Chapitre 1 : Stagiaire et surveillante

Rei semblait identique à la femme qu'il avait mariée, bien qu'elle aille à présent 43 et non 18 ans. Mais il n'eut pas l'occasion de bien l'observer, avec la marée de journalistes venue pour les embarrasser et étrangement « l'aduler », elle…

« Quoi?! » songea Endeavor, n'étant pas sûr de comprendre l'enthousiaste de la foule pour une parfaite étrangère.

Il garda le silence, précisant à Rei qu'il ne pourrait pas rester à la maison, en route dans leur taxi.

-J'ai du travail à l'Agence…, commenta-t-il, s'attendant à quelques protestations ou de remarques cyniques.

Mais elle hocha la tête, regardant par la fenêtre.

-Ce ne serait pas normal que tu négliges ton travail… Tu es le numéro 1, comme l'a dit Fuyumi et Shoto… Cela doit prendre tout ton temps…, commenta-t-elle, il hocha la tête, surpris de sa compréhension.

-Navré… Nous essaierons de reprendre le temps perdu dans les prochains jours… Mais tu dois être épuisé…, commenta-t-il, levant la main pour lui prendre son épaule mais il s'arrêta en plein mouvement.

Elle tourna la tête, ayant sentit quelques choses, sourcillant, mais il passa sa main levé dans ses cheveux, nerveux. Elle avait beau être douce et aimable, quelque chose dans sa manière d'agir l'empêchait de la traiter comme autrefois. Un mur invisible, une distance, un froid…

Il n'aurait pas été surpris de prendre sa main et de la trouver geler.

Elle aimait le froid, elle créait la glace à volonté, mais en échange, son corps était très souvent à une température en dessous de la moyenne. Dans leurs premières années de mariage, il aimait prendre ses mains, dans le prétexte de « les réchauffer ». Son sourire était alors doux et plein de chaleur, et il aimait lui procurer chaleur et tendresse, enfin, ce qu'il pensait nécessaire dans leur situation.

Mais il ne s'était jamais forcé à jouer un rôle avec elle. Elle n'était ni demandante ni cupide, elle acceptait le temps qu'il lui donnait mais ne le critiquait pas de s'investir tant dans son métier.

Enfin, c'était il y a fort longtemps. Aujourd'hui, il aurait songé qu'elle puisse se montrer plus difficile. Elle était sa femme, elle pouvait être exigeante.

Mais il sourit en coin, satisfait que les choses semblent inchangées, à part ce léger froid.

S'il avait eu une idée à quoi pensait Rei, il n'aurait sûrement pas sourit.

Fuyumi les attendait à la maison et disputa, elle, son père pour partir presque aussitôt arriver.

-Ahhh! Il est incorrigible! s'écria-t-elle, sa mère lui souriant, entrant avec une certaine angoisse dans cette maison identique à ses souvenirs.

L'aménagement avait changé et elle ne vit pas la mère d'Enji nulle part. Elle s'en inquiéta mais Fuyumi la rassura.

-Mami est parti vivre chez sa sœur, après m'avoir montré comment tenir maison et s'assurant que Shoto ne manque de rien. Ça fait environ 4 ans de cela… Pourquoi? Tu t'entendais bien avec elle?

Rei n'osa pas avouer son soulagement. La dame était gentille, mais toujours du côté d'Enji. Si seulement ils avaient pu vivre seuls, il aurait semblé à Rei plus possible de mettre ses propres règles dans cette maison si vaste, si ancienne et encore si sombre.

Heureusement, Fuyumi et les autres l'habitaient et lui donnait un autre éclat, les deux femmes prenant le thé dans le salon, les feuilles des arbres tombaient doucement dans le jardin.

-… Est-ce que tu veux que je te montre ta chambre…? demanda Fuyumi au fil de la conversation, Rei penchant la tête.

-Ce ne sera pas nécessaire, ma chérie… Vois-tu, Inko m'a fait une offre très intéressante… J'ai réfléchi, et je pense que ce sera pour le mieux…

Fuyumi ne parut pas enchanté en connaissant les détails mais finit par comprendre son idée.

Le soir, Natsuo et Shoto firent des pieds et des mains mais ils allèrent manger à la maison familiale. Rei avait aidé au souper, malgré son angoisse en allant dans la cuisine.

