Chers lecteurs -trices,
Avec un peu de retard par rapport à mon planning de publication, je vous propose la première partie de ma première Destiel à chapitres (probablement quatre - spoiler) :)
Il s'agit de ma première histoire longue sur ce couple et un Univers Alternatif bien sûr.
Comme dans l'en-tête de "Fuc*** Captain America", je demande aux téléspectateurs(rices) et/ou fans assidu(e)s de la série d'être indulgent(e)s. Je ne me suis jamais plongée dedans et ai découvert les personnages l'univers via les romances publiées sur .
Aussi, pas d'enjeux dramatiques ici, pas de fins du monde ou de drame. Juste beaucoup d'amour, de rires, d'aboiements joyeux et probablement des personnages aux caractères (très) éloignés de ceux qu'ils ont dans Supernatural.
S'il vous plaît, n'en prenez donc pas ombrage. Cette histoire ne poursuit que le modeste but de permettre à deux beaux garçons de se rencontrer et de s'aimer :) Venez donc la lire si le cœur vous en dit, sans a priori ni lien avec la série où je craindrai de vous décevoir.
Si elle continue toujours de vous intriguer, alors je vous souhaite une agréable lecture et, je l'espère, un bon moment.
Bien à vous,
ChatonLakmé
Angie
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Première partie
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« Pour l'amour de Dieu Gabriel, lâche ce foutu tuyau ou alors remplis les gamelles des chiens comme je te l'ai demandé. Et arrête d'arroser mon frère ! »
Un peu exaspéré, le jeune homme ferme la porte du box qu'il vient de nettoyer à grandes eaux avec un désinfectant, installant temporairement son occupant un peu plus loin dans l'allée. Il gratifie d'une tendre caresse sur le crâne le puissant Pitbull couleur chocolat dans le box d'à côté qui semble lui sourire depuis qu'il s'est mis au travail, souriant à son jappement joyeux avant de récupérer son seau et sa serpillière.
Le châtain écarquille légèrement les yeux en voyant l'eau commencer à couler en un fin ruisseau jusqu'à ses pieds et il relève vivement la tête en direction de l'entrée du chenil.
« Gabriel ! », vitupère Dean une fois de plus tout en s'empressant de remonter l'allée.
Seuls de bruyants rires lui répondent tandis qu'il voit se former sous ses pas un flot de plus en plus important qui serpente joyeusement sur le sol couvert de bitume jusqu'aux cages, faisant japper les chiens d'excitation et d'appréhension mêlées, et il accélère le pas, grommelant des injures entre ses dents serrées.
Au détour du premier box, le jeune homme voit soudain apparaître la haute silhouette solide de Sam dont le tee-shirt trempé colle à son torse comme une seconde peau et en dévoile les muscles saillants. Un large sourire aux lèvres, le blond passe une main dans ses cheveux pour rejeter ses mèches claires en arrière, adressant un petit sourire vaguement contrit à Dean qui serre les dents.
« Aller Dean, laisse-le décompresser deux minutes », lui dit le jeune homme d'un ton apaisant. « Son frère vient le voir tout à l'heure et je préfère qu'il évacue sa demi-hystérie maintenant plutôt qu'au moment où il lui fera faire le tour du refuge. Et qu'ils passeront devant tous les box pour voir tous les chiens… », renchérit-il tout en lui jetant un regard entendu.
Dans les prunelles claires, le châtain voit danser brièvement une lueur menaçante, la vision d'un chaos, d'une fin du monde où les aboiements sans fin de leurs pensionnaires auraient remplacé les trompettes de l'Apocalypse, et il frissonne légèrement d'anxiété.
Quittant l'allée pour rejoindre sur sa gauche le grand lavabo fixé au mur et y vider le contenu de son seau, le jeune homme adresse un peine un regard à Gabriel qui vient de couper l'eau du gros robinet qu'ils utilisent pour les travaux d'entretien plus importants des chenils. Il serre légèrement les dents en voyant ce dernier lui adresser une petite moue déçue tout en contemplant le tuyau souple qui s'amollit lentement dans sa main, semblable à un étrange animal s'assoupissant dans un silence de bête repue.
« Parfois, tu es vraiment trop Dean et pas assez Winchester Deanno », ricane le blond tout en commençant à enrouler soigneusement l'outil sur lui-même. « Tu sais que dans l'imaginaire collectif, ton nom évoque les plaines brûlantes de l'Ouest, les aventures des cow-boys et des Indiens, la chasse à l'or… Des trucs amusants quoi ! Mais tu es tellement… raisonnable que cela en est presque triste. »
À côté d'eux, Sam pouffe discrètement d'amusement. Le jeune homme hausse les épaules en croisant le regard noir de son frère avant de retirer d'un geste ample son tee-shirt trempé dont l'étoffe commence à devenir désagréablement fraîche sur sa peau.
« Excuse-moi d'avoir des responsabilités et la tête sur les épaules », grogne le châtain en retour tout en fusillant Gabriel du regard en le voyant contempler son frère avec des yeux gourmands. « Ce dont tu devrais m'être reconnaissant puisque c'est ce qui m'a conduit à accepter de t'accueillir ici malgré le fait que tu te comportes comme un étudiant en première année de fac… »
Le blond ricane légèrement en voyant le jeune homme se mettre inconsciemment devant son frère de manière protectrice avant de lever les yeux au ciel et les mains en l'air en guise d'apaisement
« Un choix dont tu te félicites sans doute à chaque merveilleux nouveau jour que tu passes en ma compagnie… », susurre Gabriel tout en se glissant habilement du côté de Sam qui essore son haut au-dessus de l'évier. « Aller, sois sympa. Sammy a raison, qui sait ce que je serais capable de faire si je n'arrive pas à me calmer d'ici dix-neuf heures pour accueillir Cassie… »
Le châtain sent un nouveau frisson remonter le long de son dos, couvrant ses épaules d'une fine sueur glacée et il déglutit légèrement. Qui sait en effet…
Devant lui, il voit Gabriel pincer taquinement les côtes de Sam, le faisant glousser d'un air si ridicule que Dean les contemple un instant avec stupeur, les yeux écarquillés, avant qu'un imperceptible sourire ne vienne ourler ses lèvres tandis qu'ils recommencent à chahuter. Son frère a l'air si jeune et insouciant quand il se tortille ainsi contre son assaillant que le jeune homme pourrait presque fermer les yeux sur les excentricités ponctuelles de Gabriel s'il ne craignait un instant que ces dernières ne se transforment en une source perpétuelle de folie douce et légère. La perspective est aussi épuisante qu'elle en est effrayante et le refuge ainsi que leurs dizaines de pensionnaires ne peuvent se permettre une telle liberté, tant pis si cela le fait passer pour le méchant.
Le châtain fronce si fort les sourcils qu'il finit par attirer l'attention de Sam et d'un air un peu penaud, le blond écarte doucement les mains baladeuses de Gabriel de son torse avant d'enfiler à nouveau son tee-shirt, grimaçant légèrement en sentant le tissu coller à ses muscles.
« Dean n'a pas tout à fait tort Gabriel… », dit-il tout en attrapant un seau propre pour le remplir à l'évier. « Je n'ai pas envie d'avoir encore les box à faire ce soir et de manquer la visite de ton frère. Viens m'aider, tu es moins dangereux une fois qu'on t'éloigne du tuyau d'arrosage… »
Gabriel ricane légèrement avant de faire la même que chose que le blond, jetant un regard vaguement moqueur à Dean qui les observe faire avec attention, la ligne puissante de ses épaules légèrement crispée dans l'attente d'une hypothétique catastrophe. Mais le jeune homme remplie son seau d'un geste assuré avant de le hisser hors de l'évier avec une force étonnante et d'emboîter le pas de Sam en direction des premiers box.
Le châtain a si souvent l'impression de diriger une terrible colonie de vacances plutôt qu'un refuge animalier qu'il en oublie parfois la puissante force de travail de Gabriel et son efficacité, astucieusement dissimulées derrière son ton volontiers gouailleur et ses taquineries sans fin. Discrètement, Dean l'observe ouvrit la première porte grillagée avant d'entrer dans le box et de câliner avec un grand sourire joyeux le chien qui l'accueille avec fête et il sourit.
Second Life aurait sans aucun doute pu bien plus mal tomber.
Quand le tribunal de Rockport-Texas lui a demandé s'il était possible que son refuge animalier accueille un jeune homme condamné à des heures de travaux d'intérêt général, le châtain a tout d'abord longuement hésité. Sam et lui étaient bien seuls pour parvenir à faire face à l'ensemble des dépenses et des contraintes inhérentes à la tenue de leur établissement, soutenus par quelques bénévoles de passage que la situation économique difficile avait finalement fait quitter pour des activités raisonnablement plus lucratives.
Son frère et lui s'étaient donc longuement interrogés avant de se décider dans un grand éclat de rire en apprenant que le terrible repris de justice qu'on souhaitait leur confier avait été poursuivi pour exhibition et tapage nocturne à la sortie d'une boîte de nuit où, ivre, il avait été arrêté pour avoir dansé à demi-nu sur une voiture tout en chantant une chanson obscène parlant de sucettes. Les deux jeunes hommes s'étaient jetés un rapide regard avant d'accepter, souriant légèrement au profond soupir de soulagement de l'agent du tribunal qui semblait ne plus savoir comment faire payer à ce joyeux trublion sa dette à la société. Ils avaient tous été jeunes à un moment.
