Hello tout le monde !

Ca me fait tellement plaisir de republier, j'ai l'impression que la dernière fois était il y a mille ans. En fait non, pas du tout, c'était seulement il y a trois mois mais les habitudes se prennent vite.

Aujourd'hui, on se retrouve pour un nouveau défi lancé par The White Quill. L'intitulé était plutôt simple : Une histoire sans Hermione et Drago en personnage principaux.

Mais apparemment j'aime me compliquer la vie puisque plutôt que de faire une nouvelle romance mettant en scène deux autres personnages, je me suis lancée dans une aventure que je n'avais jamais expérimenter.

Aujourd'hui, on se retrouve donc dans mon tout premier conte !

Vous découvrirez l'histoire de la création de Poudlard, largement contrefaite. Je m'inspire du canon, évidemment, mais en réinventant complètement l'histoire. Ceux qui connaissent ses origines décrites par JK Rowling dans Pottermore risqueront d'être déroutés, j'ai voulu m'inspirer de son univers pour recréer ses origines à ma façon.

Château enchantés et sorciers fabuleux à la sauce Il était une fois, nous voilà !

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Il était une fois Poudlard


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Il était une fois un royaume mystérieux, peuplé de merveilles féeriques et de dangers redoutables. En ces lieux baignés de magie, un homme, plus que les autres avait été gratifié de dons spectaculaires. Godric Gryffondor avait été élevé dans l'expérimentation de ses talents. Depuis son plus jeune âge, ses parents l'encourageaient à se dépasser en lui enseignant la pratique ancestrale de la magie.

Devenu adulte, Godric avait décidé de mettre ses talents au service de la communauté. Réputé pour ses dons magiques hors du commun, il n'était pas rare que des sorciers fassent appel à lui pour affronter les plus grands dangers. Ainsi était son quotidien. Godric parcourait les landes les plus marécageuses affrontant les démons des eaux. Les terres rocailleuses et leurs dragons protecteurs n'étaient qu'une broutille face aux mages les plus robustes qu'il se devait d'arrêter pour venger l'honneur des malheureux.

Entre deux quêtes, Godric avait pris l'habitude de se reposer dans d'accueillantes auberges, profitant de ce moment pour rencontrer de nouveaux sorciers, apprendre de leurs techniques et leur prodiguer ses précieux conseils. Ce soir-là, sirotant tranquillement une chope d'hydromel, Godric entendit un jeune homme se lamenter sur son sort. Le malheureux était anéanti :

« Ce maudit bâton de bois ne me sert à rien ! geignait-il face à son ami. A quoi bon le manier dans tous les sens pour qu'il ne produise que quelques étincelles. Je ne suis bon qu'à amuser les enfants, soupira-t-il. »

Godric, intrigué par ces paroles reposa sa chope. Le jeune homme avait l'air atterré. Son verre qui flottait maladroitement au-dessus de la table ne laissait aucun doute, la magie coulait bien dans ses veines mais visiblement, il était incapable de la dompter. Son ami tentait de le rassurer, lui disant que tout ce qu'il savait lui avait été enseigné par ses parents mais rien n'y faisait, le pauvre mage n'en voyait ressurgir que de nouvelles douleurs.

« Je n'ai jamais connu mon père, grommela-t-il en secouant la tête. Et ma pauvre mère n'est pas de notre monde, la malheureuse est incapable de préserver son jardin des gnomes les plus sots. Jamais personne ne m'a appris à manier ma baguette. »

Godric, pour qui l'habileté n'avait jamais fait défaut été surpris par son discours. Ses dons étaient connus de tous, son talent sans pareil et son courage indéniable. Merlin l'avait-il doté de pouvoirs supérieurs aux autres sorciers ? Voilà une raison bien simpliste dans un monde aussi merveilleux. Non, Godric ne voulait pas croire qu'un enfant aux apparences aussi banales que les siennes puisse avoir été distingué par le saint des saints.

Mais alors, pourquoi parvenait-il à faire des miracles alors que ce pauvre mage était réduit à vivre comme les moldus, faute de pouvoir se servir de sa force magique ?