Elle sentit son cœur arrêter de battre au porche de la porte, se rappelant comme si c'était encore hier. Sa faiblesse, ses peurs, son angoisse, son manque cruel d'estime…

Elle se força à pénétrer le cadre, réalisant que les nouvelles couleurs au mur et surtout, la disparition de la théière la mirent à l'aise. Mais elle avait malgré tout des flashs du passé, revenant sournoisement dans son esprit. Et elle se rassura en songeant que c'était un effort à donner.

« Bientôt, j'aurais mon propre espace… Loin d'ici… » songea-t-elle, faisant un effort pour les enfants.

Personne ne s'attendait visiblement à ce que le maître des lieux revienne, alors que les convives commençaient à manger. Il marcha dans la salle à manger sous le regard surpris de sa famille.

-… J'ai réussi à finir tôt…, expliqua-t-il, avant d'aller se changer, Natsuo posant une main sur l'épaule de sa mère.

-Tu veux que je lui dise de manger dans son bureau?! demanda-t-il, mais Rei soupira, ne comprenant pas pourquoi ses fils agissaient comme s'il était un dangereux criminel.

Elle appréciait leurs supports, mais elle ne souhaitait pas qu'il reste de la haine. Non, ils étaient quasiment tous adulte. Malgré l'absence de Toya, ils devraient être en moyen de communiqué leurs soucis, leurs peurs et leurs envies, sans craindre de ne froisser personne. Enfin, cela dépendait si Enji était resté inchangé.

Elle voulait vraiment croire qu'il regrettait ses erreurs du passé, mais elle ne voulait plus se voiler la face. Elle avait tellement souffert de son indifférence et de la manière dont il avait méprisé ses premiers enfants, l'abominable traitement qu'il gardait pour Shoto, son « parfait successeur ».

Elle ne pouvait qu'espérer mieux le connaître aujourd'hui et voir si l'homme qui l'avait détruit par le passé avait changé au mieux… ou au pire.

« Ça semble impossible… » raisonna doucement Rei, essayant de rester positive mais baissant les yeux quand il daigna s'asseoir à côté d'elle, au bout de la table.

Le silence en gêna plus d'un et Fuyumi finit par briser la glace.

-Alors, ça a bien été, au travail?

-Comme d'habitude…, répondit-il, évasivement, décevant un peu Rei.

Elle aurait préféré qu'il parle comme avant de son travail, avec fatigue, avec colère, avec joie... C'était le rare sujet neutre qu'elle ne se lassait pas de l'entendre parler.

-Les gens ont du te poser des questions sur maman…, commenta Natsuo. Je devines que plusieurs ignoraient que tu étais marié!

Fuyumi lui jeta un regard lourd en reproche mais Enji ne sembla pas le prendre mal.

-Un héros ne devrait pas exposer sa vie privée… Hawk se mêle bien sûr de ce qui ne le regarde pas… Il a demandé à pouvoir venir rendre visite, s'assurer en personne que tu ne manques de rien, Rei…

-Hawk…? répéta sa femme, curieuse.

Ce nom lui disait quelque chose.

-Il est le héros numéro 2. Il a tout juste 24 ans, et il est beaucoup plus bavard que je ne l'ai jamais été. Il est très apprécié de la foule, inversement à moi. Mais dernièrement, il est moins actif.

-Et il traînait souvent avec toi…! renchérit Fuyumi, Endeavor grognant.

-Monsieur serait mon fan…, commenta-t-il, en semblant agacé mais Rei souriant, prenant un morceau d'omelette dans ses baguettes.

-Ça ne m'étonne guère…, commenta-t-elle, surprenant Enji, mais préférant se resservir que de demander des détails.

Il n'ignorait pas sa valeur. Mais il n'avait plus l'habitude de compliments.

Natsuo changea de sujet et parla de sur quoi il étudiait à l'école. Shoto préféra ne pas parler d'école devant son père, se doutant qu'il serait capable de critiquer la méthode d'éducation « trop douce » de U.A.

Le souper finit après d'autres conversations sur la vie active de leurs enfants, Rei paraissant se plaire et Enji n'en faisant pas de cas. Enfin, Fuyumi commença à desservir, proposant aux parents d'aller prendre leur thé dans le salon.

