Le voyage par la porte des étoiles, pour me permettre d'arriver à Atlantis, dure à peine une seconde. Et ensuite… il me faut un moment avant de me remettre de mes émotions.

Ce n'est pas la première fois que je traverse ce que certains dans la voie lactée appelle le Chapaï. Depuis que j'ai rejoint Daniel pour l'aider avec ses traductions, j'ai eu l'occasion de l'accompagner, lui et son équipe, sur plusieurs planètes pour lui permettre de souffler un peu. Mais là, c'est quelque peu différent. Je ne suis plus dans la même galaxie et je dois dire que ça fait quelque chose.

L'architecture de la cité des anciens est impressionnante et il me faudrait sûrement des semaines pour pouvoir tout admirer. Mais je n'en ai pas le temps. Si je suis ici, c'est pour une raison bien précise.

— Docteur Hamilton, c'est un plaisir de vous voir sur Atlantis.

— Merci colonel Carter. À vrai dire, je n'ai pas encore réalisé que je suis vraiment… ici, expliquais-je en montrant vaguement tout ce qui se trouve autour de nous.

— Je connais ça, je suis passé par là avant vous. Comment va Daniel ?

— Très bien, si ce n'est qu'il aurait sans doute tout donné pour être à ma place. Mais il a été obligé de rester sur terre. Ordre du général O'Neill.

Samantha ne semble pas étonnée par tout ce que je lui raconte et je la comprends. Il est de notoriété publique que Daniel rêve de venir sur Atlantis, mais jusqu'ici Jack à toujours refusé. Tous les prétextes y sont passés, mais je suis sûre que Daniel finira par trouver une raison suffisante pour faire plier son ami.

— Quand dois-je partir avec votre équipe, colonel Carter ?

On m'a demandé de venir sur Atlantis pour pouvoir accompagné l'équipe du colonel Sheppard sur une planète inhabitée. Il semblerait que de nombreuses ruines soient présentes là-bas et le docteur McKay ne s'en sort pas tout seul. Autant dire que j'ai une pression énorme sur les épaules.

Travailler avec le docteur Rodney McKay est une chance que peu de gens ont eue. Et, de ce que j'en sais, il est excessivement dur avec tous ceux qu'il juge moins intelligent que lui. Ce qui, vu qu'il est sans doute l'un des plus grands génies des deux galaxies réuni, représente quasiment tout le monde. D'ailleurs, quelque chose me dit que la présence du docteur McKay, est la raison pour laquelle Daniel ne m'a pas semblé si triste que ça en me laissant sa place. Après tout, les deux hommes ont quelques problèmes pour se supporter. Enfin, surtout, du côté du docteur McKay, car on fait difficilement plus tolérant que Daniel.

— À vrai dire, il y a eu un changement de programme le temps de votre arrivée, m'apprend-elle.

— Un changement ?

— Oui. Le colonel Sheppard a été obligé de partir sur une autre mission avec son équipe. Un vaisseau ruche Wraith a été repéré sur nos radars longues distances, ce qui nous a grandement inquiétés.

— Je vois. Dois-je en déduire que la raison de ma venue ici est simplement annulé ?

J'espère quand même avoir la chance de pouvoir rester sur Atlantis un petit moment. Au moins pour visiter un peu la cité ou encore…

— Non, vous partirez avec une autre équipe. C'est le major Lorne, accompagné de plusieurs marines, qui vous accompagneront. Vous partez dans une heure.

J'acquiesce, heureuse de savoir que ma visite ici n'aura pas duré que cinq minutes.

Je ne pense pas avoir déjà entendu parler du major Lorne, au contraire du colonel John Sheppard. Il faut dire que ce dernier fait souvent entendre parler de lui, même sur Terre. Et… pas toujours en bien. Enfin, si, dans le sens où il sauve toujours autant de monde que possible. Mais, non, car c'est toujours en allant contre le règlement ou encore sans prendre en compte les ordres qu'il reçoit de ses supérieurs. Cependant, personne ne peut nier qu'il est l'un des piliers de l'expédition Atlantis. Sans lui et le docteur McKay, je doute que cet endroit soit toujours en aussi bon état.

