripotent. Mais le Giles qu'il voit , rajeuni et garni de cheveux qui brunissent, lui sied bien mieux./p
p align="JUSTIFY"Il claque la porte sans se retourner, déterminé à traverser l'Amérique, dépenser toutes ses économies, pour retrouver Elisa Esposito, son amie, et son homme poisson. Strickland a dit qu'il venait du rio Putumayo, et que les indigènes lui faisaient des offrandes et le considéraient comme un dieu. Giles a la preuve de ce dont se moquait ce connard de Strickland : l'homme amphibien a soigné son bras griffé, lui a rendu une certaine jeunesse. Et ses cheveux./p
p align="JUSTIFY" /p
p align="JUSTIFY"Ce voyage qui aurait du épuiser l'homme vieillissant qu'il était encore il y a quelques semaines, a au contraire renforcé la superbe de l'homme rajeunissant. Plus inspiré que jamais, il a sorti ses toiles sur le bateau à fond plat remontant l'Amazone jusqu'à Villa Militar, pas très loin de l'endroit où le Putumayo se lance dans le fleuve le plus long du monde. Et les locaux se signent en voyant ses peintures. Sauf un jeune indien qui porte des traits de peinture noire sur le visage, et une coiffe de plumes de perroquet aux couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres. Un pagne fait d'une sorte de liane sèche lui ceint les hanches, et des colliers de perles le parent de leur simplicité. Ses yeux noirs se posent sur une des toiles de Giles et il lui dit quelque chose dans cette langue qu'il ne comprend pas, mais Giles ne parle pas plus espagnol que la langue de l'indien. Un des bateliers péruviens pointe l'indien du doigt et prononce plusieurs fois le mot « Yagua », mais Giles ne sait pas si c'est son nom ou le nom de son peuple, alors il se contente de poser sa main sur son torse qui gagne en muscle, et de dire son prénom. L'indien éclate de rire, pose sa main sur son torse « Juma ». Giles se gondole à son tour et lui tend la main. Juma finit par la serrer . Giles sent quelque chose passer dans ce simple geste, comme une compréhension mutuelle, quelque chose qu'il n'avait expérimenté qu'avec Elisa./p
p align="JUSTIFY"Pris d'une soudaine inspiration, il présente plusieurs portraits de la jeune femme, et Juma acquiesce, montrant le fleuve qu'ils remontent. Ses yeux restent posés sur le cou d'Eliza où les trois discrètes cicatrices de chaque côté de sa gorge l'empêchaient de prononcer le moindre son. Ces cicatrices n'en étaient pas, et Giles s'en est rendu compte quand Strickland a abattu l'homme amphibien et Elisa. L'homme amphibien est revenu à lui, à la vie, a égorgé Strickland, et plongé dans le canal avec Elisa. Giles n'a vu que le nuage de sang se propager dans l'eau sombre, puis quelque chose est remonté à la surface. La robe d'Elisa. Giles a pour la première fois eu l'impression de frôler le divin quand il s'est rendu compte que l'homme amphibien emportait derrière lui son amie, jusqu'au bout du canal sans prendre la moindre respiration./p
p align="JUSTIFY"Non, ce n'était pas des cicatrices qui griffaient son cou, mais des branchies, sans doute. Pourtant, Elisa semblait si différente de l'homme amphibien qui lui était tout à fait inhumain. Enfin, en quelque sorte. Il lui a quand même bouffé son chat !/p
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p align="JUSTIFY"Giles n'en revient pas de ce corps qui rajeunit, sa vue qui s'aiguise, son ouïe qui s'affine. Merde, même les caresses du mec qu'il a baisé à la frontière mexicaine étaient les plus douces qu'il ait expérimenté depuis un bail. Giles a un jour dit que s'il avait de nouveau dix-huit ans, il s'emploierait à baiser tout ce qu'il pourrait . Et c'est ce qu'il fait avec application./p
p align="JUSTIFY"Le Putumayo serpente à travers la forêt, et les villages fluviaux sont de plus en plus rares. L'humidité ambiante est absolument étouffante, et Giles sent sa chemise trempée lui coller le dos. Des insectes bourdonnent autour de lui avec le bzzz bzzz très agaçant du moustique qui vous ruine une nuit de sommeil, et des oiseaux, ou des singes, crient dans les arbres qui s'agitent. Giles a le sentiment de se retrouver au cœur du vivant. Il trouve incongru le moteur du bateau qui vrombit comme celui d'un vieux tacot. Giles se tourne alors vers Juma et lui sourit, les larmes aux yeux. Giles a l'impression étrange que s'il a jamais cherché sa place dans ce bas-monde, il est en train de la trouver, à des milliers de kilomètres de ce qu'il a toujours connu. La vie que Giles a mené, de petit publicitaire ayant du mal à joindre les deux bouts, lui semble maintenant étriquée. Elle le lui a toujours semblé trop petite pour son talent, et son imagination./p
