Coucou! J'espère que vous allez bien, me revoilà avec la traduction d'une fic AU, Troubled teachers, de SwanQueen UK. J'espère que vous aimerez, moi j'ai vraiment adoré cette histoire et j'espère avoir réussi à lui rendre justice. C'est une histoire développée, donc assez longue, et la psychologie des personnages est assez complexe. Du coup le SQ prend son temps pour arriver, ce sera vers la moitié de la fic, mais ça vaut le coup d'attendre. Voilà, je vous mets les deux premiers chapitres, où vous pourrez déjà voir la trame du récit. J'espère que vous aimerez et surtout n'hésitez-pas à me dire ce que vous en pensez. Je précise que c'est une fic pour les plus de 18 ans, pour plusieurs raisons ;) Bonne lecture!
Chapitre 1 Premier jour
Passant sa main dans ses cheveux une dernière fois, le jeune garçon se renfrogna en apercevant son reflet dans le miroir. Se penchant en avant, il examina ses dents, s'assurant qu'aucun reste de céréales n'avait échappé au rigoureux brossage qu'il venait de terminer. Ce n'était pas le cas. Il porta de nouveau les mains à ses cheveux, cherchant à repousser sa frange souple sur le côté mais elle s'obstinait à reprendre sa place initiale, couvrant ses yeux et le faisant ressembler à un sosie de Justin Bieber en 2009. Il passa ses doigts sous le robinet et réessaya. Les cheveux restèrent en place un moment, puis retombèrent.
« Henry ! Dépêche-toi ! On va être en retard ! »
« J'arrive ! » cria Henry, qui jeta un dernier coup d'œil dans le miroir avant d'éteindre la lumière et de sortir à la hâte de la salle de bain. Il ramassa son nouveau sac à dos dans le couloir, le lança sur son épaule, et se fraya un chemin dans l'escalier étroit.
« T'es obligé de trainer des pieds comme ça ? » lui demanda sa mère au moment où le garçon de quatorze ans passa la porte quelques secondes plus tard.
« Je veux aller chez le coiffeur. Et je traine pas des pieds, » rétorqua Henry.
« Mais j'aime bien ta coupe. Et si, tu le faisais, » dit Emma, en s'approchant de lui pour serrer la cravate de son uniforme.
« Arrête, » se plaignit Henry qui s'écarta de sa mère avant de desserrer le nœud.
Emma soupira. « Henry, je sais que c'est dur pour toi. C'est un gros changement mais…
« On va être en retard, » répliqua Henry, qui bouscula sa mère pour passer avant d'ouvrir la porte d'entrée.
Les deux Swan clignèrent des yeux dans la douce lumière de septembre. Tandis que leurs yeux s'y habituaient, ils sortirent de la maison en direction du petit jardin. Henry resta immobile près de la barrière alors que sa mère fermait la porte de couleur jaune poussin.
« Il faut qu'on repeigne ça, » commenta Henry, désignant la porte d'un geste du menton avant de rejoindre sa mère près de la voiture.
« Pourquoi ? » demanda Emma.
Henry leva un sourcil et désigna la coccinelle jaune près de laquelle ils se tenaient. « Parce que j'ai pas envie que mes nouveaux copains pensent qu'on a choisi une voiture assortie à la maison. C'est trop nul ! »
Emma se contenta de glousser et monta dans la voiture. Henry prit place sur le siège passager et claqua la portière, grommelant à nouveau.
« Et pour commencer l'année sur une note joyeuse, nous allons recevoir la visite de l'inspection académique cet été. » Tout le personnel présent dans la salle des professeurs grogna. « Je sais que les inspections scolaires sont le drame de nos vies, » continua Mr Gold, le principal , « mais au moins nous sommes prévenus. Nous avons beaucoup de temps pour nous préparer et j'attends donc un compte-rendu exceptionnel. Nous avons un excellent établissement et nos élèves, malgré leur milieu pour certains, sont fantastiques. Et c'est grâce à vous. En tant qu'enseignants, nous sommes le premier support de ces enfants et les parents qui nous confient leur éducation. Et je suis sûr que vous ne les laisserez pas tomber. Je vous laisse donc là-dessus, profitez bien de votre premier jour. »
Les conversations reprirent instantanément certains professeurs se dirigeaient déjà vers la porte tandis que d'autres se servaient un café ou jetaient un coup d'œil à leurs cours.