-Je suis sûr que vous avez des tonnes de choses à vous dire…! s'écria-t-elle, Enji sourcillant et Rei paressant nerveuse.

Mais elle hocha la tête, avant d'inviter Enji à la suivre. Il sourcilla mais acquiesça, Natsuo n'aimant pas trop ça, mais Shoto aimant à penser que si quoi que se soit tournait mal, sa mère serait capable de se défendre.

D'autant que le vidéo parut ce matin, selon Izuku filmé par son paternel, montrait une Rei intraitable et Enji comme une pauvre victime. Étrangement, il n'avait pas ressentit trop de pitié pour le vieux héros.

Enji songea que ça faisait une éternité qu'il n'avait pas été seul avec une femme, à boire tranquillement du thé. Mais en même temps, c'était Rei. Pourquoi trouvait-il la situation étrange, presque inconfortable?

Elle semblait sereine, peut-être se réhabituait-elle assez vite à revenir au foyer? Ce serait une bonne chose… Il avait craint qu'elle rechigne à quitter l'institut.

-… Tu te sens bien…? demanda-t-il, la dame gardant le silence, sa tasse en terre cuite dans la main.

-… Et toi…? souffla-t-elle, Enji se sentant rougir.

-… Je me sens… étrange…, admit-il, perplexe devant sa propre ambigüité.

-… Comme au début de notre mariage… Nous sommes comme deux étrangers…, admit-elle, mais Enji trouvait que c'était très différent.

À l'inverse, ils se connaissaient. Mais il lui avait fait mal. Et elle ne l'avait pas ménager dans son amour propre, en lui montrant le pire d'elle, ce qu'elle était devenu par sa négligence.

Il pensait que tout ça était derrière lui, mais il avait comme une peur sournoise de la voir redevenir folle, vouloir se venger ou le tuer.

C'était bête… Si les docteurs de l'hôpital affirmaient qu'elle était saine d'esprit, jamais elle ne tenterait de lui faire mal. … Sauf s'il agissait encore avec négligence.

« Elle doit comprendre qu'elle est en sécurité… » songea-t-il, auriant voulu pouvoir le communiquer avec des gestes, et non des mots.

Il n'était pas le meilleur orateur, encore moins un psy. Il avait toujours réussi à l'apaiser par le passé avec une accolade, une caresse sur son épaule, sa tête… C'était si facile de montrer que tout allait bien. Mais elle était assise sur le futon devant le sien, la table de bois les séparant, ne lui permettant aucune invasion dans son espace. Aussi devait-il trouver les mots qui la rassurerait. Et qui pourrait permettre à leur relation de redevenir normal.

-… Rei, commença-t-il, avant de se prendre le menton. Je ne me souviens pas de m'être… excuser… De ma conduite…

-Non…, admit-elle, mais paressant ne rien attendre de la sorte. Nous ne sommes pas vu depuis l'incident… Il me semble que je te dois des excuses…

-… Tu m'as fait très peur…, admit-il, trouvant que parler du passé n'aiderait pas au présent.

Mais comme il ne pouvait pas communiquer en geste, les mots venaient difficilement dans sa bouche, pas toujours aussi harmonieusement ou parfaitement qu'il le souhaiterait.

-J'ai beaucoup souffert… Mais j'ai réussi à voir une psychologue de confiance… Quand je lui parles, je me sens écouter, comprise…, expliqua-t-elle, Enji sourcillant mais hochant la tête.

-Je peux t'écouter, si tu le veux…, admit-il, quoi que ne le souhaitant pas vraiment.

-… C'est trop tôt…, répliqua Rei, rendant son mari encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà.

Comment ça, trop tôt? Devrait-il attendre des semaines avant qu'elle ne lui donne ses reproches, avant qu'ils ne puissent tourner la page et vivre comme un couple normal? Il était un homme intelligent, mais il n'était pas patient. Il ne voulait pas suivre une thérapie, il était parfaitement saint d'esprit. Rei avait pété un câble. Elle avait fait des erreurs. Mais il s'était promis de ne rien lui reprocher, sachant qu'il avait sa part de responsabilité.