Ses parents, là était l'explication, Godric en était persuadé. Toute sa vie, ses chers père et mère l'avaient encouragés, entraînés, poussés à manier à la perfection les dons qu'il avait reçus.

Godric se mit alors à penser à toutes ces personnes qu'il avait rencontrées sur son parcours. Il avait passé tant de temps sur les routes, aider tant que malheureux que ses histoires commençaient à se mélanger. N'était-ce pas seulement parce qu'elles avaient un dénominateur commun ? Qu'on lui demande d'arrêter un terrible feudeymon ou qu'il doive redonner son apparence humaine à un enfant métamorphosé en grenouille, la raison de sa venue était la même : un malheur que la magie avait créé après une mauvaise utilisation.

Il vint alors à se dire que si ces personnes avaient été, tout comme lui, mieux formées, elles auraient pu éviter ces catastrophes et alors, paix et sérénité régneraient sur le monde magique.

L'idée, qui jusqu'alors semblait l'avoir guidée sans l'illustrer devint limpide. Sa quête ultime, celle qui réglerait tous les tracas quotidiens de ses paires était là : il devait créer une école pour former tous les apprentis sorciers à maîtriser leurs pouvoirs.

Si sa bourse était remplie d'or et son esprit bourré de détermination, ses espoirs rencontraient de nombreux obstacles.

Lorsqu'il contait ses ambitions dans les auberges, son auditoire se montrait méfiant. Godric avait une réputation de bagarreur et peu de parents étaient enclins à confier leur tendre progéniture dans les mains de cet homme.

Ne souhaitant pas abandonner son projet pour si peu, il se mit en quête de trouver des compagnons d'aventures, des sorciers aussi persuadés que lui du bien-fondé de son projet. A plusieurs, leur force serait décuplée et leur détermination viendrait à bout des craintes de la population.

Peu de temps plus tard, une femme du nom d'Ermengarde Serdaigle lui parla de sa cousine, une dame remplie de sagesse, au goût prononcé pour l'érudition qui ne désirait que transmettre sa passion.

Godric dû traverser tout le royaume pour trouver cette sorcière. Lady Serdaigle, fille du marquis et de la marquise de Wisedull, comtesse douairière du domaine de La Fauconnerie, lui fit les meilleures impressions. Leur rencontre fut des plus spirituelles. Rowena, qui vivait dans la solitude depuis la disparition de sa fille, était plus qu'encline à poursuivre la quête du jeune homme.

Et ainsi, Rowena Serdaigle devint sa compagne de route.

Ensemble, ils se mirent à la recherche d'une troisième et dernière personne pour sceller ce projet devenu commun.

Ils voyagèrent pendant près de deux ans, constituant petit à petit les fondations de leur rêve, avant de trouver la perle rare.

Une nuit de tempête, Rowena et Godric cavalaient à travers l'orage. Les chevaux, effrayés par les éclairs partirent au galop, expulsant de leur monture leurs cavaliers. Rowena, plus vive que la lumière, sortit son bâton magique pour amortir leur chute. Si grâce à sa technique irréprochable ils n'étaient pas couverts de bleus, ils furent tout de même trempés jusqu'aux os et sans compagnon pour soulager leurs efforts.

Transits de froid et affamés, Godric et Rowena marchèrent de longues minutes en tentant de trouver refuge. La pluie était si dense qu'ils peinaient à voir leurs pieds. Le bruit de l'orage était si assourdissant qu'ils n'auraient pu entendre crier à plus de deux mètres. Il ne leur restait plus qu'à tenter de sentir l'odeur du feu de bois et prier pour que leur flair les guide jusqu'à un hôte avenant.

Lorsque les premières lueurs de l'aube tentèrent d'éclaircir le ciel, Merlin sembla répondre à leur appel. L'odeur du pain chaud faisait frémir leurs narines, leur apportant le réconfort d'un espoir de paix dans ce froid tempétueux.

Cachant leurs baguettes au fond de leur sac, ils toquèrent à une large porte de bois, où une petite femme rondelette, d'apparence forte avenante les accueilli, tout sourire.

Ravie de pouvoir secourir ces voyageurs, elle leur fit couler un bain et leur constitua une paillasse confortable près du feu pour qu'ils puissent terminer leur nuit. Elle leur apprit qu'elle était boulangère et leur promis le meilleur des pains à leur réveil.

