Quelques mots afin de contextualiser un peu ce projet. Dans la plupart des histoires que j'ai pu lire et dont on m'a parlé, tout se termine bien et on passe à autre chose. Or d'après ce que j'ai pu apprendre concernant les périodes d'après guerre, je pense notamment à la Deuxième Guerre mondiale, ce sont des moments assez sombres et chaotiques. La réorganisation politique de pays ruinés et de populations traumatisées prend du temps, ce qui est normal.

J'ai passé quelques soirées à étudier l'organisation existante du ministère de la Magie et à imaginer des réformes possibles, des améliorations à apporter. Je vous rassure cependant, bien que les questions politiques soient présentes dans ce récit, je me suis assurée qu'elles restent compréhensibles et pas non plus rébarbatives. Il s'agit après tout d'une fanfiction et non d'un manifeste pour une société magique égalitaire. N'hésitez pas à commenter si des aspects vous échappent et puis même juste pour débattre, c'est cool aussi.

Où commence l'histoire ?

Cette fanfiction commence en septembre 2002, quatre ans après la guerre. Je n'ai pas pris en compte l'épilogue du tome 7. Je me suis attachée à être cohérente avec l'œuvre originale jusqu'aux âges et connections entre les personnages. J'ai utilisé beaucoup d'éléments de l'univers étendu. Cependant, ne pas avoir vu les animaux fantastiques n'est pas un problème.

Je remercie mes correctrices pour leur travail de relecture des 17 chapitres (qui sont déjà tous écrits). Je publie chaque dimanche à 22h11.

Bonne lecture !

Il avait fait chaud aujourd'hui et Hermione avait laissé les fenêtres de son bureau ouvertes toute la journée. Assise devant sa machine à écrire, elle avait pu observer les passants déambuler sur le chemin de Traverse et saisir au passage quelques bribes de conversation.

Le mois de septembre était déjà bien avancé et les élèves qui avaient durant toute la fin août, animé la ruelle et ses échoppes, étaient partis à bord du Poudlard Express. Hermione revivait chaque année avec nostalgie l'effervescence des rentrées scolaires. Elle guettait avec un plaisir plus ou moins assumé les va-et-vient des enfants et adolescents entre les boutiques, les bras chargés de livres, de fioles et autres objets en tout genre.

En cette chaude après-midi de septembre, le flot réduit des badauds sur le chemin de Traverse à la moyenne d'âge plus avancée témoignait du retour à la normale. Les conversations n'en étaient que plus faciles à suivre pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

Hermione soupira et jeta un œil à l'horloge accrochée au mur en face d'elle. Elle se donna encore une vingtaine de minutes puis elle rentrerait.

Cela faisait maintenant trois ans qu'elle travaillait à la Gazette du Sorcier en tant que rédactrice à la rubrique politique magique et actualités. Elle avait eu besoin de plusieurs mois voire années pour finalement maîtriser la rédaction d'articles de presse. Non pas que l'exercice d'écriture lui ait posé un quelconque problème, mais il avait fallu apprendre les codes du journalisme, comprendre l'organisation politique du ministère de la Magie et enfin tenir le rythme d'un article par jour en plus d'assister aux nombreuses conférences de presse, discours ou événements officiels.

Son regard se posa sur les différents articles accrochés au mur. Kingsley Shacklebolt la fixait de ses grands yeux dans une pose digne et sobre. Hermione l'avait interviewé la semaine dernière à propos du nouveau plan anticorruption du conseil de Démangification dont il avait obtenu la présidence à la fin de la guerre quatre ans auparavant. Ce conseil avait été mis en place afin de coordonner tous les départements du ministère. Il se composait de différents membres extérieurs et avait pour but premier l'éradication de la Magie noire au sein de toutes les institutions magiques britanniques. Il devait également assurer temporairement les missions du cabinet du ministre de la Magie. En effet, il avait été décidé de laisser le poste vacant le temps d'y voir plus clair et de discuter de l'avenir du ministère et de l'ensemble de l'organisation politique du pays. La chute de Voldemort avait fait naître des envies de changements. Les gens semblaient tous unis par la volonté de rebâtir une société plus juste et avec comme adage « plus jamais ».

Les mois puis les années étaient passés. Ses dispositions qui se voulaient au départ temporaires, s'étaient étendues. La purge des Mangemorts avait au final pris plus de temps que prévu. L'espoir avait fait place à la lassitude et les paroles réformatrices portées entre autres par Kingsley se retrouvaient en confrontation directe avec des discours conservateurs motivés par la fatigue et la peur. Tiberius McLaggen qui tenait le poste de directeur du département de la justice magique en était le porte-parole principal et les deux hommes s'affrontaient à présent dans une guerre de pouvoir dont le but ultime était le poste de ministre de la Magie.