Une autre femme aurait réagit autrement. Mais une autre femme aurait tout simplement demander le divorce et aurait pu le traîner devant une cours de justice. Des héros mourraient non pas sur le champ de bataille, mais quand leurs vilains défauts étaient démasqués au public.

Il ne pensait pas que Rei soit du genre à laver son linge sale en publique. Mais il ne voulait pas courir le risque qu'elle parle ouvertement du passé. Une psychologue tiendrait le secret professionnel, il n'y avait rien de mal à ça.

Mais il souhaitait montrer à Rei qu'il pouvait être le mari aimant du passé… Quand elle baisserait enfin ses défenses…!

-… D'accord…, souffla-t-il, contrarié, avant de finir son thé refroidit et poser sa tasse sur la table. Bon, Fuyumi a dut t'expliquer mes arrangements…

-Arrangement…? répéta doucement Rei.

-Nous dormirons dans des chambres séparés… Tu peux choisir du côté sud ou Est de la maison, où cela te chante. La demeure est bien assez vaste pour que nous vivions sous le même toit sans qu'on dérange aux habitudes de l'autre… Le temps que les choses se placent… que tu te réhabitues à vivre en famille… Je t'aiderais…

Elle parut toucher de son attention au détail mais secouant doucement la tête, le tracassant.

-Ça te déplait…? Je suis prêt à te laisser ton espace, je comprends que j'ai mal agit…, affirma-t-il, un peu plus de force dans sa voix, tracassé qu'elle ne coopère pas. Y a-t-il autre chose que tu veux, en plus…?

-Je sais que tu n'as pas besoin de moi… Alors, je ne veux pas être entretenu…, expliqua-t-elle, avant de fouiller dans sa poche et montrer une clé. Inko vit présentement avec son petit ami. Mais elle a un appartement, dans cette ville. Je peux venir vous voir le jour et aller dormir chez elle… Le voisinage est fort aimable et discret, selon elle…

Elle semblait être bien décidé d'accepter l'offre de Mme Midoriya, mais Enji sentit la colère monté.

-… Je comprends ton idée… Cette maison te rappelle de mauvais souvenir…, admit-il, se préparant à contre-attaquer que ce n'était pas sérieux que « sa femme » dorme ailleurs qu'ici.

Les médias sauteraient sur le cas pour dépeindre une vie conjugale mouvementé. D'autant qu'il ne voulait pas qu'elle aille l'option d'aller voir ailleurs. Il ne voulait pas risquer un scandale, et l'idée qu'un homme plus jeune tourne autour de Rei, pour l'atteindre lui, ou pour l'argent, ou toute autre raison, le mettait hors de lui.

Mais Rei affirma la raison très simplement, ne laissant pas place à de réplique.

-Je ne peux pas rester sous le même toit que le tien…

Elle paressait triste et amer en disant ses mots, mais aussi résolue. Enji garda le silence, abasourdi. Est-ce qu'elle sous-entendait que s'il l'emmenait ailleurs, dans une maison à la campagne, dans une villa proche de la mer, elle refuserait d'y rester parce qu'il était là? Il était le problème?

-Je pense que nous devons faire le point, pas à pas, Enji, sur notre relation. Sur ce que nous sommes l'un pour l'autre, qu'est-ce que nous pouvons faire pour nous entraider et qu'est-ce que nous ne pouvons pas… Je sais que je te suis inutile… Pour ton travail, pour la vie de tout les jours…

-Tu es la mère de mes enfants…, raisonna-t-il, sa voix lui paressant trop bourru, Rei rougissant brièvement, souriant mais ne changeant pas son discours.

-Je ne veux pas toucher ce point… Je veux rester proche… Pour toi, pour les enfants, mais pas parce que je dépens de vous. Il est temps que j'apprenne à vivre par mes propres moyens. Que je me construise des bases neuves… Sans l'influence de personne… C'est ce que je pense le mieux que je puisse faire, pour l'instant.

-… Et tu ne peux pas faire ça… ici…? demanda-t-il, détestant que ça ressemble à une prière.

Il n'était pas faible. Il n'avait pas besoin de Rei! Mais… une part de lui ce réjouissait à la sentir proche de lui, à lui serrer sa main, à la sentir s'assoupir contre lui. Il était plus âgé, ses membres étaient plus douloureux. Il était difficile d'ignorer la trace du temps et il était aussi difficile de porter son fardeau seul. Une compagne aurait été un soutien précieux. Non pas qu'il en avait besoin. Il pouvait vivre sans.

