Disclaimer : Sinbad est l'oeuvre de James Dormer, de Russel Lewis et de Jack Lothian.

Résumé : Les membres de l'équipage du Providence étaient tous tombés malade. Anwar les avait soigné avec soin, beaucoup de soin. Sauf qu'à vouloir les guérir, il avait fini par contracter leur maladie lui aussi...

Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : Maladie virale (Aidez votre prochain) + Blessure 4 : Une infection + Défi de Sarah et Voirloup n°76 : Ecrivez sur un fandom dont vous n'avez pas l'habitude (moins de 10 fics) + Situation 211 : Un personnage A tombe malade et un personnage B s'en occupe + Prompt du 20/04/2021 : - Je pourrais mourir pour toi - Encore ?

I need a doctor

Le premier membre de l'équipage à tomber malade fut Rina. Elle n'était pas du genre à se plaindre aussi on ne remarqua son mal-être que plus tard dans le début de soirée. Anwar l'avait pourtant trouvée plus pâle que d'ordinaire mais elle lui expliqua qu'elle avait simplement mal dormi à cause d'un mal de tête. Il n'avait pas poussé la question plus loin mais lui avait fait jurer de venir le trouver si jamais cela perdurait. Ce soir-là, elle mangea peu et peinait à dissimuler les frissons qui la parcouraient. L'étudiant en médecine l'avait auscultée et en avait conclu qu'elle avait attrapé la grippe. Il n'en était pas étonné : la ville où ils s'étaient arrêtés quelques jours plus tôt avait un souci avec une épidémie d'influenza. Par chance, les symptômes que la voleuse affichait ne semblaient pas être exacerbés, même s'il fallait garder un œil sur elle.

Et surtout garder un œil sur les autres.

C'était contagieux, une grippe.

Il avait hélas vu juste. Deux jours après, Tiger tombait malade à son tour, montrant les mêmes problèmes : Une poussée de fièvre, des maux de tête, les muscles douloureux, une toux. Ils se mirent à tomber comme des mouches. Cook et Gunnar le même jour d'ailleurs. Sinbad prit la décision de jeter l'ancre. Ils ne pouvaient pas faire naviguer le Providence dans cet état, pas avec les deux tiers de l'équipage au lit. Et Anwar ne pouvait pas l'aider en plus de veiller sur les convalescents.

- Mais si jamais leurs états s'aggravent ? Lui avait-il demandé alors qu'ils dînaient sur le pont sous la lumière des étoiles.

- Tu es docteur, non ? Ou en tout cas, tu as étudié la médecine.

- Sinbad. Mes moyens sur un bateau sont limités. Si jamais cela vient à s'empirer, cela peut partir sur une pneumonie et hormis quelques remèdes, je n'ai rien pour traiter le problème de fond. Ils auront besoin de soins dans une clinique.

- Je ne peux pas naviguer par moi-même, Anwar. Si c'est pour amarrer, oui, je peux le faire mais manœuvrer le navire seul, gérer les voiles ?

- Je peux t'aider.

- Tu as déjà à faire avec nos malades. Je ne peux pas te demander plus.

Face à la détermination de son ami, le jeune homme finit par céder et, le soir, ils avançaient un peu dans l'espoir de se rapprocher d'une ville en priant pour qu'elle soit équipée si besoin était. Sauf que vers la fin de la semaine, le chef non officiel du bateau se retrouva affligé par la maladie lui aussi.

Anwar était désormais seul, le seul encore valide.