Le soleil était déjà à son apogée lorsqu'ils se réveillèrent, chassant de ses rayons les affres de l'orage.

La promesse de leur hôte fut au rendez-vous, le pain le plus merveilleux qu'il leur avait été donné de déguster se trouvait sur la table. Godric, enivré par le fumet délicat du froment la pria de lui révéler son secret mais la boulangère ne lui répondit que d'un petit rire dissimulé.

La tempête avait été rude et, si Godric ne semblait reprendre son souffle que pour croquer avidement dans la mie, Rowena se faisait plus silencieuse. Elle chipotait dans son assiette, toussant de plus en plus régulièrement.

Inquiète qu'elle couve un mauvais rhume, la boulangère leur proposa de rester jusqu'à ce que l'état de la jeune femme s'arrange. Rowena était de mince constitution et,même après plusieurs jours, ne parvint pas à quitter le lit.

Un matin, Godric fut réveillé par les quintes de toux de son amie. Inquiet, il courut à son chevet pour la trouver trempée de sueur et grelottante. Il s'élança jusque dans l'atelier pour demander secours à la boulangère. Il franchit la porte sans toquer, se souciant peu des convenances alors que Rowena était en proie à une violente fièvre. Pourtant, à la seconde où Godric aperçut la boulangère, son corps se figea.

Elle chantonnait gaiement en s'affairant à la préparation de son pain. Autour d'elle volaient joyeusement farine et eau. A sa droite, un poing invisible s'enfonçait dans la pâte avant de la retourner et de répéter inlassablement ce ballet. Godric comprit le secret jusqu'alors inavoué de ce pain si léger, la boulangère était une sorcière et semblait manier à la perfection les sorts de pétrissage.

Pour éviter ses inquiétudes, Godric s'empressa d'aller chercher sa baguette, lui montrant à son tour ses talents magiques. Rassurée de ne plus avoir à se cacher de ses hôtes, la boulangère se montra plus aimable encore qu'elle ne l'avait été jusqu'ici.

Elle conduisit Godric jusqu'à l'arrière de la bâtisse où il découvrit un jardin extraordinaire. Mandragores et Snargaloufs cohabitaient paisiblement, entourés de dictames et autres champifleurs. Godric était fasciné, jamais il n'avait vu une telle plantation magique dont la majorité des espèces lui étaient inconnues.

La boulangère se révéla être une excellente botaniste, capable de préparer une décoction si efficace de Rowena se remit de son mal en quelques heures.

Elle leur confia ses dispositions particulières en magie ainsi que sa crainte d'être découverte par ses voisins moldus. Impressionnés par cette femme pleine de ressources, Godric et Rowena virent en elle la partenaire idéale. Il ne fut pas aisé de la convaincre. Elle était fortement attachée à sa boutique et soucieuse d'être moins talentueuse qu'eux. Pourtant, son altruisme était tel qu'elle ne put qu'accepter en comprenant le nombre de familles qu'elle pourrait aider.

Et ainsi, Helga Poufsouffle intégra la joyeuse équipe.

Enfin réunis, ils sentirent le projet gravir un nouvel échelon vers son achèvement. Si Rowena et Godric avaient longtemps discuté des méthodes d'enseignement qu'ils aimeraient prodiguer, la question du lieu était longtemps restée en suspens, pensant qu'il était trop tôt pour se projeter dans le concret.

Si Helga leur apportait la chaleur rassurante de sa bienveillance, elle leur fit également comprendre qu'un cocon douillet sera indispensable à l'épanouissement de leurs apprentis sorciers.

Rowena se souvint alors d'une propriété que possédait son père, perdue dans entre les landes et les lochs. Enfant, elle y passait de nombreuses vacances, marchant des heures durant dans les grandes étendues d'herbes, foulant les dalles de pierre du château branlant.

Laissé à l'abandon pendant des décennies, le domaine aurait besoin de nombreux travaux de rafraîchissement mais une chose était sûre, aucun lieu ne serait plus merveilleux que le domaine de Poudlard pour les accueillir. Rowena, convaincue que son père acceptera facilement de le lui céder, n'attendit pas plus longtemps pour lui envoyer un hibou.