p align="JUSTIFY"Ses sens sont littéralement envahis par tout ce qui l'entoure. Le Putumayo exhale une odeur d'eau et de terre, le bateau empeste l'essence, et Giles la transpiration. Et lui qui a toujours prêté attention à son hygiène s'en moque complètement. Juma ne l'a pas quitté des yeux, cet étrange Américain qui hume l'air comme un chien truffier. Giles sort de la viande séchée qu'il a acheté dans la dernière ville. Il en offre une part à Juma qui acquiesce et mord dedans. Même son goût s'est rajeuni, lui qui se nourrissait des tartes immondes du troquet qu'il fréquentait, dans l'espoir de pouvoir sauter le serveur. Giles savoure cette simple viande séchée, les cristaux de sel venant crisser sous ses dents, sa langue venant s'humidifier. Il se délecte des sensations que cela lui procure, de cette faim, cette avidité retrouvée et qu'il apprécie vraiment. Giles déguste ces moments comme s'il découvrait ce qu'était vivre. Etait-il bien vivant avant ? Oh, putain, que c'est bon de l'être, alors qu'avant ce n'était pas de la vie mais de la survie !/p
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p align="JUSTIFY"San Antonio del Estrecho étale ses pontons sur le Putumayo, et le bateau vient s'y ranger, parmi tant d'autres. Tous plats, des petits, des grands, des bateaux pour transporter des marchandises, des chèvres ou des personnes. Giles a l'impression étrange que ces villes les pieds dans l'eau ne devraient pas être. La forêt et le fleuve se suffisent, Giles imagine les Yagua comme vivant en osmose dans leur environnement, mais ces villes... Quelle plaie./p
p align="JUSTIFY"Il descend d'un pas incertain du bateau, et Juma l'aide à porter son encombrant carton à dessins, son sac de voyage et son chapeau ridicule. Il lui tend une main secourable pour qu'il ne perde pas l'équilibre en montant sur le ponton, et Giles laisse son regard dériver sur l'eau boueuse qui charrie du limon, des troncs, et une bestiole crevée là-bas. Le courant est trompeur. Le Putumayo étale ses bras dans la jungle, se frayant un chemin dans la terre, véritable labyrinthe de circonvolutions. Marron et vert, partout. Surplombé de bleu. Giles s'imagine traverser un tableau végétal et minéral, et se sent à la fois intrus, et à sa place./p
p align="JUSTIFY"Juma avance sur les berges du fleuve , dans cette ville si particulière, si étrangère à tout ce que Giles a connu. Son regard se perd sur le dos de l'indien, son pagne, ses jambes courtes mais musclées, sa peau cuivrée, ses cheveux de jais surmontés de la coiffe de plumes aux couleurs éclatantes. Juma porte toujours son sac de voyage et son carton à dessin, marchant d'un pas rapide que Giles a du mal à suivre. Les pieds nus de Juma laissent des traces dans la terre rouge, puis ce qui leur sert de route. Il le suit toujours, et remarque les enjambées de Juma qui ralentissent, comme s'il était à l'écoute de ce qu'il se passait derrière lui./p
p align="JUSTIFY"Et soudain le ciel se couvre de nuages sombres, gris, menaçants, et il se déchire comme un ballon de baudruche, libérant des trombes d'eau que Juma accueille en levant la tête vers le ciel. Il doit y voir l'intervention d'une de ses divinités, mais Giles s'imagine Europe apporter la pluie. Giles, qui a toujours été un rêveur, s'imagine l'influence de l'Océanide suffisante pour que les nuages qui l'ont surplombée viennent se déverser sur lui, et il prend cela comme une bénédiction. Oui, il se sent béni des dieux, depuis que la main de l'homme amphibien s'est posée sur sa tête, et qu'il a retrouvé ses cheveux et ses pectoraux, que ses rides se sont effacées. Le regard de Giles se pose de nouveau sur le jeune indien et il n'a jamais vu plus bel homme. Il a envie de le croquer, de le peindre, de l'observer et rendre hommage à sa beauté, sa vivacité, sa force de la nature. Giles se sent pousser des ailes. Il a parcouru ce si long chemin pour retrouver son amie Elisa, qui est sans doute plus humaine que la majorité des gens que Giles a pu fréquenter, alors qu'elle est tout à fait inhumaine, comme l'homme amphibien ./p
p align="JUSTIFY"Mais, partant en quête d'Elisa, c'est lui-même qu'il retrouve./p
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p align="JUSTIFY"L'important, c'est le périple./p
