Hitori 一人

Disclaimer : alors, comme j'ai adoré le One Shot Thalassophobia, ça m'a donné l'envie d'écrire moi aussi quelque chose de sérieux sur mon personnage préféré : Kanon. Je te dédie cette fanfic Jotunn Jack. Cette fois, pas de bons sentiments de moments marrants dans cette fic, ce sera une toute autre chose. Et certainement pas le pays des bisounours, sur ce bonne lecture. Vos avis sont les bienvenus!


:帰宅 1 Rentrer chez soi

C'est vraiment un truc de dingue, même en prenant la cuite du siècle ou en ayant becqueté quelques space cakes, jamais j'aurais cru qu'un jour comme celui là arriverait. Non, au grand jamais. Et je ne suis vraiment pas à la fête, ça non c'est très clair aussi, bordel de merde.
De retour ici, dans ce foutu lieu qui est bien le dernier où je comptais aller. Cet endroit de merde qui n'a jamais voulu de moi, deux ans juste après mon arrivée quand je n'étais qu'un gosse.
Le sanctuaire d'Athéna. Putain sérieusement, c'est sans doute la dernière fois que je foutrai les pieds dans ce lieu, il n'y en aura plus d'autres. Sauf que là c'est pas comme si j'avais le choix d'aller ailleurs, pour pas mal de raisons…
Mais pour faire court, on va simplement dire que j'ai une dette à payer. Et c'est un des trucs que je déteste le plus au monde, être redevable à quelqu'un, ça me débecte. Beaucoup.
En plus on a quelques casseroles au cul, et cette fois, pas un petit truc à deux balles. C'est du lourd, si nos ennemis ont le dessus sur nous, on ne sera même plus là pour profiter de la Terre , plus rien n'existera. Le chaos, le néant et la mort format XXL, garanti sur facture ! Ce serait donc plus intelligent de se bouger les miches, de retrousser ses manches et d'être prêts à se battre. De toutes façons y a pas d'autres issues.

C'est vraiment incroyable ! Que dalle n'a changé dans cet endroit : ni les colonnes ni les baraquements, ni les gardes et tout le reste.
Mon ancien « chez moi » Ouais, vous avez bien entendu : mon chez moi. Faudrait qu'on arrête de penser que c'est toujours un lieu agréable, confortable, qu'on décore à sa sauce et où on se plait… Ce genre de conneries, vous pouvez vous les garder, et vous les coller là où je pense.
Le sanctuaire n'a jamais été cet endroit digne de barbieland ou du pays de Cocagne.
C'est austère, éloigné de tout, figé dans le temps, où en a a pas grand-chose à foutre de vous.
Mais quand même, c'est là que j'y ai vécu huit bonnes années de ma vie, que tout a progressivement changé, pour qu'on en arrive à ce merdier monstre.
Même si c'était loin d'être le coin le plus accueillant, au moins au début je n'étais pas seul. J'avais de l'espoir, les yeux plein d'étoiles, je croyais encore à ces conneries comme quoi c'est plus simple quand son frère est avec toi.
Alors comme le gamin naïf, j'y ai cru, un certain temps, je m'y suis un peu accroché. Mais c'est comme les coups du Père Noël et des Cloches de Pâques, ça n'existe pas, c'est seulement une illusion. Un truc pour jeter de la poudre aux yeux et faire croire que le monde est plus mignon. Putains de beaux mensonges de merde, ils auraient du dire ! Et j'en ai rien à foutre de mon langage ! Vous feriez mieux vous même, oui le guignol qui lit ces lignes en ce moment même de vous demander si vous aimez pas ça vous aussi ? Bien sûr que si n'est ce pas, et des fois ça vous soulage ? Bon alors vous fermez votre gueule, vous gardez vous remarques moralisatrices à deux balles et vous me laissez poursuivre si ça vous intéresse.
Comme je l'ai dit il y a deux secondes, j'avais de l'espoir, j'avais trouvé enfin un objectif valable qui donnait un sens à ma vie. La possibilité de me dépasser, de repousser mes limites, de faire mes preuves et d'être pleinement celui que j'étais. Les erreurs, les progrès, les entraînements acharnés, une autre vie en communauté aux antipodes de ce qu'on avait connu à l'orphelinat.
Encore avoir quelqu'un sur qui compter quand ça allait mal et inversement. Être foutu de discuter jusqu'à pas d'heure au lieu de pioncer le soir, explorer les environs en s'extasiant et se posant une flopée de questions sur tout et pas grand-chose, se démerder pour se débarrasser de la bouffe merdique qu'on avait aucune envie de béqueter…