Malheureusement, Mr Wisedull n'était pas si enthousiasme que le pressentait sa fille. Désapprouvant son départ soudain, il lui répondit par une beuglante, affirmant que son enfant était inconsciente de se laisser porter dans un tel projet, avec un inconnu de surcroît, sans même l'en avoir informé. Il exigeait qu'elle rentre à la maison sur-le-champ.

Rowena était anéantie. Le soutient de son père, duquel elle avait toujours été très proche, était pour elle indissociable de sa réussite. Attristée par cette nouvelle, elle se voyait déjà plier bagage pour retourner auprès de sa famille, laissant ce rêve devenu sien entre les mains de ses deux compagnons de voyage.

Mais Godric ne voulait rien entendre. Ragaillardi par sa hardiesse et particulièrement buté, il se mit en tête de traverser tout le royaume pour retrouver Mr Wisedull et le convaincre du bien-fondé de son projet. S'il n'acceptait pas de laisser sa fille continuer sa destinée, il le provoquerait en duel.

Helga, bien plus raisonnée, suggéra une approche plus douce. Si Mr Wisedull était si proche de sa fille, il comprendrait certainement son désir de continuer son projet. Il ne restait plus qu'à Rowena de le convaincre en usant des mots les mieux choisis.

Ensemble, elles mirent plus de trois jours à constituer la lettre parfaite, expliquant entre raisons et sentiments leur attachement profond pour ce qui deviendrait le second foyer de tous les sorciers du royaume.

Helga avait vu juste. Mr Wisedull, bien qu'emporté par la crainte de perdre sa chère enfant, restait un homme de raison. Il accepta de céder sa terre à une seule condition. Si Rowena devait s'acoquiner de nouvelles fréquentations, soit, mais pas sans surveillance.

Il y avait dans le village des Wisedull une autre famille des plus puissantes. Connus pour leur richesse incroyable due à leur immense élevage de serpents cornus, les Serpentards étaient les premiers fournisseurs de cornes pour baguettes. Ils faisaient partie des sorciers les plus crains et respectés du pays. Chaque mage ne pouvait que connaître ce nom qui résonnait de tintement de craintes et de soubresauts de respect.

Sébert Serpentard, duc de l'Anguis, vieil ami de Mr Wisedull, avait un fils à la réputation aussi solide que celle de son père. Au regard des Wisedull, il n'y avait pas meilleur compagnon de route que le jeune Salazar Serpentard pour accompagner leur fille.

C'est ainsi que Salazar Serpentard rejoignit les trois comparses sur les terres de Poudlard.

Rowena, qui connaissait de longue date le jeune homme n'était pas rassurée par sa venue. Si ses prouesses magiques étaient indéniables, Salazar restait une personne froide, élitiste et inquiétante. Toujours entouré de ses reptiles, il avait la voix aussi traînante celle d'une vipère. Il semblait les contrôler ses compagnons d'écailles au simple son de sa voix, alors qu'il se mettait à baragouiner dans une langue aussi étrange qu'angoissante.

Rowena avait mis Godric et Helga en garde : Salazar pouvait être aussi charmant que ténébreux.

A son arrivée, ce ne fut que de son premier tempérament que Salazar se présenta. Il s'avéra être un homme des plus courtois, montrant certes une haute estime des convenances, mais semblait aussi doté de pouvoirs extraordinaires. Godric en était convaincu, avec lui à leurs côtés, leur entreprise s'achèvera sans crainte.

A force de sortilèges les plus complexes et de travail acharné, le château fut sur pied en moins de deux ans.

Durant leurs premières années en duo, Rowena et Godric avaient imaginé organiser leur école en plusieurs maisons, chacune représentant des qualités différentes mais, toutes indispensables à la bonne réussite d'une société sorcière.

Salazar proposa le nombre de quatre, une pour chacun d'entre eux, à l'image de leurs talents.

Ainsi, Gryffondor accueillerait les braves et courageux.

Serdaigle prendrait les sages et les érudits sous son aile.

Poufsouffle ouvrirait sa porte aux plus loyaux et modestes.

Et Salazar, qui avait des rêves de grandeur, sélectionnerait les plus fiers et ambitieux.