L'ancre était jetée, ils ne bougeaient plus. Lui, il alternait entre ses amis, vérifiant que leur fièvre tombait bien, qu'il n'y avait pas de surinfections, qu'ils s'hydrataient correctement. Quand il n'était pas à leurs chevets, il leur faisait à manger et procédait ensuite au nettoyage du Providence. Désinfecter l'endroit était une priorité. Il gardait un œil sur les provisions. Pour l'instant, tout semblait encore correct mais il se jura que si jamais la situation empirait, les malades avaient la priorité. Ils auraient bien plus besoin d'eau et de nourriture que lui. Quand la nuit s'installait, il sécurisait le navire et veillait sur ses camarades, guettant le moindre signe, le moindre bruit suspect. Il en faisait sans doute trop, il en avait conscience mais il avait cette crainte constante que l'un d'eux ne sombre un peu plus dans la maladie, risquant de transmettre son mal aux autres. Et puis, il n'était pas que leur médecin, il était leur ami. Il devait être là pour eux. Il n'osait pas fermer les yeux de peur de rater quelque chose, de ne pas entendre si quelqu'un l'appelait à l'aide. Pourtant, le matin, il s'étonnait d'avoir réussi à piquer du nez. Il se levait, les muscles endoloris d'avoir dormi assis et préparait les décoctions d'écorce de saule si jamais la fièvre revenait, sans oublier les cataplasmes de bouleau pour aider à dégager les bronches, la tisane de pélargonium. A dire vrai, il se surprenait de trouver le temps de respirer et ce n'était que quand son estomac criait famine qu'il réalisait qu'il n'avait encore rien avalé ou bu.

Gunnar fut le premier à se remettre en raison de sa constitution, puis Rina. Peu à peu, chacun retrouva un semblant d'énergie et le bateau sortit de sa torpeur. Ce n'était pas encore la grande forme mais leurs fronts ne brûlaient plus, les toux s'étaient tues, l'appétit revenait ainsi que les couleurs sur leurs visages.

- Rassure-moi Anwar, tu t'es reposé entre temps ? Lui demanda Sinbad qui émergeait sur le pont pour la première fois depuis sa convalescence

- Assez pour tous vous guérir.


Les gens parlaient autour de lui mais Anwar n'entendait pas grande chose. Il connaissait les mots, c'était juste que son cerveau refusait de les décrypter. Il avait un mal de tête affreux depuis la veille, un qui ne passait pas malgré un sommeil plus régulier depuis que ses patients avaient récupéré. Ses remèdes soulageaient un peu la céphalée mais elle revenait quelques heures plus tard. Il mit cela sur la fatigue accumulée pendant la maladie de ses compagnons de voyage. L'angoisse était retombée, c'était normal qu'il en ressente les effets sur son corps. Il avait aussi plus chaud que d'ordinaire mais le soleil tapant particulièrement fort, il fut un coupable tout désigné. S'il s'était écouté, il serait resté au lit mais il y avait à faire. C'était à son tour de briquer le pont pendant que Sinbad et Gunnar pêchaient, Rina se chargeant de la lessive. Tiger, quant à elle, aidait Cook avec l'inventaire des vivres.

- Anwar, tu nous écoutes ?

C'était la voix de la voleuse. Il releva la tête.

- Oh, excuse-moi, tu disais ?

Elle sembla sur le point de le gronder avant d'étrangement se raviser, l'inquiétude se peignant sur ses traits pour une raison qu'il n'arrivait pas à comprendre. D'ailleurs, tout le monde le remarqua et, après l'avoir regardé, partagea son sentiment. S'il avait été à leur place, il aurait vu sa pâleur, ses yeux brillants et ses cernes. Sinbad s'approcha et s'agenouilla à ses côtés.

- Anwar, est-ce que ça va ? Lui demanda-t-il doucement

- Oui... Oui, ça va.

N'en croyant pas un mot, le marin plaça sa main sur son front et sa mine s'assombrit alors.

- Ce n'est pas beau de mentir. Tu vas aller dans ta cabine et t'allonger.

- Sinbad, je vais bien.

L'étudiant en médecine se leva de sa caisse mais fut pris aussitôt d'un vertige. Aussitôt, l'ensemble des membres de l'équipage était debout. Leur chef, lui, l'avait rattrapé dans un réflexe.

- Je me charge du pont. Offrit immédiatement la chasseuse de primes comme pour soulager la conscience du jeune homme.

- Tu vois ? Plus aucune excuse pour ne pas aller te coucher.

Battu, incapable de répliquer quoi que ce soit, il se laissa mener.


L'état d'Anwar ne s'était pas arrangé le lendemain matin. Assis à ses côtés, Sinbad l'observait dormir, ses yeux teintés d'un mélange d'anxiété et de culpabilité. Il avait passé la nuit avec lui pour le veiller. La fièvre semblait avoir monté et des perles de sueur ornaient le front de son ami. Ses boucles brunes étaient poisseuses, collaient à sa peau. Par moment, il était pris de quintes de toux qui semblaient douloureuses et pénibles. Malgré le feu qui le dévorait, il tremblait de tout son long. La veille, quand il l'avait emmené dans ses quartiers, il lui avait tiré les vers du nez et ce qu'il avait découvert ne faisait qu'en ajouter à la liste des qualités du jeune homme tout comme cela rendait sa honte plus grande.