En tout cas, je profite de l'heure qui m'est donnée pour prendre possession des quartiers qui me sont assignée. Ce n'est rien de très impressionnant, mais c'est toujours mieux que les murs en béton du SGC. Ici, au moins, j'ai une vue imprenable sur l'océan qui entoure la cité.

Rapidement, je me retrouve de nouveau dans la salle d'embarquement, prête pour rejoindre M74-219. Là, sans surprise, je vois quatre soldats qui attendent non loin de la porte des étoiles. Ils sont habillés entièrement en noir et armés jusqu'aux dents. Au vu de ce détail, je me tourne vers le colonel Carter, qui se trouve non loin de moi.

— Je pensais que c'était une planète inhabitée. Pourquoi sont ils autant armés ?

— La dernière fois que Rodney a été sur M74-219, il a décelé une source d'énergie nouvelle qui n'était pas là la fois précédente. C'est donc que quelqu'un est passé sur cette planète pendant que nous n'y étions pas. Mais il nous est impossible de savoir s'il s'agit d'amis ou d'ennemis. Alors je veux que toutes les précautions soient prises. Évidemment, j'aurais préféré que Ronon et John soient là pour assurer vos arrières, mais j'ai toute confiance en le major Lorne.

Et, de mon côté, je fais confiance en son jugement. Après tout, elle ne m'aurait pas fait venir jusqu'ici, juste pour me laisser mourir. Surtout que j'ai appris à connaître Samantha, lorsqu'elle faisait encore équipe avec Daniel, et elle n'est pas du genre à aimer les missions suicide.

Elle me présente rapidement aux hommes qui vont s'assurer de me ramener vivante sur Atlantis. Puis, elle demande à Chuck de rentrer les coordonnées de la planète. Ensuite, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je me retrouve sur M74-219.

Il nous faut un peu plus d'une heure pour atteindre les premières ruines. Comme je l'avais lu dans les dossiers que m'avait transmis le docteur McKay, il s'agit sans aucun doute d'une ville ayant appartenu aux anciens, il y a très longtemps. Sans doute avant leur disparition de la galaxie de Pégase. Ce qui explique l'état de détérioration des lieux.

— J'ai envoyé mes hommes faire un périmètre autour de cet endroit, ainsi vous devriez être tranquille, doc.

— Merci major.

Je lui souris doucement, ne sachant pas quoi dire d'autres. Je n'ai que très peu affaire aux militaires en temps normal, restant plutôt avec Daniel ou même Teal'c. Les rares exceptions étant Jack et Samantha, quand ils faisaient encore partie de SG1. Mais ils m'avaient rapidement mis à l'aise, sans doute parce que Daniel leur avait déjà parlé de moi.

Mais ici, c'est assez différent. Je n'ai aucun point de repère, ou de présence familière à mes côtés. Et le fait de me trouver dans une galaxie différente de la mienne n'aide pas. Surtout que Sam ne m'a pas vraiment rassuré quand elle m'a dit qu'un danger pouvait nous tomber dessus à n'importe quel moment. Je n'avais pas vraiment signé pour ça, à l'origine.

Pour ma part, j'ai dis oui pour venir traduire quelques textes des anciens qui se trouvait sur une planète déserte et sans danger. De plus, je devais me retrouver entouré d'autres scientifiques avec qui j'aurais sans doute pu parler sans retenu. Mais à la place, je me retrouve entouré de quatre gardes du corps, lourdement armé, et sans aucune discussion possible.

— Vous allez bien ?

Je sursaute quelque peu quand j'entends la question du major Lorne. Je n'avais même pas remarqué qu'il s'était rapproché de moi. Son regard inquiet me scrute, cherchant sans doute à savoir l'origine de mon trouble.

— Oui. Oui, ça va. C'est juste… Je n'ai pas l'habitude de travailler sous pression.