« Oh, une dernière chose, » ajouta Gold, levant la main pour attirer à nouveau l'attention de l'assistance. Les chefs d'établissements, même en dehors de la classe, n'oubliaient jamais les gestes du métier. « Nous avons un nouveau professeur au collège de Storybrooke cette année. Emma Swan,» Il fit un geste pour désigner la blonde assise seule dans le fond de la salle « remplacera notre professeur de géographie. Elle vient tout juste d'emménager chez nous, de… d'où avez-vous dit que vous veniez ? »
« New York », répondit Emma.
« C'est ça, » acquiesça Gold. « Donc je compte sur vous pour qu'elle se sente la bienvenue et pour lui apporter toute l'aide dont elle pourrait avoir besoin. Bienvenue chez nous, Mademoiselle Swan. »
Emma entra dans sa classe et jeta un œil alentours. Elle était venue décorer la salle la semaine précédente et chaque centimètre des murs était maintenant couvert de cartes, de graphiques et de très belles photographies de paysages. Elle suspendit sa veste de cuir rouge à un des porte-manteaux de l'armoire, ouvrit son ordinateur portable et jeta un nouveau coup d'œil à la liste des élèves dont elle serait le professeur principal cette année. Elle avait toujours aimé être professeur et appréciait les liens qu'elle tissait avec les enfants qu'elle voyait chaque matin et chaque après-midi. Elle n'avait jamais été le professeur principal d'élèves de seconde et était curieuse de voir en quoi des élèves plus âgés seraient différents de la classe de quatrième dont elle avait la charge l'année précédente.
Le vacarme en dehors de la classe la sortit de sa rêverie et avant qu'elle puisse se lever, deux jeunes garçons assez grands firent irruption dans la classe, riant et plaisantant alors qu'ils se dirigeaient vers les bureaux du fond de la salle en se bousculant joyeusement.
« Eh, les garçons ! », interpella Emma en se levant. « C'est une salle de cours, pas un terrain de jeux. Si vous tenez à vous comporter comme des singes, je vous prierais de le faire à l'extérieur. »
Les deux garçons se calmèrent instantanément, incertains de la manière de se comporter vis-à-vis de cette nouvelle enseignante, belle et déjà autoritaire. Les yeux du brun fixaient la poitrine d'Emma tandis que son ami prit la parole.
« Désolé Mademoiselle… »
« Swan, » compléta Emma. « Et tu es ? »
« Felix, » répondit le garçon aux cheveux blonds. « Et lui, c'est Peter. »
« Eh bien, Felix et Peter, je suis ravie de vous connaitre mais j'apprécierais que vous n'utilisiez pas ma salle de classe comme ring de boxe. Sauf si vous voulez recevoir un mois de colle dès le premier jour des cours ? »
Les deux garçons secouèrent la tête.
« Très bien, » répondit Emma avec un grand sourire. « Dans ce cas je vous suggère de sortir et d'attendre la sonnerie, et d'entrer ensuite de manière calme et respectable. »
Les garçons acquiescèrent silencieusement et quittèrent la salle de classe.
Emma sourit intérieurement. Cela n'aurait pas pu mieux se passer. Il semblait que les méthodes disciplinaires et l'attitude qu'elle adoptait avec ses élèves plus jeunes à l'autre bout du pays étaient tout aussi efficaces ici et avec des élèves de troisième.
Emma était effrayée par beaucoup de choses à l'idée de commencer à travailler dans un nouvel établissement, mais son aptitude à enseigner n'en faisait pas partie. Elle avait un master en géographie de l'université de Yale et avait ensuite obtenu le concours d'enseignement du second degré. Depuis l'âge de vingt-cinq ans elle avait été face à des élèves, inspirant les jeunes esprits et nourrissant leur passion pour les volcans, la formation des rivières, les mouvements tectoniques et les études de populations. Ce jour-là, sept ans plus tard, Emma n'était donc pas surprise que sa matinée se déroule aussi facilement qu'à New York.