Anwar n'avait presque pas dormi quand ils étaient malades. Il les avait veillés, attentif à chacun de leurs mouvements, parce qu'il avait peur que cela s'aggrave. Ils étaient dans un espace resserré, une surinfection n'était pas inenvisageable.

Anwar n'avait presque pas mangé. Tellement pris dans son rôle de soignant, il s'était négligé.

Anwar n'avait pas énormément bu, en partie pour les mêmes raisons que pour sa faim mais aussi parce qu'il avait fait du groupe la priorité. Eux, mal-en-points, en avaient plus besoin que lui et il avait voulu voir loin : si jamais ils venaient à manquer d'eau potable ?

Sans compter qu'il avait aussi nettoyé le Providence de fond en comble.

Oui, Anwar avait tout géré seul, s'en était superbement sorti d'ailleurs mais à quel prix ? Une fois au calme et forcé par le marin, il s'était auto diagnostiqué. Il avait contracté la grippe lui aussi. Pour le rassurer, il lui avait dit qu'il l'avait sans doute attrapée en même temps que tout le monde. Les temps d'incubation variaient. Sauf que Sinbad n'était pas idiot. Il avait fouillé dans les rouleaux de l'étudiant. S'il avait été contaminé en même temps qu'eux, il aurait dû tomber malade bien avant. Non, selon toute vraisemblance, s'il était souffrant aujourd'hui , c'était parce qu'il avait été en contact avec eux. Parce qu'il les avait soignés avec un dévouement sans faille. Et parce qu'il s'était oublié en le faisant. Si la maladie se montrait plus virulente avec son ami, c'était parce qu'il était épuisé et son corps ne pouvait pas combattre comme il l'aurait fait dans de meilleures circonstances. Il réajusta la couverture autour de ses épaules avant de remonter sur le pont.

- Comment va-t-il ? Demanda immédiatement Rina en levant les yeux de son assiette

La mine sombre du voleur de Basra valut toutes les réponses.

- Anwar dit qu'il a attrapé la maladie en ville comme nous tous. Expliqua-t-il. Ses rouleaux prouvent le contraire. Il est tombé malade en nous soignant.

- Ce n'est pas de ta faute, Sinbad. Lui dit Gunnar.

Leur tête de proue avait toujours tendance à s'en vouloir quand quelque chose n'allait pas pour ses amis.

- Il s'est épuisé en nous aidant. Reprit-il. C'est pour ça que son corps a du mal à lutter.

- Qu'est-ce qu'on fait ? S'enquit Tiger. A part l'aider, bien sûr, ça va de soi.

- La prochaine ville est à trois jours de bateau si le vent continue à se montrer clément. Les informa Cook

- On s'arrête à la prochaine ville. Décida Sinbad. Nous devons refaire nos stocks d'eau et de nourriture. Pendant la traversée, on se relayera au chevet d'Anwar. On fera en sorte de le soulager au mieux. Cook, tu sais préparer ses tisanes ?

- Et toi, est-ce que tu sais respirer ? Rétorqua le chef cuisinier. Bien sûr que je sais les préparer.

- Si jamais Anwar se sent mieux, on fera un point sur ce qu'il nous reste en médicaments. Par contre, si jamais... Si jamais cela ne va pas mieux, il faudra trouver un moyen pour gagner un peu plus d'argent pour lui payer un médecin.

- Si jamais il y a un médecin... Soupira Rina

Aucun n'évoqua la question qui hantait leurs esprits, qui leur tenaillait les entrailles, comme si la taire annulerait sa prophétie mais une idée qui les terrifiait :

Et si Anwar ne guérissait pas ?


- Tu n'es qu'un idiot, Anwar.

Rina pestait mais elle épongeait tout de même avec soin et délicatesse son front brûlant avec un linge humide.

- Sérieusement, à quoi tu pensais ? Un docteur sait qu'il doit se préserver !

