Titre : Le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière

Début d'écriture : Dimanche 4 avril 2021 (vers 23h50, heureusement que lundi 5 est un jour férié).

Disclaimer : L'univers de Twilight ne m'appartient pas, mais est la propriété de Stephenie Meyer, que même mon correcteur orthographique ne reconnaît pas.

Avant-propos : Je tiens à préciser que je ne suis plus une fan de cet univers, ou plutôt de son couple phare qui, pour moi, tient de l'aberration. J'ai jamais vu une histoire d'amour aussi creuse et... plate. En revanche, l'autrice avait de super bonnes idées pour les personnages secondaires, dont bon nombre auraient mérité le rôle-titre, ou leur histoire à part entière. C'est dommage qu'un tel talent soit gâché ainsi, surtout si on compare avec la merveille qu'est le roman Les âmes vagabondes de la même autrice ! Enfin passons, je n'ai aucun pouvoir en ce bas-monde pour ce genre de choses... Tout juste un pseudonyme et une verve à toute épreuve !

C'est pour cela que je tiens à vous avertir... C'est grâce à une histoire que je lis en ce moment que j'ai réalisé un truc, ou plutôt, le personnage principal le dit lui-même : l'intelligence des personnages d'une histoire est limitée par l'intelligence de son auteur, ou créateur, ainsi que par ses connaissances.

Ça m'a fait réfléchir, et j'ai réalisé que c'est pour cela que cette coquille, qui m'avait fait tiquer dès la première lecture du quatrième tome (oui, j'ai lu les quatre livres de la saga, ainsi que le livre complémentaire sur la vie de Bree Tanner), était due au fait que Mrs Meyer a introduit des personnages avec des capacités spécifiques, dont un en particulier autour duquel cette histoire s'articulera, mais a commodément oublié la définition de son don et tout ce que cela peut englober. Ce qui, honnêtement, aurait dû changer le cours de l'histoire, et même depuis le tome 2.

Mais comme je suis magnanime, ce ne sera que lors d'un affrontement qui n'a pas eu lieu—bordel de merde je suis frustrée j'attendais du sang et de la violence moi — que l'action se déroulera. Et aussi parce que je suis une connasse qui s'assume.

Et que je souhaite rétablir... La Sainte Cohérence ! (Qui manquait cruellement dans les romans d'origine, avouez-le avec moi, vous verrez, ça fait un peu pleurer, puis on se sent mieux ensuite. Ou pas.)

État de la fic : Il s'agit d'un OS, donc un seul chat pitre, vous connaissez la chanson. Peut-être y en aura-t-il un second dédié aux réponses aux reviews que j'aurais reçues (j'espère, c'est mon seul moyen de savoir si ce que j'écris vaut la peine, ou si c'est juste de la bonne grosse fange puante).

Rated : T, parce qu'il y a quand même un poil de violence, mais rien de trop graphique, je ne raffole pas du gore à outrance non plus. Disons que si ça sert le propos, je veux bien, mais sinon... Bah non, pas de violence inutile au récit.

Enfin : Bonne lecture ^^


Le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière


Dans la plaine enneigée, le silence régnait, glacial. Le temps était clair, les arbres de la forêt environnante protégeaient la plaine des regards curieux de pauvres hères innocents, et les animaux avaient fui, ou s'étaient tus, terrorisés de ce qui se jouait là.

Ce qui se jouait là, c'était le plus grand rassemblement qu'il était possible de faire entre les vampires peuplant ce monde, avec deux camps bien distincts, en position de franche opposition.

D'un côté le clan Volturi et sa famille royale, accompagnés pour l'occasion de nombreux témoins ; de l'autre, le clan Cullen, ou « famille » comme ils aimaient s'appeler, accompagnés eux aussi de nombreux témoins, ainsi que de la tribu des loups métamorphes de la réserve de la Push, les guerriers Quileutes, chose peu courante, et inquiétante du point de vue des Volturi et de leurs alliés.

Néanmoins, ce fut après avoir parlé avec Bella Cullen et plus particulièrement sa fille, Renesmée Cullen, que le roi Aro Volturi prit conscience de plusieurs éléments, et repensa à d'autres qu'il avait mis de côté, mais qui allaient lui servir présentement. Des éléments qui n'étaient pas à négliger.

Toutefois, il lui faudrait faire preuve de prudence et de doigté s'il voulait amener son petit monde là où il le désirait. L'avantage qu'il possédait sur le jeune Edward Cullen, qui n'avait qu'un seul pauvre siècle d'existence — et même moins que ça —, c'est qu'il pouvait, comme tout bon vampire qui se respecte, penser à plusieurs choses en même temps, et choisir quelles pensées mettre en avant de son esprit, afin que le télépathe ne puisse voir que ce qu'il choisissait de lui laisser voir, et rien d'autre.

