Remarque du traducteur : Je suis tombée sur cette histoire alors que, comme tous les soirs, je lisais une fanfic avant de m'endormir pour me sortir un peu des cours. Le fait est que cette histoire m'a tellement absorbée que je l'ai finie totalement à 2h du matin passée. Je l'ai énormément appréciée dans la manière où les maladies/troubles psychologiques ont été traités et j'espère arriver à retranscrire ce que j'ai pu ressentir ce soir-là. Il y aura en tout 8 chapitres. Je rappelle que Fairy Tail appartient à Hiro Mashima et que cette histoire n'est qu'une traduction (elle ne m'appartient donc pas non plus)

Cette histoire vient du compte de wordslinger et vous pouvez trouver le chapitre original ici : s/12795427/1/A-Saturated-Sunrise

Remarque de l'auteur original : A la base, cette histoire était censée être un one shot mais je ne peux pas la laisser comme ça. Je suppose qu'elle me permet de me distraire des autres choses qui ne se passent pas bien pour moi, mais ça n'a pas vraiment d'importance parce que me voilà.

C'est plutôt sombre. J'ai changé le résumé et les tags pour refléter correctement le caractère de l'histoire mais je vais explorer des sujets qui ne sont pas pour les cœurs fragiles.

**Attention, mention de viols ou de référence à un viol, automutilation, suicide, hospitalisation, traitement médical et du mauvais emploi de prescriptions médicales.


Erza retira les bandages sur son poignet et son bras. Elle n'aimait pas la manière dont les médicaments lui enlevaient sa capacité de ressentir. C'était seulement un tiraillement ennuyeux désormais. Une partie d'elle voulait désespérément dormir alors que l'autre était terrifiée que le venin se propage dans ses veines une fois encore. Le serpent hantait ses rêves et ses crochets brûlaient d'envie de percer sa peau. Elle n'était toujours pas sûre de savoir si le serpent était réel ou si le venin était réel ou si n'importe quoi était réel. La dernière chose qu'elle se souvenait avoir réellement ressenti était l'horreur complète et le désespoir des larmes de sa mère et les nombreux bras l'emprisonnant et retirant le petit couteau d'office – le premier couteau qu'elle avait vu dans le tiroir – de ses mains.

Cette pièce était assez réelle. Erza en connaissait chaque centimètre. Elle l'avait fouillée en partant du coin du plafond la première nuit. Et avait recommencé chaque nuit depuis. Elle pensait que, peut-être, ça faisait une semaine qu'elle faisait ça toutes les nuits. Ou peut-être deux ?

Dans ses rêves, Erza avait un arsenal entier de couteau ou autres lames. Elle pouvait en sortir un de n'importe où. Le violet agressif du corps du serpent était la couleur la plus brillante qu'elle n'avait jamais vu – et pourtant ce n'était que dans sa tête. Son docteur voulait qu'elle parle à propos de ce qui s'était passé mais aucunes des explications d'Erza ne semblait lui plaire. Chaque session était un océan de mots et Erza avait l'impression de se noyer dedans. Maintenant que sa tête était le sujet de chaque conversation, Erza ne pouvait s'empêcher de se demander si tout ce qu'elle avait imaginé, fait apparaître ou rêvé faisait partie du problème. Est-ce que l'Autre Erza était quelque chose qu'elle avait créé d'elle-même pour l'aider à se sentir forte lorsqu'elle était sans défense ? Faisait-elle partie de son rétablissement ou de sa maladie ? Elle ne savait pas. Le pire de tout, à l'exception du marécage sans intérêt de ses pensées, était de blesser sa mère.

Les pieds d'Erza commencèrent à traîner en un cercle familier. Elle fit une nouvelle fois l'inventaire de sa chambre.


Le soleil agressait ses yeux mais elle voulait le sentir. La manière dont ses bras la démangeaient sous ses bandages signifiait que ça guérissait mais Erza pensait qu'elle aurait dû ressentir de la douleur avant des démangeaisons.

« Hey. »

Erza se tourna et manqua de tomber du bord du banc de la table de pic-nic. Le sourire du garçon était tordu et large. Elle n'était pas sûre de savoir si elle l'aimait ou non. Un filet de fumée s'élevait de la cigarette dans sa main et elle pouvait voir que ses doigts étaient salis par autre chose que de la cendre. Quelque chose de gris ou noir.

« Tu n'es pas supposé fumer ici. » Dit-elle faiblement.

« Ah non ? » Il feint le choc.