Ce n'est que lorsque que Sam avait accueilli Gabriel au refuge le premier jour que Dean avait réalisé avec stupéfaction que certains ne semblaient pas en être encore sortis et avoir le mot « adulte » en horreur. Le jeune homme se souvenait encore de son mouvement de recul instinctif quand ils avaient été présentés par son frère, le blond lui tendait une main avenante et rassurante fortement contrariée par les bruits de succions humides et déplacés qu'il faisait en dégustant une sucette au parfum vaguement écœurant de fruits rouges.
Gabriel est depuis devenu son petit enfer personnel, son employé semblant prendre un malin plaisir à le taquiner de manière exclusive et agaçante sous le regard étrangement complice de Sam. Entre ses incessantes plaisanteries, Dean est par ailleurs forcé d'admettre dans les comptes-rendus adressés au tribunal que le jeune homme est un excellent élément, investi et consciencieux, et que Second Life se félicite chaque jour de sa présence.
Dean et son frère ont spontanément fondé leur refuge après l'ouragan Harvey, le cœur serré en voyant le nombre d'animaux errants sans maîtres dans les rues, perdus ou abandonnés, et la panique des structures d'accueil de la région, mal préparées à un tel afflux de nouveaux pensionnaires. Sans réellement prendre conscience de ce qu'ils étaient en train de créer, les deux frères avaient recueilli quelques chiens de leur quartier, leur offrant un toit tandis que Sam recherchait activement leurs propriétaires, avant de prendre en charge les animaux récupérés par la fourrière qui finissaient par être euthanasiés, faute de places disponibles en refuge. Assis sur le perron de leur grande maison familiale entouré de son gigantesque terrain dans la banlieue de Rockport, leurs mains caressant doucement les fourrures de toutes les couleurs et de toutes les textures de leurs amis à quatre pattes, ils s'étaient compris d'un regard.
Second Life avait été une évidence.
Le jappement excité d'un chien sort soudain Dean de ses pensées et le jeune homme regarde vivement autour de lui, vaguement inquiet en ne distinguant plus les silhouettes de Sam et de Gabriel tandis que de nouveaux ricanements parviennent à ses oreilles. Le jeune homme passe une main agacée dans ses cheveux et s'active pour préparer un autre seau de solution désinfectante afin de les rejoindre au plus vite, marmonnant entre ses dents des insultes fleuries.
Dean sait qu'il aurait dû se méfier.
Quand le blond est arrivé le matin même au refuge avec un énorme sac de confiseries à partager, il aurait dû remarquer son caractère inhabituellement généreux et sentir la tempête commencer à couver. Toute leur journée a été ponctuée de petits faits qui, pris de manière isolée ne forment pas véritablement une source d'inquiétude, mais qui une fois mis bout à bout et ponctués par le caractère facétieux de Gabriel et son amour immodéré pour le sucre blanc raffiné, annonce lentement la formation d'un ouragan.
À présent que l'après-midi décline doucement, le blond est parfaitement intenable et Dean sent son inquiétude monter proportionnellement à ses exubérances. Son excitation fébrile a également fini par contaminer le refuge et le jeune homme a trouvé les chiens un peu nerveux quand il les a sortis en promenade un peu plus tôt, achevant de nouer ses nerfs en une pelote tellement serrée qu'il appréhende vaguement le moment où il pourra s'allonger sur son lit et trouver difficilement le repos.
Dans le lointain du chenil couvert, un concert d'aboiements retentit soudain, résonnant sous la haute couverture en tôle et ponctué par les rires de Gabriel et de Sam. En sourdine, son oreille exercée reconnaît le couinement inquiétant d'un jouet pour chien et Dean pousse un grognement d'exaspération.
« Sam, ne l'encourage pas s'il te plaît ! », s'exclame-t-il vivement tout en récupérant son lourd seau dans l'évier et en s'avançant vers le prochain box à nettoyer. « Et rangez-moi ce truc qui couine, les chiens sont déjà suffisamment excités comme ça ! J'aimerais bien que la visite de notre futur adoptant se passe bien. »
Avec soulagement, le jeune homme entend un dernier couinement un peu ridicule lui répondre en guise de reddition avant que le calme relatif du chenil ne soit plus troublé que par les bruits familiers des portes métalliques et des gamelles reposées sur le sol.
Au détour d'une allée latérale, le jeune homme retrouve Gabriel et Sam qui s'affairent dans un silence concentré mais dont les bouches ourlées d'un léger sourire peinent à contenir leurs rires. En le voyant les rejoindre, le blond se redresse d'un air sérieux avant de carrer comiquement ses épaules.
« Dean a raison Sam, tu n'es pas sérieux », sermonne-t-il soudain le jeune homme d'un air d'importance qui fait glousser ce dernier. « Je veux que la visite de Cassie se passe bien. Merveilleusement bien. »
Posant son seau et son balai-brosse contre le grillage d'un box, le châtain lève les yeux au ciel.
« Enfin la première parole sensée que tu prononces depuis le début de la journée Gabriel… », dit-il tout en gratifiant l'occupant de la cage d'une caresse. « Mais franchement, tu ne peux pas appeler ton frère par son prénom maintenant ? Ce surnom est ridicule… »
Dean ouvre la porte du box avant d'attraper le chien au collier et de le mettre gentiment dans la cage d'à côté, passant ensuite à Sam le panier et les gamelles afin que son frère les sorte.
Gabriel ricane dans son dos.
« Tu dis ça parce que tu t'en veux encore d'avoir cru que j'avais une sœur », fait remarquer le blond d'un ton faussement nonchalant dans lequel transpire une moquerie presque extatique.
« C'est un prénom de fille Gabriel ! », réplique vivement le jeune homme tout en se retournant vers lui, les joues roses de gêne, et inondant le sol en béton de la cage par un malencontreux mouvement de serpillière. « Comment est-ce que j'aurais pu deviner que tu parlais d'un homme ?! »
Faisant un pas exagérément prudent en arrière, le blond hausse un sourcil moqueur.
« Fais attention, tu deviens aussi négligent que Sam dans ton travail… », lui répond Gabriel avec malice avant de couiner en sentant le coude du susnommé s'enfoncer durement dans ses côtes en représailles. « Tu verras, Castiel est bien mieux qu'une sœur. C'est le meilleur petit frère du monde ! »
Le jeune homme jette un regard noir à Sam qui l'ignore soigneusement et continue à remplir les gamelles d'eau.
« Il est tellement incroyable. Et gentil et doux. Il me supporte quand même depuis plus de trente ans sans ciller… », reprend Gabriel tout en massant son flanc douloureux avant de s'enflammer à nouveau et Dean ricane. « C'est juste un homme profondément bon et beau. Je sais que je suis parfaitement insupportable mais je peux vous assurer que je ne ferai jamais rien qui lui causerait du tort. Comme pour vous deux. »
Sam passe à côté de lui pour commencer à remplir les gamelles de croquettes.
« Exception faite que Dean et moi n'avons pas de brother complex… », se moque-t-il gentiment.
« Ne sois pas méchant avec moi alors que je vous ai trouvé le plus parfait des candidats pour une adoption Sammy », rit Gabriel tout en haussant un sourcil vaguement menaçant. « Le chien qui partira avec Cassie sera l'animal le plus heureux du monde. Ça aussi j'en suis persuadé. »
Dans un grand geste, Dean termine de nettoyer le box et remercie Sam d'un regard quand ce dernier lui tend le panier à replacer au fond.
« Plus tu me vantes les qualités de ton frère, plus je me dis qu'il est difficile à croire qu'il existe un mec aussi parfait… », réplique le châtain tout en jetant un regard suspicieux à Gabriel. « Ça ressemble un peu trop à une de tes histoires étranges, comme celle sur les bonbons gélifiés en forme d'ours et dont les premiers portaient le nom d'un pseudo-ours dansant allemand du Moyen-Âge… »
Gabriel claque légèrement sa langue contre son palais avant de lever les yeux au ciel.
« Homme de peu de foi. Fais-moi penser à te ramener mon livre sur l'industrie de la confiserie en Europe, c'est dans les pages consacrées à Haribo », soupire-t-il d'un air résigné avant de lui sourire. « Il est normal que tu sois méfiant mais je t'assure que tu changeras définitivement d'avis après avoir rencontré Cassie. Je vais refaire le tour du chenil pour vérifier que tout est parfait, à tout à l'heure ! »
« Fais donc ça », grogne légèrement Dean, un peu vexé.
Le châtain se raidit imperceptiblement en voyant soudain le jeune homme revenir vivement sur ses pas dans sa direction avant de pointer un doigt sur son torse.
« Et tu as intérêt à être à faire bonne impression à l'accueil. Cassie est quelqu'un d'un peu timide alors pas de mauvaises blagues ou de comportement d'homme des bois, d'accord ? Sois aussi charmant et souriant que tu peux l'être quand tu veux Dean », le prévient-il d'un ton lourd de menace avant de se tourner en direction de Sam et de lui adresser un sourire éclatant. « Quant à toi mon chou, tu es toujours parfait alors surtout reste comme tu es ! »
En quelques pas sautillants, Gabriel disparaît à nouveau de sa vue. À côté de lui, Sam éclate bruyamment de rire et son écho dans le chenil couvre à peine les vives insultes de Dean, rouge de confusion.
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Assis sur la mauvaise chaise de bureau de l'accueil, Dean rumine, seul derrière le petit comptoir du refuge.
Gabriel a disparu Dieu sait où dans la propriété et le jeune homme essaye de profiter du calme relatif qui règne autour de lui pour se plonger dans la comptabilité en retard mais après plus d'une demi-heure à aligner des chiffres et à s'arracher littéralement les cheveux, il est certain que cela n'est définitivement pas fait pour lui.