Elle lui sourit, un sourire las et triste, avant de se lever.

-Je ferais mieux de me mettre en route…

-Tu veux qu'on t'accompagne…? demanda-t-il, ne souhaitant pas qu'elle parte.

Mais il savait fort bien que si elle s'était exprimé de la sorte, sans demander son avis, c'était qu'elle n'accepterait pas qu'il lui refuse cela. Il avait dit ne pas avoir besoin d'elle. Pourquoi aurait-elle besoin de lui?

C'était pourtant sensé. Malgré tout, Enji aurait penser que ça ne se passerait pas comme ça.

-Non, ça ira… Tant que je prends un taxi, je ne risque rien…, commenta-t-elle, semblant sûr d'elle.

Il ne voulut pas lui demander le genre de question banale « Quand est-ce qu'on se reverra? » ou « Combien de temps avant que tu ne reviennes à la maison? ». Est-ce qu'elle considérait seulement cette maison comme la sienne?

Au moins, ils étaient mariés. Ça, elle ne pourrait pas choisir de changer ce fait sans son accord.

Fuyumi lui demanda de les appeler dès qu'elle serait rendu, Rei répliqua que ça serait à elle de s'inquiéter pour eux, pas l'inverse…! Shoto avait du mal à comprendre son assurance. Elle revenait tout juste d'un enlèvement…!

(Voir 3 femmes dans l'ombre et un homme)

Sûrement les criminels penseraient à deux fois avant de s'attaquer à une femme si puissante…! Mais quand même.

Natsuo finit par la convaincre de le laisser l'accompagner, promettant d'appeler lui-même Fuyumi pour lui dire si l'endroit était descend.

-Je suis sûr qu'il l'est…, répliqua Rei mais Natsuo secoua un doigt.

-Laisse ton grand garçon s'assurer de ton confort. Tu veux pas rester sur « son territoire »? La belle affaire! Mais ne va pas n'importe où non plus, maman! s'écria-t-il, Enji s'approchant dans le couloir, croisant les bras.

-Ne la fatigue pas…, commenta-t-il, Natsuo percevant de la colère dans sa voix et il hocha mollement la tête.

-T'inquiète pas… Bon, ciao! s'écria-t-il, Rei serrant Fuyumi et Shoto dans ses bras, leur promettant de les appeler dès qu'elle serait reposer.

Enji sentit une pointe de colère jaillir en la voyant lui sourire mais ne faisant aucun geste, aucun signe pour aller l'étreindre ou seulement lui serrer la main avant de partir.

« Elle me hait ou quoi?! » songea-t-il, attendant qu'elle s'en aille pour aller s'enfermer aussitôt dans son dojo.

Là, il se mit à son entraînement, y passa une partie de la nuit, Fuyumi grimaçant mais Shoto se disant que c'était presque normal.

Les choses n'allaient pas comme il le souhaitait. Il vaudrait mieux qu'il s'habitue. Rei n'était pas un pantin. Elle ne l'avait jamais été. Il devrait se mettre à l'évidence qu'elle ferait sa vie, avec ou sans lui.

Natsuo donna son accord sur l'appartement simple mais propre et embrassa sa mère avant de partir. Seule, Rei observa le petit logis, soulagée et pourtant mentalement épuisée.

Pourquoi elle se sentait mal d'avoir refuser l'offre d'Enji? Elle savait pourtant qu'elle avait raison, mais elle avait toujours le réflexe de vouloir lui plaire.

Une vieille manie? L'instinct d'auto-défense? Ou peut-être parce qu'elle sentait bien qu'il faisait des efforts pour l'inclure aujourd'hui dans sa vie?

Elle ne voulait pas retomber dans le même piège. Se fier aveuglément à lui. Elle devait se reconstruire.

Elle trouva la chambre d'Inko, chercha dans ses bagages une robe de nuit et se prépara pour dormir.

Une fois dans le lit, elle regarda au plafond, de longues minutes, essayant de chasser de son esprit le souvenir lointain d'Enji, endormi, si calme.