— J'imagine. C'est votre première mission ailleurs que sur Terre ?

— Non, dis-je en secouant doucement ma tête. J'ai déjà visité plusieurs autres mondes, mais ils étaient toujours sans danger.

— Donc ce que vous a dit le colonel Carter vous inquiète. Je vous rassure, mes hommes vous éloignerons du danger si quoi que ce soit devait arriver.

Je me détends un peu, même si je doute de pouvoir l'être totalement avant d'avoir rejoint Atlantis à nouveau.

— Merci beaucoup. Vous faites souvent ça ? Je veux dire… accompagné une pauvre petite traductrice incapable de ce battre, sur d'autres planètes ?

Il rit face à ma description de moi-même et je dois avouer que j'apprécie beaucoup de le voir ainsi.

— C'est une première pour moi. Mais au moins, ça me change. Je suis sûr de préférer votre compagnie, à celle du docteur McKay. Mais ne lui dite surtout pas que je vous ai dit ça.

Je lui fais la promesse que je garderais cette confidence pour moi.

Suite à cette petite discussion, qui aura eu le mérite de faire oublier mes idées noires, je me mets au travail.

Il y a beaucoup à faire, et je suis sûre que je ne serais pas capable de tout traduire aujourd'hui. Je comprends pourquoi le docteur McKay a été obligé de demander de l'aide, alors que ce n'est pas dans ses habitudes. Il y a de nombreuses choses qui semblent intéressante. Et j'espère que nous trouveront au moins un détail qui nous aidera contre les Wraiths. Mais l'endroit où je suis ne correspond même pas à un dixième de la ville en ruines. Il nous faudrait des jours, si ce n'est des semaines, pour réussir à tout déchiffrer. Et encore plus si je dois tout faire toutes seules…

La nuit est sur le point de tomber, quand la radio du major Lorne commence à grésiller. Ce dernier a été une présence constante autour de moi, et en grande partie silencieuse. Il ne m'a interrompu dans mon travail, que quand il voulait que je prenne une pause pour manger un morceau. Je lui en suis reconnaissante. À force de travailler avec Daniel, j'ai pris sa mauvaise habitude de me perdre dans le travail au point d'oublier l'heure et le moment des repas.

— Major Lorne, la porte a dû être activé car…

— Sergent ? Que se passe-t-il ?

La tension du major semble monter d'un cran à mesure qu'il attend une réponse. Pendant un long moment, il n'y a que des grésillements qui ce font entende, ce qui ne le rassure pas.

— Ce sont des Wraiths, monsieur. Deux Darts. Ils viennent droit vers vous.

Tandis que Lorne écoute ce qu'on lui dit, un fort bourdonnement commence à se faire entendre non loin de nous. En une seconde, le major m'a attrapé par le bras et m'a attiré avec lui sous une arche à moitié détruite. L'endroit est étroit, alors il me colle contre le seul mur encore intact et se presse contre moi.

Le vaisseau passe au-dessus de nos têtes, sans faire mine de s'arrêter. Pour autant, le major ne bouge toujours pas.

— Le deuxième Dart ne doit pas être loin, m'apprend t-il. Soit ils nous cherchent ailleurs, soit ils se sont contenté de faire débarquer des troupes pour nous avoir au sol.

Aucune de ses deux solutions ne me semble être une bonne chose. Se faire sélectionner par un Dart est la dernière chose que j'ai envie de vivre. Mais en même temps, me retrouver nez à nez avec un Wraith ne m'enchante pas vraiment non plus.

— Sergent, reprend le major en appuyant sur son oreillette, avez-vous au moins l'un des Darts en visuel ?

— Négatif major.

— Où êtes-vous ?

— Au sud de votre position, en direction de la porte.

— Et les autres ?

— Je n'ai plus aucun contact avec eux depuis que les Darts ont été aperçus, major.