Sam lui a gentiment proposé son aide un peu plus tôt mais son frère gère déjà les affaires juridiques de Second Life, les dépôts de plainte pour maltraitance animale, les poursuites judiciaires et les contrats d'abandon. Un travail un peu ingrat et difficile que Dean refuse donc d'augmenter en lui confiant d'ennuyeux tableaux de chiffres à multiples colonnes et dans l'immédiat, il préfère largement le savoir avec leur terrible employé à essayer de le canaliser un peu.
D'un pas pesant, le jeune homme se lève et se dirige vers le fond de la petite pièce afin de se resservir une tasse de café, jetant un œil distrait sur l'horloge accrochée au-dessus de la porte d'entrée.
Il est presque dix-neuf heures. Castiel ne devrait pas tarder, Gabriel ayant précisé avec une fierté ridicule que son frère était toujours d'une parfaite ponctualité. Et quand il se rassoit, un petit sourire de plaisir aux lèvres en sentant les puissants arômes de sa boisson, Dean replonge immédiatement dans ses pensées, sa comptabilité complètement oubliée.
Si le jeune homme est honnête avec lui-même, il doit reconnaître que la visite du frère cadet de Gabriel l'intrigue un peu. Beaucoup. Immensément en réalité. Depuis que le blond lui a parlé du jeune homme, Dean s'interroge vaguement, persuadé au fond de lui que Gabriel exagère. S'ils sont frères, comment le cadet pourrait-il être aussi différent de son aîné ? Alors le châtain continue de douter un peu et en ricanant, il donne raison à Sam. Gabriel a sans aucun doute un sérieux brother complex. Pourtant l'éclat d'admiration qui brille dans ses yeux dorés et la tendresse avec laquelle il parle de Castiel sont sincères et à l'idée que le blond se soit mépris sur les qualités de son cadet, Dean sent son cœur se pincer inexplicablement. Pour lui qui ne cesse d'être confronté à la négligence et à la méchanceté du genre humain, la perspective d'un homme bon, doux et beau possède un puissant et réconfortant pouvoir de séduction.
Malgré son perpétuel sourire un peu moqueur aux vantardises de Gabriel concernant les qualités infinies de Castiel, le châtain a eu du mal à cacher sa moue dubitative quand ce dernier lui a annoncé avec une fierté absolument ridicule que son frère allait venir au refuge pour adopter un chien. Dean en a franchement eu des sueurs froides. Gabriel lui semble à peine capable de s'occuper de lui-même et malgré les éloges du blond, il doute un peu du sens des responsabilités du jeune homme qui doit venir visiter le chenil extérieur en début de soirée.
Dean jette un vague regard à l'horloge sous ses longs cils clairs, contemplant les aiguilles qui indiquent presque dix-neuf heures, et le jeune homme fait craquer son dos en s'étirant sur son petit fauteuil inconfortable dans un petit grognement bienheureux.
Il verra bien.
Il est parfois arrivé que Sam et lui refusent des adoptions à cause du profil des adoptants et Dean a d'ores et déjà prévenu Gabriel qu'il s'en réserve toujours le droit si la situation ne lui plaît pas. La protestation outrée du blond qui l'a ensuite poursuivi dans les allées du chenil pour l'assommer sous la liste des qualités de Castiel l'a fait ricaner et à ce souvenir comique, le châtain sourit légèrement.
Ses yeux revenant machinalement à l'écran de son ordinateur, le jeune homme fait tournoyer distraitement son stylo entre ses doigts, tentant d'imaginer les traits du petit frère dont son employé est si fier. Quand la vision fugace d'un Gabriel responsable, posé et un peu timide passe sous ses yeux mi-clos, il éclate soudain de rire et en lâche son bic qui rebondit sur le sol avant d'aller rouler sous le bureau.
Dean jure entre ses dents. Même s'il trouve cela ridicule, il sait qu'il s'agit du stylo préféré de Sam alors le jeune homme se lève de son fauteuil dans un soupir de martyr avant de se glisser à quatre pattes sous le meuble, tâtonnant du bout des doigts dans la poussière avec une grimace de dégoût. Tandis qu'il avance à contrecœur sa main dans des recoins toujours plus sombres et peut-être habités, un petit sourire vient ourler ses lèvres. Dean demandera à Gabriel se passer l'aspiration à l'accueil à l'occasion. Son éloignement momentané du chenil lui assurera au moins un risque d'inondation un peu moins élevé pendant un court laps de temps.
Alors que le châtain sent enfin ses doigts se refermer sur le stylo au ridicule mais parfaitement identifiable capuchon en forme de tête de chien et s'apprête à se relever, la petite clochette de l'entrée tinte joyeusement.
« Bonsoir. Excusez-moi, il y a quelqu'un ? »
Sous le bureau, Dean se fige.
La voix est grave, rauque mais étrangement douce et chaude, presque un peu sensuelle sans vraiment le vouloir. Rien à voir avec les couinements toujours excités de Gabriel qui lui vrillent parfois les tempes à la fin d'une journée difficile et le jeune homme resserre imperceptiblement ses doigts sur le stylo de Sam. Il ne s'attendait pas à ça. Le jeune homme inspire discrètement avant de se relever. Dans son esprit, les menaces de Gabriel résonnent à nouveau mais présentement, ne pas faire bonne impression et provoquer la fuite de l'inconnu sont les dernières choses que Dean a envie de faire, définitivement dévoré par la curiosité et par cette voix qui a tordu imperceptiblement son estomac avec quelques mots.
Du bout de la main, le châtain repousse légèrement le fauteuil en arrière, le faisant rouler bruyamment sur le sol afin de prévenir le frère du blond de sa présence, et encore caché dans les ombres du bureau, il distingue vaguement la silhouette sursauter adorablement au mouvement fantomatique. Dean inspire légèrement et se redresse avec autant de naturel et de nonchalance que sa situation un peu ridicule le lui permet avant de faire rouler ses épaules et de poser le stylo sur le bureau.
« Il y a quelqu'un en effet, excusez-moi », rit-il légèrement tout faisant rouler le bic sur le comptoir avant de relever les yeux sur le nouvel arrivant, un sourire avenant aux lèvres. « Bonsoir, vous devez être - »
Dean s'étrangle et il ne retient soudain le stylo qui roule dangereusement jusqu'au bord du bureau que par un réflexe parfait.
Jamais le jeune homme n'aurait pu imaginer un homme aussi beau en pensant au frère de Gabriel. Peut-être aurait-il pu en dessiner vaguement les contours dans ses rêves érotiques, quand son esprit n'est pas trop épuisé par le travail et les responsabilités et trouve encore l'énergie pour venir le chatouiller délicieusement dans ses draps. Pourtant, Dean est immédiatement certain que jamais il n'aurait pu songer à des yeux aussi superbes, aussi bleus. Castiel le regarde avec attention, ces derniers plongés dans les siens semblant fouiller jusqu'au fond de son âme, et le jeune homme en est légèrement décontenancé.
Gabriel n'est pas lui-même dépourvu de charme, d'un petit quelque chose d'un peu piquant qui le rend aussi charmant qu'épuisant, mais son attrait ne peut en rien être comparé à celui de Castiel, beau de cette beauté tranquille et douce, presque un peu modeste quand un homme aussi séduisant pourrait régner d'un sourire arrogant sur une légion de followers admiratifs sur les réseaux sociaux.
Discrètement, Dean admire les traits fins de son visage, sa mâchoire carrée recouverte d'une fine barbe de quelques jours et ses cheveux noirs aux délicats reflets avant de faire glisser ses yeux sur son corps. Le trench-coat un peu informe que porte le jeune homme camoufle son allure générale mais le châtain remarque avec acuité le torse ferme et ciselé à l'harmonieuse forme en V, les hanches fines et les jambes, parfaitement interminables dans un pantalon de costume sombre. La chemise au col entrouvert, d'une adorable décontraction qui n'a rien à voir avec une mise savamment étudiée et faussement négligée, est ornée d'une cravate dénouée qui découvre une peau blanche et nacrée et une gorge délicatement ombrée par la pomme d'Adam et ce petit creux délicieux à la base du cou juste à la jonction entre les clavicules. Dean déglutit légèrement.
Castiel, avec son étrange prénom, est juste incroyablement séduisant et en le considérant, le châtain n'a soudain aucune difficulté à raccrocher à sa personne les multiples commentaires admiratifs de Gabriel à l'encontre de son petit frère. Gentil. Doux. Attentif. Sensible. Attentionné. Sincère. Compréhensif. Brillant. Beau. La liste ne semble pas avoir de fin et le jeune homme n'avait pas conscience d'avoir retenu autant d'informations à son sujet jusqu'à maintenant.
« Je suis Castiel, le frère de Gabriel », le salue poliment le brun avec un sourire qui fait remonter soudainement un long frisson le long du dos de Dean. « Merci d'avoir accepté de m'accueillir aussi tard. »
Le brun lui tend une main que le jeune homme s'empresse de serrer par-dessus le comptoir, admirant les phalanges blanches et élégantes, la finesse du poignet. Castiel est définitivement un mélange terriblement séduisant de masculinité et de délicatesse. Dean est assez charmé et il rougit légèrement en voyant Castiel baisser brièvement les yeux sur le comptoir jusqu'à sa main toujours serrée autour du ridicule stylo à tête de chien de Sam.
« Dean », se présente-t-il à son tour avec un sourire qui lui vaudrait les moqueries infinies de Gabriel si le blond était à ses côtés tout en remisant un peu rageusement le bic dans le pot à crayons. « Je vous en prie, nous sommes toujours très heureux d'accueillir un adoptant potentiel. C'est plutôt à moi de vous remercier. »
Le jeune homme ne peut s'empêcher d'adresser au brun un sourire un peu séducteur. Cet homme l'attire irrémédiablement et il sent incroyablement puissant quand Castiel lui sourit également en retour, plissant légèrement ses beaux yeux et dessinant à leurs coins de petites rides absolument adorables.