Souriant, il s'avança de quelques pas, suivi comme toujours de sa garde personnelle composée de Jane et d'Alec. Ses chers jumeaux, pensa-t-il avec une affection non dénuée d'intérêt. Il ne regrettait pas de les posséder.

« Mon cher Carlisle, commença-t-il en s'adressant à son vieil ami, je comprends. Je comprends que cette enfant n'est pas une Enfant Immortelle. Paix, gronda-t-il vers ses alliés qui s'étaient agités et qui se calmèrent aussitôt à son ordre. Je crains cependant, ajouta-t-il, que bon nombre d'éléments de cette affaire ne me posent problème, mon cher ami.

– Quels éléments, Aro ? demanda Carlisle, la mine inquiète.

– Des irrégularités, et plus précisément des infractions à nos lois, qui ne concernent pas cette chère Renesmée, rassure-toi là-dessus. »

Bien évidemment, cette affirmation ne rassura personne, au contraire.

« Aro, où veux-tu en venir ?

– Ne t'inquiète pas, Caïus, répondit Aro, je m'assure seulement de remettre les choses en ordre.

– Et les loups ?

– Je connaissais déjà leur existence, mon frère. Après tout, quand Edward est venu réclamer la mort lorsqu'il a cru sa chère et tendre décédée, j'ai accédé à tous ses souvenirs, dont ceux concernant un certain Ephraïm Black et le reste de sa meute, ainsi que le traité de paix que les Cullen ont établi avec le peuple Quileute.

– Et tu n'as rien dit, parce que... ?

– Ces loups ne sont pas des Enfants de la Lune, Caïus. Ils se maîtrisent. Certes ils tuent des vampires, mais uniquement ceux passant sur leurs terres et représentant une menace pour les humains du territoire. Et il semblerait que seule la présence des vampires réveille leur héritage lupin, ce qui explique qu'ils soient si nombreux. Si aucun vampire n'était venu sur ces terres, aucun loup ne serait présent à l'heure actuelle. Aussi, je ne compte pas les loups dans les irrégularités que j'ai à reprocher aux Cullen, surtout en considérant le fait que leur existence est largement antérieure à leur rencontre. Après tout, les Quileutes sont tout autant, sinon plus, dépendants de la loi du secret que nous, et leur seule raison d'exister est la protection de leur peuple, ce qui ne peut leur être reproché, non ? »

Caïus grogna à cette question rhétorique mais s'apaisa légèrement. Sa haine à l'encontre des loups-garous était tenace, mais puisque ces êtres n'en étaient pas... Oh, il les tiendrait à l'œil, et au moindre faux pas de leur part, il ne les manquerait pas, et ce, peu importe ce qu'Aro pourrait en dire.

De leur côté, les Cullen étaient inquiets, surtout la belle Rosalie, qui craignait tout particulièrement pour son époux et le reste de sa famille. Elle ne voulait pas les perdre ! Et Alice et Jasper qui n'étaient toujours pas revenus...

« Qu'as-tu à nous reprocher, Aro ? demanda alors courageusement Carlisle.

– Oh, trois fois rien, lâcha dédaigneusement Aro d'une voix volontairement traînante. Juste le fait que la violation de nos lois semble être devenue une habitude pour ton clan, Carlisle. Ou peut-être préfères-tu le terme de « famille » ? Ce doit être le sang animal qui détraque vos capacités de réflexion, je ne vois que ça.

– Notre régime n'a rien à voir avec...

– Non, en effet, coupa Aro. En revanche, comme toi et les tiens avez choisi de vivre parmi les humains au quotidien, vous vous devez de faire d'autant plus attention à ce que la loi du secret soit bien préservée.

– Nous avons toujours... commença Edward.

– C'est faux, jeune homme, » coupa à nouveau le monarque.

Les murmures s'élevèrent alors de toutes parts, y compris parmi les alliés des Cullen. Aro se retint de sourire. La partie n'était pas encore gagnée.

« Que voulez-vous dire par là, roi Aro ? demanda un vampire nomade dans l'assemblée des alliés des Cullen.

– Je me suis montré indulgent il y a peu. Voyez-vous, en raison d'une vision de cette chère Alice, ici absente, Edward ici présent a cru que cette chère Bella, à l'époque encore humaine, s'était tuée en tombant d'une falaise. La cause serait un suicide, en raison de leur séparation. »

Quelques murmures se firent entendre, mais Aro ramena le calme en levant une main apaisante, et tout le monde se tut.