Après leur entrevue en la raccompagnant dans l'atrium, Kingsley avait confié à Hermione que la mise en place du nouveau plan anticorruption rencontrait d'ores et déjà de virulentes oppositions au sein du ministère lui-même. Elle n'en avait pas fait mention dans son article, mais dès le lendemain, elle avait pu vérifier ses dires lors de la conférence de presse hebdomadaire présentée par McLaggen.

Ce plan n'était en réalité qu'une énième tentative du conseil de Démangification de s'attaquer à l'organisation interne du ministère et ainsi garantir une indépendance entre les différents départements. Fidèle à ses idées conservatrices, le directeur de la justice magique s'entendait démontrer que les mesures proposées se trouvaient contraires au Code Magique Britannique.

Hermione glissa son regard sur l'édition de ce matin posée négligemment sur son bureau. Hagrid en faisait la couverture et la Gazette titrait : « 4 ans après la guerre, où en est la situation avec les géants ? » Même si le garde-chasse se voulait rassurant, les nouvelles n'étaient pas excellentes non plus. Il n'y avait pour ainsi dire rien de réjouissant à apprendre qu'après la mort de Lord Voldemort, tout n'était pas revenu à la normale. La paix dans le monde magique britannique restait encore très fragile.

Lasse et fatiguée par sa journée, Hermione se leva et faisant pivoter sa baguette d'un quart de tour machinal, fit s'envoler les papiers qui recouvraient à présent son bureau. Presque aussitôt, ils formèrent une pile parfaite et vinrent se poser en douceur sur une des deux étagères du fond de la pièce.

Sortant de son bureau, elle fit un signe de la main à Betty Braithwaite qui lui rendit son salut. Le reste de la rédaction était vide. En se dirigeant vers la sortie, elle fut coupée dans son élan par son rédacteur en chef, Barnabas Cuffe.

– Bonsoir Granger. Bravo pour votre article de ce matin sur l'entrée des créatures magiques au ministère. Je viens tout juste de le valider et de l'envoyer à l'impression.

Sa longue moustache tressaillit légèrement.

– Grove reçoit tous les jours des courriers des lecteurs pour réagir. Je crois qu'elle aurait grand besoin d'un coup de main pour deux ou trois réponses.

– Kamila m'en a parlé ce matin. On s'occupe de ça ensemble demain après-midi.

– Parfait. Bonne soirée Granger !

Hermione se dirigea vers les escaliers, les descendit et ouvrit la porte qui donnait sur le chemin de Traverse. Il restait encore quelques promeneurs. Elle pivota sur elle-même et en quelques secondes, elle se retrouva au numéro 12 du square Grimmaurd. Elle poussa la porte d'entrée. Des éclats de voix lui parvinrent de la cuisine. Elle longea le corridor du rez-de-chaussée et passa devant le portrait de Walburga Black. Après la mort de Voldemort, Mrs Black était devenue encore plus difficile à supporter, ne perdant aucune occasion de partager sa tristesse et sa déception face à la victoire des « traîtres à leur sang ». Le tableau était resté scellé par un maléfice de Glu Perpétuelle. Mais finalement, Hermione avait trouvé un sortilège pour au moins rendre le portrait muet. De fait, on n'avait plus jamais entendu les insanités de Mrs Black. Cependant, quiconque s'avisait d'ouvrir les rideaux se retrouvait immédiatement gratifié des plus immondes grimaces qu'une peinture n'ait jamais réussi à faire.

Hermione perçut distinctement les voix d'Harry et de Ron, ses deux colocataires. Ils n'étaient pas seuls et elle reconnut vite Dean et Seamus. Elle se sentait fatiguée de sa journée et la perspective de devoir faire la conversation ne la tentait guère. Elle allait prendre la direction de l'escalier qui menait aux étages, quand la voix de Ginny Weasley lui rappela la très probable raison de cette réunion improvisée :

– Et comment doit-on t'appeler maintenant Harry ? Les aurors ont-ils un titre ?

Mais oui ! C'était aujourd'hui qu'Harry avait reçu les résultats d'examen pour devenir auror.

La culpabilité s'empara d'elle et elle se résigna à rejoindre les autres à la cuisine. Elle s'engagea dans le petit escalier qui menait au sous-sol. Ils la saluèrent tous aussitôt en levant leur bièraubeurre :

- Eh Hermione ! Tu te joins à nous ? lança Ron qui lui tenait déjà une chope remplie à ras bord. Hermione s'en saisit.