Elle finit par se lever et aller lire un peu.

Enji lui avait manqué. Elle ne voulait pas l'accepter, elle ne voulait pas dépendre de nouveau de lui, mais elle s'était tant donner à lui, elle avait l'impression qu'il faisait parti d'elle.

Pourtant, il avait été déjà très clair.

« Je n'ai pas besoin de toi… »

Sec, net… Toute autre femme aurait pleuré de se faire rejeter de la sorte, mais elle connaissait trop bien Enji pour prendre ça trop personnellement.

Son mariage n'en était pas un. Leur union n'était qu'une étape pour son plan à long terme. La naissance des enfants avaient été préparé dans le but de ses projets.

Toute cette réalisation l'avait détruite, l'avait rendu quasiment folle à lier. Elle avait jouer à l'autruche, et ses 10 ans lui avaient fait comprendre que même dans l'esprit d'Enji, même devant la loi, ce genre de pratique n'était pas criminel.

Si elle voulait passer devant un juge, elle ne pourrait pas convaincre aucun homme d'avoir été utilisée et bafouée.

Elle avait accepté de se marier à Enji Todoroki.

Elle l'avait aimé et avait porté ses enfants, sans la moindre idée du traitement que leur père allait leur infliger, quand ils auraient 4 ans.

Elle sentit des larmes muettes montés à ses yeux mais alla s'arroser le visage d'eau froide.

Cette blessure, ancienne, profonde, parfois, elle la sentait lui brûler les entrailles. Jamais elle ne pourrait vraiment se fier à qui que se soit, après cela. Seuls Inko et ses enfants, elle pourrait leur faire confiance.

La solitude la tranquillisait, au final. Elle pouvait réfléchir, accepter son sort, pleurer si le passé était trop dur à supporter.

Sa psychologue voulait qu'elle s'exprime, en lettre, en monologue, mais qu'elle ne garde pas tout ça pour elle.

Elle prit le journal et feuilleta les petites annonces.

Rien ne pressait, mais elle devrait tout de même se trouver du travail. Impossible d'être indépendante si elle devait se faire donner une pension par son mari.

2 jours plus tard, elle allait à l'Académie des supers héros où allait son fils. Où avait été Enji. Jamais elle n'avait posé les pieds encore dans ce genre d'établissements. Elle se sentait étrangement sereine, apaisé par l'invitation si engageante du principal. Oui, elle avait étudier et avait réussi à décrocher son diplôme comme enseignante par le passé, un peu après la naissance de Toya. À l'époque, elle pensait enseigner à ses enfants, mais avec ses nombreuses grossesses, et pour le social des enfants, elle avait décidé de suivre les conseils d'Enji et les inscrire à des écoles de bons noms.

Le buste d'All Might et d'Ingenium se trouvait devant le portail d'entrée.

Elle eut un pincement au cœur en voyant celui d'Endeavor, détournant la tête et marchant d'un pas résolu.

Aizawa était enfin reposé et plus paisible. Maintenant que les otages avaient été retrouver, la vie reprenait un rythme plus normale. Bien sûr, il avait du payer de ses poches le dégâts causer par ses élèves, soi-disant parce qu'il avait été irresponsable de laisser les enfants dans un état de détresse sans surveillance.

Le directeur avait toujours le dernier mot et il venait de l'appeler pour qu'il vienne le voir dans son bureau. Il n'avait pas cours à cette heure de la journée, aussi se décida-t-il de ne pas le faire attendre.

« Si c'est pour surveiller les élèves pour une activité hors l'horaire scolaire, je ne suis pas disponible… » se raisonna-t-il, voulant passé un peu de temps avec Eri.

Il sourcilla en voyant une femme aux cheveux blancs se lever de son siège à son entrée.

-Non, ne prenez pas cette peine, fit-il, sans baisser son foulard de capture, avant de se tourner vers le directeur, ce dernier tout souriant. Je peux faire quelque chose?

-Il faut encore que j'en discute aux autres professeurs… Mais il semble tout à fait indiquer que Miss Todoroki soit notre nouvelle surveillante…!

-… Pardon…? souffla-t-il, connaissant ce nom et ne comprenant pas.