Helga eut l'idée d'ensorceler un artefact pour qu'il lise en chaque élève son caractère et lui permette ainsi de développer ses qualités au sein de ses paires.

Godric dégagea son inséparable couvre-chef de sa chevelure flamboyante. Posé sur la tête de chaque élève, son chapeau serait en mesure de définir leur meilleur choix.

Après des semaines de travail conjoint et acharné, le sortilège fut prêt. Quatre baguettes se dressèrent sur le majestueux couvre-chef, psalmodiant les subtilités de l'enchantement.

Fiers de leur exploit, les quatre amis décidèrent de fêter leur réussite dans la plus vaste salle du château, celle qui servirait bientôt de réfectoire. Le vin des elfes coula à flots et rapidement, Rowena et Godric allèrent se coucher, se soutenant maladroitement, ne sachant pas qui des deux déséquilibrait le plus l'autre. Helga dormait déjà depuis longtemps sur la table, son souffle profond faisant trembler le liquide carmin qui emplissait les coupes.

Seul Salazar restait plus frais et alerte qu'un jeune homme, n'ayant qu'avalé une maigre gorgée du breuvage. Il profita de la situation pour s'introduire discrètement dans la chambre de Godric alors qu'il dormait à poings fermés. Il attrapa son chapeau et murmura un sortilège avant de s'enfuir aussi rapidement et furtivement qu'il était arrivé.

Les jours suivants furent consacrés au recrutement de professeurs pour instruire les jeunes élèves. Petit à petit, la nouvelle de cette école s'était répandue dans tout le royaume et des hiboux affluaient sans cesse, certains se proposant pour aider, d'autres pour exprimer leur crainte d'un tel projet.

Au milieu de l'été, Rowena ensorcela un millier de plumes et Helga dénicha tout autant de hiboux. Le message était simple, chaque sorcier, entre onze et dix-sept ans, était invité à se présenter devant les portes de Poudlard le premier matin de septembre.

Ce jour arriva plus vite que prévu et si l'école était en état de marche, de nombreux dysfonctionnements ne tardèrent pas à se faire savoir. Ayant mal anticipé l'afflux de jeunes sorciers, les quatre amis se virent vite débordés devant le nombre grandissant de jeunes hommes et jeunes femmes se présentant devant les grilles du château.

Une fois admis à l'intérieur, le chapeau magique de Godric ne savait plus où donner de la tête. Il était plus de minuit lorsque la répartition prit fin.

Les Gryffondors dominaient largement l'assemblée, suivi de près par les Serdaigles. Si la table des Poufsouffles semblait plus modeste, elle restait tout de même plus garnie que celle des Serpentards. Une petite trentaine d'élèves seulement y demeuraient imperturbables, semblant analyser chaque faits et gestes de leurs pairs, ne s'adressant que des regards aussi fuyants que méprisants.

Salazar jubilait. Sa maison faiblement occupée ne signifiait qu'une chose : son sortilège avait fonctionné. Devant lui se dressaient la fine fleur de la jeunesse sorcière. Des élèves, dignes représentants de lignées plus pures que la neige, se toisaient déjà calmement. La compétition avait commencé et nul doute n'occupait Salazar, dans toutes les disciplines, les Serpentard vaincraient.

Si les premières semaines furent plutôt chaotiques, la routine commença à s'installer après un petit mois. Les élèves cernèrent rapidement les enjeux de l'école et, comme Salazar l'avait prédit, la compétition n'avait pas tardé à s'installer.

Sur le terrain de Quidditch, les joueurs s'affrontèrent déjà, arborant fièrement les couleurs de leurs maisons. En classe, le mérite revenait à ceux qui apporteraient les réponses les plus justes. Et dans les couloirs, farces en tous genres et complots secrets étaient devenus monnaie courantes.

Si Salazar désapprouvait grandement ces démonstrations de jeunesse, Godric était plus que ravi. La jovialité cohabitait avec la connaissance et l'expérimentation des talents. Une chose était sûre, la société sorcière telle qu'ils l'avaient connus venait de prendre un tournant radical.