« Voyez-vous, malgré le fait que la famille Cullen a abandonné une humaine au fait de notre condition en toute connaissance de cause, j'ai choisi de me montrer clément, car ils étaient passés par des moments difficiles. Néanmoins, ils avaient laissé la jeune Isabella en proie à l'ire vengeresse d'une vampire nomade, Victoria, dont le compagnon James, un traqueur, fut tué par les Cullen pour protéger leur humaine.

– Mais ça n'a pas de sens ! protesta un vampire mâle. Plutôt que de s'ennuyer à protéger une fragile humaine, ils auraient dû la tuer ou la transformer ! C'est contraire à nos lois que de laisser un humain savoir pour nous ! »

Beaucoup de murmures approbateurs rejoignirent ces mots enflammés, et Aro acquiesça avec un sourire doux, beaucoup trop doux.

« Nous n'avons... commença Edward.

– Je vous en prie, cher Edward, s'amusa Aro, détrompez-moi. Je vous rappelle juste qu'une vampire ici est capable de détecter les mensonges. Maggie, dites-moi, ai-je menti sur cette affaire ? »

La fille adoptive de Siobhan et Liam du clan irlandais secoua la tête, visiblement déçue. De ce qu'Aro avait perçu, la vampire adorait le fait que les Cullen ne mentaient pas, ou très peu. En revanche, elle ne pouvait détecter les non-dits, ce qui expliquait cette situation, comment dire... délicate.

« Non, roi Aro, répondit-elle avec douleur mais dignité. À aucun moment vous n'avez menti sur les faits. Néanmoins, il manque les justifications à ces actes.

– Il n'y a pas de justification à avoir là-dedans, protesta le même vampire mâle belliqueux, ils ont laissé une humaine savoir et sont partis en la laissant derrière eux ! C'est complètement irresponsable !

– D'autant plus irresponsable, rajouta une femelle, qu'ils devaient savoir pour cette Victoria. Je ne peux pas croire qu'ils ne savaient pas, surtout avec le don d'Alice.

– Est-ce important de remuer cette affaire qui n'est plus d'actualité ? Bella est des nôtres maintenant, et c'est ça qui importe, non ? »

Plusieurs murmures se levèrent à ces mots, certains d'accord, d'autres non. Aro sourit intérieurement. Diviser pour mieux régner n'avait jamais autant été d'actualité. Marcus poussa un léger soupir ennuyé et Caïus grogna légèrement. Le connaissant, Aro se doutait que peu importe qu'Isabella soit désormais vampire, la violation de la loi lui restait toujours en travers de la gorge.

« J'ai appris la condition des Cullen par moi-même, intervint Isabella. J'ai mené mes propres recherches, animée par la curiosité, et en entendant les légendes locales des Quileutes, les loups, j'ai fait le lien avec les étrangetés que j'avais remarquées sur Edward et sa famille. Mais ils ne m'ont rien révélé, j'ai compris toute seule !

–Certes, grogna une femelle, mais ils auraient pu démentir, vous faire passer pour folle, ou bien partir avant de vous laisser en apprendre davantage. Ils auraient dû faire quelque chose, et ne pas vous laisser savoir en restant humaine.

– Mais me tuer aurait anéanti mes parents, et...

– Nous sommes tous morts pour nos proches, rappela sèchement Tia. Aucun de nous n'a choisi de disparaître ainsi, sans laisser de traces, ni d'espoir à nos proches. Toi, Bella, tu as eu ce choix. Tu ne réalises pas ta chance. »

Beaucoup approuvèrent ces paroles. De plus, en étant transformée maintenant, Bella ne laissait-elle pas sa famille croire à son décès ? Quelle hypocrisie !

« Roi Aro ? demanda alors Peter, l'ami du dieu de la guerre.

– Oui, jeune homme ? Je vous en prie, parlez, répondit gracieusement Aro, tandis que les murmures se taisaient à nouveau.

– Indépendamment des justifications des Cullen à cette violation de nos lois, il y a autre chose, n'est-ce pas ? Après tout, vous avez vous-même décidé à l'époque de ne pas faire traîner cette affaire, c'est donc que de nouveaux éléments se sont ajoutés entre-temps et que vous désirez les traiter aujourd'hui. Est-ce que je me trompe ? »

Aro sourit joyeusement. La perspicacité de ce vampire n'était pas qu'une légende.