Tous ces faits c'était ce qui définit un « chez soi » et vous le savez très bien.

Donc, même si ce lieu est le dernier que j'aurais aimé revoir, que ça me colle sérieusement les abeilles, et que ce ne sera pas de la tarte de se pointer à nouveau comme si de rien était, oui c'est un retour chez soi.
Contraint et forcé, à contrecœur, parce que c'est le seul choix et une fois de plus ça va être une espèce de galère monstre avec à nouveau d'autres trucs à affronter. Mais je m'en cogne, c'est un truc dont j'ai l'habitude depuis longtemps, très longtemps. On fera avec, une fois de plus. De toutes façons quelles différence ?
Aberrant de voir comment la surveillance est calamiteuse dans ces lieux, alors que l'alerte a été donnée.
C'est un vrai jeu d'enfant d'arriver là où je dois me rendre en premier. Et tout en retrouvant les passages secrets que personne connaît, c'est plus fort qu'une vague, que le soleil, une nuée de choses me reviennent à l'esprit.


Notre vie a débuté sur l'île de Salamine, plus précisément à Peristéria. Si vous voulez en savoir plus, essayez de chercher le coin le plus paumé où jamais rien ne se passe et où il n'y a pas grand monde qui y vive. Et non, me faites pas chier avec les souvenirs, je le sais seulement parce qu'on nous l'a raconté.
Toujours est il qu'on est resté pas plus de treize mois sur cette île, ou peut être deux ou trois mois de plus, j'en sais trop rien. Par contre, il est certain qu'à un moment le pope avait retrouvé sur les marches de son église des jumeaux. Un abandon, balancés comme des ordures, ou des êtres indésirables, dont on avait absolument plus rien à foutre, qui entravaient.
On peut faire que des suppositions mais nos parents étaient sans doute trop pauvres pour réussir à joindre les deux bouts. Ou qu'à un moment, une femme ait eu une aventure et ait voulu en garder un joli souvenir, sauf qu'elle ignorait quel merdier ce serait. Ou tout simplement que l'inconnu qui était notre père avait cassé sa pipe en mer, que la situation était ingérable.
Je vais pas me faire chier à passer toutes les hypothèses en revue, cependant il a pas fallu deux jours pour que les choses aillent très vite.
Presque aussitôt le lendemain, c'était terminé pour nous Salamine. Un bateau nous avait ramené, direction : Athènes, ou les environs. Y avait pas d'orphelinat, c'était pas un truc possible sur cette île vu la pauvreté et la misère qui y régnait. Seul le tourisme permettait de faire tenir debout les petits villages et l'île.