« Non. Il y a un panneau sur le mur juste là. »

« Au temps pour moi. » Mais il ne fit aucun mouvement pour l'éteindre. « Est-ce que ça te dérange ? »

« Pas vraiment. » Erza haussa les épaules et se retourna pour faire face à la table et reposer sa tête dans ses bras croisés.

« Tu es la fille au serpent, c'est ça ? »

Erza s'hérissa. Ce n'était pas faux mais elle n'aimait pas la nonchalance avec laquelle il parlait de ses informations personnelles. « Je suppose. »

« Les cauchemars intrusifs peuvent être de vrais merdes parfois. » Erza entendit ses pieds sur l'herbe et sursauta quand il se laissa tomber sur l'autre banc de la table, en face d'elle. « Tout le monde ne se réveille en pensant qu'ils sont réels au point de se découper en morceaux cela dit. »

« Je ne me suis pas découper en morceaux. » Insista Erza.

« Ah bon ? » Il tendit le bras et toucha les bandages qui entouraient les siens.

« Je suis toujours en un seul morceau. Pas plusieurs. »

« Pourquoi t'as fais ça ? » Il se pencha par dessus la table et croisa ses mains sur ses cuisses. Erza lui lança un regard noir. Elle avait déjà vu ce garçon auparavant, flânant dans le hall de l'hôpital, se reposant sur les canapés de la salle commune et se penchant en arrière dans sa chaise pour observer le plafond plutôt que prêter attention au groupe de thérapie. Ses cheveux étaient constamment en désordre et un tatouage gribouillait le côté droit de son visage. Il ne semblait pas la pousser pour une autre raison que par pure curiosité mais la confiance n'était pas quelque chose qu'Erza donnait à la légère.

« Je ne sais pas. Cela me semblait réel sur le moment. »

« Comme une hallucination ? »

« Non. Comme si ça m'avait suivie en dehors de mon rêve. Je ne sais pas. »

« Tu semblais le savoir sur le moment. J'étais là quand ils t'ont amenée ici. »

« Je ne me souviens pas. » Dit Erza d'un ton sec. « Pourquoi toi tu es là ? »

« Parce je suis fou. » Il haussa les épaules avec désinvolture. « Parfois je suis moi, parfois je suis… plus. Parfois moins. Quelque chose d'autre. »

« Et qu'est-ce que tu es maintenant ? »

« Juste moi. » Il sourit de nouveau et Erza voulait détester cela. Elle ne voulait pas que ce garçon indiscret, qui fumait là où il n'était pas censé le faire, ce briseur de règle, sache n'importe quoi sur elle. Mais elle ne détestait pas cela. Son sourire était la meilleure chose qu'elle ait vu depuis des semaines.

« Et quant tu n'es pas juste toi ? »

Il ricana et son sourire se fana. « Je suis… ingérable. »

« Tes médos ne t'aident pas ? »

« Parfois » Dit-il, en souriant de nouveau. « Mais je n'aime pas les prendre. Le monde n'est pas supposé être aussi gris. »

« Tu n'aimes pas le gris ? » Demanda Erza, s'autorisant finalement un petit rictus.

« Non. J'aime le rouge. »


Ingérable était un euphémisme. Deux jours plus tard, le garçon avec le sourire tordu et le tatouage fut récupéré sur le toi de l'hôpital. Elle put l'entendre crier dans tout le hall.

Il voulait voler, hurlait-il. Il voulait toucher les étoiles.


Quand elle le vit la fois d'après, il était étendu sur le rebord d'une fenêtre qui n'était pas censé être un siège. Ses mains étaient pliées derrière sa tête et ses chevilles croisées nonchalamment. La pluie bombardait la fenêtre et il semblait perdu dans la tempête.

« Mon père était là. » Dit-il avec une voix basse que la pluie manqua d'engloutir.

« A cause du truc avec le toit ? »

« Il pense que je suis comme ma mère. »

« L'es-tu ? »

Le regard du garçon tomba sur le bout de ses doigts. Il pressa son pouce et son index ensemble et étala les vestiges de ce qui les salissait.

« Oui. » Murmura-t-il. « Je le suis. »

Erza s'appuya maladroitement sur le mur près de ses pieds. Il ne se tourna pas vers elle pendant un long moment et quand il le fit, son sourire lui manqua immédiatement. Il était évident qu'il ne pouvait voir rien d'autre que du gris.


Sa mère poussa la boîte vers elle avec un sourire qu'Erza détestait. Il était faux. Un sourire faux qui était supposé alléger une atmosphère trop lourde.