« En effet, approuva-t-il sous l'attention de tous ses sujets. Voyez-vous, mes chers, si la jeune Alice n'avait eu cette vision de la jeune Isabella se jetant de cette falaise, jamais les Cullen ne seraient revenus auprès d'elle, et ils auraient ainsi laissé une humaine savoir pour nous dans la nature.

– C'est scandaleux ! s'outra une très ancienne vampire dans l'assemblée des témoins des Volturi.

– Paix, mon amie, la tempéra Aro. Néanmoins, comme cela fut soulevé, cette humaine n'est plus et est désormais des nôtres, l'on peut donc raisonnablement penser qu'il y a prescription des faits.

– Où désirez-vous en venir, majesté ? demanda Peter.

– Au fait, mon jeune ami, que les Cullen semblent désirer complaire à la nouvelle-née Isabella en lui permettant de continuer à voir son père humain, qui a également rencontré la jeune Renesmée, qui, comme cela fut prouvé, n'a pas la croissance habituelle des humains, mais grandit bien trop vite pour que ce soit considéré comme normal. »

Avant que des cris outragés ne retentissent, Aro leva haut sa main, ramenant un silence de mort dans les deux assemblées.

« Charlie Swan, père humain et biologique d'Isabella Cullen, ne sait pas que sa fille est une vampire. Les Cullen ont été assez malins pour ne rien lui dire. Néanmoins, l'un des loups s'est transformé devant l'homme, plus particulièrement le compagnon d'éternité de la petite Renesmée, et meilleur ami de cette chère Isabella. Charlie Swan a assisté à une partie de la grossesse de sa fille, et l'a vue moins de deux jours après sa transformation ; ainsi les changements spectaculaires opérés n'ont pu lui échapper, d'autant qu'une grossesse humaine normale dure entre 8 et 9 mois, or celle d'Isabella a duré moins de 4 mois. »

Le silence revint encore, bien plus lourd que tout ce qu'il avait pu être jusqu'alors.

Tous les témoins rassemblés par les Cullen portaient la même expression mêlant déception, tristesse et rage. Le sentiment de trahison transpirait de partout, et il était clair aux deux assemblées que personne ne défendrait les Cullen pour une telle entorse à la loi, quand bien même celle-ci n'était pas directe.

Aro lança un regard éloquent à Carlisle qui semblait atterré. Le blond lui renvoya un regard perdu, et triste, si triste. Aro n'en éprouva pas le moindre remord. Pour lui, Carlisle jouait depuis trop longtemps avec les humains, reniant sa nature, et voilà le résultat.

« Roi Aro, s'avança Rosalie, à la stupeur générale.

– Oui, très chère ?

– Si vous avez eu accès aux souvenirs d'Edward, vous devez savoir, alors, quelle position j'ai toujours défendue.

– En effet, ma chère enfant. Vous ne désiriez que le départ de votre famille ou l'éviction d'Isabella afin d'éviter de vous exposer, mais personne ne vous a jamais écoutée. Au lieu de cela, Edward et Alice, qui ont des dons, furent écoutés malgré le danger auquel ils vous exposaient en toute connaissance de cause. »

Rosalie acquiesça, les lèvres pincées. Bella lui lança un regard trahissant son désarroi, mais la belle blonde se contenta de la fusiller du regard, tandis qu'un vampire mâle massif qu'Aro identifia comme étant Emmett, le compagnon de Rosalie, vint entourer les épaules de cette dernière en soutien muet.

« Rose... tenta la brune.

– Tais-toi, Bella, claqua Rosalie. Non contente de bafouer les lois, tu as toujours repoussé les limites, n'écoutant jamais... Et toi, Edward ! Ton égoïsme va vraiment finir par tous nous condamner, je l'ai toujours dit ! Pourquoi personne ne m'écoute jamais ? Peu importe... Je refuse cela. Si vous devez me détester pour le reste de l'éternité, qu'il en soit ainsi.

– Quelle est ta volonté, Rosalie, fille de Carlisle ? demanda solennellement Aro.

– Je souhaite éviter la mort de chacun des membres de mon clan, à l'exception de Bella, car je crois que peu importe ce qui pourra être dit, vous ne l'épargnerez pas, n'est-ce pas ?

– En effet, gronda Caïus en s'avançant également. Cette petite est à peine transformée, et au fait de nos lois, qu'elle les bafoue en toute connaissance de cause ! Son père humain sera exécuté, le plus rapidement possible toutefois puisqu'il est innocent dans cette affaire, mais il ne peut rester en vie.