Donc ils sont sans doute tombés aux combats ou entre les mains des Wraiths. Mon Dieu… J'ai lu plusieurs rapports sur les Wraiths, car je voulais savoir les dangers potentiels dans la galaxie de Pégase avant d'arriver. Histoire d'éviter les mauvaises surprises. Je sais donc ce qu'ils font aux humains qu'ils ont sélectionné et… Mon estomac se serre à l'image mentale des restes vieillissants d'humains qui auraient permit de nourrir un Wraith…

— Je vois. Sergent, fait de votre mieux pour rejoindre la porte. Si vous le pouvez, contactez Atlantis et demandez des renforts.

— Et vous ?

— Nous ne pouvons pas rejoindre la forêt alors que les Darts trainent autour de nous. Nous serions trop à découvert et donc des cibles faciles. Nous allons trouver un endroit où nous mettre en sécurité dans les ruines.

Nous attendons encore un moment, histoire d'être sûr qu'aucun bruit ne se fait entendre, avant de sortir de notre cachette de fortune. Ensuite, nous partons en direction de ce qui devait être le centre-ville, pour trouver un abri plus important. Le problème, c'est que la plupart des maisons ont été détruire. Les toits sont éventrés, les murs écroulés et les portes explosé.

Finalement, nous trouvons refuge dans un ancien laboratoire qui a résisté un peu mieux à la destruction de la ville. Malgré tout, ce n'est pas l'endroit idéal pour ce caché. Notamment à cause des fenêtres qui ont toutes été éclaté de l'extérieur, recouvrant ainsi le sol de morceau de verre.

Je rejoins un coin de la pièce, laissant le major faire le tour de l'endroit pour s'assurer que nous pouvons y rester pour attendre des renforts d'Atlantis. Enfin, en espérant que le sergent que Lorne a envoyé arrive à aller jusqu'à la porte, pour contacter la cité et les prévenir de notre situation…

— Tout va bien, doc ?

Je hoche la tête, pour lui faire comprendre que oui, alors que ce n'est pas le cas. Je n'ai eu aucun entraînement pour ce genre de situation. Quand je rouvre les yeux pour lui faire face, je peux lire sans problème l'inquiétude qui traverse son regard.

— Vous savez vous servir d'une arme ?

— Non…

— Ce n'est pas très compliqué, réplique t-il en me mettant quand même un flingue entre les mains. Vous visez votre ennemi et vous lui tirez dessus jusqu'à ce qu'il tombe. Compris ?

Je n'ai pas le temps de répondre que des bruits de pas se font entendre. Ma respiration se bloque. Il est impossible que ce soit déjà des secours. La porte des étoiles se trouve à au moins une heure de route. Au mieux… une demi-heure si l'on court aussi vite que possible. Le sergent qui a été envoyé à la porte ne peut donc pas déjà y être. Il s'agit donc sans doute… des Wraiths.

Le major Lorne me fait signe de ne pas faire de bruit, et je me contente de lui faire comprendre que j'ai compris. Avec un peu de chance, les Wraiths n'auront pas envie de perdre leur temps pour deux simples humains. Oui, c'est un rêve pieux, mais c'est tout ce que j'ai pour me rassurer.

Ils doivent être en train de faire le tour des bâtiments aux alentours, car on les entend s'éloigner et se rapprocher à tour de rôle. Je n'en suis pas sûre, mais je dirais qu'ils sont au moins trois. Si ce n'est plus…

Finalement, l'un d'eux arrive jusqu'au bâtiment où nous nous trouvons. À la seconde où il ouvre ce qu'il reste de la porte, les tirs du major se font entendre. Il lui faut presque vider un chargeur entier avant que le Wraith ne tombe face contre terre, mort. Du moins, il semble l'être. Je connais leur résistance, alors je ne peux pas en être certaine. Et, à dire vrai, je n'ai pas envie de m'en assuré.

Nous n'attendons pas que les autres nous aient rejoints, et nous sortons par la fenêtre la plus proche. De nouveau, la main du major entoure mon bras, sans doute pour s'assurer que je le suis bien. Malheureusement pour moi, je trébuche à cause des racines d'un arbre qui a poussé en plein milieu de l'ancienne ville. Ma cheville me fait un mal de chien, alors que j'essaie de me relever.