« J'ai vu avec le docteur mais je me suis dit que tu les aimerais sûrement. » Eileen pencha sa tête, son sourire s'évanouissant. « Tu ne l'ouvres pas ? »

« Désolée. » Marmonna Erza. Elle se sentait soudainement sur le point de pleurer. A l'intérieur de la boîte se trouvait une poignée de ses bonbons à la fraise préférés. Elle en gardait toujours un sachet dans le tiroir de sa table de nuit à la maison.

« J'ai pensé que tu aimerais peut-être quelque de sucré. » Eileen entortilla ses doigts ensemble. « Tu n'es pas obligée de les prendre, Erza. »

« Merci maman. » Elle murmura, au bord des larmes. Elle ne voulait pas être la fille triste de l'hôpital. Elle ne voulait pas se réveiller terrifiée au milieu de la nuit alors que l'Autre Erza ne l'était pas. Elle ne voulait pas se découper en morceaux, comme le disait le garçon au tatouage. « Je les adore. »

« Oh, mon cœur. » Eileen glissa sur le banc à côté d'elle et pris Erza dans ses bras. Sa mère sentait exactement pareil que d'habitude et elle chérissait cette odeur plus que tout autre chose. Sentir sa mère signifiait qu'elle pouvait ressentir. « Je ne sais pas quoi faire d'autre. Je veux seulement que tu sois en sécurité. Mais je ne peux pas te sauver de ce qui se passe dans ta propre tête. »

« Je sais maman. J'essaye. Je suis juste... » Erza ravala ses larmes. « J'ai juste besoin d'apprendre à redormir correctement et tout ira bien. »

Eileen se recula et écarta les cheveux écarlates et humides du visage d'Erza.

« Est-ce que tu as tout ce dont tu as besoin ici ? Tu me dis si tu as besoin de quelque chose, d'accord ? N'importe quoi. Je te ramènerais à la maison si jamais…. » La voix d'Eileen s'éteignit et Erza sentit le regard tellement lourd de sa mère qu'elle faillit s'effondrer totalement.

« Je ne suis pas en sécurité à la maison, maman. Même ici, j'ai peur. » Elle secoua la tête. « Qu'est-ce qu'il se passera si je me réveille encore et – parfois quand je n'ai pas dormi et que je finis par m'assoupir, je… Je vois des choses. »

Eileen cacha son expression en pressant un baiser sur le front d'Erza. Une infirmière passa près d'elles et tapota ses doigts sur la table. Leur temps était bientôt écoulé.

« Je repasserai mercredi, d'accord ? J'ai un court voyage mais je passerai dès que je serai descendue de l'avion. »

« D'accord maman. » Erza tritura la boîte de bonbons. « Merci. »

« De rien, ma chérie. » Eileen la tira dans un dernier câlin à lui briser les os avant de se lever. Erza ne la regarda pas partir mais elle écouta ses talons claquer sur le sol tout du long.


Elle le trouva sous le préau extérieur dans une position similaire à celle qu'elle avait lorsqu'il l'avait trouvé la première fois. Son corps était recroquevillé autour de ses bras et il dessinait des cercles sur la table avec ses doigts. La pluie tombait toujours drue et Erza se demanda vaguement comment l'avion de sa mère allait s'en sortir plus tard dans l'après-midi. Elle avait toujours préféré les vols de nuit.

Erza enjamba le banc de la table de pic-nic et le regarda admirer la pluie. Elle pensa qu'elle ne comprenait peut-être qu'une partie de ses périodes de déprime. L'engourdissement ne lui était plus étranger mais tout perdre…

« Je suis fatigué. » Murmura-t-il. « Je me suis endormi tout à l'heure mais je suis encore fatigué. »

« Je suis jalouse. » Plaisanta-t-elle. « J'adorerai faire une sieste. »

« Tu veux venir dans le lit avec moi ? » Dit-il, s'asseyant finalement pour la regarder. Son sourire était faux. Erza se pencha sur un coup de tête et toucha l'une de ses mèches de ses cheveux en bataille pour la repousser de son front.

« Peut-être une autre fois. » Souffla-t-elle. Il hocha la tête et se replia sur lui-même de nouveau. Erza balança une de ses jambes par-dessus le banc et le paquet de bonbons dans sa poche lui piqua la cuisse. De nouveau sur un coup de tête, elle tira la boîte de sa poche et en sortit deux bonbons qu'elle fit tomber dans sa paume. Il ne sursauta pas et ne bougea pas lorsqu'elle les glissa dans sa poche avant de le laisser seul à la table.