– Non ! protesta vigoureusement Bella. Pas Charlie ! S'il-vous-plaît, il ne sait rien ! »

Marcus leva la main, tuant dans l'œuf toute protestation. Il était si rare qu'il participe volontairement que personne n'aurait eu l'idée de le contrarier.

« Des règles strictes furent établies, prononça-t-il de son habituel ton morne qui, ici, revêtait une allure solennelle. En tant que vampires, nous sommes des êtres animés de passions violentes, et il est toujours possible d'établir un dialogue, de trouver des circonstances atténuantes, de réparer, de trouver des compromis... Néanmoins, quand il y a récidive, la sentence se doit d'être ferme et implacable. La loi doit être appliquée, et les mesures punitives exécutées. »

Le roi avait parlé, et personne ne le contredit, car il disait vrai. Certes, les Volturi manipulaient plus qu'à leur tour, mais chacun le savait et s'y préparait en conséquence. Cela faisait partie des règles du jeu de leur éternité.

Toutefois, il était arrivé que des opposants aux Volturi s'en sortent sans dommage. À l'exception d'une conversation parfois houleuse et tendue, certains n'avaient véritablement rien eu, car ils avaient eu de véritables circonstances permettant un pardon, et la possibilité de réparer ce qui avait été fait.

C'était rarissime, oui, mais pas isolé non plus.

Et la dernière situation en date restait encore celle de cette humaine Isabella Swan — à l'époque — qui aurait dû être sommairement exécutée ou transformée, mais qui avait eu la jouissance de retrouver sa famille humaine et de pouvoir choisir librement la date de sa transformation. Dans les deux assemblées, aucun autre n'avait eu un tel privilège.

Et les Cullen osaient se plaindre ?!

« Aro, Caïus, Marcus... murmura Carlisle, bouleversé. N'avons-nous pas été amis ? Ne le sommes-nous pas toujours ?

– C'est toi, Carlisle, qui obéis aveuglément à tes créations et qui ne sais pas t'imposer, contra Caïus. Quand bien même il s'agit de ceux qui sont doués, cela ne rend pas les arguments des autres moins valides. Que je sache, l'humaine désirait être transformée, quelle était ta raison pour t'y opposer ?

– Ce... Ce n'était pas là le désir d'Edward que de condamner Bella à une telle existence...

– Pensais-tu vraiment qu'avec mon don, je ne l'aurais jamais appris ? demanda Aro avec une étonnante douceur, presque attendri de la candeur du blond.

– Je... J'avoue ne pas y avoir pensé... Je... Ma volonté n'était pas, et n'a jamais été, même, de m'opposer à vous. Je voulais juste le bonheur de ma famille, rien d'autre. Ensuite, tout s'est enchaîné très vite, et j'ai eu peur, avec les menaces pesant sur Nessie, comme elle était accusée d'être une Enfant Immortelle, j'ai eu peur, alors j'ai écouté mes enfants, oui, j'ai écouté Alice qui nous a conseillé de rassembler des témoins, pour assurer que ma petite-fille est une hybride, et non une création taboue.

– Qu'en est-il de la violation de nos lois avec Isabella humaine, et maintenant son père humain ? intervint Caïus.

– Eh bien, je pensais que comme Bella est des nôtres maintenant, et comme Aro a laissé faire... Quant à Charlie, il ne sait rien. Il a dit qu'il préférait ne rien savoir, et juste pouvoir continuer à profiter de sa fille et de sa petite-fille sans savoir réellement. Il était secoué de voir Jacob se transformer en loup devant lui, alors ensuite, même s'il a vu la différence, il n'a jamais rien demandé. Même quand cela lui fut proposé, il a refusé en bloc.

– « Même quand cela lui fut proposé, » dis-tu ? releva Caïus. Vous avez donc envisagé de lui avouer la vérité et de violer nos lois ? »

La question n'en était pas une, et tout le clan Olympic pâlit. La pâleur surnaturelle des vampires semblait presque foncée à côté de l'aspect cadavérique qui les avait pris, soudain.

La suite ne fut pas une surprise.

Irina fut épargnée de justesse car les Volturi, désirant se montrer magnanimes, reconnurent publiquement que bien d'autres auraient pu s'y laisser tromper à sa place. Néanmoins, les loups ayant tué Laurent ne furent pas inquiétés d'une quelconque vindicte, car ils n'étaient pas soumis aux lois des vampires, et il fut officiellement interdit à Irina de chercher à se venger.

Ce serait sa punition pour avoir rapporté une fausse information, en plus d'un avertissement ; à la prochaine incartade, la royauté ne serait pas aussi clémente.