Plongés dans les yeux l'un de l'autre, les deux hommes ne prêtent pas attention aux vifs bruits de pas qui font crisser les graviers de la cour du refuge et ils sursautent dans un même élan quand la porte de l'accueil s'ouvre brusquement dans le dos du brun, faisant tinter la clochette avec furie.
« Cassie ! J'étais sûr d'avoir entendu ta voiture ! »
Dean glousse légèrement en voyant le brun rougir violemment et il lâche sa main à regret, croisant les bras sur le comptoir pour observer Gabriel bondir sur lui comme un jeune chiot. Le blond le serre brusquement contre lui avec force mais il ne s'enroule pas assez étroitement autour de lui pour que le jeune homme n'entende son cadet grogner légèrement.
« S'il te plaît Gabriel, cesse de m'appeler comme ça, je ne suis pas une femme… », grommelle-t-il doucement mais Dean entend sans peine son sourire dans sa voix et il ne peut empêcher ses propres lèvres de s'ourler légèrement.
Gabriel sort de son giron dans un mouvement tout aussi brusque avant de le regarder avec attention, ses deux mains posées sur le haut de ses bras et un sourire idiot aux lèvres.
« J'espère que Dean t'a bien accueilli », lui demande-t-il tout en jetant un regard en coin au châtain qui lève les yeux au ciel en entendant la suspicion dans sa voix. « Il est canon mais il peut être aussi sauvage que les chiens abandonnés qu'on ramasse parfois dans les rues… »
« Gabriel ! »
Dean observe avec intérêt les joues de Castiel rosir légèrement de gêne et il se raidit imperceptiblement quand le brun tourne doucement la tête dans sa direction, lui jetant un regard d'excuse sous ses longs cils noirs.
« Je suis désolé… Les mots de Gabriel vont parfois plus vite que son esprit », lui dit-il d'un ton contrit.
Le châtain agite lentement la main devant lui afin de le rassurer.
« Je l'ai compris oui », le rassure-t-il doucement. « Et il est sans aucun doute aussi mal élevé que les chats à moitié sauvages qu'on récupère parfois… », ajoute le jeune homme avec un sourire un peu moqueur à l'attention du blond.
Castiel le regarde un bref instant d'un air interdit avant de rire doucement et Dean trouve immédiatement le son charmant. Il remarque à peine Gabriel gonfler le torse, annonciateur d'une tempête à venir qui devrait le rendre prudent, mais il est trop occupé à contempler les très légères rides adorables du brun qui plissent la commissure de ses yeux à la couleur si étonnante.
« …Tu fais de l'humour Deanno ? », lui demande le blond d'un air faussement étonné. « Où est donc passé le patron légèrement acariâtre et vieux garçon qui hante les allées des chenils comme une âme en peine et me rabroue sans cesse… ? »
Dean ouvre la bouche de stupeur et il se retient à grande peine de jeter puérilement quelque chose au blond en représailles. Il aurait dû se méfier, les vengeances de Gabriel peuvent être terribles et rien ne pourrait être pire en cet instant que ses paroles qui le font passer pour un homme ennuyeux et solitaire aux beaux yeux de Castiel.
« Je suis persuadé que Dean te rabroue à juste titre », le reprend soudain doucement le brun. « Je ne sais que trop comment tu peux être et le fait que le bas de ton pantalon soit complètement trempé m'invite à penser que tu en as probablement bien assez fait pour aujourd'hui… »
Le châtain ne peut contenir le sourire vainqueur qui vient orner ses lèvres en entendant la réponse parfaitement observatrice du jeune homme et il ricane légèrement en voyant Gabriel lui jeter un regard sombre tout en attrapant Castiel par l'avant-bras.
« Viens Cassie, allons visite le chenil », lui dit-il tout en l'entraînant derrière lui vers la porte, une petite moue boudeuse aux lèvres. « Il veut mieux que t'éloigner de Dean et de son charme diabolique. Il a déjà commencé à te pervertir… »
Les joues de Castiel rougissent légèrement et le jeune homme suit docilement son frère à petits pas. Trop occupé à contempler son dos, large et puissant, Dean ne relève pas la dernière boutade de Gabriel mais il se redresse brusquement en voyant le brun lui jeter un petit regard, retenant son frère dans l'embrasure de la porte.
« À plus tard… », lui dit-il doucement.
Dean acquiesce lentement de la tête, un sourire aux lèvres, et le brun emboîte le pas de Gabriel qui commence joyeusement à babiller dans la cour, refermant la porte dans son dos dans un petit bruit discret. L'accueil soudain plongé dans un étrange silence un peu froid, le jeune homme se mord vivement les joues pour ne pas abandonner le comptoir et les suivre.
À travers la fenêtre donnant sur la cour, il fait un petit signe amical de la main à Castiel avant de rugir de frustration en songeant au rendez-vous téléphonique qu'il a donné à un de ses fournisseurs pour le début de la soirée. À son immense désarroi, Dean doit rester sagement à son bureau quand chaque nouveau crissement du gravier lui indique que Castiel s'éloigne. Le jeune homme sait que Sam s'en sortira magnifiquement bien pour présenter au brun les chiens les plus appropriés à son caractère et à son rythme de vie. Il aurait toutefois préféré que les beaux yeux bleus attentifs brun soient fixés sur lui plutôt que sur son frère quand il le guiderait dans le chenil tout en lui présentant leurs pensionnaires uniquement grâce à a force unique de son impressionnante mémoire.
o0O0o
Après une vingtaine de minutes, Dean a l'impression qu'il va mourir de frustration.
Le cou tendu en direction du chenil, ses doigts pianotant furieusement sur le bureau, il suit à distance le parcours des trois hommes dans les allées, son oreille exercée identifiant sans peine les chiens dont les aboiements joyeux résonnent dans l'air à chacun de leurs arrêts. Lucky, Bayadère, Mickaël, Amande, Gorgo… Dean connaît chacun de ses chiens par cœur.
Alors qu'il fixe attentivement le combiné du téléphone fixe, espérant l'entendre enfin sonner de toute son âme, le châtain sent son portable vibrer dans la poche avant de son jean. Le jeune homme récupère vivement l'appareil, son cœur manque un battement en voyant le nom de son frère se détacher sur l'écran. Si Sam lui a envoyé un message, c'est que le moment est arrivé et Dean gémit plaintivement de dépit à l'idée qu'il soit arrivé sans lui.
De Sam, reçu à 19h27
La magie a opéré, tu ne devineras jamais avec qui. Il faut le croire pour le voir.
Dean se redresse sur le fauteuil, les sourcils légèrement froncés, avant de pianoter presque fébrilement sa réponse.
À Sam, envoyé à 19h28
Qui ?
La réponse arrive presque immédiatement.
De Sam, reçu à 19h28
Angie.
Le châtain s'étrangle en lisant la réponse de son frère.
Jetant un dernier regard au téléphone désespérément muet qui semble le narguer sur le bureau, Dean s'élance hors de l'accueil avant de marcher à vive allure en direction du chenil. Son fournisseur comprendra, la vie d'un refuge animalier est faite d'imprévus. L'homme n'a pas besoin de savoir que la raison est que le châtain a rencontré un homme brun et charmant qui chatouille quelque chose d'agréable dans le creux de son estomac.
Dean parcourt à marche forcée les allées du chenil avant de ralentir légèrement le pas en voyant Sam et Gabriel se tenir devant une cage ouverte, restant à une distance prudente. Appuyé contre le montant d'un box voisin, son frère a les bras croisés sur sa poitrine tandis que le blond semble littéralement irradier de joie à ses côtés et Sam lui adresse un sourire radieux en le voyant les rejoindre.
« C'est incroyable Dean… », lui dit-il à voix basse avant de tourner à nouveau la tête en direction du box.
Le châtain s'approche à son tour avec précaution, évitant tout geste brusque malgré le sang qu'il sent battre à ses tempes, avant de hausser un sourcil sincèrement étonné devant la scène qui se déroule devant ses yeux.
Sans égard pour son trench-coat ou son pantalon de costume, Castiel est assis par terre en tailleur contre un des murs du box, ses jambes croisées devant lui lui donnant l'air adorable d'un enfant trop vite grandit. Allongée de tout son long devant lui et la tête reposant sur ses chevilles croisées, une jeune chienne au poil clair le regarde avec tendresse, ses yeux bruns se fermant à intervalles réguliers tandis que le brun passe délicatement ses mains sur sa tête en de douces caresses qui semblent faire frissonner de plaisir son corps musclé et nerveux.
Dean se gratte le front, vaguement incrédule, avant de sourire largement.
Angie.
L'association lui a paru improbable quand Sam la lui a annoncée plus tôt mais elle lui semble à présent d'une parfaite évidence.
La tête légèrement penchée sur le côté, Castiel ne l'a pas entendu arriver, trop occupé à murmurer des choses à l'oreille de la chienne qui pousse de petits soupirs de bien-être, ses yeux se fermant un peu plus et sa tête s'alourdissant dans ses mains.
Dean pouffe légèrement.
« Je te trouve presque trop poli Sam », lui répond-il à voix basse tout en passant la main dans ses cheveux. « Merde alors, c'est vraiment un truc de dingue… »
« Ouais, un truc de dingue… », répète doucement Gabriel à côté d'eux dans un écho étrangement discret.
Le blond a les doigts crispés sur le grillage du box, ses joues presque roses de joie et les deux frères gloussent discrètement. Gabriel peut être étrangement attendrissant parfois.