Erza se redressa brutalement sur son lit et sentit l'air frais caresser sa peau humide. Ce n'était pas le serpent qui était venu la chercher cette fois mais une femme. Une femme horrible, à l'apparence monstrueuse avec des griffes et des cornes. Erza aspira de grandes goulées d'air mais n'arriva tout de même pas à respirer. Sa peau picotait encore de ce que cette femme lui avait fait dans ses rêves. D'abord de la douleur puis du plaisir. Les deux horribles de manière équivalente.

Le sol était glissant contre la plante de ses pieds mais Erza ne voulait pas s'embêter à mettre des chaussettes ou des chaussons. Elle sortit de sa chambre pour aller aux toilettes et vida son estomac. L'eau froide sur son visage et le goût du dentifrice la laissèrent tremblante. La croûte sur son bras la démangeait. Elle voulait la retirer pour laisser sa blessure à vif et la faire saigner de nouveau. Peut-être que le venin du serpent était déjà en train de la faire pourrir de l'intérieur. Erza s'éloigna de la rangée de miroirs et s'effondra sur le sol. Elle ne savait pas ce qui était le pire entre la torpeur et le froid qui l'enserra.

« Hey. » Appela une voix qui semblait être à des millions de kilomètres. Sa main chaude sur son bras la fit se sentir mieux que n'importe quoi d'autre aurait pu le faire. « Hey, rouge. »

« Quoi ? »Haleta-t-elle. Elle voulait essuyer ses larmes mais elle n'arrivait pas à desserrer ses points. « Qu'est-ce que tu fais dans les toilettes des femmes ? »

« Je pourrais te poser la même question. Il fait sombre et froid et tu es mouillée. » Il eut un large sourire. « Est-ce que tu es tombé dans les chiottes ? »

« Non. » Souffla-t-elle comme si la question avait été sérieuse.

« Mauvais rêve ? »

« Ouais. »

Sa main se ferma entièrement autour de son bras et il la remit sur ses pieds. Une fois qu'elle fut debout, il glissa ses mains dans ses poches.

« Tu as besoin d'aide ? Tu veux que j'appelle une infirmière ? »

« Non, s'il te plaît ne fait pas ça. Je ne veux prendre rien d'autre ce soir. Je suis fatiguée mais j'en ai marre de dormir. »Elle cligna des yeux. « Qu'est-ce que tu fais hors de ta chambre ? »

Il haussa les épaules. « J'avais envie d'une cigarette. »

« Au milieu de la nuit ? »

« Je me suis réveillé et j'en ai ressenti le besoin. » Le garçon se recula vers la porte. « Allez viens, je te raccompagne à ta chambre. »

Erza le suivit dans le couloir et sentit le froid remonter son échine à chaque pas qu'elle faisait vers sa chambre. « Est-ce qu'on peut aller autre part ? » Laissa-t-elle échapper rapidement. Ce garçon semblait faire ressortir son impulsivité.

« Comme ? »

« N'importe où. Si je retourne à ma chambre, je vais juste faire les cents pas et l'inspecter de nouveau. »

« L'inspecter ? » Il haussa un sourcil.

« Ouais. » Bredouilla Erza. Elle n'avait pas prévu d'admettre qu'elle continuait de fouiller sa chambre pour y trouver des choses cachées avec des crocs venimeux. Le garçon haussa les épaules de nouveau et prit à gauche au lieu d'à droite à la bifurcation du couloir. Sans même y penser, Erza le suivit dans sa propre chambre qui était nettement différente de la sienne.

Ses murs étaient couverts du sol au plafond avec les pages d'un carnet à dessin. Il dessinait au fuseau ce qui expliquait pourquoi ses doigts étaient toujours un peu sales. Les dessins étaient surtout des paysages et le visage d'une femme qu'elle ne connaissait pas. Il traversa rapidement la pièce et ferma le carnet à dessin sur son petit bureau.

« Je ne savais pas que tu étais un artiste. » Murmura-t-elle, tournant sur elle-même pour observer l'étendu de son travail.

« Tu n'as jamais demandé, rouge. »

« C'est Erza. »

« Je sais. »

Quand elle arracha son regard des murs pour le regarder, il souriait. Pas le sourire gris mais celui qu'elle avait vu avant. Celui qui aimait le rouge.

« Merci pour les bonbons. Je crois que le sucre me donne envie de fumer parfois. »

« Désolée. »

« Pourquoi ? »

« J'espère que ça ne t'as pas maintenu éveillé. »

« Je prends un million de médocs différents, un bonbon ne m'empêcherait pas de dormir si je le voulais. »

« Je suis contente que tu te sentes mieux. »Dit-elle maladroitement.