L'ordre d'exécution de Bella fut donné, de même que pour Edward, jugé responsable des décisions prises, ainsi que Carlisle, en tant que chef de clan qui n'avait su guider ses créations. Esmé demanda alors la mort, ne souhaitant survivre à son époux, ce qui lui fut accordé.

Toutefois, avant qu'Edward ne soit exécuté, les loups grondèrent, et Edward, à la demande des rois, servit de traducteur, une dernière fois.

« Les loups souhaitent que Charlie Swan soit épargné. Il est un ami d'enfance du père de l'un des loups, et n'est au courant que de l'existence des loups, pas des vampires. Et même pour les loups, il n'est au courant d'aucun détail, il a juste vu Jacob se transformer, mais rien d'autre. Il a refusé toute explication et n'en a donc reçu aucune. »

Aro poussa un soupir, de même que Caïus. Marcus, lui, demeura neutre, comme à son habitude. Il avait dit ce qu'il avait à dire, il laissait le soin à ses frères de gérer cette affaire.

« Est-ce vrai, Aro ? demanda Caïus.

– Oui, répondit son frère. Charlie Swan n'est en effet que peu curieux, il semble préférer la tranquillité, contrairement à sa fille.

– Dans ce cas, si les loups s'engagent à ce que Charlie Swan reste sous leur autorité et ne quitte jamais la région, ni ne tente d'en apprendre davantage, alors il me semble qu'il peut être épargné. Tant qu'il ne sait rien de notre condition, il peut rester en vie et humain.

– Qu'en pensent nos pairs ? »

En posant cette question, Aro s'assurait d'autant plus de fidélité de la part de ses sujets, car il ne les mettait pas à l'écart, mais au contraire les faisait participer activement.

Fort heureusement, les témoins agréèrent à la proposition du roi Caïus. Charlie Swan fut donc déclaré propriété des loups, et devant rester sous leur responsabilité. Des gardes Volturi resteraient à surveiller de loin que leur ordre soit respecté, le temps de la vie humaine du shérif de Forks.

Là-dessus, Edward rejoignit son épouse et ses parents sur le bûcher et brûla promptement, devant les yeux horrifiés d'une Renesmée pleurant à chaudes larmes.

Une fois cette décision prise, il fut décidé pour le reste des Cullen que Rosalie et Emmett seraient épargnés, et un avis de recherche fut lancé sur Alice et Jasper, toujours aux abonnés absents. Leur peine serait choisie en fonction des découvertes que les Volturi feraient en les interrogeant, mais la mort serait certainement le choix fait, ne serait-ce qu'à cause de la potentielle dangerosité du couple que les rois refusaient de sous-estimer.

Rosalie songea que si Alice n'avait vu un tel dénouement, c'était certainement parce qu'elle avait mésestimé le don d'Aro, ainsi que la présence des loups et de Nessie qui avaient toujours altéré ses visions.

Concernant les loups, justement, Renesmée fut, au même titre que son grand-père maternel, épargnée et déclarée comme leur appartenant, car compagne de l'un des Quileutes.

Néanmoins, étant à moitié vampire, elle tombait en partie sous leurs lois, et les rois ordonnèrent un droit de mise sous observation, afin de vérifier que le secret était préservé, et voir comment la petite hybride évoluait, là aussi au même titre que pour Charlie Swan.

Parmi les témoins rassemblés, personne ne s'opposa aux sentences, considérant même cela juste ; après tout, les Volturi avaient été particulièrement cléments une première fois en Italie en laissant l'humaine Bella repartir sans dommage, et voilà que les Cullen défiaient à nouveau l'autorité ! Et en plus, les Volturi faisaient preuve de compassion en épargnant une partie des Cullen et le père humain de celle qui avait violé leurs lois.

Les Denali furent particulièrement bouleversés, entre Irina qui se sentait coupable et qui portait à la fois le deuil de Laurent, Tanya qui avait toujours eu une attirance envers Edward, Eleazar et Carmen qui étaient très proches de Carlisle et d'Esmé... Seule Kate semblait un peu moins affectée, peut-être parce que les bras de Garrett la soutenaient sans faillir.

Seuls les roumains Vladimir et Stefan semblaient déçus, mais cela n'étonna personne, pas même le camp adverse : leur haine ancestrale des Volturi était bien connue de leur communauté. Cependant, aucun des deux ne tenta quoi que ce soit.