Il observa de nouveau la femme et ses yeux bruns et ses cheveux blancs lui donnèrent l'indice qu'il n'avait pas saisi. C'était la mère de Shoto.

-Elle sort d'une mauvaise passe, mais elle a plein de bonne volonté. Son affrontement avec les criminels ont prouvés qu'elle possède toute les qualités d'une héroïne et d'une meneuse…! commenta la souris, Rei soupirant.

-Je vous en pris, M. Nezu… Je cherche simplement un travail… Travaillez dans le public ne devrait pas être un problème, mais je ne sais pas… si ma place est vraiment la mieux dans l'éducation.

-Aizawa ne montrait aucune qualité pour l'éducation…! Mais il a passé son brevet et est à présent un pilier de l'établissement…! Je suis sûr qu'il saura vous guider et vous aider à vous familiariser avec votre nouveau milieu…! commenta le principal.

Aizawa trouvait ça fort dérangeant.

Non pas qu'il doute des qualités de cette femme. Leur principal avait un Quirk lui permettant de juger plus vite qu'un ordinateur le pour et le contre d'une décision de toute envergure, et de trouver la solution la plus judicieuse. Les profs de l'établissement formaient une équipe de choc, grâce à son choix éclairé. Le système de défense était à la fine pointe. Les installations pour l'éducation ont ne peut plus sophistiqués.

C'était sans dire que si Rei démontrait le même talent que Shoto, elle pourrait être plus que juste une surveillante. Elle risquait de faire de l'ombre à certains.

Mais Aizawa ne songeait pas à jalouser qui que se soit. Il avait son travail, prof et héros, et la compétition n'était pas sa tasse de thé. Tout le monde pouvait être un héros. Mais s'il pouvait dire son avis, la moitié du personnel en service serait renvoyer ou prier de retourner à l'école, pour manque de savoir faire et de contrôle sur leurs Quirks.

-Mais…! continua Rei, n'ayant sûrement pas réaliser que l'invitation était pour un travail au contact des élèves.

-Mme Todoroki…, railla Aizawa, mais sans la moindre méchanceté. Si le principal dit que vous êtes parfaite pour le poste, vous l'êtes… Monsieur ne se trompe pas. Il est beaucoup plus intelligent que vous et moi réuni. Sans vous vexer…

-Je ne veux pas me lancer des fleurs, mais il n'a pas tout à fait tort…! admit le directeur, avant de se resservir une tasse de thé. Disons que nous vous laissons une semaine pour vous y réfléchir…! Vous pouvez même revenir en simple observatrice, nous dire si le milieu vous convient! Si vraiment le contact direct avec les enfants vous inquiètent, nous pouvons vous trouver un poste moins dynamique… Mais croyez-moi, quand on subit une défaite, parfois, il est mieux de remonter en selle et d'affronter la chanson sans tarder… Je sais que vous serez excellente pour nos jeunes héros… Votre expérience pourrait leur être extrêmement bénéfique…!

-… Comment…? demanda-t-elle, incertaine.

-Vous savez différencier… Le bon du mauvais héros… Je me trompe? demanda-t-il, avant de boire une gorgée, Aizawa sourcilla.

Mais il observa un éclair de vivacité dans l'œil de Rei, étant surpris. Le directeur devait connaître quelque chose sur elle qu'il ignorait, car elle semblait soudain intéressée, même investi d'une noble mission.

« … Aidez ses jeunes… à ne pas sombrer dans le piège de l'orgueil et de la démesure… Empêcher la société d'être peupler de futurs Endeavor… » pensa-t-elle, frémissant de sa propre ambition mais elle avait soudain l'impression que le directeur lui offrait une seconde chance.

Si elle pouvait aider au moins juste un élève a rester bon et ne pas chercher à être supérieur aux autres, juste garder un enfant dans le droit chemin… Alors, ce serait pour elle une rédemption.

Le pardon de Shoto ne suffisait pas à lui faire pardonner ses actions du passé.

Toya avait disparu. Il y avait des fortes chances qu'il aille mal, très mal tourner.

D'autres familles pouvaient être déséquilibré et brisé, comme avait été la sienne. Comme était encore la sienne, en fait.

Elle voulait savoir, comment se portait la nouvelle génération. Comment ses enfants devenaient des héros, quel genre de soutien ils avaient pour continuer d'aller vers l'avant, sans sombrer.