En entendant leur petit rire, Castiel semble lentement revenir à lui. Le jeune homme redresse la tête pour leur adresser un sourire brillant de joie et de bonheur et Dean lui répond d'un air attendri. Le coup de foudre entre la jeune pensionnaire du refuge et le jeune homme semble avoir été réciproque. Possible que le cœur de Dean batte également un peu plus fort.
Le châtain s'approche un peu plus du box avant de s'accroupir lentement dans l'embrasure de la porte.
« Ça te dirait de la sortir pour te promener un peu avec elle ? Voir comment elle réagit ? », lui propose-t-il gentiment.
Le tutoiement est immédiat, Dean n'a pas pu s'en empêcher. Une petite voix dans sa tête lui susurre que les animaux favorisent les rapprochements. Sam a assuré la première partie du job, à lui de prendre en charge la seconde et de passer du temps avec Castiel.
« … Oui, je- j'aimerai beaucoup », lui répond le brun avec douceur d'un ton presque timide.
Dean sent quelque chose effleurer son épaule et il se retourne lentement, levant sur yeux sur Sam pour voir son frère lui tendre une laisse et un harnais.
« Va avec lui. Tu es celui avec qui Angie est le plus en confiance. Enfin, jusqu'à présent en tout cas… », lui dit-il d'un air taquin.
Les yeux de Sam sont étrangement malicieux tandis que le blond fait un discret clin d'œil en direction de Castiel et Dean sent ses joues le chauffer légèrement.
Le jeune homme se relève souplement pour s'approcher du petit groupe sous le regard curieux du brun. En distinguant du mouvement sur sa gauche, la petite chienne relève brusquement la tête et Dean sent son cœur se pincer légèrement en la voyant avoir un léger mouvement de recul malgré les mains douces de Castiel, toujours posées sur elle.
« Eh ma belle, c'est moi. Tu me connais bien. » Dean avance lentement la main et sourit en voyant Angie approcher timidement sa truffe avant d'accepter une caresse, son corps s'apaiser lentement. « On va se promener ? »
Le châtain lui montre le harnais et la laisse et les deux hommes rient doucement en voyant la chienne se redresser d'un bond, agitant vivement sa grosse queue touffue. Tandis qu'il déplie le harnais pour le lui montrer, Dean observe avec stupéfaction la jeune chienne se désintéresser complètement de lui. La tête tournée vers Castiel, Angie adresse à au jeune homme un regard attentif tout en continuant à s'agiter joyeusement devant lui, sa croupe se tortillant comiquement sous l'effet de balancier de sa queue. Un regard qui résonne comme une très enthousiaste invitation à la promenade, emplie de confiance et d'envie et Dean se mord les lèvres. Cette histoire est complètement folle.
Profitant de sa distraction, le châtain resserre habilement le harnais sur sa poitrine avant d'y attacher la laisse et de la tendre à Castiel dont il a senti le regard venir régulièrement sur lui.
« Prends-la, je pense que c'est à toi de le faire », lui dit-il avec un sourire. Le châtain tend la laisse à Castiel. « On dirait que c'est ce qu'elle attend en tout cas. »
Le jeune homme hoche timidement la tête et quand il attrape la laisse en nylon tissé, leurs doigts s'effleurent et Dean frissonne légèrement. D'un sourire, le châtain l'invite à sortir du box et à quitter le chenil, Castiel s'exécutant sagement.
Discrètement, Dean l'observe avec attention. Gabriel lui a dit que son frère n'a jamais eu de chien, leur famille non plus, mais il voit avec satisfaction que les gestes du brun sont sûrs et attentifs, laissant à la chienne une longueur agréable pour pouvoir trotter comme bon lui semble sans pour autant la mettre hors de sa zone de contrôle s'il devait la retenir brusquement.
Dean rit en voyant Angie gagner la sortie du chenil avec enthousiasme avant de se diriger naturellement en direction du parc de jeux, installé à une vingtaine de mètres et soigneusement clôturé, et les deux hommes lui emboîtent naturellement le pas. Il remarque du coin de l'œil que Sam et Gabriel les suivent à une distance raisonnable afin de ne pas perturber la jeune chienne, discutant vivement entre eux tandis que Dean marche côte à côte avec Castiel. Le châtain fronce légèrement les sourcils en remarquant les regards brillants qu'ils posent sur eux avant de chuchoter à voix basse de plus belle tout en les regardant.
Dean rougit légèrement et leur envoie un regard noir qui les fait ricaner en chœur. Bon sang de commères…
« Tiens-la bien », intime-t-il soudain à Castiel en voyant Angie tirer rudement sur le harnais à l'approche du parc. « Elle est très excitée ce soir, c'est assez surprenant… »
Il voit Castiel resserrer prudemment sa prise sur la laisse tandis que le jeune homme le regarde brièvement.
« Pourquoi ? Sa fiche d'identité sur son box indique qu'elle est encore jeune, ce n'est donc pas surprenant qu'elle soit un peu vive. Si ? », lui demande le brun avec intérêt.
Dean se gratte légèrement la nuque.
« Est-ce que Sam t'a raconté comment elle est arrivée ici ? », l'interroge-t-il.
« Non, il n'en a pas eu le temps. » Castiel fait un petit signe négatif de la tête tout en haussant imperceptiblement les épaules. « Quand il me l'a montré, elle s'est levée à notre arrivée et est venue renifler et lécher ma main. Il a préféré m'ouvrir tout de suite son box. »
Dean rit légèrement. Lui-même n'aurait pas agi différemment devant un tel coup de foudre.
« Je vois oui… », sourit-il avant de regarder Castiel. « Angie est arrivée ici il y a trois mois environs. Elle habitait avec sa propriétaire, une dame âgée qui l'adorait, mais quand elle est morte, elle a vraiment déprimé. Elles vivaient seulement toutes les deux depuis qu'elle était chiot et elle n'a pas réussi à s'habituer à d'autres personnes. Les akita sont des chiens prudents avec les étrangers amis quand ils donnent leur affection, c'est pour la vie », lui explique le jeune homme. « Ce sont les enfants de sa propriétaire qui nous l'ont déposé. Angie est une chienne adorable mais elle était vraiment très timide avec eux, elle les fuyait sans cesse et pleurait beaucoup. J'avoue que j'ai encore du mal à croire ce que j'ai vu quand je suis venu vous rejoindre… Ton prénom sans doute », achève Dean dans un petit rire.
Castiel fait une petite moue interrogative que Dean trouve indécemment adorable chez un homme de son âge et le châtain sent sa poitrine se gonfler déraisonnablement avant qu'une légère rougeur ne vienne chauffer ses joues.
« Ne te vexe pas », s'empresse-t-il d'ajouter mais le brun le rassure d'un sourire doux. « Son vrai nom est Angel mais elle ne répond qu'au surnom d'Angie, c'était celui que sa propriétaire lui avait donné. Et le tien… Enfin, tu vois quoi… »
Dean sent ses joues brûler plus fort tandis qu'il s'emmêle dans son explication un peu maladroite.
« Oui, je vois. Une histoire de prénom sans aucun doute… », rit doucement Castiel après un court silence qui l'a mis au supplice à l'idée d'avoir été ridicule.
Le brun lui adresse un regard malicieux que le jeune homme trouve aussi incroyablement délicieux, que son rire et Dean sourit un peu stupidement, baissant les yeux sur ses chaussures. Plongé dans un silence confortable, il remarque distraitement que le pas de Castiel et le sien se règlent naturellement l'un sur l'autre et que dans le mouvement de leurs corps, le parfum de son eau de Cologne lui arrive parfois, frais et délicat. Au loin, Dean entend vaguement les voitures qui passent sur la route en contrebas du refuge et les aboiements des chiens dans leur dos mais rien qui ne soit de nature à troubler l'atmosphère parfaite emplie de douceur qui règne entre eux.
L'aboiement enjoué d'Angie alors qu'ils approchent du parc le fait soupirer doucement de soulagement et Dean remercie mentalement la jeune chienne avec une immense reconnaissance de le sortir de ses pensées étrangement tendres, tandis qu'il a l'impression de sentir la chaleur du corps de Castiel à côté du sien.
Le châtain s'empresse d'ouvrir la clôture du parc canin et Castiel lui adresse un petit regard un peu perdu qui le fait rire doucement tandis que Angie tire vivement sur sa laisse. Dean le rassure d'un sourire avant de hocher la tête.
« Tu peux la lâcher. Elle ne risque rien, le parc est fermé et elle va avoir bien assez pour s'amuser », lui dit-il avant de sortir une petite pieuvre en peluche rouge et violette de la poche de son jean et de la lui tendre. « Et lance-lui ça, c'est son jouet préféré. Je serai à côté avec eux si tu as besoin, dit-il tout en désignant Sam et Gabriel qui viennent de s'appuyer contre la barrière.
Castiel s'empare du jouet dans un petit rire avant de lui jeter un regard en coin.
« Vous… Tu ne restes pas ? »
La candide hésitation du brun lui fait se mordre la lèvre et Dean retient de justesse le gémissement ridicule qui monte dans sa gorge à l'idée de faire un geste irréfléchi en direction du jeune homme pour le rassurer et calmer son adorable appréhension.
À regret, il secoue doucement la tête.
« Tu dois rester un peu seul avec elle. Il faut que tu interagisses avec Angie, voir si le feeling passe. Mais si elle te plaît aussi, alors je n'ai aucun doute. Elle a complètement craqué sur toi », lui explique Dean avec un sourire réconfortant. « Et je serai juste là, ne t'inquiètes pas. »
Le châtain lui fait un clin d'œil taquin et il se sent immensément puissant quand il voit le jeune homme rosir doucement avant d'opiner.
