Je ne possède aucun des personnages de la série ou des livres
Les rayons de la Lune perçaient le sommet des arbres aux branches recourbées. Les premières fleurs tentaient de percer la fine couche de neige en train de fondre. Il régnait encore un froid hivernal saisissant. Par endroit de grandes traînées rougeâtres, virant au brun, maculaient les flaques de neige. Il s'était mené un combat ici, un combat violent qui avait fini en bain de sang.
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
LE SORCELEUR ET SA MONTURE
Les rayons de la Lune perçaient le sommet des arbres aux branches recourbées. Les premières fleurs du printemps tentaient de se frayer un chemin à travers la fine couche de neige en train de fondre. Cependant, il régnait encore un froid hivernal saisissant, mais ce n'était pas tout. Par endroit de grandes traînées rougeâtres virant au brun maculaient les flaques de neige. Il s'était mené un combat ici, un combat violent qui avait fini en bain de sang.
Au milieu de cette scène de carnage où reposaient autant des cadavres de loup-garou que ceux d'humains un peu trop enhardis, un corps se mit à frémir et un gémissement douloureux échappa à l'homme aux cheveux blancs étendu à plat ventre dans une piscine de son sang.
Geralt frissonna, il avait suivi la route d'un groupe de marchands qui remontait en direction du Nord. Ces derniers avaient rapidement acceptés sa présence, se disant que la protection gratuite d'un Sorceleur était toujours bonne à prendre, sauf qu'ils ne l'avaient pas écouté. Au lieu de piquer vers le Sud et de contourner le bois, quitte à perdre une demi- journée, ils avaient décidé de le traverser et même de s'y établir pour la nuit… Mauvaise idée… Les loups-garous leur étaient tombés dessus en meute, les mettant en pièces. Geralt avait lutté avec toute la hargne dont il était capable, mais ils étaient si nombreux… Il avait cédé lui aussi… et il se retrouvait là, tremblant de douleur, luttant pour respirer. Il sentait chacune des profondes lacérations qui meurtrissaient son corps au torse, dans le dos et aux cuisses. Ses muscles se crispaient, sa respiration était bruyante. Geralt aurait bien aimé se redresser, sauf qu'il en était incapable… Il allait se vider de son sang, là, dans ce bois et son corps serait livré aux charognards… tragiquement banal… un Sorceleur ne mourrait pas dans son lit.
Il se mit à trembler plus fort et ferma les yeux, sauf qu'à cet instant, il reçut un coup de museau sur la joue. Dans sa demi-inconscience, il ne réagit pas tout de suite se pensant dans un étrange rêve, mais il en reçut un deuxième, puis un troisième. Le Sorceleur rouvrit les yeux au moment où les naseaux de l'animal exploraient son front avant de lui mâcher doucement les cheveux.
- Ablette…
En entendant son nom, la jument déplaça son museau pour pousser sa joue, comme si elle l'encourageait à finir de reprendre connaissance.
- Ablette… souffla une nouvelle fois le Sorceleur en souriant, heureux de voir qu'elle avait réchappé au massacre.
Retrouvant un peu de forces, il tenta de lever la main pour lui caresser les naseaux. Une onde de douleur atroce remonta tout le long de son corps et il crut que le geste allait le faire basculer pour de bon cette fois, mais il parvint à le finir. Il caressa le museau et la tête de sa jument, appuya son front contre elle.
- Suis désolé Ablette, je ne peux pas me lever…
L'animal renâcla et se pencha un peu plus, glissant sa tête contre sa joue. Geralt sourit malgré la douleur. Ablette était bien plus qu'une simple monture. D'ailleurs, elle finit de lui prouver en pliant les pattes avant pour se pencher vers lui. Le Sorceleur frissonna.
- Merci… Attends… On va essayer quelque chose.
Utilisant les forces qu'il lui restait, Geralt s'agrippa comme il le put à l'encolure de sa jument et glissa une main sous la muserolle pour tenter de bloquer. Il s'immobilisa, tétanisé par l'effort pendant quelques secondes avant de murmurer.
- Vas-y Ablette, lève-toi. Doucement.
Comme si l'animal avait parfaitement comprit. Elle se releva tout doucement, entraînant son maître avec elle. Geralt gémit de douleur, sa vision noircit, mais contre toute attente, il se retrouva debout, accroché à l'encolure d'Ablette. Il haletait et la douleur le faisait trembler comme une feuille, mais il était debout. Il s'accrocha à sa jument et se plaqua contre elle en fermant les yeux.
- Ne bouge pas. S'il te plait, ne bouge pas, laisse-moi du temps.
Mais il n'avait pas besoin de lui dire. Ablette ne bougea pas, elle ne fit que tourner la tête pour tenter de la poser sur l'épaule de son maître. Geralt apprécia l'inquiétude qu'elle semblait ressentir pour lui et resta plaqué contre son encolure haletant et tremblant de douleur.
- Je ne sais pas si je vais pouvoir grimper sur ton dos, souffla-t-il en tentant d'agripper d'une main le pommeau de sa selle.
Ablette sembla comprendre qu'il luttait pour tenir debout et plia les pattes pour ne pas l'obliger à faire un geste trop brusque. Geralt sourit et accompagna son mouvement avant de tenter la manœuvre de l'enjamber. Contre toute attente, il parvint à monter sur sa selle et Ablette se redressa doucement. Le Sorceleur faillit tomber, mais il se cramponna et murmura.