- Je ne suis pas que votre médecin, Rina... Je suis aussi votre ami. Quand le praticien s'endormait, l'ami prenait sa place. Dit-il d'une voix faible mais claire

- Alors, t'es un triple idiot.

Il eut un léger rire avant d'être pris par une quinte de toux.

- Comment ça se passe là-haut ? Demanda-t-il. Est-ce qu'il y a des rechutes ?

- Non mais je rêve ? Je viens de te gronder ! Tu n'as pas à te soucier de ça !

- J'ai à m'en soucier ! C'est mon devoir ! C'est mon rôle !

La jeune femme soupira.

- Je le sais. Mais tu vois, tu n'es pas que notre médecin. Tu es notre ami. Alors, quand ça ne va pas bien, on s'inquiète.

Il sourit. La porte de sa cabine s'ouvrit. Sinbad venait prendre la relève. Il apportait avec lui une décoction de saule et une soupe que Cook avait dû préparer exprès pour lui. L'étudiant en médecine s'en voulait de leur causer autant de dérangement. Il aurait dû réaliser son mal bien plus tôt, reconnaître les signes... Mais après tout, si les cordonniers étaient les plus mal chaussés, peut-être que les docteurs étaient les plus mal soignés ?

- Comment tu te sens ? Tenta le nouvel arrivant

- Comme quelqu'un qui a la grippe.

- Anwar.

- Laisse tomber Sinbad. Intervint la voleuse. Je viens de lui faire un sermon mais je crois que ça n'a pas marché.

Elle s'en alla.

- Elle est fâchée... Constata l'alité

- Elle est juste inquiète. La défendit le garde-malade. On l'est tous.

- Sinbad... Soupira Anwar

- On l'est, Anwar. Tu as été exposé en nous soignant et tu t'es épuisé, ce qui n'aide pas ton cas.

- Je devais le faire.

- Je le sais. Je m'en veux de ne pas avoir pu t'aider plus.

Il lui tendit son gobelet et l'observa discrètement pendant qu'il buvait son remède. Il était toujours aussi pâle mais son esprit était là. Il dormait beaucoup, le jeune homme voulait y voir un signe de guérison. La fièvre avait un peu baissé, ce qui les soulageait tous grandement. Cependant, elle était encore là, elle était présente et elle lui paraissait encore trop élevée. Il toussait beaucoup et parfois, sa respiration sifflait. C'était surtout cette dernière constatation qui lui faisait peur. Il avait lu les rouleaux du jeune homme et l'une des complications de la grippe, c'était une pneumonie. La respiration actuelle d'Anwar était l'un des symptômes et il espérait que c'était juste à cause de la toux. Il n'osait pas envisager cette possibilité. Le malade finit sa boisson, la posa sur la table de chevet.

- Tout le monde va bien là-haut ? S'enquit-il. Pas de rechute ? Rina n'a pas voulu me répondre.

- On va bien. De mieux en mieux. Tu n'as pas à t'en faire pour nous.

- Je vois... Mais faites attention, dès les premiers signes...

- Dès les premiers signes, on s'isole, on se repose. Le coupa Sinbad

Le praticien voulut répliquer mais il fut pris d'une quinte de toux violente. Son ami ne put que lui frotter le dos avec compassion.

- Tu devrais éviter d'être aussi près... Parvint-il à dire encore deux soubresauts. Tu pourrais contracter à nouveau la maladie. Vous êtes tous encore fragiles.

- Je m'en fiche.

- Je suis sérieux !

- Je pourrais mourir pour toi.

- Encore ?

Le marin rit. Ah, l'anniversaire d'Anwar, la boîte qui avait contenu Kuji, ce test de courage et cette première mort... Enfin, seconde s'il comptait sa mort en couches avec sa mère avant que son père n'aille les chercher dans le royaume des morts. Il attrapa le pot contenant la pommade au bouleau et la dévissa.

- Je peux le faire moi-même, Sinbad. Dit le jeune homme, gêné à l'idée qui se profilait

- Tu l'as fait pour moi.

- Ce n'est pas pareil.

