Note:

Cette fic est terminée mais je risque de mettre un peu de temps à la poster car la version que j'ai sauvegardé a besoin de revoir toute la mise en page donc de relire chaque chapitre avant de les poster (ce qui fait que ça me prend facile une demi heure pour poster un chapitre).
Cette histoire a été écrite avant la fin de la saga Harry Potter donc il y a des trucs qui ne collent pas et je pense qu'il vaut mieux oublier les 3 derniers tomes quand vous la lirez.
Mais j'espère que vous passerez un bon moment à lire ou relire cette histoire!

C'est classé M principalement pour relation sexouelle en Zhommes mais y a aussi de la violence verbale et physique.

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"Toute prison a sa fenêtre."

Gilbert Gratiant

Chapitre 1 : Sept ans plus tard

Samedi 3 septembre 2005 :

- Auror Potter.

Harry Potter regarda la personne qui venait de le saluer, réprima un sourire amusé et répondit sur le même ton respectueux avec le même bref signe de tête.

-Auror Weasley.

Le visage sérieux de son meilleur ami se fendit d'un large sourire.

-Mon dieu comme tu te la joues ! lui dit-il faussement incrédule.

-C'est toi qui adore quand on te salue comme ça ! Je ne fais que réaliser ton fantasme ! répliqua Harry en passant devant lui pour ouvrir la porte du bar.

-A d'autres ! Rappelle-moi combien de fois tu as oublié tes menottes dans un lit qui n'était même pas à toi ? Ce sont des outils de travail pas des objets sexuels.

Harry eut un léger sourire. Dans un coin de la salle, Hermione faisait des grands gestes pour attirer leur attention.

-Tu ne vas pas me dire que tu ne les as jamais essayées sur elle ? murmura Harry au rouquin.

Ron lui jeta un bref coup d'oeil avant de reporter son regard sur sa fiancée.

-Sérieux vieux, tu nous as pris pour quoi ? répondit-il. Les menottes c'est tout juste bien quand on a envie d'un truc pépère...essaie de jouer avec la diule une prochaine fois et on en reparlera.

Harry s'arrêta net de marcher puis rattrapa vite son ami.

-La diule ! murmura-t-il halluciné en l'attrapant par la manche. Mais comment pouvez-vous faire avec une diule !

-Sers-toi de ton imagination Auror Potter! sourit Ron. Hey salut les gars !

Ils étaient arrivés devant la table des anciens gryffondors. Ils se réunissaient dans ce bar tous le premier samedi de chaque mois.

-Hey voilà nos illustres représentants de l'ordre ! s'exclama Dean en se levant pour les prendre dans ses bras.

-Les fichus fonctionnaires qui gaspillent nos sous ! renchérit Neville qui écrasa sa cigarette sorcière dans le cendrier. cette dernière poussa un gémissement de dépit- avant de les serrer dans ses bras à son tour. Vous allez bien ?

-Comme des fichus fonctionnaires, répliqua Ron. En se penchant pour donner l'accolade à Seamus. Et vous ?

-Je ne sais pas pour les autres, répondit Seamus. Mais pour moi ça roule !

Neville éclata de rire et lui ébouriffa les cheveux. Harry esquissa, malgré lui, un sourire amusé. Seamus était en fauteuil roulant à cause d'un mauvais sort qu'il avait reçu pendant la guerre. Il était handicapé à vie à présent, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir l'air tout le temps heureux et de faire de l'humour noir sur sa situation.

Quand les embrassades furent terminées et les commandes passées, Harry commença enfin à se détendre. A ses yeux, le bar venait de prendre des allures de salle commune de gryffondor. Il n'avait plus vingt-cinq ans mais quinze soudainement et il était de retour chez lui.

Bien sûr, ce n'était plus exactement pareil. Seamus en fauteuil roulant déjà.

Et Dean qui ne dessinait plus -alors qu'avant il était impossible de détacher sa main de son crayon-. Ce dernier avait un jour avoué à Harry qu'il était désormais incapable de dessiner quelque chose de beau et paisible. Parce que la guerre revenait le hanter dans chaque feuille de papier, alors il préférait ne plus rien dessiner.

Hermione et Ron ne se lançaient plus de piques venimeuses mais roucoulaient comme des bienheureux (quoiqu'ils étaient un peu nerveux ce soir) et qui apparemment utilisaient des putains de diules pendant leurs parties de jambes en l'air !

Ginny ne montait plus autant au créneau et avait perdu la flamme dans son regard. Celle-la même qui, en cinquième année, avait fait penser à Harry qu'il était amoureux d'elle -avant de comprendre qu'il était homosexuel-.