Rosalie, dans un élan maternel, demanda l'autorisation à séjourner auprès des Quileutes et de Renesmée avec son compagnon, ce qui lui fut accordé par les rois : ils ne voyaient pas de raison de décider du lieu de séjour de leurs sujets ; néanmoins, bon nombre de loups grondèrent sourdement, peu enclins à tolérer cela après avoir vu le dénouement des événements.

Une fois les Volturi partis avec leurs témoins, ceux rassemblés par les Cullen se dispersèrent à toute allure, peu enjoués à l'idée de demeurer auprès des dernières créations de Carlisle encore en vie, malgré tout l'attachement qu'ils avaient pu nouer pour la petite Nessie.

Tout le respect que Carlisle avait pu accumuler au cours de tous ses siècles d'existence s'était écroulé comme un château de cartes en moins de deux heures. Rosalie et Emmett, malgré leur intégrité, étaient toujours des Cullen, et étaient donc devenus indésirables.

Quant à Alice et Jasper, nul doute que leur existence allait devenir très compliquée. Tous seraient prêts à les dénoncer, à présent.

Restés ensemble, les loups faisaient face à Rosalie et Emmett, tandis que Renesmée, toujours perchée sur Jacob, pleurait à chaudes larmes sans discontinuer depuis que ses grands-parents et ses parents avaient brûlé vifs sous ses yeux horrifiés.

Malgré sa tristesse et celle de Nessie, Jacob n'avait pas bougé, son instinct de protection à l'encontre de son imprégnée se révélant bien plus puissant que son désir de se battre pour sa meilleure amie et la famille de vampires à laquelle il avait, malgré tout, fini par s'attacher.

Le loup noir qu'était Sam Uley s'éloigna alors pour se cacher derrière un arbre et revint en tant qu'humain, uniquement vêtu d'un short ayant connu de meilleurs jours.

« Je crois que vous devriez partir, maintenant, Cullen, lâcha-t-il sans animosité. Je n'ai aucun désir de revoir d'autres vampires après cette journée.

– Mais... Et Nessie ? demanda Rosalie.

– C'est à Jake de prendre sa décision, soupira Sam, tandis que Jacob se transformait pour prendre Nessie dans ses bras. Nous ne sommes plus de la même meute, après tout.

– Personnellement, je ne veux que le bien de Nessie, assura Jacob en berçant la petite cramponnée à son cou. Si votre présence lui cause plus de mal que de bien, alors partez. Sinon, vous pouvez rester avec nous.

– Rose ? hésita Emmett.

– Je veux rester avec Nessie, assura la belle blonde. Je suis sa tante, et elle a besoin de sa famille auprès d'elle. Je te crois, cabot, quand tu prétends ne vouloir que son bien, mais tu n'as pas nos moyens pour assurer son bien-être, sur le plan matériel, ni même parental.

– En fait, si, contra Jake. Déjà, je serai ce dont mon imprégnée a besoin. Je serai son père, son frère, son amant, en fonction de son âge, de ses besoins et de ses désirs. Et Leah pourra parfaitement être une présence féminine pour elle. Et il y a Sue, la mère de Leah et Seth, sans oublier Charlie pour le côté parental. Ensuite, Bella m'a laissé des affaires dans le sac de Nessie pour qu'on se refasse ailleurs au cas où ça tournerait mal, avec des faux papiers d'identité, un compte bancaire, et une destination au chaud, loin des destinations prisées des vampires. Donc techniquement, je n'ai pas réellement besoin de toi, blondie. »

Rosalie, comme les autres, en resta estomaquée un instant.

« Et...

– Tu comptes partir ? coupa Sam.

– Je ne sais pas, soupira Jacob. Tout ce que je sais, c'est que Leah et Seth sont sous ma responsabilité, mais aussi que la voyante ne peut pas avoir de visions de nous, qu'il s'agisse des loups ou de Nessie. Vu comment elle a merdé cette fois, je refuse de lui laisser la moindre chance de nous trouver en restant à la Push.

– Mais vous n'êtes pas à l'abri du don de Demetri, rappela Rosalie.

– C'est qui celui-là, déjà ?

– C'est le traqueur des Volturi. Il est âgé de plusieurs siècles et a autant d'expérience de combat, et son don consiste à pouvoir retrouver n'importe qui, même à l'autre bout du monde, pour peu qu'il ait déjà croisé la personne qu'il cherche. Seule Bella était immunisée à son don. »

Jacob poussa un nouveau soupir. Ça allait devenir une habitude, à force ! Sérieusement, depuis quand sa vie était-elle devenue un tel merdier ? Question idiote. Depuis Bella, bien sûr.