Elle se dirigea seule vers la cantine, la tête et les épaules hautes face aux élèves qu'elle croisait et trouva bientôt son chemin vers le réfectoire, malgré le fait que Mr Gold ne lui avait fait visiter l'établissement que rapidement la semaine précédente. La salle était bruyante, les conversations animées et les rires des élèves remplissaient la pièce, une longue file d'attente serpentait sur le côté, menant au comptoir. Emma la dépassa et arriva jusqu'à la zone de service, s'excusant poliment avant de se glisser devant deux jeunes filles de troisième.
« Bonjour, » dit-elle en faisait un grand sourire à la cantinière aux cheveux gris. « Je suis Emma Swan, la nouvelle prof de géographie. » Elle ignora les gloussements des jeunes filles quand elles entendirent son prénom. Pourquoi les élèves croyaient-ils donc toujours que les prénoms des professeurs étaient Monsieur ou Madame ?
« Bienvenue, » dit la vieille dame, adressant elle aussi un sourire à Emma. « Je suis Eugenia Lucas, la responsable de la cantine. Qu'est-ce que je vous sers ? »
Emma jeta un œil sur la rangée de plats en inox, chacun rempli de nourriture à l'aspect douteux. « Je vais prendre des saucisses et de la purée, avec de la sauce s'il vous plait. »
Eugenia acquiesça et se saisit d'une main experte de deux saucisses pâles à l'aide d'une pince, qu'elle plaça dans une assiette propre, suivies d'une grosse cuillère de purée de pommes de terre et d'une louche de sauce.
« Bon appétit, » dit Eugenia, sans une once d'ironie en tendant son plat à Emma, avant de se tourner vers les filles de troisième, interrompant leur conversation au sujet des sélections de football auxquelles elles voulaient assister, ne serait-ce que pour admirer les garçons jouer.
Emma remercia la vieille dame et se retourna pour observer le réfectoire. De longues rangées de tables et de bancs s'étalaient à travers la salle, parallèles les unes aux autres. La plupart étaient occupées par des élèves, mangeant et bavardant, mais contre le mur le plus éloigné Emma aperçut deux tables occupées par des professeurs. Emma se fraya un chemin à travers la salle et rejoignit les autres adultes. Elle hésita un moment, se demandant où s'asseoir. Il n'y avait que deux chaises libres, l'une au bout à côté d'un homme plus âgé qu'Emma et l'autre entre deux femmes.
« Venez vous asseoir avec nous, » dit l'une d'elles en adressant un sourire à Emma.
Emma lui rendit son sourire et posa son plateau sur la table avant de se glisser sur la chaise en plastique.
« Emma Swan, c'est ça ? » demanda sa collègue, blonde également.
« C'est ça, » acquiesça Emma.
« Je suis Rose Bell, théâtre, » dit la jeune femme, qui tendit la main pour serrer celle d'Emma. « Et voici Ruby Lucas, EPS. »
« Lucas ? » demanda Emma, en coupant une saucisse. « Tu ne serais pas de la famille de la femme qui m'a servi ce repas ? »
« C'est ma grand-mère, » confirma Ruby. « Je t'en prie, ne me juge pas sur la qualité de sa cuisine. »
Emma gloussa. « Aucune école n'est réputée pour ses bons repas. Je suis sûre que ça ne peut pas être pire que ce que j'ai connu avant. »
« Tu as dit que tu venais de New York ? » demanda Rose.
« Exact, » acquiesça Emma.
« C'est assez loin de Portland, « remarqua Rose. « Je veux dire, tu aurais pu rester près de chez toi. »
« On avait besoin d'un nouveau départ, » répondit Emma en haussant les épaules.
« On ? » dit Ruby
« Mon fils, Henry, » précisa Emma. Il vient de commencer en quatrième ici. Mais je crois qu'il n'a pas choisi l'option théâtre, » ajouta-t-elle en lançant un regard désolé à Rose.
« Henry Swan est ton fils ? » demanda Ruby, surprise. La nouvelle prof semblait beaucoup trop jeune pour avoir un garçon de quatorze ans.
« Tu l'as déjà rencontré ? » dit Emma, un nœud se formant dans son estomac à l'idée que son fils s'était déjà fait remarquer par son professeur de sport.
« Il a eu cours avec moi ce matin. Mais on n'a rien fait de particulier, comme c'est le premier jour et tout ça. Je les ai juste fait revoir la biologie du corps humain. Il est bon, il a nommé le tibia et le cubitus si je m'en souviens bien. »
« Vraiment ? » dit Emma, en haussant les sourcils.