– Félicitations Harry ! J'étais sûre que tu réussirais.

Elle s'avança et enlaça affectueusement son ami.

– Comme on pouvait s'y attendre, il a reçu les notes maximales en réflexes au combat et duel dans l'obscurité, releva Dean Thomas sur un ton amusé.

– Oui, mais j'ai eu quelques difficultés sur des matières plus théoriques comme l'histoire de la Magie noire.

– Quand commences-tu ? lui demanda Seamus Finnigan.

– La semaine prochaine. J'ai une entrevue demain matin avec Gawain Robards, le chef du bureau des aurors et je dois aller m'enregistrer au département administratif.

Hermione s'était assise à côté de Ginny. Elle pensait boire sa bièraubeurre et monter se mettre au calme dans sa chambre. Elle n'était décidément pas dans une humeur adéquate pour célébrer quoi que ce soit. Elle était bien entendu heureuse pour Harry. Il avait tellement travaillé pour en arriver là. Devenir auror était son unique objectif depuis plusieurs années déjà.

Après la guerre, ils étaient tous retournés à Poudlard pour finir leur scolarité et surtout passer leur ASPIC. Cela avait été loin d'être aussi facile qu'Hermione l'avait pensé. En effet, la guerre avait fait beaucoup de victimes et de dégâts. Ajouté à cela, la difficulté de revenir à une vie normale après les événements qu'ils avaient endurés pendant plusieurs années. McGonagall qui s'était vu confier la direction de l'école avait cependant œuvré pour permettre un suivi psychologique adapté. Une psychomage était venue à Poudlard et avait d'abord rencontré tous les élèves un par un. Elle avait par la suite proposé des séances qui correspondaient à leurs différents besoins. Hermione avait demandé à pouvoir parler seule. Harry avait fait de même. Ron s'était rendu à quelques séances de groupe, mais avait rapidement abandonné. Il s'était investi plus que de mesure dans le Quidditch. Ses résultats déjà moyens en avaient pris un sacré coup et il avait définitivement quitté l'école pour rejoindre George dans sa boutique sur le chemin de Traverse dès le mois de janvier. Hermione, encore en couple avec Ron à cette époque, en avait été beaucoup affectée mais n'avait pas cherché à le retenir. Elle et Harry s'étaient accrochés, soutenus par leurs camarades, le corps enseignant magique, la psychomage et Minerva McGonagall elle-même. Et ils avaient finalement réussi.

Se retrouver à Poudlard juste après la guerre avait peut-être été difficile en ce sens, mais se retrouver dans cet environnement familier et en retrait du monde, avait eu l'avantage de les avoir préservés au moins pour une année, du séisme que la guerre avait alors provoqué au sein de la société magique. Et là où tous leurs proches s'inquiétaient de leur retour à Poudlard, leur intégration en tant que jeunes sorciers diplômés l'année qui suivit fut extrêmement rude. Ils n'auraient probablement pas tenu le choc si l'idée de se mettre en colocation ne leur était pas apparue lors d'une soirée de septembre comparable à celle-ci. La maison était évidemment toute trouvée et le lendemain même ils emménageaient tous les trois au numéro 12 de la petite place.

De là, Hermione avait cherché un travail. Elle n'avait jamais eu d'idée précise de ce qu'elle désirait faire. Une annonce dans la Gazette du Sorcier avait retenu son attention : ils recherchaient une rédactrice pour la rubrique politique magique et actualités.

Elle avait postulé et quelques jours plus tard, elle recevait un hibou signé de Barnabas Cuffe. La semaine d'après, elle intégrait l'équipe de rédaction.

Ce nouveau départ avait cependant été assombri par la rupture du jeune couple. Un soir, Ron avait frappé à la porte de la chambre d'Hermione. Il n'avait pas donné d'explications convaincantes. C'était fini tout simplement. Sur le coup, elle avait ravalé ses larmes. Il avait été décidé qu'ils continueraient à cohabiter malgré tout. Le soir, après avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour être sûre que personne ne puisse l'entendre, elle avait laissé aller son chagrin et avait fait de même les soirs suivants pendant plusieurs semaines.

Ginny interrompit le fil de ses pensées :

– Tout va bien Hermione ?

– Heu oui. Je suis juste un peu fatiguée. Raconte-moi comment se passe ton nouveau travail à Greenwand.

Après une courte carrière dans le Quidditch, Ginny s'était finalement reconvertie dans la lutte contre la pollution émanant des activités magiques. Ce sujet restait encore très peu abordé et Greenwand était à ce jour la seule organisation s'élevant pour la protection de l'environnement.