Le châtain l'observe quelques secondes, le temps de l'entendre inspirer profondément et de le voir jeter le jouet à Angie d'un geste précis, la chienne détalant à vive allure pour aller le récupérer, avant de reculer lentement pour rejoindre les deux hommes qu'il entend discuter à voix basse tout en lui jetant de fréquents coups d'œil.
« Quoi ? », leur demande Dean d'un ton légèrement exaspéré tout en s'appuyant à son tour contre la barrière.
« Alors, pas trop déçu que « Cassie » soit un homme ? », l'interroge Sam d'un ton faussement nonchalant.
Le sourire carnassier de son frère et les gloussements de Gabriel lui font lever les yeux au ciel.
« Mêle-toi de ce qui te regarde Sammy… » Le châtain ricane en voyant son frère lui envoyer un regard outré devant son propre surnom un peu enfantin qu'il apprécie peu. « Le courant a l'air de plutôt bien passé. C'est vraiment prometteur », dit Dean tout en regardant Castiel jouer avec Angie un peu plus loin, ses gestes de plus en plus assurés.
« Oui, extrêmement prometteur même… Mince Dean, je ne savais pas que tu pouvais être aussi charmant ni que tu savais sourire autant », renchérit Gabriel tout en dardant sur lui son regard doré.
Son ton amusé fait grogner le jeune homme de gêne.
Non, il n'est pas déçu que le blond ait un frère et pas une petite sœur. Et s'il ne sait pas s'il y a quoi que ce soit de prometteur entre lui et Castiel, car les deux hommes viennent à peine de se rencontrer, il aimerait bien croire que le brun a été aussi agréablement surpris que lui en croisant son regard pour la première fois. Qu'y peut-il ? Personne n'est fait pour vivre seul mais Dean est trop débordé par le refuge et ses responsabilités pour essayer de combler l'immense vacuité de sa vie personnelle. Est-il si déraisonnable d'espérer voir dans l'arrivée de Castiel à Second Life, dans ses yeux bleus pétillants et ses joues rosies, une possible forme d'intérêt pour sa personne quand lui-même trouve le brun parfaitement charmant ?
« Arrête Gabriel », le sermonne soudain Sam tout en donnant un coup dans les côtes du jeune homme et Dean lui adresse un regard reconnaissant. « Tu vas beaucoup trop vite. Laisse le temps à l'amour de fleurir. Mon frère est un homme discret tu sais… »
Dean écarquille les yeux avant de grogner et de passer une main gênée sur le visage tandis que les deux hommes éclatent de rire. Après un bruyant concert de rires qui lui fait tourner ostensiblement tourner la tête en direction du parc canin pour les ignorer, Sam essuie une larme au coin de ses yeux.
« Plus sérieusement Dean, c'est assez incroyable comme coup de foudre, non ? Qui aurait cru… », reprend le blond d'un ton sérieux.
« Tu parles de Castiel et d'Angie, n'est-ce pas ? », lui demande-t-il d'un ton un peu sec tout en lui jetant un regard noir qui s'adoucit légèrement quand Sam lui adresse un petit sourire d'excuse. « C'est assez dingue oui… Elle est si timide depuis son arrivée et là, c'est comme si elle l'avait toujours connu. »
Du coin de l'œil, il voit Gabriel se rengorger un peu ridiculement à côté de lui.
« C'est l'effet Cassie », s'exclame le blond d'un air extatique avant de le défier du regard. « Je te l'avais dit Deanno ! Tout le monde craque pour lui. Impossible de ne pas l'aimer »
À ses mots, Dean serre imperceptiblement les poings.
Tout le monde ?
Il inspire brusquement en réalisant que dans son petit coup de cœur pour le brun, le jeune homme n'a même pas pensé qu'il pouvait ne pas être libre. Tout en suivant attentivement les jeux de Castiel et d'Angie, le châtain se mordille les joues de dépit. Un homme aussi beau et gentil ne peut raisonnablement pas être célibataire, c'est impossible et Dean ricane un peu nerveusement tant cette idée lui semble ridicule. Et quelle chance pourrait-il y avoir que le brun soit également attiré par les hommes ? Si Castiel n'a pas déjà quelqu'un dans sa vie, il songe que cette erreur de l'univers sera sans aucun doute résolue dès la première balade du brun avec Angie dans les rues.
Dean sent son cœur se serrer un peu ridiculement dans sa poitrine et dans un grognement mécontent, il se décale de la barrière contre laquelle il s'est adossé pour rejoindre Castiel.
En s'approchant, le châtain remarque que le brun a retiré son trench-coat pour être plus à l'aise et l'a soigneusement plié puis posé sur le montant d'une structure d'exercice canin. Comme Dean l'avait imaginé, sa carrure est solide mais élégante. Les mains enfoncées dans ses poches, il suit du regard la belle ligne de ses épaules sur lesquelles le tissu de sa chemise se tend de manière séduisante. Le brun a roulé ses manches sur ses avant-bras et le jeune homme trouve la vue des muscles ciselés qui jouent sous la peau blanche des plus agréables.
Le bras en l'air alors qu'il s'apprêtait à lancer à nouveau son jouet à Angie, Castiel lui sourit avec joie en le voyant arriver avant de s'exécuter, la chienne frémissant et jappant d'impatience devant lui. Dean observe distraitement la pieuvre bicolore en peluche effectuer une parfaite parabole dans l'air avant d'aller rebondir dans l'herbe à quelques mètres d'eux.
« Alors, qu'en penses-tu ? Ça a l'air de se passer plutôt bien, non ? », lui demande-t-il tout en s'arrêtant à côté de lui et de ricaner en voyant Angie bondir comiquement en l'air, son jouet dans la gueule, avant de s'en désintéresser et de plonger à moitié dans l'herbe.
Castiel gratte légèrement du bout de l'ongle le tissu rêche de son pantalon, ses yeux pétillants fixés sur la chienne qui semble être en train de retourner méthodiquement plusieurs mètres carrés de terre à la recherche d'un trésor. Dean l'imagine sans peine tortillant et visqueux, probablement un de ces longs vers de terre sortis d'une galerie à la suite de la nuit passée, pluvieuse et orageuse.
« Oui, je l'adore vraiment. Et je pense qu'elle m'apprécie aussi », lui répond-il doucement.
Dean doit avoir un air profondément ahuri car tandis qu'il tourne les yeux sur lui, Castiel glousse doucement.
« Ça pourrait fonctionner je pense », reprend-il tout en le regardant dans les yeux.
Le brun semble chercher discrètement l'approbation de Dean dans son regard et le châtain lui sourit avec bienveillance.
« Dire qu'elle t'apprécie me semble être un mot un peu faible compte-tenu du fait qu'elle agit avec toi comme si tu étais déjà son maître et que vous vous connaissez depuis… une demi-heure. Bien sûr que ça va fonctionner ! », lui répond-il avec assurance après avoir jeté un rapide coup d'œil à l'écran de son téléphone.
Le sourire rayonnant de Castiel réchauffe le jeune homme de l'intérieur et Dean a l'impression de sentir son ventre vibrer de contentement. Il a dit ce qu'il fallait.
« Le plus gros défi à mon sens va être de l'habituer à rester seule pendant une partie de la journée car son ancienne propriétaire était plutôt casanière et sortait peu mais on pourra travailler dessus… ensemble », reprend le jeune homme tout en coulant un rapide regard en coin au brun qui l'écoute avec attention. « Je ne m'inquiète pas. Les akita sont des chiens extrêmement intelligents et ils apprennent vite. Ce sont des chiens de compagnie parfait. Ils adorent la présence humaine et sont extrêmement affectueux envers leurs maîtres. Cela en fait d'excellent chien de garde et Angie n'hésitera pas à prendre ta défense si elle te sent en danger. »
Dean se mord vivement la lèvre mais il sait que c'est trop tard, il en a déjà trop dit.
À côté de lui, il voit Castiel se balancer inconfortablement d'un pied sur l'autre, son corps soudain douloureusement raidi et sa mâchoire serrée. Le châtain a juste envie de se frapper pour l'avoir mis mal à l'aise quand tout se déroulait merveilleusement bien jusqu'à présent et que Castiel semblait apprécier sa compagnie.
« … Gabriel t'a raconté ? », lui demande le brun après un silence un peu inconfortable.
Le ton de Castiel est rauque, teinté de gêne, et Dean a envie de passer familièrement un bras autour de lui afin de l'attirer à lui et de lui chuchoter à l'oreille qu'il n'a pas à se sentir mal à l'aise de quoi que ce soit. Du bout des doigts, peut-être pourrait-il atténuer la ligne tendue de ses épaules qu'il trouvait si attirante un peu plus tôt et qui à présent indique le malaise du brun.
Inconsciemment, Dean se rapproche de lui avant de se figer en voyant Castiel lui jeter un petit regard en coin prudent, ses doigts tordant machinalement le bas de sa chemise. Le jeune homme déglutit.
« Ne lui en veut pas », lui souffle-t-il tout en passant une main dans sa nuque. « Gabriel s'est absenté deux jours pour rester avec toi, il a dû me raconter parce qu'il n'est pas sensé quitté son travail au refuge dans le cadre de sa condamnation et que je suis tenu de le signaler au tribunal. Il était tellement hors de lui quand il est revenu… Sam et moi n'avons pas eu à lui poser beaucoup de questions pour qu'il explose. J'ai presque cru qu'il allait pleurer… »
Dean voit Castiel se mordiller la lèvre.
« Je ne lui en veux pas », reprend doucement le brun. « Mon… agression l'a beaucoup secoué. Je comprends qu'il ait eu besoin d'en parler. J'ai eu peur aussi tu sais », ajoute-t-il tout en relevant plus franchement les yeux sur lui.