« Dans ce cas, je pense qu'on a besoin de se reposer, déclara-t-il. La journée a été rude pour tout le monde, alors je pense que manger et dormir ne sera pas du luxe avant de prendre une décision. De toute façon, les Volturi ne vont pas revenir demain, Alice et Jasper nous ont visiblement lâchés, la voyante a dû voir ce qui est arrivé et a préféré protéger son compagnon, et moi, personnellement, j'en peux plus. Donc on va se reposer, et on verra tout ça quand on aura l'esprit un peu plus clair. »

Les loups approuvèrent à l'unisson ces paroles, Emmett et Rosalie acquiescèrent en silence, tandis que Nessie restait blottie tout contre son loup, ses larmes s'étant finalement taries, elle avait fermé ses yeux rouges et gonflés de chagrin et se laissait porter par son Jake.

Les jours suivants furent tendus, surtout quand il fallut expliquer le décès de la moitié des Cullen à un Charlie épouvanté de la perte de sa fille, et la disparition d'Alice et Jasper. Naturellement, aucun détail ne lui fut réellement donné, mais Charlie comprit qu'il ne s'agissait pas d'un accident, malgré la version donnée au public qu'était la ville de Forks.

Les enterrements se firent à tombeau fermé, puisqu'il ne restait que des cendres, et beaucoup de monde était présent : des lycéens, des médecins de l'hôpital, des patients du docteur Cullen, des collègues de Charlie, les Quileutes, Rosalie et Emmett, tout le monde était affecté par la tragédie qui s'était abattue sur la famille.

Seuls Jacob et Renesmée étaient absents, pour des raisons évidentes : Nessie était trop âgée physiquement pour exister, elle ne put donc pas se présenter aux obsèques, et Jacob refusait catégoriquement de laisser son imprégnée seule, encore plus dans un tel moment de détresse.

Elle avait besoin de lui.

En raison du nombre important de personnes présentes à l'événement, peu remarquèrent l'absence du meilleur ami de Bella, et le peu qui s'en aperçurent ne firent aucune remarque, pensant seulement que la douleur devait être trop forte et que chacun faisait son deuil à sa manière. En somme, ils furent compréhensifs.

Seule Angela Weber se permit d'aborder Billy Black à ce sujet.

« Mr Black, excusez-moi... Je ne devrais peut-être pas...

– Non, je vous en prie, miss... ?

– Weber, Angela Weber. Je suis... J'étais une amie de Bella, au lycée. Nous ne parlions pas si souvent ensemble, mais nous nous entendions bien. Elle m'a encouragée dans ma relation avec Ben, aussi, et j'ai essayé de la soutenir quand ça n'allait pas, enfin... Peu importe. Je... »

Elle prit une grande inspiration, comme pour se donner du courage.

« J'ai remarqué que votre fils, Jacob, n'était pas là.

– Oh, je... Il...

– Ne vous inquiétez pas, je comprends, lui sourit Angela avec douceur. Cela doit être difficile pour lui, n'est-ce pas ? Bella m'avait parlé de lui, et de leur relation. Ils étaient très proches, alors je comprends qu'il ne préfère pas avoir affaire à autant de monde... Juste... Pourriez-vous lui adresser mes condoléances ? Et... Je lui souhaite de se remettre au mieux, j'espère qu'il prendra soin de lui.

– Je vous remercie, miss Weber, j'apprécie votre attention.

– Non, non, je vous en prie. »

Après les enterrements, Billy alla voir son fils pour lui rapporter les paroles d'Angela. Jacob, bien qu'il ne connaissait pas personnellement la jeune femme, en fut très touché. Comme lui avait dit Bella, Angela était réellement une personne emplie de gentillesse et de bienveillance.


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Eh bien voilà. En espérant que ça vous a plu. Honnêtement, le manque de cohérence, à ce point-là, ça m'a toujours fait tiquer. Pourquoi les Volturi étaient-ils étonnés de voir les Quileutes, vu le don d'Aro ? Son don implique que rien ne peut lui être caché, à moins d'avoir le don de Bella. Et comme il est âgé d'un peu plus de 3000 ans (non, il n'y a pas un zéro en trop), il a eu le temps de maturer (son don, sa vision du monde, son intelligence...)

Bref, c'est pas un gamin comme Edward, qui n'a même pas 100 ans, qui va le vaincre, non ?

Enfin, voilà, je voulais rétablir un peu de cohérence dans cette histoire, ça me turlupinait depuis un bon moment déjà, ça fait du bien d'avoir sorti tout ça.

Des bisous !

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... reviews, please ?