C'était une grave décision et elle dut prendre un long temps de réflexion.

Elle en parla à plusieurs, enfin à Inko, semblant très enthousiaste.

-Si tu as appris à des civiles comment se défendre contre des criminels, alors, tu peux parfaitement jouer les surveillantes pour des jeunes gens voulant devenir des héros…! s'écria-t-elle, semblant enchantée, mais Rei posa sa main sur sa poitrine, mal à l'aise.

-… Mais… Ai-je vraiment le droit d'aspirer à ce poste? Après ce que j'ai fait? Après avoir passé tant de temps dans un institut…?

-Tu vas mieux…! Que dis ta psy sur la question?

-Que cette opportunité me serait sûrement profitable… Si les enfants ne me jugent pas…, commenta-t-elle et cette pensée l'inquiétait aussi.

Les parents pourraient faire de sérieuses plaintes, d'accepter une telle femme dans la caste des professeurs. Même si elle ne leur apprendrait rien en particulier, elle avait un passé lourd.

-Hum… Je comprends… Et ton mari… Il a son mot à dire, là-dedans…? demanda Inko, ne sachant pas où ils en étaient.

-… J'avoue que j'aimerais son opinion…, admit Rei, mais se sentant faible de l'avouer.

Connaissant Enji, il refusera catégoriquement. Même si elle trouvait des arguments pour défendre ses idées, il lui dirait que sa place était à la maison, au foyer, pour soulager Fuyumi et entretenir les lieux. Une partie d'elle aurait apprécié cette simplicité de vie, de laisser les choses et les difficultés à d'autres…

Mais l'idée d'être dans le pouvoir total de cet homme la tenait en horreur, comme si elle répétait le passé. Et c'était tout simplement impossible…! Même s'il était amoureux d'elle, elle ne voulait plus dépendre de lui, ni de personne d'autres…!

-Alors, parle-lui…! pria Inko, lui serrant ses mains sur la table du café, soucieuse. Tu tenais tant à lui parler…! Tu te souviens? Même si les choses ne se passent pas entre vous comme tu le voudrais, tu as le droit d'essayer de changer la situation présente.

Elle changea de sujet et expliqua que Toshinori lui avait demandé si elle voulait se remarier, lui racontant qu'elle s'était évanouie sur le coup et manqué faire une crise d'hystérie, au réveille.

-Tu réalises! Moi, marié?! À Toshi?! Oh bon sang…! admit-elle, toute rouge, mais Rei souriant.

-Pourquoi pas…? Personnellement, je serais ravie d'assister à ton mariage…!

-Mais je suis trop vieille pour me marier…! Sans parler que les gens penseront vraiment que… qu'il est le père d'Izuku…! murmura-t-elle, se penchant vers elle, Rei hochant les épaules.

-Et alors…? Tu sais, si je veux travailler pour U.A., je risque de subir une tonne de commentaires désagréables… Mais il faut se faire une carapace, dans la vie, et aller de l'avant. Si on agit toujours en conséquence à ce que les autres vont penser, on ne ferait rien…!

Inko dut admettre que c'était sensé, mais elle n'était vraiment pas sûr si elle pourrait accepter une demande en mariage de la part de Toshinori. Il avait parlé si légèrement… Et en voyant sa réaction, il s'était rattraper qu'il blaguait, qu'il ne pensait pas jamais passer par là.

En même temps, Inko aurait voulu que leur relation soit plus claire. Elle vivait avec lui, ils sortaient ensemble, mais elle était quoi, pour lui? Sa compagne? Son amoureuse? Sa petite brioche à la cannelle?

Elle sourit à l'idée qu'il lui donne des surnoms en rapport à la nourriture, une part d'elle trouvant ça adorable, une autre étant morte de gêne de songer à ça.

Rei l'observa, amusée, presque envieuse. Elle ne pouvait se permettre pour sa part de tomber à nouveau amoureuse. Pas sans savoir si Enji ne ferait pas quelque chose qui lui briserait encore le cœur.

Elle devait mieux le connaître, mais elle détestait vraiment se retrouver en situation où ils étaient quasiment des ennemis, tellement leurs avis se différenciaient.