L'ambiance générale était au beau fixe mais, tous s'accordaient à dire qu'une maison leur donnait plus de fil à retordre. Les Serpentards, bien que mielleux et polis en façade, étaient loin d'être des enfants de chœur. Les professeurs s'indignaient de leurs regards condescendants et des bourses d'or glissées sur le bureau en lieu et place des devoirs à rendre. Certains élèves se plaignaient de brimades et de mauvais tours.

Lorsqu'on cherchait Salazar pour se plaindre de ses élèves, il demeurait presque toujours introuvable. Se mêlant très peu aux occupants du château, il semblait disparaître durant des heures avant de mystérieusement réapparaître dans les lieux où on l'attendait le moins.

Lorsque le mois de juin s'acheva et que les premiers parents virent récupérer leurs enfants, Poudlard retrouva son calme des premiers instants. Ses fondateurs, fiers de cette première réussite s'accordèrent des moments de repos, profitant de la pause estivale pour retrouver familles et vieilles connaissances dans leurs fiefs d'antan. Seul Salazar souhaita rester à demeure, arguant qu'il serait gardien des lieux durant leur absence.

Libéré de tous les regards, Salazar n'était pas plus présent dans les couloirs que durant l'année scolaire. Chaque soir, il réapparaissait mystérieusement dans ses appartements, s'endormant du sommeil du juste avant de retourner à ses desseins aux premières lueurs du jour.

Lorsque Septembre refit surface, des élèves deux fois plus nombreux apparurent aux grilles du château. Poudlard avait fait ses armes, sa réputation, en une année seulement, s'était grandement améliorée. Les prouesses magiques des enfants à leur retour estival encouragèrent les parents à vanter les mérites de cette école qui, dans tout le royaume, résonnait déjà comme une évidence.

Les joies des retrouvailles suppléèrent le cérémonial de la répartition. Cette année encore, Serpentard ne semblait convenir qu'à peu de sorciers et seulement une dizaine rejoignit les rangs verts et argents.

Il en fut ainsi l'année qui suivit, elle encore celle d'après. Les fondateurs commencèrent à s'interroger au sujet de la maison de Salazar. Ses élèves, plus fourbes d'année en année semblaient acquérir des talents que les autres élèves ne possédaient pas. Ils manient une forme de magie inquiétante et si terriblement envoûtante qu'elle les sépara encore un peu plus du reste de l'école.

Pourtant, chaque maison recevait le même enseignement, cela avait même fait l'objet d'une vive discussion entre les quatre amis.

Helga, qui cherchait en chaque âme la bonté dont elle était gratifiée, arguait que cela était certainement une mode. Un élève devait avoir appris de nouveaux sorts auprès de ses parents qu'il s'était empressé d'enseigner à ses camarades. Le folklore n'était que l'effet de la nouveauté et ne tarderait pas à disparaître.

Godric, plus méfiant, craignait que quelque chose de sombre ne se trame. Quelque chose qui mettrait en péril l'œuvre de sa vie. Les absences continuelles de Salazar et son changement d'attitude lorsqu'il réapparaissait n'avaient rien pour le rassurer. Partageant ses craintes avec Rowena, il parvint à la convaincre de l'aider à mener l'enquête.

Ils se relayèrent pour suivre Salazar aussi discrètement que possible mais ce dernier disparaissait toujours mystérieusement au détour d'un couloir ou d'un autre, comme s'il s'était volatilisé. Lorsqu'ils s'approchaient du but, les élèves de Serpentard, aussi futés que lui, leur mettaient des bâtons dans les roues en interceptant leurs manigances à grand renfort de flatteries.

Il y avait dans l'attitude de Salazar quelque chose de différent. Sa voix, déjà traînante il y avait quelques années, semblait aujourd'hui s'apparenter à un simple sifflement. Sa démarche devenait désarticulée, comme si ses os avaient fusionné avec ses muscles, lui donnant l'air souple d'un animal marin barbotant en pleine mer.

Après plusieurs semaines de recherches infructueuses quant à ses activités solitaires, Godric et Rowena décidèrent de confronter Salazar à ses propres mystères.