De son côté, Lorne a commencé à tirer sur les Wraiths qui nous ont rattrapés.

J'étais loin du compte quand je pensais qu'ils n'étaient que trois. Ils sont plutôt une dizaine, rien qu'autour de nous. Le major arrive à en tuer deux, mais nous serons bientôt encerclés.

Je prends sur moi pour me relever, n'ayant aucune envie de rester ici plus longtemps. La douleur est insupportable, mais je serre les dents. Une fois debout, le major m'entraîne à nouveau à travers les bâtiments. Nous zigzaguons autant que possible pour tenter de semer nos assaillants.

Au bout d'un moment, nous prenons le risque de sortir de la ville, pour tenter de rejoindre la forêt. Les arbres seront une meilleure cachette que les ruines qui nous entourent.

Nous arrivons à rejoindre la bordure des bois sans se faire tirer dessus, ce qui me semble être un miracle. Nous nous enfonçons sans attendre au milieu des arbres, pendant de longues minutes.

Une fois que nous arrivons à trouver une cachette, la nuit est déjà bien avancée.

— Nous sommes assez loin et cet endroit devrait nous permettre de ne pas être a vu.

Alors que je tente de récupérer mon souffle, n'étant pas habitué à courir aussi longtemps, je sens un vertige arriver. Ma vision se trouble, mes oreilles se mettent à siffler et je sens que je perds l'équilibre. Si je ne tombe pas comme une pierre, c'est uniquement car le major Lorne me rattrape de justesse. Ensuite, tout ce que je sais, c'est que je perds connaissance.

À mon réveil, je suis allongé à même le sol, avec un oreiller de fortune fait grâce à la veste du major. Ce dernier, d'ailleurs, se trouve juste à côté de moi et le regard qu'il me jette ne m'aide pas à me sentir mieux. Au loin, j'entends le bruit reconnaissable d'un Dart qui survole la forêt dans laquelle nous nous trouvons.

— Ils tournent autour de notre position depuis un moment. Ils nous cherchent. Mais c'est une bonne chose, ça veut dire qu'ils ne savent toujours pas où nous nous trouvons. Cela nous laisse une chance.

Une chance de quoi ? De nous en sortir ? De rejoindre la porte ou d'espérer voir des renforts arriver ? Je n'aime pas être pessimiste, mais je doute que ça soit vraiment possible. Je n'ai pas besoin d'essayer de la bouger, pour savoir que ma cheville est cassée. C'est la douleur qui m'a fait m'évanouir plus tôt. Ça et le fait que le pic d'adrénaline que j'avais ressenti en fuyant les Wraiths était en train de disparaître. De toute façon, même si ma cheville n'avait été que foulée, la course qui a suivi ma chute aurait suffi à la casser totalement.

Quant aux renforts… Je ne doute pas qu'ils puissent arriver, mais est-ce que ça pourra vraiment être le cas avant que les Wraiths ne nous tombent dessus ? Cette forêt est immense, mais chaque minute qui passe les rapproche de nous.

— Vous devriez rejoindre la porte tout seul, major, dis-je d'une voix rendu pâteuse à cause de mon réveil proche.

— Je ne ferais pas ça.

Son ton est catégorique, pourtant, je ne peux m'empêcher de répliquer :

— Je ne ferais que vous ralentir. Je doute de pouvoir marcher. Et il est hors de question que vous me portiez, cela ferait juste de vous une cible vivante. Alors…

— Ne dites pas de bêtise doc. J'ai reçu l'ordre de vous ramener vivante sur Atlantis, et je compte bien le faire !

— Mais…

— Taisez-vous.

Je vais pour répliquer, puis je comprends qu'il ne voulait pas simplement m'empêcher de le contredire à nouveau. Plusieurs voix se font entendre non loin de nous. Et ce ne sont pas des voix humaines…

Alors que les Wraiths sont sur le point de trouver, le bruit d'une explosion ce fait entendre. Et, en une seconde, le major Lorne se met à sourire.