Et Neville fumait encore plus qu'avant. Buvait un peu trop aussi. Ça l'aidait à ne plus faire des cauchemars, disait-il.

Harry ne savait pas trop ce que devenait Neville. Durant leurs réunions, il ne parlait jamais de lui, mais Harry l'avait déjà vu traîner dans l'allée des Embrumes alors qu'il était en mission. Il ne voulait pas savoir ce que son ami faisait là bas, il ne voulait pas avoir à mener une enquête sur lui. Alors il ne posait aucune question mais parfois les yeux trop sombres et cyniques de son ami parlaient pour lui.

Cela allait bientôt faire trois ans que la guerre était finie, que Harry avait tué Voldemort mais le mal était fait.

« Et moi ? » pensa-t-il. « A quel point ai-je changé ? »

Il n'eut pas le loisir de répondre à cette question et en fut plutôt content, l'introspection n'avait jamais été son truc. Ron se racla la gorge et demanda leur attention à tous. Harry eut un vrai sourire, un aussi rare qu'il était précieux, sans se douter que c'était justement ça qui avait changé pour lui. Il écouta Ron et Hermione annoncer aux autres ce qu'il savait déjà : leur prochain mariage.

°°O°O°O°O°O°°

Lundi 5 septembre 2005

Remus courait dans le hall de Gringotts. Il s'attira des cris outrés des Gobelins mais il n'en avait cure : il venait de l'apercevoir !

Il avait prévenu Harry de le rejoindre sur le chemin de Traverse mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit déjà là. Il l'avait vue. Il était sûr que c'était elle.

Un voile rouge semblait être tombé sur son esprit depuis qu'il l'avait reconnue. Elle l'avait croisé, passant devant lui comme si de rien n'était. Tous les autres passants n'avaient vu qu'une ombre mais pas lui. Au début si, il avait fait comme tout le monde : il l'avait vue sans la voir mais il n'était pas exactement comme les autres sorciers. Il l'avait sentie.

Il avait senti l'odeur de la meurtrière de Sirius Black. Celle que tout le monde avait crue morte lors de la Guerre. Sauf qu'il n'y avait pas eu de corps. Bellatrix Lestrange née Black n'avait pas présenté de cadavre sur lequel il aurait pu cracher sa haine et sa douleur.

Trois ans qu'il la traquait, refusant de croire à sa mort et il avait eu raison. Bon sang ! Il avait eu raison !

Il bouscula un sorcier qui l'insulta en retour mais il n'entendait rien. Il voyait déjà sa robe violette disparaître au détour d'une allée. Pas cette fois ! Pas cette fois !

L'homme et le loup en lui étaient unis sur ce coup là. C'était la seconde fois qu'ils étaient d'accord sur quelque chose. La première avait été à propos de Sirius Black/Padfoot. Il était logique que la seconde soit au sujet de venger sa mort. Au final, on en revenait quand même à Sirius. Sirius. Sirius. Il avait l'impression que son coeur battait sur l'air de ce prénom et il battait de plus en plus vite à mesure qu'il courait.

. .Sirius.

Il la vit se retourner et personne d'autre ne la remarqua car son sort s'adressait aux humains normaux pas aux loups garous. Elle éclata de rire en le regardant.

SiriusSiriusSiriusSiriusSirius.

Puis il y eut l'explosion mais elle avait eu le temps de partir.

SiriusSiriusSiriusSirius.

Puis il y eut la douleur et les cris.

SiriusSiriusSirius.

Puis il y eut son corps s'écrasant sur le carrelage désormais défoncé.

SiriusSirius.

Puis il n'y eu plus

rien.

Sir...

°O°O°O°O°

-Il m'avait demandé de venir. Il disait qu'il avait une piste.

Sa propre voix sembla lointaine à Harry alors qu'il fixait le corps de Remus Lupin étendu sur son lit d'hôpital.

-Ce n'est pas de ta faute.

Hermione avait posé une main sur son épaule et elle la pressait doucement.

Il s'attendait à ce qu'elle dise cela, c'était peut être vrai mais ce n'était pas ce qu'il ressentait. Il se sentait coupable.

Terriblement coupable. Et effrayé. En colère. Incroyablement effrayé et en colère.

-Je ne veux pas qu'il meure, dit-t-il.

Sa phrase avait sonné comme un ordre sauf qu'il ne savait pas à qui il s'adressait.

-Je vais prendre soin de lui, murmura la voix apaisante de sa meilleure amie.