Ils attendirent les vacances de fin d'année et le départ des étudiants pour, au détour d'un dîner aux apparences des plus banales, amener le sujet. Godric, peu connu pour sa subtilité, interrogea de but en blanc Salazar :

« Salazar mon ami, voilà des années que nous permettons à des jeunes étudiants d'apprendre à maîtriser leur magie. Nos talents semblent de jour en jour se refléter dans les leurs et nos élèves en sont plus enjoués que jamais. Mais ta maison reste perpétuellement à l'écart de l'euphorie collective. A ton image d'ailleurs, toi qui disparaît si souvent, des jours durant, sans dessein apparent. Salazar, il n'y a pas d'âmes plus chères à mon cœur que celles réunies en ces lieux. Par Merlin, n'instaurons pas entre nous doutes et mystères et éclaire nous, tes plus braves compagnons, de tes projets fomentés. »

Salazar, se doutant certainement que ce jour arriverait, les convainc d'un habile discours. Argumentant aux sujet de ses besoins de solitude, si cher à son cœur étant enfant et si rare dans ces lieux baignés de vie.

Si Godric, préférant croire la sincérité de son ami ne fut pas long à convaincre, Rowena resta plus sceptique, craignant de plus sombres projets. Alors, en solitaire, elle continua son enquête.

Dissimulée derrière une statue non loin des dortoirs des Serpentards, elle entendit quelques-uns s'exprimer de cette si étrange manière que Salazar avait de faire. Leur voix sifflante n'avait plus rien d'humaine et leur langage lui était parfaitement inconnu. Ils semblaient s'exprimer avec la plus grande habileté dans cette langue pourtant jamais enseignée en ces lieux.

Rowena, plus intriguée que jamais, se mit à faire des recherches sur les élèves de Serpentard. Leur nombre était si restreint qu'elle n'eut aucun mal à parcourir leurs passés en seulement quelques semaines. Sa découverte lui glaça le sang.

Salazar, qui avait pourtant montré la meilleure des volontés à son arrivée dans leur groupe, n'avait jamais réellement renoncé à ses convictions passées. Ses élèves, bien que distincts de bien des manières, avaient un point commun. Chacun d'entre eux venaient de longues lignées sorcières, de familles illustres, toutes connues pour cet attrait que Salazar chérissait : la pureté du sang.

Rowena ne tarda pas à en informer Helga et Godric. Si cette dernière était attristée par cette distinction d'origine sociale, Godric était hors de lui. Il se sentait trahi par celui qu'il croyait être son plus cher ami et berné, une fois encore, par ses propos mielleux.

Sans plus attendre, il se rua en direction des appartements de Salazar, ses deux amies sur ses traces. Godric voulait en découdre, sans même chercher à comprendre le raisonnement de Serpentard. Si la sagesse de Rowena ne l'avait pas arrêté, Godric, empli d'une folie que la trahison guidait, aurait certainement provoqué Salazar en duel, sans plus de cérémonie.

Ils tambourinèrent à sa porte close, laissant apparaître un Salazar surpris de cet empressement. Godric, rouge de colère, empoigna son col en le forçant à s'asseoir dans le plus proche fauteuil. Le menaçant de son doigt accusateur, il lui reprocha d'avoir trahi sa confiance, d'avoir instauré un classement d'origine dans son école qui se voulait pourtant si accueillante et tolérante.

Salazar, qui avait vite compris qu'il était inutile de nier, ne se défendit que mollement, arguant que celle école n'était qu'un ramassis de sorciers impurs, ne méritant pas son enseignement. La gloire de la magie devait appartenir à ceux chez qui elle coulait naturellement dans les veines et jamais il ne s'abaisserait à laisser des erreurs de la nature s'affilier à son nom.

Rowena, dans une curiosité presque clinique, lui demanda des explications sur son procédé. Ils étaient tous présents lors de l'ensorcellement du chapeau de Godric, chacun, tour à tour, avait prodigué ses recommandations. Jamais le statut de sang n'avait figuré dans leurs discussions.

Salazar raconta alors comment, une nuit, bien des années plus tôt, il avait subtilisé son chapeau à son maître pour y ajouter ses attentes. Lorsque la rentrée arriva et qu'il reconnut en ses étudiants la progéniture d'illustre sorcier, il sut que son sortilège avait fonctionné.