- Attends Ablette, je vais m'attacher. Attends…
L'animal ne bougea pas et Geralt s'attacha une corde au poignet gauche qu'il passa sous le cou d'Ablette avant de se l'attacher au poignet droit. Ce n'était pas l'idée du siècle, mais il savait que s'il tombait, il ne se relèverait plus. Une fois que ce fut fait, il se pencha un peu en avant et murmura.
- Allez Ablette, sors-nous de ce bois… le village n'est pas si loin, peut-être que je pourrais trouver un peu d'aide.
La jument le gratifia d'un hochement de tête assez étrange et se mit doucement en route, comme si elle faisait attention à ne pas malmener son cavalier. Geralt grimaça, même au pas l'onde de douleur était violente et puis, il continuait à perdre du sang. Il sentait ses vêtements s'en imbiber. A ce rythme, il ne tiendrait plus très longtemps.
Son corps s'affaissa de plus en plus sur sa selle. Il eut le temps de percevoir la sortie de la forêt, les premiers rayons de soleil qui annonçaient l'aube, puis ses blessures eurent raison de sa résistance et il s'effondra en avant. Ablette s'immobilisa, comme pour être sûre qu'il ne tombe pas de son dos, puis repartit doucement au trot en direction du village.
Une douce chaleur régnait dans la pièce qui était embaumée par une odeur de bouillon qui fit gargouiller son estomac, lorsque Geralt entrouvrit les yeux. Des gousses d'ail et d'oignons pendaient de la poutre un peu au-dessus de lui. Il se sentait nauséeux et fiévreux, même si une partie de la douleur avait disparu. Geralt gémit et aussitôt, il perçut des bruits autour de lui.
Instinctivement, il chercha du regard son épée, mais il était nu dans ce lit et il ne parvint pas à localiser ses affaires. Il se raidit, détestant se sentir en position de faiblesse à ce point, sachant parfaitement qu'il ne pourrait pas se défendre, mais il tenta de se dire que la personne qui habitait ici avait sans doute eu cent fois le temps de le tuer et qu'il respirait encore.
- Hey ! Réveillé ?
La voix était gutturale avec un fort accent et un type à la forte carrure et au visage marqué par des traces de vérole se pencha au-dessus de lui.
Geralt hocha doucement la tête, se rappelant de ce qui s'était passé.
- Où je suis ?
- Chez moi ! Je me nomme Mathias, je suis bûcheron. Ton cheval est entré dans ma cours.
- Ablette…
- T'en fais, elle mange du foin à l'écurie. Tu sais que j'ai eu du mal à te descendre de son dos. Elle a tenté de me mordre !
Un léger sourire se dessina sur le visage du blessé.
- Elle me protège…
- Je l'ai bien vu… et je sais ce que tu es, dit l'homme et prenant le médaillon de Geralt entre les doigts. C'est ce qui t'a sauvé la vie Sorceleur. Les battements de ton cœur sont si espacés que tu ne t'es pas vidé de ton sang. Par contre, tu es en piteux état, ce sont des saletés ces charognards. J'en ai tué deux le mois dernier, mais c'étaient des solitaires, en meute, ils sont implacables.
Geralt approuva d'un hochement de tête.
- Hey Sorceleur ! Ne reperds pas connaissance, j'ai ton coffret. Je sais que tu as plein de drogues là-dedans, est-ce que certaines peuvent t'aider ? J'ai pansé toutes tes plaies, mais je n'arrive pas à faire baisser ta fièvre.
Geralt prit une inspiration et rouvrit les yeux. Il leva une main tremblante et effleura quelques uns des flacons. Le bûcheron les prit, les ouvrit et lui fit boire doucement.
- Voilà c'est bien. J'ai du bouillon aussi, si tu pouvais en avaler un peu, ça te ferait sans doute du bien, ça fait quatre jours que je t'ai trouvé et…
L'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase. La fenêtre au-dessus de la tête de Geralt s'ouvrit et laissa place à la tête d'Ablette qui se pencha en direction du lui. Mathias soupira.
- Tu es encore sorti de l'écurie ? Cette jument est un vrai chameau !
Ablette, contrariée, hennit et secoua la tête. Geralt sourit et tendit la main pour caresser ses naseaux.
- Merci ma belle… Cette fois c'est toi qui m'as sauvé. Je vais bien.
Le bûcheron ne dit rien, touché par la complicité qui unissait le Sorceleur blessé et sa monture. Il le laissa la caresser un moment, puis soupira.
- C'est très beau, mais je ne la rentre pas dans la maison et au vu de ton état, je ne vais pas te transporter dans l'écurie !
Geralt laissa filer un léger rire.
- Bien sûr, mais ça va aller, dit-il en traçant un signe pour apaiser Ablette du bout des doigts, maintenant elle sait que je vais bien.
La jument agita la tête, hennit et recula avant de rentrer toute seule à l'écurie. Le bûcheron soupira.
- C'est bien la première fois que je vois une chose pareille !
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Combinaison 9 : Lune / Frémir / Fleurs / Rêve / Hivernal / Fondre
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