Castiel rit légèrement mais le bruit est grinçant, désagréable aux oreilles de Dean. Il n'a rien à voir avec le son si précieux et ravissant qu'il a pu savourer un peu plus tôt et qui lui a donné soudain envie d'avoir l'humour de Gabriel pour pouvoir le faire rire aux éclats. Le brun tourne à nouveau la tête en direction d'Angie et Dean fait de même pour respecter son silence pensif tout en lui jetant de fréquents regards en coin et en se pinçant les lèvres.
Même s'il n'avait rien appris par Gabriel ou par l'intermédiaire du tribunal, Dean aurait pu le déduire seul.
Il a été bagarreur dans sa jeunesse, il sait reconnaître un homme qui a pris des coups.
Avec tristesse, le jeune homme l'a remarqué dès qu'il a marché avec Castiel en direction du parc canin, guidés par Angie qui tirait joyeusement sur sa laisse et son harnais. Son regard acéré a aperçu ce très léger boitement que le jeune homme tente de dissimuler et la manière qu'il a de se mouvoir dans une savante économie de gestes qui est le signe d'un corps encore douloureux. Dans l'ombre de sa barbe, sur la belle ligne carrée de sa mâchoire, Dean distingue encore une trace d'un jaune verdâtre dont la couleur lui semble obscène sur la peau blanche et il serre les poings de colère. Comment a-t-on pu s'attaquer aussi gratuitement à un homme aussi beau et gentil quand il aurait probablement suffi de lui demander son téléphone pour qu'il le donne ?
Dean se souvient des détails avec une acuité qui le surprend encore une fois.
Il se remémore le moment où Gabriel est arrivé au refuge il y a deux semaines, pâle et défait, ses mains se crispant nerveusement sur son pantalon plutôt que sur l'habituel bâtonnet d'une sucette à l'atroce goût chimique. La manière dont il leur a raconté les raisons de son absence, ses mains serrant en tremblant une tasse de café, tandis que Dean fronçait encore les sourcils de mécontentement au fait que le blond leur ait fait faux bond en dépit de son contrôle judiciaire. Les dents serrées, il attendait depuis deux jours ces explications, précédées par un simple message laconique de Gabriel qui lui annonçait ne pas pouvoir venir travailler, avant de sentir sa poitrine se noyer sous la culpabilité.
La voix étrangement rauque, le jeune homme leur avait rapporté la manière dont son précieux petit frère avait été agressé dans le parking de son entreprise tandis qu'il quittait très tard son bureau. Comment un inconnu lui était littéralement tombé dessus pour le rouer de coups afin de voler son portable, son portefeuille et son attaché-case. Comment Castiel était revenu à lui alors que Gabriel l'appelait désespérément à genoux sur le bitume à côté de lui, prévenu par le gardien qui l'avait trouvé et l'avait appelé après avoir alerté les secours, parfaitement au courant de l'immense attachement du blond pour lui.
Comment, tandis qu'il le veillait dans son appartement, son frère lui avait suggéré qu'il pourrait prendre en chien et que venir au refuge dans lequel il travaillait pourrait être une excellente idée.
À ces souvenirs, Dean frissonne désagréablement. Un des petits détails ridicules qu'il a également retenu du récit de Gabriel est son rire si incroyablement étranglé quand le blond avait ajouté qu'il aurait aimé voir le visage du voleur en réalisant que son butin se composait d'un vieux portable d'un modèle qui n'était plus usiné, de cinq dollars en petite monnaie et d'une mallette pleine de tableaux Excel parfaitement incompréhensibles pour un œil non exercé. Dans l'adversité, l'humain trouve du réconfort où il peut.
Du coin de l'œil, le jeune homme voit Castiel sursauter légèrement en sentant Angie venir enfouir sa tête dans sa main crispée pour la câliner et il a un pâle sourire.
« Il n'y a rien de mal à vouloir se sentir en sécurité », murmure Dean avec douceur. « Ni à vouloir se sentir un peu moins seul. Je pense sincèrement que Gabriel a bien fait de te conseiller de venir. Je sais que tu t'occuperas bien d'elle tout comme Angie le fera avec toi. »
Le brun lui adresse un petit sourire timide avant de s'accroupir pour cajoler un peu plus la chienne qui le regarde avec attention. Dean admire brièvement son sang-froid quand il le voit retirer des poils qui entourent sa gueule un répugnant morceau de ver de terre avant de jeter plus loin sans s'en préoccuper.
« Je me sens un peu mal », lui souffle-t-il. « J'ai l'impression de me servir d'elle… »
Le châtain s'agenouille à son tour à côté de lui avant de le bousculer familièrement de l'épaule, ses doigts trouvant naturellement la fourrure si douce de la tête d'Angie qui ferme doucement les yeux de bien-être sous l'effet de leurs caresses conjuguées.
« Non, Castiel. Elle a besoin de toi », le rassure-t-il d'un ton ferme. « Angie est une chienne timide et prudente mais elle t'adore, je sais que tu es celui qu'il lui faut. Et tu verras que dans quelques jours, c'est toi qui diras qu'elle n'arrête pas de se servir de toi… », ajoute le jeune homme dans un petit ricanement.
Castiel glousse doucement à son tour avant d'enfouir son visage dans le giron d'Angie qui roule affectueusement sa tête contre son cou.
« Tu as sans aucun doute raison… Dean, j'ai vraiment envie de repartir avec elle », chuchote-t-il avec délicatesse tout en lui jetant un regard par-dessus la petite chienne.
Le châtain frémit imperceptiblement de plaisir en entendant le jeune homme l'appeler par son prénom pour la première fois et tandis qu'il se noie un instant dans ses yeux bleus qui brillent d'une timide assurance, Dean ne peut s'empêcher de lui sourire. D'une manière probablement un peu trop tendre pour un homme qu'il a rencontré i peine deux heures.
« Ça m'a l'air d'être une très bonne idée, même si la demoiselle a vraiment l'air d'une souillon dans l'immédiat… », lui répond-il avec un petit rire doux tout en effleurant la gueule couverte de terre d'Angie et Castiel pouffe. « Retournons à l'accueil, je vais te faire signer les papiers et elle sera à toi. »
« C'est aussi simple que ça ? » Le brun écarquille les yeux de surprise. « Tu n'as jamais eu de mauvaise surprise avec des adoptants indélicats ? Adopter un animal est une grande responsabilité… »
« Et c'est parce que tu me dis exactement ce qu'il faudrait que j'ai encore moins de doute à ton sujet », lui répond Dean avec enthousiasme. « C'est faussement simple en réalité. Sam et moi nous renseignons toujours sur les gens qui viennent au refuge et nous effectuons toujours une visite de contrôle après l'adoption. Et dans certains cas précis, pour le placement d'animaux traumatisés par exemple, on se rend également sur place avant de faire signer quoi que ce soit. » Le jeune homme caresse soigneusement Angie avant de regarder le brun. « Avec le temps, on apprend également à lire ce que les gens nous cachent. Depuis que Second Life existe, nous n'avons repris que deux chiens et encore, moins parce qu'ils étaient maltraités que parce que leur environnement n'était pas parfaitement adapté à leurs besoins. En règle générale, toutes nos adoptions se terminent en magnifiques histoires d'amour. »
Le châtain rougit légèrement à ses paroles mais Castiel ne semble pas le remarquer, hochant distraitement la tête avant de se redresser souplement.
« Eh bien allons-y alors… », dit-il avec enthousiasme tout en accrochant à nouveau la laisse au harnais d'Angie qui tourne sur elle-même afin de le taquiner. « Bon sang, je suis presque un peu nerveux… »
Tout en essuyant la paume de ses mains sur son pantalon, le brun se mordille légèrement les lèvres et Dean caresse une dernière fois Angie avant d'inviter Castiel à le suivre.
« Une véritable lune de miel je te dis… », rit-il afin de le rassurer tandis que les deux hommes traversent le parc canin. « Une fois les papiers signés, tu devras simplement profiter et lui donner beaucoup d'amour. Avoir un chien est une véritable satisfaction. »
« Tu en as un ? », lui demande Castiel avec intérêt tout en hochant la tête en direction de Gabriel et le blond pousse un petit cri de joie, dressant ses pouces en l'air en signe de victoire.
Dean ricane en voyant le blond gesticuler soudain sur la barrière, déséquilibré par son mouvement enthousiaste, avant que Sam ne le retienne doucement pour l'empêcher de chuter.
« Ils le sont tous un peu », lui répond le jeune homme tout en désignant d'un petit geste du menton le chenil extérieur dont les box en aluminium luisent doucement au soleil. « Le refuge me prend tout mon temps et même celui que je n'ai pas. Je ne penserai pas qu'un chien serait vraiment heureux avec moi… »
« Je suis sûr du contraire… »
Dean tourne légèrement la tête mais Castiel garde les yeux fixés sur Angie qui trottine joyeusement devant eux, ses joues légèrement rosies, et il sent sa poitrine se gonfler agréablement.
Sur le chemin qui les ramène à l'accueil, le châtain remarque que Sam et Gabriel ne les suivent pas et il en est satisfait. Il lui semble que quelque chose a imperceptiblement changé entre Castiel et lui, qu'un lien un peu plus intime s'est créé. Peut-être est-ce dû aux hésitations et aux craintes que le brun a exprimé pudiquement un peu plus tôt à propos de son agression et de l'adoption d'Angie mais Dean veut garder encore un petit peu longtemps et jalousement cette impression agréable.