« Tu as l'air surprise, » nota Rose.
« Le déménagement a été compliqué pour lui, » souffla Emma. « Il y a eu un tas de changements dans notre vie dernièrement. Mais j'espère que Portland en sera un positif. L'air frais, la campagne, la plage et tout ça. »
« Il m'a semblé être un garçon super. Il est grand, est-ce qu'il joue au basket ? »
« Il n'y avait pas d'équipe dans notre ancienne école, » dit Emma. « Mais si tu penses qu'il pourrait être bon, je suis sûre que ce serait bien qu'il se trouve une nouvelle passion. » Elle repensa brièvement aux figurines de dinosaures, aux livres et aux gadgets que son fils collectionnait depuis ses deux ans, et qui se trouvaient toujours dans un des cartons du déménagement aux pieds du nouveau lit d'Henry.
« J'en parlerai à David, » sourit Ruby. « Tu as déjà rencontré David Nolan ? C'est l'autre prof de sport et le coach de l'équipe de basket. »
« Est-ce qu'il portait un survêtement à la réunion de ce matin ? » demanda Emma.
« C'est l'un des avantages de notre statut de prof, et oui, » acquiesça Ruby en désignant son propre pantalon de jogging. « Il vient d'arriver, d'ailleurs, » ajouta-t-elle, en pointant du doigt un homme grand et blond qui venait d'entrer dans le réfectoire accompagné d'une femme brune aux cheveux courts. « C'est sa femme, Mary Margaret. Elle enseigne l'anglais. »
Quelques minutes plus tard, alors qu'elle fut présentée au couple qui avait rejoint leur table, Emma aperçut Henry entrer dans la salle avec deux autres garçons.
« Excusez-moi, » dit-elle. « Il faut que j'aille voir mon fils. »
Elle se hâta à travers la salle et donna une petite tape sur l'épaule d'Henry.
« Eh, gamin. »
« Sérieux ? » grogna-t-il, tournant la tête vers sa mère avec une expression de plus en plus familière sur le visage. Il fit un signe de la main aux deux garçons, leur indiquant qu'il les rejoindrait plus tard, et s'éloigna des autres élèves qui faisaient la queue pour le déjeuner.
« Je voulais juste savoir comment s'était passée ta première matinée, » dit Emma avec un sourire lumineux.
« Bien, maintenant, laisse-moi tranquille, » grogna Henry, qui se tourna de nouveau vers ses amis qui avaient rejoint la file d'attente et le regardaient bizarrement.
Bien que blessée de ce rejet brutal, Emma retourna à la table des professeurs sans répondre ni réprimander Henry pour son attitude.
« C'est ton fils ? » demanda Mary Margaret alors qu'Emma s'approchait.
« Oui, » acquiesça Emma. « Apparemment, ce n'est pas « cool » d'être vu avec ta mère à la cantine. »
Un rire doux et grave se fit entendre derrière Emma, qui la fit se retourner.
« Désolée, » dit la femme brune d'une voix chaude et grave. « Mais qu'est-ce que vous espériez ? Aucun adolescent ne tient à ce que les autres élèves de sa nouvelle école sachent que leur prof est sa mère. »
« Touché, » concéda Emma, en regardant la nouvelle venue avec intérêt. Elle semblait avoir quelques années de plus qu'Emma mais elle était cependant jeune. Ses cheveux courts châtain foncé étaient parfaitement coiffés et une touche d'eye liner mettait ses yeux en valeur. Son tailleur-pantalon noir avait l'air cher et fait sur mesure pour sa silhouette svelte. Emma pensa qu'elle était probablement à-cheval sur la discipline et habituée à ce qu'on lui obéisse.
« Ça ne m'étonne pas venant d'un professeur de géographie, » ajouta gratuitement la brune, tirant Emma de ses réflexions concernant la belle jeune femme.
« Eh ! » s'exclama Emma. « C'est quoi le souci avec la géographie ? »
« Qu'y a-t-il de bien dans la géographie ? » rétorqua la jeune femme en se penchant sur la chaise d'Emma, les bras croisés et une lueur de défi dans le regard.