Il sentait qu'il allait pleurer parce que la voix douce d'Hermione démontrait que c'était grave mais il se força à ravaler ses larmes. Sa mâchoire se contracta et quand il reprit la parole sa voix était enrouée. Hermione n'allait pas être dupe mais c'était Hermione donc ça allait.

-Il. Il compte pour moi.

C'était ridicule de dire ça, elle le savait. D'ailleurs elle venait de lui répondre qu'elle le savait, toujours de cette voix quasiment maternelle. Mais il n'arrivait pas à mettre les mots sur ce qu'il ressentait, sur sa douleur. Il aurait dû dire « il est comme un père pour moi » mais elle le savait aussi et il ne se sentait pas le droit de dire ça car il ne savait pas si Remus Lupin le considérait comme un fils.

Avec Remus ils ne parlaient jamais de ces choses là. Il lui avait déjà dit, une fois, qu'il était fier de lui quand Harry avait reçu son diplôme de fin d'études de Poudlard. Et c'était vrai qu'il avait l'air fier, au moins aussi fier que Mr Weasley qui félicitait Ron juste à côté d'eux. Harry se souvint qu'il lui en avait presque voulu de dire ses mots. Il lui semblait que seul un père avait le droit de dire ça à son fils. Ou Sirius parce que Sirius était de sa famille. C'était son parrain.

Remus était simplement le dernier encore en vie.

Harry eut un sanglot qui lui déchira la gorge.

Il avait eu tort, il le savait à présent. Remus avait eu le droit de dire ça. Et le loup garou avait capté son regard et comprit le ressentiment du petit con de dix-sept ans qu'il était alors et ne lui avait plus jamais dit qu'il était fier de lui.

Il se détourna du visage pâle de Remus, réussit à articuler un pitoyable « vais me rafraîchir » à Hermione avant de sortir de la chambre.

Une fois devant le lavabo, Harry se rinça le visage, retrouvant son calme. Ses nerfs s'apaisaient, ses muscles se dénouaient peu à peu. Il ne servait à rien de s'écrouler. Remus n'était pas mort. Ce qu'il lui fallait c'était réfléchir calmement à tout ça.

Les attentats avaient commencé il y avait près de dix-huit mois de ça, visant toujours des points stratégiques du monde sorcier et avec toujours la marque des Ténèbres qui planait au-dessus des débris et des cadavres.

Voldemort était mort depuis plus de trois ans et tout ses Mangemorts encore en vie pourrissaient à Azkaban. Les Aurors piétinaient dans cette affaire, Harry était bien placé pour le savoir puisqu'il en était un.

Ils avaient tout d'abord écarté la piste des anciens Mangemorts mais pas Remus. Remus avait travaillé de son côté, pistant quelqu'un. Harry savait juste que c'était un ancien Mangemort mais qui ? Lucius Malfoy ? Impossible, le sang-pur avait été blanchi et il avait des alibis en béton pour chaque attaque.

Mais la piste que suivait Remus, quelle qu'elle soit, s'était avérée exacte. Un peu trop même. Harry regretta d'avoir passé les derniers mois à ne le voir qu'en coup de vent, trop préoccupé par ses propres missions.

Bon sang, Remus n'était même pas Auror, il aurait dû insister plus pour qu'il lâche l'affaire au lieu de simplement se dire que l'homme jouait au détective dans son coin.

Décidément la liste de ses remords vis-à-vis du loup-garou s'allongeait de seconde en seconde.

Harry croisa son reflet dans le miroir et fut satisfait de voir qu'il n'avait plus l'air sur le point de pleurer.

Quand il retourna dans le couloir, Seamus et Neville se trouvaient devant la porte de la chambre de Remus. C'était étrange de les voir ailleurs que dans le bar.

-Dean et Ron sont à l'intérieur, expliqua Seamus quand il arriva à leur hauteur. Ça va aller Harry ?

-Oui, je crois. C'est gentil d'être venu.

-On l'aime nous aussi, répondit simplement Neville.

Il y avait comme un jugement dans le ton de sa voix. Comme s'il reprochait à Harry de penser que lui seul avait le droit d'être triste pour Remus.

Harry et lui se défièrent du regard : yeux verts contre yeux marron. Au bout d'un moment Neville détourna le sien pour chercher son paquet de cigarettes dans sa poche.

-Ne fume pas ici ! le prévint Harry d'une voix sourde.

Il y eut un silence chargé de tension alors que Neville suspendait son geste. Même Seamus semblait incapable d'alléger l'atmosphère.

-Ce n'est pas contre moi que tu dois être en colère, dit finalement Neville. Ce n'est pas moi qui ai mis Remus dans cet état !