C'est comme ça qu'on s'est retrouvés dans un orphelinat, comme tant d'autres.
Le lieu était correct pour des gosses : un personnel gentil, tolérant, des câlins, des histoires… On avait quand même pas mal de jouets, des piaules ou faire la sieste, une cour avec plein d'olivier et des jeux. Cerise sur le gâteau, on avait même le pot d'avoir une chambre pour nous deux.
Cet endroit, je le détestai pas. On était ensemble, on avait une flopée de trucs à découvrir, des gosses de notre âge avec qui jouer ou les embêter…
On était encore complices, foutus de lire à deux un livre illustré ou de faire de la balançoire, de s'imaginer des histoires.
Mais on était quand même des opposés absolus : je préférai m'éclater au toboggan, grimper aux arbres ou escalader des murailles, et me retrouver avec les mains et le genoux en sang, me barrant à l'idée de foutre du mercurochrome dessus.
A passer plein de temps à jouer et courir dehors, à revenir que quand j'en avais envie, idem pour ce qui est de dormir, manger et j'en passe.
Le gamin qui préfère bousiller les constructions en cubes, foutre un fourbi monumental avec les jouets. Même si aussi étrange que ça puisse paraître, les livres étaient un des rares trucs que j'adorai et où j'étais calme et attentif. Comme la petite image toute sage qui était mon grand frère, pas chiant pour un sou. A qui tout convenait : jouer seul, avec d'autres gosses, avec des crayons ou des légos, des peluches. Pas chiant pour dormir quand c'était le moment de faire la sieste. A cette époque on acceptait assez nos différences.

Par contre quand il a été question d'apprendre ou de dessiner, ça a a été une toute autre histoire.
Toujours la même rengaine « qu'est ce que tu t'appliques bien » « c'est superbe » et autres niaiseries de ce genre pour tout : tracer les lettres ou les chiffres, dessiner des paysages ou des bonhommes, inutile d'être un génie pour savoir à qui ces éloges étaient adressées.
Bon je l'admets, apprendre avait pas été ma tasse de thé, ma passion première c'est pas quelque chose que je nierai. Je n'ai jamais rien voulu nier de toutes façons.

Mais d'entendre souvent cette même ritournelle, ça avait tendance à me gonfler, et je boudais. Que faire de plus ? Faire un effort ? Ouais, figurez vous que j'y avais pensé, mais c'était de la gnognotte en comparaison avec mon très cher frère qui excellait en tout.
Par un coup de pot, et une bonne mémoire, je me démerdais un peu mieux en maths ou pour retenir les dates en histoire. Aucun problème avec la géographie et les leçons de choses, le monde m'avait toujours fasciné, et j'étais avide d'en connaître plus.
Quand on me sortait un « c'est la bonne réponse » « exact » « tu as raison de poser des questions » ça me mettait du baume au cœur, j'étais quand même quelqu'un. J'existai, j'avais le droit à des félicitations et des encouragements comme n'importe quel gosse . Pas l'ombre du gamin parfait dont tout le monde rêvait, je le comprends mieux.

Avec l'âge et le recul, tant de trucs qui paraissaient tarabiscotés et aussi incompréhensibles que le russe ou le coréen le deviennent finalement moins. Cons comme chou, des choses qui coulent de source.

C'était déjà clair : il y avait déjà cette compétition entre nous, même un aveugle s'en serait rendu compte. A sept ans ça nous arrivait de nous chamailler, de nous lancer des défis ou de nous tirer la tronche pour une remarque faite à l'un et pas à l'autre.


Voilà pourquoi quand une fois de plus quand on s'est retrouvés au Sanctuaire, cette fois on en était contents : personne ne comptait nous juger sur des critères que nous connaissions déjà à l'orphelinat. Là, on nous parlait de développer ce qu'ils appelaient le cosmos, de devenir forts pour protéger le monde, on avait tous les deux la possibilité de devenir des chevaliers d'Athéna au service de la justice.
Pour être franc, cette cause, j'en avais pas grand-chose à cirer. Ce qui était le plus important pour nous deux et qu'on avait redouté par dessus tout c'est d'être séparés l'un de l'autre et de ne jamais se revoir. La justice, les armures, je m'en foutais un peu même si j'ai été un élève acharné, assidu.
Je m'étais lancé à corps perdu là dedans, car partiellement, on va dire à trente pour cent, j'y croyais vraiment, ça avait donné un sens à ma vie. Et les soixante dix pour cent restants alors ? Ni plus ni moins que l'occasion rêvée et tant espérée que je pouvais être meilleur que mon frère pour une fois. Que ce serait lui qu'on ne remarquerait pas, histoire de changer, qu'on sache de quoi j'étais capable.