« Laissez-moi deviner : Histoire, » sourit Emma.
« Regina Mills, responsable dudit département, en fait, » répondit-elle, laissant voir à Emma un sourire d'un blanc éclatant qui aurait été plus à sa place à Hollywood. Emma lui sourit en retour, mais se rendit compte que quelque chose clochait à la façon dont l'autre femme se forçait à lui sourire.
« Donc la rivalité intemporelle entre l'histoire et la géographie est également présente dans cette partie du pays à ce que je vois, » gloussa Emma. « Si on considère que nos deux matières se battent toujours pour obtenir des subventions, on pourrait penser que nous aurions pu faire équipe à un moment donné. »
« Je suppose que votre projet de recherches n'était juste pas à la hauteur du mien, » taquina Regina. « J'ai obtenu sans problème le financement de ma thèse de doctorat par l'Université d'Harvard. »
« Oh, c'est bon, arrête de frimer, » lança Ruby depuis le bout de la table d'où elle et Rose écoutaient leur conversation. « On le sait que tu es Docteur de toutes les matières les plus ringardes de la plus vieille et poussiéreuse des universités. »
Regina rit de nouveau. « Je n'appellerais pas vieille et poussiéreuse la révolution culturelle des années soixante. Plutôt tout l'inverse en fait, étant donné que je suis sûre que toi et tes amies dansez sur des airs des Beatles, des Rolling Stones, et Jimmy Hendrix en mini-jupes tous les week-ends. Ce rembourrage que tu mets dans tes soutien-gorge a aussi été inventé dans les années soixante. Nous sommes allés sur la Lune en 1969. Et tu sais cette calculatrice que tu utilises pour calculer la moyenne de tes élèves ? Elle est sortie en 1967.
« Oui, mais pour savoir si une décennie était il y a longtemps ou non, il suffit de se demander : est-ce que l'un d'entre nous était déjà né dans les années soixante ? » assena Ruby.
« Moi. »
L'ensemble des professeurs éclatèrent de rire en se retournant vers l'homme le plus âgé assis en bout de table, à côté de la chaise vide où Emma avait hésité à s'asseoir.
« Archie, vous étiez déjà né dans les années cinquante, » plaisanta Regina.
« En effet, et ayant vécu aussi longtemps je peux vous assurer que les années soixante-dix étaient les meilleures : elles nous ont apporté internet, les téléphones portables et les rollers, » affirma Archie, écartant les bras comme si son opinion avait été démontrée.
« Revenons-en aux années soixante, l'ère des pompes à essence, des cœurs artificiels, des distributeurs de billets et du valium, » dit Regina. La jeune femme était intelligente, Emma pouvait le constater. Mais il y avait quelque chose dans sa façon de se tenir qui laissait penser à la blonde que son humour et sa confiance en elle n'étaient qu'une façade, presque comme si elle ne voulait pas que les gens connaissent la vraie Regina.
« Oh, ma chère, ce débat pourrait durer pendant tout le déjeuner, » pouffa Archie. « Je suis Archie Hooper au fait, » dit-il en reportant son attention sur Emma. « Le psychiatre du collège. »
« Ce collège a besoin d'un psychiatre ? » demanda Emma, légèrement alarmée. Cela ne faisait certainement pas partie des caractéristiques de son dernier établissement.
« Eh bien, nous avons un certain nombre d'élèves qui apprécient de pouvoir se confier de manière soutenue à quelqu'un qu'ils connaissent et en qui ils ont confiance, » expliqua Archie. « Et je suis également présent pour les professeurs, si jamais vous avez besoin de parler. »
« Ça va, merci, » répondit brièvement Emma. Elle avait vu assez de thérapeutes durant les douze derniers mois et elle était déterminée à ce que sa nouvelle vie n'en implique pas. « Donc vous êtes allée à Harvard ? » demanda-t-elle à l'adresse de Regina.
« En effet, » affirma la brune, qui tira la chaise derrière elle et fit signe à Emma de s'y asseoir, laissant voir à la blonde un gros diamant qu'elle portait à la main gauche. Ruby fit glisser l'assiette entamée d'Emma le long de la table et celle-ci lui fit un signe pour la remercier. « Et vous ? »
« Yale, » répondit Emma, la bouche toujours pleine de purée.