— C'est une attaque de Jumper, j'en suis certain. Les renforts sont arrivés.

Son sourire est contagieux, je dois l'avouer. Et, si la douleur ne m'anesthésiait pas autant, je pourrais sans doute montrer à quel point je suis heureuse d'être sauvé.

Il ne faut pas longtemps pour qu'on nous trouve. Lorne est sorti de notre cachette, une fois qu'il s'était assuré que les Wraiths n'étaient plus une menace. Puis, quelques minutes après, une équipe de médecin vient me récupérer pour me ramener sur Atlantis.

Le trajet se fait dans un flou total pour moi. La seule chose dont je suis certain, c'est que le major Lorne est resté à mes côtés durant tout le temps qu'à durée notre vol en Jumper. Je suis même certaine d'avoir senti sa main serrer la mienne, à un moment où j'étais sur le point de perdre à nouveau connaissance. Mais au vu de mon état, j'ai très bien pu imaginer ce fait.

En tout cas, lorsque je me réveille pour la seconde fois aujourd'hui, je suis de retour sur Atlantis. L'infirmerie est presque entièrement vide, si on omet la présence du docteur Beckett. Ce dernier ne tarde d'ailleurs pas à me rejoindre quand il voit que j'ai émergé de mon sommeil.

— Content de vous voir réveiller.

— Contente de l'être.

Il me fait quelques examens rapides, avant de me laisser tranquille. Puis, à ma grande surprise, je reçois la visite du major Lorne. Il se présente avec un plateau qui provient sans aucun doute du mess et qui est garni de… beaucoup de choses. A-t-il dévalisé la cuisine ?

— Heureux de voir que vous êtes de retour parmi nous, doc. Je ne savais pas ce que vous aimiez, mais je me doutais que vous auriez faim, alors j'ai pris un peu de tout.

— Je vois ça, dis-je en rigolant légèrement.

Je pioche, ici et là, de la nourriture sur le plateau, une fois que le docteur Beckett m'a donné son accord. Je n'ai jamais autant apprécié de sentir le goût d'un steak haché à peine chaud.

Une fois rassasié, je profite du moment pour prendre des nouvelles du major Lorne, qui semble aller très bien. Au contraire de moi, il n'a pas une seule blessure. Pas même un bleu. Je pourrais presque être jalouse, si je ne lui devais pas la vie. D'ailleurs, cette remarque me permet de le faire rire, ce qui me fait très plaisir.

Une fois notre repas fini, il doit s'en aller. Il n'a pas encore fait son rapport au colonel Carter, ayant préféré prendre de mes nouvelles d'abord. Dire que je suis touché par cette attention serait peu dire. J'espère d'ailleurs qu'il n'a pas remarqué le rougissement qui a pris place sur mes joues face à cette remarque.

Quand le major a quitté l'infirmerie, le docteur Beckett revient vers moi. Il me donne quelques médicaments qui sont censés faire diminuer la douleur que je ressens.

— Vous connaissez le major Lorne depuis longtemps ?

Surprise par cette question, je réponds rapidement :

— Non, je l'ai rencontré aujourd'hui. Juste avant cette mission, pour être exacte. Pourquoi ?

— Oh, juste comme ça, me répond le médecin en haussant les épaules. C'est juste qu'en temps normal, il ne vient jamais à l'infirmerie, sauf en cas d'obligation personnelle. Alors, le voir venir et rester aussi longtemps pour vous, disons que je me disais…

Ce qu'il laisse sous-entendre me faire rougir davantage.

— Non, non, vraiment je ne le connais que depuis quelques heures, expliquais-je précipitamment.

— Eh bien, c'est encore plus surprenant, finit-il avec un grand sourire.

Je me mords ma lèvre, comprenant clairement ce qu'il veut dire. Au final… Peut-être que je devrais rester un peu plus longtemps sur Atlantis. Certes, cette première mission ne s'est pas passée comme prévue, mais… Tout ne semble pas si négatif, au final.