- Ca l'est. Anwar, je sais que tu es médecin ou presque, c'est dans ta nature de vouloir préserver les gens mais là, tu n'as pas le choix. Parfois, il faut accepter qu'on a besoin d'aide ou que l'on doit être l'objet de soin.

Les mains de Sinbad étaient chaudes, ce qui contrastait avec la fraîcheur du produit. D'ailleurs, l'odeur était toujours aussi forte. Il la sentait malgré son nez bouché.

- Lavez-vous bien et régulièrement les mains... Recommanda-t-il malgré lui. Et...

Il n'eut pas le temps de finir que le capitaine du navire l'embrassa. Ses joues livides se teintèrent immédiatement de rouge. Il se retrouva muet alors que l'homme brisa l'étreinte.

- On le sait, Anwar. Détends-toi, repose-toi.

Alors qu'il se détournait pour remonter sur le pont, le convalescent rattrapa son poignet. Il n'eut pas besoin de parler. Ses yeux lui criaient de l'embrasser à nouveau, un désir qu'il était plus qu'heureux de réaliser.


Si la fièvre n'était pas encore tout à fait vaincue, elle était en bonne voie de l'être alors qu'ils amarraient au port. Anwar toussait moins aussi et son sommeil semblait plus réparateur, moins perturbé. L'appétit lui revenait doucement. Mais pour l'équipage du Providence, il était hors de question de prendre un quelconque risque. Ils allaient trouver comment gagner quelques dinars en plus et emmener leur ami chez un docteur. Il s'avéra qu'il y avait bien une petite clinique locale et les prix étaient plus abordables qu'ils ne l'avaient calculés. Sinbad emmena donc le jeune homme en consultation puisque la tête ne lui tournait plus. Pendant ce temps, Gunnar, Rina et Tiger faisaient le plein de vivres et d'eau pour les futures traversées.

- Vos amis ont bien pris soin de vous, Anwar. Déclara le praticien alors qu'il finissait son auscultation. Vous revenez de loin. Vous frôliez la pneumonie. Votre cas est encore sévère. La convalescence sera longue. Mais vous êtes hors de danger.

Le marin eut un sourire radieux et l'impression qu'un poids immense était ôté de ses épaules.

- D'un confrère à un autre... Votre équipage a de la chance de vous avoir. Réussir à gérer une petite pandémie comme celle que vous avez vécue sans complication pour aucun de vos patients, c'est une prouesse ! Mais ne jouez plus les héros. Qui soignerez-vous si vous-même êtes malade ?

Le duo récupéra son traitement et en profita pour refaire le plein de médicaments. Sur les quais, leurs camarades les attendaient, anxieux d'entendre la nouvelle.

- On ne retourne pas dans le royaume des morts pour chercher Anwar ? Demanda Rina

- Non, il reste avec nous ! S'écria le capitaine

La voleuse cria de joie. Si Gunnar et Tiger étaient moins expansifs, leurs joie était tout aussi sincère. Du haut du pont, Cook aussi paraissait content.

- Plus de bêtises, hein Anwar ? Lança la jeune femme

- Je ne peux pas le promettre, Rina. Dit l'étudiant

- Je vais te surveiller comme le lait sur le feu ! Plaisanta leur chef

Ils remontèrent à bord et ils repartirent dans l'après-midi. Le lendemain matin, alors que Gunnar venait prendre le relais pour veiller sur leur ami, il découvrit Sinbad endormi sur le lit, serrant Anwar contre lui, se souciant peu d'être à nouveau contaminé. Il soupira, referma la porte et s'en alla en silence. On disait que c'était dans les situations de crise que l'on découvrait la vraie nature des gens. Le jeune médecin avait montré sa résilience, une force de caractère qu'on ne lui avait pas soupçonnée, une loyauté touchante et sans faille. Quant à leur leader, eh bien... Il avait réalisé combien le jeune homme lui était précieux, combien la vie sans lui serait fade. L'équipage finirait bien par découvrir la vérité sur la nature de leur relation et il ne se faisait aucun souci là-dessus : elle serait accueillie à bras ouvert. En attendant, il fallait leur laisser leur petit secret porté comme un talisman.

Et puis, le malade dormait si bien que cela aurait été criminel de le réveiller.

Bientôt, la fièvre d'Anwar ne fut plus qu'un mauvais souvenir.

FIN