Godric proclama alors qu'il en était fini de leur amitié. Jamais plus il ne pourrait faire confiance à un être tel que lui, capable de telles bassesses. Il alla jusqu'à la chasser du château, affirmant qu'il n'avait plus sa place dans cette école.

Serpentard répondit d'un ricanement, disant qu'ils ne se débarrasseraient pas aussi facilement de lui :

« Ce château est sous ma coupe ! Alors que vous étiez trop occupés à instruire ces êtres aussi peu valables que de vulgaires moldus, j'ai asservi ces lieux. Chassé moi aujourd'hui, mais je reviendrais demain, plus grand et plus fort ! »

Alarmés par cette nouvelle, les trois amis pointèrent leur baguette en la direction de Salazar qui n'en rit que plus fort.

« Croyez-vous que j'ai à craindre de vos maudits bâtons ? Je connais une magie qui vous dépasse et vous anéantirait plus vite qu'un souffle. Je partirais, n'ayez crainte, mais un jour viendra où mon héritier, présent en ces lieux, réveillera l'horreur qui s'y cache et alors, semi-moldus et autres impuretés seront chassées à jamais ! »

Abasourdis par le rire sépulcral que Salazar lançait avec force, les trois amis mirent quelques secondes avant de faire pleuvoir leurs maléfices dans sa direction. Pourtant, ils semblèrent tous l'éviter et très vite, Salazar disparu devant eux, s'évanouissant dans le fracas des bibelots brisés.

Ils retournèrent la pièce pendant des heures, lançant à tout va des sortilèges visant à lever la désillusion mais rien ne trouva grâce à leurs efforts. Ils finirent par se rendre à l'évidence : Salazar s'était volatilisé.

Très vite, les élèves furent confinés dans leurs dortoirs et tous les professeurs se mobilisèrent pour fouiller le château de fond en comble mais le mage restait introuvable. Les jours se succédèrent et malgré leurs appréhensions, aucun maléfice ne surprit un élève au détour d'un couloir. La silhouette filiforme de Salazar ne réapparut pas.

Si en surface, la vie reprenait son court, laissant l'insouciance regagner ses droits, dans les tréfonds du château, le plan était en marche. Salazar glissait le long des couloirs, attendant patiemment son heure, fomentant ses désirs de vengeance. A travers les canalisations, il entendait les rires des enfants et se délectait de l'espoir qu'ils seront, tôt ou tard, réduits au sérieux et à la dignité que les convenances obligent.

Ses fines lèvres s'étirèrent en un sourire machiavélique et sa langue fourchue ne cessait de frétiller. Passant au détour d'une flaque d'eau, Salazar observa son reflet couler sinueusement sur le sol. Long de plus de dix mètres, recouvert d'écailles poisseuses et les crochets acérés, Salazar avait retrouvé son deuxième corps, celui dans lequel il se sentait le moins vulnérable, celui du Basilic.

C'est dans la quiétude de l'ignorance que des générations de sorciers vécurent en ces lieux, se succédant de parents à enfants pour faire grandir à travers eux, la puissance merveilleuse de la magie. Nul ne se douterait alors qu'un jour, un jeune sorcier aux cheveux plus ébouriffés qu'un saule au vent ne franchirait les abîmes de Poudlard pour y rencontrer celui qui s'était dit un jour, son créateur.

Fin

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Ahhh ! Je sors complètement de mon registre habituel. Je suis partagée entre l'espoir que ça vous plaise et l'impression d'être partie dans quelque chose que je ne maîtrise pas. Mais là est le jeu des défis qu'on se lance et j'espère, au mieux vous avoir fait rêver ou au moins vous avoir diverti l'espace d'un instant.

Merci infiniment à The White Quill qui, encore une fois, sait me remotiver quand la page blanche me guette et surtout m'aider, écrits après écrits, à sortir de ma zone de confort.

Vous m'avez trouvé dure avec elle, vous n'êtes pas prêts à découvrir celui que je m'apprête à lui lancer - elle non plus d'ailleurs - hahah !

Une mention spéciale à mon Monsieur qui a eu l'idée de cette fin qui est complètement hors canon, mais qui se prête plutôt bien à l'univers du conte.

En espérant vous avoir fait revenir en enfance,

A bientôt !