Disclaimer : comme d'habitude.

Wade les griffes de la nuit

Assise dans la chambre d'hôtel, Wade avait attrapé un livre et s'efforçait de se concentrer. Il ne fallait surtout pas qu'elle s'endorme. Si elle restait éveillée jusqu'à la prochaine glisse, personne ne pourrait l'agresser et tout finirait bien.

Elle essayait de lire mais les mots dansaient dans sa tête. Lassée, elle se leva et alla écouter à la porte. Ses trois amis s'énervaient dans la pièce à côté. Arturo avait essayé de signaler à la police qu'une agression avait eu lieu, en vain. Quinn se demandait pourquoi aucun civil n'avait jamais réagi. Après tout, tout le monde savait où se cachaient les maîtres des rêves : il aurait été facile de se procurer une arme et de leur tirer dessus. Et Rembrandt essayait de calmer le jeu, pressé de quitter ce monde.

Wade bailla et alla se rasseoir. Il ne fallait pas qu'elle dorme. Elle ferma les yeux quelques secondes et quand elle les rouvrit, elle se trouvait seule dans une ruelle obscure. Son cœur s'accéléra. Elle était en train de rêver !

Quelqu'un apparut devant elle, armé d'un long couteau. Soudain, Wade sentit la colère l'envahir.

- Dégagez ! lança-t-elle sèchement.

- Je crains que tu ne sois pas en mesure de me donner des ordres ! répondit Gerald avec un sourire carnassier.

- J'ai dit : dégagez ! C'est mon rêve, c'est moi qui fait les règles, non mais ! Tu crois pas que j'en ai marre ? On en est à la troisième saison et les scénaristes me cantonnent toujours à ce fichu rôle de damoiselle en détresse ! On est en 1996, oui ou quoi ?

- Mais…

- J'aimerais bien avoir des épisodes où j'assure à fond au lieu d'attendre que les garçons viennent me sauver ! Et puis, sérieux, ce décor est moche ! Quand je rêve, j'ai plus d'imagination que ça !

- Quoi ?

- Et puis, cette idée de reprendre le scénario de 'Freddy les griffes de la nuit' ! Ce sera quoi, la glisse suivante ? Un monde où on sera attaqué.e.s par des poupées possédées par l'âme d'un tueur ?

Il étendit le bras pour la poignarder. L'instant d'après, il se mit à hurler de douleur. En se concentrant, Wade avait réussi à faire fondre le couteau dans sa main.

- Je vais te tuer ! glapit-il.

- Les personnes qui font les meilleurs rêves lucides ont une attitude optimiste, de l'imagination et ont tendance à penser que tout est possible, rétorqua Wade. C'est tout moi !

En prononçant ces mots, elle avait fait apparaître une armure autour d'elle et un dragon gigantesque se tenait à ses côtés, prêt à attaquer. Gerald pâlit.

- Je vais tuer tous tes amis !

- Wade


Wade se réveilla en sursaut. Ses trois amis se tenaient autour d'elle, complètement paniqués. À leur grande surprise, elle éclata de rire.

- Pourquoi vous m'avez réveillée ? demanda-t-elle. J'avais la situation sous contrôle !

- Sous contrôle ? répéta Quinn, incrédule. Ils auraient pu te tuer !

- J'ai trouvé un truc super pour garder ces sales types à distance. C'est mon rêve, c'est moi qui décide ce qui se passe ! Je suis plus inquiète pour vous trois, il a dit qu'il allait venir vous tuer.

- Ça m'étonnerait qu'il vienne ici, fit remarquer Rembrandt. On n'a qu'à éviter les endroits où il va jusqu'à la prochaine glisse.

- Non ! protesta Wade. Demain, je retourne à la plage et je parle de ma méthode à toutes les personnes que je croise. Comme ça, elles seront prêtes !

- De quoi diable êtes-vous en train de parler, mademoiselle Welles ? intervint le professeur.

Wade leur raconta sa rencontre avec le maître des rêves et comment elle avait réussi à lui tenir tête. Les trois amis restèrent perplexes.

- La qualité des épisodes se détériore de plus en plus, fit remarquer le professeur. Il n'y a aucune explication scientifique à ce qui est en train de se passer !

- On engueulera les scénaristes plus tard ! intervint Rembrandt. Qu'est-ce qu'on fait, on continue de se relayer pour garder Wade éveillée ?

- J'ai plutôt envie de dormir pour le remettre à sa place ! protesta celle-ci.

Malheureusement, quand on vient de se réveiller en sursaut, on a souvent du mal à se rendormir. En outre, les garçons aussi restèrent éveillés un long moment, ce qu'il fit qu'au petit matin…


Wade se trouvait dans le hall d'un hôpital désaffecté. Il faisait sombre mais elle pouvait voir que quelque chose grouillait au sol. Tout cela lui rappelait le film 'Indiana Jones', plus précisément la séquence où le héros doit affronter des serpents avant d'aller rejoindre le sosie du professeur…

Évidemment ! Dans cette séquence, Indiana utilisait du feu pour garder les reptiles à distance ! Elle se concentra, de grandes flammes apparurent et les serpents disparurent.

- Dégage ! cria-t-elle. T'arriveras pas à me faire peur !

Il y avait là une grande part de bluff. Elle avait réellement peur mais en même temps, elle ne voulait pas renoncer. Autant donner une bonne leçon à ce type.

Soudain, la pièce se mit à rétrécir…


Quinn fut le premier à se réveiller. La première chose qu'il fit fut que Wade dormait. Paniqué, il se précipita et trébucha sur Rembrandt, le réveillant au passage.

- Hé ! grogna celui-ci. Fais gaffe où tu vas, petit génie !

- Wade dort ! Il faut qu'on la réveille ! Tout de suite !

- Elle a l'air d'aller bien.

C'était vrai. Même dans son sommeil, Wade arborait un petit sourire satisfait. Pas complètement convaincu, Quinn s'assit près d'elle.

- Je vais quand même veiller sur elle, décida-t-il.

- N'en fait pas trop. Elle a 23 ans, pas six.

- Je sais… C'est juste que elle et moi...

il ne termina pas sa phrase. Curieux, Rembrandt s'enquit :

- T'as un crush, c'est ça ?

- Comment tu veux que je sache ? Les scénaristes changent notre relation à chaque épisode ou presque : une fois on est pratiquement en couple et une fois, on est juste potes ! Il faudrait qu'ils se décident une fois pour toutes !

- Je sais…


Wade se réveilla plus tard, ravie. Elle avait botté le cul de tous les pervers qui s'étaient aventurés dans ses rêves. L'heure de la glisse suivante arriva et ils se retrouvèrent dans une ruelle déserte, prêts à partir.

- Bande d'imbéciles heureux ! grommela le professeur en pensant à la police. Ils ne font toujours rien pour régler le problème !

À ce moment-là, une explosion retentit. Quelqu'un avait enfin balancé une bombe dans le repaire des maîtres des rêves, les tuant sur le coup. Justice était faite.

La fin !