Harry écarquilla les yeux et s'assit sur un des fauteuils du couloir, se sentant soudainement épuisé.

-Je suis désolé, souffla-t-il en passant une main nerveuse dans ses cheveux. Je...suis un peu secoué. Je n'avais pas à te parler comme ça.

-Pas grave, grogna Neville en s'affalant à ses côtés. On est tous sur les nerfs.

Harry rejeta la tête en arrière en soupirant. Il regarda le plafond.

-Je vais trouver qui a fait ça et qui fait toutes ces attaques dehors, promit-il. Remus disait que c'était un Mangemort. On avait prévu d'aller sous couverture à Azkaban pour mener l'enquête puis on a rejeté l'idée...mais maintenant...

-Tu vas aller à Azkaban ? murmura Seamus en roulant jusqu'à ce qu'il se trouve en face de Harry.

-Je trouverai qui a fait ça, répéta Harry en le fixant.

-Bien sûr, répondit Seamus en posant sa main sur la sienne pour la serrer brièvement.

Neville se leva et posa son regard sombre sur Harry, l'air de dire « Tu en fais trop ! Arrête de vouloir sauver le monde à toi tout seul !». Et Harry se sentit à nouveau irrité par lui, juste à cause de ce regard qui ne voulait peut-être rien dire du tout.

-Je sors fumer, prévint-il simplement.

°O°O°O°O°

Mercredi 21 septembre : Bureau de Kingsley Shacklebolt, chef des Aurors.

-Entrez ! fit Kingsley après avoir entendu frapper à sa porte.

L'Auror Harry Potter pénétra dans son bureau et l'espace d'un instant le chef des Aurors eu l'impression d'avoir James Potter en face de lui. Il n'avait pourtant pas connu longtemps James Potter, mais son fils venait de se faire couper les cheveux et c'était comme ça que James se coiffait à l'époque.

Ses cheveux noirs étaient plus courts, esthétiquement décoiffés et rejetés en arrière. Son front était dégagé à présent, la célèbre cicatrice en forme d'éclair s'y dévoilait sans plus aucun complexe.

Les lunettes aussi avaient changé depuis la première fois que Harry avait passé la porte de son bureau, trois ans plus tôt. Elles étaient rectangulaires et aujourd'hui les montures étaient rouges - la couleur changeait selon l'envie de Potter-.

L'impression qu'il s'agissait de James Potter se dissipa bien vite. James Potter n'avait jamais eu l'occasion d'atteindre l'âge que son fils avait aujourd'hui. Et les yeux verts qui l'observaient ne pouvaient appartenir qu'à un seul homme.

-Jolie coiffure, Potter, commenta-t-il.

Kingsley eut le droit à un haussement de sourcil amusé.

-Merci chef.

-Tu peux t'asseoir. Un café ?

Potter obéit et après avoir refusé le café, s'installa en face de son bureau, attentif, comme toujours.

-Comment va Lupin ? demanda Kingsley.

L'ancien gryffondor haussa les épaules.

-Je suis allé le voir pendant ma pause déjeuner. Pas de changement.

-J'aurais espéré de meilleures nouvelles. Remus est quelqu'un que j'apprécie.

-Moi aussi.

Potter n'était pas quelqu'un de très expansif à la base, mais après l'attaque de Lupin, l'Auror était devenu encore plus amer.

-En tous cas, j'ai de bonnes nouvelles, reprit Kingsley. L'opération à Azkaban va enfin pouvoir avoir lieu. Le Ministre et le Directeur de la Prison ont donné leur feu vert.

Le visage de Potter s'éclaira enfin. A croire que ce gamin ne vivait que pour l'action. La mission d'infiltration à Azkaban avait sans cesse était retardée, même si chaque attaque étaient signées par la marque des Ténèbres planant au-dessus des ruines. Kingsley aurait préféré résoudre cette affaire sans avoir à aller aussi loin mais ils piétinaient et à présent ils n'avaient plus guère le choix.

-J'irais quand ? demanda Potter immédiatement.

-Dans huit jours. Le temps de mettre les derniers détails au point. Les Jumeaux Weasley ont presque fini ton bracelet.

-Je croyais que le transformateur devait être sous forme de tatouage.

-Non, les bracelets sont mieux. Les prisonniers ne peuvent pas enlever le leur de toute façon. Tu auras une autre apparence grâce à ça, et surtout ta magie à toi ne sera pas bridée. Il faudra jeter un sort de dissimulation sur ta baguette et la planquer dans ta cellule. Tu ne devrais pas en avoir besoin mais on n'est jamais trop prudent.