Ma détermination était sans failles et droite, forte.
Peu importe les souffrances, les coups, la fatigue ou le risque de mourir si facilement, en plus on pouvait encore compter l'un sur l'autre. Saga savait que ça m'énervait que ce soit sur lui qu'on se retourne et il essayait quand même de se démerder pour moins attirer l'attention des autres.
Sauf que les événements avaient pris un tournant inattendu : Un apprenti de notre âge du nom d'Aioros et son frère à peine âgé de six mois. A cette époque on était sans doute 4 ou 5 gosses à tout casser au sanctuaire.
D'un certain côté je m'en foutais comme d'une guigne de ce type, de l'autre à nouveau ma curiosité était émoustillée. Je me rappelle d'une fois où on avait réussi à se barrer loin des entrainements, à explorer les lieux, à parler de nos rêves, nous disputer pour que dalle… Un moment comme j'en avais pas connu depuis longtemps.
Jusqu'à ce qu'assis sur une colonne, à regarder les nuages du crépuscule il me sorte LA phrase « c'est quand même bien d'être avec toi Saga. Tu voudras qu'on refasse ça ? »
Le truc qui vous plombait quelque chose de bien lourd et de sérieux, vous débectait à vous coller une gerbe qui vous flingue les entrailles. L'affront impardonnable, peu importe que ce soit involontaire ou non. Il préférait comme tant d'autres mon cher frère, qui n'avait manifestement pas eu envie de rectifier le tir, de dire qu'il avait un frère jumeau, rien. Il n'en avait que pour le brillant de nous deux, moi je n'étais que du vent ou une ombre. Comme si franchement c'était la première fois.
Cette nuit là je suis rentré plus tard que prévu, aux alentours de minuit. Bien évidemment, en tombant sur mon pieu j'avais envoyé Saga sur les roses en lui sortant « Ferme là c'est pas tes oignons et j'ai aucune envie de parler » il a pas insisté, au moins il avait compris.
Petit à petit je me rendais compte que les choses évoluaient et pas dans le bon sens en ce qui me concernait.
Dans le même temps une évidence commençait à émerger lentement dans mon esprit faisant son petit bonhomme de chemin : une grosse fissure était apparue entre Saga et moi.
Je m'en rendais compte que maintenant quand j'avais douze ans, mais c'était pourtant une évidence. Si j'en avais conscience, c'est tout simplement parce que je m'étais engagé sur un tout autre chemin, que je me voilais la face. J'étais persuadé que ce qui se passait n'était que passager, que tout redeviendrait comme avant. Je me plantais en beauté sur toute la ligne.
Je n'étais que dalle aux yeux de tous, rien pas grand-chose. Limite un truc qu'on finira par remarquer parce que ça fait partie du décor, comme un pot de fleur de merde, ou un livre ou autre connerie de ce genre. Rien, une ombre, du néant, englouti par la présence magnifique lumineuse, bienveillante et incomparable de Saga.
D'un côté ça m'a donné encore plus la rage de gagner cette armure d'or et de noyer ma tristesse, mon incompréhension. De l'autre ni l'un ni l'autre on en a foutu une et décidé de bouger nos fesses en comprenant que quelque chose merdait. Non, les choses ont empiré, et je m'en rendais de plus en plus compte.
Était ce le cas pour Saga ou alors s'en souciait il comme d'une guigne, et jouer le rôle de grand frère modèle qui n'était qu'un rôle justement ? Je n'ai aucune réponse à cette question.
Une seule chose était une certitude : On ne se comprenait plus, on était plus foutus de s'écouter, de se confier l'un à l'autre. Avec un petit truc assez important, la cerise sur ce gâteau amer : je commençai vraiment à détester de plus en plus mon frère, à ne plus le voir comme la personne que j'avais cru qu'il était.

A suivre

Prochain chapitre: Ne faites confiance à personne, la trahison peut même venir de la personne dont vous êtes le plus proche.