– Très intéressant je dois dire. En ce moment, on essaie de négocier un siège au département des accidents et des catastrophes magiques. Ça ne te surprendra pas, mais ils ne semblent a priori pas très ouverts à l'idée.

Hermione esquissa un rictus. En effet, elle ne savait que trop bien comment le ministère de la Magie entendait réformer la communauté magique tout en étant farouchement opposé à toute tentative de remaniement de l'institution elle-même. C'était là un des plus gros points de divergence et de conflit entre Tiberius McLaggen et Kingsley Shacklebolt. Ce dernier, à la tête du conseil de Démangification, essayait de prendre en main ces différentes révolutions internes tandis que le directeur de la justice magique se montrait de plus en plus conservateur.

Ginny continuait :

– La dernière coupe du monde de Quidditch a été un désastre humain et écologique pour l'Égypte. Je n'arrive pas à comprendre comment ils ne peuvent pas ouvrir les yeux. La mise en place du site a nécessité le déroutage de plusieurs aqueducs d'eau potable. Cela a asséché plusieurs villages dans le périmètre dont certains sont essentiellement moldus. Et je ne parle même pas de l'état du lieu après. Il a fallu plusieurs jours et nuits de travail pour tout remettre en état.

Hermione n'avait pas pu assister à la coupe du monde l'été dernier. Elle était restée à Londres et c'était son collègue Daegal Shadowend de la rubrique Sport et Sorcellerie qui était allé couvrir la totalité de l'événement. Hermione n'était pas une fan inconditionnelle de Quidditch, mais la semaine passée seule à Londres tandis que ses amis étaient tous partis en Égypte soit pour profiter de l'évènement soit pour manifester, n'avait fait qu'aggraver son impression de solitude.

– Au fait, je tiens de source sûre que Krum prend sa retraite à la suite de sa défaite lors du match de finale, lança Dean qui avait reporté son attention sur la conversation dès que Ginny avait prononcé le mot Quidditch.

Cette information, Hermione la connaissait déjà. Olivier Dubois lui en avait parlé lors de leur dernière sortie en couple dans un petit restaurant du quartier de Soho. La nouvelle avait occupé l'esprit du jeune homme toute une partie de la soirée. Qu'un joueur aussi brillant que Viktor Krum abandonne sa carrière de sportif après un échec avait de quoi interroger n'importe quel autre joueur professionnel, ce qu'était à présent Olivier qui venait tout juste d'intégrer l'équipe nationale d'Angleterre.

Le sujet de la conversation avait encore dérivé et Hermione n'y tenant plus se leva, dit au revoir à ses anciens camarades, souhaita une bonne nuit à ses deux colocataires et remonta vers les étages.

Elle avait à peine atteint le premier palier que des larmes silencieuses se mirent à couler sur ses joues. Elle s'en sentit coupable. Elle avait tout pour se sentir heureuse : elle avait un chez-elle qu'elle partageait avec ses deux meilleurs amis, un amoureux, un travail qui lui permettait de rencontrer des personnes et d'être utile. Mais rien à faire. Les larmes continuèrent de couler. Elle s'effondra arrivée au couloir du deuxième étage et resta immobile plusieurs minutes.

Le lendemain, Hermione poussa la porte de la Gazette et d'un pas faussement assuré traversa la rédaction. En passant devant le bureau de Barnabas Cuffe, elle remarqua qu'il recevait quelqu'un mais ne put apercevoir de qui il s'agissait. Arrivée à son poste de travail, elle jeta un coup d'œil sur le numéro de la Gazette du matin même. Son article se trouvait en quatrième page. Il portait sur la question de l'intégration des communautés d'Êtres magiques dans les prises de décision les concernant. Les Gobelins souhaitaient siéger au ministère et avoir le droit de porter une baguette, privilège réservé jusqu'alors aux seuls sorciers. Les Elfes de maison quant à eux se battaient pour l'obtention d'un salaire, la possibilité d'être syndiqué ainsi qu'avoir un droit de regard sur les familles accueillantes. Les plus téméraires et politisés allaient jusqu'à émettre l'idée de développer les opportunités d'évolution professionnelle, en d'autres termes : ne plus être au service des sorciers. Le cœur d'Hermione se serra au souvenir de Dobby.

Elle allait pour s'asseoir en face de sa machine à écrire quand son rédacteur en chef frappa à la porte de son bureau :

– Bonjour Granger. Je te présente Harmony Dragonneau qui travaillera désormais avec toi.