« Vraiment ? » demanda Regina, levant les sourcils alors qu'elle observait la blonde s'essuyer la bouche du revers de la main.
« J'étais une de ces étudiantes modestes qui ont été acceptées pour améliorer les statistiques de la fac, » dit Emma en haussant les épaules. « Mais je suis allée dans la meilleure université du pays, donc je ne m'en plains pas. »
« La deuxième meilleure, » répliqua Regina.
« Sérieux ? Alors on va être rivales à cause de nos matières et de nos universités ? » rit Emma.
« Il semblerait, Madame Swan, » répondit Regina.
« Mademoiselle, » corrigea Emma sans réfléchir.
« Je suis désolée, » dit Regina. « Je pensais juste que comme vous avez un fils…,»
« Ce n'est rien, » s'empressa de répondre Emma. « Je dois y aller, par contre. Beaucoup de cours à préparer, vous savez ce que c'est… C'était génial de vous rencontrer, Docteur Mills. Vous tous, d'ailleurs, » dit-elle au reste de la table avant de se lever et de rapprocher sa chaise de la table. « On se voit plus tard. »
Emma était appuyée contre sa voiture, pianotant sur son téléphone, et ne remarqua même pas Henry s'approcher finalement de la voiture. Ce n'est que lorsqu'elle l'entendit essayer d'ouvrir la portière verrouillée qu'elle leva la tête et sourit à son fils.
« Salut, gamin, c'est bon je peux te parler maintenant ? » plaisanta Emma. Elle s'était garée tout au bout du parking des professeurs ce matin-là sous l'insistance d'Henry, et il lui avait laissé quelques minutes d'avance avant de se diriger vers le collège.
« Ouvre la porte, » soupira Henry. Sa voix semblait aussi fatiguée que son visage.
Emma s'exécuta, ouvrant sa propre portière et grimpant dans la voiture afin de déverrouiller le siège passager de l'intérieur. Elle songea qu'un jour elle devrait peut-être envisager d'acheter une voiture avec fermeture centralisée, tandis que son fils s'asseyait lourdement dans la coccinelle.
« Alors, comment s'est passée ta journée ? » lui demanda-t-elle en s'éloignant du collège, Henry ayant attaché sa ceinture quelques secondes après elle.
« Bien. »
« Tu es vachement expressif dis-donc, » dit Emma, fixant son fils pendant plusieurs secondes. « J'ai entendu que tu as été plutôt bon en sport ce matin. »
« J'ai nommé quelques os, la belle affaire, » grogna Henry.
« Mademoiselle Lucas pense que tu pourrais faire partie de l'équipe de basket. Je t'avais dit que ta poussée de croissance de cet été serait une bonne chose, même si on a dû renouveler tous tes vêtements. »
« Je déteste le basket, » répondit Henry.
« Tu détestes tout en ce moment, » fit remarquer Emma.
« Et tu me le reproches ? » répliqua Henry. « Ma vie est pourrie ! C'était déjà pas marrant avant, mais maintenant ? Il a fallu que tu me fasses déménager si loin de mes amis que je les reverrai plus jamais, vu que j'habite au milieu de nulle part et qu'aucun d'eux ne voudra venir me voir. Et je suis dans une stupide nouvelle école avec de stupides cassos. Sans parler du fait que tout le monde sait que la nouvelle prof de géo sexy est ma mère. Alors pourquoi est-ce que je voudrais faire partie d'une stupide équipe de basket ? Ça ne fera pas revenir Papa, si ? »
La voiture resta silencieuse. Emma ne savait pas quoi dire. Elle savait rarement comment réagir quand son fils faisait allusion à son père. Ses yeux se remplirent de larmes et elle les écarta d'un battement de paupières, essayant de se concentrer sur la route alors qu'elle arrivait dans sa rue. Dès qu'elle eût garé la voiture, Henry en sortit précipitamment et se mit à courir dans l'allée avant de disparaitre derrière la porte jaune. Emma posa sa tête sur le volant et laissa ses larmes couler. Elle resta assise là pendant cinq minutes, évacuant sa rage et son désespoir et se calma finalement. Emma se moucha, sécha ses larmes et sortit de la voiture pour suivre son fils dans leur nouvelle maison et commencer à préparer le diner.