Le jeune homme ouvre galamment la porte au brun et à Angie qui s'empresse de s'allonger de tout son long contre le comptoir, comme épuisée par tant d'émotion, et les deux hommes pouffent en chœur. Avec des gestes nés de la force de l'habitude, le châtain sort d'une pochette un contrat d'adoption vierge dont il détaille à Castiel le contenu et termine de lui expliquer les tenants et les aboutissants de la procédure d'adoption. Il lui précise à nouveau qu'il y a une période d'accueil provisoire afin de s'assurer de la pertinence de l'adoption, que Sam ou lui-même se rendra chez lui pour discuter et voir Angie évoluer dans son nouvel environnement. Encore précieusement caché dans son esprit, le châtain a déjà pour projet d'être le seul à se présenter à la porte de l'appartement du jeune homme.
Quand Dean lui donne le montant des frais d'adoption à régler, Castiel le regarde avec ébahissement.
« C'est- C'est tout ? Mais Gabriel m'a dit que vous pucez et que vous vaccinez tous les animaux que vous recueillez. Comment pouvez-vous arriver à… faire tout ça avec si peu… ? », lui demande le brun d'un air de profond étonnement.
Tout en vérifiant attentivement le contrat d'adoption que lui a rendu Castiel, Dean ricane légèrement.
« Les frais sont peu élevés parce que nous avons un partenariat avec une clinique vétérinaire toute proche et que si ce n'était pas le cas, je pense que nous aurions beaucoup moins d'adoptants », lui répond le châtain avant de relever les yeux sur lui d'un air taquin. « Tu es bien entendu libre de faire un don du montant de ton choix si tu le veux. Il sera grandement apprécié, tu t'en doutes. »
Castiel glousse doucement avant de lui tendre le chèque correspondant à l'adoption d'Angie et de commencer à en remplir un nouveau. Afin de lui laisser un peu de discrétion, Dean s'éloigne légèrement, s'occupant de ranger le contrat d'adoption dans le classeur dédié et de commencer à saisir le montant du chèque de Castiel dans son petit tableau de comptabilité, admirant discrètement son écriture.
Après quelques secondes, le bruit discret d'une feuille que lui déchire retentit et le châtain lui jette un petit regard.
« Dean, je… », commence Castiel avant de se mordiller les lèvres et de lui tendre le nouveau chèque. « Tiens… J'espère qu'il vous sera utile. »
Le jeune homme regarde avec émerveillement les joues du brun rosir et il tend le bras le bras afin de s'en emparer avec respect. Dean s'étrangle légèrement en en lisant le montant. Il n'a jamais vu un chèque d'un tel montant à quatre chiffres, bien éloigné des centaines de dollars qu'il règle à ses fournisseurs chaque mois. Gabriel lui a dit pendant un déjeuner que son frère gagnait très bien sa vie mais il ne mesurait pas à quel point. Le jeune homme lève des yeux profondément admiratifs et à la fois un peu ébahis sur le brun qui rougit un peu plus sous son regard brillant.
« Ce- Ce n'est pas grand-chose mais… Vous faites vraiment un travail formidable ici et j'espère que vous continuerez encore longtemps », renchérit-il un peu maladroitement tout en rendant à Dean le stylo que celui-ci lui a prêté un peu plus tôt.
Le châtain le récupère distraitement, remarquant à peine que le plastique a tiédi sous les doigts du jeune homme, avant de lui sourire.
« On supporte également ton frère accessoirement… », lui répond Dean d'une petite voix avant de passer une main dans sa nuque. « Merci Castiel, c'est vraiment très généreux de ta part. Sam n'est pas là mais sois sûr qu'il est du même avis que moi. Ton don nous sera très précieux. »
Castiel glousse joyeusement aux paroles spontanées du châtain alors que le jeune homme regarde toujours le chèque avec stupéfaction. Le bruit étouffé d'une conversation leur arrive soudain par-dessus le crissement du gravier de la cour et la porte de l'accueil s'ouvre sur Gabriel et un éclat de rire de Sam qui adresse un petit signe de la main à son frère à travers la fenêtre.
« Sammy et moi on voulait vous laisser un peu d'intimité, c'était un moment important ! », s'exclame le blond en entrant dans la petite pièce avant d'aller s'accouder au comptoir et de se tourner vers Castiel. « Alors, c'est fait ? Cette beauté couleur caramel est à toi ? »
« Oui. En tout cas jusqu'à la visite de contrôle dans une quinzaine de jours », lui répond sagement le brun tout en jetant un petit regard à Dean.
Sous le regard curieux de Gabriel, le jeune homme s'empresse de ranger le second chèque de Castiel toutefois pas assez vite car le blond tend le bras par-dessus le bureau avec une vivacité surprenante afin de s'en emparer. En lisant à son tour le montant, il fait un clin d'œil complice à Castiel qui se mord la lèvre sous son regard clair, sa rougeur gagnant sa nuque de manière adorable.
Dean est définitivement conquis et il récupère le chèque d'une main distraite quand le blond consent à le lui rendre, ce dernier appuyant son menton dans sa main de manière comique.
« Bon Deanno, ça fait suffisamment d'émotions pour la journée. Je rentre avec Cassie », s'exclame-t-il tout en lui souriant d'un air vaguement narquois. « À demain ! »
Le jeune homme hoche la tête tout en saisissant du bout des doigts le moment du chèque dans un nouveau tableau de comptabilité.
« Rentre bien dans ce cas… Et je t'attends demain à huit heures Gabriel. On doit continuer de dégager les gouttières du chenil couvert, elles sont pleines de feuilles à cause de l'orage d'hier. Tu seras d'une aide précieuse, lui annonce Dean d'un ton léger alors qu'il range soigneusement le précieux papier dans un classeur dédié.
Le blond pousse un cri de dégoût et commence à vitupérer férocement sur le fait que ses mains sont fines et délicates, faites pour manger des sucreries plutôt que des travaux manuels répugnants, mais ses protestations sont couvertes par le rire cristallin de Castiel qui les observe se chamailler.
Dean sourit chaleureusement au brun avant de serrer à nouveau sa main. Peut-être garde-t-il ses doigts un instant de trop entre les siens pour en sentir la chaleur et la douceur mais cela n'a pas vraiment d'importance. Castiel s'en va et il n'a pas réellement de raison de revenir à Second Life après avoir emmené Angie, si ce n'est pour des visites de courtoisie comme le font parfois d'anciens adoptants du refuge. Le châtain doute que le jeune homme en aura le temps, sollicité de toutes parts une fois qu'il commencera à promener son adorable jeune chienne, alors il serre sa main un peu plus fort dans la sienne et savoure en silence sa finesse.
« Bonne chance Castiel et n'oublie pas, si tu as besoin de quoi que ce soit, si tu as la moindre question, appelle-nous », s'empresse-t-il de lui dire tout en relâchant sa prise à regret.
« Je n'y manquerai pas. Merci pour tout Dean », lui répond le brun avec un sourire incroyablement doux avant de baisser les yeux sur la chienne qui s'est redressée et attend sagement à ses côtés. « Rentrons chez nous Angie. »
Dans ce sourire qui ourle ses lèvres fines d'une manière presque tendre, le châtain sait qu'il y a bien plus que des remerciements pour lui avoir permis d'adopter un des chiens de son refuge et l'étau qui serre son estomac s'adoucit légèrement. Il sourit en entendant la chienne japper joyeusement, se dressant familièrement sur ses pattes arrières afin de poser ses pattes avants sur le comptoir et Dean en est étrangement ému.
« Bonne nouvelle vie ma grande », la salue-t-il tout en caressant sa jolie tête que Angie roule affectueusement dans sa main. « On va dire qu'exceptionnellement, je n'ai pas vu ce que tu viens de faire et qui est, nous le savons tous les deux, formellement interdit… »
Le brun rit doucement avant de caresser à son tour les oreilles d'Angie et le jeune homme inspire discrètement quand leurs doigts s'effleurent dans les poils soyeux de la chienne.
« Au revoir Dean », murmure Castiel avant d'inviter Angie à descendre et de rejoindre Gabriel qui attend dans la cour et dont les plaintes faites à Sam arrivent bruyamment jusqu'à l'accueil.
Cette fois-ci, c'est Dean qui adresse un petit salut amical au brun quand celui-ci sort de la petite pièce et quand Castiel disparaît de sa vue après un dernier regard dans son dos, le châtain sent son cœur se pincer légèrement. Le brun lui manque déjà, et son parfum flotte encore dans la petite pièce qui lui semble plus froide sans le sourire du jeune homme pour l'éclairer.
Tout en maugréant pour ne pas avoir trouvé un prétexte pour retenir Castiel un peu plus longtemps ou lui suggérer de garder contact avec le refuge, Dean relève brusquement les yeux en entendant un bruyant éclat de rire lui arriver malgré la porte à demi-fermée.
« Franchement Cassie… Un chèque de deux mille dollars ? Sérieusement ?! », s'exclame Gabriel d'un ton moqueur. « Je n'aurais pas évalué le sourire de Dean à ce prix-là mais je suppose que nous ne voyons pas la même chose… »
Debout derrière le comptoir, le châtain s'étrangle et il est très heureux d'entendre Sam s'affairer derrière le bâtiment. Son frère ne le lâcherait jamais s'il le voyait rougir comme il est en train de le faire maintenant, la pourpre gagnant sa nuque et noyant chaudement sa poitrine.
A titre informatif (et parce que peut-être tu t'ai légitimement posé la question), l'anecdote concernant le célèbre et délicieux ours gélifié de la firme Haribo est exacte.
Inventé en 1922 à Bonn par le fondateur de la marque, Hans Riegel, ce dernier a l'idée de donner à son bonbon une forme enfantine et sympathique en s'inspirant des traditions locales. Il nomme sa confiserie "Tanzbär", soit "Ours dansant", en référence à ces animaux dressés pour le divertissement que l'on montrait dans les foires, notamment à l'époque médiévale.
A bientôt pour la suite ;)
ChatonLakmé