Il sourit largement et se plaça directement en face d'elle. Avant qu'elle ne puisse le stopper, ses doigts enroulaient une mèche de sa queue de cheval.

« Ça vient et ça part. Un jour je trouverais le juste milieu et l'équilibre. »

« Est-ce que ta mère l'avait trouvé ? » Elle n'avait pas prévu de lui poser une question aussi personnelle mais ça ne semblait pas le déranger. Son sourire s'agrandit.

« Non, mais j'aime penser qu'elle serait fière que j'essaye. »

« Je suis désolée. »

Il haussa les épaules et s'approcha plus près. « Le monde n'est pas meilleur si l'on prétend que les choses ne sont pas ce qu'elles sont. »

« Comment peux-tu être si brutalement honnête et continuer à sourire comme ça ? »

Son rire s'évanta sur son visage et Erza pu sentir le bonbon à la fraise dans son haleine, ainsi qu'une odeur de cigarette.

« Parce que je n'aime pas me sentir misérable, rouge. »

Quand il l'embrassa, se fut à la fois une surprise et un soulagement. Erza n'avait pas réalisé à quel point elle voulait qu'il l'embrasse jusqu'à ce qu'il le fasse. Ses lèvres étaient douces mais ses baisers ne l'étaient pas. Tout ce qu'Erza pensait mort au fond d'elle revint à la vie. Elle agrippa ses épaules et un son désespéré tenta de faire son chemin hors de sa gorge.

Leur pyjama avait le même bleu pâle et se mêlèrent en un tas sur le sol. Son lit n'était pas aussi confortable que le sien mais Erza accueillit le contact ferme du matelas contre son dos et de son buste contre sa poitrine. Ses doigts avides et ses paumes clamèrent chaque centimètre de sa peau.

Erza n'était pas vierge mais elle n'était pas exactement une experte en matière d'amour. Elle ne considérait pas le sexe comme quelque chose qu'elle désirait ou dont elle avait besoin. Toutes ses autres expériences avaient été planifiées. Contrôlées. Ce garçon, aussi instable qu'elle, ne l'était pas. Son corps était ferme et musclé mais sa peau était douce. Erza n'avait jamais désiré quelque chose aussi fort qu'être noyée sous ses baisers ou la manière dont il faisait battre son cœur si fort que ça lui faisait presque mal.

Elle haleta quand ses doigts la trouvèrent mouillée et désireuse. Quand il glissa en elle, ce fut avec une fluidité pratiquée – ou alors elle était trop plongée dans les sensations pour ressentir autre chose qu'une totale satisfaction. Ce plaisir était bien plus intense que celui de la femme aux griffes dans son rêve. Il était réel. Sa main bougea de sa taille pour bloquer son poignet contre le lit. Il l'embrassa jusqu'à ce qu'Erza pense que cela allait peut-être meurtrir ses lèvres.

L'orgasme fut une chute à couper le souffle et quand elle ouvrit ses yeux de nouveau, ses cils purent caresser la courbe de ses pommettes. Elle pressa ses lèvres contre les siennes et sentit un dernier frisson d'excitation parcourir son corps quand sa langue chercha la sienne.

« Comment tu t'appelles ? » Murmura-t-elle dans l'espace d'air humide qui les séparait.

« Jellal. » Il roula sur le côté et l'amena avec lui, à ses côtés. Ses doigts touchèrent la peau nue de ses épaules et écarta les mèches écarlates. « Est-ce que tu vas rester un peu ? »

Erza le regarda l'admirer et glissa un bras sur sa hanche. « Ouais. »

Ses yeux ensommeillés s'entre-fermèrent mais il lui sourit tout de même. « Est-ce que je t'ai déjà dit que j'aimais vraiment tes cheveux ? »

Elle le laissa avant que ses yeux ne s'ouvrent de nouveau.


Le lever de soleil était comme une photographie trop saturée. Les rayons oranges, rouges et jaunes déteignaient les uns sur les autres et se réfléchissaient sur les nuages qui se dispersaient maintenant que la pluie avait cessée. Elle put sentir l'odeur de sa cigarette avant même de le voir.

« Tu as loupé le petit-déjeuner. » Marmonna-t-elle, sans détacher son regard de l'horizon.

« Ces nouveaux médocs rendent le réveil difficile. »

« Je suis désolée. »

« Ne le sois pas. »

Il s'assit en face d'elle. Ses cheveux étaient éclairés par les couleurs de l'aurore mais elle décida qu'elle aimait le bleu autant qu'il aimait le rouge.