Harry Potter acquiesça. Il ne risquait pas vraiment grand-chose avec des prisonniers devenus aussi inoffensifs que des moldus mais il ne fallait pas oublier qu'ils s'agissaient de Mangemorts. Et que si ces serpents n'avaient plus de venin, ils pouvaient toujours vous étrangler pendant votre sommeil.

-Je serai donc en prison pour avoir volé un sacré paquet à Gringotts. Ça n'a pas changé, n'est ce pas ?

-Oui. Ils vont adorer avoir à leurs côtés un sorcier capable de voler la Banque Imprenable, à la façon moldue en plus !

S'ils sont vraiment de mèche avec la personne qui provoque les attentats, ils vont avoir besoin de fonds...

-Et je tombe à pic. Je sais comment faire pour en avoir vite et facilement.

Les deux Aurors échangèrent un sourire. Kingsley étendit ses longues jambes devant lui et fixa l'ancien gryffondor un long moment en silence.

-Tu es sûr de pouvoir le faire ? demanda-t-il. Servir de taupe à Azkaban n'est pas une mission facile.

Les yeux verts ne cillèrent pas. C'était tout à son honneur mais Kingsley aurait préféré qu'il soit moins sûr de lui.

-Je sais. Je suis prêt.

-C'est une mission d'infiltration dangereuse, reprit Shacklebot, Azkaban n'est pas précisément une escale de vacances.

Au moindre problème on arrêtera la mission. Je ne veux pas de morts inutiles, surtout pas celle du Héros du Monde Sorcier. Cette prison est un endroit malsain, j'ai eu, malheureusement, l'occasion de la visiter. Les prisonniers là-bas sont pour la plupart des assassins et des mages noirs en puissance. Le nouveau Directeur a fait de la prison un endroit moins archaïque et moins inhumain mais les murs n'ont pas changé, eux. Personne ne va à Azkaban de son plein gré. A part toi vraisemblablement. Je ne t'en voudrai donc pas si tu mets prématurément un terme à cette mission.

-Je comprends, répondit Potter mais dans les yeux verts luisait une lueur de défi impossible à effacer.

-L'agent Weasley prendra du Polynectar et se fera passer pour toi devant les journalistes, reprit le chef des Aurors renonçant à lui reparler de prudence.

Les anciens gryffondors étaient à la fois les pires et les meilleures des recrues.

-Oui, il est toujours d'accord.

Évidemment, comme si Weasley pouvait refuser un service à Potter.

-Et la cellule tu veux toujours aller dans celle de...

-Draco Malfoy ? coupa Potter. Oui.

Kingsley n'aima pas beaucoup ce ton sans appel.

-Sois prudent, Draco Malfoy est loin d'être stupide lui aussi, rappela Kingsley en fixant les yeux verts en face de lui. N'oublie pas qu'il a réussi à détrôner Lucius auprès de Tu-sais-qui. Il a même manipulé son père pour avoir accès à l'argent des Malfoy et fournir en gallions Voldemort et ses Mangemorts. C'est à cause de lui que la guerre a duré aussi longtemps.

Harry eut un sourire que le chef des Aurors trouva un peu effrayant mais c'était peut-être dû à un effet de lumière.

-Je n'oublie pas, dit-il simplement et il cessa de sourire.

°O°O°O°

Jeudi 29 Septembre 2005

Harry se tenait devant le miroir des toilettes du département de la Justice Magique.

Il avait très peu dormi. Il avait passé sa dernière nuit de liberté dans le lit d'un type qu'il ne connaissait même pas. Un moldu qui ne le connaissait pas non plus. Ils avaient été à égalité comme ça. Ça avait été bon. Pas la baise de l'année mais assez pour occuper son esprit sur autre chose que la mission.

A présent, il était concentré. Il regarda le bracelet qu'il avait posé sur le lavabo. Il était simple, juste un bracelet en cuir, large d'un pouce environ avec le numéro 42 gravé dessus.

-Ils y sont arrivés ces cons, dit-il pour lui-même.

Il regarda son reflet une dernière fois et enfila le bracelet à son poignet. Quand il releva la tête, il n'y avait plus de Harry Potter dans le miroir. Juste un type d'une trentaine d'années, l'air un peu perdu. Brun, aux yeux marron, taille moyenne, poids moyen. Le genre de type qui ne fait retourner personne dans la rue.

-Parfait, dit-il à son reflet. Allons-y.

Dix minutes plus tard, les Aurors amenaient Sean Harrison, trentenaire à priori banal, si ce n'est qu'il était coupable d'avoir détourné de l'argent moldu et sorcier, à Azkaban, la prison des sorciers.

A suivre...